The Black Snake Moan

30.11.23

Elle plissa les paupières, convaincue de n'avoir pas entendu son réveil sonner. La fatigue lui barrait le front et elle avait curieusement chaud. Délassant ses tempes d'une main lascivement passer dans les racines de sa crinière rousse, elle était presque convaincue d'ouvrir les yeux quand quelque chose lui passa dessus à toute allure. C'était comme un petit fourmillement précipité. Des doxys ? Urielle se redressa d'un bond dans son lit, rejetant d'un geste brusque les couvertures qui n'y étaient pas. Comment pouvait-elle avoir si chaud si... son regard tomba sur une petite pièce aménagée de bric et de broc, suivant une traînée de noireaudes juste comme elle disparaissait dans les interstices des planches du mur.  L'auror bondit hors du lit cette fois. Sous ses pieds, le plancher craqua douloureusement, et elle renversa un petit seau de métal qui avait probablement été laissé là pour pallier les manquements de la toiture. Les murs crasseux lui firent hérisser le poil. Dans un coin, un petit réchaud tenait lieu de cuisine et d'ailleurs, dans un chaudronnet, une espèce de gruau abandonné là depuis trop longtemps se faisait des cheveux blancs, littéralement. Urielle grimaça. Dans quoi c'était elle fourrée ? Elle s'approcha prudemment de la fenêtre, avisant en contrebas une rue très passante qu'elle reconnut sans mal.

« Orchtr ! »

Elle défonça sans vraiment le vouloir la porte d'entrée pour dévaler les escaliers qui ressemblaient plus à un piège mortel pas très fin qu'à un vrai escalier et tout de suite, l'odeur corsée de la rue la prit aux naseaux et son bouillonnement vivace avec. Elle était de retour sur le Marché aux Trolls, sans préavis, sans souvenir de ce qui avait bien pu la mener jusque là cette fois-ci. Elle se souvenait avoir bossé jusqu'à des heures indues sur le dossier de Dreadweaver... avoir fermé les yeux en se jurant de cramer son vieil oreiller dès le lendemain, quand elle pesterait de s'être déplacé une vertèbre...

Une créature, mi homme mi strangulot l'assaisonna, interrompant le flux torrentiel de ses pensées. Elle gênait le passage. Se rappelant de ses mésaventures de Cut Throat alley, La rouquine jeta un enchantement sur ses fringues - une chance qu'elle ait renoncé à se mettre au lit proprement quelques heures plus tôt. Dans son pyjama, elle aurait certainement fait sensation. Capuche rabattue presque sur son nez, Urielle s'écarta pour laisser passer un convoi d'articles séchés tous plus écoeurants les uns que les autres. Quelques mains de la gloire pour ne donner qu'un exemple parmi les plus anodins. Elle serra les dents. Le marché aux trolls n'était pas un endroit pour les gens de son espèce à elle... encore moins ceux qui n'avaient pas encore eu le temps de prendre leurs marques.

Elle serait vite repérée et, si elle ne voulait pas finir dans une maison de charmes comme la dernière fois, elle avait plus qu'intérêt à sortir de la vue de la populace atypique qui s'agitait dans la rue.

Reculant prudemment, Urielle emboîta le pas à un type qui semblait à peu près normal si l'on faisait abstraction du fait qu'il avait chargé sur son épaule une créature bizarre qui ressemblait plus à une vessie de bovin qu'à un véritable animal. Elle ne le suivit pas longtemps, soucieuse de ne pas attirer l'attention. L'allée était bordée d'étal où chacun vendait à la criée son petit stock personnel. Une odeur de viande rôtie lui chatouilla les naseaux et elle ne put s'empêcher malgré elle de jeter un regard en biais à la rôtisserie d'un sorcier à la carrure trapue.

« Hey ! », héla une voix qui lui parut désagréablement familière. Méfiante, Urielle ne se retourna pas, ajustant sa position pour adresser un regard en dessous à l'homme à qui appartenait cette voix.

Il ne l'avait pas remarqué. Ce hey s'adressait à un autre mais ce n'était pas pour autant qu'elle était assurée de passer sous les radars.

« Alors elle veut quoi la belle gosse ? »
« Ca ira en fait. », souffla-t-elle avant de mettre les voiles, persuadée d'avoir attiré l'attention.

On aurait pu la prétendre folle si ça n'avait pas été son métier. Ca n'était pas de la paranoïa mais bien des pas qui se précipitaient à la suite des siens. Urielle bifurqua. Quatre fois à gauche, une fois à droite jusqu'à s'escamoter par la première porte ouverte qui se présenta... en espérant qu'elle ne venait pas de se jeter dans la gueule d'un loup encore plus dangereux que le sien...

feat.   @Urielle Grimm  


30.11. Il n'y avait pas un endroit plus intéressant que le Marché aux Trolls en Angleterre. Si Saúl avait tout fait pour en sortir, aujourd'hui, il se retrouvait à apprécier l'endroit pour être une protection contre le monde hostile de l'extérieur. Adair Dunn n'était peut-être plus le ministre de la magie britannique, il n'en restait pas moins que le pantin à la tête de la nation anglaise restait le même genre. Un homme haineux, spéciste et probablement raciste de surcroît. Cela ne l'empêchait toujours pas de garder l'espoir qu'un jour les choses changeraient pour les hybrides, mais pour le moment, il était mieux ici, dans l'ombre du Marché, parmi les gens qui lui ressemblaient tant.

Mais même ici, il y avait une espèce de méfiance entre tous. Les Hybrides étaient à peine plus en sécurité qu'à l'extérieur, mais le danger était bien réel. Il n'était pas rare de voir une bagarre explosée au détour d'une étable pour un mot de travers quand ce n'était pas un marchandage qui tournait au vinaigre. La loi du plus fort était bien réelle et si l'on voulait survivre dans pareil endroit, il fallait savoir s'entourer correctement.

Saúl jouissait de la protection des roms tant qu'il ne leur amenait pas ses problèmes. Il en était ainsi depuis plus de vingt ans alors qu'il posait pied pour la première fois en Grande-Bretagne. Ces derniers avaient tout de suite pris leur mission à cœur en aidant sa mère, Angela, à s'installer parmi eux pour élever ses deux enfants. Autant se dire qu'en ce moment, le sorcier d'origine mexicaine faisait tout pour se faire le plus petit possible du fait de cette tâche qui lui pesait sur les épaules.

Quelques mois après avoir quitté le bureau des Aurors, Saúl avait été contacté par le Dpt. des Mystères. Un certain Rufus Abelforth lui avait confié une mission : celle d'intégrer le WITAN. C'était un moyen pour Saúl de continuer son enquête avec la légitimité du ministère de la magie, désireux d'en apprendre plus sur cette organisation dont il partageait certaines idées. Mais surtout, c'était un moyen pour lui d'avoir un œil sur les siens pour pouvoir agir si le besoin s'en faisait ressentir.

Après ce que les hybrides avaient vécu en début d'année, Saúl espérait pouvoir protéger les vélanes des méfaits les plus sordides en s'enfonçant toujours un peu plus loin dans cette organisation dont il ignorait encore les véritables enjeux. Il se souvenait encore de cette traque aux abords de l'Enchanteresse qu'il avait surpris avec la venue de @Noma Karma et de sa fidèle acolyte, Jade Weimer. Il avait beau ne pas aimer l'idée d'avoir des enfants, voir cette pauvre fille terrifiée courir en serrant fermement la main de sa mère lui avait brisé le cœur.

Il en faisait parfois des cauchemars.

C'était ce qui s'était passé ce matin-là. Saúl avait poussé un cri dans son sommeil avant de se redresser d'un coup alors que la porte de sa chambre s'ouvrait pour dévoiler sa mère en panique. Il lui fallut reprendre son souffle alors qu'il observait Angela comme s'il venait de voir ce que l'enfer lui réservait. Au bout de quelques minutes, il s'était levé pour rassurer sa mère avant de l'embrasser sur le front pour aller prendre sa douche.


(...)

Les rues étaient, comme à leur habitude, noires de monde. Mais aujourd'hui, une espèce de tension était présente. Plusieurs disputes avaient retenti alors que Saúl s'enfonçait sur la grande travée pour oublier ce cauchemar qui le hantait toujours. Probablement à cause de la pleine lune. Le langue de plomb observait les passants, accoudés sur une étable, en train de boire un café bien noir. Ce n'était qu'au bout de quelques instants qu'un détail attira son attention. Une jeune femme encapuchonnée semblait fuir quelqu'un ou quelque chose. Saúl fronça les sourcils quand il se rendit compte, qu'effectivement, la sorcière était bien poursuivit.

Faisant apparaître sa baguette magique dans le creux de sa main, Saúl commença à traverser la rue tout en faisant une rapide analyse des lieux. Finalement, il se décida de ne pas prendre le même chemin qu'eux pour pouvoir les prendre à revers.

Se mouvant tel un félin en pleine traque, Saúl finit par se positionner dans un angle de rue pour pouvoir réceptionner la sorcière avant que ses poursuivants ne la rattrapent. Lorsqu'elle fut à sa portée, il la saisit pour la plaquer contre le mur, plaçant aussitôt sa paume de main sur les lèvres de la sorcière qu'il reconnut aussitôt. C'était Urielle Grimm, une auror, une ancienne collègue à lui.

Qu'est-ce qu'elle faisait-là ?

Saúl lui fit les gros yeux puis lorsque les bruits de pas se firent de plus en plus proches, il ne réfléchit pas deux secondes et se contenta d'embrasser Urielle à pleine bouche, décalant sa main sur sa joue pour cacher le reste de son visage afin que les sorciers qui la pourchassaient ne la reconnaissent pas.

Une fois qu'ils furent passés, Saúl se recula.

« - Mais qu'est-ce que tu fais là ? » Demanda Saúl, complètement surpris.

Ce n'était pas le genre d'endroit où on rencontrait un auror, vous voyez.

30.11.23
Elle retint in extremis son poing qui s'apprêtait à frapper dans la rate. Coup bas qui l'avait maintes fois tirée de ce genre de mauvais pas. Par chance, ses réflexes d'auror lui firent avant tout remarqué que sa tête n'avait pas cogné trop fort contre le mur. Une délicatesse qui dénotait avec la situation. Elle eut à peine le temps de reconnaître ces yeux noirs de l'autre côté de la main qui la bâillonnait fermement mais, encore une fois, pas trop.

Il y avait des mois qu'elle n'avait plus vu Saúl, son ancien collègue du bureau des aurors et il avait l'air aussi surpris qu'elle. A tous les coups, il préparait déjà quelques objections mais dans la petite ruelle, on entendait déjà les pas se précipiter. Urielle donna un petit coup d'épaules pour se dégager. Ce n'était pas le moment de traîner si de rattraper le temps. Saúl dût se faire la même réflexion mais à mal égal, il opta pour une solution tout à fait différente de celle à laquelle Urielle avait songé.

Parfaitement consciente qu'en dépit du bon sens, c'était une bonne idée - et pas trop désagréable - la rouquine plongea dans ce baiser, l'oreille attentive à ce qu'il se passait autour d'eux. Son ami de Cut Throat avait apparemment ramené des petits copains mais ils les dépassèrent sans même leur prêter attention, trop pressés de mettre la patte sur la petite fureteuse qui les avait bernés la fois d'avant.

Elle ouvrit un œil, les lèvres encore scellées à celles de l'ancien auror. Ils étaient seuls.

Le coup de poing parti. Droit dans l'épaule.

« T'aurais pu me sortir le grand jeu... »

Elle faisait allusion à ce petit plus qui aurait mis le feu à ce baiser purement pratique. Même sans cela, ça avait un petit goût de reviens-y qu'elle ne pouvait nier. Mais elle n'avait pas la tête à ça. Ce fut lui qui exprima tout haut la question qu'elle se posait depuis qu'elle avait ouvert les yeux dans cet appartement miteux au-dessus de l'étale de limacier. Rien que l'idée qu'il puisse exister un tel métier dépassait l'entendement. Mais sur le marché aux trolls, tout semblait possible.

« C'est aussi la question que je me pose... J'ai aucun souvenir de ce qui a pu se passer entre le moment où je me suis couchée et maintenant. Je me suis réveillée ici, dans un appart... bref, un appart d'ici. Ça a probablement un rapport avec ça. », fit-elle en ouvrant la paume de sa main droite où se trouvait une curieuse tâche d'encre, devant ses yeux.

Elle le toisa un instant. L'avantage c'était qu'avec lui elle ne pouvait pas douter. C'était bien Saúl Ochoa-Reyes. Le seul et unique exemplaire. Prudente, elle réajusta sa capuche sur sa crinière rousse. A la réflexion, les noireaudes auraient pu lui être utile à cela...

« Comment ça se fait que tu me tombes dessus à la première embrouille ? »

Elle doutait qu'on ait envoyé quelqu'un la surveiller mais en même temps, au vu des circonstances obscures qui l'avaient amenée là, elle pouvait douter de tout. Sauf du fait que c'était bien Saúl qu'elle avait en face.

feat.   @Urielle Grimm  


30.11. Un véritable sourire éclaira son visage lorsqu'Urielle lui avoua qu'elle aurait préféré qu'il sorte le grand jeu pour ce baiser échanger. Saúl n'avait pas réfléchi à cela, penchant son visage vers le sien instinctivement. C'était une technique qui fonctionnait généralement bien en tout occasion, qu'il avait déjà pu testé de par le passé, dans certaines filatures un petit peu trop agressive. Pour autant, cela lui fit du bien de voir qu'une ancienne collègue de boulot se fichait éperdument de son sang d'hybride. Peut-être parce qu'il entendait un petit peu trop en ce moment que le ministère de la magie n'était autre qu'un ramassis de racistes et qu'il était temps que leur règne s'achève. Ce fut comme si elle lui rappelait un peu de lumière dans cet environnement si sombre dans lequel il évoluait depuis déjà six mois.

Surpris par sa présence sur le Marché aux Trolls, Saúl lui demanda la raison de sa présence. Urielle lui fit alors la confidence qu'elle en ignorait tout simplement la raison. C'était comme si elle s'était réveillée un matin ici sans savoir comment ni pourquoi elle n’était arrivée ici.

Le Marché aux Trolls pouvait s'avérer dangereux pour une sorcière comme elle. Être un agent du ministère pouvait vous coûter la vie suivant l'endroit où vous vous rendez quand ce n'était pas l'indifférence la plus totale au point de faire semblant que vous n'existez pas. Saúl avait longtemps fait le choix de s'en tenir loin, n'y venant que pour saluer sa mère ou pour se rappeler un peu à ses cousins (@Aram Romanez) qui vivaient ici.

Saúl la vit ouvrir sa main pour observer une étrange tache sombre qui le fit tiquer. Sans trop savoir pourquoi, l'ancien auror attrapa la main d'Urielle par son dos pour mettre en lumière l'encre qui ne faisait désormais plus qu'un avec la peau de la jolie rouquine.

« - Comment tu t'es fait ça ? » Demanda Saúl, l'air inquisiteur.

Il observait le tatouage d'une étrange manière. Il ne savait pas ce qu'il en retournait, mais quelque chose, son instinct peut-être, lui laissait entendre que ce n'était pas un truc particulièrement positif.

Urielle le tira de sa réflexion en lui demandant la raison de sa présence ici. Saúl lâcha sa main, l'air suspicieux, tout en relevant la tête vers la sorcière. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

« - Je t'ai connu bien meilleur en tapinois... Là, c'était comme si tu me disais de te regarder. »

Son sourire s'était dissipé pour laisser place à une expression sérieuse. Le mexicain pencha sa tête dans la ruelle pour s'assurer de n'être plus suivi, puis il lui prit la main (pas celle avec l'encre) pour faire comme si de rien n’était afin de la traîner vers la terrasse d'un bar plus ou moins tranquille : la Taverne de l'Elfe.

C'était un endroit grandiose, qui attirait un peu l'attention de par sa décoration, et c'était probablement pour cela que le bar était tranquille et qu'il y était facile de passer inaperçu à travers ce vieux bois chargé d'histoire, gravé de façon élégante avec des tissus d'un joli vert pâle qui s'étendaient du plafond pour créer un effet cocon. Tout, dans le mobilier, que ce fut l'argenterie, les peintures, la musique ou les meubles laissaient sous-entendre que le tenancier était forcément un Faerie. Un elfe ou quelque chose du genre. Il y régnait une aura magique toute particulière comme si on se trouvait sous les bois d'une forêt sombre, mais chaleureuse, frôlant la limite du danger et de la sérénité.

Ils s'assirent dans un coin tranquille où Saúl demanda deux petits déjeuners au serveur qui avait de magnifiques oreilles en pointe.

« - Qu'est-ce que tu fuis ? » Demanda Saúl, en prenant ses aises dans sa chaise, ses yeux balayant la rue subtilement.

30.11.23
Elle nota sans difficulté le sourire, se rappelant le climat tendu des lois anti-hybrides. D'ailleurs elle n'aimait pas ce mot. Mais elle ne travaillait pas encore pour le cabinet de comm' du Ministre. D'ailleurs, avec son langage volontiers fleuri, elle n'était pas prête d'y mettre les pieds. Finalement, elle lui rendit son sourire dans un petit pli franc et canaille de ses lèvres fines.

« Je suis pas fâchée de te recroiser ta trogne de voleur de pomme. »

Au bureau des aurors, il était parfois difficile de se ménager une vraie vie de famille. Cela expliquait sans doute l'attachement et les liens qui se créaient entre collègues. Urielle n'était pas à plaindre côté famille mais elle ne dérogeait pas pour autant à la règle. Encaisser un départ, ça n'était jamais anodin dans le milieu.

« J'ai tendu la main au mauvais type je dirais... », expliqua-t-elle sans plus de détail. C'était exactement ce qu'il s'était passé et, même avec son excellente mémoire des visages, elle était à peu près sûre qu'elle ne remettrait jamais la main sur le pauvre hère qui lui avait filé son truc. Il avait eu l'air bien trop heureux de s'en débarrasser, « Je te déconseille d'y toucher en tout cas. », avertit-elle en récupérant sa main tachée.

Elle voulait comprendre ce qui l'avait amené là mais il lui retourna la question, sans se donner la peine de l'éclairer. Elle n'eut pas de mal à en tirer des déductions...

« Pour être franche, je ne m'attendais pas à me réveiller sur le Marché aux Trolls. J'ai pas eu beaucoup d'occasion de peaufiner ma couverture. »

La prochaine fois - elle se doutait qu'il y en aurait une - elle serait un peu plus avertie que cela. La première chose qu'elle ferait disparaître ce serait sa belle crinière rousse qui la rendait reconnaissable entre mille. Elle entrelaça ses doigts à ceux de l'ex auror, suivant le plus naturellement du monde vers une taverne qu'elle n'avait encore pas eu le déplaisir de visiter. Il lui fallut quelques minutes pour se convaincre qu'elle ne se trouvait pas dans une de ces maisons de charme qu'elle avait eu la disgrâce de faire tourner pendant une quinzaine de minutes avant que le tenancier ne l'envoie à la fosse ( @Tyler Argyros ) récupérer l'argent qu'elle lui avait fait perdre en fracturant le nez de son meilleur client. Et puis, il fallait dire qu'elle ne s'était pas encore tout à fait habituée à l'émerveillement permanent de cet endroit étrange, une ville sous la ville, au nez et la barbe du ministère.

« Tu te rappelles le dossier du gamin qui se faisait toutes les baraques cossues du Londres Magique ? Dernière plainte chez un diplomate russe. La fille s'est retrouvée nez à nez avec notre artiste et lui a lâché ses lupins aux fesses ? »

Il ne pourrait que s'en rappeler. C'était un dossier dont personne n'avait voulu et le Chef du Bureau de l'époque n'avait jamais accordé aucun crédit à sa théorie d'une Guilde de voleurs organisée... elle leur en avait rebattu les oreilles à ronchonner à chaque pot après boulot et à continuer bien malgré elle d'entretenir la piste.

« Il y a eu d'autres cas, avec un type un peu plus expérimenté, pour ne pas dire une pointure. Je l'ai filé sans savoir que ça me mènerait ici... »

La suite, il la devinerait sans mal. On ne filait pas la Guilde des Verts Galants en toute impunité. Depuis qu'elle avait mis les pieds sur le Marché aux Trolls, cette idée de bande organisée c'était plus que précisée. Ici, les Verts Galants faisaient partie de ceux qui décidaient et ça, ça n'était pas bon pour son matricule à elle.

feat.   @Urielle Grimm  


30.11. Urielle était comme un rayon de soleil dans les ténèbres qui l'entouraient depuis un certain temps. Saúl ne put s'empêcher d'avoir un petit rire lorsqu'Urielle lui avoua que sa trogne lui manquait. Sa petite blague sur le voleur de pomme le mit dans un réel état de bien-être, lui donnant alors cette sensation de rayonner. L'ancien auror semblait redevenir celui qu'il était encore il y a quelques mois. Cet être séducteur capable de donner des pensées terribles à n'importe quelle nonne. Son aura de vélane sembla gonfler par le regard d'Urielle. Il dut faire un petit effort pour calmer ses instincts primaires, non sans un sourire de quelqu'un qui aimait ce qu'il était en train de ressentir.

Urielle lui expliqua alors avoir tendu la main au mauvais bougre. Saúl ne put s'empêcher d'acquiescer d'un signe de la tête avec, sur le visage, l'air de quelqu'un qui commençait à comprendre le mal qui rongeait son ami.

« - T'inquiètes... » Répondit Saúl en observant brièvement la main de la sorcière à la chevelure de feu.
« - Je pense connaître quelqu'un qui pourrait t'aider. Un cousin à moi. Si ça te dit, il pourra voir ton truc et te dire ce qu'il en est. »

S'il y avait bien quelqu'un de capable à connaître l'espèce d'enchantement dont Urielle semblait avoir été affligé, c'était bien @Aram Romanez. Le Rom avait plus d'une carte à son sac, et s'il était si important pour la communauté, c'était avant tout pour ses multiples talents dont il ne semblait jamais manquer.

« - Alors à partir de maintenant t'es ma femme. » Lui dit Saúl de but en blanc. « Ça devrait te donner suffisamment de temps pour la peaufiner. » Expliqua l'Hispanique avec un sourire espiègle.

Si Saúl n'avait pas l'influence d'un tsigane, ces récentes activités lui permettaient tout de même de jouir d'une certaine aura auprès des esprits les plus faibles du Marché aux Trolls. Le Witan était là, se terrant encore dans les ombres. Mais cela ne l'empêchait pas d'avoir une réputation à faire pâlir un Dealer de don ou un mercenaire à la con.


Ensuite, Saúl mena Urielle à la taverne de l'Elfe. Là-bas, ils commandèrent de quoi se restaurer et une fois que le serveur fut parti, le mexicain demanda aussitôt à l'auror ce qu'elle fuyait. Il ne put s'empêcher d'hocher de la tête d'un air sombre en se remémorant ce dossier qu'il avait honteusement mis de côté en se trouvant une excuse à la con avec Davis. L'espace de quelques instants, il ressentit un pincement au cœur alors qu'il se rendait compte à quel point son collègue de toujours lui manquait.

Urielle recapta très vite son attention. Cette fois-ci, Saúl fronça les sourcils.

« - Tu t'es mis en galère avec les Verts Galants ? »

Ce n'était pas la meilleure des choses à faire. Ici, ils étaient intouchables. Quelques malades avaient tenté de leur voler dans les plumes, mais à chaque fois, ils avaient fini au fond d'un caniveau (au sens propre comme au figuré). Les personnes les plus saines d'esprit se contentaient juste de marchander avec eux.

« - T'aimes te compliquer la vie, toi. » Commenta Saúl en lui faisant un clin d'œil amusé.

On vint leur poser leur déjeuner. Saúl remercia d'un signe de la tête tout en lui filant quelques pièces d'argent.

« - J'ai quelque chose sur le feu en ce moment, mais y a moyen que je puisse t'aider si besoin. Qu'est-ce que tu comptes faire dans l'immédiat ? »

Il venait d'agiter sa main avant de se grattouiller la barbe pour camoufler le sort de confidentialité qu'il venait de lancer. Leur voix ne porterait pas au-delà de leur table.

30.11.23
Décidément, tu as de la famille partout ! pensa-t-elle en le toisant, son large sourire tracé à la plume étiré sur ses lèvres. Il était urgent pour elle de comprendre de quelle affliction elle était frappée. Avant que la situation ne lui échappe d'avantage.

« Un cousin à toi mh ? J'en suis. Il faut que j'en ai le coeur net avant de me rendre compte que c'est encore pire que ce que ça a déjà l'air. »

Elle s'était tout de même réveillée ici sans avoir rien demandé. Elle n'était pas assez sotte pour ne pas faire le lien. Tout comme il lui paraissait évident que ça se reproduirait et qu'il faudrait être mieux préparée la prochaine fois. En quoi Saúl avait une solution toute faite. Les plus simples étaient toujours les meilleures. Leur expérience d'auror le leur avait démontré à maintes et maintes reprises.

« Le retour d'Uria ? , répondit-elle spontanément. Elle avait toujours eu un don pour inventer de fausses identités sans même y avoir vraiment réfléchi, ça nous rappellera de bons souvenirs de cette horrible planque à Marville... quel enfer, tu te rappelles ? » les effluves insupportables de l'atelier du nécromancien, la piaule complètement insalubre, les paquets de chips rances de la supérette, et la pute défraîchi qui créchait dans la cage d'escalier. Quand ils étaient revenus de là-bas, les collègues les avaient retrouvés littéralement écoeurés à la seule idée d'un contact physique avec quiconque. Il avait fallu du temps à Urielle pour se refrotter à un corps d'homme. C'était quand même pas de chance après une planque en tête à tête avec un demi-vélane. Mais maintenant elle en riait. Là dessus, elle emboîta le pas à son homme jusqu'à une taverne des plus improbable...

Elle haussa les épaules l'air de dire tu me connais. Personne ne croyait aux Verts Galants là-haut.

« Il fallait bien que j'avance... »

Elle avait toujours eu ce petit côté tête brûlée quoi que bien faite, qui donnait des sueurs froides au bureau des aurors. Mais Urielle Grimm jouissait d'une chance insolente. Elle finissait toujours par capitaliser ses prises de risque.

« Je vais me faire toute petite et retrouver le chemin de la sortie. Faut que j'me laisse le temps de cerner à qui j'ai affaire exactement avant d'aller plus loin. » La rouquine vida son verre d'une traite. Il faisait sacrément chaud au Marché aux Trolls. Il lui faudrait un petit temps pour s'habituer à ça aussi.

feat.   @Urielle Grimm  


30.11. @Aram Romanez serait donc la prochaine destination d'Urielle en ces lieux. Saúl sentit un certain apaisement à l'idée de la voir se diriger vers le camp des Romanez. Amusé à l'idée de mener une Auror dans les bras du tsigane, Saúl ne pouvait s'empêcher d'entendre Aram lui râlait dessus comme à chaque fois qu'il voyait le badge que l'Hispanique portait autrefois. Une espèce de structure de sombres crétins ayant pillé le monde entier pour asseoir leur pouvoir et leur influence sur tous les autres. Ce n'était pas forcément vrai concernant la communauté magique qui restait bien plus solidaire que la communauté moldue, surtout après les dernières chasses aux sorcières particulièrement sanglantes au cours du XVIIe.

Ce fut un souvenir qui semblait venir d'un autre âge lorsqu'Urielle annonça le retour d'Uria ainsi que l'affaire sur laquelle elle l'avait utilisé en sa compagnie. Un sourire nostalgique effleura les lèvres de l'ancien auror qui lui laissait malgré tout un goût amer en bouche, comme s'il se rappelait alors de tout ce qu'il avait perdu le jour où il avait rendu son insigne dans un silence perturbant, lui qui, d'habitude, était plutôt sujet aux grands rires et autres joyeusetés du genre. Autant il savait se montrer discret lorsqu'il était en mission, autant lorsqu'il était lui-même, Saúl passait difficilement inaperçu avec son caractère très latin.

Le demi-vélane apprit alors qu'Urielle en avait après les Verts Galants. Saúl ne put s'empêcher d'en rire, lui avouant alors qu'elle ne savait pas dans quelle misère elle se mettait. C'était une organisation particulièrement bien huilée au point qu'on doutait de leur existence dans le monde du dessus. Et si Saúl n'était pas originaire du Marché aux Trolls, il l'aurait probablement cru aussi. Les Verts Galants étaient ce qui se faisaient de mieux en termes de criminalité. L'Hispanique n'avait pas honte de le dire d'ailleurs : C'était un exemple de réussite et qui l'aurait probablement tenté dans une autre vie. Beaucoup de choses s'étaient décidées lorsque son père avait levé la main pour la première fois sur sa mère. S'il n'en parlait jamais, il en avait bien conscience. Il fallait dire que les séances de psychomagie dont il eut droit durant ses armes au bureau des Aurors avaient pu lui porter quelques éléments de réponses sur la flamme qui l'animait réellement.

« - C'est une bonne idée. Tu verras qu'ici, il faut se méfier de tout le monde. Même de ta mère. »

C'était une expression qu'il l'entendait beaucoup par ici bien qu'il ait la chance pour lui que ce ne fut pas son cas. Et puis les Tsiganes étaient des gens à part. Ni d'ici, ni de là-bas... Ils étaient une bulle de liberté dans cette vie où personne ne voulait réellement d'eux. Saúl les adorait. Lui, qui aimait la visibilité, trouvait les Tsiganes enivrants et c'était toujours avec une loyauté sans faille qu'il conservait ses lèvres closes sur la manière de les débusquer, allant parfois jusqu'à leur filer un ou deux tuyaux pour éviter le ministère de la magie dans certains endroits.

« - Je vais en toucher un mot à mon cousin. Aram Romanez. Il viendra te trouver quand il sera disponible. Pendant ce temps... Ce que je peux te proposer, c'est de voir l'endroit où tu crèches. Je pourrais peut-être faire quelque chose pour te sécuriser un endroit pour te reposer sereinement. »

Si Saúl, par loyauté pour les Tsiganes qui leur ont offert l'asile lorsqu'il était arrivé, lui, sa mère et sa sœur, en Angleterre, n'allait pas lui révéler l'endroit où ils se trouvaient, il comptait au moins s'assurer de la sécurité - quoique précaire - de son amie.

30.11.23

Elle nota pour elle-même quoique la petite expérience qu'elle avait eu lors de son tout premier tour sur le marché aux trolls avait suffi à lui inculquer cette notion de base. Ne faire confiance à personne. Quant à la vague expression qu'elle avait saisie sur le visage de son ancien collègue, elle lui en disait suffisamment long sur ce qu'allait être les prochains mois de l'enquête sur les Verts Galants.

Elle nota dans un coin de sa tête le nom d'Aram Romanez. Quant à l'endroit où elle créchait : c'était exactement le terme. Elle eut tout de même un petit sourire narquois :

« C'est tellement prévenant de ta part mi vida. Tu vas voir, c'est couleur locale. », elle eut un clin d'oeil. En même temps, elle ne savait pas s'il y avait des palaces quatre baguettes sur le Marché aux Trolls mais si tel était le cas, ils étaient restés hors de sa vue depuis le début. Finalement, l'endroit le plus cossu qu'elle ait visité c'était encore la maison de charmeresses de Fleebag Row. Ils repartirent en sens inverse vers la Grande Travée et son agitation constante. Ici un dealeur de dons gérait comme il pouvait avec les réclamations d'un consommateur qui se retrouvait apparemment avec une tête supplémentaire, quoiqu'au premier regard à côté des deux autres ça ne sautait pas franchement aux yeux. Là un bougre qui se soulageait contre l'étale de la marchande des quatre saisons. Ou encore une gamine aux allures badass qui resquillait sur les taxes apparemment.

Finalement, ils s'arrêtèrent devant un bâtiment qui ne semblait tenir debout que par la diligence des deux autres dont il était flanqué. La façade décrépit s'enorgueillissait de volets à lamelle qui, par diable sait quel miracle, n'était pas encore tombé sur la gueule de la commerçante qui se trouvait juste en dessous.

Urielle poussa la porte avec moult délicatesse, de peur que la poignée ne lui resta dans la main puis elle fit signe à Saul de la suivre à l'étage, tout en priant que les escaliers supportent leur poids. Ils s'en remirent bon gré mal gré. Urielle posa la main sur le battant d'une porte sans poignée. Aussitôt on entendit un bruit de loquet.

« Franchement, je ne suis pas convaincue de l'utilité de ce verrou. »

Et donc la porte s'ouvrit, docile et on entendit tout de suite le fourmillement des noireaudes qui s'enfuyaient. En dehors de cela, une paillasse miteuse était le seul élément qui se détachait dans la pièce vide et assemblée de bric et de broc. Ici on avait rafistolé une fissure avec une espèce d'enchantement à demi gluant, là rebouché un trou avec ce qui ressemblait à du scotch...

« J'espère que tu n'es pas trop déçu. Ça laisse à désirer question déco tout ça... », et que dire de l'odeur de poussière qui régnait en maîtresse... Le moins qu'on pouvait dire, c'était que le type d'avant n'avait pas laissé sa patte.

Urielle jeta un regard circulaire autour d'eux. Il faisait une chaleur à crever. Tout à coup, quelque chose "éternua" du côté du vieux poêle qui devait servir de coin cuisine. Un nuage de suie fut expulsé sur les deux aurors, suffisamment loin pour provoquer une quinte de tout chez Urielle mais aussi... dans le poêle...

feat.   @Urielle Grimm  


30.11. L'endroit était pitoyable. C'était un bâtiment semblable à ce que l'on pouvait trouver dans un bidonville. Saúl ne parvenait à cacher son dégoût devant les lieux, laissant peu de doute quant aux pensées qu'il pouvait avoir sur cet endroit. Il se contenta de hocher la tête, ébahi devant cet appartement sorti tout droit d'une favela alors qu'il relevait la tête pour observer Urielle quelques instants.

Il avait beau être limité sur les sentiments, Saúl ne pouvait décemment pas la laisser vivre ici. C'était insalubre et elle allait sûrement se choper une dragoncelle en restant ici si ce n'était pas pire. Se passant une main sur les lèvres alors qu'il continuait son observation de l'appartement, Saúl et Urielle, comme un seul homme, observèrent alors le poêle. Il faisait une chaleur à crever. C'était probablement le seul point positif que Saúl pouvait trouver à cet endroit.

Tout à coup, le poêle se mit à éternuer, faisant sursauter Saúl en même temps que ce dernier se mettait à cracher un nuage sombre et âcre. Levant machinalement sa baguette magique pour trancher en deux la suie qui venait vers lui (diffindo), Saúl fronça instinctivement les sourcils, mettant ses sens aux aguets lorsqu'il entendit une quinte de toux provenir du poêle.

Un rapide coup d'œil sur le meuble lui fit comprendre qu'il n'était pas enchanté. Le bruit provenait de son cœur. À l'intérieur du poêle, il y avait quelqu'un ou quelque chose qui y logeait. Avec sa baguette magique qu'il tenait fermement entre ses doigts, Saúl s'approcha délicatement du poêle. Pointant son vecteur magique sur la petite porte du poêle, il décrivit un geste d'ouverture, lui permettant alors de voir à l'intérieur, des flammes particulièrement étranges.

Ce n'était pas tant la couleur qui lui provoqua cette sensation. Non, c'était une étrange impression que le feu lui-même était pris d'une quinte de toux.

L'amusement s'installa alors sur le visage du latino qui jeta un bref regard vers Urielle avant de se mettre à genou devant le poêle.

« - Urielle... C'est un Calcifer, un démon du feu ! » S'écria Saúl qui semblait excité tout à coup.

Si Saúl était aussi excité par la créature, c'était avant tout parce que c'était une créature féérique particulièrement rare. Particulièrement puissantes, elles permettaient à n'importe quel foyer d'avoir un feu quasi éternel. Il suffisait pour cela de satisfaire la faim du Calcifer pour la maintenir en bonne santé. C'était d'ailleurs grâce au Calcifer que l'enchantement de feu éternel, le sempiternel, avait vu le jour. Une alternative beaucoup plus sécure que le Calcifer qui était une créature réellement vivante.

C'était, en plus, une créature devenue particulièrement rare au fur et à mesure que la magie moderne s'était installée dans les demeures sorcières au cours des siècles.

Il s'agissait-là des maigres connaissances de Saúl sur le domaine. Mais son sourire retomba rapidement.

« - Il a l'air en piteux état... Tu as quelque chose à manger à lui donner ? » Demanda l'Hispanique alors qu'il tapotait ses poches à la recherche d'une barre de chocolat ou d'une suçacide.