'Cause though the truth may vary

|	'Cause though the truth may vary theme, le 9 juillet 2022

La calèche était tirée par quatre superbes gronians noirs et blancs. On aurait pu s’attendre à autre chose venant d’un transport venu de la maison Grey mais Joleene n’avait jamais aimé les formes anguleuses des sombrals ni leur fragile constitution. Le gronian, lui, avait la superbe et la force. James ouvrit de lui-même la porte et descendit simplement devant l’elfe de maison – un des derniers de la Maison Grey depuis l’abolition de l’esclavage – qui attendait en silence. Le jeune homme eut pour lui un petit signe de la main et l’elfe prit congé, allant garer plus loin le cortège sous de grands arbres afin que les chevaux profitent de l’ombre.

Devant lui s’élevait dans un silence sinistre la Marche de Lothian qui fut, jadis, le terrain de jeu des Mc Swann et des Grey quand ils étaient en visite chez le vieux Manfred. Depuis, Malevolent et Morgaen avaient vieillis sans forcément se bonifier avec le temps. Calixte se retrouvait héritier de ligne directe derrière son aïeul centenaire, entouré de femmes avec des caractères plus explosifs les uns que les autres, à commencer par sa mère, Lady Calanthe, et son unique sœur, Maleficient.

James inspira profondément avant de finalement s’avancer sur les graviers clairs et de gravir les quelques marches jusqu’au seuil de la maison. Là il frappa le heurtoir de la porte, fut accueilli et mené jusqu’au petit salon qui bordait le hall central. Le plus proche mais aussi le plus vivant. Il s’était presque étonné de ne pas voir Manfred tout en espérant que ce n’était pas signe d’une faiblesse de santé. Le mariage de Symphony et Calixte était devenu un sujet de toutes les conversations à la Maison Grey, sans bien savoir qui était le plus ému à l’idée d’unir leurs deux familles par les deux plus belles figures qu’elles aient pu produire en plus de cent ans.

Que ce fut Calixte ou Symphony, les deux avaient comme été béni par les fées là où la pauvre progéniture de Morgaen et Aaren ressemblait davantage à de petits porcinets gras et indolents qu’à des femmes. James s’arrêta un instant, les yeux plissés de cet air mauvais et critique, pour s’observer à son tour dans le miroir froid qui lui renvoyait l’image de ce qu’il était désormais. Un homme qui portait cette même aura de corbeau, drapé des épaules jusqu’aux pieds par ses ailes trop lourdes pour lui permettre de voler. Il lui sembla presque voir Lester Grey jeune, sur les photos qui avaient orné les articles des journaux, défrayant la chronique.

Il baissa les yeux, avant de relever la tête quand la porte derrière lui s’ouvrit.

Dans l’encadrement de la porte se dessina la silhouette de Maleficient Mc Swann. Femme terrible, impétueuse, indomptable. Celle qui semblait le plus éloigné de James Grey et qui avait passé son enfance à faire subir humiliations et tortures à ce petit garçon que la famille avait gardé quelques années près du sein. Un garçon-esclave à l’époque où il était pourtant encore autorisé de tuer ses elfes de maison et d’en empailler la tête – la maison Hemmigton en était un véritable musée.

« Bonjour Mal’, comment tu vas depuis la remise des diplômes ? » commença James, avant de jeter un regard par la fenêtre qui donnait sur le jardin. Il ne lui demanderait pas de sortir ou de marcher à l’extérieur. Au lieu de ça, il retira sa veste, prenant ses aises. Il ne demanda pas non plus où était Calixte. Ça l’arrangeait qu’il ne soit pas dans ses pattes à ce moment-là.

« J’imagine que tu dois te demander ce qui m’amène ici » s’amusa le serpentard, sans pour autant s’asseoir. Au lieu de ça, il déboutonna les boutons de sa manchette. La chaleur de l’été était étouffante.
« Alors, je ne suis pas là pour le mariage de Calixte et Symph’ si tu te poses la question », il remonta les manches de sa chemise sur ses avant-bras, tout en réfléchissant à commencer amener le sujet. Il n’y avait pas réfléchi avant parce que la chose lui avait paru étrange, voir incongrue, mais maintenant qu’il était ici…

Il releva ses yeux perçants sur elle, hésitant, puis reprit finalement :

« Mais plutôt du tien. J’ai entendu dire que tu n’avais pas trouvé de parti à la dernière réception des Adderblack ? »