Le soleil qui perce les nuages
Janvier 1990
Kani n’est encore qu’une toute jeune femme, une demoiselle dont la soif d’aventures ne relève plus d’aucun secret. Elle approche de ses 18 ans, ce n’est encore qu’un enfant à l’échelle d’une vie entière. Turbulente dès le plus jeune âge, la brune possède un don particulier pour tremper dans les mauvaises histoires. L’école, ce n’est pas fait pour elle. Les règles, les uniformes, les couvre-feux et les horaires à respecter ne font que lui hérisser le poil. Elle, ce qu’elle veut, c’est voyager, profiter de la vie et ne pas se retourner. Elle intègre la guilde des Verts Galants au détour d’un simple verre. Il aura suffit de quatre pintes pour la convaincre de monts et merveilles. Kani n’est pas réputée pour être particulièrement crédule, mais ça reste un enfant pour qui le mot danger n’a pas grand sens. Si le ciel l’a dotée de jambes et d’une paire d’yeux, c’est certainement pour marcher sur les routes du Monde. Le métier a aussi pour mérite de rapporter gros, ce qui la pousse d’autant plus à intégrer le groupe.
Kani est une sublime demoiselle, elle fait tourner un sacré paquet de têtes sur son passage. Pourtant, elle, ça ne l’intéresse pas toutes ces histoires d’amour. Se mettre en couple, c’est s’attacher, c’est avoir pieds et mains liés pour toujours. C’est dire adieu aux plus grands de ses rêves.
Février 1990
Kani entame sa quatrième mission, enchaînant les régions après les autres. Les guildes voient beaucoup de potentiel en la petite mais préfèrent rester prudents. Ils décident néanmoins de tester ses limites et sa fiabilité en l’envoyant à seulement quelques kilomètres de chez elle: le marché aux Trolls. L’objectif est simple: parvenir à chaparder le trésor des Nibelungen. La tâche est ardue. En effet, on demande à la jeune femme de s’emparer d’un incommensurable trésor. Personne ne l’a jamais vu, seules quelques rumeurs circulent pour qui veut bien les écouter. On dit qu’il regroupe toutes sortes de trésors tous aussi précieux les uns que les autres et qu’ils ne se révèlent qu’aux membres de la famille. La guilde défie Kani, persuadée que la gamine n’y arriverait jamais. Mais la petite est tenace et refuse rarement un challenge.
Kani est jeune, elle est belle et rusée. Approcher un membre de la famille n’est pas difficile, elle a bien eu vent de ce jeune horlomagicien fraîchement installé au Marché. Pour être honnête, elle le connait même. Les Grimm sont tout aussi renommés sur le Marché que les Nibelungen. Disons qu’une famille est sensiblement plus appréciée que l’autre. Sören fait partie des gamins que Kani avait déjà rencontré et, il lui plaisait parce que, comme elle, il n’avait pas perdu son temps à faire des études. Le jeune homme était talentueux et n’avait pas besoin de s’asseoir sur une chaise et devant un tableau pour apprendre davantage.
Face à ce défi, sa beauté est sa seule arme. Lorsqu’elle se présente à ladite boutique, Kani prétend avoir perdu une montre de grande valeur, une montre qu’elle prévoyait de vendre pour subvenir à ses besoins. Désormais sans ressources, la voilà prétendument jetée à la rue, dans le marché réputé infâme du Londres sorcier.
Sören Nibelungen connaît suffisamment Kani pour avoir eu vent de ses numéros de charme. Méfiant mais généreux et surtout jeune, il propose à Kani de lui payer une chambre dans l’auberge voisine, juste le temps de rebondir. Elle passe tous les matins, à la manière du soleil qui se lève à l’aube et qui vient éclairer les journées. S’immiscer réellement dans la vie de Sören n’a rien de facile et les excuses deviennent difficiles à trouver à mesure que les semaines passent. Pourtant Kani parvient à rester.
Mars 1990
La situation paraît insoluble. Kani a beau passer et se montrer sous ses plus beaux jours, la carapace de Sören ne se fissure pas. Elle se heurte à un mur sans failles apparentes. Alors elle tente un dernier coup, un coup de poker. Un homme gigantesque, certainement de la taille d’un ours, fait irruption dans la boutique alors que Kani prête main forte à l’horlomagicien. Il est menaçant, rien que de le voir donnerait envie aux plus téméraires de décamper. Pourtant Sören ne bouge pas et ne se laisse impressionner. Kani connaît très bien le brigand pour lui avoir demandé un coup de main en échange de quelques gallions. Il fait mine de s’emparer de la jeune femme, prétextant réclamer son dû suite à des dettes oubliées. Sören s’interpose avant même que n’arrive la Brigade de police magique et blesse le voyou. Plus de peur que de mal, mais cela suffit à le sortir de son mutisme habituel.
C’est suite à cet épisode que Sören tombe éperdument amoureux de Kani. Les premières confidences se font sous couvert de serments inviolables. Les murs de silence laissent place aux premiers voyages en Scandinavie où Kani voit se dessiner sa seule opportunité d’accomplir son méfait. Un matin tempétueux et froid pour ce mois d’ordinaire clément, Kani décide finalement de révéler la vérité à Sören. La dispute est terrible, toutes sortes de meubles volent à travers la maison, toutes sortes de mots viennent heurter les murs et les oreilles des deux protagonistes. Sören est meurtri, mais Sören est amoureux. Il cède un objet de grande valeur à Kani puis la laisse s’éloigner, lui demandant de ne plus jamais revenir la voir.
Juillet 1990
La mission a échoué mais la guilde a su se satisfaire du butin rapporté par Kani. Elle entre officiellement dans la guilde qui voit en elle un élément prometteur. La jeune femme poursuit ses missions avec autant d’enthousiasme, une pointe de regret dans le cœur. Malgré l’interdiction, elle se permet de passer la porte de la boutique au mois de septembre. Aucune excuse ne sort de sa bouche, rien n’est assez fort pour pardonner un tel geste.
Sören et Kani passent cependant leur première nuit d’amour ensemble, une nuit où l’on se permet de tout oublier. Une nuit où il n’est plus un Nibelungen, une nuit où elle n’est plus une criminelle. Et Kani disparaît comme elle est arrivée, le soleil l’a déjà attirée et les routes lui ont sifflé de les rejoindre. Elle ne donne plus de nouvelles à Sören. Kani ne veut pas s’attacher, rester lui fait peur.
Février 1991
Kani est envoyée dans les environs de Milan. Elle vit une vie d’aventures comme elle l’espérait et dort dans une roulotte qu’elle ensorcèle à sa guise. Sortilèges d’agrandissement pour y mener une vie confortable, sortilèges de rapetissement pour la transporter plus facilement ou éviter les soupçons, sortilèges de métamorphose pour transformer la drôle d’habitation en vulgaire caravane moldue. Depuis quelques mois Kani grimace un peu plus au réveil, une drôle de sensation qui lui retourne le ventre l’empêche de vivre sa vie comme elle l’entend. Des crampes accompagnent ces drôles de symptômes qu’elle évince d’un coup de main comme si se plaindre n’était même pas envisageable.
Tôt dans la nuit du 13 février 1991, les douleurs s’accentuent à tel point qu’elle en vient à chercher de l’aide, se traînant presque pour atteindre les premières maisonnées sorcières. A la surprise générale naît un petit enfant, un bébé qui s’était logé tout contre la colonne vertébrale de sa mère et qui ne s’était pas fait remarquer. C’est une fille, la première fille de Kani Grimm et Sören Nibelungen. Solvi Nibelungen.
Le vent se lève et balaie les certitudes
Mars 1991
C’est un mois plus tard que Kani décide de remettre les pieds en Angleterre. Un très long mois au cours duquel elle a apprit à connaître le petit enfant qui venait de naître. C’était le sien et pourtant la Grimm ne s’y sentait pas prête. Elle qui rêvait d’aventures et qui redoutait l’attachement, qu’allait-elle faire avec ce petit bout dans les pattes? Une seule et unique solution se profilait: laisser l’enfant à son père. C’est avec appréhension qu’elle passa la porte de la boutique après de nombreux mois de silence. Chacun restait muet, l’on entendait simplement les gazouillis de Solvi. Pas un mot ne fut échangé les premiers temps mais Sören fit immédiatement un geste pour prendre le bébé dans ses bras, comme s’il savait déjà au fond qu’ils partageaient un sang commun. Il lui donna son prénom puis, d’un accord tacite, pris en charge son enfant pour l’élever à Londres, entre les cliquetis des horloges et le tapage du marché.
Décembre 1993
En trois ans, on dit que beaucoup de choses ont eu le temps de changer. Constat qui n’est pas exactement le même dans cette famille. Kani vit toujours de chapardages sur les routes du monde, Sören tient toujours sa petite boutique sur le marché aux Trolls, accompagné d’une jolie petite demoiselle qui a déjà la bougeotte et la langue bien pendue. Les fêtes se profilent, laissant envisager de longues tablées chargées de nourriture autour desquelles se réunissent tous les membres de la famille. La Scandinavie fait rêver avec ses paysages dignes de cartes postales. Les amoureux de Noël rêveraient d’y mettre les pieds à ce moment de l’année. Mais Solvi passe les vacances d’hiver ici, en Angleterre, autour d’une petite table où se réunissent seulement son père et sa mère. Les Nibelungen ne sont pas fâchés entre eux mais ont tendance à être un poil farouche. Sören est l’aîné, c’est donc le gardien du Jardin, celui qui inspire la confiance dans le clan. Solvi mettra très rapidement les pieds sur ses terres natales, partageant des moments précieux avec toute la ribambelle d’oncles et tantes qui y vivent.
C’est lors de ces temps de festivités que la guilde propose à Sören de participer à certaines de leurs missions, en contrepartie d’un salaire avantageux.
1996 - 2009
Solvi a cinq ans et, contrairement à ses camarades, elle ne fait pas preuve d’assiduité à l’école. Chouinant de temps en temps pour ne pas y aller ou s’absentant pour suivre ses parents dans leurs aventures rocambolesques, Solvi obtient souvent gain de cause et est très rarement scolarisée. La famille parcourt l’Europe, à bord de la fameuse roulotte et la demoiselle apprend en s’enrichissant des expériences qui pavent son chemin. De petit gabarit dans sa plus tendre enfance, ses parents l’utilisent souvent comme diversion ou pour se faufiler dans de petits endroits inaccessibles, ce qui rend les missions plus simples mais aussi plus dangereuses. Car on ne joue pas avec la vie d’un enfant. Si les débuts ont été difficiles, l’un comme l’autre ferait n’importe quoi pour les beaux yeux de sa fille. Solvi ne participe qu’aux missions sans danger, celles qui relèvent plus du tour de magie que de l’escroquerie. Pas vu, pas pris. Elle apprend à manipuler, à ruser et à plaire sur mesure pour séduire, mais développe également un caractère tempétueux qui ne s’arrangera pas en grandissant.
Plus elle grandit, plus elle participe à des missions dangereuses, empochant quelques gallions en guise de récompense au passage. Ce n’est pas très moral, mais Solvi insiste et en redemande toujours et ses parents finissent toujours par céder lorsque la situation le permet.
2010 - 2018
En grandissant, Solvi tend à s’éloigner des pratiques de ses parents. Ce qui lui semblait être une grande cour de récréation se transforme peu à peu en nid à problèmes. Ses parents sont fortunés, ils ont de quoi vivre la belle vie, mais la jeune femme supporte difficilement les regards étudiants qui se posent sur elle lorsque l’on évoque sa lignée. Etudier à Durmstrang n’était pas un problème en soi, l’histoire de ses parents n’y étant pas plus connue que cela. Intégrer une école et rester sur une chaise Le duel était au coeur de l’apprentissage, c’est là-bas qu’elle perfectionna le plus ses aptitudes physiques et de duelliste. Elle commença par ailleurs à s’intéresser à la magie sans baguette, usage de la magie traditionnel sur l’île d’Hawaï. Sa mère l’avait toujours fascinée, comme le Fourchelangue fascinait les autres. Solvi n’a jamais parlé de son secret à quiconque mais ne se cache pas d’apprendre les sorts informulés.
A son arrivée à Poudlard, Solvi n’est pas la dernière à user de la baguette au détour d’un couloir si l’on tente de l’intimider. C’est une Serpentard, elle a presque le droit. Et même si elle n’en avait pas le droit, Solvi se l’accordait sans problème. Terminer sa journée en retenue, c’était presque le lot quotidien. Elle ne comprenait pas où résidait le problème mais, malgré toutes les contestations, elle y échappait rarement. Si ce n’est pour ses excellents résultats scolaires, on se demande pourquoi Solvi a été autorisée à y rester de sa cinquième à sa dernière année. On voit souvent en elle une jeune femme sans limite, sans savoir-vivre, prête à semer la zizanie partout. Elle est tempétueuse, mais elle est aussi changeante que la météorologie. Tantôt volcanique, tantôt douce comme un agneau. Tantôt conciliante, tantôt exigeante. Solvi est un casse-tête à elle toute seule, insoluble, qui a su attirer dans ses filets
@Fergus Clearwater. Fergus, un poil plus âgé, et Solvi ont entretenu une correspondance lorsqu’elle étudiait encore dans le froid polaire de Durmstrang. Une correspondance qui, de fil en aiguille, a rapproché les deux jeunes gens pour les rendre inséparables.
Le cursus universitaire est long, trop long aux yeux de Solvi qui rêve d’aller sur le terrain. Il semble interminable, fastidieux, presque barbant, et elle meurt d’envie d’achever ses études au plus tôt. Une chance pour elle: les sixième et septième années sont ponctuées de stages qui permettent à la jeune femme de respirer. Elle intègre aisément la BPM juste après sa sortie de Poudlard, les stages et ses MULOTs de justice magique aidant, dans le service des tireurs d’élite de baguette magique. Son entrée dans le service n’est pas passé inaperçu. Evidemment, la fille de Sören et Kani a fait l’objet d’une enquête approfondie. La brigade n’autorise pas n’importe qui à l’intégrer et Solvi ne serait pas étonnée d’apprendre qu’on la surveille certainement encore. Une chance pour elle, tous ses secrets ne sont pas révélés, ce qui lui laisse encore l’occasion de protéger son fiancé de son passé tumultueux.