Neighbor - Ft Morana

La maison d’Elaine et Morana était toute simple, à l’image de ce couple. Si la construction était toute récente, le bois utilisé semblait un peu vieillot et la décoration très traditionnelle. Du cuivre dans la cuisine, une immense forêt de plantes vertes dans la petite véranda qui était accolée à la maison principale. On y accédait par le salon, simple avec ses grands canapés en cuir véritable. Les plaids étaient faits de peaux et de fourrures, comme c’eut été attendu d’une maison d’une chasseresse. On avait évité en revanche les têtes empaillées accrochés au mur pour y préférer toujours plus de photos de famille et de plantes qui étalaient fleurs et larges feuilles jusque devant les fenêtres et leurs rideaux de velours clair.

L’intérieur avait été décidé par Elaine très majoritairement, et cela plaisait à Morana qui avait chaque jour l’impression d’entrer dans le monde de sa femme, et il n’y avait rien qu’elle aimât plus au monde que le fond de l’âme d’Elaine Pendragon.

Même quand il s’agissait d’un petit bout de femme fatiguée, pour ne pas dire épuisée, par les insomnies et les craintes. Même quand elle se trouvait songeuse à observer par une fenêtre le jardin en rêvant d’un jour y voir Lancelot, courir et heureux, loin de la maladie.

Morana déposa son sac dans le vestibule. Elle n’était rentrée que depuis quelques instants mais la maison était d’un calme plat. Elle chercha d’abord Lancelot, mais ce dernier était dans son lit, endormi pour une bonne partie de la journée. La sorcière vint l’embrasser sur le front et sortit, veillant à faire le moins de bruit possible.

Quand elle ressortit, Elaine sortait de son étude, les yeux un peu rougis. Morana comprit mais ne dit pas un mot, au lieu de ça elle vint la chercher dans ses bras avec un sourire pincé, puis embrassa sa tempe et sa bouche, inspirant profondément contre elle. Il n’y avait pas de mot pour ce genre de situation. Les promesses s’étaient toutes rompues et l’espoir, lui-même, se mourrait au fur et à mesure des années.

Peut-être un jour trouverait-elle un intérêt ou une raison à tout ce désespoir et ne se rappelerait-elle que des bons moments.

« Est-ce que tu veux que je te prépare un thé ? »

Elaine acquiesça, chassant la buée de ses yeux et suivit Morana jusque dans la cuisine. Elle s’accouda, observant la théière magique se mettre d’elle-même sur la gazinière à bois. La porte de celle-ci s’ouvrit alors qu’un petit être, pas plus haut qu’un mètre, vint enfourner quelques bûches à l’intérieur pour allumer le feu.

La chasseresse tira d’un large tiroir quelques fleurs séchées et des feuilles qu’elle avait elle-même sélectionné, pour préparer la tisane. Quelqu’un toqua au même moment. Elaine se leva naturellement.

« Tu attends quelqu’un ? » demanda Morana, sans se détourner du petit sachet de lin dans lequel elle déposait les feuilles sèches.
« Pas que je sache, c’est peut-être Luke ? »

@Luke Korrigan était un peu le genre à s’inviter, mais c’aurait été tout de même étonnant. En règle générale, il préférait l’oreille plus attentive de @Maeve Cynfeirdd que de sa soeur moins... patiente ?

Elaine se dirigea, plus paisible, vers la porte et l’ouvrit sur un visage qui ne lui était jusque là pas du tout familier. Elle jeta un petit regard à Aena, et juste à côté d’elle un petit garçon.

« Oh, bonjour, je-je suis Elaine Pendragon, enchantée, et, mh, bienvenue à Pré-au-Lard je présume ! », elle ouvrit plus grand la porte en voyant le contenant que la femme tenait. Les règles de l’hospitalité étaient toujours très bien observées par la famille Cynfeirdd-Pendragon, même pour Morana qui préférait les environnements plus calmes que les petites fêtes impromptues. « Est-ce que vous voulez prendre un thé, un café ? Ma femme est justement en train de préparer un petit quelque chose », elle remettait doucement un certain professeur Nightingale dont Morana avait dû lui parler à un moment ou à un autre, « vous vous rapprochez de Poudlard ? J’espère que votre emménagement s’est bien passé. »

Elle referma calmement la porte, guidant Aena jusqu’à la cuisine où Morana releva le visage sur elle et le jeune Duncan. Elle eut un petit moment de doute avant qu’Elaine n’entre à leur suite dans la maison.

« Morana, ce sont nos nouveaux voisins. Aena Nightingale et... ? »

Elle regarda le garçon, pendant que Morana faisait un geste poli de la tête.

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« Une boutique d’apothicaire ? C’est super ça », Elaine reprit et semblait vraiment contente de l’apprendre. « Vous m’y verrez dans ce cas, je vais souvent me réapprovisionner de toute sorte d’herbes. Nous en avons beaucoup c’est vrai », et c’était peu dire au vu de la véritable jungle qui longeait les murs et surplombait les meubles, « mais il nous manque toujours un petit quelque chose au moment de faire la potion. Je dis ça car je suis potionniste de profession. »

La blonde avait la parole facile et semblait toute accueillante, en comparaison de Morana qui releva le visage en voyant le trio arrivait dans la cuisine. Son regard bleu perçant était plus sur la réserve. Elle n’aimait pas particulièrement que l’on dérange sa tranquillité, mais Elaine était plus heureuse en étant entourée, alors elle eut simplement une salutation pour l’invitée surprise.

« Merci du compliment, c’est encore un peu fouillis, ça va faire quatre mois qu'on a emménagé mais y a toujours des cartons dans le grenier », rigola doucement Elaine, en voyant bien qu’il y avait trop de fleurs et de plantes pour la maison qu’elles avaient acheté en septembre. Elles avaient quitté une surface du triple à Tinworth pour venir ici, pour accommoder l’emploi du temps de la nouvelle Directrice de Serdaigle, mais elles n’avaient pas voulu se séparer de la moitié de ce qu’elles avaient. Surtout Elaine, en réalité, car tout était un souvenir, tout lui rappelait quelque chose.

Morana observa Aena présentait son fils, surprenant ce petit écart de langage, mais elle ne fit rien remarquer. Elaine eut un petit sourire à la question d’Aena, mais c’est Morana qui répondit, avec son timbre de vois plus posé et calme. C’était généralement elle qui en parlait. Elaine n’en avait pas le courage, ni la force, et elle savait que rien que prononcer son prénom et le mot maladie, les larmes lui seraient venus. Elle s’affaira plutôt à sortir les tasses et un peu de grenadine faite maison pour le garçonnet.

« Nous avons un fils, Lancelot, mais il est alité. En revanche, je suis certaine qu’il adorera un cookie. » Morana termina de plonger le filet d’herbes dans la théière magique qui se déplaçait en de petits bonds sans renverser la moindre goutte. « Vous êtes Aena Nightingale vous avez dit, la femme de Scott, c’est ça ? Je suis Morana Cynfeirdd, je suis professeur de botanique à Poudlard. »

Elaine poussa un verre de grenadine et d’un peu de limonade magique (celle qui picotait la langue et faisait quelques chatouilles) vers Duncan, avant de s’asseoir à la table. Morana resta debout pour mieux servir le thé. Elaine enchaîna en ouvrant le contenant : « c’est vraiment très gentil », et en servit un à tout le monde sur une petite serviette joliment pliée.

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« C’est gentil » souffla Morana, éludant l'inquiétude principale en voyant la mine déconfite de la pauvre Elaine qui ne savait quoi répondre à la phrase pourtant gentille d’Aena.
Est-ce que la maladie de Lancelot était grave ? Oui.
Est-ce qu’elles y pouvaient quelque chose ? Non.

Mais le destin avait été bien plus d’une fois bousculée par les Cynfeirdd, aussi elle espérait, d’une certaine façon, que cette fois-ci ne soit qu’un énième obstacle, mais pas la fin du parcours. Quand la maladie s’était déclarée, on avait été formel à Sainte Mangouste : pas plus d’un an ! Au final cela faisait désormais trois ans et même si, certains soirs, l’une comme l’autre se demandaient si ce n’était pas s’acharner que de toujours tenter le diable, aucune ne pouvait s’empêcher d’espérer.

« Lancelot adorerait » souffla Elaine, touchée par l’élan de solidarité d’Aena. « Duncan pourra venir quand il voudra, mais ça ne devra jamais durer trop longtemps. » Elle tourna son regard vers le petit garçon avec un sourire tendre : « Lancelot a besoin de souvent se reposer, mais je suis certaine qu’il serait ravi. Ca signifierait plus de cookies ! »

Morana couva d’un regard le profil de sa femme sans un mot, alors qu’elle glissait son regard sur la blonde, profitant du creux pour lui demander si elle avait un quelconque lien avec Scott. Un petit rire passa sur les lippes de la Cynfeirdd :
« Des louanges ? Eh bien, c’est bon de savoir que je ne suis haïe par mes collègues. »
L’idée l’amusait, car même s’il était vrai qu’elle était à l’instar d’@Amaranth Mapleleaf plutôt une femme de l’ombre, il était tout aussi vrai qu’elle était compétente à son job. Ce n’était pas le genre de chose qu’elle s’attendait à entendre de la part de ses collègues, mais il fallait croire qu’Aena et Scott avaient les mêmes sujets de discussion que tous les autres adultes, à savoir parler de ses collègues en rentrant le soir.

Elaine était quelque peu épargnée, et cela allait en s’accélérant puisque bientôt, tout le château serait ou presque des membres de leur famille. Autant dire que les ragots iraient plus vite encore qu’à Caer Cynfeirdd.

« J’ai dû être dans des classes supérieures, j’ai fait ma rentrée en... », une grimace accompagna l’idée de devoir soudainement calculer combien elle était âgée désormais, « 1998 ? 1997 ? Ca nous rajeunit pas » souffla-t-elle, alors qu’Elaine la regardait d’un air mi moqueur mi amoureux, se faisant la réflexion qu’elles n’avaient, ni l’une ni l’autre, vraiment changées en un quart de siècle.

« Maeve est ma cousine, c’est ça » commenta Morana.

Par bien des aspects elle était plutôt une soeur, mais ce n’était pas le genre d’information qu’elle divulguait au premier venu. En revanche, pour connaître le nom de @Maeve Cynfeirdd, cela signifiait qu’elle s’était renseignée, à moins que ç’avait à voir avec @Luke Korrigan - encore ? Un sourire amusé pointa sur les lèvres de Morana alors qu’elle buvait un peu de son thé.

« Un message à lui faire passer, peut-être ? Elle est très occupée en ce moment. »

Après la sortie du Tyr Na Nog en catastrophe et désormais avec la dette dûe à @Aethelia G. Sanderson , sans parler de toute cette histoire d’oaf sparas, quelque chose clochait dans le monde des fées. Quelque chose qui taraudait Maeve et à juste titre. Morana elle-même l’avait sentie : quelque chose était en train de bouger de ce côté du miroir, et elle ne pouvait même pas dire si elle en était en partie ou non responsable. Cela lui échappait autant à l’une qu’à l’autre, mais cela faisait parti des choses qu’elle n’abordait pas.

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