Bridge Over Troubled Water ft. Aphrodite

Bridge Over Troubled Water

je suis un PNJ

Elle le laissa l'envelopper de son regard tandis qu'il compatissait à sa déconvenue tout en offrant d'être son guide si Lady Antonia devait réviser son jugement. Aphrodite sourit, plongeant à son tour totalement. Pendant ce court instant, ses regrets n'avaient plus d'importance.

« Xris, quand tu me regardes comme ça... » Elle baissa le regard et ses lèvres prirent un pli doux, amusé de sa propre audace. Ses pommettes se rehaussèrent d'un joli teint de rose thé tandis qu'elle chassait le sourire à ses lèvres, tant bien que mal, pour confronter à nouveau son regard au sien, « Pardon, je m'égare semble-t-il au point d'en oublier les bonnes manières. »

Elle repensait elle aussi à ce baiser échangé à l'abri des regards. A l'intensité avec laquelle son coeur avait battu à ce moment. A ses lèvres chaudes sous ses doigts délicats. Chacun de ces instants gravés dans sa mémoire et dont les couleurs perdureraient longtemps. Plus raisonnables, les sujets d'études qui retenaient leur préférence soutiendraient une conversation plus convenable sans doute.

« Oh, eh bien pour tout dire... j'ai du mal à l'envisager pour l'instant. Peut-être pourrais-je enseigner d'une manière ou d'une autre. »

Elle avait bien conscience que ce n'était pas le genre de carrière qu'on attendait d'elle et en même temps, elle n'en voyait pas de plus nobles.

« Avez-vous une idée plus précise de ce dans quoi vous investirez votre avenir ? », relança-t-elle, soucieuse d'en apprendre aussi d'avantage sur lui.

Le sujet des études le céda à celui des loisirs et elle ne put faire l'impasse sur cette longue tradition d'escrimeurs et d'épéistes qu'entretenaient les Longerbane, tous sexes confondus.

« Vous l'avez remarqué vous aussi ? Atreus peut aussi se montrer très susceptible, c'est un excellent moyen de lui faire oublier de garder cette petite faiblesse... », soulignait la jeune femme avec malice. Elle montrait là sans doute une qualité que le Serpentard reconnaîtrait pour typique de la maison dont il portait les couleurs.

A son tour, il lui partagea une petite tranche de vie. Un doux souvenir d'enfance qui, elle ne devinait, n'était pas offert à la légère. Elle s'en sentit privilégiée, d'autant plus qu'elle sentait sans mal la saveur nostalgique des mots de Xris. Le jeune homme choisit pourtant de chasser la mélancolie, amenant une touche plus neutre dans ses derniers mots.

Elle lui rendit son sourire.

« Alors vous pourrez sans doute renouer avec cette tradition quand vous aurez des enfants. Je ne doute pas que votre épouse y trouvera à redire, comme toutes les mères, ainsi le tableau sera parfait. », elle eut un sourire tendre, se demandant ce qu'elle y trouverait à redire...

Bridge Over Troubled Water

je suis un PNJ

Un sourire caressa ses pommettes soudain plus saillantes :

« Mais saurons nous ensuite nous refaire à ce jeu de dupes ? », souffla-t-elle presque sur les lèvres qui venaient de l'effleurer. Comme elle relevait légèrement le menton, ses yeux le quittèrent pour caresser du regard cette bouche qui lui avait laissé un souvenir toujours vivace avant de se plonger à nouveau dans ceux de Xris. Il y avait comme une harmonie entre les deux jeunes gens, aussi naturelle qu'évidente. Comme si la petite virgule frondeuse à la commissure d'une bouche répondait à l'éclat audacieux dans l’œil de l'autre.

Comme ils parlaient de leur avenir respectif sans trop oser les mêler, elle se surprit à confier cette idée un peu fantasque que d'enseigner. Mais il fit mieux encore en ne témoignant aucune frilosité à cette idée. Un sourire plus innocent, presque désarmé, ouvrit le visage d'Aphrodite Longerbane. Cette curieuse expression ne la quitta pas jusqu'à ce que le trouble paraisse chez Xris, comme elle lui retournait sa question. Un instant, elle craint d'avoir mis le nez là où elle n'aurait pas dû mais il finit par lui faire une réponse.

« Une simple idée ? J'ai du mal à le croire... », avoua-t-elle.

A moins qu'elle n'était été là pour masquer une absence de projet dont il aurait pu avoir honte, Aphrodite n'achetait pas. Pourquoi ce trouble pour une simple idée ? Et, pourquoi la lui confier dans ce cas ? C'était -elle trompée en jaugeant de la sincérité et de la profondeur de la conversation ? Elle en doutait encore plus fortement. Mais Xris ne tarda pas à préciser sa pensée, reportant l'aura de l'Histoire, pesant sur ses propres espoirs.

« Je crois qu'un Andērson y aurait sa place pour peu qu'il soit passionné et sincère dans son engagement, au contraire. Lady Antonia n'a de cesse de dire que La Justice est la seule véritable Chose Publique, et qu'elle devrait être la préoccupation de tous, non l'apanage de quelques fantoches du pouvoir. », opposa-t-elle, résolue, « D'autres y ont une place de choix et ce en dépit d'un héritage inassumable - tu me pardonneras cette invention. Lord Brivael Grey est le plus jeune juge de ce siècle et personne ne se risquerait à le mettre en face de ses vieilles chroniques familiales. »

Les dérives puristes et violentes de la famille Grey étaient pourtant encore très présentes dans les esprits. Voir l'héritier d'un homme qui avait esquivé le baiser du détraqueur par la seule grâce de l'évolution de la loi, était en soi un sujet de débat. Mais il était vrai que Lord Brivael semblait être le parangon même de la perfection du haut de ces tout juste trente années.

Elle se garda bien d'ajouter que la simple peur de Lady Antonia aurait découragé quiconque de s'en prendre à Xris Andērson pour les mêmes raisons. De même qu'elle se promettait de ne pas essayer de lui gagner l'attention de quiconque par l'entremise de cette même aïeule. Ça n'aurait pas été faire honneur au jeune homme.

Sur un ton plus léger, la susceptibilité d'Atreus fut mise sur le tapis. Aphrodite rit, d'une note pure et cristalline.

« Je ne doute pas qu'il le fera quoi qu'il advienne si tu devais revenir plus souvent... »

Une demande à mi mots dont elle supposait qu'elle se réaliserait.

« Je l'espère.  » répondit-elle quand il fut question de transmettre la tradition de l'escrime. A la manière dont elle le regardait, Xris pouvait deviner qu'elle s'apprêtait à le désarçonner, avec malice sans l'ombre d'un doute, « Peut-être seront-ils aussi d'excellents nageurs, qui sait. » ajouta-t-elle finalement avec un petit sourire amusé, jaugeant une nouvelle fois de sa réaction. « Viens, je voudrais te montrer quelque chose... »

Ce disant, elle le doubla élégamment, avançant un peu plus loin sur le chemin...

Bridge Over Troubled Water

je suis un PNJ

Chaque mot échangé lui parvenait avec délice, comme s'il avait fallu qu'elle donne plus d'éléments à ce portrait romantique qu'Atreus faisait d'elle, toujours goguenard. Dans le flux intarissable de leurs échanges, il semblait qu'elle ne se lasserait jamais et c'était sans doute cela, cette petite voix intérieure, qui la ramenait sans cesse au baiser qu'ils avaient échangé. Sans doute l'attente rendrait-elle le prochain plus difficile à interrompre encore. Dans leur condition, ils ne pouvaient non plus se permettre de s'abandonner n'importe comment. Mais la seule idée de cette retenue, imposée mais nécessaire, lui faisait battre le coeur à se rompre.

Studieuse, la conversation les emmena vers des eaux plus calmes, laissant poser un peu l'émoi de ce début de relation qui ne disait son nom qu'entre les lignes mais pourtant sans doute très clairement aux yeux de la haute société magique. Il n'était pas anodin que Xris eusse été invité ici, et de surcroît par Miss Longerbane, plutôt que par aucun de ses frères. L'ouverture était par trop évidente pour qu'on n'y trouve pas une forme de déclaration et pourtant, il semblait tout aussi évident qu'Aphrodite Longerbane n'était pas jeune femme à précipiter les choses. D'autres qu'elles auraient stratégiquement saisi l'opportunité du Bal de Yule pour extorquer quelque forme d'engagement à leur soupirant.

« Avec un petit "j" dans ce cas, je ne saurais me prévaloir de soixante années de faits oratoires à la noble cour du Magenmagot moi. Mais je partage ton admiration. Lady Antonia a cette passion et cette force de conviction qui la rendent inébranlable. Mais ce qui, je trouve, la rend plus admirable encore, c'est que son engagement est sincère et toujours humble. Je crois que pas une fois je ne l'ai entendue réclamer les lauriers de son travail ou envier ceux d'un autre. Elle a comme une sorte de... confiance dans le collectif, que moi je n'ai pas toujours... »

A sa décharge, elle avait de la vie en société une expérience par le bout de la lorgnette et encore, bien plus jeune que celle de la matriarche de la famille. Mais elle ne désespérait pas que cela puisse changer un jour.

L'idée que leurs chemins ne pouvaient se séparer si promptement faisait petit à petit son chemin et, tandis qu'Aphrodite se risquait à l'insinuer, jaugeant prudemment de la réaction de Xris, elle se délectait de ses réponses autant que de ses évitements feutrés qui n'évitaient en vérité rien du tout mais ne manquaient pas de laisser le champ libre à l'idée d'une suite sans fin.

Son regard plongea dans celui de Xris à cette idée de ne pas succomber à la première seconde. Elle ne dit rien, mais tout était là. Dans ce regard. Xris, quant à lui tenait bon, résistant admirablement bien à la suggestion qu'elle lui fit un peu après. Un sourire vint saluer sa ténacité. Aphrodite n'aurait pu se complaire dans un binôme où son cher et tendre eusse été à sa complète merci, si douce dusse-t-elle être. L'image déplaisante de Mr Goldworthy la tira de sa rêverie. Il y avait un juste milieu entre être le bel oiseau en cage de cet ignoble personnage ou la matrone terrible d'un mari timoré. A ce jeu, Xris tirait une médiane qui semblait en tout point parfaite. Ils n'avaient pas besoin d'approuver la moindre des idées de l'autre, ni pour l'instant de plier l'autre à leur volonté.

Elle le guida à pas feutrés un peu plus loin dans le jardin, laissant à leur droite une petite mare dont la surface gelée jetait des miroitements envoûtants. « Ne la regarde pas. », conseilla-t-elle simplement, sans s'arrêter.

Au bout d'un moment, elle désigna une petite bute douce dans la neige avant de tirer sa baguette et de s'asseoir sur le sol immaculé et étonnamment douillet et cotonneux tout à coup.

« Il vient parfois par ici un cerf tout à fait étonnant. C'est un animal dont les bois forment comme un arbre au milieu de son front, un arbre véritable, qui change au fil des saisons. Je n'ai pas encore eu le plaisir de le croiser cet hiver. Il faut être très discret, et très patient... »

Après tout, ne fallait-il pas aussi s'armer de patience pour découvrir le coeur de l'autre et quoi de mieux que de le faire dans le silence ? S'il y avait bien une chose qui était précieuse à partager, c'était celle-là : le silence. Bon nombre s'y étaient cassé les dents avant lui, mais Miss Longerbane semblait avoir confiance en l'idée que Xris saurait partager avec elle, ce moment suspendu et fragile.

[color=coral]«

Bridge Over Troubled Water

je suis un PNJ

Une fois de plus leurs mots résonnaient et se répondaient sans qu'ils aient à produire le moindre effort. Il semblait la comprendre, naturellement. Et cette question de confiance était primordiale.... dans un coin de sa tête, le rire solaire d'Atreus se moquant de sa candeur se rappelait à elle. Elle serait peut-être la première, la seule, de la famille à le risquer mais s'ils déjouaient les plus mauvais augures, alors, c'était certain, elle parlerait à Xris. Elle ne passerait pas une vie à mentir comme l'avait fait Lady Antonia, Lord Alastor et Lord Alaric avant eux. Quand elle aurait appris à le connaitre suffisamment, elle saurait trouver le moyen de le lui dire.

Un instant le doute l'envahit puis, comme elle sentait l'attraction de la mare sur le jeune homme, elle pressa légèrement sa main dans la sienne et cela suffit. Finalement, ils arrivèrent à cet endroit du jardin où le temps semblait suspendu dans l'attente de son merveilleux visiteur. Là, ils s'assirent côte à côte sur la tapis de neige métamorphosé pour eux.

A l'évocation de la patience dont il leur faudrait faire preuve, Aphrodite se perdit dans le regard de Xris, saisissant sans mal une forme de duplicité dans le texte. De la patience, en avait-elle encore ? Son coeur se remit à battre à tout rompre, flatté par le regard qu'il posait sur elle. Elle avait envie d'embrasser ce regard autant que de le fuir sans pouvoir se résoudre à trancher pour l'une ou l'autre solution. Mais elle n'était pas du genre à fuir et au contraire, quand ils arrivèrent tous deux à bout de patience, sa main aux doigts de fée vint accueillir d'une caresse le baiser qui se posait sur ses lèvres. Traçant avec délice le contour de ce visage, elle lui rendit avec un plaisir coupable l'exquis affleurement, sans cesser d'y revenir. Ses pommettes s'empourprèrent et il lui semblait que chaque fois que leurs lèvres se quittaient, c'était pour se retrouver plus intensément encore.

Quant au visiteur merveilleux dont avait parlé Aphrodite, s'il venait à passer, ce serait dans l'anonymat le plus total. Peut-être laisserait-il alors quelques preuves de son passage aux amoureux étourdis, en guise de douce dérision.