Licence To Kill
ft. @Jack Deschain18 12 2023
TW : les mêmes que Asphyxia - mort, sang, violence, suicide vulgarité. Les mots ne sont qu’un moyen comme un autre pour se faire comprendre. Certaines situations demandent une réponse beaucoup moins tangible, nettement plus abstraite et pourquoi pas soumise à interprétation. Même s’il arrive qu’ils en cachent d’autres parfois, les mots sont crus, lourds de sens dès lors qu’on s’obstine à les choisir. Les gestes, par exemple, ont beau tendre à l’incertitude, ils se suffisent parfois à eux mêmes.
C’est probablement pour ces raisons combinées que Jack n’eut pas besoin de dire quoi que ce soit pour que Yara
sache ce qu’il attendait d’elle. Un regard avait suffit. Puis, plus bas, la vision de la chaîne née au creux de la paume de main du chasseur lui arracha un net frisson. Ses doigts s’en saisirent, vibrant sous l’effet de cette curieuse symbiose. Une fois la chaîne glissée sur sa peau, ils se mirent même à trembler légèrement.
Yara ne tremblait jamais, pourtant. Elle n’avait rien à craindre, rien qui puisse en tout cas la mettre hors de contrôle.
Mais sous le regard acéré d’une nature luxuriante, dans son élément et au lendemain d’une cérémonie de sang, tout était différent. Si c’était son cou à lui qu’elle venait lentement entourer de ce collier d’argent, c’était bien elle que cette promesse venait d’enchaîner. Elle qui avait toujours mis un point d’honneur à rester libre, en toute circonstance. Jack, lui, n’avait qu’à attendre patiemment pour être libéré de ses engagements. Tapi dans l’ombre, tout ce qu’il avait à faire, c’était de patienter, comme tout chasseur digne de ce nom savait s’y résoudre le moment venu.
Elle n’avait peut-être pas tout à fait réalisé que ce lien subsisterait à vie. Ou plutôt, à la mort.
La mort. Une amie de longue date que Yara avait appris à apprivoiser. Ce n’était pas elle que Yara craignait. Mais le laps de temps qui s’écoulerait jusqu’à l’accueillir à bras ouverts.
Il ne fallait pas avoir trois diplômes en psychomagie pour savoir qu’avec ce merci, la chasseuse s’était jetée à cœur perdu dans la gueule du loup, se vouant ainsi corps et âme à sa propre éternité de reconnaissance doublée d’une dette que seule sa mort des mains du bourreau qu’elle avait choisi viendrait faire taire.
Face à ses remerciements, le silence de Jack en disait long, et comme le sien était tout aussi significatif, elle n’ajouta rien. C’était trop tard pour reculer, de toute façon. Et la situation aurait pu être bien pire, tout bien réfléchi.
Imaginez qu’un autre avait tenu les ficelles entre ses doigts. Prenez Glenn Yard, par exemple. Un homme parmi tant d’autres.
Y aurait-il eu pire enfer sur terre que de devoir un jour le remercier de quoi que ce soit à voix haute ?
Quel carnage ça aurait été.
De ce qu’elle en avait vu, Jack était un moindre mal. Il sentait bon, il visait bien et il ne parlait pas tant que ça. L’image d’
@Ebenezer Grimm traversa fugacement son esprit. Certains parlaient beaucoup trop, y compris quand c’était la dernière chose qu’on attendait d’eux. Mais même quand Jack parlait — elle en était la première surprise — ça n’était pas une tannée.
Du moins pas encore.
Après tout, qui savait dire combien de temps son gène récessif se retiendrait encore dans cette grande boîte couverte de chair et de peau ?
Le contact de son épiderme qui rencontrait le sien fit pétiller le bout de ses doigts. Son esprit joueur fit apparaître des images en flash-back devant ses yeux — excepté que ces souvenirs qu’il imposait sans son consentement n’étaient pas encore arrivés. La chaleur de son corps augmentait au fil du temps passé sur cette peau encore inexplorée, mais peu importe s’il le sentait.
Après tout, ce n’était pas comme si elle avait encore des choses à lui cacher.
«
Fallait peut-être y réfléchir avant de me convaincre de vivre, Red Dust », souffla-t-elle avec l’un de ses sourires remplis de malice au bord des lèvres. Soulagée, presque, que ce soit la taquinerie et le jeu qui reprenne le dessus. De cette angle de vue, la situation lui paraissait moins grave, plus légère. «
Et me tuer quand t’en avais l’occasion. T’aurais été sûr, comme ça. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi même. » Un silence. «
Mais j’imagine que tu sais ce qu’il te reste à faire dans ce cas. »
Sa main glissa sur le col de sa veste tandis qu’elle regagnait sa place en face de lui. De là, elle avait tout le loisir de l’observer pour se délecter de ses réactions.
Il y avait désormais quelques vêtements pour séparer sa peau de la sienne alors que ses doigts voyageaient sur son corps, s’emparant finalement de l’objet qui scellait leur accord pour mieux l’observer.
«
Et si on allait chasser pour fêter ça ? », demanda-t-elle, tâchant de garder ses yeux d’ambre rivés sur le pendentif, en totale contradiction avec la raison pour laquelle elle lui faisait de nouveau face.
Non pas qu’il y avait vraiment quoi que ce soit à fêter.
Mais après ce qu’il venait de se passer, elle se disait qu’une sortie en plein air leur permettrait certainement de canaliser leurs énergies.
Yara, en tout cas, se sentait bouillir de l’intérieur ; et si cette première option ne trouvait pas preneur, nul doute que l’idée d’un plan B ne tarderait pas à effleurer ses lèvres.
Si toutefois sa volonté ne craquait pas avant sa raison.
MADE BY @ICE AND FIRE.