Rewrite the stars (Sean)

Si elle fit une moue faussement courroucé à sa remarque, elle ne put s'empêcher de glisser un sourire sur le coin des lèvres, ne cessant de venir chercher le creux de son cou du bout du nez. Une remarque lancée innocemment dans le terrain de Quidditch en fin d'année dernière, sans savoir que tout basculerait après pour les mener là où ils étaient.
Mais lorsqu'il entreprit d'enlever son haut, Yeleen en eut le souffle coupé, incapable de réaliser jour après jour à quel point ils avaient franchit bien des étapes depuis qu'il avait posé les yeux sur elle lors de leur répartition en première année. Les doigts encore tremblant, elle bascula sur le lit alors que ses jambes flageolantes ne la maintenaient plus debout. Chaque geste, chaque soupire qu'elle entendait tinter à ses oreilles lui donnait une fièvre sans nom, les menant dans un monde qu'ils apprenaient à découvrir ensemble.

Plongeant dans ses yeux alors qu'il la surplombait d'un amour infini, Yeleen murmura son prénom entre ses lèvres, encadrant son visage entre ses mains pour repousser quelques mèches rebelles de l'été. La douceur mêlée à l'envie qui débordait dans son regard lui souleva le cœur et l'âme jusqu'à venir embrasser ses lèvres qui ne demandaient qu'à toucher les siennes. En cherchant à l'embrasser, elle eut l'impression de se reconnecter à son essence même, et ivre de cet instant de bonheur, son souffle se saccadait à chaque geste. Cette chance, elle la saisissait dès qu'ils en avaient l'opportunité, Yeleen n'écoutant que son instinct et son envie qui enflammaient tous ses sens dès l'instant où elle voyait Sean. Telle une évidence. Parce que ça avait été lui dès le premier le jour, c'était lui qu'elle avait trouvé sans même le chercher, c'était avec lui qu'elle voulait concrétiser les rêves, les siens, ceux qu'il cachait encore derrière des regards lourds de sens. A travers ce que l'avenir dessinait sur leur chemin, elle avait envie d'y rajouter les couleurs et les saveurs qui rendraient chaque jour à la fois unique et éternel.

Croisant ses doigts aux siens, elle vint frôler sa peau contre la sienne, d'une caresse brulante, consumant l'air avec une ardeur sans précédent. Sean l'incendiait au moindre regard, galvanisant une passion dont aucune ne se ressemblait. Ses sentiments s'affolaient à chaque fois qu'elle tentait de lui murmurer tous ce qu'elle ressentait et consciente de ce pouvoir qu'il détenait sur elle, elle ne put que déverser cette cascade d'émotion dans chacun de ses baisers qui suivirent. L'envie les emportèrent par vague de chaleur, non retenue, non contenue et à la seule merci de leurs souffles qui les guidaient encore un peu avant que la braise ne finisse de les brûler, inconditionnellement.

Quelques minutes plus tard, elle reposait toujours à ses cotés, ses doigts galopant sa peau encore nue, à moitié étouffée sous les draps alors que la chaleur de la journée s'était à peine dissipée. Un regard vers la fenêtre lui indiqua qu'il leur restait encore un peu de temps avant de préparer le repas du soir et Yeleen glissa sa jambe contre la sienne, remontant doucement en observant attentivement le visage de Sean. Les yeux pétillants, elle faisait le moins de mouvements possible alors que plusieurs lattes avaient encore craqué l'instant d'avant sans pour autant les empêcher de quoi que ce soit. Heureusement que la magie était là pour pouvoir réparer le sommier sans trop d'effort mais pour le moment, le matelas presque à ras du sol, rien ne m'empêchait de venir poser ses lèvres sur le coin des siennes.

Je dirais que c'est toi, si on arrive pas à le réparer avant que ta maman ne rentre taquina-t-elle avant Et tu pourras pas dire que c'est Dorsha qui a sauté dessus comme un trempoline.

Lui adressant un sourire en coin, Yeleen se redressa légèrement sur les coudes, enlevant les draps de leur peau encore moite. Elle ne manquerait pour rien au monde ces précieuses secondes où elle pouvait le regarder allonger à coté d'elle. Ici ou comme la première fois qu'elle était entrain dans la salle commune des Gryffondors. Agrippant une bouteille d'eau présente sur la table de chevet, elle le lui donna pour qu'il se désaltère en premier, tentant de calmer le rouge de ses joues qui prenaient un temps fou à partir. Sean lui faisait un effet tel qu'elle sentait encore ses genoux s'entrechoquer et se demanda réellement si elle allait toujours pouvoir lui offrir un bon diner dans ces conditions.

Si le début des vacances s'annonçait aussi incendiaire que cette journée, elle était certaine de ne pas faire long feu avant la fin du mois.

Je vais devoir soudoyer très souvent Apo pour venir te voir après la rentrée...

Sous son regard amoureux, Yeleen évoquait le sommier qui n’avait pas survécu, craignant la réaction de Betty s’ils ne parvenaient pas à le réparer. Sean se contenta de sourire, sans la quitter une seule seconde du regard, passant de ses yeux à ses mains dans un manège devenu pour lui habituel. Son amie mentionnait la chauve-souris confiée par son père. Le jeune Clearwater observa les signes créés par Yeleen pour reproduire son nom… Dorcha, chauve-souris obscure. Il signa à son tour ces mêmes signes pour les graver dans son esprit avant de tourner de nouveau son attention vers Yeleen. Son sourire s’élargit alors qu’il se tourna pour l’embrasser sur la joue, attrapant sa main dans la sienne.

- Et moi je vais devoir soudoyer Adil pour qu’il ne quitte plus la chambre d’Asel… Mais quelque chose me dit qu’il ne sera pas dur à convaincre !

Avec un rire, il enfila un short avant de rouler sur le côté, se réceptionnant juste à temps sur ses pieds. Sa baguette trônait sur sa table de chevet et il l’agita vers son amie avec un air taquin. Cette dernière s’éleva légèrement dans les airs, entourée de son drap comme dans un cocon protecteur, lui laissant le loisir de réparer le sommier sans qu’elle ne sente le choc du matelas qui reprenait sa forme plane originelle. Puis, très délicatement, il la fit reposer de nouveau sur le lit, avec autant de précaution que s’il manipulait la plus fragile des porcelaines. Enfin, le jeune écossais tourna sa baguette vers le ventilateur, l’allumant afin que sa brise puisse les rafraîchir imperceptiblement. C’était l’alliage parfait entre magie et technologie moldue, ce monde mixte dans lequel il avait grandi et fait sa place.

En reposant sa baguette, ses yeux se posèrent sur la boîte en bois sur la petite table, percée d’un trou à sa base. Il l’avait construite pour héberger Dorcha, se basant sur les indications d’une association de défense et de préservation des chauve-souris. Elle était peut-être en train de se reposer, le Clearwater ne souhaitait pas la déranger pour vérifier. Mais en cas d’urgence, le couvercle du haut se relevait et le sorcier pouvait récupérer le petit mammifère pour l’envoyer porter un message. Sean ignorait si son père, en la lui envoyant, avait prévu qu’elle resterait avec lui. Mais le fait était que Dorcha se plaisait en sa compagnie, tout comme il mettait tout en œuvre pour la mettre à l’aise ici. Elle avait déjà joué à merveille son rôle, allant chercher Braxton quand il en avait eu besoin.

Sean s’assit silencieusement à côté de Yeleen, sa main irrésistiblement attirée par les courbes de son amie à moitié dévoilées, éclairées par la lueur cuivrée du soleil d’été qui perdait en intensité. Il fit courir ses doigts le long de sa jambe jusqu’au bas de son dos, s'émerveillant à chaque toucher de sa douceur de satin. Mais une autre pensée s’était immiscée dans son esprit et elle commençait à accaparer toute son attention. Sean ignorait pourquoi il avait toujours autant de difficulté à parler de son père à Yeleen. Il avait mis du temps à lui raconter leur rencontre à Poudlard - le premier échange après leur voyage dans ses souvenirs - qui s’était si mal terminée. Le Gryffondor aurait pu se cacher derrière l’excuse de ne pas vouloir faire ressasser de mauvais souvenirs à sa jeune amie dont l’histoire familiale était bien plus dramatique. Mais en réalité, il n’arrivait à s’ouvrir à ce sujet avec personne…

Lui-même avait du mal à démêler la complexité de ses sentiments; que ce soit son ressentiment vis-à-vis de son père, sa sensation de trahison à l'égard de tous les Clearwater au courant pour lui, la tristesse des bribes de son passé révélées, son sentiment d’incomplétude concernant ses souvenirs effacés, son manque de contrôle sur ses pouvoirs et ses angoisses… Ayant du mal à se comprendre, il avait d’autant plus de difficulté à dévoiler la noirceur passagère de ses états d’esprits. Pourtant, Sean savait que Yeleen ne le jugerait pas, et que son soutien était au contraire le levier qui lui permettrait de ne pas sombrer. Aussi, il prit sur lui pour oser prendre la parole, se forçant à baisser sa garde avec celle auprès de laquelle il ne souhaitait avoir aucun secret.

- Au fait, j’ai revu mon père la semaine dernière… commença-t-il difficilement tapotant le lit de sa main libre. Je lui ai envoyé Dorcha parce que… C’est ridicule, tu vas rire… Je me suis enfermé dehors. Tu sais que les serrures sont spéciales ici, on ne peut pas les ouvrir avec un simple sortilège… Bref, Dorcha a réussi à le trouver super rapidement, elle est vraiment impressionnante…

Alors qu'il nouait ses doigts aux siens, Yeleen laissa sa chaleur se répandre au creux de son ventre alors que le feu gagnait la joue qu'il venait d'embrasser. Le regard brillant, elle le vit agripper sa baguette magique pour réparer les dégâts avec une telle délicatesse qu'elle ne put que le regarder avec ce même regard de fierté qu'elle lui accordait à chaque fois qu'elle le voyait user de sa magie. Voir Sean s'approprier un monde où il n'avait que peu évoluer avant d'arriver à Poudlard était sublime, cette confiance qu'il gagnait en lui d'année et année lui prouvait qu'elle ne cesserait de le féliciter et de tomber amoureuse de lui jour après jour.

Et Apo, elle va dormir où alors? signa-t-elle alors que le ventilateur commençait à tourner derrière eux.

Elle eut un sourire en imaginant la tête d'Adil se retrouvant pris en flagrant délit de ronflement aux côtés d'Asel. Ils ne devaient se revoir que dans quelques jours afin de pouvoir également venir embêter Milo et Isra qui avaient décidé de passer les vacances ensembles également, elle avait drôlement hâte. Mais alors que le regard de Sean se posait sur l'écrin qui abritait sa chauve souris durant la journée, elle eut un léger sourire en coin, observant cet étrange lien qui les unissait seulement depuis quelques temps. Voir son ami être maître d'un tel animal était surprenant, pas qu'elle ne le voyait pas avec un animal de compagnie mais les chauves souris domestiqués étaient rares, Dorsha conservant néanmoins toute sa liberté pour voler à son grès et profitant surtout de la sécurité que Sean lui offrait en pleine journée pour se reposer tranquillement.

Elle frissonna au moment où il longea sa jambe de ses mains, plongeant de nouveau dans son regard en oubliant tout ce dont ils étaient entourés. Se rapprochant de lui au moment où les traits de son visage se firent légèrement plus tendus, elle attendit patiemment que Sean vienne sur le sujet qui semblait stagner dans son esprit et lui prit la main.
Son père.
C'était bien un sujet sur lequel il avait du mal à mettre des mots, les sentiments confus l'étreignaient à chaque fois qu'il y songeait, contrairement à sa mère qu'il abordait avec bien plus de facilité. Entre l'annonce d'un parrain dont il n'avait aucun souvenir, puis l'attaque de Pré au Lard qui avait mis en lumière l'effroyable passé qui liait Sean à son père, Yeleen sentait que le sujet serait épineux encore longtemps. Il se remettait à peine de ces souvenirs oubliettés, d'une enfance détruite par le décès, d'un père absent en passant par tous les doutes qu'il avait concernant le bonheur de sa propre mère avec son père. En quelques jours ici, elle ne l'avait encore jamais aperçue dans les parages et sans oser venir sur le sujet, elle se demandait si cela avait toujours été ainsi durant les vacances.

Dommage qu'elle ne sache pas ouvrir les portes.[i] commença-t-elle à signer, gardant un temps la légèreté que son ami voulait mettre sur cette rencontre avec son père. [i]Tu as pu lui parler de ce qui te pesait?

Elle ne pouvait nier que chaque rencontre avec son père n'avait jamais réellement l'effet escompté. Il n'y avait qu'à se rappeler de leur discussion qu'ils avaient eu en plein milieu de leur propre rendez vous, Sean en apprenait à chaque fois et finissait malgré lui par tomber des nues, comme s'il apprenait à le connaître. Entre Liam, le professeur Jones, Sean avait toujours eu une certaine retenue avec son père, mêlé malgré lui au respect qu'il lui vouait. @Braxton Clearwater n'était pas un langue de plombs pour rien, il avait ses secrets pour protéger sa famille, peut être maladroitement mais elle ne jugerait pas l'homme avec aussi peu d'actes qu'elle lui connaissait. Sean continuait à lui parler et à lui faire confiance, c'était l'essentiel.

Il reste encore à la planque tout l'été? Est ce c'est parce que je suis là qu'il ne vient pas? demanda-t-elle malgré elle, se demandant si sa présence était aussi dérangeante pour le père de famille. Consciente d'avoir soudainement posée bien plus de questions, Yeleen s'excusa en quelques gestes, le regard baissé vers les mains de son ami qu'elle caressait lassivement. Excuse moi...

Yeleen sourit en réponse à sa remarque, signant en gestes rapides qu’il aurait été pratique que la chauve-souris sache elle-même ouvrir les portes. Sean eut un regard pour la boite en bois dans laquelle se cachait peut-être la petite créature. Elle semblait si intelligente qu’il se demandait parfois à quel point elle comprenait tout ce qu’il pouvait lui dire. Est-ce que @Braxton Clearwater lui avait appris à crocheter des serrures ? Cela n’aurait été finalement que peu étonnant de la part du Langue-de-Plomb. Mais Yeleen attirait déjà son attention, l’invitant à poursuivre le récit de sa rencontre. La jeune sorcière souhaitait notamment savoir si Sean avait enfin pu parler à son père de tout ce qu’il ressassait depuis la fin de l’année scolaire.

Le sourire de l’écossais se crispa imperceptiblement alors que sa belle amie s’étonnait de l’absence du père de famille dans sa propre maison. Elle semblait même craindre que sa présence ne le fasse fuir. Sa peur aurait pu être très drôle si elle ne s’en était pas excusée directement après, dans un enchaînement de signes que Sean ne connaissait que trop bien. Le visage du Clearwater s’assombrit alors qu’il se pencha pour emprisonner ses mains dans les siennes – l’empêchant ainsi de signer davantage – se retenant presque de grogner de désapprobation.

- Je t’interdis de t’excuser Yeleen ! On en a déjà parlé, tu te souviens ? Tu es je pense la dernière personne au monde qui ait besoin de s’excuser de quoi que ce soit !

Est-ce qu’elle pensait réellement qu’à cause d’elle Braxton n’osait pointer son nez à Birmingham ? C’en était risible… A moins qu’elle ne se sente désolée de devoir le questionner ainsi ? Voilà que Yeleen portait à présent la responsabilité de ses propres blocages et de sa difficulté à s’exprimer ! Agacé Sean baissa le visage, s’irritant toujours un peu plus devant son incapacité à parler librement de son père. Evidemment, son amie voulait en savoir plus parce qu’elle se souciait de lui tout simplement. Le fait qu’elle se sente obligée de s’excuser était encore plus frustrant pour le jeune homme.

- Braxton est déjà passé, affirma-t-il, conscient de la perplexité de son amie. Il arrive souvent la nuit… Part tôt le matin… En parlant, Sean se rendit compte qu’il s’était tant habitué au style de vie décalé de son père qu’il savait reconnaître le plop distinctif de son transplannage quand bien-même plusieurs pièces les séparaient. Le moindre signe témoignant de la présence de son père pouvait le réveiller en sursaut, d’un raclement de gorge à un glissement de pas. Si Sean avait volontairement empêché une possible rencontre entre eux, entraînant Yeleen déjeuner à l’extérieur dès lors qu’il savait son père présent, en train de voler quelques heures de sommeil ; le jeune homme devait bien avouer que ce dernier se montrait également des plus discrets. Il s’agissait peut-être d’une conséquence de la manière dont s’était terminée leur dernière rencontre… Ses pensées remontant à cette fameuse journée, l’étudiant se souvint de la question de Yeleen toujours en suspens.

- Je l’ai interrogé sur Mme Jones, marmonna-t-il en lâchant presque à contrecœur les mains de la jeune fille, comme si seules ces dernières pouvaient lui donner la force le faire parler. Je lui ai répété ce qu'Asel nous a révélé à Adil et moi et… Il s’est énervé… Le souvenir de son père ironisant sur son manque de talent journalistique n’était pas des plus plaisants. Mais il a fini par me dire que ce qu’il y avait entre eux… C’était pas ce qu’on croyait…

Sean se tut un instant en fronçant les sourcils. Son père ne lui avait révélé que peu d’éléments concernant leur enseignante, mis à part que son ancien petit-ami était un être brutal et qu’elle avait failli mourir sous ses coups. C’était plus son amère réaction de susceptibilité piquée qui avait fini par convaincre le fils de l’innocence du père. Pourtant, bien des éléments restaient dans l’ombre, ensevelis sous l’obligation de discrétion qui scellait les lèvres des Langue-de-Plomb.  La suite de leur échange était plus cuisante encore. Sean sentit l’humiliation l’envahir alors que ses souvenirs le ramenaient à ce moment où il avait de nouveau perdu le contrôle sur lui-même.

- Il m’a… reproché… de ne pas chercher à en savoir plus sur mon passé… Pour lui… je réagis comme un gamin…

Embarrassé, Sean se passa une main dans les cheveux avant de poursuivre.

- Il pense que je veux le faire passer pour le méchant, alors beaucoup d’autres gens étaient au courant dans la famille pour… l’oubliettage... Il dit je ferais mieux de m’intéresser à ses sentiments à lui plutôt que de regretter la mort d’un parrain que j’ai jamais connu…

De nouveau, les mots se bloquèrent dans la gorge du jeune homme et il ne parvint plus à continuer. Ses lèvres formèrent une mince ligne qu’il transforma en un faible sourire d’excuse en direction de son amie.

Surprise par le ton soudainement adopté, la jeune Serdaigle se releva légèrement sur ses coudes alors qu'elle voyait les traits de son ami se tirer au fur et à mesure que les secondes passaient. Il était inutile de nier que Sean pouvait être à cran à la moindre allusion à son père depuis ses derniers mois, l'épisode de pré-au-lard n'ayant strictement rien arrangé à la situation, tout avait même empiré. Mais de là à devenir aussi réprobateur envers elle, Yeleen ne s'y attendait clairement pas. Fronçant légèrement les sourcils, elle tentait de comprendre pourquoi Sean lui en voulait de s'excuser alors qu'elle l'avait enseveli sous une montagne de question avant de comprendre qu'elle l'avait probablement froissé en pensant injustement être mis en cause dans l'absence de son père.

Elle connaissait ses difficultés à en parler et sans le contrarier davantage, ni le faire braquer, Yeleen prit sur elle le temps que Sean puisse alors trouver les bons mots, lui annonçant avec surprise que son père était déjà passé régulièrement dans l'appartement le soir venu. Peut-être était-ce du à la fatigue chronique qui la liait à l'arrêt des potions depuis quelques jours mais elle ne fut que perturbé de savoir que depuis des jours, Sean tentait de mettre de coté le fait qu'il entendait, voir même voyait son père, bien plus souvent que durant une année complète. Alors qu'il en venait à parler du professeur Jones qu'il avait retrouvé, bien plus tôt dans l'année, portant un de ses anciens sweatshirt, la Serdaigle noua ses doigts au sien avec un peu plus de douceur. Sean semblait constamment torturé par la mention de son père, comme s'il marchait sur des charbons ardents avec lui. Entre le respect, l'affection qui lui vouait cachée sous une montagne de reproche incessant, Sean avait bien du mal à lui faire la part des événements pour se situer aux cotés de son père. Betty avait été plus qu'affecté par l'absence de Braxton durant la remise des diplômes et pourtant, ils étaient arrivés ensemble.

Mais lorsqu'il vint sur un incident impliquant @Asel Misra, Yeleen ne put s'empêcher de se relever un peu plus sur les coudes, embarquant une partie des couvertures pour se couvrir le buste. Elle savait que la Gryffondor avait rencontrée une période relativement difficile il y a quelques mois, sans oser en lui demander plus et surtout parce qu'Asel continuait de lui signer que "sa fleur intestinale fonctionnait bien", certainement une erreur de traduction pour lui dire qu'elle allait bien. Mais il était évident, surtout au vu des regards d'@Apolline Dunn qui la couvait d'inquiétude, elle ne pouvait que comprendre qu'il s'était passé quelque chose de relativement important. Cependant, loin de vouloir décentraliser le sujet de Sean même si elle se sentait concerné par le sort de son amie, elle préféra passer outre ce détail, se disant qu'ils reverraient bientôt Asel et Adil dans les prochains jours pour en parler si nécessaire.

Et plus Sean se livrait, plus il avait du mal à mettre des mots sur les propres reproches de son père. Les mains de Yeleen regagnèrent bien vite les siennes alors que les épaules lourdes de son ami se voyait à des kilomètres. Pendant un instant, elle s'empêcha de lui dire à quel point elle trouvait que c'était plutôt son père qui était égoïste en lui demandant de penser à son père alors qu'un parent n'avait pas à faire porter une telle responsabilité sur la tête de la chair de sa chair. Mais accabler son père d'une telle image n'était pas dans les habitudes de Yeleen qui tentait toujours de temporiser et d'y voir une petite lumière sur laquelle il pouvait encore se raccrocher. Elle lui avait déjà dit que le professeur Jones n'avait effectivement peut-être pas le rapport qu'il avait imaginé à la vue d'un simple sweatshirt mais elle ne pouvait que comprendre que c'était bien plus facile à envisager et d'avoir une distance quand il s'agissait des parents d'une autre personne. C'était bien Sean qui vivait avec son père, qu'il soit là ou pas.

Tu as aussi des sentiments, tu ne peux pas les oublier, qu'importe si d'autres personnes de ta famille sont au courant du sortilège qu'il t'a fait subir. signa-t-elle après un léger temps de silence

La gorge serrée, elle avait du mal à comprendre pourquoi son père voulait à ce point réitérer l'expérience en lui demandant d'oublier ce qu'il ressentait. Braxton devait ignorer à quel point Sean ne faisait que resasser tous ce qui s'était passé, tentant de se raccrocher à la seule présence de son père qu'il voyait de plus en plus proche du professeur Jones au lieu de son fils. Parler de son parrain était encore éprouvant, elle le savait et la simple discussion qu'il avait eu avant l'incident n'avait clairement pas été suffisant pour en savoir plus sur cet homme qui avait disparu de ses souvenirs.

Ne te reproche rien ... continua-t-elle, comprenant un peu mieux le ton presque acerbe qu'il avait eu envers elle quelques instants plus tôt. Je sais que tu as récolté beaucoup d'informations sur qui était l'Auror Liam O'Connor de ton coté et que tu aurais juste aimé en savoir plus sur l'homme et le parrain qu'il a été avec toi.

Elle glissa sa main sur sa joue, la caressant doucement, les yeux brillants d'affection à son égard. Elle était pourtant si fière de l'homme que lui était devenu avec le temps, un coeur si grand et si ouvert aux autres mais son père semblait incapable de voir le mal qui le rongeait et qui l'avait renfermé en si peu de temps. Peut-être que maladroitement, Braxton lui demandait de s'ouvrir aux sentiments des autres.

Ton père ne peut pas te demander de centrer ce que tu ressens sur lui, il a peut-être tenté de te faire comprendre qu'il fallait avancer, même si tu n'as pas tout de suite les réponses que tu voulais. proposa-t-elle avec le plus de tact possible

Il faut bien que tu les acceptes, pas pour passer à autre chose mais je pense que tu tiens à honorer sa mémoire. Je peux comprendre ceci dit qu'il doit être difficile pour ton père de parler de la perte de son meilleur ami ... tu l'imagines toi, si c'était Adil ou même une personne aussi proche de ton coeur?

Finissant par poser sa main par dessus le cœur de son ami, elle ne put que sentir ses battements alors qu'un sourire d'excuse traversait ses fines lèvres. Elle ne put s'empêcher de les embrasser tendrement avant de continuer à signer, indiquant son cœur une nouvelle fois.

Ne le ferme pas. Ton père ouvrira un jour les yeux sur tous ce que tu recèles au delà.

Au fur et à mesure qu’il se dévoilait devant son amie, Sean la voyait quitter son masque décontracté alors que son visage se crispait de concentration. Elle l’écoutait attentivement et son regard prenait même une teinte presque peinée. Sean avait-il été trop rude avec elle en lui interdisant de s’excuser ? Qui était-il pour ordonner à son amie si sensée que dire et que faire ? Comprenait-elle qu’il ne faisait que citer ce moment si cher à son cœur quand il lui avait offert à Pré-au-Lard l’anneau de Jameson ? Elle l’avait forcé à révéler ce qu’il avait mis tant de temps à lui partager sur son parrain Liam et s’en était excusée par la suite. Sean lui avait alors demandé de ne plus jamais s’excuser quand elle cherchait à le sortir de ses retranchements car chacune de ses questions était mûrement réfléchie et n’avait comme objectif que de l’aider à mieux comprendre ce qu’il ressentait au fond de lui. Elle montrait dans sa profonde bienveillance une sagesse qui n’avait de cesse que de l’émerveiller.  

Mais rapidement, Sean eut du mal à trouver ses mots et Yeleen quitta son air concerné pour l’attraper par les épaules, lui transmettant toute la force de sa chaleur. Pourtant, elle resta un instant silencieuse, ressassant sans doute ce qu’il venait de lui avouer. Lui dirait-elle que - comme d’habitude - elle avait eu raison de douter de ses conclusions hâtives ? Yeleen avait été la première et la seule à défendre la présomption d’innocence de son père. Elle prenait toujours soin de ne pas se positionner quand il s’agissait de critiquer les actes et paroles des uns et des autres. Et pourtant, elle prenait invariablement le parti de Sean, le soutenant et valorisant sans cesse ses combats et ce qu’il était. Ainsi, de nouveau, elle le défendit - rappelant qu’il ne devait pas nier ses sentiments. Selon elle, le jeune écossais ne devait rien se reprocher. Comme souvent, ses mots résonnèrent de manière particulière aux oreilles du jeune homme comme étant ceux qu’il désirait entendre depuis si longtemps. Elle validait chacune de ses pensées, chacune de ses angoisses et l’incitait à ne pas se morfondre.

L’une de ses mains qui signaient quitta son rôle d’interprète pour venir se poser délicatement sur sa joue - un pétale de rose effleurant l’eau d’un lac sombre pour en venir apaiser les remous. Le rassurant instantanément, elle chercha ensuite à justifier les propos de son père en tentant de lire entre les lignes ce que ce dernier pouvait bien avoir de positif à lui transmettre. Sa tentative de voir le bon côté des reproches du Langue-de-Plomb était motivée par tant de bienveillance qu’il ne pouvait lui en vouloir. Pourtant,  quand elle l’incita à se mettre à la place de son père qui avait perdu son meilleur ami, le visage de Sean se ferma sombrement et il saisit la main de Yeleen pour la serrer durement.

Oh si il comprenait très bien ce sentiment.

Il avait bien cru perdre sa meilleure amie ce fameux soir lors de l’attaque des mages noirs, quand ils avaient été acculés et laissés sans défense face à leurs baguettes levées. Cette impression de vivre la dernière seconde en compagnie de Yeleen, et d’être sur le point de voir son âme se faire arracher de sa poitrine, il ne pourrait jamais l’oublier. Cette évocation rendit l’air soudain suffoquant et l’obscurité s’empara sinueusement des murs et meubles de la pièce autour d’eux.

Yeleen, qui semblait comme toujours lire ses pensées, posa sa main salvatrice sur son torse pour y sceller de nouveau son âme, bien ancrée en lui. Ses lèvres se posèrent sur les siennes pour effacer ce sinistre souvenir de sa mémoire et le soleil revint alors subitement éclairer la petite chambre de l’étudiant. Les derniers signes de la jeune sorcière furent un nouveau baume sur les blessures du Gryffondor et il embrassa ses mains, les bénissant silencieusement pour le bien qu’elles répandaient si généreusement.

- Je ne me ferme pas, promis, lui répondit-il avec un nouveau sourire, tentant de coller à l’optimisme dont elle faisait preuve. Mais il faut que j’arrête d’attendre de mon père ce qu’il ne peut m’offrir… Il est là, parfois… Il essaie d’être à l’écoute, de temps en temps… C’est déjà ça…

Sean n’avait pas lâché les mains de son amie qu’il voulut reporter à son visage en fermant brièvement les yeux. Ce contact  doux déjà chaudement familier lui permettait de retrouver sa sérénité et il ne put s’empêcher de les embrasser de nouveau.

- Je n’ai besoin de rien d’autre quand je t’ai toi, Yeleen…

Le jeune homme devait se saisir de ce regain d’énergie pour finir de lui dire ce qu’il avait tant de difficulté à lui avouer. Aussi il plongea son regard dans le sien en inspirant longuement.

- Je dois t’avouer que… Je n’arrive plus à créer de patronus. Si jamais je dois te contacter en urgence, je devrais utiliser Dorcha le temps que j’y arrive de nouveau…

Sa déclaration sobre cachait l’ampleur du malaise derrière cette simple constatation qui décrédibilisait des années entières de perfectionnement pour devenir le meilleur sorcier possible. Sean mettait enfin en lumière la nature de ses fréquents entraînements, qui duraient jusqu’à tard dans la nuit. Mais il n’avait pas besoin d’expliquer tout ça à Yeleen. Ni même que la simple forme de la martre-patronus de son parrain suffisait à lui faire oublier son heureux souvenir. La Serdaigle était l’intelligence personnifiée. Elle comprendrait d’elle-même tout cela. Sans doute qu’elle le savait même déjà, l’ayant deviné en le lisant dans les pupilles sombres du jeune homme.

Ses yeux plongés dans le regard scrutateur de la jeune sorcière, Sean s’oublia en un instant. Elle avait la capacité de l’hypnotiser et de lui faire perdre ses moyens avec une facilité déconcertante. Il se pencha vers elle, replaçant une de ses mèches de cheveux derrière son oreille avant de l’embrasser tendrement. Un sourire gourmand vint orner ses lèvres avec qu’il gardait avec elle une délicieuse proximité.

- Je suis obligé de me créer des tas et des tas de beaux souvenirs avec toi…

Doucement ses baisers et ses caresses l’incitaient à se recoucher et à replonger dans cette douce torpeur qui semblait être la définition-même du bonheur.

Elle ne put s'empêcher de frissonner au contact des lèvres de Sean sur sa main, la température de la chambre dégringolant tout en augmentant en même temps sans que le ventilateur n'y puisse grand chose. Lui qui tentait de donner un peu plus de raisons à son père, elle ne pouvait qu'aller en son sens pour l'y pousser davantage. Il ne lui avait certainement pas offert Dorcha pour l'acheter comme on offrirait une peluche à un enfant, bien sûr par certaines maladresses, Braxton ne brillait pas comme le meilleur père de l'année, on ne pouvait que reconnaître qu'il était la pour Sean et qu'il tentait d'apprendre à le connaître tel qu'il était sans le rejeter.

Seulement la déclaration de son ami par la suite eut l'effet d'une tempête dévastatrice dans son coeur, la soulevant un peu plus sur le lit de son ami pour l'observer. Lui qui l'a regardait a cet instant comme la huitième merveille du monde, Yeleen ne put que rougir face à des mots dont elle ne s'y ferait jamais. Elle n'avait jamais pensé m'étirer autant d'attention un jour.
En son fort intérieur, elle aurait aimé pouvoir le combler de bonheur mais le mal être que Sean ressentait depuis des années ne pouvaient qu'être apaisé par lui-même pour enfin avancer sans se soucier de l'accord ni du regard que son père porterait avec fierté sur lui. Ne cessant de laisser ses doigts parcourir sa joue, elle souhaita plus que tout le rassurer sur les doutes qui l'assaillaient alors qu'il n'arrivait plus à matérialiser son protecteur depuis quelques temps.

Ton patronus reviendra... Il aura changé mais il reviendra avec une autre signification et qui te définira bien mieux sur l'instant. signa-t-elle après quelques secondes de répit.

Elle sentait bien que les derniers mois avaient eu leur lot de conséquences dans la vie de Sean et de tous ceux qui avaient été témoin de ce qui s'était passé durant l'attaque. Le Gryffondor avait perdu bien plus qu'on ne le pensait et se mettait certainement une autre forme de pression sur les épaules pour vouloir protéger sa sœur ainsi que sa mère par dessus tout encore. Elle savait que s'il ne pouvait plus libérer cette merveilleuse martre qu'il lui avait montré lors d'une de leur premières sorties à Pré au lard, Sean serait capable de lui montrer une certaine évolution de sa propre personne avec un autre patronus très bientôt au delà de cette contrainte qu'il se mettait constamment à dos. Il était bien plus doué qu'il ne le pensait avec un esprit vif et aussi courageux que Godric lui-même.

Je n'ai aucun doute sur le fait que tu es déjà un grand sorcier.

Mais alors qu'il se penchait vers elle pour venir lui voler d'autres baisers, créant ainsi les plus beaux premiers souvenirs de cet été qui annonçaient une nouvelle ère de leur relation, Yeleen ne put s'empêcher de sourire entre ses lèvres, agrippant ses épaules pour le surplomber un instant, l'enjambant adroitement.

C'est une drôle d'invitation pour faire des jeux de société. signa-t-elle alors que ses doigts longeaient sa clavicule.

Se pinçant légèrement les lèvres, elle pensa alors au présent que Nyéléni lui avait confié quelques jours avant la remise des diplômes et plongea sa main dans la table de chevet en rencontrant plusieurs objets en chemin pour sortir les deux petits objets fait main du tiroir qu'elle avait encore laissé dans l'emballage kraft. En bois sombre, ils se présentaient sous forme de masque tribal et Yeleen en tendit un à son ami avant de reposer son double à côté d'eux. Brillants presque à l'unisson, les masques étaient emprunts d'une magie bien particulière, soulignant le savoir faire malien des Sô sans aucun doute.

C'est un cadeau de Nyéléni, il peut nous servir à communiquer aussi si jamais. Il a une courte portée mais... Ça pourra palier aux notes de Poudlard quand on fera aussi notre rentrée. proposa-t-elle, bien qu'elle soit ravie de pouvoir accueillir Dorcha dans son dortoir même par la suite.

Sans le savoir ou peut-être certainement dans qu'elle ait eu besoin de lui confier ses craintes, @Iris Faux-Orpin avait trouvé le présent qui allait rendre le quotidien de leur cursus différents bien plus agréable à vivre. Si les notes leur permettaient jusque là de s'écrire rapidement, les masques leur donnaient l'occasion de se voir et de s'entendre plus librement. Yeleen ne pouvait lui avouer à quel point elle redoutait ce moment où ils se verraient bien moins, appréhendant certainement la distance, le double cursus de Sean et leur acharnement respectif à vouloir réussir dans leur parcours professionnel. Mais son ami passait avant tout et c'était une certitude qu'elle ressentait comme une évidence et qui tonna bruyamment dans son cœur.

Plongeant dans son regard, elle ne put que lui confier ce qu'elle ressentait à cet instant, lui empruntant cette facilité si déconcertante qu'il avait lorsqu'il la surprenait avec des mots plus enflammés les uns que les autres. Cela semblait si simple sur un banc publique près du cinéma, pourquoi n'en serait-il pas ainsi dans sa chambre, les doigts noués entre les cheveux de Sean? Une chaleur inouïe se diffusa de son corps jusqu'au sien, camouflé encore par quelques draps qui ne laissaient aucun doute sur la passion qui lui faisait encore trembler genoux et mains.

Te sentir heureux me suffit, quelque soit les souvenirs qu'on se construira avec le temps. signa-t-elle doucement en lui adressant un sourire en coin. Si tu es prêt à vivre cent cinquante ans, crois moi que je serais à tes côtés au delà du troisième dentier écrasé sous ta canne."

Rougissante au possible alors qu'on aurait pu cuir un œuf sur ses oreilles, Yeleen baissa le regard jusqu'aux mains de Sean qu'elle guida instinctivement à sa taille, vibrant comme au premier jour, toujours en amazone sur ses genoux.

Je sais que je dois encore m'améliorer en cuisine mais que dirais-tu de venir te moquer de mes talents culinaires? On a tout laissé en plan ... sauf si ton plan c'était de commander une pizza. Je me débrouille si mal que ça? taquina-t-elle en pensant encore à son premier gratin qui avait fini par rendre le plat tellement noir que même un brin de magie n'avait pas réussi à lui redonner sa splendeur d'antan.

Sa déclaration, ses caresses firent rougir son amie, et Sean aurait pu observer ce spectacle indéfiniment. Comme il aimait voir ses pommettes prendre de la couleur si facilement, alors que de son côté, il ne faisait que mettre des mots sur les sentiments qui animaient son âme. Les mains de Yeleen attrapèrent son visage avant de signer en réaction à ce qu’il venait de lui révéler. Pour Yeleen, sa faiblesse ne serait que passagère et il retrouverait son patronus, peut-être dans une autre forme. Lisant ses signes, Sean resta de marbre, concentré sur l’essence-même de ce qu’elle lui disait.

Yeleen avait parfaitement compris que c’était la forme de son patronus qui le bloquait. Le même que son parrain. Et que depuis qu’il l’avait appris, Sean ne pouvait voir se matérialiser la martre des pins sans voir par la même occasion Liam tomber raide mort devant ses yeux. Inlassablement, depuis, Sean s’entraînait à faire revenir le petit animal lumineux, et invariablement, la panique s’emparait de lui à la vue de sa forme allongée et gracile. Mais jamais jusqu’à présent il n’avait songé à un possible changement de forme. C’était pourtant la solution pour dépasser son bloquage, mais ce changement devait sans doute venir de manière naturelle. Un instant, il se demanda ce qui pourrait l’inspirer. Une créature qui pouvait lui ressembler spirituellement, ou qui lui apportait un sentiment de protection et de sécurité. Ses pensées volèrent de Yeleen à Jameson, s’arrêtant brièvement vers d’autres membres de sa famille. Son père ? …

Yeleen interrompit le cours de ses pensées en continuant à signer, réaffirmant et revalorisant ses talents et ses pouvoirs. Avec un faible sourire, Sean lui caressa la joue, sentant son corps entier se réchauffer devant la foi qu’elle lui témoignait. Tant qu’il l’aurait à ses côtés, il pourrait tout surmonter, c'était évident. Mais de nouveau, elle l’enjambait, collant son corps encore nu contre le sien et Sean perdit son sourire en même temps que sa contenance, l’observant avec un regard aussi surpris qu’admiratif. Ses mains l’effleurèrent, se risquant à peine à toucher la soie parfaite de sa peau dorée qu’elle osait dévoiler en toute impunité. Yeleen se moquait à moitié de lui - royalement impertinente - le renvoyant à son invitation à passer le temps avec des jeux de société. Sean ne put retenir un rire alors qu’il laissait courir un peu plus volontairement ses mains le long de son dos, de ses hanches.

Mais soudain, elle se pencha vers sa table de chevet pour en sortir des petits paquets emballés de papier brun. A l’intérieur, elle dévoila deux masques de bois qui semblaient venir d’Afrique. La Serdaigle lui confirma sa supposition en précisant qu’ils avaient été offerts par la femme qui avait pris une place si importante dans sa vie. Nyéléni. Sean appréciait tout particulièrement les signes que son amie utilisait pour la désigner. On pouvait aisément sentir l’affection profonde qu’elle lui vouait, et inconsciemment, il les reproduisit de ses mains, comme il le faisait chaque fois qu’il souhaitait graver un nouveau signe dans sa mémoire.

- C’est un superbe cadeau, murmura-t-il en examinant sous toutes ses coutures l’exemplaire qu’elle avait laissé entre ses doigts. Le tournant et le retournant, il observa les traits finement sculptés tout en ressentant la magie profonde qui semblait s’en dégager. L’objet était magnifique.

Le regard sérieux de Yeleen sur lui le fit relever vivement le visage vers elle. Son amie signa, ses yeux plongeant dans les siens alors qu’elle lui déclarait un amour infini pour lui. Le jeune écossais sentit sa tête lui tourner mais étonnement, il luttait pour ne pas sourrire de toutes ses dents, collant ses lèvres l’une à l’autre. C’était décidé… Il allait la demander en mariage… Il était idiot de repousser cette décision à plus tard alors qu’elle s’imposait à eux avec évidence. Baissant la tête en rougissant, Sean se promit d’attendre au moins qu’ils se rendent aux hébrides d’ici une semaine ou deux. Il avait déjà la bague, il ne manquait plus que la magie de ce lieu chargé d’histoire pour rendre ce moment parfait.

Yeleen était encore toute rougissante de sa déclaration, mais elle cherchait visiblement à rendre son ami encore plus sonné par ses charmes en positionnant ses mains sur ses courbes délicieuses. Le jeune Clearwater sentit une nouvelle chaleur l'embraser alors qu’il avait du mal à suivre ce qu’elle lui demandait concernant le menu du soir. Lâchant à regret la chaleur de son corps, il attrapa ses mains pour les porter à ses lèvres. Son désir pour elle était si fort qu’il en avait le souffle coupé, et presque du mal à respirer normalement. Pourtant, il devait tenter de suivre le rythme de son amie qui s’inquiétait de ce que sa mère allait trouver sur la table de la cuisine à son retour.

- Tu as raison, tu as raison, marmonna-t-il en collant toujours ses mains douces contre lui, camouflant un sourire naissant. Tu es une cuisinière incroyable Yeleen… Tu es vraiment parfaite en tout. Tellement que c’en est agaçant ! Tu devrais te forcer à avoir quelques défauts ou les gens vont finir par te fuir ! En riant à moitié, il reposa ses mains pour venir l’embrasser directement sur ses lèvres pulpeuses. Leurs besoins humains refaisaient surface, venant rompre des moments d’une intense et sensuelle tendresse dans lesquels ils pouvaient avoir tendance à s‘oublier.

- Tu veux peut-être te doucher avant ? Vas-y d’abord, le ballon d’eau chaude est petit… J’irai après toi !

Le jeune homme s’habilla à moitié avec dans l’intention de se rendre dans la cuisine pour commencer à tout préparer pour Yeleen. Peut-être mettrait-il l’un des vieux vynils de sa mère… Sir Elton John par exemple ? Sean connaissait certains de ses albums par coeur, à force de les avoir entendus étant petit, et il se sentait d’humeur à chanter à tue-tête certaines qui décrivaient parfaitement ses sentiments pour son amie…

A chaque baiser qu'il posait sur sa main, la Serdaigle ne pouvait s'empêcher d'idolâtrer l'instant qu'on leur offrait, celui qu'ils se créaient ensemble à chaque fois qu'il la regardait ainsi. Elle aurait pu porter le monde sur ses épaules tant Sean lui insufflait une force déconcertante pour affronter le passé, le présent et le futur sans l'ombre d'un doute. Le regard brillant, elle haussa légèrement les sourcils face à ses paroles sarcastiques alors qu'il lui comptait bien trop de qualités qu'elle n'en avait réellement. Mais Sean avait toujours eu cette faculté de voir du bien, quoi qu'il regarde et c'était bien avec ce brin d'innocence qu'il l'avait regardé la première fois, faisant fit des bruits de couloirs alors qu'Henry de Clare sortait à peine de prison. Elle ne put le contredire, non sans revenir sur des détails qui ne seraient que facheux et rabat joie. Elle n'était pas parfaite, mais Sean l'était.

Le monde pouvait leur appartenir à cet instant.

Ses lèvres l'embrassèrent comme elles avaient toujours embrasé la petite vie qu'elle menait jusque là, dévoilant sans peine l'horizon qui se profilait entre eux. L'instinct s'éveilla alors par dessus l'envie et le besoin, alors qu'ils étaient loin de pouvoir partager un tel degrés d'intimité lorsqu'ils étaient à Poudlard. Ici, dans l'appartement de Betty, la chambre de Sean était un cocon réconfortant, plein de surprises et de rires dont elle ne souhaitait se passer. Pourtant, il la repoussa dans la salle de bain, s'habillant pour lui laisser la place et Yeleen sauta à terre en embarquant les draps autour d'elle, levant le menton de son ami pour lui voler un autre baiser.

Le ballon peut-être mais la douche est trop grande pour moi seule. signa-t-elle en serrant les tissus contre sa peau avant de s'éloigner de Sean, trainant les draps derrière elle avant de les faire tomber près de l'embrasure de la porte.

Disparaissant momentanément par pudeur en se faufilant dans la salle de bain, elle mit cependant de nouveau le nez dans la chambre de Sean pour observer son ami, un léger sourire sur les lèvres. S'il pensait pouvoir avancer quoi que ce soit dans la cuisine et prendre de l'avance sur ce qu'elle comptait leur préparer ce soir, il se mettait les doigts dans le nez.

Fais moi entendre tes talents de chanteur en live, je t'entends toujours par la porte jusque là. continua-t-elle en signant encore.

Elle savait qu'il allait probablement allumer la radio ou la télévision pour laisser passer une douce musique dans les ondes et Yeleen adorait ses instants où Sean passait du simple fredonnement à un chant avec une voix si mélodieuse. Non sans lui rappeler son frère @"Florian Delacroix", la jeune femme ne pouvait s'empêcher d'être admirative face à la voix de son ami, si stable et si rayonnante à cet instant, oubliant tout du reste du monde au moment où son timbre résonnait dans ses oreilles.

Si Sean continuait de chanter ainsi chaque jour de leur vie, Yeleen était persuadé que les jours radieux seraient à venir. La bonne humeur et son sourire annonçaient que de belles journées, des douces promesses allaient au delà des confidences sur l'oreiller et faisaient naitre des projets insoupçonnés jusque là. Si elle avait voulu prendre un rythme doux dans leur relation, elle sentait que Sean avait des envies qui commençaient à faire échos dans son cœur. Une envie de construire un nouveau monde rien qu'à eux, où la magie, la famille et les amis auraient toute une place. Là où la musique et les patronus de Sean seraient les plus beaux et majestueux. C'était ce monde là qu'elle souhaitait lui offrir chaque jour et les yeux brillants, elle lui fit un geste pour l'inciter à la suivre derrière la porte avant de la refermer derrière eux, l'embrassant tendrement puis fiévreusement avant de laisser place au reste de l'été.