De la parole à l'action le chemin est long

J’avais passé deux ans à me morfondre, persuadé que tout ce que je pouvais entreprendre, tout ce à quoi je pouvais aspirer ou rêver seraient synonyme d’échec. Deux ans sans jamais me remettre en question, convaincu qu’artémisia allait m’ignorer. Deux ans à n’avoir pas d’autres choix qu’assumer mon handicap ou renier mes valeurs.

Bien qu’indépendant de ma volonté, maintenant que j’avais enfin l’occasion de lui avouer, j’avais peur que la fin de l’année signifie être séparée. J’avais un peu plus de deux années de retards sur mes camarades dans certaines matières. Mais rien que je ne pouvais surmonter avec un peu de volonté.

Certains sorciers avaient ni besoin de leur baguette ou de formuler une incantation pour lancer un sortilège. Si ces méthodes étaient courantes parmi mes congénères plus âgés, elles devaient forcément être documentées. Alors si on ne voulait pas me l’enseigner, c’était à moi d'effectuer me propres recherches.

Depuis qu’Eynaelle m’avait forcé la main, je faisais tout mon possible pour l’éviter. Je ne lui avais pas encore tout à fait pardonné et je ne voulais pas lui montrer que je lui en gardais rancœur. C’était indigne de ma part.

La bibliothèque était le lieu idéal pour fuir quelqu’un et se renseigner sur un sujet en particulier. C’est comme ça que je me retrouvais chaque jour à éplucher des dizaines de manuscrit, de parchemins et de livres pour apprendre les sorts informulés en autodidacte.

J’avais toujours particulièrement apprécié ce lieu. Avec le silence qui y était imposé, c’était un des rares endroits du château ou l’on ne me regardait pas bizarrement face à mon mutisme. C’était l’endroit idéal pour quelqu’un avec mon handicap et pouvant être régulièrement cible de raillerie.

Après plusieurs journées de recherche infructueuse, je pouvais enfin passer à la pratique. Il n’y avait rien de plus frustrant que de s’approcher de son but sans jamais l’atteindre. Je me souvenais bien de ma désillusion après mon premier cours de magie.

J’avais beau essayer d’imaginer que le livre posé devant moi s’élevait dans les airs, tout en répétant l’incantation en boucle dans ma tête rien n’y faisait. Je ne voulais pas blesser Artémisia, je n’avais pas le droit d’échouer maintenant. Ça en devenait frustrant. Tant et si bien qu’à force de rager intérieurement, j’avais dû laisser parler ma colère. J’avais dû déranger une élève derrière moi sans même le remarquer et l’ironie du sort voulait qu’elle m’intime le silence en me jetant son livre sur le crâne.

@Selma Montero

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@Antor William d'Avalon
10/12/23

La bibliothèque de Poudlard était censée être un refuge, un havre de calme et de concentration où les esprits les plus distraits pouvaient se concentrer sur leurs études. Mais aujourd'hui, le moindre grattement de plumes et le bruissement de parchemins portait sur les nerfs de Selma, qui s'efforçait d'y faire abstraction tandis qu'elle épluchait son manuel de potions.

Son esprit revenait sans cesse aux révélations de @Siobhán Gavalagh-Korrigan quelques jours auparavant, dont la voix bien trop parfaite résonnait sans fin dans sa tête. C’était la troisième fois qu'elle lisait le même paragraphe, incapable d'en assimiler le moindre mot, alors que la chaleur lui montait aux joues en songeant à la façon dont la Serpentard lui avait donné sa bénédiction.

Un soupir bruyant la tira de ses pensées et jetant un coup d'œil à la table d’à côté, la Serdaigle vit un étudiant légèrement plus jeune qu’elle – peut-être en deuxième année – concentré sur un livre qu’il ne lisait pourtant même pas. Il marmonnait, soufflait bruyamment en gigotant comme s’il était au bord de l’agonie. C’était comme de voir un souriceau pris au piège, et devant ce spectacle, la patience de Selma s’évaporait aussi vite qu’une eau portée à ébullition.

La cubaine tenta de l'ignorer, se concentrant à nouveau sur son traité qui décrivait les vertus de la bile de tatou, mais c’était peine perdue. Chaque grognement, déplacement de sa chaise, chaque tapotement lui crispait le moindre de ses muscles. Selma lui lança un regard noir mais le garçon paraissait trop absorbé par ses propres soucis pour la remarquer.

Finalement, entre deux grommellements de frustration, certains de ses mots parvinrent aux oreilles de l’étudiante. Quelque chose qui ressemblait vaguement à « livre », « voler », bégayés de manière quasi incompréhensible. Selma resserra sa prise sur son grimoire, les jointures de ses doigts blanchissant sous l’effet de l’irritation. Mais lorsque l’étudiant poussa un nouveau geignement en reculant brusquement sa chaise, la colère qui bouillait perpétuellement en elle finit par éclater. Sans réfléchir, elle attrapa sa baguette pour envoyer son livre voltiger dans sa direction.

Le lourd volume frappa le pauvre garçon en pleine sur la tête avec un bruit sourd, et la bibliothèque devint soudain silencieuse comme un cimetière, tous les regards se tournant vers eux.

- Tu vois, c’est comme ça qu’on fait voler un livre, souffla vertement la Serdaigle en direction de l’étudiant qui l’observait avec un regard de chouette effraie.

Déglutissant difficilement, la Montero sentit sa rage refroidir rapidement devant l’air hagard du jeune sorcier. Croisant les bras, elle finit par se lever pour s’approcher de lui. S’excuser n’était pas dans ses habitudes, et d’ailleurs, elle regrettait assez peu son geste car il avait bien mis fin à cet insupportable bruit. Cependant, une pointe de culpabilité la poussa à lui adresser de nouveau la parole au lieu de l’ignorer royalement.

- Je ne sais pas ce que tu essaies de faire, mais de tout évidence, ça ne fonctionne pas !

D’abord étonné, je me penchais pour ramasser le livre qui venait de me percuter tout en me frottant le crâne. Une partie de moi espérait de tout cœur que le sort avait fonctionné, mais pas de la manière souhaitée, et que la demoiselle n’avait rien à voir avec ça. Bien qu’elle me dévisageait, elle n’avait pas l’air de vouloir récupéré l’objet de son étude.

Sa voix s'éleva balayant mes doutes et mes espoirs. Je fronçais les sourcils. C’était elle la responsable de cette indigne agression non méritée. Comme si ça ne suffisait pas elle se moquait ouvertement de moi et de mes échecs. La jeune serdaigle avait bien plus le comportement d’une mesquine serpentard.

Elle ne comptait tout de même pas sur moi pour lui rapporter l’arme utilisée pour me distraire. Pris en tenaille entre mes principes, ma courtoisie et son manque flagrant de politesse, j’hésitais ne sachant pas trop quoi faire. Je ramassais finalement le livre non sans lui jeter un regard outré, mais ne fit aucun geste pour le lui rendre. Si elle voulait le récupérer, elle allait devoir se lever ; après tout, je ne lui avais pas demandé cette démonstration.

Après avoir pris une respiration, je fermais les yeux pour chasser l’importune de mon esprit. Je n’avais pas d’autre choix que de réussir et ce n’était pas cette hautaine élève qui allait m’en empêcher. Un bruit de chaise raclant le sol derrière moi m’arracha une de plus à ma concentration.

Je n’avais aucune envie de faire le moindre effort pour lui parler. Évidemment que ça ne fonctionnait pas. Je ne m’étais pas attendu à voir un livre flotter dans les airs dès mes premiers essais. Je ne savais même pas vraiment comment m’y prendre.

Pardonnez-moi si je vous ai dérangé, je ferais en sorte que ça ne se reproduise plus.

Mon éducation m’interdisait toutefois d’ignorer une personne qui venait me parler et plus encore si c’était une jeune femme. Un seul coup d’œil sur ma table lui suffirait pour comprendre ce que j’essayais désespérément de faire. Par honneur ou plutôt par fierté, je me refusais de demander une quelconque aide.

Ma_Made_demoi_moise_selle vo_t_tre li_livre.

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@Antor William d'Avalon
10/12/23

Selma avait toujours apprécié la quiétude des lieux consacrés à l’étude et au savoir, et la moindre perturbation de ces paisibles atmosphères l’agaçait au plus au point. Cependant, alors qu’elle reprenait brutalement le bouquin que l’étudiant avait récupéré, son exaspération se mit à flancher devant sa compréhension de ce qui se passait.

Le jeune homme bégayait.

Voilà donc la raison pour laquelle il s’essayait sans succès à des sortilèges informulés de lévitation. La Serdaigle n’avait pas pour habitude de prêter attention aux personnes qui l’entouraient, mais pour une fois, elle fit une exception. Détaillant longuement l’étudiant, Selma perçu plusieurs choses émanant de lui. Son bégaiement semblait aller de pair avec une forme de nervosité et de maladresse qui desservait encore plus sa pratique de cette magie complexe.

Au-delà de ça, il y avait chez lui une fierté qui le redressait hardiment, sans qu’il ne se départisse d’une froide politesse à son égard. Selma ne put retenir un très bref sourire en l’observant. Par certains côtés, il lui rappelait elle-même, plus jeune. Le jeune sorcier semblait avoir reçu lui aussi une stricte éducation qui plaçait sur ses épaules une exigence bien difficile à supporter.

Prenant une profonde inspiration, Selma tenta d’adoucir son expression, ce qui lui était fort peu familier.

- Tu es trop tendu… La magie informulée demande de la concentration, mais aussi une certaine sérénité d’esprit. Si tu es trop nerveux, tes sorts ne fonctionneront jamais correctement.

Plaçant son livre sur sa hanche, la Montero se doutait que l’étudiant ne verrait pas d’un bon œil la personne qui venait de l’agresser se mettre à lui donner des conseils.

- C’est une question d’entraînement et de confiance en soi. Je suis moi-même une métamorphomage, tu sais. Et cela demande énormément de contrôle et de calme. Tu devrais te trouver un autre endroit qu’ici, où tu ne te sentiras ni observé ni jugé. Ensuite, respire profondément avant de lancer ton sort. La respiration aide à calmer l’esprit et le corps. Inspire par le nez, compte jusqu’à quatre, puis expire lentement par la bouche. Répète cela plusieurs fois jusqu’à ce que tu te sentes plus calme.

La cubaine lui révélait quelques techniques de bases qu’elle avait appris auprès des instructeurs qui l’avaient accompagné durant toute son enfance dans la maitrise et l’exploitation de son don pour servir les intérêts de sa famille.

- Quand tu lanceras ton sort, visualise exactement ce que tu veux accomplir. Si tu veux faire léviter un livre, imagine-le flotter devant toi comme si c’était déjà le cas. Crois en ta capacité à le faire. Et n’oublie pas, la pratique régulière est la clé. Ne te décourage pas si ça ne marche pas du premier coup. La magie informulée est une discipline qui demande du temps et de la persévérance.

Il était rare que Selma parle autant, et surtout à un inconnu. Tout aussi brusquement qu’elle s’était adressée à lui, elle s’interrompit en tournant les talons afin de retourner à sa place. L’entraide ne faisait pas partie de ses habitudes, et elle-même se sentait décontenancée par son propre comportement. Sans doute s’était-elle un peu trop projetée en lui. L’avantage de cette prise de risque était que le garçon quitterait enfin la bibliothèque s’il écoutait ses conseils, et qu’elle retrouverait sa tranquillité tant recherchée.

Durant d’interminable seconde la Serdaigle me dévisageât. Si elle souhaitait m’intimider, c’était raté. Je n’avais aucune intention de lui faire le plaisir de quitter les lieux. J’avais tout autant le droit qu’elle de m’instruire si ce n’est plus ; Contrairement à elle, je ne m’en prenais pas à autrui pour des broutilles.

Toutefois, quelque chose dans son attitude avait changé. Sa défiance envers moi semblait avoir disparu. Les traits de son visage se tempéraient. Peut-être était elle moins insupportable et présomptueuse que son premier acte le laissait supposer.

Je fronçais les sourcils. Là, voilà qui s’autorisait à me donner des conseils. Me prenait-elle en pitié maintenant qu’elle m’avait entendu bégayer ? Ce ne serait pas la première qu ça m’arrivait et je n’arrivais pas à tolérer cette attitude à mon égard. Je n’étais pas en train de me plaindre ou de m’apitoyer sur mon sort.

La demoiselle n’était certes pas une pouf souffle, mais ses précieux conseils ne faisait pas d’elle une verte pour autant. Si d’ordinaire, je préférais me débrouiller seul, elle, elle ne semblait pas avoir pour habitude de tendre la main à autrui

Me_merci Ma_Made_demoi_moise_selle

J’écoutais ce qu’elle avait à me dire sans l’interrompre, prenant des notes sur mon carnet comme je l’aurais fait en cours. Si mon élocution laissait à désirer, je n’avais pas à avoir honte en ma calligraphie.

Elle se retourna aussi vite qu’elle avait pris la parole. Probablement, qu’elle s’étonnait elle-même de sa propre attitude à moins qu’elle espérâit me faire quitter les lieux sans plus tarder. Ça aurait pu marcher si j’avais eu plus de temps devant moi, mais ce n’était pas le cas. Si je voulais réussir, je devais moi aussi mettre un peu d’eau dans mon vin et ravaler une partie de ma fierté.

Mademoiselle, je vous remercie pour vos précieux conseils et vous pries de m’excuser de vous avoir importuné. Cependant, je n’ai ni le temps ni le loisir de commencer par le commencement. Je me dois de maîtriser cette magie sous peine d’être exclu de poudlard. Regards et jugements ne m’épargneront pas durant l’examen de fin d’année. Aussi, je vous demande humblement si vous auriez la bonté de me faire profiter de votre expérience et de votre savoir.

Ces quelques mots écrits à la hâte, je me levais à mon tour pour la suivre jusqu’à sa table ou je m’inclinais respectueusement en le lui tendant, m’attendant à recevoir une fois de plus son livre sur le crâne

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@Antor William d'Avalon
10/12/23

Selma leva les yeux de son livre pour apercevoir le jeune Poufsouffle revenir vers elle, lui tendant un mot dans un geste respectueux. Après l’avoir jugée du regard, la cubaine l’attrapa en fronçant les sourcils d’irritation, mais également de curiosité. C’était la deuxième fois que cet étudiant de Poufsouffle venait perturber sa tranquillité. Pourtant, elle ne put s’empêcher de ressentir une pointe de compassion en comprenant qu’il avait certainement dû ravaler sa fierté pour retourner ainsi auprès d’elle.

Après avoir parcouru le mot, Selma fut impressionnée par la détermination et le courage du garçon. Il était évident qu'il était prêt à tout pour réussir, même à déranger une étudiante plus âgée, qui donnait clairement l’impression d’être insensible avec un recours froid à la violence lorsque cela s’avérait nécessaire. Il fallait en effet bien avouer que la cubaine appréciait sa solitude et l'idée de devenir la tutrice improvisée d’un étudiant qu’elle ne connaissait pas ne lui plaisait pas du tout.

En soupirant, la Montero se redressa, réfléchissant à la meilleure façon de lui répondre. Elle savait que la maîtrise de la magie informulée était une tâche ardue, même pour les sorciers les plus expérimentés. Cet étudiant se lançait dans une entreprise périlleuse et stressante. Cependant, la ténacité et la sincérité de son regard qui soutenait le sien lui plurent immédiatement. Pourrait-elle réellement lui apporter une aide bienvenue ? Après tout, la maîtrise de la métamorphomagie exigeait également un immense contrôle et une grande tranquillité d’esprit, ce qui semblait lui manquer cruellement pour l’instant.

- Muy bien, lança-t-elle enfin, brisant le silence. Je veux bien t’aider, mais tu dois comprendre que cela ne se fera pas en un jour. La magie informulée nécessite de la pratique, de la patience et, surtout, beaucoup de confiance en soi.

La Serdaigle se leva, ramassant ses affaires d’un tour de baguette, avant de lui faire un signe du menton afin qu’il la suive à l’extérieur. Selma ne connaissait pas encore entièrement le château, mais elle savait qu’il y avait une salle d’étude souvent vide à quelques pas d’ici dans laquelle elle se réfugiait parfois pour étudier en paix. Laissant le Poufsouffle entrer, elle referma la porte derrière eux afin de créer un environnement isolé et à l’abri des regards.

- La première chose à faire va être d'apprendre à te détendre, commença-t-elle en tentant de prendre une voix la plus douce possible. Je comprends que tu sois sous pression. Les examens arrivent et tu n’as plus une seconde à perdre. Cependant, il faut que tu comprennes que la nervosité sera ton plus grand ennemi. Poses toutes tes affaires ici.

Lui désignant une table, elle poussa les autres pour créer un espace vide de tout obstacle.

- Tiens-toi bien droit, planté sur tes deux pieds. Tu dois sentir la connexion avec le sol, en lien avec la magie qui imprègne ces murs… Laisse tes mains pendre le long de ton corps, abaisse tes épaules… Tu peux fermer les yeux, et respire lentement… Comme ça…

Après lui avoir montré ce qu’elle attendait de lui, la Serdaigle s’assir sur une table pour l’observer en silence. Au bout d’un moment, il lui sembla voir sa tension se dissiper peu à peu.

- C’est bien, le félicita-t-elle avant de reprendre brusquement. Je suis Selma. Selma Montero, étudiante en 3ème année à Serdaigle. Et toi, comment tu t’appelles ?

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