The Fight Club

01.11.23

tw : violence, combats illégaux, sang

Urielle fulminait. L'idée d'être la poule d'autrui la mettait en rage et que l'on puisse la traiter qu'on un simple bien meuble lui donnait littéralement des envies de meurtre. A y bien penser, mieux valait faire bonne figure avant que cela ne donne des idées à la chauffeuse. Encore que, des idées, elle semblait en avoir à revendre déjà. Intriguée autant que Babga Shah, Urielle se grandit sur la pointe de ses pieds pour voir ce que la tête pensante de l'arène entendait vérifier.

« Mais il y a méprise : elle n'a jamais été volontaire !! C'est moi qui l'ai poussée dans l'arène... »

Urielle haussa un sourcil au-dessus de son regard noir. Ben voyons, il n'y avait vraiment qu'au Marché aux Trolls qu'on pouvait espérer sortir un truc pareil en preuve de bonne foi. Mais cela ne parut pas convaincre la blonde. Elle avait décidé de l'emmerder bien profond et ça se voyait sur son joli minois dégoulinant d'auto-satisfaction. Notre détestable gros lard pointa un doigt en direction du nez de la blonde juste comme elle prenait sur elle de commencer les menaces avant que ça ne lui prenne à lui. Urielle se grattait le coin de la bouche en attendant son tour. Un petit regard oblique à Babdga Shah suffit à le faire sursauter. De gros gouttes de sueur perlaient sur sa nuque. Décidément, cette rousse lui coûtait la peau des fesses et bientôt sa peau tout court.

« Je ne compte pas en rester là, sache-le ! », maugréa le Maquereau en récupérant d'un geste flou son maudit torque avant de repartir d'un pas plus pressé que pompeux. L'auror se massa la nuque. Elle avait fini par s'habituer au poids de cette saloperie de bijoux mais maintenant elle se rendait compte que son ostéomage lui avait manqué plus que quiconque depuis des semaines.

« Okay, merci pour ça, je suppose. A quel contrat tacite suis-je liée maintenant ? », demanda Urielle, soupçonneuse.

L'avantage du Marché aux Trolls c'était qu'on apprenait vite, dans la douleur certes, mais très vite.
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01.11.23

tw : violence, combats illégaux, sang
Devant des arguments aussi fallacieux, Urielle ne put que réprimer un sourire. De ce qu'elle pouvait voir, la patronne s'amusait comme une gamine. Ca n'était pas le cas du proxénète, engoncé dans ses riches robes autant que dans la conversation. Le riche exploitant s'éloignait à grands pas et d'autres ennuis pointaient le bout de leur nez pour Urielle. L'auror ne pouvait décemment pas se permettre de jouer la transparence.

« J'ai mis mon nez dans les affaires d'un plus gros que moi. », concéda-t-elle, méfiante, « Et ensuite j'ai pété celui du meilleur client de Babga Shah, un certain Rysta quelque chose. Ca l'a visiblement contrarié... »

La faute à qui ? Elle n'était pas une pute et n'entendait pas poursuivre dans le métier. Pour elle ce nom ne valait pas trois crottes de crapaud bulle, mais la patronne, elle, remettrait sans difficulté le demi-trolls velu qui avait dans sa poche la moitié des établissements respectables de la Rue aux Ocres. Une armoire à glace à la magnifique fourrure miel et aux crocs acérés qui se baladait volontiers avec des baguettes à tous les doigts de ses grosses pattes.

Son regard coula sur le verre de whisky qui semblait être pour elle. Ca n'était pas de refus mais elle avait quelques réticences à prendre naïvement quoique ce soit qui venait d'un inconnu. Réflexe de survie indispensable ici. La proposition de la boss la fit tilter. Peut-être aurait-elle tout intérêt à obtenir les faveurs de cette charmante dame.

« J'aurais besoin d'une info que personne a voulu me donner. Je suis prête à combattre pour toi quelques temps si tu veux me la donner en tant voulu et à condition de pouvoir partir d'ici clean. »

Pas de dette à vie en d'autres termes, ni de faux plans où l'on finissait grimé en charmeresse ou autre. Son regard planté dans le sien. Elle attendait ce que la patronne penserait de ça. En soi, elle ne demandait pas grand chose mais elle avait remarqué que les gens du Marché aux Trolls étaient assez avaricieux, plus encore quand il s'agissait de donner une info. Et l'info que voulait Urielle n'était pas grand chose en soi, mais elle était loin d'être anodine.

« Ça ne te coûtera rien en soi cette info. Ça risque juste de te déplaire que je pose la question. »

La sortie du Marché aux Trolls. Evidemment, c'était une question qui ne se posait pas. Il n'y avait guère que quelqu'un de la surface pour le mentionner. Et ici, on n'aimait pas les gens de la surface.

01.11.23

tw : prostitution forcée, violence, contrainte physique, combats illégaux

A en juger par la réaction amusée de la Patronne, ce fameux Rysta quelque chose était quelqu'un, même en dehors du bordel. Elle notait pour elle même de se renseigner, quand elle sortirait un peu la tête du tas de merde dans lequel elle se trouvait. L'arène, curieusement, lui offrirait peut-être être cette occasion de laisser les choses se décanter. Si elle ne finissait pas raide, le nez dans le sable. Dans le même temps, il lui semblait qu'elle n'avait pas de meilleure option pour l'instant.

Un peu trop transparente sans doute, la jeune femme blonde qui menait tout ce petit monde à la baguette lui reprit son verre, le temps d'y tremper ses lèvres. Urielle, le regard braqué sur elle, à la recherche de ce qu'elle ne voyait pas, la laissa faire avant de finalement vider le reste du verre d'une traite, en guise de bonne foi. C'était un pari risqué mais un bon pari. A l'instar de cette idée de rester combattre finalement.

Finalement, elle se décida à poser ses conditions, avertissant sans détour que cela pourrait ne pas plaire. Il lui fallut encore quelques secondes d'hésitation, avant de répondre là aussi sans détour, à son interlocutrice intriguée :

« Je veux que tu me montres comment sortir d'ici. »

Une demande somme toute anodine si elles s'étaient trouvées n'importe où ailleurs que sur le Marché aux Trolls. Ici, cette demande avait un petit arrière goût de trahison. Il n'y avait que les gens du dessus pour ignorer une telle chose. Que ceux qui n'étaient pas entré avec l'aval du Geôlier. Or, ici au Marché aux Trolls, on se méfiait des étrangers. Surtout de ceux qui auraient pu vouloir repartir avec de trop bonnes intentions. Malgré les maléfices qui protégeaient l'endroit et interdisaient à quiconque d'en faire mention au-dessus, on n'était jamais trop prudent sur le Marché aux Trolls.

Campée sur ses positions, la main toujours posée sur son verre vide, Urielle scrutait les moindres réactions de la Patronne. Alliée ou ennemie, elle allait bientôt savoir dans quelle genre de galère elle s'était à nouveau embarquée.

01.11.23

tw : prostitution forcée, violence, contrainte physique, combats illégaux

Il y avait tellement de choses à lire dans ce silence réfléchi. Urielle dardait la patronne du regard ouvertement. Elle avait bien compris que sur le Marché aux Trolls, les intérêts personnels étaient Roi. Donc elle ne pouvait pas s'attendre à ce que les choses filent droit. Encore moins à ce qu'on se montre honnête ou pire encore, réglo. Mais elle n'avait en main qu'un petit nombre d'atouts, aussi lui fallait-il faire avec.

« Je n'ai pas ma place ici. Je ne vais pas essayer de te convaincre. Je te demande pas de me donner cette info tout de suite. Fixons les conditions, combien de combats, combien d'or et si elles me paraissent honnêtes je marche. Par contre, pas d'entourloupe. J'irais pas au-delà. »

Il était clair qu'elle n'aspirait pas à une vie de combat dans l'arène et cette drôle d'expression, de la surface, elle l'avait déjà entendue plusieurs fois. Elle savait ce que cela voulait dire ici. Et ça ne fleurait rien de bon dans la bouche des gens d'en bas.

Urielle posa son regard sur le verre qu'on venait de remplir à nouveau pour elle mais cette fois elle n'y toucha pas. Elle n'était pas là pour faire la causette ni pour trinquer à quoi que ce soit. Elle voulait surtout garder les idées claires et l'attention à tout. Curieusement, leurs esprits durent s'effleurer sinon se rencontrer comme elles cherchaient toutes les deux une solution à ce dilemme.

« Trois fois ? », elle s'était attendue à beaucoup plus que cela, l'addition ne lui parut pas cher payé compte tenu de sa situation. Et c'était beaucoup mieux que de faire le tapin dans je ne sais quel bouge jusqu'à ce que le temps n'exige son tribu de chair et qu'on ne la colle au ménage ou pire ! à la comptabilité... « Va pour le serment. Tu as un Enchaîneur sous la main ? »

Venait-elle d'accepter un serment inviolable sans ciller ? Oui. Il n'y avait rien en quoi elle pouvait avoir confiance ici si ce n'était l'idée qu'elle serait trahie tôt ou tard si elle ne s'assurait pas un filet de sécurité. L'idée du serment inviolable - un terrain connue malgré sa vilaine figure - lui était venue à l'esprit presqu'en même temps que la patronne le mentionnait. Elle non plus ne pouvait décemment pas faire confiance si facilement...

01.11.23 tw : prostitution forcée, violence, contrainte physique, combats illégaux

Il n'y avait qu'un inconvénient au choix du serment inviolable. Un inconvénient qu'Urielle n'était pas assez naïve pour n'avoir pas vu venir. C'était le genre de magie qui requérait plus de transparence qu'elle ne pouvait se permettre d'afficher. Il lui faudrait donc trouver le moyen de contourner ce léger inconvénient via les clauses même du serment inviolable. Le Marché aux Trolls ne tarderait pas à avoir sa peau si elle ne trouvait pas le moyen de s'en extirper au plus tôt.

Elle suivit la patronne sans se faire prier, ruminant en silence ce qu'elle allait bien pouvoir trouver pour s'en tirer cette fois. Pas sûr que la solution puisse se trouver au bout d'un interminable colimaçon. Ce qu'elles y trouvèrent en revanche c'est une espèce de grande armoire à glace au tient halé, lardé de tatouage. Ils se toisèrent farouchement avant qu'il ne la mette en garde contre un certain Coco. Urielle haussa un sourcil mais son attention fut presque instantanément captée par l'étrange choix de décoration de la pièce dans laquelle ils venaient d'entrer. En même temps que la patronne justifiait son choix de design, l'auror scrutait l'endroit dans les moindres détails identifiant finalement le fameux Coco dont il fallait se méfier. Elle eut un petit sourire narquois, si cette bestiole avait pu la suivre jusqu'à la maison familiale, en effet, elle aurait eu à se faire du soucis. Mais sur le Marché aux Trolls... cela dit, elle venait d'empocher un petit pécule et comme ici il constituait l'entièreté de ses possessions, elle tacherait d'y faire attention.

Mais elle ne s'attarda pas longtemps sur le nifleur qui ronflait sur son tas d'or, son attention entièrement captée par ce qu'il venait de se passer sous ses yeux. Une métamorphomage. La patronne venait de perdre quelques centimètres et sa blondeur apparemment naturelle. Un autre visage, plus farouche, plus dur mais plus intéressant à la fois venait de se faire une place dans la conversation. Au regard qu'Urielle lui lança, une réponse claire et sans détour.

« Puisqu'on en est à tout se dire, j'aimerai que cela fasse partie des clauses de ce serment. Mon nom est Urielle Grimm, et j'entends bien que ça ne sorte pas de ces quatre murs. »

Un lourd silence se posa sur ses épaules. Grimm n'était pas un nom passe partout.

« Comment s'appelle réellement la Patronne ? », demanda-t-elle finalement, pour égaliser.