Self medicated

Zion agissait bizarrement… Certes, les deux étudiants étaient en train de commettre un délit devant un fléreur de compagnie – qui venait de la leur fausser, compagnie – au nez et à la barbe inexistante de leur enseignante. N’importe qui agirait étrangement dans cette situation. Mais Zion, d’ordinaire si agité et irréfléchi, se tenait planté sur ses deux guiboles sans bouger d’un pouce. Il se frottait les yeux en s’affolant devant le placard à ingrédients.

En le voyant commencer à chaparder tout ce qui lui tombait sous la main, Camaël se mit à paniquer à son tour et le rejoint en quelques grandes enjambées.

- Non prends pas tout Zion, on va se faire remarquer !

Trop tard… Une voix reconnaissable entre mille retentit, et le Poufsouffle sentit son cœur s’écraser au fond de entrailles devant le stress. Il se figea en écarquillant les yeux, se retournant lentement en se plaçant devant Zion dans une vaine tentative de camoufler ce qu’ils étaient en train de faire. Était-ce le genre de moment pour lequel son ami attendait de lui un éclair de génie Grimmesque ? Malheureusement, il ne venait absolument rien à l’esprit de Camaël qui ressemblait plus à la surface du grand lac gelé qu’à un cerveau en état de fonctionnement.

- Madame Miller, commença-t-il, aussi blanc que le fantôme du Moine Gras.

Par sa tonsure, s’il était resté à son poste devant la salle, ils n’en seraient pas là tous deux... Devait-il saisir l’excuse de l’inventaire qu’elle leur tendait ? Non… S’il avait pu berner le vicking de la tapisserie, il en serait tout autre avec la professeure.

- Madame Miller, répéta-t-il en montrant ainsi toute l’étendue de son génie et de sa créativité.

Sa main se leva lentement pour pointer l’un de ses pieds et il sortit la première chose qui lui passa par la tête.

- Vous avez un truc… Qui sort du bas de votre pantalon…

Il ne s’agirait tout-de-même pas… d’un sous-vêtement ?!!

05.01 « - Oh putain ! » Lâcha Zion qui fit tout tomber en sursautant comme s'il venait de se faire pincer les fesses par un strangulot.

Le Gryffondor ne s'était pas attendu à voir débarquer le professeur Miller en personne. Bien sûr, il s'était imaginé que quelqu'un les surprenne comme un préfet ou quelqu'un de facile à embobiner, mais pas le professeur Miller en personne.

Incapable de bouger, il ne s'était même pas rendu compte que Camaël l'avait rejoint. Il finit par se retourner tant bien que mal (et avec beaucoup de lenteur) tandis que son meilleur ami se contentait de répéter Madame Miller comme s'il cherchait une échappatoire pour les sauver de cette situation qui s'annonçait particulièrement problématique en présence de la directrice de Gryffondor.

C'était sans compter son rapprochement évident avec le directeur de l'école, @Luke Korrigan... Car maintenant, c'était sûr, elle était la sorcière la plus puissante de Poudlard.

Déglutissant péniblement, il baissa machinalement son regard vers l'endroit qu'indiquait le Poufsouffle.

Eeeeeet effectivement quelque chose dépassait du pantalon de leur professeur de Potion.

Voyant la brèche s'ouvrir pour détourner l'attention, Zion décida de s'y engouffrer tout entier, comme il le faisait à chaque fois qu'une situation se présentait (à ne pas détourner de son contexte).

« - Mais c'est vrai ça ?! » Fit Zion, l'air faussement surpris, surjouant un peu comme s'il était outré. « Comment s'est arrivé là ? J'imagine que vous allez peut-être pouvoir nous expliquer comment s'est arrivé ici ? J'imagine que le professeur Korrigan est dans cette histoire, hein ? » Ajouta Zion, qui se fit suspicieux tout à coup.

Il fallait renverser cette situation et Zion ne comptait pas lésiné sur les moyens malgré la douleur grandissante derrière ses yeux.

05.01 Le Gryffondor serait devenu rouge si son teint de peau le lui avait permis. Une intense bouffée de chaleur le prit tandis que son coeur se mettait à tout rompre dans sa poitrine. La douleur lancinante derrière ses yeux n'aidant pas, Zion se sentit profondément trahi par ce professeur qu'il appréciait énormément jusqu'alors. Son ressentit aurait probablement été différent s'il avait eu conscience que sa succession de choix allait forcément entrainé ce qui se passait actuellement.

Mais non, Zion ne le voyait pas, bien trop blessé dans son amour propre.

S'il ne s'en rendit pas compte personnellement, Améthyste et Camaël pouvaient se rendre compte que les yeux de Zion semblaient clignotés. Ses iris sombres disparaissaient successivement pour laisser place à cette lueur blanchâtre luminescente, et les choses ne firent que s'accélérer lorsqu'il porta la main à sa poitrine pour arracher rageusement son écussion de Gryffondor sur sa poitrine pour le jeter aux pieds de sa directrice.

« - Ma grand-mère avait raison. Si je suis un benêt, c'est parce que les professeurs de cette école sont trop nuls pour réussir quoique ce soit d'autres. »

Aussitôt, il tourna les talons, oubliant alors Camaël, pour se diriger vers la porte du cachot qui s'était refermé. La rage animait tout son être pour le guider vers la sortie en se fichant bien de ce que les deux autres pourraient dire. Il voyait plus rouge que rouge. Jamais de sa vie il ne s'était senti aussi sali, pas même après les multiples tentatives de Chelsea Waldorf pour l'écraser dans son torchon qui se voulait journalistique.

La main sur la poignet de la porte, il l'ouvrit avec force mais ce qu'il vit lui fit perdre aussitôt toute colère.

Devenant blême tout à coup, il se recula de quelques pas, se tournant vers le professeur de Potion et son camarade de Poufsouffle. Cette fois, ses yeux ne clignotaient plus : ils conservaient la lueur luminescente comme Tornade dans la série X-Men lorsqu'elle usait de son pouvoir des tempêtes.

« - Professeur... Qu'est-ce que vous avez fait ?? » Demanda Zion d'une voix blanche.

Là où il y aurait du avoir le couloir, il se trouvait la chaussée des géants en Irlande. Si Zion ne connaissait pas le lieu pour le nommer ainsi, peut-être que Camaël ou Améthyste pouvait le faire à sa place.

La nuit était tombée, le quart de la lune était haut dans le ciel. On entendait des bruits de combats d'une rare intensité et des rugissements à faire trembler l'ensemble du mobilier du cachot. Zion se mit aussitôt les mains sur ses oreilles, ployant les genoux au sol alors qu'au dehors se déroulait une scène de guerre.

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Notes:

A peine les mots avaient quitté les lèvres de Camaël que la couleur avait fait de même de son visage. Mas qu’est-ce qui lui avait pris ? De toute les choses qui étaient passées par sa tête à ce moment-là, c’est elle c’était elle qu’il avait choisi de ressortir à haute voix ? Quel débile ! Malheureusement, il n’était visiblement pas le seul, car Zion s’exprima à sa suite en enfonçant le clou ! Le Poufsouffle, plaqua ses mains sur son visage comme s’il tentait d’effacer ses traits, tout autant que ce qui était en train de se passer.

L’enseignante ne tarda pas à réagir, aussi durement qu’ils le méritaient. Penaud, le Grimm se contenta de fixer ses pieds, en se demandant quelle allait être la réaction de son préfet @Sheraz Mahal quand il apprendrait sa nouvelle perte de points. Il fut presque soulagé de s’entendre congédier mais les propos de la professeure à l’encontre de son ami le firent grimacer malgré lui. Était-il possible de plaider la cause du Gryffondor ? En lui expliquant ses soucis de santé par exemple ? Cependant, l’étudiant n’eut que le temps d’ouvrir la bouche avant de se faire interrompre brutalement par Zion.

Mâchoire décrochée, Camaël se tourna lentement vers son ami qui était clairement en train de leur péter un chaudron. Mais au-delà de cet accès de rage inattendu, ce qui le surprit par-dessus tout furent ses yeux en forme de lampes. C’était bien la première fois que le Poufsouffle voyait ça chez le Gryffondor, ou chez n’importe quel autre sorcier d’ailleurs. Sinon, il aurait déjà émis la remarque que ça devait être pratique pour lire la nuit…

Comme s’il avait complètement oublié son existence, Zion se dirigeait vers la sortie. Camaël se mit à le suivre en trotinnant, le buste tourné vers leur professeure, mains tendues vers elle pour tenter d’apporter une explication au comportement plus qu'étrange de son camarade.

- Professeure… Zion est venu ici chercher un remède parce qu’il ne va pas bien du tout… Je sais qu’on n’aurait pas dû mais… Vous voyez bien qu’il est pas dans son état normal… Il a besoin d’aide je crois…

Le Gryffondor s’était soudain stoppé net dans sa fuite juste après avoir ouvert la porte. Camaël buta presque sur lui, avant de se courber sur le côté pour voir ce qui l’avait arrêté. De nouveau, il se retrouva bouche bée avant de sursauter en arrière en voyant le terrifiant regard laiteux de Zion sur eux.

- Nom d’un pieu ! Zion mon pote, reviens parmi nous…

L’étudiant pouvait prendre cette demande dans son sens propre, comme dans son sens figuré. Mais son ami parut ne pas l’entendre et s’écroula à genoux en se bouchant les oreilles. Camaël se précipita vers lui pour l’aider à se relever mais ne parvint qu’à le trainer un peu plus à l’intérieur du cachot avant de lancer un regard implorant à l’enseignante.

- M’ame Miller ! Qu’est-ce qui se passe ?!

05.01 Entraînant Camaël dans sa course vers les cachots, Zion s'arrêta brusquement lorsqu'il eut ouvert la porte de la salle de classe. Ne sentant pas le Poufsouffle le percuter de plein fouet, le Gryffondor finit par se reculer pour interroger le professeur sur ce qui était en train de se passer alors que ses yeux finissaient par s'illuminer totalement. Quelque chose était en train de se passer et Zion ne s'en rendait même pas compte. Cette force du destin qui le secouait malgré lui comme une poupée que sa grand-mère aurait fait au service de l'avenir. Cette douleur qui couvait derrière ses yeux semblait atteindre son paroxysme lorsqu'il se mit à genoux, plaquant ses deux mains sur ses oreilles, comme s'il espérait ne plus rien entendre car ce qu'il entendait, ce qu'ils pouvaient tous entendre, puisait dans son énergie, l'immobilisant au sol, incapable de faire quoique ce soit.

Au loin, il entendait les mots de Camaël, puis ceux du professeur Miller. Devant eux, dans ce qui aurait du être les cachots, il y avait une bataille magique. Le sol tremblait par intervalle régulier tandis que des rugissements d'un autre monde se répercutaient tel un écho dans la salle de classe. Un pied de deux ou trois mètres de long apparut soudainement, puis le genou à terre de ce qui semblait être un géant avant que la main du monstre ne tente de pénétrer dans le cachot. D'un coup, il sentit comme une force s'immisçait en lui alors qu'il pouvait sentir le parfum de la professeur de Potion, par dessus l'air marin qui se fracassait sur le sol étrange de la Chaussée des Géants.

Améthyste lui intimait de se battre.

Ce fut à cet instant précis que Zion reprit le contrôle de son corps, malgré la terreur qui l'abritait. Ses yeux étaient redevenus sombres, quoiqu'exprimant la panique, lorsqu'il croisa enfin le regard de la directrice de Gryffondor.

Il était tout transpirant alors qu'il percevait enfin les mots d'Améthyste comme s'il y avait une espèce de latence entre le moment où elle lui parla et le moment où son cerveau analysait ce qu'elle lui dit.

« - Vous l'avez vu ?! ?!! Est-ce que vous l'avez vu ? »

Son coeur tambourinait sa cage thoracique avec une telle force qu'il avait l'impression que son sternum allait céder sous les coups répétés de son palpitant. Clignant des yeux avant de se passer les mains sur le visage, il n'avait qu'une envie, c'était de prendre les jambes à son cou pour aller Dieu seul savait où. Mais il n'avait plus une once d'énergie, et l'idée même de se relever ne l'avait même pas effleuré.

Souffle saccadé, il finit par reprendre :

« - Vous avez vu le géant ? Vous l'avez vu ? Vous avez vu la mer ? C'était où ? C'était quoi ? Qu'est-ce qui s'y passait ? »

Le Gryffondor ne parvenait pas à se calmer. C'était comme s'il était toujours dans sa vision. Si l'odeur de sa professeur de Potion lui avait permis de sortir de l'éther divinatoire dans laquelle ils avaient été appelé tous les trois, Zion n'en restait pas moins sous le choc,  comme si son cerveau se refusait d'accepter ce qu'il venait de se passer.

Heureusement pour eux, leur enseignante semblait savoir quoi faire. Ou du moins, elle ne se mit pas à paniquer complètement comme c’était le cas de Camaël. Le Poufsouffle hocha simplement la tête quand elle leur intima de ne pas quitter la salle et se contenta de l’observer, la gorge nouée de trouille.

Quand enfin la professeure se remit à parler, l’étudiant dû se concentrer pour comprendre qu’elle s’adressait à lui. Miller lui expliquait avoir déjà été témoin d’un étudiant dans ce genre de transe, en train de vivre… Quoi ? Une vision ?

Bouche bée, Camaël observa son ami tout en écoutant attentivement l’experte en potion.

- De la confiance en soi, répéta-t-il bêtement, et miraculeusement sans bégayer. Mais si Zion ! Montre-nous ta confiance en toi ! T’es un foutu Gryffondor après tout ! Le héro pourfendeur de dragon, qui a toutes les filles à ses pieds ! Même les jumelles Montero y parait !

Mais la professeure ne le laissa pas poursuivre ses efforts, pour peu que le moindre de ses mots ait eu un quelconque effet, et lui confia une mission. Opinant de nouveau du chef, Camaël se releva précipitamment, jetant des coups d’œil tout autour de lui à la recherche d’une plume et d’un parchemin. Avisant finalement du papier brouillon sur le pupitre d’un étudiant, il s’en empara pour gratter quelques mots à la hâte.

@"Chineye Ayodele"
Flagley-le-Haut

Zion est en train de faire une crise - sa vision est en train d’envahir le cachot de potion - besoin de votre aide pour le calmer !

Camaël Grimm

Par chance, ce n’était pas la première lettre qu’il envoyait chez la grand-mère de Zion et il savait qu’elle lui parviendrait. Mais en combien de temps ? Son mot plié à la main, il se retrouva coincé dans la salle, à observer bêtement la professeure qui tentait de calmer Zion.

Finalement, le Gryffondor finit par retrouver son regard sombre qu’il lui connaissait si bien, et la vision derrière lui disparut au moment précis où la hideuse tête d’un troll faisait son apparition. Son ami les dévisagea, en répétant en boucle les mêmes questions. Camaël lui offrit un pauvre sourire en hochant la tête pour toute réponse avant de se tourner vers la professeure en secouant son parchemin plié.

- Vous avez un hibou sous la main ? Sinon, je file à la volière !

05.01 Le Gryffondor parvenait difficilement à se remettre de ce qu'il venait de se passer. Son regard fuyant était criant sur l'état dans lequel Zion se trouvait. Il était incapable d'avoir une pensée claire même s'il l'avait voulu. Cette vision lui était tombée dessus sans qu'il ne s'y attende à tel point qu'il n'était pas encore sûr de ce qu'il venait de voir. Était-ce réel ? Est-ce que ça allait se passer ? Est-ce que ça s'était passé ? Il n'en savait rien car il n'avait pas les capacités de se poser la question. Il n'y avait que la présence d'Améthyste qui semblait le ramener avec le calme grâce à son odeur, seul chose qu'il faisait lien avec la réalité dans laquelle son corps était resté.

Comme au loin, il lui sembla entendre Camaël l'encourageait sans que Zion ne soit réellement capable de mettre une signification derrière les mots prononcés par son ami de Poufsouffle. Un hibou ?

Il tourna machinalement ses yeux fous vers Camaël avant de les reposer vers Améthyste lorsque cette dernière continuait d'essayer de le ramener dans le monde matériel. La voix. Il la percevait correctement. La panique commençait à dégonfler tandis qu'il reprenait, peu à peu, un rythme respiratoire plus calme, moins saccadé.

« - Je- Je ne sais pas. »

La réponse réelle était non. Non, Zion n'était jamais allé sur la Chaussée des Géants bien qu'il ait déjà vu des photographies de l'endroit et qu'il ait entendu les légendes autour de combats de géants entre l'Irlande et l'Ecosse. C'était quelque chose qu'il avait eut vent comme n'importe quel enfant ayant baigné dans la magie en Grande-Bretagne.

« - Je ne... Non, j'avais mal à la tête. Beaucoup trop mal à la tête depuis quelques semaines. Damballa m'a dit que quelque chose allait m'arriver à Noël mais... »

Zion posa son regard sur le sol alors qu'il revenait complètement à lui. Il vit les chaussures de Camaël, alors tout lui revint en tête. Il secoua la tête avant de se laisser tomber sur les fesses, vidé de tout énergie.

« - Je voulais juste plus avoir mal à la tête... Par tous les moyens, j'en devenais fou... Complètement dingue. L'impression que... Que mon cerveau allait littéralement explosé. »

Le Gryffondor se prit le visage de ses deux mains avant de finalement les poser au sol pour s'appuyer sur ses bras. Il était exténué.

« - Je fais quoi maintenant ? Vous avez une idée ? » Demanda Zion à Camaël et à Améthyste.

La voyance n'était pas toujours quelque chose de fortement très apprécié chez les sorciers. C'était un art nébuleux qui n'attirait généralement que des gens particulièrement farfelues sans réel talent. Mais quand un sorcier possédait réellement ce don, alors il était généralement mis de côté car le futur faisait peur. Zion avait compris cela en cours de Divination où le Gryffondor excellait réellement. Il savait que ce n'était qu'une possibilité, que tout n'était rien figé lorsqu'il s'agissait de l'avenir. Que chaque décision pouvait modifier la prédiction.

Malgré lui, la peur le saisit de nouveau. Zion ramena ses genoux à lui, posant sa tête dessus tout en serrant ses jambes de ses bras. Il ne dit rien mais il n'y avait pas besoin de sortir de Serdaigle pour comprendre que tout cela le dépassait littéralement.