Whatever It Takes - ft. Saúl Ochoa

ft. @Saúl Ochoa-Reyes

« Espérons qu'on n'en arrive jamais là », répondit-elle avec un fin sourire.

L'image d'une bagarre opposant son père et Saúl passa rapidement devant ses yeux. Un mouvement de tête à peine perceptible fut suffisant pour balayer cette éventualité d'un trait ; si une telle scène venait à se produire, l'idée que l'une des deux parties en présence puisse finir blessée - ou pire, et qui plus est par sa faute - lui était intolérable.

Saúl avait raison. La jeune femme hocha alors la tête : elle savait par avance que convaincre son père ne serait pas une mince affaire mais dans le contexte actuel, elle ne lui laisserait pas le choix. La menace de voir sa fille rejoindre le Witan, qui avait plané au-dessus de sa tête sans qu'elle ne le cherche vraiment, serait sans doute un argument de poids pour faire pencher la balance aux yeux de @Luke Korrigan. Et Siobhán ne comptait pas lésiner sur les moyens. Pour une raison bien simple en vérité : c'était maintenant - tant que les événements n'avaient pas encore pris une trop mauvaise tournure - ou jamais.

Mais il y avait une autre ombre au tableau : l'aversion que semblait porter Saúl à @Aethelia G. Sanderson était suffisamment forte pour s'étendre à tout ce qui la concernait, de près ou de loin. L'ancien Auror ne semblait pas convaincu par le fait que Siobhán prenne la défense de @Eynaelle Sanderson, la chair de la chair d'Aethelia, mais le lien qui unissait les deux cousines était bien trop fort pour être renié.

Persuadée que les intentions de l'homme qui lui faisait face étaient bonnes et maintenant qu'ils semblait s'être assurés réciproquement qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes, la jeune femme décida de casser cette distance qui les séparait, rejoignant l'autre côté de la table pour s'asseoir sur la chaise la plus proche de Saúl. Ses mains pâles vinrent saisir les siennes.

Le contraste entre leurs deux peaux, dont l'une transpirait le soleil quand l'autre avait passé l'hiver à le fuir, était saisissant et lui arracha un sourire, plus large cette fois.

« Fais-moi confiance, hm ? », lui demanda-t-elle à demi-mot en relevant après un temps ses yeux d'azur vers lui.

Elle restait là, sans bouger, sa main dans la sienne, quand Saúl vint lui faire une confidence qui fit naître une boule de chaleur, là, près de son cœur. Les parois de son myocarde avaient beau être fêlées, meurtries, douloureuses à chaque battement qui venait propulser le sang dans son corps, il était capable de sentir encore.

Si Eynaelle et Siobhán avaient définitivement un lien fort, celui qui l'unissait à Saúl était encore d'une toute autre nature.

« Je ne crois pas que ce soit possible », souffla-t-elle en ancrant son regard vers leurs mains. Un ange passa, et Siobhán reprit la parole, toujours aussi bas, les joues légèrement roses. « De perdre ce qu'on a. »

Certaines relations, d'amour ou d'amitié, étaient faites pour durer dès la première seconde. Le destin avait su les mettre sur la même route, au bon endroit, au bon moment, et ça ne pouvait pas seulement être le fruit du hasard. Saúl était entré dans sa vie par effraction, sans prévenir, mais il avait tout de suite su la comprendre, comme personne ne l'avait fait avant lui.

Comment, dès lors, pouvait-elle envisager un seul instant de s'en détourner ?

« Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement, Saúl Ochoa-Reyes », ajouta-t-elle en relevant des pupilles espiègles vers les siennes. Son rire se joignit bientôt aux mots. « Et maintenant, je sais où tu habites. Grossière erreur... Même quand tu ne voudras pas me voir, je viendrai te trouver. »

La mélodie de sa voix sonnait presque comme une promesse.