Red Line (Maeve)

Forêt d'Ysbryd
05.02.24

Le plus dur, ce n’était pas de tromper la vigilance du lechi, de la forêt, ou même des Chiens de Wist que Maeve laissaient gambader pour surveiller Eochaid. Non, au final, le plus dur avait toujours été de trompé Maeve. Parce qu’elle me connaissait, depuis longtemps et savait ce dont j’étais capable. Aussi, venir ici voir mon frère n’avait pas été chose aisée. Si j’étais venue sous ma forme humaine, le gardien des lieux m’auraient certainement attaqué. Si, j’avais choisi ma forme d’Animagus, les chiens de Maeve auraient très certainement reconnu mon odeur, car ils savaient que je pouvais prendre cette forme.
J’avais donc choisi la voie des airs… Métamorphosé exceptionnellement pour l’occasion en faucon pelerin, je m’étais posé sur une branche et j’observais avec la vu que me procurait le rapace l’entrée que mon frère avait choisi pour tanière. En cette période de l’année, il devait certainement hiberner, donc le tuer dans son sommeil était certainement le choix le moins cruel que je pouvais faire. J’avais pris ma décision, à la lecture de la lettre de Maeve. J’en avais compris bien plus qu’elle n’en avait laissé paraître. Elle et Freya s’était lancé dans une entreprise folle. Certes courageuse, mais qui était devenu bien trop dangereuse pour elle désormais. Ce qui était au départ un acte désespéré et louable de leur part, était devenu une entreprise folle, qui mettait l’une en danger chaque jour, et l’autre dans une position de plus en plus désespérée. Or, la sagesse d’Eochaid nous avait toujours été supérieur, et il avait compris que le jour viendrait où la situation deviendrait incontrolable. Avec sa promesse, il m’avait placé en garde-fou. Sachant très bien que je ne pourrai jamais rien lui refuser, il m’avait fait prisonnier de ce serment, certes non-magique, mais bien présent dans mon coeur.
Gonflant mes plumes en posture de repos, je fixais toujours l’entrée de la tanière. Certes j’avais pris ma décision, mais entre être décider de quelque chose, il y avait toujours un cap. Soupirant sous mon aspect d’oiseau, je déployais finalement mes ailes provisoires et je volais dans la direction de la tanière. Me posant devant son entrée, je repris forme humaine.

« Tu sais que si je le fais, je te perdrais toi, mais pas que. Freya et Maeve ne voudront plus jamais m’adresser la parole. »

Je savais qu’il était à l’intérieur. Enfin, je savais que son enveloppe corporelle y était, sous forme d’Ours. Au final, il ne restait rien de lui dans cette tanière, c’était comme parler à un mur. Mais au moins, ça me faisait du bien de m’exprimer à voix haute.

« Je perdrais également Siobhàn et Finn, car ils ont toujours soutenu leur tante. Et ça sera certainement l’erreur de trop à leurs yeux. »

La gorge serrée, le coeur en peine, j’ôtais mon chapeau Havre-Sac. Cherchant deux objets bien particuliers, je finis par les trouver. D’un coup de baguette je les fis léviter devant moi. L’un d’eux était un grimoire très anciens, écris en gaélique irlandais et latin. L’autre était une sphère noire de jais, dont certains reflets bleu cyan et magiques pouvaient se voir sous les reflets de la lune.

« Mais si la solitude est le prix à payer pour qu’elles arrêtent leur folie pour toi, alors je l’accepterai. Ca sera ma sentence. Et je l’ai bien mérité... » dis-je en soupirant.

La fin de ma phrase n’était plus qu’un murmure. Cherchant rapidement la page qui permettait de sceller l’âme perdue d’un homme dans un ogham (pierre magique très ancienne), j’observais le rituel complexe à faire. Le temps m’était déjà compté. Alors que j’étais en train de lire une des lignes du rituels, j’entendis du bruit derrière moi. Lentement, je fermais et je soupirais. Me tournant, comme dans un mauvais rêve je faisais face à Maeve, qui était pour moi comme ma sœur.

« Maeve, je t’en pris. »

Je levais alors ma baguette droit vers elle, parce que je savais qu’il n’y avait pas d’autres solutions, ni issue possible pour ce soir.

« Tu sais très bien que ça doit s’arrêter. Va t’en s’il te plaît. »

Forêt d'Ysbryd
05.02.24

Elle ne répondit bien évidemment pas à mon ordre de partir. Baguette en face d’elle, je crois que de mémoire, je n’avais jamais levé ma baguette vers elle dans l’optique d’exercer une quelconque magique contre sa volonté. Mes yeux ne bougèrent pas, déterminé et je continuais de la regarder dans les yeux, là où beaucoup de personne se seraient enfui, je restais digne, pour une fois ma baguette droite sur son coeur, à quelque mètre d’elle. C’était une certaine forme de respect.

« Mets les éléments bout à bout. Que tu risques ta vie pour lui, je  peux le concevoir. Tu es une sorcière digne, exemplaire et accomplie. La meilleure que je connaisse. »

Je restais là, à la fixer de mes yeux bleus, sans bouger. Je sentais autour de nous la nature s’activer. Prête très certainement à accompagner leur maîtresse contre moi. Mais bien sûr, j’étais loin d’être naïf ou un bleu. Je n’étais pas prévu sans un plan d’action et  sans avoir penser à cette possibilité de la voir là face à moi. De tous les scénarios, c’était même le plus probable qui s’offrait à moi ce soir.

« En revanche, Freya va trop loin. J’en suis convaincu depuis leur retour dans les Grottes de Gargareth. On l’entraîne dans notre désespoir, et par amour pour elle, je me dois d’arrêter tout ça. »

Ma voix se fit rude, grave, mais on pouvait sentir la tristesse pointée le bout de son nez. Le fond de ma voix se brisa et la fin de ma phrase se perdit dans la nature que je sentais de plus en plus épaisse autour de nous.

« Eochaid n’aurait jamais voulu qu’on en arrive là pour lui, et je suis là pour respecter ma promesse et mes engagements. Donc, étant contre moi, cette idée et tout ce qui va avec, je te pris de lever ta baguette et de te défendre. »

Ma main ne tremblait pas. Dans un geste lent, toujours le bras tendu, j’arquais mon poignet dans un mouvement étrange, complexe et qu’elle n’avait certainement pas vu auparavant car je gardais ce sort bien gardé. La pointe de ma  baguette ne désignait plus Maeve, mais ma poitrine.

« Effigo Faciem. »

Il y eut un éclat aveuglant, un bruit de déchirure. L’énergie magique qui sortit du sort émoustilla toute la nature environnante. Quand la vue nous revint, ce n’était pas un seul Luke qui était face à elle, mais trois parfaitement identiques, qui parlèrent tous en même temps.

« Donne moi une seule raison logique et sensé d’arrêter cette folie, et je le ferai. Mais je ne peux plus regarder ma filleule dans les yeux, et la voir s’éteindre petit à petit. »

« Donne moi une seule raison logique et sensé d’arrêter cette folie, et je le ferai. Mais je ne peux plus regarder ma filleule dans les yeux, et la voir s’éteindre petit à petit. »

« Donne moi une seule raison logique et sensé d’arrêter cette folie, et je le ferai. Mais je ne peux plus regarder ma filleule dans les yeux, et la voir s’éteindre petit à petit. »

Dirent-ils tous les trois en même temps.

Aucune réponse. J’aurai du m’en douter. Du moins verbale car la suite s’avéra à la hauteur de mes espérances. Ce fichu Lechi, fidèle compagnon de ma belle sœur obéit alors au doigt et à l’oeil. La surprise fut immédiate, et mes clones n’étaient pas habilité à gérer ce genre de problème complexe. Les deux lianes les perforèrent et ils tombèrent en poussière au sol, bleu et sombre. Je levais ma baguette dans un claquement sourd, pour envoyer un sort de Métamorphose un peu plus avancé. Car, contrairement à une plante normal, on avait affaire à quelque chose de plus ancien au même titre que les chimères et les dragons. Leurs « sangs » magiques leur conféraient une résistance plus puissante, et je devais trouver un sort qui se servait justement de ce sang magique. Le sort envahit la liane autour de mon corps, et l’espace d’un instant, on put croire qu’il avait réussi. Mais, au lieu de cela, la liane tomba sur la sol, vidée complètement de sa magie, mais pas de sa vie propre. Le sort partie sur 6mètre, mais la résistance du Lechi l’empêcha d’aller plus loin. Je n’avais pas assez de magie pour aller jusqu’à son coeur et détruire définitivement cette bête si ancienne.

« C’est ridicule. »

J’écartais les bras, comme un air de défi. Si elle, pouvait resté froide, pour moi le silence était plus qu’un maléfice. Et elle le savait. Je détestais cela, parce que j’avais toujours eu peur de la solitude. Levant alors ma baguette dans les airs, je décidais de rendre la partie un peu moins facile pour le Lechi en envoyant un Meterobilis Recanto au dessus de nous. Des nuages noirs s’amassèrent à plusieurs mètres de nous et le vent commença à se lever. La pluie, qui n’était pas le moindre mal de ce qui allait arriver commença à s’abattre.
Droit et digne, je tournais alors le poignet et le tissu des vêtements de Maeve changèrent d’aspect, mais très légèrement et sans qu’elle s’en aperçoive. En réalité, j’augmentais juste la conductivité de ses vêtements afin que la suite de mon Meterobilis Recanto l’assomme plus qu’elle ne la tue. Car, au fond de moi je ne voulais pas lui faire de mal, contrairement à elle visiblement.
Un éclair brisa alors le ciel, au dessus de nos têtes et fondit vers Maeve, alors que le vent commençait à souffler de plus en plus.

Avec un sourire en coin, fier qu’elle ait réussi à dévier mon attaque non-létal je fus surpris en revanche qu’elle connaisse ce sort ancien permettant de dévier la foudre en passant par le coeur. Si jamais le sort avait été raté, je savais très bien ce qui aurait pu se produire. Faisant une grimace, je pointais ma baguette vers le sol pour qu’un monticule de terre se dresse devant moi comme un bouclier. Sentant ensuite les racines du Lechi s’enrouler autour de mes jambes, je marmonnais :

« C’est deux contre un, c’est pas vraiment du jeu... »

L’instant suivant, je me transformais en chien. Les pattes de ce dernier étant plus petites que mes jambes, le Lechi n’eut pas le temps de les refermer sur moi. Je jaillissais alors sur le côté, dans un bond canin et je me mis à courir sur le flanc gauche de Maeve, toujours à bonne distance car je savais que si je passais au corps à corps, malgré les notions que j’avais eu autrefois j’allais très certainement perdre. Réfléchissant vite, je repris forme humaine et je pris mon chapeau. Attirant de ce dernier une petite figurine inerte étrange, que j’avais acheté dans un magasin moldu (qui aurait très certainement fait la surprise et la fierté de Monsieur @Sheraz Mahal ), je remis mon chapeau sur ma tête et j’envoyais un Amplificatum puissant sur la figurine. Ce dernier se mit à grandir pour monter jusqu’à quatre mètre de haut. Bien caché derrière, je tournais ma baguette dans un Piertotum Locomotor précis. Aussitôt, la figurine en plomb et en acier s’anima, croisant les deux grandes épées que j’avais passé des heures à aiguisé dans mon bureau.


« Là, je pense qu’on rééquilibre un peu la parti. Maeve, je t’en pris, retourne à Caer Cynfeirdd. C’est insensé. »

Des lianes et des racines fusèrent. Mais mon soldat se déplaça à grande vitesse pour les trancher avec ses lames et me protéger tout en tournoyant autour de moi dans une attitude guerrière. Alors qu’il luttait contre les attaques du Lechi, je restais impassible derrière lui et je continuais d’essayer de la raisonner.

« Tu veux vraiment que Freya prenne les même risques que toi ? »

Je regardais le Lechi submerger mes enchantements sans rien dire. Après tout ce n’était que de la magie éphémère. Par acquis de conscience, et même si je détestais cet esprit, je levais ma baguette une fois le golem ruinait pour réduire à nouveau la taille du soldat de plomb afin que l’impact sur la forêt soit bien moindre en terme de pollution. J’étais déjà fâché avec lui, autant limité sa colère. Dans mon geste, je me tournais vers Maeve, fou de colère.

« Soulager ma conscience ? Tu t’entends parler Maeve ! Ta propre fille en est à certainement utiliser la Magie Noire pour sauver Eochaid ! » hurlais-je de plus en plus en colère.

Elle savait comment me mettre hors de moi. D’un geste sec avec ma baguette, j’envoyais un Diffindo puissant, qui trancha l’arbre à une tête environ de Maeve. Ce dernier fut emporter dans la tempête. Envoyant un Incendio pour que le Lechi soit occupé sur un Incendie, mon sort rata sa cible tellement la tempête était forte et se perdit dans les nuages. Voyant le vent augmenter dangereusement vers Maeve, je serrais les dents et je transplanais juste devant elle. L’attrapant par le col, je la collais contre le tronc d’arbre qui restait et je scellais mes jambes en modifiant la terre à mes pieds pour éviter que nous soyons emporter.

« Tu préfères perdre tous ceux que tu aimes plutôt que d’en sauver un ? Maeve ! Je t’aime comme un frère, réfléchis deux minutes ! »

Et je levais ma baguette, entre ses deux yeux. J’avais bien sur la main tremblante, chose qui ne m’arrivait jamais. Tout simplement parce que, quoi que je veuille lui faire voir, je n’arrivais pas à lui faire le moindre mal.