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Le million de mélanges de bière | URIELLE
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La grisaille qui envahissait le ciel anglais se retrouvait aisément dans les yeux clairs de Johann. Comme le reflet des nuages sur l'eau stagnante d'un lac, la couleur grise des pupilles de l'irlandais paraissait mélancolique au commun des mortels, plus encore à ceux qui ne le connaissaient que peu. Il avait toujours eu la réputation d'être un homme qui posait les bons mots mais seulement quand il le fallait, et depuis sa séparation, il avait d'autant moins l'occasion de dire un mot. Son travail auprès des centaures était souvent fait de contemplations silencieuses. Ces êtres, portés par leur existence comme une métaphore, se faisaient difficiles à saisir et comprendre. Réfléchir avant de parler était le meilleur moyen de conserver des relations cordiales avec eux. L'entrée d'un collègue dans son bureau sonna le glas de sa journée. Le lendemain il ne travaillait pas et le soir même, il irait boire un verre avec Urielle Grimm. L'idée lui avait traversé l'esprit lorsqu'ils étaient en train de boire leur café dans la matinée.
Johann croisait souvent la sorcière qu'il connaissait auparavant de vue pour avoir été à Poudlard avec elle pendant un an ou deux, de mémoire. Mais il ne s'était jamais plus attardé que cela, parce que ses capacités sociales étaient limités malgré ses meilleurs efforts. Et puis la conversation de fil en aiguille passait bien alors pour une fois, au lieu de passer sa soirée seul, il pourrait bien partager une table dans un pub.
En arrivant chez lui, Johann pris soin de prendre une douche et de se laver les cheveux. Il ne prenait pas tant de soin quand il allait lever le coude avec Ambroise, mais avec une femme, Jo' tenait son langage, ses manières et sa présentation. Lorsqu'il sonna vingt heures à Tinworth, le sorcier transplana pour Londres pour un pub situé au très célèbre Chemin de Traverse. L'homme avait proposé une autre enseigne que le Chaudron Baveur, c'est qu'il essayait de changer de comptoirs pour qu'on ne le prenne pas - trop - pour un alcoolique notoire. Ne sachant pas s'il devait l'attendre à l'intérieur ou l'extérieur, il passa une tête dans l'échoppe sans voir ses cheveux roux dans les parages. Parfait. Ainsi il pourrait opter pour une table un peu mise à l'écart, non pas tant pour privilégier l'intimité de leur conversation, mais davantage pour qu'il ne se sente pas oppressé par le monde. Vivre seul et travailler essentiellement dans la forêt faisait des ravages dans la psychologie d'un homme, d'autant plus si ce dernier était plutôt réservé de nature. « J'attends quelqu'un » dit-il à la serveuse qui lui répondit par un « bon-soir » bien appuyé pour lui faire remarquer son manque de courtoisie. Le pigment rouge lui chauffa les joues sous sa barbe de quatre jours et il lui offrit un sourire gêné en détournant les yeux. Les mains jointes comme une prière devant son visage, sur lesquelles se posaient ses lèvres, il se laissa porter par un regard par delà la vitre. Anne l'avait quitté depuis plusieurs mois maintenant, aussi longtemps donc qu'il n'avait pas bu un verre avec une femme. Sans arrières pensées bien entendu, mais il suffisait de s'afficher avec une représentante du sexe opposé pour faire parler autour de soi de toute manière. L'avantage à vivre reculé du monde, c'était au moins d'être moins exposé à ce type de comportements puérils.
D'une certaine manière, Johann avait assez peu été entouré de femmes dans sa vie. Sa soeur était décédée lorsqu'il était encore tout jeune, et si le traumatisme était toujours présent et le serai toujours, parce qu'un deuil si important à un âge si jeune ne peut que marquer, l'irlandais essayait d'y penser peu. On se complait et se perd dans la mélancolie dès lors que l'on songe trop souvent à nos disparus. Jo' avait compris que pour avancer, il faut les mettre de côté, sans les oublier. Et bien qu'il ait toujours une photo animée de la frimousse de sa soeur dans son porte-feuille, il continuait sa vie comme elle aurait dû continuer la sienne. Il ne réagit pas lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir et quelqu'un se retrouver debout à côté de la table. Lorsque la présence se fit un peu dérangeante, il tourna la tête pour réaliser que la rouquine se tenait devant lui : « Oh salut, je ne t'avais vraiment pas vu Urielle » s'empêtra-t-il en se levant, sans savoir quoi faire de son grand corps une fois debout. Il fit un signe à la serveuse qui souffla à son comptoir avant de se rasseoir : « Je pars un peu loin quand je commence à réfléchir ». C'était le moins que l'on puisse dire. Enfant déjà imaginatif, l'adolescence avait approfondi ce trait de caractère qui expliquait sans doute pourquoi son cercle d'amis était restreint à ce point. « Mais bref ! Tu vas bien depuis ce matin ? ».
Ils furent interrompus par la serveuse : « B'soir. Alors ? ». D'un regard, il invita la sorcière à commander la première, avant d'enchainer sur la même chose qu'elle avait elle-même commandé.
(847)
Johann croisait souvent la sorcière qu'il connaissait auparavant de vue pour avoir été à Poudlard avec elle pendant un an ou deux, de mémoire. Mais il ne s'était jamais plus attardé que cela, parce que ses capacités sociales étaient limités malgré ses meilleurs efforts. Et puis la conversation de fil en aiguille passait bien alors pour une fois, au lieu de passer sa soirée seul, il pourrait bien partager une table dans un pub.
En arrivant chez lui, Johann pris soin de prendre une douche et de se laver les cheveux. Il ne prenait pas tant de soin quand il allait lever le coude avec Ambroise, mais avec une femme, Jo' tenait son langage, ses manières et sa présentation. Lorsqu'il sonna vingt heures à Tinworth, le sorcier transplana pour Londres pour un pub situé au très célèbre Chemin de Traverse. L'homme avait proposé une autre enseigne que le Chaudron Baveur, c'est qu'il essayait de changer de comptoirs pour qu'on ne le prenne pas - trop - pour un alcoolique notoire. Ne sachant pas s'il devait l'attendre à l'intérieur ou l'extérieur, il passa une tête dans l'échoppe sans voir ses cheveux roux dans les parages. Parfait. Ainsi il pourrait opter pour une table un peu mise à l'écart, non pas tant pour privilégier l'intimité de leur conversation, mais davantage pour qu'il ne se sente pas oppressé par le monde. Vivre seul et travailler essentiellement dans la forêt faisait des ravages dans la psychologie d'un homme, d'autant plus si ce dernier était plutôt réservé de nature. « J'attends quelqu'un » dit-il à la serveuse qui lui répondit par un « bon-soir » bien appuyé pour lui faire remarquer son manque de courtoisie. Le pigment rouge lui chauffa les joues sous sa barbe de quatre jours et il lui offrit un sourire gêné en détournant les yeux. Les mains jointes comme une prière devant son visage, sur lesquelles se posaient ses lèvres, il se laissa porter par un regard par delà la vitre. Anne l'avait quitté depuis plusieurs mois maintenant, aussi longtemps donc qu'il n'avait pas bu un verre avec une femme. Sans arrières pensées bien entendu, mais il suffisait de s'afficher avec une représentante du sexe opposé pour faire parler autour de soi de toute manière. L'avantage à vivre reculé du monde, c'était au moins d'être moins exposé à ce type de comportements puérils.
D'une certaine manière, Johann avait assez peu été entouré de femmes dans sa vie. Sa soeur était décédée lorsqu'il était encore tout jeune, et si le traumatisme était toujours présent et le serai toujours, parce qu'un deuil si important à un âge si jeune ne peut que marquer, l'irlandais essayait d'y penser peu. On se complait et se perd dans la mélancolie dès lors que l'on songe trop souvent à nos disparus. Jo' avait compris que pour avancer, il faut les mettre de côté, sans les oublier. Et bien qu'il ait toujours une photo animée de la frimousse de sa soeur dans son porte-feuille, il continuait sa vie comme elle aurait dû continuer la sienne. Il ne réagit pas lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir et quelqu'un se retrouver debout à côté de la table. Lorsque la présence se fit un peu dérangeante, il tourna la tête pour réaliser que la rouquine se tenait devant lui : « Oh salut, je ne t'avais vraiment pas vu Urielle » s'empêtra-t-il en se levant, sans savoir quoi faire de son grand corps une fois debout. Il fit un signe à la serveuse qui souffla à son comptoir avant de se rasseoir : « Je pars un peu loin quand je commence à réfléchir ». C'était le moins que l'on puisse dire. Enfant déjà imaginatif, l'adolescence avait approfondi ce trait de caractère qui expliquait sans doute pourquoi son cercle d'amis était restreint à ce point. « Mais bref ! Tu vas bien depuis ce matin ? ».
Ils furent interrompus par la serveuse : « B'soir. Alors ? ». D'un regard, il invita la sorcière à commander la première, avant d'enchainer sur la même chose qu'elle avait elle-même commandé.
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Pleasure Piked With Pain
Chemin de Traverse
15.01.24
Le Marché aux Trolls ne s'était pas manifesté depuis quelques temps, comme s'il avait respecté une sorte de trêve de Noël ou quelque chose dans ce goût là. Pour autant, on ne pouvait pas dire que le quotidien de Miss Grimm s'en soit trouvé ralenti en quoi que ce soit. Avec Charles Graham qui s'était fendu de leur payer une petite visite avant les fêtes, le bureau des aurors était en ébullition et bien sûr, il n'était pas question qu'elle mette son nez dans cette affaire. Trop d'implications personnelles. Ça allait sans dire mais ça ne rendait pas la chose moins frustrante alors, ce matin-là, prendre un café avec Johann Maloff avait ajouté un petit peu de sucre dans sa journée. Il l'avait invitée à prendre un verre le soir sans qu'elle y voit la moindre arrière pensée et le reste de la journée avait suivi sa petite routine habituelle. Elle avait raccroché à l'heure pour une fois, presque par hasard, puis s'était rendu à son appartement en ville pour faire un brin de toilette avant de remettre le nez dehors.
Un coup d'oeil à l'heure lui indiqua qu'elle avait largement le temps. Elle alla toquer chez sa voisine, @Yara Morães De Carvalho , mais pas de réponse alors elle finit par se dire qu'elle irait plutôt flâner sur le Chemin de Traverse pour voir quel gallion elle n'allait pas dépenser. On essaya bien de la faire entrer dans une boutique de robes hyper chic, toutes en solde, mais la piquante rousse ne montrant pas une once d'intérêt, il fallut bien se rendre à l'évidence. La boutique du fleuriste qui cherchait toujours un locataire faillit la détourner de ses bonnes résolutions mais il fallait se rendre à l'évidence : à qui allait-elle offrir des fleurs en dehors de sa mère ? Ce n'était pas pour les conserver religieusement chez elle et démarrer une nouvelle expérience scientifique sur la décomposition des périssables du quotidien. Son garde manger regorgeait déjà de spécimens de ce genre. En cause : le métier d'auror laissait parfois son appartement vide de toute âme pendant des semaines. Pas de fleurs pour cette fois-ci donc. En plus, toutes ces plantes sentaient beaucoup trop bon pour que ce ne soit pas suspect.
Elle s'arrêta devant le bouquiniste dont la façade aveuglée par les sortilèges anti effraction semblait se lamenter derrière le ruban magique du bureau des aurors depuis l'été dernier. Urielle était souvent venu flâner chez M. Stonemoss. Il avait toujours eu d'excellents titres. Avec un soupir profond, la jeune femme passa son chemin pour ne pas se demander ce qu'il adviendrait de l'enseigne après le procès annoncé pour février.
L'heure tournant, elle finit par se mettre sur le chemin du pub où Johann lui avait donné rendez-vous. Ce n'était pas une adresse qu'elle fréquentait si souvent, le bureau ayant ses habitudes au Chaudron Baveur, comme beaucoup d'autres. Elle entra mais ne vit pas tout de suite son collègue du bureau de liaison. Il faut dire qu'il était allé se perdre à une table un peu en marge de la pièce principale. Le plus drôle étant qu'il mit plus de temps encore à s'apercevoir de sa présence à elle, ce qui la laissa arriva à sa hauteur et poireauter avec une petite moue narquoise sur ses lèvres fines, un peu trop fière de le surprendre.
« Tout ça pour ne pas avouer qu'avec mes exceptionnels talents de filature, tu n'avais aucune chance de me voir venir. », fit-elle, laissant ressortir ce naturel joueur qui faisait la patte des Grimm jusqu'à ce qu'ils soient en âge de porter la responsabilité de la famille ou de la forge. Et aucun de ces deux projets n'étaient au programme pour l'auror.
Son sourire franc fut la seule réponse qu'elle eut l'opportunité d'offrir à Johann, la serveuse faisant une apparition juste à ce moment-là.
« Bonsoir, vous êtes plus efficace qu'efficace vous. », fit remarquer Urielle dont le postérieur n'avait même pas eu le temps d'arriver jusqu'à la chaise. Il ne lui fallut pas dix secondes pour en déduire que Johann avait dû arriver un peu (trop ?) à l'avance et ne rien commander en attendant, « Pour moi ce sera une Grimmbergen pression s'il vous plait. »
Une bière allemande dont le nom rappelait étrangement le sien, c'était d'ailleurs la seule et unique raison qui l'avait poussée à y goûter, quelques années en arrière. Depuis lors, elle ne se rabattait plus sur la Vive d'Or qu'en cas d'extrême nécessité. Elle laissa Johan passer commande avant de s'enquérir :
« Alors finalement ta journée ? Est-ce qu'Henrietta du 2e est venue te casser les pieds ? »
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Johann n'étais pas austère malgré son cercle social restreint. C'était au contraire quelqu'un qui savait rire franchement lorsque la situation le demandait. S'il n'était pas vraiment du genre à faire lui-même des plaisanteries, sauf à ce qu'elles floppent, il était cependant un bon public. Aussi, la petite remarque d'Urielle lui arracha un rire certes bref, mais sincère. « Je n'étais pas spécialement difficile à suivre » répondit-il gentiment. Ce n'était pas pour rien que Jo' n'était pas Auror mais travaillait au bureau des liaisons. Utiliser un sortilège de désillusion pour suivre quelqu'un, un mage noir, un cruel bandit...? Très peu pour lui. Il préférait les conversations franches en forêt, même si cela signifiait qu'il pouvait se faire séquestrer et tuer. Son métier n'avait fait que renforcer la prudence qui avait toujours été la sienne. L'Irlandais était conscient des besoins, de la prudence à mettre en œuvre. Un coup de sabot était vite donné et les centaures n'aimaient pas les sorciers. Sans aller jusqu'à dire qu'ils l'appréciaient, il considérait que la relation qu'il avait tissée avec le clan avec qui il échangeait principalement était cordiale. Il était long de nouer des liens avec des animaux magiques. Bien qu'à divers égards, Johann les considérait personnellement comme des "êtres" parce que c'était un terme moins péjoratif à ses yeux "qu'animaux", les centaures se définissaient comme tel. Et il l'acceptait, parce que s'il y avait bien une chose qu'on devait respecter, c'était la manière dont ils se considéraient.
Le retour de la serveuse le sortit de ses pensées qui défilaient toujours aussi vite et la remarque d'Urielle le fit esquisser un léger rictus. L'employée devait se dire que cinq minutes de plus et elle le dégagerait à coup de sandale davantage qu'à coup de baguette. Elle repartit pour chercher leurs commandes et il rebondit sur la question de sa collègue : « Tu sais qu'elle est dans mon bureau dès que je suis au Ministère ? » demanda-t-il en levant les yeux au plafond. Henrietta n'était pas méchante mais juste... lourde ? « Jeff a plaisanté en disant que j'avais une touche, je vais finir par croire que c'est vrai ». Et ciel, il ne voulait pas de touche avec elle. Pas qu'elle soit laide juste plus âgée et surtout, trop trop lourde pour qu'il puisse la supporter. Johann était un ancien Serdaigle et ce n'était pas pour rien, il aimait les traits d'esprit et les conversations animées. Jeff quant à lui, était davantage dans la tranche d'âge de la dame. C'était un vieux sorcier qui allait bientôt se retirer du Ministère, mais c'était lui qui lui avait tout appris. Désormais, il envoyait plutôt Johann s'occuper hors du bureau pour faire lui-même la paperasse. Il prétendait être atteint d'une arthrose de sorcier très rare qui avait laissé les médicomages de Sainte-Mangouste sur les fesses. Mais Jo' pensait juste que c'était une excuse et qu'il avait la flemme. « A part Henrietta et ses histoires de tupperwares... C'était une journée correcte » - il se mit à rire, remercia la serveuse qui déposait leurs bières devant eux.
« Grimmbergen, une blague entre toi et toi concernant ton nom de famille ? » demanda-t-il en levant sa pinte pour boire à sa santé. « Slainte ! ». En bon irlandais qu'il était, il buvait de tout, se droguait à la Guinness et avait en adoration les bières rousses. Mais il ne disait pas non à une allemande non plus. Enfin, une bière allemande, quoi. Johann n'avait pas trop l'habitude de parler avec des collègues féminines, mais il savait bien que ramener le boulot dans une conversation autour d'une bière pouvait être mal venu. Les gens voulait décompresser après le travail, pas nécessairement s'épancher sur ce qu'ils avaient fait dans leurs dossiers. Pour autant, le travail d'Urielle était également intéressant, très différent de ce qu'il faisait. « Je suppose que toi aussi, tu préfères être partout que derrière ton bureau au Ministère ? ». Il ne fallait pas être un légilimens pour se douter que Jo' préférait traîner dehors que de ranger ses dossiers, les faire parvenir aux commissions ou pire, rédiger des rapports. Ce qu'il faisait quotidiennement, à son grand désespoir.
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Le retour de la serveuse le sortit de ses pensées qui défilaient toujours aussi vite et la remarque d'Urielle le fit esquisser un léger rictus. L'employée devait se dire que cinq minutes de plus et elle le dégagerait à coup de sandale davantage qu'à coup de baguette. Elle repartit pour chercher leurs commandes et il rebondit sur la question de sa collègue : « Tu sais qu'elle est dans mon bureau dès que je suis au Ministère ? » demanda-t-il en levant les yeux au plafond. Henrietta n'était pas méchante mais juste... lourde ? « Jeff a plaisanté en disant que j'avais une touche, je vais finir par croire que c'est vrai ». Et ciel, il ne voulait pas de touche avec elle. Pas qu'elle soit laide juste plus âgée et surtout, trop trop lourde pour qu'il puisse la supporter. Johann était un ancien Serdaigle et ce n'était pas pour rien, il aimait les traits d'esprit et les conversations animées. Jeff quant à lui, était davantage dans la tranche d'âge de la dame. C'était un vieux sorcier qui allait bientôt se retirer du Ministère, mais c'était lui qui lui avait tout appris. Désormais, il envoyait plutôt Johann s'occuper hors du bureau pour faire lui-même la paperasse. Il prétendait être atteint d'une arthrose de sorcier très rare qui avait laissé les médicomages de Sainte-Mangouste sur les fesses. Mais Jo' pensait juste que c'était une excuse et qu'il avait la flemme. « A part Henrietta et ses histoires de tupperwares... C'était une journée correcte » - il se mit à rire, remercia la serveuse qui déposait leurs bières devant eux.
« Grimmbergen, une blague entre toi et toi concernant ton nom de famille ? » demanda-t-il en levant sa pinte pour boire à sa santé. « Slainte ! ». En bon irlandais qu'il était, il buvait de tout, se droguait à la Guinness et avait en adoration les bières rousses. Mais il ne disait pas non à une allemande non plus. Enfin, une bière allemande, quoi. Johann n'avait pas trop l'habitude de parler avec des collègues féminines, mais il savait bien que ramener le boulot dans une conversation autour d'une bière pouvait être mal venu. Les gens voulait décompresser après le travail, pas nécessairement s'épancher sur ce qu'ils avaient fait dans leurs dossiers. Pour autant, le travail d'Urielle était également intéressant, très différent de ce qu'il faisait. « Je suppose que toi aussi, tu préfères être partout que derrière ton bureau au Ministère ? ». Il ne fallait pas être un légilimens pour se douter que Jo' préférait traîner dehors que de ranger ses dossiers, les faire parvenir aux commissions ou pire, rédiger des rapports. Ce qu'il faisait quotidiennement, à son grand désespoir.
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15.01.24
Urielle pouffa derrière sa bière, s'imaginant parfaitement bien Henrietta Higgins faire le pied de grue dans le bureau de son ami dès qu'il pointait le bout de son nez. Non pas qu'elle y avait prêté spécialement attention, c'était sans doute ses instincts d'auror qui n'avaient pas pu s'empêcher de le noter.
« Je serais toi je commencerai déjà à réfléchir à quelques excuses pour prendre la fuite quand elle fera le premier pas. », railla gentiment la rouquine qui ne faisait rien pour contredire Jeff. Merlin savait ce qu'une employée de bureau aussi zélée qu'Henrietta serait capable d'inventer pour provoquer l'opportunité. Mais elle ne doutait pas que Johann fut assez grand pour s'en dépatouiller si jamais l'amoureuse transie se sentait pousser des ailes... ou peut-être pas... « Enfin... »
Elle lui adressa un petit regard mi-taquin mi-inquisiteur. Il y avait tout de même une petite différence d'âge, de style, de tout qui lui laissait peu de doute quant à ce que Johann pouvait penser d'Henrietta. Mais il pouvait toujours la surprendre.
Trempant ses lèvres fines dans sa mousse, essaya de se rappeler de la dernière fois qu'elle s'était trouvé dans ce genre de situation. Excluant d'office toutes les rencontres douteuses du Marché aux Trolls, elle devait bien reconnaître que ça ne lui était peut-être jamais arrivé. En tout cas elle n'allait pas s'en plaindre, préférant de loin le camp de ceux qui ricanaient à celui de ceux qui devaient composer avec.
Finalement, elle choisit de lui faire grâce, s'intéressant à ce qu'il avait vraiment fait de sa journée au-delà des visiteuses indésirables qui avaient hanté son bureau.
« Écoute, elle est pas mauvaise, mais je suis sans doute pas tout à fait objective. », confirma-t-elle en levant la bouteille en verre en sorte que l'étiquette aux armoiries rouge et écru se trouve au niveau de son regard. « Cheers. », fit-elle avant de boire, par réflexe, directement à la bouteille (après tout, elle l'avait à la main juste à portée de ses lèvres).
Là-dessus, Johann reprit, ce qui les ramena au Ministère et à leur petite routine respective.
« Ne m'en parle pas. Je n'ai pas d'admirateur secret mais si j'ai la moindre occasion de fuir le bureau, je prends. » Le métier d'auror comportait son lot de paperasse et, par moment, cela contrebalançait presque le plaisir de partir à l'aventure. Mais les choses étaient ainsi faites qu'il était impossible d'échapper à ce devoir rébarbatif indéfiniment. Elle avait bien essayé de refiler le bébé à Siobhán et @Fergus Clearwater mais ça n'avait pas marché plus d'une ou deux fois, « Enfin, c'est pas tout à fait vrai. Après six mois de liaison à la BPM je dois avoué que le Bureau m'avait manqué. »
Juste comme elle disait cela, un type totalement ivre - du moins ça en avait tout l'air - déboula dans le bar, attirant tous les regards à lui en se prenant les pieds dans un tabouret...
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Johann était conscient que la plupart des gens sortaient souvent boire des coups avec leurs collègues, mais le fait est qu'il passait la majorité de son temps hors du Ministère. Il était donc assez rare qu'il ait des connaissances dans d'autres services et pour être tout à fait honnête, les sorciers du service d'identification et de sécurité le regardaient parfois suspicieusement. Heureusement que ce n'était pas le cas d'Urielle. Enfin, la différence sans doute avec les vieux croûtons de la sécurité résidait dans le fait qu'ils avaient plus ou moins le même âge, qu'ils s'était vaguement connus à Poudlard, et que travailler au Ministère permettait de ne pas avoir totalement perdu le lien. Cela dit, cela n'empêchait pas Henrietta de venir lui taper la discussion dès qu'elle voyait qu'il était au bureau. Si son malheur avait au moins le bon de faire sourire la rouquine, ma foi, Jo' serait ravi de plaisanter sur son propre sort. Il lui jeta un regard malicieux pour toute réponse à sa plaisanterie comme l'air de dire "après tout pourquoi pas". Il trouvait ça assez amusant de jouer sur l'idée qu'il pu se passer quelque chose entre cette sorcière et lui. La pauvre n'était pas vraiment son style mais est-ce qu'on pouvait vraiment dire qu'il avait un style, lui qui n'avait réellement connu qu'une femme dans sa vie ? Johann s'esclaffa de sa remarque et trinqua avec elle avant de goûter sa bière.
« Est-ce que c'est le Bureau et sa paperasse ou les collègues qui t'ont manqué ? » demanda le sorcier en levant les yeux au plafond, l'air de dire qu'il lui avait forcément manqué alors qu'il ne fallait pas exagérer. Parfois, l'irlandais aimait bien en faire des caisses.
Mais il n'eut pas l'occasion de prolonger sa plaisanterie qu'un ivrogne pénétra dans le bar et fit taire toutes les discussions alentours. Johann s'était déjà mis de grosses caisses - dans sa jeunesse surtout - mais il jugeait toujours un peu les gens qui se conduisaient comme des épaves. Peut-être que c'était parce qu'il avait atteint le grand âge de quarante années qu'il devenait rabat-joie ou bien alors il n'assumait pas du tout de ne plus être capable de tenir ce qu'il tenait avant... « Le pire truc que j'ai fait en étant ivre... » commença-t-il sans retirer ses yeux bleus de l'homme qui essayait de commander un shot de whisky pur feu, « ça devait être en cinquième année, j'ai confondu un boursouf avec une balle de beerpong, sauf que ce boursouf appartenait à une des filles du bar, qui était la fille de je ne sais plus qui, le Ministre de la Magie slovaque ou quelqu'un du style ». Ça avait tellement gueulé que... « Je me suis fais jeter du bar et j'ai fini la gueule la première dans une flaque de boue ». Heureusement qu'on l'avait relevé pour qu'il ne se noie pas, parce qu'il avait sacrément chargé. « Je ne sais même plus qui m'a ramené chez moi, mais c'était une belle âme » conclu Johann en reportant son regard sur son interlocutrice avant de boire une nouvelle gorgée de bière. Son ex l'avait encore plus jugé que n'importe qui d'autre et avait été absolument catastrophée par la bosse qui ressemblait à un oeuf qu'il avait sur le front. Il n'était pas certain de comment elle était née : soit c'était en se tapant la tête par terre, soit c'était un coup de poêle de la part de la propriétaire du boursouf. Il y avait assurément une poêle quelque part dans la soirée, mais impossible de se souvenir s'il se l'était prise en pleine tête. Il préféra ne pas en faire mention, alors que c'était sans doute le plus drôle dans l'histoire.
« Si ça peut te rassurer, je ne compte pas charger au point que tu doives faire la nounou avec moi ». Il accompagna sa phrase d'un clin d'oeil malicieux. De l'Irlande, Johann en avait retiré une certaine fierté qui constituait sans aucune doute son plus gros défaut. Mais avouer un épisode de sa vie aussi humiliant ne lui posait pas de soucis, dans la mesure où au delà de dix ans, il considérait qu'il y avait prescription. « Je suis sûr que tu as aussi des épisodes plus ou moins glorieux avec tes collègues du Bureau ». Il accompagna sa remarque d'un sourire plus franc. Allez Urielle... Tu peux tout dire.
(733)
@Urielle Grimm
« Est-ce que c'est le Bureau et sa paperasse ou les collègues qui t'ont manqué ? » demanda le sorcier en levant les yeux au plafond, l'air de dire qu'il lui avait forcément manqué alors qu'il ne fallait pas exagérer. Parfois, l'irlandais aimait bien en faire des caisses.
Mais il n'eut pas l'occasion de prolonger sa plaisanterie qu'un ivrogne pénétra dans le bar et fit taire toutes les discussions alentours. Johann s'était déjà mis de grosses caisses - dans sa jeunesse surtout - mais il jugeait toujours un peu les gens qui se conduisaient comme des épaves. Peut-être que c'était parce qu'il avait atteint le grand âge de quarante années qu'il devenait rabat-joie ou bien alors il n'assumait pas du tout de ne plus être capable de tenir ce qu'il tenait avant... « Le pire truc que j'ai fait en étant ivre... » commença-t-il sans retirer ses yeux bleus de l'homme qui essayait de commander un shot de whisky pur feu, « ça devait être en cinquième année, j'ai confondu un boursouf avec une balle de beerpong, sauf que ce boursouf appartenait à une des filles du bar, qui était la fille de je ne sais plus qui, le Ministre de la Magie slovaque ou quelqu'un du style ». Ça avait tellement gueulé que... « Je me suis fais jeter du bar et j'ai fini la gueule la première dans une flaque de boue ». Heureusement qu'on l'avait relevé pour qu'il ne se noie pas, parce qu'il avait sacrément chargé. « Je ne sais même plus qui m'a ramené chez moi, mais c'était une belle âme » conclu Johann en reportant son regard sur son interlocutrice avant de boire une nouvelle gorgée de bière. Son ex l'avait encore plus jugé que n'importe qui d'autre et avait été absolument catastrophée par la bosse qui ressemblait à un oeuf qu'il avait sur le front. Il n'était pas certain de comment elle était née : soit c'était en se tapant la tête par terre, soit c'était un coup de poêle de la part de la propriétaire du boursouf. Il y avait assurément une poêle quelque part dans la soirée, mais impossible de se souvenir s'il se l'était prise en pleine tête. Il préféra ne pas en faire mention, alors que c'était sans doute le plus drôle dans l'histoire.
« Si ça peut te rassurer, je ne compte pas charger au point que tu doives faire la nounou avec moi ». Il accompagna sa phrase d'un clin d'oeil malicieux. De l'Irlande, Johann en avait retiré une certaine fierté qui constituait sans aucune doute son plus gros défaut. Mais avouer un épisode de sa vie aussi humiliant ne lui posait pas de soucis, dans la mesure où au delà de dix ans, il considérait qu'il y avait prescription. « Je suis sûr que tu as aussi des épisodes plus ou moins glorieux avec tes collègues du Bureau ». Il accompagna sa remarque d'un sourire plus franc. Allez Urielle... Tu peux tout dire.
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15.01.24
« Mh laisse moi réfléchir... définitivement ma chaise de bureau ultra confort. », se moqua la rouquine.
Quand on voyait le trombine du mobilier au bureau des aurors, on pouvait difficilement passer à côté de la blague. Il était évident que ça n'était pas les fournitures de bureau qui lui avaient manqué le plus. Son passage à la BPM lui avait permis de prendre de la hauteur, de se rendre compte à quel point chaque service était en fait un petit clan dont certains toléraient plus ou moins bien les intrus. Elle s'était tout de même fait de bons amis à la BPM mais ça n'était pas la même chose.
A ce moment-là, un individu sérieusement imbibé apporta un peu de relief à l'ambiance assagie du bar. Il fallait dire que ce n'était pas encore tout à fait l'heure des murges mais ce triste sire-là ne semblait pas trop incommodé par l'heure. L'occasion idéale pour partager quelques anecdotes sur leurs heures de gloire respectives.
« C'est un concept, le boursouf-pong. Pas convaincu que les types de la SPAF approuvent cela dit. Ça fait mauvais genre pour un type du bureau de liaison... », en tout cas, elle, ça la faisait beaucoup rire à en jugeait par sa mine goguenarde. « Si ça se trouve je ferais ça très mal voire je me sentirai obligée de me mettre à niveau et il faudrait embaucher ce type pour nous raccompagner tous les deux. », insinua-t-elle comme il lui promettait de ne pas se mettre minable au point qu'elle doive le porter jusque chez lui. Ses racines irlandaises parlaient pour lui. Elle, continuait de siroter sa Grimmbergen tout en se disant que vraiment, non, elle n'arrivait pas à superposer cette image de mec bourré à celle de l'agent Maloff. Peut-être parce qu'il dégageait quelque chose de trop rassurant pour cela. Ça n'était pourtant une garantie de rien.
« Ahem, ben, il est pas impossible que j'ai donné mon soutif au Directeur de Gryffondor à l'époque après avoir fait quelques mélanges à la fête des frères Barton. Je crois que j'ai plus jamais fait une aussi belle déclaration d'amour d'ailleurs... »
Le fameux Directeur de Gryffondor qui faisait tomber les étudiantes comme des mouches au point que la moitié d'entre elles ne suivaient que dalle en cours de Potions ou se retrouvaient à demander de l'aide pour corriger leur mouvement de baguette au moment de remuer les concoctions. Surtout dans les rangs de Serpentard d'ailleurs... Même Urielle Grimm n'avait pas tenu la distance.
« Mais ça répond pas tout à fait à la clause "avec mes collègues du Bureau". Si je te raconte, je serais obligée de te tuer ensuite pour que @Fergus Clearwater n'apprenne jamais qui lui a mis de l'elixir de beau parleur dans sa bière au pot de départ de @Saúl Ochoa-Reyes. Sérieusement, je crois que ça fait très longtemps que je me suis pas pris une vraie cuite. »
La faute à son petit frère @Michel-Ange Grimm . Qu'attendait-il pour passer la bague au doigt d' @Apolline Dunn ? Ça, ç'aurait été une superbe occasion de prendre une murge.
.
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Pour Johann, la vie ne valait la peine d'être vécue que si on pouvait respirer l'air frais des Highlands. L'oxygène dans les hauteurs se faisait plus rare, la respiration demandait un petit temps d'adaptation, mais jamais le sorcier ne se sentait plus vivant que lorsqu'il avait besoin de ce jour ou deux pour respirer correctement. En fait, cela lui rappelait combien Londres était ce microcosme étrange, difficile d'en sortir, définitivement difficile d'y entrer également. Une partie de lui regrettait de ne pas vivre en ermite. Maintenant qu'il était célibataire après tout, qu'est-ce qui l'empêchait, sinon ses habitudes et ses vieux souvenirs, de vendre sa petite maisonnette cornouaillaise ? La Cornouailles avait cependant aussi ce charme des endroits peu habités, où le vent bat les rares arbustes et les maisons à longueur de journée. S'il avait été citadin, il aurait été dans la région d'à côté, à Exeter pour avoir des choses à faire. Mais l'agent du Ministère n'était pas assez sociable pour s'infliger une souffrance pareille. Aussi, naturellement, travailler en bureau ne lui convenait pas et il se sentait mieux dehors que dedans. Toutes ces informations permettaient de comprendre le ton légèrement moqueur qu'avait employé le quarantenaire. Aussi ouvert d'esprit qu'il était avec les centaures, il ne parvenait pourtant pas à comprendre que d'autres sorciers s'infligent cela. Vivre là où on le désire, c'est ce qui est le plus important. La béatitude de l'esprit permet de se sentir heureux. Si l'on est pas heureux, à quoi bon vivre ?
Peut-être que certains buvaient parce qu'ils étaient malheureux, d'autres parce qu'ils étaient heureux. Quoiqu'il en soit, Johann s'était mis des caisses avec ses amis, mais ne poussait pas le vice à boire seul, de peur de finir par avoir de très mauvaises habitudes. Cela ne l'avait jamais empêché de finir bien rond cela dit. « On finirait bien par retrouver un de nos chemins » tempéra Jo' en levant les yeux au ciel, « enfin je suppose ». Le chemin vers chez elle ou vers chez lui, tout ça pour qu'il finisse par dormir dans la baignoire parce qu'en bon gentleman britannique, il laisserait quand même le lit à la dame.
Quand Urielle se décida à confier sa plus grosse gaffe alcoolisée, Johann écarquilla d'abord les yeux avant d'éclater de rire. Il ne savait pas ce qui le faisait le plus halluciner. L'histoire elle-même, ou bien le fait que sa collègue se confie presque sur un événement invitant les sens à l'imaginaire. L'aplomb de la sorcière était charmant, réellement, car peu de femmes finalement auraient assumé un événement aussi honteux sans sourciller. Johann cogita une demi-seconde pour trouver quoi lui répondre qui soit suffisamment cavalier et non pas déplaisant. « Je pense qu'il a saisi le message ». Une pensée parasite commença à lui souffler qu'il pourrait essayer de deviner la couleur du soutien-gorge qu'elle portait mais il n'était pas un animal et de ce fait, l'agent du Ministère laissa la pensée filer. Il ajouta un léger clin d’œil avant de reporter sa pinte à ses lèvres et s'esclaffa à sa remarque suivante. « Les centaures ne boivent pas donc j'ai rarement l'occasion de lever le coude lorsque je suis dans les terres écossaises » commenta-t-il avant de finir sa pinte d'une traite et de lever le bras pour en recommander une. « Est-ce que je le dirai si tu te prends une cuite ? » - il fit le signe de "2" à la serveuse pour que celle-ci ne se déplace pas jusqu'à eux et revienne avec deux pintes, « nope ! ».
Peut-être que certains buvaient parce qu'ils étaient malheureux, d'autres parce qu'ils étaient heureux. Quoiqu'il en soit, Johann s'était mis des caisses avec ses amis, mais ne poussait pas le vice à boire seul, de peur de finir par avoir de très mauvaises habitudes. Cela ne l'avait jamais empêché de finir bien rond cela dit. « On finirait bien par retrouver un de nos chemins » tempéra Jo' en levant les yeux au ciel, « enfin je suppose ». Le chemin vers chez elle ou vers chez lui, tout ça pour qu'il finisse par dormir dans la baignoire parce qu'en bon gentleman britannique, il laisserait quand même le lit à la dame.
Quand Urielle se décida à confier sa plus grosse gaffe alcoolisée, Johann écarquilla d'abord les yeux avant d'éclater de rire. Il ne savait pas ce qui le faisait le plus halluciner. L'histoire elle-même, ou bien le fait que sa collègue se confie presque sur un événement invitant les sens à l'imaginaire. L'aplomb de la sorcière était charmant, réellement, car peu de femmes finalement auraient assumé un événement aussi honteux sans sourciller. Johann cogita une demi-seconde pour trouver quoi lui répondre qui soit suffisamment cavalier et non pas déplaisant. « Je pense qu'il a saisi le message ». Une pensée parasite commença à lui souffler qu'il pourrait essayer de deviner la couleur du soutien-gorge qu'elle portait mais il n'était pas un animal et de ce fait, l'agent du Ministère laissa la pensée filer. Il ajouta un léger clin d’œil avant de reporter sa pinte à ses lèvres et s'esclaffa à sa remarque suivante. « Les centaures ne boivent pas donc j'ai rarement l'occasion de lever le coude lorsque je suis dans les terres écossaises » commenta-t-il avant de finir sa pinte d'une traite et de lever le bras pour en recommander une. « Est-ce que je le dirai si tu te prends une cuite ? » - il fit le signe de "2" à la serveuse pour que celle-ci ne se déplace pas jusqu'à eux et revienne avec deux pintes, « nope ! ».
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15.01.24
Laissant de côté le tragique sacrifice de ce soutif qu'elle aimait bien sur l'autel de la murge, Urielle sourit. C'était de bons souvenirs même s'ils commençaient à lui paraître lointains. Plus insouciante que l'époque actuelle en tout cas, c'était certain. Urielle avait pourtant été une élève raisonnable et studieuse, la plupart du temps. Mais elle était une adulte plus libre de dire et faire ce qu'elle pensait.
Une petite moue compatissante effleura ses lèvres alors qu'il reconnaissait que lui non plus, n'avait plus pris une bonne cuite depuis longtemps. Et, joignant le geste à la parole, il fit signe à la serveur de rempiler pour un tour. Une deuxième pinte. Ca n'était pas ce qu'il y avait de plus raisonnable et pourtant Urielle ne se récria pas. Il semblait que la soirée allait les ramener à cet état si rare. Ce n'était pas un objectif en soi mais vu d'ici, on pouvait déjà dire que c'était une certitude.
« Fais gaffe Maloff, si ça se trouve je tiens mieux l'alcool qu'un irlandais. J'ai une bière presque à mon nom. », annonça-t-elle, joueuse, tandis que les deux pintes qu'il avait commandée arrivaient à leur table avec un petit bruit sec et sonore, « Mais promis, ça restera entre nous. »
Et de lever le coude la première, presque pour voir si la bière était bien la même que celle qu'elle avait commandé la première fois. C'était le cas. Avec un sourire de contentement, elle reposa la pinte devant elle avant de relancer la conversation.
« Tu seras là jusqu'à quand cette fois ? »
Elle n'avait pas besoin d'un dessin pour savoir qu'il allait tôt ou tard retourner à sa vie des Highlands, loin de la zizanie urbaine et des cuites déraisonnables. Et d'ailleurs, elle se demandait des tas de choses. A commencer par celle-ci, sans trop savoir pourquoi sur tout le reste, cette idée surnageait.
« Ta femme ne se languit pas trop quand tu pars en mission ? », question indiscrète à n'en pas douter, mais ne venait-elle pas de lui raconter la triste fin de soutif préféré ? Avec les métiers qu'ils faisaient, se conjuguer une vie de famille relevait de l'exploit, avec ou sans enfant. Urielle était admirative et d'ailleurs, c'était sans doute l'une des raisons pour lesquelles son célibat à elle avait tendance à s'installer. Elle avait bien eu une relation avec @Hank McFury. Entre aurors, la question ne se posait pas ou presque. Mais les choses avaient tout de même fini par tourner au vinaigre. Alors, elle se demandait sincèrement, ce qui pouvait faire tenir un couple sur la durée malgré la distance. @Fergus Clearwater en était un autre parfait exemple. Quelque part que ce soit lui ou Johann, ils avaient sans doute trouvé une forme d'équilibre à apporter à la recette.
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Les Irlandais avaient la réputation d'avoir un caractère fort particulier, ce que Johann n'avait jamais réellement compris. Lui n'avait croisé que des gens sympas dans son pays, même s'il y avait toujours quelques énergumènes qui avaient l'alcool mauvais. Il considérait que les touristes allaient toujours passer leurs soirées dans les pubs, pour s'imprégner de l'atmosphère - et pas que - et qu'ainsi, ils avaient plus de chances de tomber sur la zizanie que peut insuffler l'alcool. Pourtant, les gens étaient souvent joyeux en Irlande, douce ironie lorsque l'on connait un peu l'histoire tragique de cette si petite nation. Les stigmates étaient toujours présents, eux étaient l'héritage de tout ce qui s'est déroulé. Tous étaient des miraculés, miraculés que leurs aïeux aient survécus à la famine pour leur donner vie. Dans un sens, Johann leur était reconnaissant et quoi de mieux que de montrer sa reconnaissance à des Irlandais qu'en se mettant une murge. Il pensera à eux ce soir-là, si d'aventure Urielle se faisait aussi aventureuse qu'elle avait l'air de vouloir l'être. « Je suis Irlandais mais promis je ne suis pas si mauvais joueur » affirma-t-il alors que cela ressemblait à un grossier mensonge, « si tu veux qu'on joue à qui à la plus grosse descente, attend encore une pinte ou deux ». Il la regarda boire sa première gorgée et la suivi et failli s'étouffer avec le nectar qui prit le mauvais chemin. Pouvait-il avoir honte s'il n'en avait rien à faire ?
Lorsqu'elle lui demanda quand il repartait, il hésita entre lui répondre sincèrement ou jouer un peu avec le suspens, l'air de dire "maintenant que tu as trouvé un collègue de beuverie tu ne veux plus t'en séparer hein ?". Au lieu de cela, il lui sourit et répondit gentiment : « Sans doute mercredi prochain ». Les Highlands regorgeaient de belles surprises magiques mais pas que. De belles caves à bières maison également. « Viens me voir un de ces quatre » proposa-t-il spontanément, comme si ce n'était pas un peu bizarre, « les bières maisons, les écossais du Nord connaissent ça ». Il accompagna sa remarque d'un rire et bu une autre gorgée. En réalité, pour quiconque connaissait un peu Jo', on savait qu'il ne pensait pas mal en proposant cela. Il avait simplement le relationnel particulier. Il était souvent plus silencieux que les autres, peut-être aussi en léger décalage. Mais c'était plus ou moins flagrant selon ses interlocuteurs. Il avait la bière dans la bouche lorsqu'elle posa la question pour sa femme et heureusement, cette fois-ci, il ne manqua pas de s'étouffer... Bien qu'il aurait pu en réalité. Il ne s'attendait pas à une remarque et question si personnelle.
Jo' n'était pas vexé, dépassé ou paniqué à l'idée de répondre. En réalité, il faisait son deuil de sa relation, peut-être même qu'il avait commencé lorsqu'il la fréquentait encore. Leurs engueulades étaient si fréquentes qu'il ne les avait plus comptées sur la fin. Il avait probablement un peu honte de ne pas avoir choisi l'amour à son travail. Pourtant, c'était clairement ce qu'il avait fait. Choisir le Ministère plutôt que sa femme avec qui il était depuis si longtemps et qu'il aimait d'une passion sincère. « En toute honnêteté, ça m'a couté mon mariage ». Il avait dit ça d'un ton badaud un peu amusé, pas du tout gêné pour trois sous d'y répondre. Peut-être que la douleur se rouvrit discrètement dans son cœur mais il n'y avait rien que la bière n'effaçait pas. « Aujourd'hui je suis de nouveau libre comme l'air de m'exiler dans mes Highlands avec ma bière ». Il y eut un léger silence, qu'il combla malgré tout en ajoutant : « C'est très étrange de retrouver une forme de liberté qu'on avait plus tout à fait ». C'était grisant même, ce champ des possibles qui s'ouvrait. La possibilité de rentrer chez lui accompagné d'une jolie dame, ou bien trainé par un autre ivrogne parce qu'il aurait trop bu, sans être attendu par une nymphe les poings sur les hanches, prête à en découdre. Johann ne sut pas s'il pouvait lui retourner la question, mais se dit que de toute manière, ce n'était pas lui qui avait lancé la conversation et que peut-être, elle avait besoin de parler de ça aussi : « Et de ton côté ? Je doute que ce soit très facile non plus ». A dire vrai, le sorcier ne savait même pas si elle avait quelqu'un. Il ne s'intéressait pas vraiment à la vie des autres, en tout cas pas sur ces sujets. Sauf pour Henrietta, mais ça, c'était une autre histoire...
(768)Lorsqu'elle lui demanda quand il repartait, il hésita entre lui répondre sincèrement ou jouer un peu avec le suspens, l'air de dire "maintenant que tu as trouvé un collègue de beuverie tu ne veux plus t'en séparer hein ?". Au lieu de cela, il lui sourit et répondit gentiment : « Sans doute mercredi prochain ». Les Highlands regorgeaient de belles surprises magiques mais pas que. De belles caves à bières maison également. « Viens me voir un de ces quatre » proposa-t-il spontanément, comme si ce n'était pas un peu bizarre, « les bières maisons, les écossais du Nord connaissent ça ». Il accompagna sa remarque d'un rire et bu une autre gorgée. En réalité, pour quiconque connaissait un peu Jo', on savait qu'il ne pensait pas mal en proposant cela. Il avait simplement le relationnel particulier. Il était souvent plus silencieux que les autres, peut-être aussi en léger décalage. Mais c'était plus ou moins flagrant selon ses interlocuteurs. Il avait la bière dans la bouche lorsqu'elle posa la question pour sa femme et heureusement, cette fois-ci, il ne manqua pas de s'étouffer... Bien qu'il aurait pu en réalité. Il ne s'attendait pas à une remarque et question si personnelle.
Jo' n'était pas vexé, dépassé ou paniqué à l'idée de répondre. En réalité, il faisait son deuil de sa relation, peut-être même qu'il avait commencé lorsqu'il la fréquentait encore. Leurs engueulades étaient si fréquentes qu'il ne les avait plus comptées sur la fin. Il avait probablement un peu honte de ne pas avoir choisi l'amour à son travail. Pourtant, c'était clairement ce qu'il avait fait. Choisir le Ministère plutôt que sa femme avec qui il était depuis si longtemps et qu'il aimait d'une passion sincère. « En toute honnêteté, ça m'a couté mon mariage ». Il avait dit ça d'un ton badaud un peu amusé, pas du tout gêné pour trois sous d'y répondre. Peut-être que la douleur se rouvrit discrètement dans son cœur mais il n'y avait rien que la bière n'effaçait pas. « Aujourd'hui je suis de nouveau libre comme l'air de m'exiler dans mes Highlands avec ma bière ». Il y eut un léger silence, qu'il combla malgré tout en ajoutant : « C'est très étrange de retrouver une forme de liberté qu'on avait plus tout à fait ». C'était grisant même, ce champ des possibles qui s'ouvrait. La possibilité de rentrer chez lui accompagné d'une jolie dame, ou bien trainé par un autre ivrogne parce qu'il aurait trop bu, sans être attendu par une nymphe les poings sur les hanches, prête à en découdre. Johann ne sut pas s'il pouvait lui retourner la question, mais se dit que de toute manière, ce n'était pas lui qui avait lancé la conversation et que peut-être, elle avait besoin de parler de ça aussi : « Et de ton côté ? Je doute que ce soit très facile non plus ». A dire vrai, le sorcier ne savait même pas si elle avait quelqu'un. Il ne s'intéressait pas vraiment à la vie des autres, en tout cas pas sur ces sujets. Sauf pour Henrietta, mais ça, c'était une autre histoire...
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Rigueur Magique (RM):
(90/100)
Expérience Magique (XM):
(70/100)
Témoins de l'Histoire:
(0/0)
Inventaire:
Le million de mélanges de bière
Chemin de Traverse
15.01.24 Un sourire bravache se percha sur les lèvres de la jeune femme. Urielle n'était pas la première à faire tapis lorsqu'il s'agissait de jouer à qui a la plus grosse, peu importait la plus grosse quoi d'ailleurs. Pour peu que le jeu soit bon enfant, la rouquine en était. Et ce soir-là, elle en serait.
« Ok alors : DEUX PINTES SIOUPLÉ ! », lança l'auror à la cantonnade pour la seule oreille qui ferait quelque chose de cette information, puis, voyant son comparse faire fausse-route dès la première gorgée, elle éclata d'un rire franc et sonore, « Je vois que j'ai affaire à un professionnel ! »
C'était dit avec taquinerie, sans méchanceté aucune. D'ailleurs, cela ne freina en rien la conversation et Johann la conviait à le rejoindre dans sa retraite écossaise. Entre deux missions, c'était quelque chose qu'elle pouvait envisager et, après tout, même si ça n'était que pour une soirée, elle ne pourrait pas regretter d'avoir pris un peu de temps pour elle. La bière écossaise ne pesait finalement pas grand chose dans la balance. Et, comme elle ignorait encore que le laron était un parti libre, elle ne vit pas le mal dans l'invitation. D'ailleurs, ça ne ressemblait pas tellement au Johann qu'elle connaissait depuis Poudlard même si d'un peu loin. Le garçon n'était pas le genre à lui faire le coup de la panne au fin fond de l'écosse, moins encore à tromper sa femme.
Aussi, lorsqu'il avoua sans ambage que le boulot l'avait emporté sur la romance, Urielle prit un peu de recul. C'était une question qu'elle se posait souvent pour elle-même. Son travail était ce qu'on pouvait appeler une vocation envahissante et, il était vrai, elle n'avait pas envisagé de relation sérieuse depuis un bail. La faute au secret professionnel, aux planques à durée indéterminée, à l'intimité parfois dérangeante qui pouvait s'installer entre deux coéquipiers et qu'un conjoint n'aurait pas pu tolérer.
« Oh. », fit-elle, un peu soufflée par cette révélation, « Désolée, je voulais pas mettre les pieds dans l'plat. »
C'était un peu ce genre de conversation qui revenait cycliquement, entre les agents du Ministère. Curieusement, elle n'eut pas vraiment besoin de poser plus de questions pour se faire une idée du tableau. Une femme délaissée malgré lui. Le besoin de construire malgré l'absence. Les efforts désespérés pour empêcher le tout de partir à vaux-l'eau. Et finalement les disputes. Encore les disputes. Le schéma était assez classique pour qu'elle n'ait pas besoin de plus de détails. Mais curieusement, Johann ne semblait pas voir le tableau tout en noir. Il y avait du positif à être seul. C'était triste à dire et tellement vrai à la fois. Presque un rite de passage pour les agents du Ministère, du moins dans certains services. Sans qu'elle le vit trop venir, la question lui revint en pleine figure, malgré un certain tact.
« Moi ? La liberté ne me quitte que rarement. On ne va pas se mentir, y a des métiers qui ne facilitent pas les choses et puis, je crois que personnellement, si j'aspire à une certaine forme d'engagement, y a beaucoup trop de choses qui font peser la balance du mauvais côté. »
A commencer par le secret professionnel, si rude pour les conjoints. Les absences, qui ne valaient guère mieux. Parfois même l'impossibilité de seulement dire qu'on allait bien et qu'on se reverrait bientôt. Finalement, le seul choix valable pour un auror, c'était sans doute un autre auror.
« Mais ça ne m'empêche pas de m'amuser quand je trouve le temps long... », conclut-elle avec un sourire presque triomphant.
Elle reprit une longue gorgée de bière, très loin de se laisser abattre.
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