Haut Voltage (Aethelia)

Assis au milieu du restaurant le plus luxueux du Londres Magique, j’attendais mon invité de manière assez nerveuse. La décoration était merveilleuse, les tables drapés de blanc, avec des couverts d’une qualité exceptionnel. Les mets volés à travers la salle, au dôme de verre merveilleux, et dont l’ensemble des murs étaient couvert de tableaux magnifiques représentants les différents moments de gloire du monde des sorciers. C’était le meilleur restaurant du pays et aussi le plus cher. Aussi, venir ici avec Aethelia me faisait plus que mal au cul. Mais… Une promesse était une promesse, et en tant que représentant du Clan Korrigan, je me devais de la remercier pour ce qu’elle avait fait pour l’ensemble de ma famille… A savoir sauver ma belle sœur et Jameson Clearwater d’une mort certaine.
Un elfe de maison arriva, très bien habillé signe qu’ils étaient plus que bien traité dans cet établissement.

« Désirez vous boire du vin ? »

Je me cachais derrière la carte des vins justement, épiant l’entrée de la vélane et essayant de me concentrer pour ne voir que la haine que j’éprouvais pour elle afin que son don de Vélane soit amoindri sur moi. Si jamais ses charmes fonctionnaient, et que je passais pour un débile, voir pire que je me donnais en spectacle pour lui faire des avances : je pouvais dire adieu à Améthyste. Peut être que l’amour pour elle me sauverait. Quoi qu’il en soit, je n’étais pas en posture de force et je détestais cela.

« Je vais prendre le Château Welligton. Celui à 560 Gallions. A s’prix là, il a intérêt d’être bon et elle a intérêt d’en boire... »

Je fis une grimace. Je n’étais pas pingre, bien au contraire. Mais dépenser une fortune pour toute cette comédie ça me faisait quand même mal au derrière. Mais bon, je voulais montrer à Aethelia que j’avais une grande considération pour son geste, même si c’était une harpie. Elle arriva finalement et je me levais immédiatement pour la saluer. Les charmes firent leur effet et je contractais la mâchoire en tirant la chaise pour qu’elle s’asseoit. « Allez Luke, retire la chaise quand elle s’assoit ! » hurla une voix dans ma tête. Mais bien sur, que je n’écoutais pas.

« Je suis ravi que tu aies accepté la proposition. J’espère que l’endroit te plaira. Il a l’avantage d’être réputé et fréquenté par de nombreux magistrats et sorcier haut placé. Des fois que tu essaies de me tuer sur place... »

Je lui fis un léger clin d’oeil. Pourquoi j’avais fais ca. Le visage d’Améthyste passa devant mes yeux et je retrouvais tout mon courage. Revenant en face d’elle, je m’installais. L’elfe revint pour me servir et me demander de goûter le vin, mais je désignais plutôt la personne en face de moi.

« On est en 2024. Les femmes savent apprécier le vin il me semble. » dis-je simplement

J’avais quand même mes bonnes manières. Attendant qu’il fasse son office, je sortis ensuite une sphère de verre de l’intérieur de ma veste et je la posais sur la table. On y voyait une ruche magnifiquement ouvragée et réduite pour qu’elle tienne dans la sphère.

« Cette invitation, et également ce cadeau, est une manière de te remercier pour ce que tu as fait pour Maeve. J’y tiens beaucoup et j’ai été surpris que tu agisses ainsi. »

Je marquais une pause.

« Ce sont des Osmia Calaminthae. Une connaissance me les a ramené de Floride pour toi. Elles sont si rare qu’on les pensait disparu. Je suis certains que ce présent te plaira. » dis-je simplement en prenant à mon tour mon verre de vin à 560 gallions...

Toujours assis, je fis tourner le verre de vin devant moi avec un léger sourire. L’observant alternativement elle et le verre, je ne pus m’empêcher de pouffer légèrement quand à sa remarque sur le vin. Le posant avec délicatesse, je relevais mon regard vers elle pour dire :

« Je sais que ça ne paiera pas la dette. C’est pour cela que tu n’as droit qu’à un vin modeste et très cher parce qu’il est britannique et non français. Le prix est élevé, et la qualité médiocre. Au final seul l’apparence le rend beau et le fond ne vaut pas son pesant d’or. Ca ne te rappelle personne ? »

Autant lui montrer que je ne me laisserai pas faire face à ses menaces. Observant les fleurs, qui avait tout autour de la ruche miniaturisé et des abeilles d’un bleu océan, je me permis de rectifier.

« Il y a aussi des abeilles. Je sais que tu les affectionnes. Tu vois, je peux me montrer aimable. »

Je soupirai et j’attendis un peu. Préférant focaliser ma concentration sur la suite de la conversation. Je voulais savoir pourquoi elle avait sauvé Maeve et surtout qu’elle était sa contre-partie. Sans plus attendre, alors que les serveurs commençaient à nous apporter à manger (puisque j’avais commandé un accord met/vin déjà prêt comme il se faisait beaucoup dans ce genre d’établissement), je gardais les yeux fixer sur elle tout en m’accrochant à Améthyste.

« Je vois que ton petit moineau t’apporte toutes les informations nécessaires. »commençais-je d’un air amusé « J’espère que tu ne comptes pas l’impliquer dans nos différents et que tu ne t’en sers pas pour m’atteindre. Eynaelle est une fille charmante, et je pense qu’elle a bon fond. Mais… tout le monde sait à quel point je peux paraître naïf avec mes étudiants. »

Je me contentais de sourire. Puis, je fis tourner l’entrée devant moi en l’observant d’un air curieux. La magie avait été rajouté au plat pour que des éclats de différentes couleurs changent en fonction de l’endroit où l’on regardait l’assiette. Un travail de métamorphose impressionnant.

« Qu’est ce que tu veux en échange de la vie de Maeve, je peux savoir ? » demandais-je en relevant le nez et en prenant mon verre. « Oh, et ne me fait pas une crise de jalousie vis à vis de ma nouvelle compagne. Si m’atteindre avec la mort d’Ether est ta seule stratégie ça prouve à quel point tu es perdue ma pauvre Aethelia. »

15.01Je n’arrivais pas à faire semblant. Finalement, je croisais les bras derrière mon verre de vin, l’écoutant encore une fois me déverser sa haine. Elle me reprochait toujours la mort de sa sœur, mais, elle n’avait pas eu conscience d’une chose. La colère pouvait se lire dans ma voix et on pouvait également percevoir une profonde haine. Qui chassait assez bien les charmes de Vélane au final.

« Elle est morte parce que sa famille l’a renié et que personne n’était là pour nous dire comment mettre au monde deux hybrides. » dis-je brusquement

Parce que oui, ce jour là au Chateau familial, nous avions été dépassé et à cause de cette particularité. La physionomie Vélane nous avait totalement échappé, et Ether avait refusé qu’une Gavalagh soit présente pour l’assister, malgré le fait que j’eus insisté comme jamais. Alors, si on devait réfléchir à la responsabilité de sa mort…

« Au final, on se reproche la même chose. »

Je pris mon verre de vin, et coupant toute bienséance je le vidais d’un trait. Me resservant d’un coup de baguette, je continuais de la regarder dans les yeux. Elle aimait les abeilles en liberté, mais pas les elfes de maison, ça en disait long sur sa façon de traiter les autres. Roulant des yeux à la remarque sur le fait de me mettre en cage, je me mis alors à ricaner, le vin faisant un peu son effet.

« Tu aimerais trop ça, et pas sûr que tu n’arriverais à me supporter. »

Je continuais de boire, mais plus calmement. Alors que le serveur arriva pour nous apporter la suite, des mets dressés et raffinés comme jamais, je mis ma serviette blanche autour de mon cou comme un enfant et je commençais à manger tranquillement tout en répondant. Il en fallait plus pour me couper l’appétit.

« C’est pas de ta fille que j’essaie de l’éloigner, mais de toi. Allons allons… Tu sais très bien pourquoi j’ai caché la vérité à ma fille. Simplement parce qu’Ether me l’a fait promettre, car elle avait peur qu’elle finisse comme toi. J’étais contre, car j’étais persuadé que l’on pouvait élevé quelqu’un sans qu’il ressemble à une autre personne. Mais Ether n’en était pas convaincu. Au final, ce n’est pas de sa nature que je l’ai protégé durant toutes ces années. Mais simplement de toi… Et je dois dire que jusqu’à maintenant, j’avais plutôt réussi. Mais... »

Commençant mon carpaccio de dorade, bien assaisonné, je relevais le nez vers elle et je la pointais avec ma fourchette :

« Le revers de la médaille. On idéalise et on convoite ce qu’on ne peut avoir. C’était là mon erreur. J’aurai du trahir la parole faites à Ether et l’éduquer avec des personnes qui maîtrisent leur don et qui s’en serve pour faire le bien. Mais je ne suis qu’un homme, avec ses faiblesses. Que veux-tu. »

Reprenant un peu de vin, le fait que Morana est essayé de me trahir me laissa un instant perplexe… Mais si on prenait les éléments un à un, c’était plutôt logique. Aethelia voulait ma vie plus que tout au monde, et Morana tenait à Maeve plus que n’importe qui en ce monde. Aussi, ce marchandage était plus que logique et honnête.

« Marchandage honnête, à vrai dire. C’est une bonne compensation, tu aurais du accepter son offre. Ca sera difficile de faire mieux. »

Je continuais de manger. Puis finalement, je ne pus m’empêcher de dire tout en m’installant confortablement.

« Tu sais, quand on est à ce point obsédé par une personne, on appelle ça l’amour. Je suis déjà pris Aethelia, j’en suis navré... »

C’était bien sûr du sarcasme.

« Ta compagnie est moyenne. Je t’imaginais plus diplomate que cela… Et moins agressive. Tu meurs d’envie de me tuer, ca transpire de partout. Tu ne veux pas profiter du repas et faire une trêve pour que l’on trouve un terrain d’entente pacifique hm ? »

Plusieurs tiques nerveux commençaient à apparaître sur mon visage. D’un rapidité étonnante pour mon âge, je pris mes lunettes rondes et j’entrepris de regarder la carte pour la suite dans un silence assez long. Je réfléchissais au meilleur moyen de lui répondre, bien que j’étais contrarié par sa simple présence. Ca avait peut être été une erreur d’agir ainsi.

« C’est un reproche qu’on me fait souvent, et je dois croire que vous avez tous raison. Effectivement, je ne suis pas à la hauteur. Mais je mène ma barque comme je le peux au gré des vents ma chère Aethelia. »

Je passais mon regard par dessus la carte des desserts et je la fixais sans la lâcher des yeux. Même si ses charmes me coûtaient, j’essayais de maintenir l’amour que j’avais eu pour Ether et la haine que j’avais pour la personne en face de moi sur le devant de la scène pour qu’ils m’affectent le moins possible.

« Elle est grande désormais. Pour faire ses propres choix et de choisir les héritages qu’elle désire. Ma promesse envers Ether s’est arrêté à partir du moment où elle a été mise au courant. »

J’inclinais la tête quand elle déclara qu’elle me haïssait. Comme un compliment, je fis une petite révérence avec ma main libre me contentant simplement de sourire :

« Le contraire aurait été étonnant. Sache une chose. »

Je fermais la carte et je la posais avec soin sur la table. Me rapprochant d’elle, comme deux amants dans la confidence, mes paroles n’avaient absolument rien d’affectueux. Je pris un ton froid, glaçant et très lent. Pesant chacun de mes mots.

« La dette des Cynfeirdd ne concernent qu’eux si tel est ton désir. En revanche, sache que pour Siobhan... »

Je relevais mes yeux bleus vers elle et je déclarais :

« Que désormais, elle est libre. Je ne la contraindrais plus. Elle fera ses propres erreurs, et se rendra compte de ton véritable visage au moment opportun. Et crois, je l’ai éduqué et je sais ce qu’il adviendra. Quand elle apprendra la vérité, quand elle comprendra, elle n’aura pas ma clémence ni ma patience. C’est ma fille. Je lui confierai ma vie les yeux fermés et je sais que, le moment venu et malgré les erreurs de parcours, elle fera les bons choix malgré tes paroles vénimeuses plus fortes que les plus grands enchantements existants. »

Je lui fis un léger clin d’oeil, et je lui souris en coin assez sur de moi. A vrai dire, je n’en étais pas certains du tout. Mais je ne le montrais absolument. Tendant la carte au serveur, je me contentais simplement de dire :

« Nous allons prendre tous les deux le dessert intitulé : Haut Voltage. Ca résume bien notre petite liaison. »

Je regardais le serveur partir, me foutant de décider à la place d’Aethelia. Mes yeux se reportèrent sur elle et je poursuivais, avec toujours ce calme olympien malgré la situation.

« L’entente est simple. Je n’intéragis pas, je fais une confiance aveugle à ma fille. Nous créons nos propres démons et nous traçons notre propre destinée. Fais ce que tu voudras. »

Je la fixais dans les yeux et je déclarais sur le ton de la conversation, de manière douce et lente :

« Mais s’il lui arrive malheur par ta faute, je détruirai tout ton essaim sans pitié et je t’effacerai de l’existence au milieu des cendres de tout ce que tu as bâti. »

Je regardais le serveur faire, et je n’eus pas le temps de réagir. Dans un silence mesuré, je fis claquer ma baguette pour faire s’enlever immédiatement le vin de mon corps. Le serveur se répandit en excuse alors que les charmes de la Vélane étaient en train de se dissiper. Me levant, ma baguette toujours à la main, je mourus d’envie de lui lancer un sort impardonnable dans le dos, comme ça, aussi brutalement que cette pensée s’accrochait à mon esprit. Au moins, elle ne serait plus une menace et ce serait terminé. Finalement, je rangeais ma baguette, et je me rassis. On changea de serveur, pour ne pas me froisser, et deux desserts arrivèrent devant moi :

« Hé bah voilà ! Elle sait pas ce qu’elle rate ! Oh ce n’est rien. » dis-je au serveur « Je pense qu’elle a toujours été jalouse parce que j’ai préféré sa sœur à elle. Je suis certains qu’elle avait un crush sur moi. Que voulez vous… ce que femme veut ! »

Le serveur me regarda étrangement, signe qu’il n’était pas vraiment de cet avis. Sans crier garde, je me mis alors à manger mon premier dessert, sous les regards tournés vers moi suite à la petite scène qui s’était déroulé sous leurs yeux.

« Vous n’avez donc rien à vous dire ? Vous vous ennuyez tellement entre vous que vous préférez me regarder ? Mais venez, je vous en pris, installez vous ! »

Tout le monde détourna le regard, et morose, je finissais rapidement mes deux desserts, posaient la grosse somme sur la table, et d’un claquement de cape, je sortais d’ici pour me rendre à Poudlard.