all that we get [iris]

INFOS FICHE DE PERSO

ALL THAT WE GET

26 mars 2022 - idem ⟠ @Iris Faux-Orpin

What if this is all that we get?
All that is dealt to us
And is that really not enough?
There are many places to go
Faces we'll never know
But I got you and that's enough
That's more than enough

Pourquoi tout le monde semblait partir en expédition ces derniers temps?
Nero n’avait pas chômé de la matinée, lui qui pensait accepter un emploi banal pour sa sœur, la dernière année l’avait contredit. Ce n’était rien de pire, il avait déjà travaillé beaucoup plus dans des conditions beaucoup plus terribles, mais il mentirait s'il ne se disait pas surpris de la quantité de vas-et-vient de la Fondation.

Il appréciait le job. C’était manuel, prévisible. Cela lui donnait la chance de travailler à l’extérieur occasionnellement. Bien qu’à certains égards, les métiers étaient similaires, la charpenterie lui manquait. Il appréciait d’autant plus les moments où Astrid demandait l’aide de ses services, désormais. Ça le faisait se sentir utile.
Enfin, plus utile qu’inventorier de l’équipement pour des explorateurs aspirants à devenir ce que leur père était devenu: un fantôme aux yeux de leur famille.

Nero avait tenté de remonter pour une petite pause café toute la matinée, en vain. Il fut constamment harcelé, le maintenant dans ses entrepôts: des selles de sombrals pour l’expédition de O’Malley (qui évidemment avait oublié d’envoyer une requête officielle à l’avances), des boussoles enchantées pour la sortie des stagiaires, 15 paires de cache-oreilles contre les chauves-souris voraces du Pérou et un retour de 8 caisses ramenés d’une fouille en Turquie.

Il réussi à s’échapper aux alentours de 11h30 uniquement, et après avoir laissé une note rapidement gribouillée sur son heure de retour, il fila comme une flèche. Il savait exactement où il allait: le hall d’entrée.

Elle se tenait derrière son comptoir, tout sourire. Elle était loin de la femme qu’il avait vu la première fois, et pourtant, il ne pouvait complètement ignorer ses airs de détermination, une fois qu’on savait qu’ils étaient là. Iris Faux-Orpins. Un nom qu’il avait appris à utiliser en même temps qu’elle, quoiqu’il se permettait de déroger de la règle du faussaire lorsqu’ils étaient seuls… Quelque part, Nero trouvait important de respecter son identité: il se doutait bien que bien que l’identité d’Iris lui ait ouvert de nouvelles portes, elle devait apprécier de garder une partie de Nyéléni en vie.

Nero ne savait pas exactement comment les choses se déroulaient à leur atterrissage, après tout, il n’avait jamais fait passer des réfugiés avant. À leur arrivée, bien qu’il aurait voulu se détacher de cet événement, il réalisa bien vite qu’il ressentait une part de responsabilité trop grande envers elle pour entièrement la laisser à son sort sur la piste d'atterrissage de Londres. Alors, il l’avait aidé à se trouver un emploi à l’IDEM: il n’y travaillait pas lui-même depuis longtemps, mais le nom MacGregor pouvait avoir ses avantages par moment, surtout dans cet établissement.

Bien vite, elle devint une partie importante de son quotidien, une amie avec une histoire particulière, sans qu’il ne s’en rende compte. C’était la meilleure manière de s'inséminer dans la vie du sorcier à la carapace difficile à percer: de force d’abord, puis lentement, régulièrement, sans qu’il n’ait la chance de s’échapper avant de remarquer les changements. Et puis éventuellement, il serait tellement habitué qu’il ne voudrait plus voir la personne partir.

Et Nyéléni avait réussi cet exploit d’une manière créée expressément pour Nero: son café.
Il était un adepte de cette boisson chaude avant son arrivée, mais depuis son entrée à l’IDEM, elle et son talent de barista avaient créé une addiction chez lui si profonde qu’il ne pouvait résister à l’une tasse.

Toutes les excuses étaient bonnes pour une pause café préparée par Nyéléni.

Il tapota légèrement le comptoir de ses mains avec un sourire et, après un furtif coup d’oeil autour pour s’assurer qu’ils n’étaient pas entendu, la salua avec un “Bon matin, Ny!” entendu, à mi-chemin entre l’espièglerie et l'embarrassement. Depuis son arrivée à l’IDEM, Nyéléni avait créé un monstre de lui-même. Elle savait certainement ce qu’il venait chercher, puisqu’il passait rarement une journée sans venir quémander sa dose de caféine.

Avec le temps, il s’était un peu détendu avec elle (d’où le surnom). Le fait qu’elle connaisse ses secrets et qu’il connaisse ses siens l’aidait à mieux respirer, en quelque sorte. Il lui faisait confiance, ce qui arrivait rarement désormais.

“Grosse matinée?” demanda-t-il, pour faire la conversation. Cela semblait si banal, comme scène. Jamais il n’aurait cru se retrouver dans les bureaux de son père, à parler de la pluie et du beau temps en partageant un café, et il était convaincu que ce n’était pas ce que Nyéléni avait imaginé non plus lorsqu’elle pensait à sa nouvelle vie.
Cependant… il ne pouvait pas dire que ce n’était pas suffisant.

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Iris Faux-Orpin avait ses petites habitudes. Elle arrivait tous les matins à 8h précise, bien avant un certain nombre de ses collègues, retrouvait son bureau derrière la banque de l'accueil bien en ordre comme elle l'avait laissé la veille et ensuite, elle remplissait sa première tasse de café de la journée. D'ailleurs elle ne prenait pas n'importe quelle tasse mais sa tasse à elle. Un petit récipient au fond rebondi, orné de fleurs rouges et jaunes dans un style créole depuis longtemps considéré comme vintage. Elle avait trouvé ça au marché aux trolls, sous le pont de Londres, ainsi que quelques autres pièces dans le même style qui donnaient son cachet si particulier au minuscule studio qu'elle louait au-dessus de la boutique du fleuriste, sur le chemin de traverse. Cela faisait partie de son personnage. Des petits points d'ancrage anodins qui donnaient corps à Iris Faux-Orpin et auxquels Nyéléni avait fini par s'attacher. Ce café, avec sa cuillère qui tournait et tournait perpétuellement, était la garantie d'une journée qui commençait bien. Et comme elle était plutôt généreuse et que son café était véritablement le meilleur du monde, elle avait pris l'habitude d'en préparer quelques thermos et d'en distribuer à qui arrivait à l'accueil avec sa tasse et un bonjour.

Elle s'était plutôt bien adaptée à sa vie londonienne, mis à part le froid qui lui semblait n'avoir jamais de fin. C'était sans l'ombre d'un doute grâce à Nero McGregor qui n'était jamais bien loin. Personne n'aurait pu deviner qu'elle s'attache à l'écossais si on prenait en compte le point de départ de leur amitié. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, quelque chose s'était créé qui avait perduré dans le temps. Nyéléni prenait cela comme la confirmation que Nero n'était pas l'homme détestable qu'il prétendait, convaincue que derrière la façade qu'il offrait à voir à tous, il n'y avait qu'un bon coeur, malmené par la vie. D'ailleurs il ne manquait pas une occasion de le lui prouver, bien malgré lui. Aussi, leur pause café quotidienne faisait-elle partie de ces rituels auxquels elle ne dérogeait jamais. Mais ce jour-là, Nero tardait à venir.

La moitié des effectifs étaient d'expédition. Et avec les stages, ce chiffre était en train de monter en flèche, ajoutant une surcharge de travail que les différents services de l'IDEM absorbaient du mieux qu'ils pouvaient. Iris, qui était d'un naturel bienveillant et très accueillant, ne se départissait plus de son sourire - celui qu'elle dédiait toujours aux personnes qui accostaient à son bureau en quête de renseignement. Une prise de rendez-vous avec Imelda McGregor ? Impossible en ce moment mais n'hésitez pas à vous rapprocher de son secrétariat d'ici le mois de novembre. Une demande de stage en retard ? On pouvait certainement faire quelque chose. Une lettre de mission égarée ? Iris s'occupait de vous aux petits oignons et c'était pour cela que tout le monde l'appréciait. Toujours avenante mais au-delà de ça, lorsque c'était Nero qui s'arrêtait à l'accueil pour cette fameuse pause café, elle était presque une autre personne.

Elle l'était en vérité puisqu'il était le seul à donner à son prénom cet accent entendu qui promettait de ne pas oublier qui elle était vraiment. Quand il n'y avait pas d'oreilles pour traîner dans les parages, il avait ce Ny, comme un petit rappel savoureux qu'elle n'avait pas totalement disparue à la faveur de la secrétaire de l'IDEM. D'ailleurs jamais personne n'avait eu l'idée d’abrévier son prénom de la sorte. Elle se rappelait qu'on l'eût souvent appelée nénette étant enfant mais ce Ny avait son charme propre. Comme un petit jardin secret dans lequel elle n'avait laissé entrer personne d'autre et de fait, elle serait toujours un peu plus avec Nero qu'avec les autres.

« Je n'étais pas loin de te descendre un thermos. », avoua-t-elle au bout d'un sourire. Elle l'aurait fait, assurément, puisqu'elle se doutait bien qu'à l'équipement, il était en première ligne devant l'augmentation d'activité printanière.

« Tu m'en diras tant. Ça frôle la crampe aux zygomatiques ici et en bas ? Est-ce que le petit garçon maigrelet qui fait son stage avec Irvin est arrivé jusque chez toi ? »

Elle préférait poser la question tant qu'elle y pensait parce qu'en l'envoyant à l'équipement, elle était à peu près sûre qu'il n'arriverait pas à destination, soit parce qu'il n'aurait rien compris à l'itinéraire à suivre soit parce qu'il aurait eu trop peur de son ombre. Et s'il s'était perdu en rêvassant dans les couloirs, il fallait s'inquiéter de l'endroit où il avait atterri. Il n'y avait pas que de belles décorations entre les murs de l'IDEM. Un accident était si vite arrivé...

« Tiens, un poil plus corsé comme tu l'aimes. », fit-elle en lui servant son café.

S'il était si bon, c'était que c'était la recette de sa grand-mère. Mais quand on lui posait la question, elle répondait toujours que c'était parce qu'il était fait avec amour.

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26 mars 2022 - idem ⟠ @Iris Faux-Orpin

Nero expira brusquement, ce qui pour lui pourrait presque compter comme un rire, lorsqu’elle lui mentionna son idée de thermos. “J’aime comment tu penses.” répondit-il avec un sourire dans la gorge, mais il évita d’admettre que leur conversation lui aurait manqué. Il aimait bien en profiter pour venir bavarder un peu, ne serait-ce que le temps de quelques minutes. Depuis les 15 dernières années, il semblait que tout ce qu’il faisait était de constamment travailler pour s’occuper, mais la surcharge commençait doucement à le rattraper, si bien qu’il appréciait de plus en plus ces petites pauses. Sa productivité en souffrait, cependant, mais c’était sa propre faute pour avoir élevé la barre de l’efficience aussi haute au fil des ans.

“Petit garçon maigrelet?” répéta-t-il, cherchant dans sa mémoire les visages qu’il avait vu dans la matinée. “Mh… Non, ça ne me dit rien.” Il secoua la tête, repensant au chaos des dernières heures. Principalement causé par des sorciers explorateurs trop rêveurs qui n’avaient que faire des protocoles, le laissant lui et ses collègues à combler le manque le mieux qu’ils le pouvaient. Et évidemment, ces sorciers s’offusquaient quand tout n’était pas prêt quand ils le voulaient, extériorisant leur mécontentements sur lui et ses collègues… Ce n'était pas de sa faute si ils ne savaient pas remplir leurs demandes! Stupide O’Malley… Si seulement je pouvais lui mettre la main au collet un de ses jours. pensa-t-il, amer.
Décidément, Nero n’était pas un homme de bureau…

Il fut coupé dans son grommèlement intérieur par Iris qui plaçait une tasse devant lui. Comme un remède magique, les vapeurs alléchantes du liquide chaud eurent vite fini de chasser ses problèmes loin de la pensée.

“Merci.” dit-il simplement, apportant la tasse à ses lèvres avec un sourire satisfait. Mmh. Il ne savait pas comment elle le faisait aussi délicieux. Il n’était pas difficile en matière de café, d’ailleurs, sa soeur (@Marleen MacGregor) l’avait souvent réprimandé pour la facilité qu’il avait à ingérer n’importe quel type de café filtre, même ceux servi dans une tasse en styromousse. Mais celui d’Iris était… d’un autre monde.

Bien que ce ne l’avouerait jamais, il appréciait que quelqu’un le connaisse un peu plus, ne serait-ce qu’en sachant comment il buvait son café. Il ne se rappelait plus la dernière fois qu’il avait laissé un étranger l’approcher d’aussi près. Pendant si longtemps, il avait bâti ses murs et érigé ses défenses, gardant pratiquement tout le monde à une distance sécuritaire, pour lui comme pour eux. Bien qu’à plus petite échelle, même sa famille avait hérité d’un traitement similaire, la première fois qu’il avait joint la Main. Nero trouvait cela plus facile, de garder les gens loin du cœur. Il savait ce que ça faisait, de laisser entrer les gens trop près, dans le monde d’aujourd’hui.

Mais Iris ne lui avait pas tellement laissé le choix. Bien qu’il la voyait au départ comme sa responsabilité, au travers ce rôle, elle s’était lentement forgée une place d’amie, un peu malgré lui. Et si par moment, il lui arrivait de se fermer à ses questions, à refuser d’en dire plus sur lui-même, ou de disparaître pendant un temps, il était tout de même secrètement reconnaissant qu’elle soit là. Et la responsabilité qu’il ressentait envers elle le poussait vers l’avant, au même titre que la responsabilité qu’il ressentait pour sa famille… c’était pour lui une manière de se sentir utile. De justifier ses choix, justifier sa présence. Il devait admettre que ça faisait du bien de… de ne pas constamment montrer les dents.

Et aussi stupide soit-il, il était content qu’elle connaisse son implication dans la Main. Ça lui faisait une personne de moins à qui il devait mentir, et inconsciemment, ça faisait une grande différence.

Il leva les yeux vers la sorcière, sortant de ses pensées. “Stagiaire de Irvin, tu as dit?” Il frotta son visage d’une main. “Ce n’est certainement pas Irvin qui va partir à la recherche d’un stagiaire perdu, même si c’est le sien…” marmonna-t-il, réalisant qu’il aurait probablement à le faire. “Surtout si c’est le sien.”

“Faudrait probablement le retrouver avant qu’il se retrouve par accident sur une expédition en route pour le Népal…” soupira-t-il, se retournant pour appuyer son dos contre le comptoir, reposant son poids sur ses coudes, ne montrant aucun signe qu’il comptait s’activer. “Ou pas, si ça se trouve il va retrouver son chemin.” suggéra-t-il en plaçant la tasse à ses lèvres à nouveau, jetant un regard en coin à Iris. Il se doutait bien qu’elle ne serait pas du même avis, mais Nero se trouvait drôle.

Bien qu’il blaguait, si il ne s'agissait pas de la présence d'Iris et de son compas moral, il savait pertinemment qu'il n'aurait eu aucun problème à laisser l’idiot à son sort, perdu dans les couloirs.

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Un demi-sourire pointa sur les lèvres d'Iris en écoutant Nero tourner autour du pot. Elle voyait bien que passer sa pause à courir après un benêt perdu dans les couloirs ne l'enchantait guère.

« Il ne va peut-être pas embarquer avant que nous ayons fini notre café. »

Quelque part, rien ne l'obligeait à l'accompagner mais elle ne le lui ferait pas remarquer car elle n'avait pas envie de se priver d'un moment en sa compagnie. Iris avait peu de véritables amis. Devoir mentir en permanence ne lui permettait pas de creuser énormément ses relations même si elle ne se plaignait de rien. Tout le monde ou presque appréciait Iris Faux-Orpin et c'était bien ainsi. Ça ne lui demandait pas énormément d'efforts de rester à la surface des choses. Elle n'avait qu'à être elle-même. La plupart des gens étaient trop pressés pour en demander plus de toute manière. Pour le reste, il suffisait de se montrer une oreille attentive pour que la conversation ne s'attarde jamais suffisamment sur elle. Mais avec lui, même si elle n'entretenait pas de conversation plus profonde qu'avec les autres quand ils étaient sur leur lieu de travail, elle n'avait pas vraiment besoin de faire attention à la tournure que prenaient les choses. Et ça faisait une grande différence.

Nero avait tout de même raison sur un point. Si quelqu'un avait dû passer l'IDEM au peigne fin pour retrouver le stagiaire, ça n'était pas eux mais Irvin Vorpe. L'homme, plein de ses succès en expédition, avait une fâcheuse tendance à traiter les autres comme des subalternes. Elle se contentait d'être avenante, sans plus, mais comme c'était déjà largement plus que le reste du monde - qui devait paraître bien petit du haut de toute la suffisance de l'explorateur - Vorpe se montrait presque charmant avec Iris. De son côté, la magie ne prenait pas. Elle se rappellerait toujours ce matin où il lui avait mis son dernier best seller sous le nez - Irvin était l'auteur célébré de la saga Irvin Vorpe, une série de romans autobiographiques d'aventure - indiquant que ça la changerait de ce vieux bouquin qu'elle traînait tout le temps dans son sac à main. Le livre en question étant un guide de Londres, il n'y avait guère de challenge. La plume de Vorpe n'était pas si mauvaise à vrai dire mais sa manière de s'autocongratuler à toutes les pages et le récit de ses aventures amoureuses torrides étaient clairement de trop pour Iris. De toute manière, Vorpe était tellement content de lui-même que lorsqu'il était venu la voir pour lui demander ce qu'elle en avait pensé le lendemain, il avait déduit à son sourire - qui était en fait une façon polie de chercher ses mots - qu'elle attendait la suite avec impatience et l'avait plantée là en lui promettant de lui dédicacer le prochain. Quel enfer. Une raison de plus de garder Nero auprès d'elle comme elle s'apprêtait à mettre le nez dans les affaires de Vorpe.

« Je t'en garde un petit peu au chaud pour me faire pardonner. », fit-elle en désignant le thermos de café que l'on pouvait voir un peu plus loin dans son sac.

Elle posa sa tasse fleurie, la cuillère cessant enfin de danser dedans, puis avisa la direction qu'elle avait indiquée au gamin. Il n'avait tout de même pas pu se perdre dès le départ. Elle sortit un petit chevalet qui indiquait absente pour le moment. Vu l'heure, il y avait même des chances qu'il reste sur la banque jusqu'à la pause déjeuner.

« J'aurais dû me douter qu'il allait se perdre. Il avait l'air tellement dans la lune. Ça ne m'enchante guère mais je vais quand même envoyer une note à Vorpe. Le petit aura peut-être l'idée d'attendre devant son bureau. », expliqua-t-elle tout en griffonnant sur un post-it qui prit la forme d'un petit oiseau à la seconde où elle eut fini. L'oiseau s'envola, « On y va ? »

A la voir avec son éternel air heureux, on aurait cru qu'elle l'attendait pour partir en vacances sur une île paradisiaque. On était quand même loin du compte.

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26 mars 2022 - idem ⟠ @Iris Faux-Orpin

Nero soupira et apprécia les quelques gorgées qu’il put se permettre pendant que Iris préparait son petit chevalet d’absence, et la note à Vorpe. Il lui sourit avec gratitude lorsqu’elle lui indiqua le thermos dans son sac, mais ce ne fut pas assez pour l’épargner de son air dramatique lorsqu’il se mit à la suivre, les pieds (figurativement) traînants.

Nero avait beau être heureux de pouvoir passer un peu de temps avec Iris sur le bras de l’IDEM, il ne se réjouissait guère de courir après un étudiant écervelé, surtout quand l’étudiant en question était attitré à Irvin, le plus écervelé de tous. Il n’appréciait pas particulièrement la caractère de l’homme, qui franchement n’aurait pas pu être plus à l’opposé que celui de Nero.
“Faut-il vraiment y aller? Si ça se trouve, Vorpe est probablement à une de ses…” il gesticula vaguement dans l’espace “séances de dédicaces, ou je sais pas.” Il roula des yeux, mais suivi Iris à travers les corridors, observant les sorciers qui les traversaient d’un oeil distrait. Sa recherche pour le stagiaire perdu n’était pas particulièrement au devant de son esprit.

“Bientôt un an dans la vie londonienne." dit-il à Iris avec un sourire. “Tu ne regrettes pas trop?” demanda-t-il. Évidemment, n’importe qui autour d’eux n’aurait pas pu comprendre l’ampleur du déménagement d’Iris, ce n’était pas qu’un simple changement de pays.

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Il avait l'air littéralement au bout de sa vie et elle ne pouvait pas cacher à quel point ça la faisait rire de le voir traîner la savate comme si elle l'emmenait au bagne. Elle se demandait si c'était la pause café ruinée ou le fait de devoir faire quelque chose à la place de Vorpe. Il fallait dire que le briseur de sorts était loin de n'avoir que des amis à l'IDEM. Mais pour ce qu'elle en avait vu, ça lui passait complètement au-dessus de la tête.

« Eh bien figure-toi qu'Irvin Vorpe est quelqu'un de très organisé au contraire. Il note absolument tout sur son agenda, même les changements de dernière minute. Donc présentement, je peux t'assurer qu'il est dans son bureau, probablement à mettre la dernière main à son rapport sur les tombes quimbayas. », elle le savait parce qu'à peine rentré de Colombie, Vorpe lui avait raconté son expédition par le menu, au comptoir de l'accueil. Il ne s'était même pas aperçu qu'elle avait déjà bien assez de mal à trier les demandes de stage en mettant les profils les plus intéressants sur le haut de sa pile. Mais à l'entendre, on aurait cru qu'elle s'était découvert une nouvelle passion pour l'explorateur le plus insupportable de l'IDEM, « Je sais bien ce que tu penses, mais il n'a pas que des défauts. », conclut-elle sur le ton de l'amusement.

En vérité, il lui semblait n'avoir jamais trop eu l'occasion de voir ce que donnait Nero fasse à Vorpe. C'était toujours assez distrayant de voir comment les autres géraient cet énergumène. @Jameson Clearwater avait sa façon bien à lui, très école primaire, mais cela faisait toujours son petit effet.

« Ce qui m'étonne le plus c'est que Christine soit pas venue me voir. Ça fait quand même une grosse heure maintenant... », elle s'interrompit en voyant la mine interrogatrice de Nero. Évidemment, elle avait oublié de le préciser, « C'est la secrétaire personnelle de Vorpe. Il lui a obtenu une accréditation pour installer son bureau ici. Enfin je sais pas si on peut appeler ça un bureau, je dirais plutôt une table d'appoint en face de son bureau ministre à lui. » A sa connaissance, Vorpe était le seul à employer une secrétaire à son compte. C'était une petite bonne femme adorable qui le suivait partout y compris dans ses voyages à l'étranger. Cela devait compenser un peu le reste. Du moins c'était ce que se disait Iris.

Comme ils disparaissaient à l'angle du couloir qui montait à la comptabilité, ils tombèrent sur Franck, l'agent d'entretien. C'était un bonhomme jovial, généreux de sa personne mais extrêmement bavard. Il ne manqua donc pas de les arrêter pour faire un brin de causette.

« Un petit gamin gringalet ? Non ça m'dit rien. Remarque, stagiaire d'Irvin, moi à sa place je me serais enfui par la lucarne des toilettes. Je t'ai pas raconté d'ailleurs ? Elle a encore fait des siennes, vraiment, je vais finir par y mettre ma patte si Imelda ne fait pas venir quelqu'un. Tant pis si ça donne sur le domaine public ou je sais pas quoi... »

Iris eut une petite grimace discrète à l'attention de Nero. S'ils laissaient l'italien s'emballer comme ça, ce n'était pas la pause café qui allait y passer mais la journée complète.

« C'est pas que j'm'y connaisse pas mais apparemment le domaine public c'est spécial. Faut des accréditations enfin de la paperasse quoi... Toi tu dois bien le savoir Nero. Parce que c'est vrai que je lui rebats les oreilles à la petite avec mes histoires et qu'elle est toujours bien gentille de faire semblant de m'écouter...»

La petite... Iris leva les yeux au ciel. Il n'y avait bien que Franck pour encore l'appeler comme ça. Visiblement, il avait repéré le bricoleur chez Nero à dix kilomètres. A moins qu'ils n'aient déjà eu cette conversation avant.

« On va essayer de retrouver le gamin avant la pause déjeuner. On se voit plus tard Franck. », s'excusa-t-elle après avoir laisser la conversation courir un peu.

Il y avait beaucoup de monde qui circulait dans les couloirs ce jour-là. Sans doute en lien avec le surcroît d'activité. Iris s'arrêtait parfois pour demander des nouvelles de son petit garçon gringalet. Cela laissait un peu de temps de faire la conversation. Elle sourit à la question de Nero. Derrière sa mine parfois renfrognée, il ne pouvait pas vraiment cacher qu'il était surtout quelqu'un d'attentif, pour ne pas dire attentionné. Une délicatesse qu'elle lui rendait toujours, convaincue qu'il fallait bien aussi que quelqu'un veille sur lui.

« Pas une seconde. », comment aurait-il pu en être autrement ? Sans l'aide de Nero, elle n'aurait probablement plus rien eu à regretter depuis longtemps. « Les gens sont adorables ici, enfin la plupart du temps. Et, j'apprécie vraiment que tu m'aies pardonné d'avoir voulu te passer par la fenêtre... »

Une autre manière de lui dire qu'elle tenait à leur amitié et à ces moments passés ensemble. Elle n'avait rien à craindre des oreilles qui les entouraient. Après tout, personne ne passait littéralement les autres par la fenêtre ici. On croirait probablement à une dispute particulièrement houleuse, rien de plus. Après tout, Iris Faux-Orpin avait une vie somme toute très banale. Elle allait ajouter quelque chose quand, un petit gringalet pressé lui rentra dedans, manquant la faire tomber à la renverse.

« Ah ben justement : vous étiez passé où ? J'avais dit l'escalier qui descend au bout du couloir de gauche. »

Le gamin regardait Nero avec de grands yeux en soucoupe et l'air de vouloir disparaître dans un trou de doxys. Avec ses cheveux blonds filasses et ses oreilles décollées, son petit cartable serré contre lui comme s'il y tenait plus qu'à sa propre vie, il donnait une image assez pitoyable.

« M-m-monsieur... je... je suis désolé... en retard... perdu m-m-mmm-monsieur V-v-vvv-orpe. Monsieur Vorpe. »

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26 mars 2022 - idem ⟠ @Iris Faux-Orpin

La manière dont Iris défendit Irvin le fit se renfrogner. Le ton amusé de Iris lui laissait douter qu’elle se payait sa tête, mais il n’aimait tout de même pas l’imaginer sympathiser avec un mec comme lui. “Je savais pas que tu étais une fan de Vorpe.” lui lança-t-il, son ton se voulant aussi amusé que le sien, mais son hésitation trahissait son manque d’assurance. Il n’était pas réellement amusé.

Cela dit, il s’esclaffa lorsqu’elle lui expliqua qui était Kristin. Son amusement était, cette fois, bien réel. “Une secrétaire personnelle!” s'exclama-t-il, riant de plus belle. “Mes ancêtres doivent se retourner dans leurs tombes.” Il secoua la tête, n’en croyant pas ce qu’il entendait.

Ils croisèrent Franck, qui ne manqua pas de les apostropher. Nero remarqua le petit regard en coin d’Iris, mais étonnamment, l'antisocial qu'il était appréciait bien Franck. Évidemment, l'italien parlait énormément et pouvait parfois siphonner le temps de ses interlocuteurs, mais, surprenament, si Nero n’avait pas à faire la conversation, ça lui était égal. En fait, il était même heureux d’avoir quelqu’un avec qui discuter de bricolage, quelque chose qui semblait parfois rare entre les murs du monde magique.

“M’en parles pas, c’était toujours un cauchemar administratif lorsque mon équipe et moi on était engagés pour les travaux au Ministère. On est engagés pour réparer un truc, mais on peut toucher à rien d’autre si on a pas les accréditations… essaye de réparer une fuite sans toucher la plomberie… Après on se demande pourquoi le Chemin de Traverse tombe en ruines.” Nero enchaîna, ramené dans ses vieilles années. C’était le métier qu’il avait tenu pendant toute l’enfance de sa fille, et même si son père n’avait jamais particulièrement approuvé, c’est ce qui avait permis à Nero de gagner son pain, et il avait apprécié ces années. C’était du travail honnête, utile. Ça lui manquait, ce genre de conversations: c’était comme retomber sur l’heure de lunch, à discuter entre collègues, appuyés sur des piles de planches à prendre du soleil. Avant la Main d'Atoum, avant ses malheurs, la belle époque où tout semblait plus doux.

Nero préférait parler avec Franck plutôt que se déplacer vers Vorpe, mais il savait aussi qu’Iris n’en avait rien à faire de leur discussion de bricolage. Par vieille habitude peut-être, il donna une courte poignée de main à Franck en guise d’au revoir, ajoutant à l’adresse de l’homme. “Si la lucarne fait encore des siennes bientôt, passes-me voir, on y jettera un coup d’oeil. Ces bureaucrates comprennent pas que quand quelque chose brise, faut s’activer un peu.” Et puis on peut pas se faire taper dessus si on empire pas le problème, pas vrai? Il donna à Franck un petit sourire entendu et suivi Iris, sentant de nouveau l’appréhension d’avoir à trouver le gamin.

Nero sourit à la réponse d’Iris, et eut une expiration similaire à un rire lorsqu’elle mentionna l’événement. “C’est bon, je le méritais.” Il était trop occupé à regarder son interlocutrice et remarqua trop tard le stagiaire entrer en collision avec elle.

“HÉ! Regardes un peu où tu vas, gamin!” aboya Nero. Iris s’adressa au jeune, et Nero compris que c’était lui, le gringalet. Génial.

Malheureusement pour Nero, il n’était pas au bout de ses peines, lorsque le stagiaire l’appela Mr. Vorpe. Nero ne fit aucun effort pour cacher son expression de dégoût, il n’aurait jamais pu imaginer qu’une simple erreur aussi inoffensive puisse l’horripiler autant.
“M’appelles jamais comme ça, gamin.” grogna-t-il, agacé. “C’est pas moi Vorpe.” Il fit un petit signe du menton en direction du bureau, indiquant au stagiaire d’avancer.
Nero jeta un regard d’aide en direction d’Iris, plaidant qu’elle prenne charge de la situation, parce qu’il avait soudainement encore moins envie d’aider le pauvre enfant perdu.

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Parmi les choses que l'on remarquait en premier chez Iris Faux-Orpin, en dehors de son café et son style un peu rétro très soigné, c'était qu'elle était très expressive. Il n'y avait jamais moyen de se tromper quand on regardait son visage. C'était un livre sciemment ouvert, une encyclopédie d'expressions dédiées à chacun de ses ressentis. Revoilà cet air renfrogné pensa-t-elle en voyant ce que Nero pensait de l'organisation de Vorpe. D'un point de vue purement professionnel, c'était pourtant une qualité hautement appréciable. Dommage qu'elle doive être gâchée par la haute opinion que Vorpe avait de lui-même et qui faisait qu'il estimait que les autres se devaient de savoir où il se trouvait et à quoi il était occupé.

Elle leva les yeux au ciel avec un haussement d'épaule presque gracieux devant les insinuations de son ami. Inutile de s'en défendre. Il était évident qu'elle était loin d'être fan de Mr Irvin Vorpe. Mais, contrairement à d'autres, elle savait lui reconnaître quelques maigres qualités, quand celles-ci se présentaient. Ce n'était pas si souvent.

« Il faut bien que je te surprenne de temps en temps ... » se moqua-t-elle gentiment. Mais en y repensant, elle ne put se retenir de secouer la tête à la négative. Fan de Vorpe. Ce qu'il ne fallait pas entendre.

Elle avait de l'affection pour ce côté ours mal léché que Nero pouvait avoir. Non pas que ça le rendait tellement agréable. C'était sans doute parce qu'il le réservait aux autres et qu'elle en faisait rarement les frais. Iris n'était cependant pas convaincue que ça le servait tant que ça, sauf peut-être dans un projet de rester le plus possible à l'écart du babillement joyeux que pouvait être le reste de son monde. Elle savait qu'il lui restait encore beaucoup de choses à décortiquer pour savoir ce qu'il cachait sous cette carapace qui décourageait la plupart des gens. C'était un travail de longue haleine mais à ses yeux, sans qu'elle sache vraiment expliquer pourquoi, ça en valait la peine.

A ses heures pourtant, lui aussi savait la surprendre. Encore qu'elle n'avait aucun doute là-dessus : c'était bien malgré lui. Visiblement, Franck avait flairé le bon sujet. Nero s'engagea dans la conversation qu'elle se garda du coup d'interrompre tout de suite. Il était vrai qu'elle n'y entendait rien au bricolage et qu'ils avaient autre chose à faire, n'en déplaise à son comparse boudeur. Elle observait les deux hommes discuter le sujet avec une certaine maîtrise, légèrement en retrait. C'était l'occasion pour elle de mieux les observer. Il y avait ce petit éclat de quelque chose chez Nero. Ce n'était pas aussi pêchu que chez Franck. C'était quelque chose qu'elle avait déjà remarqué, les quelques rares fois où elle l'avait accompagné à la librairie de jour, comme il avait quelques travaux à faire pour Astrid. Comme un petit fragment de lumière qu'il aurait oublié d'enterrer. Ça ne ressortait jamais volontairement. Seulement quand il n'y faisait pas attention.

Finalement, les deux hommes rompirent sur une poignée de main, là encore un petit détail qui n'échappa pas à Iris, puis, ils retournèrent à leur quête du stagiaire introuvable. Cela ne dura guère, puisque le principal intéressé leur tomba dessus, littéralement. Encore une fois, le monde extérieur chassait ce Nero plus ouvert dont elle s'était fait un ami. Elle n'y prêta pas attention sur l'instant, mais en voyant le gamin gringalet se ratatiner devant notre ours mal léché, cela la frappa. Et puis qu'avait-il à vomir Vorpe à ce point ? Il faudrait qu'elle fasse sa petite enquête là-dessus aussi. A tous les coups, Sorcha ou Marleen avait dû faire les frais de la prose lourdingue de l'explorateur. Comme à peu près 90% de la gente féminine à l'IDEM. C'aurait bien été le genre de choses à le faire disparaître à tout jamais des petits papiers de Nero MacGregor.

Patiente et diplômate comme à son habitude, elle posa, l'air de rien, sa main sur le bras de Mr Vorpe, se plaçant entre lui et le pauvre stagiaire désœuvré. C'était peut-être la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un qui ne remettait pas Vorpe depuis qu'elle travaillait à l'IDEM. D'un autre côté, les stagiaires étaient attribués un peu au hasard sauf compétence particulière. Il se trouvait que celui-ci ne faisait pas partie des groupies du meilleur ami de Nero. Dans ce cas, elle ne donnait pas cher de ce pauvre garçon. Inutile de le traumatiser d'avantage, Vorpe s'en chargerait probablement lui-même dans le mois à venir.

« Tout le monde peut se tromper, il n'y a pas mort d'hommes. » affirma-t-elle sur le ton de l'apaisement, « Voici justement Mr MacGregor. C'est à lui que je t'avais adressé mais pour l'équipement on verra plus tard maintenant. On va déjà aller faire un crochet par le bureau d'Irvin Vorpe comme ça... », elle ne pouvait décemment pas dire qu'elle le laissait entre de bonnes mains, « ... je serais sûre que tu es arrivé à bon port. »

Le gamin acquiesça frénétiquement. Il allait falloir qu'il prenne un peu plus d'assurance s'il voulait supporter un mois de stage avec Vorpe. C'était aussi pour cela qu'on faisait des stages. Iris prit naturellement la direction du bureau de Vorpe, sans vérifier que ses deux acolytes la suivait. Ils arrivèrent finalement devant une porte blanche dont la plaque dorée indiquait : Irvin Vorpe, briseur de sorts spécialiste de l'Amérique du Sud, Auteur et mécène. Puis en tout petit : S'adresser à l'accueil pour plus d'informations ou une dédicace.

La secrétaire pesta. Elle lui avait pourtant bien spécifié une douzaine de fois qu'il fallait changer cette mention sur sa porte. Hors de questions de gérer le fan club hystérique de Vorpe. Elle avait déjà la paperasse en retard de @Jameson Clearwater , Bobby, l'amoureux transit de @Sorcha MacGregor pour ne citer que ça. Bien remontée par cette petite accroche d'accueil, elle frappa trois petits coups secs à la porte.

Il y eut un petit moment de silence. Le bureau était probablement insonorisé, allez donc savoir pourquoi. Finalement la porte s'ouvrit sur l'homme de la situation. Iris Faux-Orpin n'était pas ce qu'on pourrait appeler une femme de petite taille mais Vorpe la dominait facilement d'une tête. Engoncé dans un trois pièces de marque, il avait la mine fermée de l'homme que l'on dérange car, évidemment, on le dérangeait. Pourtant, son expression dure et accusatrice fondit littéralement lorsqu'il vit qui se tenait devant sa porte.

« Iris ! », lança-t-il avec emphase, finalement ravi à en juger par son sourire de magazine, « Notre délicieuse hôtesse d'accueil ! », il semblait qu'il n'enregistrerait jamais qu'Iris n'était pas là uniquement pour tenir l'accueil, ce qui ne faisait rien pour arranger le regard noir qui s'était installé sur son visage à la lecture de la plaque sur la porte. Evidemment, le briseur de sorts ne semblait pas l'avoir relevé. Il allait partir sur une autre tirade flatteuse lorsqu'il avisa que la secrétaire était accompagnée. Son excès de zéle fana aussitôt sur une moue aussi désenchantée que celle de Nero précédemment, « Et.... vous. » , il semblait qu'il ne se rappelait même plus le nom de l'homme qui accompagnait Iris. Vorpe le regarda de pied en cap avec dédain. Il n'aurait pas été plus affable à la vue d'un emballage négligemment jeté devant sa porte plutôt qu'à la poubelle, « Tiens. », fit-il, prêt à repartir sur ses grands hippogriffes, « MacGregor. », se rendait-il seulement compte du ridicule qu'il y avait à appeler un MacGregor par son nom de famille dans les couloirs de l'IDEM ? Il eut un petit hum sardonique avant de dévoiler le fond de sa pensée avec une espèce de petit rire sous cape, « Si je m'attendais... Vous êtes si bizarrement mal assortis tous les deux. », attendait-il une réaction à cela ? Difficile à dire. Quoiqu'il en soi, reportant son attention sur Iris comme si de rien n'était « Je peux faire quelque chose pour vous ma chère ? »

Iris l'assassina de son regard noir comme elle avait clairement l'impression qu'il se payait sa tête. D'abord la plaque de la porte. Ses horripilantes manières mielleuses et puis ça ? Qu'est-ce que cela voulait dire "mal assortis" d'ailleurs ?! Bref. Comme elle ne voulait pas lui donner le loisir de lui faire de l'effet, si désagréable soit l'effet, la malien ravala son envie de l'étrangler, offrant son sourire le plus étudié et le plus large avant de lui asséner un de ces K.O par rhétorique dont elle avait le secret. Elle pouvait être si charmante Iris quand elle le voulait bien.

« Premièrement j'aimerai vraiment que vous vous occupiez de cette plaque. Nous en avons déjà loooonguement discuté : je ne suis pas votre agent Irvin. Deuxièmement Mr MacGregor et moi-même venons de perdre une heure de notre temps à courir après Mr Barton... », l'expression perplexe de Vorpe faillit lui couper la chique, si bien qu'elle se sentit obligée de préciser, « Votre stagiaire ! Je vous rappelle que les stagiaires sont sous l'entière et unique responsabilité de leur maître de stage. C'est à dire vous en l'occurence. »

Vorpe la toisa longuement, visiblement amusé par ce petit coup de sang. Appuyé contre l'encadrement de la porte, il laissa passer un petit silence calculé avant de répondre.

« Ah Iris ! ce que je ne ferais pas pour vous. », concéda-t-il d'un ton faussement las, « Vous vous doutez bien que je n'ai pas le temps pour des amusettes de ce genre mais : Christine veuillez bien noter qu'il faut changer cette plaque au plus vite je vous prie. Elle déplait à Mrs Faux-Orpin. », il avait haussé le ton, parlant par-dessus son épaule à sa secrétaire, invisible depuis le couloir. Puis, reportant son attention sur la secrétaire qui se trouvait sur le pas de sa porte, il demanda, toujours aussi sceptique, Et où est-il ce Mr Barton ? »

Iris se retourna vers ledit Mr Barton d'un air outré. Il n'était pas là ! Il lui fallut dix bonnes secondes avant de s'apercevoir qu'il avait littéralement disparu derrière Nero. Et pourtant ce n'était pas faute de s'être montré désagréable avec le gamin.

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INFOS FICHE DE PERSO

ALL THAT WE GET

26 mars 2022 - idem ⟠ @Iris Faux-Orpin

Nero baissa les yeux sur la main qu’Iris avait posée sur son bas, se plaçant subtilement entre lui et le stagiaire. Drôle, comme c’est elle qui faisait tout pour préserver la paix aujourd’hui, alors qu’elle avait refusé la paix que Nero lui avait offert avec tant d'ardeur la première fois qu’ils s’étaient rencontrés.
Ceci dit, même si il était parfaitement au courant de ce qu’elle essayait de faire, il lui accorda ce qu’elle demandait, et se détendit, se forçant à relaxer les muscles de ses épaules tendues.
Il n’eut pas besoin de se faire prier pour prendre la queue de leur petit groupe, satisfait de laisser Iris prendre le contrôle de la situation. Nero n’avait visiblement pas envie de jouer le maître de stage, de toute façon.

Arrivés à la porte du bureau de Vorpe, Nero croisa ses bras sur son torse en attendant le sorcier. Ses yeux se posèrent sur la plaque, et il eut un rire jaune. “Mais quel imbécile.” ria-t-il à voix basse, un peu pour lui-même. Si Edwin McGregor était toujours à la direction de l'IDEM, c’est bien ça qui l’aurait achevé. pensa-t-il, notant intérieurement d’aborder le sujet avec Sorcha pour bien se moquer.
Lorsqu’enfin le sorcier ouvrit la porte, il les accueillit comme si il n’y avait qu’Iris. Nero se contenta de l’observer, les bras croisés, luttant contre son meilleur jugement pour ne pas lui arracher cet horripilant sourire du visage. Il ne savait pas trop quoi, mais le ton qu’il employait pour Iris lui donnait l’impression d’avoir des fourmis sous la peau. Urgh.
Il n’en fit rien cependant, observant leur interaction en attendant patiemment son tour. Lorsqu’enfin Vorpe adressa la présence de Nero, celui-ci soutint son regard, presque amusé par son dédain évident. Content de voir que c’est réciproque. “Irvin.” répondit Nero comme toute salutation, préférant obtenir la main haute en subtilité, trouvant son prénom trop rabaissant en soi, Nero ne pouvait pas passer à côté. Après tout, le nom des MacGregor était celui qui signait ses chèques, non? À quel point Nero devait-il se sentir menacé par cette piètre excuse pour un explorateur?

L’écrivain (ou peu importe ce qui était écrit sur sa carte d’affaires) commenta sur leur “assortiment”. Le MacGregor n’avait pas besoin de comprendre la phrase exacte, il savait néanmoins ce que les grandes lignes signifiaient.
Nero ricana derrière Iris, amusé, le regard brillant. Le seul mouvement dans sa gestuelle qui aurait pu trahir son aigreur fut la main qu’il frotta légèrement sa mâchoire, comme si son subconscient pointait l’endroit où il rêvait de lui en mettre une. Ramenant ses bras ensemble, dans son ultime posture fermée, il remarqua le regard noir d’Iris, ce qui ne fit qu’agrandir son rictus.
Il savait ce dont Nyéléni était capable, et espérait, à ce moment, qu’Iris laisse un peu place à la sorcière qui avait failli les écraser sous un bâtiment en ruines.

Mais Iris était une diplomate, et il aurait été malheureux de détruire les corridors de l’IDEM… Alors il se contenta de l’observer lui faire la leçon. Cela dit, Nero eut un petit rire qu’il garda très difficilement silencieux lorsqu’il imagina ce que la sorcière aurait bien pu lui faire si elle avait encore son bâton de vacher à ce moment.

Le discours d’Irvin nécessita à Nero tout l’énergie qu’il avait pour se retenir de ne pas rouler des yeux ouvertement. Il n’aimait pas croire qu’il ressemblait à son père, lui qui n’appréciait guère le métier de briseur de sorts, mais dans des situations pareilles, il était impossible de ne pas dénigrer un comportement semblable.
“Parlant d’amusettes, il est pour quand ce 24ième tome?” lança Nero avec un ton interrogateur qui ressemblait presque à un grognement, incapable de se retenir.

Ils se retournèrent tous d’un mouvement commun lorsque Vorpe s’enquit sur le stagiaire, et Nero leva les yeux au ciel en réalisant qu’il l’utilisait comme bouclier.
“Oh non, j’ai pas perdu une heure de mon temps pour ça.” marmonna Nero, agrippant le bras du stagiaire pour le redresser un peu. Il eut tout de même une pointe de pitié pour le jeune, qui serait coincé avec Vorpe pendant aussi longtemps. Ça aurait pu être lui, dans une autre vie. Nero se rappelait encore les incessants rappels de son père, du temps où il n’était encore qu’un adolescent prêt à affronter le monde, les promesses de faire ses stages sous sa tutelle. “Ça va te bâtir une colonne!” Il se serait probablement retrouvé ici, avec des sorciers similaires à ce pauvre idiot. “Allez, gamin, tu vas survivre. Il est chiant, mais il mord moins que moi.” Nero dit tout bas au jeune, espérant être assez subtil pour que ça ne parvienne pas aux oreilles de Vorpe. Jugeant ses mots de réassurance suffisants, il poussa Mr Barton dans la direction de Vorpe, avec autant de ménagement que s'il s’agissait d’un sac à dos échangé en pleine expédition.

“Barton, Vorpe, Vorpe Barton.” présenta-t-il sans grande cérémonie, visiblement pressé d’en finir avec eux. “Si tu le perds, tu le payes.” ajouta-t-il, quelque chose qui se voulait être une blague, mais qui était dit avec trop de sérieux pour ne pas être… en quelque sorte véridique. Une forme de menace implicite que Nero ne referait pas ce cirque toutes les semaines.

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Si Iris avait eu des yeux derrière la tête, elle se serait sans doute dit qu'elle n'avait jamais vu Nero sourire autant. Un mauvais sourire évidemment mais au moins il s'abstenait d'envenimer les choses pendant une bonne partie de la conversation. De toute manière, Vorpe monopolisait bien trop son attention pour qu'elle se rende compte de quoi que ce soit. Chaque mot qui sortait de la bouche de Vorpe lui mettait les nerfs en pelote, lui demandant des trésors de self contrôle. Ce n'est que lorsque Nero envoya sa pique sur la saga de Vorpe qu'elle se retourna vers lui avec une lenteur calculée. Ses yeux et le pli pincé de sa bouche avaient l'air de dire mais pourquoi ?!!. Elle savait bien qu'il ne fallait jamais oh grand jamais lancer Vorpe sur ce sujet. Le principal intéressé encaissait la remarque avec un sourire plein de morgue.

« Ben voyons... c'est sûr qu'à déballer des cartons toute la journée... il faut pas s'attendre à trop de finesse de ta part. Laisse la littérature aux grandes personnes MacGregor. Je ne voudrais pas que ça devienne gênant. »
« Ça l'est déjà suffisamment comme ça, Irvin. Vous vous débrouilliez très bien sans aide jusqu'à présent. Maintenant j'apprécierai qu'on en revienne à nos moutons si ça ne vous dérange pas trop. », coupa Iris avant que ça ne dégénère.

Vorpe lui adressa un regard outré mais comme il ne voulait pas donner raison à la secrétaire, il revint sagement dans les rangs, se contentant d'un regard torve adressé à Nero.

« Quelle autorité. », se contenta-t-il de répondre de ce ton caressant que Nyéléni ne supportait pas.

Le temps de remettre la main sur ce pauvre petit Barton, et les choses purent suivre leur cours à nouveau. Elle n'aurait jamais pu imaginer que le gamin ait pu avoir l'idée de se cacher derrière Nero, et elle avait encore moins prévu que ce dernier se débarrasserait de la pauvre petite créature avec une telle efficacité. Iris fit les gros yeux, accompagnant le stagiaire d'une main douce et rassurante. Irvin n'allait de toute manière pas le manger, il aurait eu trop de comptes à rendre. Encore qu'il se serait reposé à cent pour cent sur cette pauvre Kristin. Nero se chargea des présentations de manière expéditive, il n'y avait pas d'autre mot. Quelque part, c'était sans doute mieux pour tout le monde. Iris n'osait imaginer ce que le gamin aurait pensé si Irvin et Nero avaient continué sur leur lancée...

« Christine, vous pouvez vous occupez du stagiaire - comment déjà ? » fit Vorpe en claquant des doigts frénétiquement pour se rafraîchir la mémoire.
« Philip B - »
« Barton. Expliquez lui la feuille de route pendant que je termine mon rapport. »

La voix d'Irvin portait comme s'il avait voulu que tout le couloir soit au courant. Iris soupira profondément, attendant qu'il ne daigne leur fermer la porte au nez parce que c'était sa façon de faire. Finalement, elle se retourna vers Nero, avisant l'heure qu'affichait l'immense cadrant au bout du couloir.

« Le tome 28 ? On voit que ce n'est pas toi qui va recevoir l'exemplaire dédicacé hein. », gourmanda-t-elle certaine de cette affirmation puisqu'elle avait déjà les tomes 1 à 16 qui prenaient la poussière quelque part chez elle. Elle avait péniblement lu le 1 et abdiqué aux prémices de la scène olé olé du 2. Elle aimait les romans d'amour, ceux d'aventure aussi mais ça n'était pas le genre d'image qu'elle voulait avoir de ses collègues de travail. Et qui plus était, elle soupçonnait que la plupart des personnages secondaires étaient en fait des caricatures des employés de l'IDEM. Elle se demandait toujours ce que @Jameson Clearwater et @Nero MacGregor auraient pensé de Ned et Jason. « Je t'invite à déjeuner ? », proposa-t-elle, radoucie.

Elle aurait pu suggérer que c'était pour se faire pardonner mais en vérité, les affaires de Vorpe avaient complètement vorper leur pause café et quelque part ça la contrariait elle aussi.

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