Pieces

@Selma Montero avait eu assez d'habileté pour le convaincre de mettre les pieds dans la salle de métamorphose un samedi matin de bonne heure. Les remontrances de  @Luke Korrigan et la trahison honteuse de Christine Pâquerette en auraient presque fait oublier ses réticences à se trouver dans la même pièce que le professeur Zaman. Pire encore, la façon dont celui-ci allait prendre son changement d'identité qu'il assumait depuis des mois. Il avait bien trouvé une ou deux fois un stage à l'extérieur de l'école pour sécher la maudite matière mais tout de même, Che Madrigal était sur le point de partir en fumée et lui, Sheraz Mahal, n'avait pas pour une fois rien de bien intelligent à dire là-dessus.

Il se présenta donc, dans son uniforme impeccable, l'écusson des préfets épinglé sur son torse, prêt à assumer les conséquences de ses conneries. Il eut tout de même une petite hésitation avant de pousser la porte.

Sa relation avec Selma lui avait fait quelques peu oublier Dilshad Zaman et cet effet repoussoir qu'il lui faisait. Il avait passé les vacances sur un petit nuage, galvanisé par ailleurs par le projet de  @Jade d'Aragon et finalement le courrier du Directeur avait un peu douché tout cela, le ramenant à une dure réalité dans laquelle il ne maîtrisait pas tout, voire rien du tout. Et s'il y avait bien une chose que Sheraz Mahal détestait, c'était que les choses lui échappent.

« Bonjour Professeur Zaman. », fit-il d'une voix un peu morne.

Il s'éclaircit la gorge, clairement mal à l'aise mais, pour l'instant, il n'avait encore pas changé de couleur ni de forme.

06.01 « - Che Madrigal ? » S'exclama le professeur Zaman en voyant encore cet étudiant qui attisait sa curiosité depuis maintenant un bon mois.

Ce dernier se trouvait dans l'encadrement de la porte de sa salle de classe, l'air mal à l'aise. Dilshad, quant à lui, qui attendait un élève répondant au nom de Sheraz Mahal, fronça ses épais sourcils avant de se rendre compte que Che et Sheraz n'étaient, en faites, que la même personne.

Sans trop savoir quoi dire ou quoi faire, Dilshad se contenta d'observer Sheraz entrait dans la pièce comme s'il venait de se faire percuter par une voiture. Abasourdi, ses pensées, d'habitudes si claires et si limpides, n'étaient plus qu'un chaos dont il se serait bien passé. Il avait, devant lui, un élève qui lui avait menti volontairement sur son identité réelle.

Le voyant de nouveau ouvrir cette boîte que seul un Zaman était en mesure d'ouvrir au sein de sa boutique, le sorcier entendait en fond la voix de @Luke Korrigan qui n'avait cessé de lui proposer ce poste pendant des semaines avant de finalement lui agiter le retour hypothétique de ce fils qu'on lui avait pris il y a plus de vingt ans. Dilshad, qui était avachi dans sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine, finit par se redresser pour lui montrer la chaise qui lui faisait face afin d'inviter Sheraz à prendre place devant lui.

Un millier de questions s'agitait sous son épaisse tignasse noire mais Dilshad ne parvenait à en exprimer aucune. Son regard observait de nouveau l'élève qui lui faisait face sous toutes ses coutures avant de finalement se racler la gorge amenant ses mains jointes devant lui.

« - Sheraz Mahal, donc. Euh... »

Il détacha ses mains pour saisir le dossier du Christine Pâquerette qu'elle lui avait laissé concernant l'élève qui lui faisait face.

Ses yeux balayèrent rapidement les informations saisies comme s'il cherchait à recentrer ses pensées que l'objet de cette étrange réunion qui allait pourtant changer toute leur vie.

« - Euh... Madame Pâquerette m'a donc demandé de m'occuper de vous pendant son absence et... Euh... »

Dilshad ne mâchait jamais ses mots. Quand il s'exprimait habituellement, il n'y avait aucun temps de pause, aucun temps mort. Pourtant, aujourd'hui, pour la première fois de sa vie, c'était le cas. Si le jeune Mahal était mal à l'aise, le préfet de Poufsouffle pouvait se rendre compte que cette gêne était partagée ce qui ne devrait probablement pas le rassurer d'un iota.

« - ... Pourquoi m'avoir menti ? » Finit-il par dire.

Surpris par sa question qui ne devait pas être celle-là, Dilshad sursauta presque en s'entendant l'exprimer. Il y avait une espèce de tension dans la salle de cours que le professeur n'avait jamais ressenti, y compris lorsqu'il y était en tant que simple étudiant.

La voix du professeur Zaman lui fit bondir le palpitant. Son coeur s'emballait et il avait déjà les mains moites. Dans quelques secondes, c'était certain, ses cheveux commenceraient à changer de couleur et si les choses tournaient autant au désastre qu'elles semblaient en prendre le chemin, ce serait bientôt ses yeux et même sa couleur de peau. S'il avait de la chance, il ne deviendrait pas complètement transparent comme ce jour en cours de DCFM où il avait fait s'évanouir Gretchen McAllister.

Déglutissant péniblement, il considéra longuement cette chaise sur laquelle on le priait silencieusement de s'asseoir. Il finit par y venir, reculant la chaise d'un bon mètre sous prétexte de la la tirer pour s'asseoir. Ses doigts jouaient nerveusement sur les bordures du bois, comme si le siège avait été prêt de l'éjecter.

Il écouta pour une fois ce que lui disait le Pr Zaman et tout ceci lui paraissait étrangement... inoffensif. Trop neutre pour ne pas cacher une tempête. Ils tournaient tous les deux dangereusement autour d'un pot, plutôt une boîte de Pandore dont Sheraz aurait bien voulu se débarrasser dans un trou noir lointain.

« Parce que vous me mettez mal à l'aise ! »

La chaise se renversa comme il venait malgré lui de se redresser d'un bond. Le regard un peu fou, ses cheveux qui perdaient leur couleur aile de corbeau sans plus savoir sur laquelle s'arrêter. C'était la panique. La vraie. Planté devant le professeur Zaman, Sheraz Mahal avait l'étrange sensation d'être comme ces papillons de collection, épinglé à leur papier de soie, une petite étiquette en dessous de leur petit corps desséché.

Un milliard d'idées aussi folles que cauchemardesques lui passaient par la tête. Il fallait qu'il s'en purge s'il voulait espérer retrouver le calme.

« Depuis que je vous ai rencontré vous n'avez pas cessé de me donner l'impression de m'observer bizarrement comme si... comme si vous attendiez quelque chose de moi, ou comme si vous alliez ... je sais pas... et vous me posez toujours des questions... bizarres ! Des tas de questions. Vous me donnez jamais de points en cours - je dis pas que mes réponses en mérites, elles sont franchement très en dessous mais n'importe quel autre prof l'aurait fait et vous pas - pourquoi ? Je vous ai menti parce que je n'avais d'autre moyen de vous échapper. C'était stupide et irréfléchi et ensuite c'était beaucoup trop tard. C'est tout. »

Pendant ce temps ses cheveux avaient continué de passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, par un jeu de pulsations qui trahissaient son rythme cardiaque élevé.

06.01 C'était une étrange sensation de se retrouver immobile, le souffle coupé, devant cet étudiant qui s'illuminait comme une boule à facette au beau milieu de sa salle de cours. Ils avaient beau être en janvier, sous un hiver mordant et terriblement froid, jamais le professeur Zaman n'avait eu aussi chaud de sa vie. À mesure que le jeune préfet de Poufsouffle s'énervait tout seul, face à lui, par cette simple question, Dilshad ne pouvait s'empêcher d'entendre les propos de son ami @Luke Korrigan sur cet élève aux origines proches des siennes, capable de mille et une prouesses, avec un cerveau pouvant très certainement défier les leur sans trop forcer.

Les faits étaient là, devant lui, dans ce dossier scolaire et ses notes que madame Pâquerette lui avait transmise peu de temps avant cette étrange rencontre. En venant dans cette pièce, Dilshad ne s'était pas attendu à croiser ce garçon qui avait éveillé cette curiosité qui habitait aujourd'hui toutes ses pensées les plus folles. Et si Sheraz était réellement ce fils qu'on lui avait arraché il y a plus de vingt ans ? Et si... Et si devant lui... Était-ce Anwar ?

Il se rendit compte très vite qu'il écoutait plus les mots proférés par l'élève dont les tourments prenaient forme sur son visage. Ses cheveux ne cessaient de changer de couleurs devant les tiraillements qui le secouaient et, bien que Dilshad n'était sûr de rien, le souvenir de l'ouverture de sa boîte venait se superposer à la vision de ce garçon arc-en-ciel.

« - Mais je n'ai rien fait pour te mettre dans cet état. » Avait murmuré Dilshad, d'une voix blanche, incapable de bouger ou de dire quoique ce fut pour calmer les tourments du préfet de Poufsouffle. « Je veux dire... Je... Euh... »

Dilshad finit par se lever sans même s'en rendre compte pour contourner son bureau afin de se rapprocher de Sheraz, quoiqu'avec délicatesse comme s'il apprêtait à le dompter tel un jeune félin malade à qui il devait donner ses médicaments.

« - Hum. »

Dilshad croisa machinalement les bras sur sa poitrine comme s'il s'en servait de défense au cas où Sheraz n'explose sous ce trop plein d'émotions.

« - Tu devrais t'asseoir Sheraz et... Et euh... Me dire pourquoi je te mets dans cet état ? » Fit Dilshad, qui nageait visiblement en eaux troubles, incapable de savoir dans quoi il avançait, sinon avec cette idée, sinon ce doux rêve, de retrouver enfin ce fils perdu.

Et puis tout à coup, ce fut comme si tout se figeait. Il prit conscience de la vitesse à laquelle son coeur battait et de sa réaction complètement irrationnelle. Peut-être parce que le Pr Zaman semblait tout à coup si innocent de tout ce qu'on lui reprochait. Peut-être Sheraz avait-il réagi de manière disproportionnée tout simplement parce qu'il ne supportait pas qu'on le questionne sur ses origines. Que c'était-il imaginé ? Que Dilshad Zaman aurait pu être son père ? C'était plus irrationnel encore que tout ce qu'il avait pu dire jusque-là. Sheraz avait toujours été plus ou moins en paix avec l'idée que ses parents adoptifs étaient ses seuls vrais parents. Rien ne changerait jamais cela.

Petit à petit, ses cheveux se fixèrent sur un bleu céruléen puis s'assombrirent, sans vraiment revenir à leur couleur d'origine. Il n'osait même plus regarder le professeur en face. Conscient d'avoir ouvertement proféré des accusations ridicules et exagérées. Pourtant il ne parvenait pas à se débarrasser totalement de ce sentiment d'étrangeté.

« Je - », commença-t-il, surnageant à peine, « Je sais pas. »

Il avait sa tête des mauvais jours, renfrogné comme un petit garçon vexé, mais il était évident que ça n'était pas pour une histoire d'égo cette fois-ci. Il avait l'air sincèrement dépassé par ses propres angoisses.

« Pourquoi Miss Pâquerette vous a transmis mon dossier ? », demanda-t-il, à nouveau suspicieux, « Vous n'êtes pas métamorphomage n'est-ce pas ? »

Il connaissait déjà la réponse à cette question, à moins que le professeur Zaman ne cache bien son jeu. Après tout, à Poudlard, tout était possible...

06.01 L'état dans lequel se mettait Sheraz lui imposait un calme olympien. Le jeune adulte semblait avoir beaucoup de problèmes avec lesquels il était difficile de compiler, le forçant, lui, professeur, à devoir manager ses propres émotions pour permettre au préfet de Poufsouffle de se laisser aller. Dilshad ne pouvait que le comprendre pour être passé par là il y a de cela vingt-cinq ans. Son regard ne quitta pas l'étrange coupe de cheveux du Poufsouffle alors que le professeur de Métamorphose se remémorait de ses jeunes années. Par chance, lui, il avait eu @Luke Korrigan. Pour beaucoup, avoir l'amitié de ce Korrigan n'était pas un gage de sérénité. Mais Dilshad faisait partie de ces personnes qui pouvaient se porter garantes quant à la personne que Luke était même lorsqu'il avait envie de le tuer comme depuis ces six derniers mois.

Dilshad ne put se demander, un instant, si ce Sheraz avait un ami comme lui en avait eu un au même âge. L'envie de lui poser la question lui brûla les lèvres, mais il sentait que c'était une de ces questions qui pouvaient être quittes ou doubles. Plutôt pied dans le plat habituellement, il préféra garder ses lèvres closes jusqu'à ce que le jeune préfet de Poufsouffle ne parvienne enfin à trouver le silence, une fois qu'il lui eut répondu.

Et bien que ce n'était pas la réponse qu'il escomptait - si tant était qu'il en attendait une bien particulière - Dilshad préféra lui montrer la chaise d'un signe de la tête, plutôt que de le bousculer comme il en avait envie dès lors qu'il l'avait vu passer la porte de sa salle de classe accompagnée de ses multiples mensonges depuis qu'ils s'étaient rencontrés à la fin du mois de novembre.

« - Asseyez-vous, s'il vous plaît. » Demanda Dilshad en accompagnant son geste de la tête. « Miss Pâquerette a jugé bon de me mettre sur votre dossier pour la simple et bonne raison que je suis aussi votre enseignant en Métamorphose. »

Il laissa un petit battement s'installait avant de reprendre :

« - Et bien que mon domaine soit la mécamagie et les enchantements, je pense que c'est plutôt une proposition pertinente compte tenu du fait que le seul métamorphomage avéré de cette école soit le directeur de l'université et qu'il n'a malheureusement pas le temps - surtout en ce moment - de s'occuper comme il le voudrait de ses élèves. »

Dilshad ajouta :

« - Et non, je ne suis pas un métamorphomage. Du moins pas comme vous. »

Ses lèvres s'étirèrent à peine dans un sourire léger qui se voulait plutôt encourageant.

« - J'ai trouvé le dossier plutôt maigre vous concernant, d'ailleurs. » Fit Dilshad en tirant le dossier de Sheraz devant lui. « Cela fait longtemps que Miss Pâquerette vous suit ? » Demanda le sorcier, se voulant le plus professionnel possible. Peut-être qu'en se concentrant là-dessus, il permettrait au jeune Sheraz de reprendre un peu de sa contenance... Non pas que le turquoise ne lui allait pas, mais c'était plutôt une couleur déroutante pour Dilshad.

Il écouta avec un certain scepticisme l'explication de Dilshad Zaman. Bien sûr, à ses yeux à lui, il n'y avait qu'un véritable métamorphomage qui aurait pu le guider pour apprendre à faire la paix avec son don et à le maîtriser correctement. Il doutait qu'on puisse s'imaginer ce que c'était de pouvoir spontanément muer sans le moindre effort, sans une once de réflexion. Au contraire, la métamorphose, telle qu'on l'enseignait en cours, demandait une rigoureuse maîtrise, une impeccable mesure de l'objectif à atteindre, elle ne tolérait presque aucune forme de spontanéité. Quand il voyait que  @Selma Montero avait pu s'échapper au point de prendre l'apparence d'un vieux professeur grabataire, sans doute dans son entier - il n'était pas allé vérifier et ne voulait même pas se poser ce genre de questions... mais, la conversation avait au moins le mérite de lui faire oublier ses angoisses. Petit à petit, ses cheveux retrouvèrent leur noir de jais comme le jeune homme réfléchissait à la pertinence du choix que Christine Pâquerette avait fait pour lui.

« Presque un an mais, pour être honnête il n'y a pas grand chose à dire. Je suis plutôt mauvais élève, du moins avec elle, et je dois bien admettre que c'est sans doute parce que je n'y mets pas du mien. J'espère pour vous que vous êtes patient. Ne vous attendez pas à voir des résultats trop vite... »

Il allait bien vite se rendre compte que Sheraz était plus que récalcitrant. C'était qu'il avait un long passif avec ce soit disant talent.

06.01 Sheraz semblait enfin retrouvé un semblant de calme. Dilshad ne put s'empêcher de noter cette petite victoire qu'il préféra garder pour lui. Le préfet de Poufsouffle restait toujours tendu et il suffirait probablement d'un rien pour qu'il ne s'embrase de nouveau. Dilshad ne put s'empêcher de noter à quelle vitesse ses cheveux avaient changé de couleur alors qu'il retrouvait une teinte plus sombre s'approchant de celle qu'il arborait habituellement.

« - Je suis payé pour être patient avec mes élèves, Sheraz. » Avoua le professeur de Métamorphose dans un sourire amusé. Probablement que @Luke Korrigan ne l'aurait pas validé celle-là, mais Dilshad s'en fichait. Tant que cela lui permettait de briser la glace avec cet étrange jeune homme qui semblait le percevoir comme une menace.

Dilshad ne comprenait pas bien ce qu'il lui avait fait... Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de se dire que Sheraz avait peut-être compris malgré lui qui était Dilshad. Néanmoins, ce dernier préférait se tempérer sur cette idée. Vingt ans qu'il recherchait son fils, il était bien trop beau d'enfin le trouver dans cette école qu'il avait lui-même fréquentée. Cette étrange coïncidence l'empêchait de se montrer plus enthousiaste à l'idée de découvrir s'il avait raison ou non.

Néanmoins, la boîte des Zaman parlait pour lui. Le jeune étudiant était au moins quelqu'un possédant de son sang dans ses veines.

Se focalisant sur la présence de Sheraz d'une manière professionnelle, Dilshad balaya ses pensées pour ne plus être que ce professeur qu'il était désormais.

Dilshad s'empara du dossier de miss Pâquerette et le jeta dans la poubelle sans autre forme de ménagement. Cette dernière, d'ailleurs, se mit à le déchiqueter, faisant parfois tomber un morceau de papier sur le sol avec quelques mots d'écrits dessus.

Mais déjà, Dilshad n'y prêtait plus attention, se concentrant uniquement sur Sheraz.

« - Bien. Alors, reprenons depuis le début. Parlez-moi un peu de vous, de votre enfance, de la découverte de vos dons - magiques et de celui-ci -, d'évènements où vous vous êtes rendu compte que votre don n'en faisait qu'à sa tête... » Demanda le professeur Zaman alors qu'il tirait une magnifique plume de Chapaon ainsi qu'un petit carnet, prêt à prendre des notes sur ce que lui dirait Sheraz.

Il eut un petit sourire amusé, celui que @Selma Montero trouvait charmant, à cette idée que la patience des prof ne tenait qu'à leur rémunération. Le pire étant que c'était sans doute vrai pour une partie d'entre eux. Il revit un instant le professeur Clearwater et ses boulettes de papier...

Avec un air outré, il regarda le Pr Zaman jetait purement et simplement son dossier à la poubelle. Que devait-il penser de ça ? Il fallait que Christine Pâquerette ait vraiment été succincte dans ses notes que ça ne vaille pas meilleur traitement. Ou alors peut-être que lui, Sheraz, avait fait tellement de résistance qu'elle n'avait eu que peu à se mettre sous la dent. Avec Zaman, il ne pourrait pas se permettre d'en faire autant. Il avait déjà trop de choses à faire oublier, aussi se prêta-t-il au jeu, pas ravi, loin de là, mais sans chercher à écourter.

« Mon enfance ? Eh bien... j'ai grandi près d'Oxford côté moldu. J'ai pas grand chose à dire sur cette période... mon père était mécanicien puis quand il a prit sa retraite il a choisi de travailler dans la librairie de ma mère. J'ai sauté quatre classe parce que je comprenais plus vite que les autres alors mes parents faisaient de m'éduquer dans des sujets non scolaires pour éviter que je prenne trop d'avance. C'est comme ça que j'ai mis le nez dans la mécanique. Ma mère détestait ça parce que c'était trop salissant mais c'était un peu notre moment à tous les deux avec mon père. J'ai pas eu de manifestation magique avant mes dix-sept ans je crois. Pas de don non plus. J'étais juste un ado normal, le mec le moins populaire du lycée. Ma magie s'est manifestée un matin au petit déj'. Je me rappelle, les toasts venaient juste de sauter dans le grille-pain et ma mère s'est mise à me pourrir et je comprenais pas. Elle non plus je crois. J'ai cassé tout son service en porcelaine et j'ai été privé de sorti deux semaines pour avoir fait une couleur. Tout ça à cause d'une fille, quand j'y pense. Elle a toujours pas la moindre idée de l'impact qu'elle a eu dans ma vie. Et après ça un professeur de Poudlard est venu nous expliquer. Voilà. C'est tout. »

il se referma légèrement sur ce constat, attendant de voir si Zaman s'en contenterait.

06.01 Dilshad ne put s'empêcher de se montrer particulièrement curieux lorsque Sheraz lui parla de mécanique. De ce qu'il en savait, c'était un art semblable à celui de la mécamagie qu'employaient les moldus pour entretenir leurs espèces d'automates qui leur permettaient, par exemple, de remplacer leurs voitures ou leurs balais volants. C'était une science qui l'avait toujours plus ou moins intéressé bien qu'il n'y ait jamais mis le nez dedans aussi longtemps qu'il l'aurait voulu. L'art de la mécamagie étant une science magique particulièrement vaste et prenante, Dilshad n'avait guère trop le temps de s'y plonger étant donné qu'il passait déjà le plus clair de son temps libre dans la Botanique et l'Herboristerie, une science qu'il aimait plus que tout en dehors de la mécamagie.

« - C'est donc de la mécanique que votre amour pour la mécamagie est née ? » S'enquit Dilshad, bien trop curieux pour laisser ce détail passait à côté. « C'est un domaine qui m'a l'air passionnant. Peut-être pourrez-vous m'en parler un peu un de ces jours ? Je n'ai jamais eu le temps de trouver un moldu capable de m'en parler sans qu'il ne me regarde un peu bizarrement face à mes questions que j'imagine un peu stupide... » Fit le propriétaire de l'Arcanum avec un petit rire amusé. « Notre condition d'être humain nous permet que peu de temps en ce monde, j'espère un jour pouvoir en connaître d'avantage. La mécamagie, puis la botanique, sont deux domaines qui me prennent tout mon temps. J'espère pouvoir un jour réussir à croiser ces deux domaines plus en profondeur que ce que je fais déjà. »

Il pensa tout naturellement à son dernier projet en date qui consistait à créer un jardin aquatique avec la grande botaniste @Amaranth Mapleleaf qui lui permettait de concilier ses deux domaines de prédilection.

Puis Dilshad ramena le sujet du don de métamorphomage sur le bureau comme s'il s'efforçait de recadrer ses pensées qui étaient déjà si loin du but de cet entretien.

« - C'est étrange que votre don ait tardé à se montrer, ceci dit. D'habitude, c'est un don qui s'éveille plus ou moins après la naissance si ce n'est parfois au moment de la naissance. » Commenta Dilshad en tapotant son long nez. « Et ça me paraît un peu faible comme expérience pour dévoiler toute l'étendue de votre magie. En théorie, la magie devrait être plus puissante chez vous puisque votre don est inné et peut complètement transformé votre apparence. »

Laissant le silence s'installer alors qu'il réfléchissait, Dilshad finit par user d'un sortilège de transfert pour faire venir des cuisines un plateau sur lequel deux thés bien fumants apparut pour s'installer entre eux avec une petite jarre de lait ainsi qu'un pot contenant du sucre roux.

« - Je vous laisse vous servir. Certains le préfèrent avec du lait et beaucoup de sucre, d'autres non. » Il fit un sourire alors qu'il remplissait sa tasse de bien trop de sucres et de lait, à la manière d'un chai que l'on pouvait boire en Inde et au Pakistan. « Comment s'éveille votre don désormais ? J'ai cru comprendre qu'il ne se manifestait uniquement que lorsque vous êtes agacé... Avez-vous tenté de le contrôler ? » Demanda Dilshad alors qu'il amenait sa tasse à ses lèvres.