To Where They Don't Need Walls and Water

La Harpie ne s'attendait pas à la moindre réponse, c'était juste Eyna qui aimait sociabiliser. Mais étrangement, l'inconnu commence à chanter. Pendant un instant elle avait l'impression que c'était de l'irlandais, les deux langues se ressemblent et vu qu'elle parlait irlandais ça devait être ça. Sauf que non, c'était une autre forme de Gaelic, une qu'elle ne devrait pas pouvoir comprendre. C'était étonnant, mais elle sait reconnaitre de la magie quand elle la voit.

Il n'y avait pas d'hésitation à avoir, elle ne refuserait jamais une proposition comme ça. étrangement, les paroles venaient naturellement à elle. Elle avait l'impression d'avoir déjà entendu cette chanson il y a bien longtemps. L'inconnu n'avait même pas besoin de chanter, le simple fredonnement lui rappelait les paroles

"Càit' as tràith an tig samhradh caomh
Càit' as tràith an tig blàth air craobh
Càit' as bòidhche 's an seinn an smeòrach
Air bhàrr nan ògan 's an Innis Àigh " "Where does summer come earlier?
Where do trees come into bloom sooner?
Where does the thrush sing more sweetly
On the tips of branches, than in the Happy Isle?"

Les paroles lui semblaient plus faciles pour la voix de la Harpie, ce n'était pas encore assez bien pour elle, pour le niveau qu'on attendait d'une héritière des Gavalagh, mais il y avait une amélioration.

À la fin de la chanson, le silence retombe dans la cellule. Eyna réfléchissait, cette chanson la faisait penser à une autre chanson, une chanson plus familière, plus personnel. Elle se demande si les deux chansons ne partageaient pas le même héritage. C'était la seule chanson de son répertoire qu'elle n'avait pas chanté, après tout, cette chanson était un secret. Elle hésite à la chanter, mais avec un petit sourire, elle décide qu'il y avait mieux à faire.

"Si tu t'en sors, je te ferrais écouter l'équivalent vélane de cette chanson."

La Harpie s'assoit dos contre le mur et grince des dents, elle sent que le sujet n'est pas vraiment adapté pour elle. Les conversations à cœur ouvert ce n'est pas son fort. Il va falloir qu'Eyna tienne le coup toute seule un moment. Parce que maintenant que l'inconnu a confirmé qu'il avait un héritage féerique, le serment des valkyries l'oblige à l'aider autant que possible. La jeune fille reprend forme humaine petit à petit, la cellule lui semblait désormais plus obscure, l'air étouffant les ombres menaçantes.  Mais au moins quand elle s'exprime, c'est avec une voix douce et agréable qui était plus adapté à ce qu'elle avait à dire. Elle commence à parler sans attendre la moindre réponse de la part de son voisin.

"Quand j'étais petite, mon héroïne, c'était mon arrière-grand-mère. Elle a participé à une grande guerre moldue, elle a travaillé en tant qu'auror à une époque où ils avaient vraiment un rôle à jouer, elle a sauvé des vies et tuée des mangemorts. Toutes les histoires qu'elles racontaient se terminaient avec elle qui faisait quelque chose d'extrêmement stupide qui mettait sa vie en danger. Petite, j'étais impressionnée, mais je ne comprenais pas ce qu'il se passait dans sa tête. Pourquoi est-ce qu'elle prenait autant de risque ? Comment pouvait-elle avoir le courage de faire tout ça ? Elle m'a toujours dit qu'elle n'est pas courageuse, qu'au contraire c'était la peur qui la motivait à tout risquer.

Je commence à peine à comprendre ce qu'elle me disait. Quand on est sûr d'être dans le bon camp, que nos adversaires ont tort et qu'ils doivent être arrêtés, il n'y a plus aucune raison d'hésiter. Ce qui me ferrait peur, ce n'est pas d'être ici, c'est d'imaginer les miens ici à ma place."

Eyna n'avait aucune idée des circonstances dans lesquels se trouvait son voisin, elle ne pouvait pas dire ce qu'il voulait entendre. Elle pouvait juste dire ce qu'elle avait sur le cœur.

"Rien n'est perdu. Deux des prisonniers sont libres, il n'y aura pas d'autres procès arrangés avant très longtemps, la crédibilité du ministère est plus blessée que jamais. En dehors de ses murs, les nôtres vont continuer à se battre. Je plains le pauvre brigadier qui va se mettre sur le chemin de ma maman. Et si on sort d'ici, je sais déjà ou t'emmener. Il y a encore un refuge loin de l'influence du ministère, un endroit où tu serais traité comme un frère."

Penser à sa maison lui fait montrer les larmes au yeux, elle reste silencieuse un moment, elle avait encore beaucoup à dire, mais elle hoquette et décide de juste conclure en disant :

"Il faut juste...Tenir."

Les doutes qu'Eyna avaient au sujet de son voisin furent rapidement confirmé par l'arrivée du tortureur. Eyna grince des dents, elle détestait cette situation. Jusqu'à preuve du contraire, les Longerbane n'avait commis aucun crime à part le fait d'exister. Eyna se voyait comme une soldate, elle entre les mains de l'ennemie donc elle ne devrait pas s'attendre au moindre traitement de faveur. Pourtant, ce n'était pas elle qu'on cherchait à torturer. C'était le monde à l'envers. Comment pouvait-elle regarder cette injustice dans l'indifférence ? Les hybrides ne fonctionnaient pas comme les sorciers, il est vrai qu'elle était la fille d'une femme importante, mais ça ne devrait pas lui accorder le moindre privilège.

Que pouvait-elle y faire ? Si elle pouvait prendre la place du Longerbane, elle le ferrait sans hésiter. Mais les ennemis ne seront pas aussi conciliants. Toutefois, elle devait au moins essayer de faire quelque chose, mais si elle savait très bien que ça allait se retourner contre elle tôt ou tard. Eyna se retransforme en harpie, s'approche des barreaux de la cellule et les attrape avec ses griffes, elle fixe du regard la voix malveillante, puis, elle essaye de littéralement lui cracher dessus.

"Pourriture."

Et puis, elle re-rentre à l'autre bout de sa cellule en espérant avoir réussi à provoquer la colère de ladite pourriture.

Pendant les jours qui suivirent, Eyna s'attendait définitivement à ne plus jamais revoir le Longerbane. Il avait disparu tellement longtemps qu'elle pensait qu'il avait été sommairement exécuté. Pourtant, c'était peut-être pire que ça, parce qu'ils l'avaient ramené sans un bruit.

Elle avait essayé de l'interpeller, de lui parler. Aucune réponse. Puis, elle avait commencé à chanter, d'abord sous sa forme de harpie, puis sous sa forme humaine avec tout les pouvoirs de charmes pour essayer d'éveiller le garçon, obtenir la moindre réaction de sa part. Rien du tout. Un jour, dans un moment de désespoir, elle avait chuchoté :

"Je ne connais même pas ton prénom..."

Elle savait que les Longerbane avaient des triplés, mais elle s'y était jamais intéressée plus que ça. Elle le regrette énormément maintenant. Ils s'étaient sacrifiés pour eux, et tant qu'elle est ici, personne ne saurait jamais ce que ce sacrifice avait réellement coûté.

Eyna s'était écroulé. Pendant des heures entière, elle restait immobile au sol sans avoir la moindre envie de résister.

Est-ce que son opération de sauvetage avait servi à quelque chose ? Ce jour-là, elle c'était dit que le ministère avait désespérément envie de se débarrasser des prisonniers. Elle en ignorait la raison, mais quand ton ennemi a désespérément envie de faire quelque chose, tu l'en empêches. Aurait-elle mieux fait de se concentrer sur les Longerbane ? Ou est-ce que Wolfsbane et Stonemoss aurait reçu le même traitement ?

Eyna avait toujours voulu résoudre les conflits pacifiquement, elle se sentait si stupide désormais. Comment pouvait-elle imaginer négocier avec des gens qui mettaient en doute leur droit d'exister ? Il n'y aura jamais de paix, il ne peut jamais y en avoir.

Ils doivent tous mourir.

Cette réalisation la frappa comme une explosion, la sortant entièrement de sa torpeur. Elle n'a aucune raison d'avoir honte, aucune raison d'hésiter. Leurs adversaires sont dirigés par des monstres, ils n'ont jamais mérité sa gentillesse. Elle se sentit soudainement mieux, beaucoup mieux. Même si elle doit rester ici plusieurs années, elle n'a pas le moindre doute que sa mère ferra bon usage de l'opportunité qu'elle lui a offerte. Il ne lui restait plus qu'une seule chose à faire.

Eyna s'approche du mur qui la sépare de l'autre prisonnier, elle se met à genoux dans sa direction et prononce d'une voix claire :

"Tu as souffert loin de la vue de tous, mais je te promets qu'un jour, le monde entier se souviendra de ce que tu as vécu. Si un jour, je me fais libérer, je te promets que je protègerai ce qu'il reste de ta famille comme s'il s'agissait de la mienne."

Même Azkaban ne pouvait bloquer la magie qui apparait pour sceller le serment.

Eyna sourit, elle sait qu'elle était sur le bon chemin, le meilleur qu'elle puisse emprunter. La Harpie en elle jubile, car elle sait que ce chemin sera empli de carnage.