The Thief and the Princess (Ft. Maddox)

La première fois qu'Eynaelle avait mis les pieds dans le marché aux trolls, elle avait à peine 12 ans.

Une fille aussi jeune, aussi jolie, qui se balade librement dans un lieu aussi dangereux, ça avait forcément le mérite d'attirer l'attention. Surtout qu'Eyna n'a pas le profile des enfants perdus que le marché peut parfois engendrer. Elle était riche, bien élevée, promise à un avenir radieux. Il se trouve juste qu'elle était l'héritière d'un empire criminelle donc elle devait être à la hauteur.

Si son père l'avait introduit dans ce lieu aussi jeune, ce n'était pas pour la traumatiser, bien au contraire. Eyna n'a pas été couvé par les siens. Si elle voulait prendre la place de son père un jour, elle devait être prête, elle devait connaitre le marché comme sa poche et tisser des liens avec les habitants qui deviendraient ses alliés et ennemis.

À cette époque-là, l'exacte identité d'Eyna était secrète, mais son association avec le gang des Sandersons était évidente. La première fois que Maddox avait rencontré Eyna, c'était pour l'un des jobs les plus bizarres de sa carrière. Le père d'Eyna avait contacté le petit voleur pour lui demander de cambrioler ses propres logements. Il disait qu'il voulait tester ses protections face à un vrai cambrioleur, mais étrangement, Maddox devait le faire tout en se faisant accompagner par la petite Eyna, qui a presque le même âge que ses sœurs. Il n'avait pas besoin de lui enseigner quoi que ce soit, il devait juste la laisser voir ce qu'il faisait. Pendant toute la mission, Eyna n'avait pas dit un seul mot, mais Maddox pouvait ressentir directement la curiosité et la fascination de la petite fille pour ce qu'il faisait.

Ce n'était pas la dernière fois que Maddox était engagé par les Sandersons, en réalité, la famille de vélanes semble avoir une grande appréciation pour le petit voleur. Mais ils ne lui ont jamais confié le moindre métier dangereux, c'était toujours simple, rapide, et relativement bien payés. Ils pouvaient déceler que ses services étaient appréciés, mais que la famille le gardé à une distance respectable de leurs véritables affaires.





Eynaelle était assise seule dans un bar du marché aux trolls, l'établissement n'appartenait pas directement à sa famille, mais le propriétaire est un hybride en bonne relation avec eux et leurs employés passent souvent ici pour se détendre. Ce n'était pas une taverne bruyante ou une maison close, il s'agissait juste d'un petit bar obscur adapté aux conversations discrètes.

Plus tôt dans la journée, elle avait fait un petit tour dans la maison de charme de Carmilla, elle connaissait déjà plusieurs employés, après tout, quelle maison de charme pourrait se passer des services de vélanes ? Mais son père n'avait jamais été à l'aise avec le fait de la laisser se balader là-bas sans supervision. C'est bien dommage, elle aurait bien aimé profiter de certains des services. Mais ce jour-là, elle n'était pas là pour ça, elle avait prit contact avec certains des demi-velane, posé quelques questions, jusqu'à se retrouver face à une certaine Eibhleann. Elle avait pu faire connaissance avec la dame, usant de ses charmes pour faire bonne impression auprès d'elle. Après quoi, elle suggéra que son fils devrait peut-être venir la voir dans le bar, seul à seul. Quelle mère ne voudrait pas que son fils aille faire la rencontre avec une jeune femme comme Eyna ?

« Mais c’est quoi ton problème ? On est pas chez les Longerbane pour faire des mariages arrangés franchement, on est où là ? A Versailles ? » vociféra Maddox en remettant nerveusement sa veste sur ses épaules.

« Mon problème ? » la voix outrée d’Eibhleann s’éleva dans les aigus dans la chambre, le suivant jusque dans le couloir, « c’est que tu devrais sortir ! Je ne te parle pas de mariage, Mad, mais de rencontres amicales pouvant déboucher sur un peu de tendresse. Ce n’est pas parce que je t’ai dit de ne pas traîner ici que tu dois totalement oublier ton hygiène de vie ! Ce n’est pas bon mon garçon de garder tout ça dedans… Des jeunes filles aussi jolies, ça ne court pas les rues dans le coin… »

« Mon hygiène ? C’est ça que tu appelles de l’hygiène ? Oh, non, ne réponds pas, tu sais quoi - je refuse de parler de ça avec toi ! » Le garçon grimaça d’un air dégoûté.

« Elle est très bien cette petite, et puis, vous vous connaissez depuis longtemps. Et je suis d’excellent conseil ! Je suis une profes- »

La porte de l’étage de la belle dame rousse claqua derrière lui, alors qu’il tempêtait, descendant sans faire attention de ne faire aucun bruit dans le petit escalier des domestiques qu’il empruntait, s’évitant l’horreur de tomber nez à nez avec un client. Il dépassa un elfe de maison, puis un gobelin haut comme un adolescent humain. Il leva un sourcil d’un air intrigué mais ne chercha pas à comprendre ni à s’imaginer pourquoi un gobelinard était dans le coin.


L’air massacrant, Maddox entra dans le bar sans faire attention aux clients du coin. Au marché aux trolls, les clients avaient de toute façon très souvent la même gueule allumée par une vie faite de plaisir précaire et de gains en demi-teinte. Il ne fallut pas longtemps au petit voleur pour trouver Eyna’, assise sur un tabouret haut. Il approcha comme s’il s’agissait d’une rencontre entre vieux amis, jetant sans douceur sa veste sur le dossier de la chaise haute à côté, avant enfin de grimper dessus d’un mouvement de hanche aussi souple que rapide.

« Salut Eyna’ » commença-t-il, jetant un petit coup d’œil sur le côté sur la jolie vélane, « comment ça va ? Paraît que t’as rencontré ma mère. »

Son air était dépité. Il leva la main, attirant l’attention du barman qui s’approcha.

« Tu prends quelque chose ? » Il jeta un œil à la carte qui s’étendait derrière le bar, sur le haut du mur, écrit en lettres blanches craies sur fond noir ardoise. « Va pour un Cauchemar Liquide pour moi. J'offre à mademoiselle » il fit un petit geste pour le barman.

Il était encore un peu tôt mais Maddox avait une très bonne résistance à l’alcool. Il avait eu largement le temps de la mettre à l’épreuve sur le Marché et s’était vite rendu compte que s’il voulait abuser de certains, l’alcool était la carte de la facilité. Dans le cas de ce soir, son but n’était bien évidemment pas d’abuser d’Eynaelle Sanderson, mais plutôt d’honorer la parole de sa mère qui avait dû lui promettre d’envoyer son marmot dans les bras de la petite blonde.

Et quitte à s’être déplacé, autant profiter pour prendre un petit digestif.

Eyna quant à elle avait un grand sourire sur les lèvres, penchée coude sur la tabl. Elle ne regardait même pas dans la direction de Mad, pourtant il n'y a pas besoin d'être legilimencien pour comprendre qu'elle était fière de sa propre connerie. Lorsque le barman s'approche d'eux, il regarde Mad pendant un instant avant de fixer silencieusement Eynaelle. Elle lui fait un petit clin d'œil et se met à regarder le menu en tapotant en rythme la table.

"Hummm, j'imagine qu'il n'y a pas de jus de fraise, n'est-ce pas ?" Le barman fait non de la tête sans s'étonner de la question "Alors, je vais prendre un cocktail de rêves." Petit sourire "Ou plutôt deux."

Le marché aux trolls ne laisse pas beaucoup de libertés vestimentaires à ses habitants, un visiteur un peu trop riche risque de briller comme une pluie de gallions. Eyna ne dérogeait pas à la règle, elle portait une robe de sorcier à capuche marron des plus banal. Pourtant, les mèches dorées qui s'en échappaient ne semblaient que diriger les regards vers son visage. Elle n'avait pas du tout l'air pressé, elle attend patiemment que le barman vienne lui servir son premier cocktail avant de reprendre la parole.

"C'est bien rare de voir de la galanterie dans ce quartier. C'est flatteur." Elle se tourne vers Mad, le fixe du regard et s'approche un petit peu plus de lui. "Tu réalises bien sûr qu'en temps normal, je n'ai pas besoin de payer ?"

Eyna recule ensuite et se dissimule son rire derrière la manche de sa robe. Elle prend une toute petite gorgée de son cocktail. Elle se dit que c'était très certainement une mauvaise idée pour la sécurité des hommes autour d'elle, mais c'est Mad qui l'a cherché.

"Coucou mon cher Mad, quel plaisir de te voir par ici." Elle hoche la tête tout feignant l'innocence. "Ah oui, c'est vrai, tu sais comment c'est, j'ai des amies qui travaillent là-bas et je ne pouvais pas passer sans dire bonjour à la maman d'un vieil ami."

Eyna prenait énormément de plaisir à embêter les élèves à Poudlard, mais à Poudlard il y a certaines choses qu'elle ne peut pas faire. C'était libérateur de pouvoir être elle-même sans faire de compromis. Elle a peut-être poussé le bouchon un peu loin, mais pour elle ce n'est qu'un test, elle cherche les limites du voleur et test ces réactions.

"Alors, qu'est-ce que tu deviens dit moi ? Les affaires se passent bien ?"

« Deux ? Il est un peu tôt pour faire dodo, Eyna » grimaça Mad, même s’il imaginait qu’elle savait ce qu’elle faisait. En réalité, il n’avait pas vraiment besoin de le deviner, puisqu’il lui suffisait de s’attarder un peu sur les pensées de la jeune femme. Heureusement pour elle, il n’était pas vraiment ce genre de salaud en dehors des heures de travail, et il y avait des choses qu’il préférait encore ignorer. Une enfance entière à se nourrir des pensées les plus malsaines du Marché aux Trolls l’avait convaincu qu’il fallait être ignorant pour vivre heureux.

« J’ai été élevé que par des femmes, tu t’attendais à quoi ? » se défendit simplement Maddox, sans être agité. Une mère, une tante, une grand-mère, une arrière-grand-mère et deux sœurs. Le monde avait été un peu cruel avec le garçon qui aurait tout donné pour avoir un frère. Au lieu de ça, on lui avait donné Jab qui se comportait tout comme, et alors il se disait parfois que deux Jab, ç’aurait été peut-être un peu trop à gérer, même pour lui.

« Faut faire tourner le commerce de proximité Eyna, sans des gens comme moi, la plupart des bars deviendraient des bordels en quelques années seulement » répondit l’air amusé le petit voleur, alors que la vélane riait. Il continua : « puis c’est pas comme si c’était mon argent », et cette fois il haussait les épaules, sortant une bourse qu’il avait choppé en passant dans la ruelle. Il n’avait fallu que quelques secondes avant de trouver une bonne poire qui avait traversé la porte dans le but de vivre une aventure. Il y avait laissé tout son flouz’, soit – Mad n’avait besoin que de la jauger au poids pour savoir – et cela devait représenter pas moins de vingt gallions, ce qui était une belle prise. Modeste, mais belle. Les habitués du Marché ne se baladaient rarement avec de la monnaie sonnante et trébuchante, sans doute pour éviter les croche-pieds et les coups de poignard dans le dos.

« Tu aurais pu t’abstenir… La prochaine fois, esquive ma vieille car après elle ne me parle que de toi pendant des jours », et l’idée de toucher à Eynaelle le rendait quelque peu malade. Ce n’était pas qu’elle n’était pas jolie – il fallait être fou ou gay pour dire le contraire – mais Mad préférait se retenir quand il s’agissait des filles du Marché. Quand ce n’étaient pas des charmeresses, c’était des empoisonneuses ou des veuves noires. Et alors les vélanes… Les vélanes, c’était peut-être encore pire.

Le barman revint avec le Cauchemar Liquide et le Cocktail de Rêves pour les deux jeunes gens. Maddox le remercia d’un signe de la tête, alors qu’une épaisse fumée noire s’échappait du verre, formant une volute en forme de tête de mort. Un petit crépitement laissait croire que le Cauchemar était véritable, mais ce n’était jamais qu’un jeu de réaction chimique entre le sang de crapaud et la poussière de fées.

« Les affaires sont plutôt bonnes, je dirais même qu’elles n’ont jamais été aussi… belles », Mad avait marqué un petit temps de réflexion avant de trouver le bon mot, et le bon mot, c’était celui qui allait le mieux à @Céleste Delacroix qui devait être en train de le maudire, enfermée dans le taudis qui lui servait de prison à l’heure actuelle, « et toi ? Ça va l’école ? Pas trop dur avec la politique actuelle ? J’ai entendu dire qu’ils enfermaient les gens à tour de bras là-haut. J’ai aussi entendu dire que ta mère allait être couronnée… ou était couronnée. »

Il planta la paille en forme de poignard dans le Cauchemar. La substance noire s’agita, poussant un petit cri qui semblait sortir tout droit d’un film d’horreur, avant de finalement boire deux petites gorgées. C’était piquant et vif sur la langue, avant de devenir un velours chaud,  mais ce qu’il y avait de parfait avec le Cauchemar Liquide, c’est qu’il modifiait légèrement l’aura du sorcier pour la rendre plus effrayante. Autant dire qu’on allait lui lâcher la poire. Pour Eyna, ce serait un peu différent puisque son sang de fée la protégeait de ce genre de subterfuge. Et de toute façon, Mad avait choisi sa boisson uniquement et seulement pour son goût de réglisse et de fer.

Eyna commence à boire son cocktail tranquillement, la boisson n'avait rien d'anormal, c'était juste un liquide coloré et pétillant. Mais quand Eyna en boit, elle se détend un petit peu. L'alcool y jouait un rôle, mais le côté hallucinogène était ce qu'elle recherchait. C'était souvent difficile à supporter pour les sorciers, mais pour elle ça avait tendance à calmer son côté harpie. C'était une boisson à base d'une fleur féerique cultivée en Irlande, et Eyna en raffole.

"Hahaha, pas de dodo croit moi. Bien au contraire." Rapidement, elle commençait à se sentir plus joyeuse, plus énergique. Le monde entour d'elle était juste un peu plus coloré. Bien sûr, elle va avoir plus de mal à contrôler ses charmes, mais ce n'est qu'un détail. "Je me serais attendu à ce que tu sois déjà en couple dans ce cas." Répondit-elle du tac au tac. Au vu de sa conversation avec la mère de Mad ce n'était manifestement pas le cas, Eyna comprend parfaitement que former une relation en tant voleur ce n'est pas facile, mais elle est quand même curieuse de voir si le garçon est un romantique.

Quand Mad montre l'argent volé, Eyna se retient de vérifier les pièces qu'elle avait dans sa poche droite et la feuille dans celle à gauche. Elles sont toujours là, elle le sait. Et vérifier ses poches, c'était supplier Mad de les vider.

"Est-ce que c'était vraiment rentable de voler ces quelques pièces ? Avec tes talents, tu peux gagner beaucoup plus..."

Si Mad prend le temps de lire dans les pensées d'Eyna il peut facilement lire que c'était définitivement ce sujet qui intéressait le plus Eyna. Pourtant, ce n'est pas comme si c'était la seule chose qui l'intéressait. Son sourire s'élargit et inconsciemment, sans doute sous l'effet de l'alcool, elle commence à utiliser ses charmes sur le garçon.

"Ooh, tu crois vraiment que l'idée que ta mère va te parler de moi non-stop pendant plusieurs jours va me déplaire ? Pour moi ça ressemble plutôt à une invitation à faire ami-ami avec elle."

Les garçons à Poudlard n'ont jamais intéressé Eyna, et la plupart des filles qui l'intéressaient étaient plutôt celles qui ne se voyaient généralement pas avec une autre fille. Tout simplement parce qu'Eyna n'est pas du tout intéressée par un zombie obnubilé par ses charmes, ce qui l'intéresse chez Mad c'est qu'il sais ce qu'elle est, et qu'il a suffisamment d'expérience dans le coin pour lui résister.

Eyna hausse un sourcil en observant Mad pendant un long moment. Elle reprend une gorgée de son cocktail et se penche allgrément contre la table.

"L'école, c'est un terrain de chasse un peu trop facile, donc c'est un peu décevant sur ce point-là. Mais les gens sont sympa, tu devrais t'infiltrer plus quelques cours un jour, je sens que ça te plairait."

Et maintenant, on passe au cœur du sujet, Eyna est manifestement contente que Mad ai abordé ce sujet sans qu'elle ai besoin de rien dire.

"Je ne te cache pas que la situation est délicate là-haut, c'est de pire en pire. Il n'y a pas encore d'arrestation dans les rues, mais ça a des airs de guerre civile si tu veux mon avis. Heureusement, cet endroit va définitivement rester neutre et ne va définitivement pas un jour servir de base pour le camp adverse. Toi et les autres habitants du quartier ne vont définitivement pas finir impliqué d'une manière ou d'une autre."

Techniquement, Eyna n'en avait pas la moindre certitude. Mais c'était un peu évident. Le marché au troll était déjà un repaire énorme pour les hybrides, le WITAN avait déjà commencé à faire son recrutement avec des affiches exposées librement. Ça serait aberrant que cet endroit continue d'être neutre. Mais Eyna laisse Mad faire ses propres conclusions sur ce que ça veut dire pour lui et sa famille.

"Et pour ce qui est de ma mère...Disons que son couronnement c'est une histoire qui n'a pas encore été écrite. Ça serait dommage d'en spoiler la fin, n'est-ce pas."

Elle conclut avec un clin d'oeil en direction du garçon.

« Bien sûr que je peux gagner plus, mais si c’est facile et rapide, pourquoi s’en priver ? »

Maddox haussa les épaules. Il n’avait pas besoin de faire beaucoup d’effort, alors que ce qui payait le plus était bien évidemment autrement plus dangereux. Il se gratta le menton en se demandant si Risha prenait parfois le temps de faire quelques petits tours de passe-passe pour subtiliser une bourse ou deux afin de s’offrir un repas de temps en temps, mais il ne pensait pas. Déjà car il ne l’avait encore jamais vu manger à l’extérieur, et ensuite parce qu’il était à peu près sûr que les demi-poissons dans son genre devaient avoir un régime particulier. Il n’aurait pas mis sa main à couper pour autant, pas tout de même.

L’image de Risha se remplaça nettement dans son esprit par la pensée d’Eynaelle. L’intérêt flagrant pour le sujet avait rendu sa pensée plus tangible, quasiment un murmure à l’oreille de l’empathe. Le Crookhaven préféra ne pas y faire attention, de la même façon qu’il garda les yeux rivés sur sa boisson en se demandant si la vélane était en train de lui faire des avances pour obtenir quelque chose de lui, ou si c’était l’effet seulement de sa boisson euphorisante.

Il ne tourna sur elle qu’un regard mi-dégoûté mi-contrit, et ce malgré qu’elle avait ce petit aura, la tentation fut niée en bloc. Il n’ajouta rien, mais l’idée de voir Eynaelle être amie avec sa mère le dépitait autant qu’elle ne lui donnait la nausée. L’idée même que sa mère ne le nargue jour et nuit et lui vante les mérites de la petite blonde... Il préféra finalement tourner la tête et boire encore une gorgée de sa boisson, avalant au passage une bulle-hurlante qu’il fit éclater entre ses canines.

« Je pense pas non », continua-t-il avec le même air dégoûté à l’idée de mettre ne serait-ce qu’un pied dans cette prison des esprits. Une école, et puis quoi encore ? Une prison ? L’idée d’un cadre angoissait le garçon, quand bien même les Verts Galants en était un d’une certaine façon. Il n’avait cependant jamais ressenti cela comme une contrainte, et il avait trouvé là-bas des mentors exceptionnels, brutaux certes, mais exceptionnels au demeurant.

Un professeur en robe ne lui inspirait guère plus qu’un peu de mépris.

Il lui lança un petit regard en coin alors qu’elle lui dépeignait rapidement la situation de guerre, et c’était bien ce qui lui avait semblé quand il y avait mis les pieds la dernière fois. Au Bal de Yule déjà, il avait cru surprendre quelques conversations déplaisantes, de petites piques mordantes comme des ronces. Il n’avait rien relevé de tout ça, s’étant attaché à prendre ce qu’il était venu chercher, mais Maddox n’avait pas oublié.

Il eut un petit sourire quand Eynaelle parla de sa mère, mais il ne releva pas.

Pour lui, tout était déjà joué d’avance, il ne voyait pas ce qu’il y avait de mal à se spoiler la fin. Avait-il été déjà surpris ?

« C’est la merde là-haut, mh » commenta calmement Mad, avant de jeter un oeil vers la vélane.
« Mais c’est pas parce que c’est la merde et que tu trouves qu’à Poudlard c’est facile que tu dois tenter ta chance, ma petite » grommela le Crook, non sans venir pincer le flanc d’Eynaelle d’un air joueur, comme il l’aurait fait avec une de ses soeurs.

« D’autant que tu risques d’avoir encore plus de mal qu’avant, car je suis en couple, vois-tu. »

La phrase était presque une annonce, solennelle, alors qu’il levait son verre pour trinquer avec Eyna.

« C’est juste que ma mère est pas au courant, et ma copine, bon... »

Il plissa un peu le nez, l’air de dire qu’elle n’était pas non plus au courant, mais que ça viendrait. Il lui faudrait juste encore un peu de temps pour s’accoutumer à sa présence, se faire à ses preuves d’affection, et peut-être qu’un jour, qui sait, elle reverrait la lumière du jour.

Maddox se fit la réflexion qu’en parler un peu était appréciable, d’autant qu’il n’avait pas besoin d’en révéler de trop à la vélane et qu’elle n’avait aucun véritable moyen de savoir ce qu’il en était vraiment. Il avait déjà dit ça six ans auparavant de Risha, avant de se rendre compte que ce qui l’intéressait le plus en elle, c’était son père, la légende des Verts Galants...