Oh the Larceny

La jolie brune refréna un sourire, vaguement amusée que son nouveau cavalier se targue de tant de compliments. C’était un beau parleur et on ne pouvait nier qu’il savait parler, et bien en plus. Quant à la beauté, il n’était pas la plus splendide des oeuvres d’art qu’elle ait pu voir jusque lors, bien que les petites imperfections d’un tableau en font parfois toute sa richesse et sa singularité.  Il restait tout à fait convenable et plairait certainement au clan Delacroix.
Au-delà de tout ça, il semblait tout bonnement indéchiffrable: tantôt l’humilité et la discrétion incarnée, osant à peine s’adresser à Céleste, tantôt fanfaron qui se jète des fleurs à la première occasion. Plus la conversation avançait, plus l’envie de s’extirper des conventions se dessinait. Elle allait l’accompagner et disparaître temporairement aux yeux de tous car, après tout, que pouvait-il lui arriver dans ce château avec autant d’invités, même en s’écartant un peu de la réception? N’étions nous pas dans un monde magique où les murs avaient réellement des yeux? Céleste acceptait de s’approcher du feu, ne craignant pas du tout de se brûler les ailes. Pour l’heure, ça ne sentait pas réellement le roussi, c’était simplement l’occasion de faire étinceler ses yeux que le bal avait éteints.


Elle lui tendit la main, simplement pour le laisser penser qu’elle menait la danse. Tout simplement parce qu’à présent, elle avait décidé de ne plus se laisser avoir par la moindre courbette. Il était temps d’apprendre de ses erreurs, elle qui s’apprêtait à quitter les bancs de Poudlard pour rejoindre celui des « vrais adultes ».

Connaissant assez mal les lieux, bien qu’y étant venue plusieurs fois, Céleste se laissa guider vers ce qui devait être la galerie de tableaux. Elle entendait la musique qui s’atténuait et partait le coeur léger mais l’esprit toujours vif. Après tout, elle ne le connaissait que depuis cinq petites minutes. Juste le temps d’échanger trois pas de danse, en somme.  
Le jeune s’arrêta en pleine route. Céleste n’eut que le temps de constater qu’ils n’étaient pas arrivés à destination lorsqu’une gamine se matérialisa sous leurs yeux. Lui n’avait pas l’air étonné, elle l’était réellement lorsqu’elle perçut que son cavalier la connaissait. Son langage, trop familier pour ces lieux, la fit réaliser que le piège se refermait sur elle. Encore une fois, elle avait été trop naïve.

Son premier réflexe fut d’essayer d’écarter sa main de celle de son partenaire pour tenter de s’enfuir. Bien sûr, Carth ne la laissa pas s’échapper et resserra sa poigne sur sa main.
« Mad? Une nana? Même pas la bonne? » répéta-t-elle, trop incrédule pour avoir la bonne idée de crier pour se faire remarquer. Subitement, Carth était devenu Mad, un voleur de trésors. Le plan ne relevait pas de la plus brillante des idées et pourtant Céleste avait sauté dedans, les deux pieds joints. Elle avait terriblement honte, surtout elle qui voulait travailler dans le domaine judiciaire et qui aurait dû au moins connaître les crimes les plus basiques…

« Et vous? Vous vous croyez peut-être mieux que moi? Qui vous donne un tel droit de jugement? » répondit-elle, visiblement piquée d’avoir été si sous-estimée, même rabaissée en comparaison à Aphrodite. « Vous transpirez de vulgarité, je ne me laisserai pas juger par une fillette comme vous. »

Bientôt la main du jeune homme vint se refermer sur la bouche de la Française, visiblement trop bavarde à son goût. Personne ne l’entendrait dans la salle de réception, sa seule chance résidait en l’elfe de maison ou un invité qui aurait le bonheur de passer dans le coin et l’entendrait gémir ou réagirait simplement à ce raffut.
Elle examina tantôt la gamine, tantôt le garçon, cherchant à comprendre dans quelles entourloupes elle avait bien pu tomber. Il lui restait encore un coup à jouer, n’ayant pas accès sa baguette: un coup de pied fatal.
L’étudiante n'eut pas le temps d’y réfléchir convenablement qu’elle sentit son esprit lui échapper et ses jambes devenir molles. En l’espace de quelques secondes, elle avait perdu connaissance.

(…)

Lorsque Céleste rouvrit ses yeux, elle eut tout simplement l’impression de vivre un cauchemar. La voilà enfermée dans une chambre presque insalubre qui lui faisait regretter les donjons des Serpentard. Elle débordait de livres, ce qui aurait pu être un plus, mais la pièce sentait la vieille bibliothèque débordant de poussières et ne donnait pas envie d’y rester. Peut-être était-ce son nez, trop peu habitué à la saleté ou son épiderme, trop habitué aux tissus et aux lotions délicats, mais Céleste se sentait terriblement mal à l’aise ici. Elle sentit immédiatement la menotte qui la retenait aux lieux et se sentit aussi malmenée qu’un pauvre chien en captivité, définitivement attaché dans son jardin. Elle ne prit même pas la peine de chercher sa baguette, certaine qu’elle ne pourrait rien y faire.

Si elle sentit une vague de colère l’envahir, colère d’avoir été aussi faible et naïve, colère d’avoir été aussi malmenée, la Delacroix fut vite submergée d’un intense sentiment de tristesse. Avait-on vite remarqué son absence? Ses parents avaient-ils déjà lancé les recherches? Le Ministère s’était-il déjà emparé de son dossier? Elle l’espérait, étant donné les liens que sa famille entretenait avec les hautes sphères politiques… @Siobhán Gavalagh-Korrigan  avait-elle vu que Céleste n’était plus là, et @Xris Andērson ? Ou s’étaient-ils tout simplement amusés tout au long de la soirée puis effondrés de fatigue dans leur lits douillets?

Quand la porte grinça, après ce qui lui parut être des heures de solitude, Céleste observa d’un air furieux la personne qui rentrait dans « son » minuscule espace. Ce n’était plus que le Carth avec qui elle dansait mais un « Mad », à l’accent subitement irlandais et à l’apparence négligée qui apparut sous ses yeux. Elle le reconnut à sa voix, n’ayant pas eu le temps d’observer les contours de son nouveau visage avant de perdre connaissance.

Il tenta d’engager une discussion avec elle, pourtant Céleste n’avait pas la moindre intention d’y participer. Bien que son ventre gargouillait, la Française méprisa la nourriture que le voleur venait de lui apporter. Les vêtements, encore plus. Jamais elle ne porterait quelque chose d’aussi vulgaire. Il fallait choisir entre sa propre saleté ou être souillée par une toilette propre mais indécente. Avec un peu de chance, on reviendrait rapidement à sa rescousse…

Si ses yeux avaient pu tuer, Maddox serait certainement mort, fusillé sur place. A bien y songer, Céleste avait rarement été aussi furieuse. La colère qu’elle avait ressentie à l’époque où elle avait rompu avec @Michel-Ange Grimm n’avait rien à voir avec celle-ci. Alors, elle avait été vexée, froissée à l’idée que l’on veuille plus de quelqu’un d’autre, jalouse qu’on la délaisse. Blessée à l’idée d’être abandonnée. Cette fois, on la voulait. Certainement pour son argent, la notoriété de sa famille étant propice à la demande d’une rançon bien que le risque soit énorme; ou pour quelque chose de pire qu’elle n’osait imaginer. C’était une colère mêlée de tristesse: personne ne venait à sa rescousse; mais aussi entrelacée de peur: qu’allait-il lui arriver? Rentrerait-elle jamais chez elle? Dans quel état? Vivante ou non? Aucun avenir ne se dessinait sous ses yeux pour l’heure, de quoi la plonger dans un profond désespoir.

Maddox, lui, semblait n’être que légèrement vexé. Rien de plus normal à observer que le refus de la Française à enfiler quelques guenilles vulgaires, démodées et de basse qualité. Ça en disait long sur le personnage: c’était sûrement un pauvre gamin, perdu, qui cherchait à se renflouer les poches en prenant tous les risques. Frisait-il la folie? S’était-il tout simplement échappé de Sainte-Mangouste? Elle se souvenait vaguement des deux autres personnes qui avaient été présentes lors de son kidnapping. Qui était-ce? Pouvait-elle aussi s’être échappées du plus grand hôpital sorcier d’Angleterre?
Céleste cherchait à imaginer comment ce gosse pouvait à la fois comprendre son état d’esprit, se comparer dans la même situation et pourtant la garder captive auprès de lui. Etait-ce du cynisme? Si c’était le cas, ça n’avait vraiment rien de risible.

Elle le regarda vaguement poser les deux sacs sur le bout de la table, feignant de ne montrer aucun intérêt. Son ventre commençait à gargouiller mais, alors qu’elle n’en était qu’à son premier jour de captivité, Céleste se promit de ne pas y toucher. Elle avait compris qu’elle devait se méfier. Comme une gamine qui ne doit pas accepter une chocogrenouille qu’un passant lui offrirait gentiment, plein de mauvaises intentions.
Peut-être l’avait-il empoisonné… Peut-être était-ce d’aussi mauvaise qualité qu’elle en tomberait malade… Après tout, où avait-il trouvé cela et où cette nourriture avait-elle traîné? Il tira une chaise, comme pour commencer à discuter avec elle. Céleste ne comptait toujours pas ouvrir la bouche. Si elle pouvait lui mener la vie dure, elle le ferait sans hésiter tant que sa vie ne courait pas de danger.

« Trouvez mieux alors. » dit-elle d’un ton dur et froid. Elle le vouvoyait, car ce n’était pas son ami et elle voulait bien le lui faire comprendre. Imposer une distance entre eux pour condamner ce qu’il faisait était, pour l’heure, la meilleure des solutions. Peut-être finirait-elle par copiner, selon l’évolution de la situation, juste pour s’extirper de ses griffes.
En attendant, la vie dure… Elle exigerait beaucoup de lui, sachant très bien qu’elle refuserait tout de même de porter la majorité de ce qu’il apporterait.

Céleste avait gardé son sang-froid jusqu’ici, au moins jusqu’aux dernières paroles de Maddox.
« Me sentir comme chez moi ici? » s’étrangla-t-elle. « S’il s’agit d’améliorer mon séjour, peut-être serait-il mieux de me permettre de rentrer chez moi? » suggéra-t-elle sèchement. Comment pouvait-il imaginer qu’elle serait plus à l’aise ici? Quel genre de signaux avait-elle pu lui envoyer pendant le bal pour qu’il vienne à penser cela? Il parlait de séjourner ici, ce dont elle n’avait pas du tout envie. Séjourner… Comme si cette infâme pièce pouvait s’apparenter à quelque chose d’agréable.

Céleste avait beau être une jeune femme de haute noblesse, elle n’en avait pas moins du caractère. On entend souvent dire que les hommes mènent la danse dans ces milieux et que les femmes suivent. La Française, aînée d’une fratrie de trois, avait dû se forger le caractère très tôt pour supporter les exigences de ses parents tout en montrant l’exemple à ses cadets. A l’époque, c’était une fillette douce et qui ne disait pas un mot plus haut que l’autre. Elle faisait assez peu de caprices, si ce n’est le voeu de jouer au Quidditch qu’on lui a d’ailleurs refusé car trop dangereux pour une jeune fille si précieuse. Elle faisait danser les pinceaux au bout de ses doigts et avait appris l’élégance et l’excellence au sortir du berceau. Tout était millimétré chez les Delacroix et rien ne devait sortir du cadre, sans mauvais jeu de mots.
Par la suite, et surtout arrivée à l’âge adulte, Céleste s’était endurcie, profondément en désaccord avec tous les choix de vie que ses parents voulaient la voir faire. Eux s’attardaient toujours sur l’image de la petite fille modèle, elle aspirait à devenir forte et indépendante. Et pourtant, la voilà là: faible et enchaînée. De quoi inquiéter ses parents, en premier lieu, mais aussi leur donner des arguments pour invalider ses propres décisions futures.

Il la laissa parler, assez étonnamment, et vider une partie de son sac par la même occasion et à mesure que les phrases s’enchaînaient, la grimace de Maddox se faisait plus prononcée. Il était évident que tout ce qu’elle avait à lui dire ne lui plaisait pas. Qui aurait été heureux de se voir dénigrer ainsi? Seulement, se mettait-il un peu à sa place? Personne n’aurait aimé être à sa place non plus, et même s’il disait le comprendre, Céleste avait bien du mal à le croire.

Bien sûr qu’il ne la laisserait pas partir aussi facilement. S’il la laissait s’échapper, même avec un sortilège d’Amnésie, Maddox risquait Azkaban. Les Delacroix allaient certainement mettre les moyens pour la retrouver, en tout cas elle l’espérait du plus profond de son âme, et tenteraient de briser le sort.

Furibonde, Céleste n’était même pas sûre de vouloir écouter le voleur se justifier. Si ce n’était pas pour l’argent ou pour l’honneur d’avoir réussi à enlever une telle jeune femme, pourquoi l’avait-il arrachée à ses racines? Céleste, terriblement confuse, ne s’attendait pas à recevoir une réponse et encore moins celle qui suivit.

En entendant les quelques mots qu’il prononça, presque tout penaud, Céleste resta médusée. Elle eut le sentiment que son coeur s’arrêtait brusquement et qu’une vague d’angoisse montait dans tout son corps. Elle devint pâle, encore plus pâle qu’elle ne l’était déjà.

« Amoureux? » bégaya-t-elle, sous le choc. « Mais… Comment? » Difficile de savoir si elle était en colère, stupéfaite, perdue, ou un mélange de toutes ces émotions. Elle recroquevilla ses jambes un peu plus vers elle, comme pour se replier et se défendre. Comment un jeune homme qu’elle avait vu lors d’une soirée pouvait croire être amoureux d’elle? Sur quel fou était-elle tombée?
Elle songea qu’heureusement qu’elle avait été la première: dans le cas contraire, que serait-il arrivé aux autres? Malheureusement, la première avait été elle. Elle aurait préféré que cela n’arrive à personne ou à cette peste d’ @Apolline Dunn, en souvenir des mauvaises aventures passées.

Etait-il bon de dire à haute voix ce qu’elle pensait ou valait-il mieux se taire? Elle préféra jouer la carte de l’honnêteté. D’un ton franc et un peu sec elle se lança: « Je n’ai pas envie de faire connaissance, je veux simplement rentrer chez moi. » Elle étudia son visage, sentant une faille chez Maddox. Elle le croyait mais elle ne le comprenait pas. « Un simple rendez-vous aurez suffit. On ne kidnappe pas la première venue simplement parce que l’on en a envie. Comment cela pourrait-il fonctionner quand on procède ainsi? » A vrai dire, il est fort probable que Céleste ne lui ait jamais laissé sa chance s’il avait tenté un rapprochement sous sa vraie identité.

« Si c’est un sourire que vous souhaitez, rien ici ne pourra me le décrocher. » Un phénix enfermé dans une cage ne peut déployer ses ailes et briller de mille feux. Céleste ne demandait pas de confort, en soi, elle exigeait sa liberté.

« Comme ça? » répéta-t-elle, littéralement ahurie. Elle avait entendu de ce fameux coup de foudre, si l’on parlait réellement de cela. Lorsque Céleste était tombée amoureuse de @Michel-Ange Grimm, la jeune femme avait ressenti ces petits papillons qui fourmillent dans le ventre, cette accélération soudaine de son coeur dès qu’elle le voyait passer le pas de la porte. Mais… Ça n’était pas arrivé comme ça. Et surtout… Elle savait l’expliquer. Elle savait ce qui lui avait plu chez cet imbécile de Grimm. Comment Maddox pouvait-il tomber amoureux comme cela, de loin, et prendre la décision d’aller danser pour briser la glace et en même temps lui inspirer confiance pour enfin la kidnapper et la garder captive dans ce trou miteux?

Plus la conversation avançait, si l’on pouvait la nommer ainsi, moins Céleste comprenait. Elle se mordilla l’intérieur de la lèvre, vérifiant ainsi qu’elle n’était pas dans un atroce rêve. Rien n’avait de sens et pourtant, c’était bel et bien la réalité.

Comment Maddox avait pu croire que procéder ainsi la séduirait? Jamais ça n’aurait pu fonctionner, à moins d’être soi-même fou ou de subir un sortilège d’amnésie. Les papillons n’étaient pas venus, plutôt les cafards qui rongeaient son estomac et son coeur avait palpité mais… de peur et d’angoisse.

Elle ne su trop quelle réaction elle avait réussi à susciter chez lui mais très vite le jeune homme se tut puis disparut de son champ de vision, la laissant à sa solitude. Elle n’entendait même pas le bruit régulier d’une horloge qui aurait pu mesurer le temps passé entre ces quatre murs.

(…)

Les jours passaient et se ressemblaient tous. Maddox lui rendait visite de temps en temps, lui offrant toujours un repas et quelquefois des fripes dénichées on ne sait où. Ça n’était jamais au goût de Céleste qui, pourtant, n’avait pas eu d’autre choix que de s’y plier.

Elle mangeait comme si son appétit n’avait pas été plus grand que celui d’un moineau, laissant son ventre hurler avant de finalement craquer. Elle grignotait par-ci, par-là, seulement quelques bouchées pour ne pas se laisser mourir de faim. La nourriture n’était pas fine et n’avait franchement rien à voir avec ce qu’elle mangeait lorsqu’elle était en pension chez elle mais elle était correcte. Si elle mangeait tout, et avec le quelque peu d’activité physique qu’elle fournissait, elle serait certainement ressortie d’ici plus épaisse qu’elle n’était arrivée.

Pour occuper ses journées, Céleste fouillait dans les étagères, observait les quelques babioles qui traînaient là et surtout parcourait les ouvrages de ses longs doigts. Tous n’étaient pas intéressants mais quelques-un attirait son attention, notamment ceux qui parlaient d’art, évidemment, mais surtout un vieux livre poussiéreux, tout au fond de l’étagère. Elle fut surprise de retrouver son roman préféré entre ces quatre pages. Désireuse que cela ne se sache pas, Céleste l’emporta près de son maigre lit et le cacha à chaque fois que nécessaire. Elle cornait légèrement les pages pleines de poussière, par souci de ne pas l’abîmer, et arrivait ainsi à déterminer combien de jours avaient passé.
Devenue quasiment muette en présence de Maddox, l’étudiante s’exerçait à la lecture à voix haute pour ne pas oublier le son de sa propre voix et pour ne plus se sentir désespérément seule. C’était peine perdue.

Les jours qui avaient suivi, Maddox s’était montré plutôt avenant, tentant de s’ajuster aux goûts de Céleste tant en matière vestimentaire que culinaire. Elle était toujours aussi réticente, refusant catégoriquement ses fripes et ne mangeant toujours que quelques bouchées de ses plats. Peut-être qu’en manifestant silencieusement son mécontentement et, s’il était vraiment aussi amoureux qu’il le prétendait, Maddox finirait-il par la relâcher…
Au matin du 31 décembre, Céleste se sentit encore plus abattue, attristée à l’idée de ne pas être avec ses proches et, peut-être, de ne plus jamais l’être. Elle avait imaginé que l’on serait vite arrivé à sa rescousse et, pourtant, elle n’avait aucun signe que quelqu’un s’inquiétait d’elle. Si le Ministère s’était soucié de son cas, la Française aurait certainement déjà été retrouvée. Et pourtant, la voilà toujours là, attachée à une laisse invisible qui l’avait rappelée plus d’une fois à l’ordre, seule comme une malheureuse bête.

Le voleur passa le pas de la porte, un gigantesque sourire accroché au coin des lèvres. Dans d’autres circonstances, on aurait pu le comparer à un rayon de soleil perçant des nuages noirs et orageux gonflés de pluie.
Il déposa de nouveaux sacs, un peu plus chargés que d’habitude. C’était certainement plus copieux, histoire de fêter la nouvelle année, si l’on puit dire.
Lui pensait passer une excellente soirée, avec sa captive, son trophée. Elle, se lamentait intérieurement à l’idée de rester encore et toujours là. Lui voulait absolument rester avec elle, elle désirait profondément s’échapper.

Son oeil lorgna toutefois le sac de nourriture dont se dégageait une odeur incroyable, de quoi faire remuer l’estomac de Céleste qui criait famine. Quelques bouchées de nourriture par-ci, par-là avaient réduit de loin son appétit qui, pour une fois, semblait refaire surface. Mais… Ce qui attira le plus son attention fut l’autre paquet: était-ce encore des vêtements? Ça n’en avait pas l’air.

Elle ne rétorqua rien lorsqu’il exprima son envie profonde de rester avec elle ce soir. A la place de quoi, elle répondit juste: « j’aurais tant aimé sortir, revivre le temps de quelques instants. » Elle fit une pause puis ajouta: « si seulement je pouvais au moins parler à une amie… » soupira-t-elle juste pour elle, pensant une énième fois de la journée à @Siobhán Gavalagh-Korrigan.