Surprise (Persy)

Les jours avaient passés. Mon quotidien se rythmait à la frénésie du travail qui était de plus en plus conséquent. Suite aux différentes actions conjointes, plusieurs enquêtes avaient été ouvertes, et j’avais eu la charge de pourchasser quelques protagonistes fuyants. Heureusement, j’avais appris hier soir que la restructuration ministérielle m’avait renvoyé à la protection des civils, et que cette tempête allait se calmer pour Urielle et moi.
Dans un demi-sommeil, alors que le soleil était couché depuis quelques heures maintenant, j’entendis un bruit de pas dans le couloir. Mes yeux se réouvrirent, sur le qui-vive. Qui cela pouvait bien être à une heure pareil ?
Sans prendre la peine de mettre un t-shirt, le torse couvert de bleus et de divers pansements, je pris ma baguette et j’avançais avec calme et professionnalisme vers la porte. Les pas s’arrêtèrent devant cette dernière. C’était bien pour moi qu’on venait.
Personne ne connaissait l’adresse de mon nouvel appartement, hormis Perséphone et ma famille. J’avais fait ce choix, justement pour éviter que ce genre de chose se produise. Perséphone était à l’autre bout du monde, et ma famille privilégiant toujours d’annoncer son arrivée, il y avait donc quelqu’un qui voulait attenter à ma vie ce soir.
En même temps… Est-ce que cela était étonnant ? J’avais du être suivi.
La poignée de la porte tourna. Avec calme et concentration, je me préparais à viser, au niveau de la poitrine comme je l’avais appris, car c’était la zone la plus facile à atteindre…

« Urielle c’est pas vraiment le moment de me faire une surprise de merde... »

La porte s’ouvrit alors. Le Stupéfix partit, mais d’instinct, je reconnus le visage derrière cette dernière et je relevais ma baguette au dernier moment. Le bois du montant de la porte vola en éclat dans une détonation monstrueuse.

« Bon sang ! Persy ! »

Je me ruais sur elle, pour ensuite l’embrasser. D’abord sur les lèvres, puis sur le front. Je la libérais de cette étreinte rapide, et sans rien rajouter, je passais une tête dans le couloir et je fis demi tour. D’un Reparo, je réglais l’affaire de la porte, que je refermais.

« J’ai failli encore t’envoyer au tapis ! Qu’est ce que… euh.. qu’est ce que tu fais là ? »

C’était certainement pas le meilleur accueil. Finalement, je lui pris les deux mains, jetant ma baguette sur mon lit et l’observant d’un œil inquiet.

« Il t’est rien arrivé de grave ? »

Plus les jours passaient, plus les unes de la presse internationale lui donnait des cauchemars. Le coach Kauri n'avait pas eu besoin de deux jours pour flairer le nifleur. Il fallait dire que ce qui se passait en Angleterre allait bien au-delà de quelques petites échauffourées dignes des colonne faits divers. Le gouvernement semblait avoir perdu la tête et à ce qu'on pouvait lire dans les journaux, le pays était au bord de la guerre civile. Bien sûr, en bon auror qu'il était Fergus n'était pas joignable facilement et ça n'avait fait qu'apporter de l'eau au moulin de sa belle, de l'autre côté du pacifique. Finalement, elle avait abdiqué et demandé un congé. Kauri n'avait même pas fait mine de le lui refuser. La famille revêtait une importance toute particulière pour les maoris et, si l'équipe était en quelque sorte une famille à part entière, aucun des gars n'auraient fait quoi que ce soit pour retenir Perséphone.

Embarquée sur la première aéronef, elle avait atterri dans un endroit du Ministère qu'elle ne reconnaissait pas. Apparemment les nouvelles douanes magiques. On lui imposa des vérifications par dessus la tête, elle qui était plutôt habituée à ce qu'on la laisse passer en échange d'un autographe ou une photo magique. Le fait qu'elle ait une nouvelle baguette lui valu prêt d'une demie-heure d'interrogatoire et, quand ils eurent fini de la cuisiner par le menu sur qui elle était - alors que ça se voyait franchement - les raisons de son retour impromptu au pays et tutti quanti, elle s'échappa en direction de la sortie, laissant à sa gauche un grand socle vide là où, elle s'en rappelait très bien, s'était dressé la statue de la fraternité.

« Il fait nuit ! », pesta-t-elle, bouche bée, en réalisant tout le temps qu'elle avait perdu.

Et ça n'était pas tout, apparemment le Ministère avait établi des corridors anti transplanage dans le quartier, si bien qu'elle n'avait pu qu'à attendre le passage du magicobus, Merlin savait quand, puis qu'elle n'avait pas jugé bon de prendre le prospectus des horaires... quand elle arriva à l'appartement, il était une heure bien avancée et elle ne rêvait que d'une bonne douche et de se jeter dans le lit en attendant que Fergus rentre... elle s'imaginait qu'il était de mission puisqu'il n'avait pas répondu à son dernier message.

La clé tourna dans la serrure et, juste comme elle passait le pas de la porte, un sortilège fusa droit sur elle. Réflexe de sportive, et s'accroupit tout en tirant sa baguette et son protego sur évita une pluie de débris tout droit tombé du chambranle de la porte.

« Urielle ???? Mais ça va pas mieux !!! », se récria-t-elle d'une voix étranglée alors que Fergus volait à son secours.

Le baiser qu'il posa sur ses lèvres suffit à lui passer tout envie de se récrier de quoique ce soit. Ce petit geste lui avait cruellement manqué tout comme ces petites marques d'affection qu'ils avaient toujours l'un pour l'autre. Sans y prêter attention, elle serrait doucement ses mains dans les siennes tandis qu'il l'accablait de questions.

« C'est à toi que je devrais demander ça. J'ai vu dans la presse. Qu'est-ce qui se passe ici ? Je voulais être sûre que tu allais bien et comme tu ne me répondais pas j'ai eu peur que - », il savait très bien de quoi elle avait eu peur. Elle lui offrit un sourire de toutes ses dents merveilleusement blanches et alignées, avant de le serrait contre elle avec la force du désespoir. Elle n'était guère rassurée par tout ce qu'elle voyait sur la peau de Fergus, que ce soit les bleus, les ecchymoses violacées ou encore les sparadras mis à la va vite. Mais une chose la taraudait tout de même, presque plus que le reste... « Et d'abord c'est qui cette Urielle que tu attends torse nu dans notre lit ? »

Chassez le naturel...

Je me mis à ricaner légèrement. Cette fois-ci on était bel et bien revenu à nos problèmes de quiproquo et à nos propres bases. Presque ravi en réalité qu’elle l’est déjà interprété ainsi, car la jalousie prouvait qu’elle m’aimait toujours autant malgré la distance, je l’invitais à rentrer tout en disant d’un ton calme et un peu fatigué.

« Urielle, c’est ma nouvelle binôme au Bureau des Aurors. Quelqu’un de fiable, et surtout sur qui je peux compter. Finalement je râlais d’avoir perdu Hank, mais c’est peut être pas plus mal. Je te la présenterai ! »

Je commençais à ranger un peu magiquement. Le peu de fois où je passais par ici, simplement pour manger rapidement et surtout dormir faisait que rien n’était bien à sa place. Vu que je vivais seul, depuis son départ, j’avais repris mes vieilles mauvaises habitudes d’étudiants. A quoi bon faire des efforts quand on vit seul.

« Tu dois être épuisée. Mais en même temps on a tellement à se dire ! »

Une énergie nouvelle était là. J’avais bien envie de lui sauter dessus, mais je lui devais quelques explications quand même avant qu’on passe à cette étape. Indiquant le canapé pour qu’elle s’asseye, j’envoyais la bouilloire sur le feu qui s’alluma tout seul. Attrapant un t-shirt car il faisait froid hors des couettes et que je ne voulais pas non plus qu’elle s’inquiète outre mesure, je relevais le nez vers elle.

« C’est le bordel. Globalement, il semblerait que la totalité des groupuscules extrémistes pro-hybrides se soient alliés et coordonnés pour attaquer le pays dans des attaques très ciblées et bien réfléchis. En réponse, le Gouvernement est en train d’endurcir la ligne politique et exécutif du pays. J’ai été réaffecté à la protection des civils et comme tu le vois… c’est pas de tout repos ! »

Je lui fis un léger sourire désolé. Est-ce que je devais lui dire qu’on m’avait envoyé là bas pour mon manque de confiance et certainement de fidélité en raison de ma famille et des idéaux qu’elle avait ? Non. Je n’allais pas lui prendre la tête avec ce genre de problèmes pour l’instant, surtout qu’on avait pas mal de temps à rattraper.

« Mais ça va se tasser, ceux qui ont organisé tout ça vont être à cours de ressource et ils vont être obligé de se réorganiser, se restructurer… On va avoir du répit et… oh je suis con ! Je t’ai même pas demandé comment ça allait. »

Au fur et à mesure que je parlais, je m’étais rendu compte que l’adrénaline qui était de retour grâce à mon métier me faisait penser et parler vite, comme si mon organisme était ravi de la situation critique. Me mordant l’intérieure de la joue, je mis cela dans un coin de ma tête pour en parler à Miss Wanda car j’étais certains que ce n’était pas un comportement normal.
Me levant du fauteuil, j’allais m’installer à côté d’elle et je passais mon bras par dessus sa nuque pour la regarder dans les yeux.

« Mais parle moi plutôt de là bas… T’inquiète, ici je ne risque pas grand-chose. Ma coéquipière tient la route à mort. » mentis-je.

Puis, mes sourcils se froncèrent. Je n’avais qu’une envie c’était qu’elle me dise que c’était nulle, que les gens étaient méchants et qu’elle allait rentré bientôt pour se rabattre sur une équipe nationale et qu’elle allait enfin à nouveau partager ma vie.

« C’est comment ? La Nouvelle Zélande ? C’est pas trop… grand ? Avec trop de moutons ? Tes coéquipiers sont... » Allez Fergus, faire un effort, c’est la clef du couple. « ...cool ? » alors que bien évidemment, je voulais dire : Beau, meilleur que moi, plus intelligent, plus riche et attractif… ?!

Quelqu'un de fiable, sur qui il pouvait compter. Perséphone força son meilleur sourire hypocrite. Cette Urielle ne lui disait rien de bon mais elle ne pouvait décemment pas faire une scène de jalousie au bout de trente secondes. Ou le pouvait-elle ? Elle en était capable en tout cas mais ça n'aurait pas été correct après tout ce qui s'était passé entre eux juste avant le départ pour la Nouvelle Zélande. Dans un coin de sa tête la voix de Tia lui susurrer de mauvaises paroles sur les relations à distance.

Tandis qu'elle s'efforçait de ne pas trop y penser, Fergus lui donnait un semblant d'ordre à l'appartement. A eux deux, ils n'étaient pas les personne les plus ordonnées de la terre mais ils avaient appris à faire des efforts pour que leur chez eux ne devienne pas complètement impraticable. L'habitude des coloc' avait largement aidé du côté de Perséphone.

« La protection des civils ? », elle aimait mieux ça qu'autre chose mais pour avoir grandi avec une auror, elle savait très bien ce que cela voulait dire, « Qu'est-ce que tu as bien pu faire pour contrarier @Nott Tyrfing à ce point ? », la protection des civils étaient habituellement le job de la BPM. Quand un auror se retrouvait relégué à ce poste, ça sentait la mise au placard ou le rappel à l'ordre. Elle le suivit du regard notant pour elle même la curieuse agitation avec laquelle il lui racontait tout cela. « Moi je vais bien, je suis à des kilomètres de tout ce bordel. Quand j'ai lu dans la presse que le pays était au bord de la guerre civile je pouvais pas faire autrement que de venir. »

Évidemment, elle s'était rongé les sangs et à le voir cacher ses écchymoses derrière son t-shirt elle était convaincue qu'elle avait bien fait de venir. Pour autant, elle consentit à laisser le sujet de côté quelques instants pour parler de la Nouvelle Zélande.

« C'est génial ! Bon j'ai cru que je n'allais pas survivre au waerea mais je suis encore là. Et les gars sont juste géniaux ! », quand elle disait les gars ça incluait aussi des filles mais il y avait peu de chances que Fergus se fasse cette réflexion, « Le coach est super impliqué avec l'équipe et il m'a même aidé à trouver un appart' en ville, du coup je vois pas tant de moutons que ça même si je crois que j'ai rien contre les moutons. »

Elle rayonnait de bonheur, cela se voyait et pourtant, c'était à Londres qu'elle se trouvait à ce moment précis, quitte à tout lâcher pour y être.

Je sentis une tension au bout de mon bras quand Perséphone parlait. Ou alors je devais rêver ? Qu’est ce qui pouvait la rendre mal à l’aise comme ça ? Hm… Elle devait simplement être inquiète. Finalement, elle parla de Nott et annonça que c’était elle que j’avais contrarié. Regardant dans le vide, au niveau de la cheminée, je me contentais de répondre d’une voix maussade :

« Non, elle n’a rien à voir avec ça malheureusement. Je pense que c’est juste mon nom de famille qui fait ça. Le Ministère n’a jamais fait confiance aux Clearwater je crois. Mon père s’en sort mieux avec son poste, mais je sais pas combien de temps ça tiendra. Peut être qu’on est nul aussi avec Urielle tout simplement. »

Je fis une grimace. Ca ne m’était pas venu à l’esprit ce genre de truc aussi. Peut être que contrairement aux autres, on avait des états de services moins bien que les autres et que c’était justement par ce fait qu’on avait été envoyé à cet endroit. Quoi qu’il en soit, personnellement, ralentir un peu et protéger la population me convenait parfaitement.

« Waerea ? Qu’est ce que c’est ? »

Et, sans réfléchir et sans même parler un anglais correct j’enchainais avec un …

« Les gars ? Mais vous êtes des filles à l’équipe ? » maladroit.

Je sursautais un peu. Ma phrase mal formée puait la jalousie à plein nez. Je la serrai contre moi et j’essayais de me rattraper comme je pouvais.

« J’veux dire… Les meilleurs joueurs sont des filles. Elles ont la vitesse et l’habilité que ne peuvent pas avoir les mecs. C’est curieux qu’ils ne jouent qu’avec une seule fille non ? »

Voilà. Passer pour un grand prince défenseur de la cause féministe allait certainement me sauver. Le coach est super impliqué. Et le coach par ci. Et le coach par là. Le coach le coach le coach… Chassez le naturel… Il revenait a galop. Mais plutôt que de parler, je clignais bizarrement plusieurs fois des yeux, et j’ouvrais la bouche comme si j’avais une contracture de la mâchoire. Je reclignais une fois des yeux, et je sentis ma main qui était autour du bras de Perséphone se contracter et se fermer… Comme si j’avais le cou du coach dans ma main…

« Si tu t’éclates c’est le principal ! » dis-je d’une voix aigue. « Et c’est vraiment un excellent choix de carrière la Nouvelle-Zélande. Ce sont les meilleurs joueurs du monde qui passent par là. Et je suis tous tes matchs ! »

Ma lèvre s’écarta en un sourire cette fois-ci. Oui, je suivais tous ses matchs. Oui, je lisais toutes les coupures de presse. Oui, elle me manquait cruellement et il n’y avait pas une seule seconde où je ne pensais pas à elle. Pas une. Et chaque seconde sans l’avoir là, prêt de moi, était l’équivalent d’un Doloris. Plusieurs fois, en intervention et en surveillance, j’avais regarder dans le vide, une boule immense dans le ventre et Urielle m’avait demandé si je n’étais pas malade. Mais, en bon Clearwater, j’avais dit que tout aller pour mieux, et que j’avais juste mal digéré la bouffe infâme qu’on avalait en planque.

« Mais tu me manques. J’te mentirai si je disais le contraire et que j’espérais pas intimement que tu perdes un peu de niveau pour revenir dans un club Ecossais... » dis-je avec un sourire triste.

Puis, comme pour chasser un peu la discussion, je l’embrassais sur le front et je déclarais en me levant :

« Mais tu as mangé ? Tu veux qu’on sorte prendre un verre ou manger un truc ? »

Perséphone arqua un sourcil. Pendant une fraction de seconde l'idée de confirmer qu'un binôme avec cette Urielle ne marchait de toute évidence pas l'effleura. Mais ça n'aurait pas été très mature de sa part et au vu des états de service de Fergus, ça n'aurait pas été crédible.

« J'espère que tu ne crois pas c'que tu dis. », fit-elle finalement, d'un ton incrédule.

Ils s'étaient rencontrés dans des circonstances plus que particulière et, si aujourd'hui Perséphone n'avait plus franchement besoin d'un héros, il restait à ses yeux son chevalier blanc. En y repensant, Fergus avait fait pour elle ce que personne avant n'avait réussi à faire. Combler ce besoin d'être secouru, colmater les fissures de son coeur de petite fille blessée, mais au lieu d'exploiter cette dynamique malsaine qui aurait pu si aisément se mettre en place entre eux - puisque leurs carences se répondaient si bien - il avait laissé tombé l'armure pour qu'elle puisse panser son être blessé ou à tout le moins le regarder, tel qu'il était vraiment.

Un sourire amoureux passa sur les lèvres de Perséphone tandis qu'elle couvait Fergus du regard. Bien sûr que c'était l'homme qu'elle allait épouser, un jour, au moins sur le principe, peut-être pas dans les faits. Ça, seul l'avenir pourrait le dire. Mais elle était là, à des kilomètres de l'endroit où elle aurait dû se trouver. Elle était là pour lui.

« C'est une espèce d'épreuve pour montrer que tu es digne de confiance et digne d'intégrer la communauté. Il y a la version pour les touristes mais il y a aussi une autre version un peu moins youpi tralala. », elle s'arrêta là, sans en dire plus. Cela faisait partie des secrets de sa nouvelle grande famille, « Il y a autant de gars que de filles Fergus, et tout le monde est bon délire. C'est très différent des équipes anglaises là dessus d'ailleurs. »

Personne n'avait essayé de la draguer. Elle ne dirait pas que les armoires à glace qui lui servaient de coéquipiers la taquinait parfois sur son petit copain mais le plus souvent, c'était eux qui lui remontaient le moral quand la distance se faisait trop sentir. Et puis finalement Fergus lui fit cette confession, la plus adorable et la plus sincère du monde. Elle le regarda droit dans les yeux, troublée mais il ne lui laissa pas le temps de vraiment répondre. Fuyant ce moment, gêné sans doute, il lui posa un baiser sur le front, déviant sur l'éventualité d'un dîner tous les deux.

« D'accord mais... t'es sûr ? Je veux dire : je croyais que c'était la guerre civile dehors ? Rien que pour venir jusque chez nous j'ai dû montrer patte blanche à tous les coins de rue. »

Elle ne pouvait nier avoir un petit creux même deux. Mais avant cela, elle le retint par la main.

« Fergus, tu sais que jamais aucune équipe écossaise ne va me pardonner d'avoir éliminer les Prides mh ? Maintenant je n'aurais rien contre porter le maillot de Dryburgh avec rien dessous et te laisser évaluer mon niveau avant de sortir manger... », elle l'allumait carrément, rehaussant le tout d'un petit sourire entendu derrière son regard mutin.

Ce fameux maillot de Pride que Fergus lui avait sorti comme pyjama le premier soir...

« Challenge accepted », avait-elle dit par pure provocation.

Elle n'eut jamais le temps d'atteindre la commode et encore moins le fameux maillot. Elle sourit lorsqu'il lui passa la main dans les cheveux. Complètement relâchée, elle lui adressa un sourire lascif et amoureux. Elle avait eu besoin de ce moment de symbiose depuis des mois mais la distance n'aidait en rien.

« Tu en doutais ? », nota-t-elle en se redressant sur ses coudes pour mieux le suivre du regard alors qu'il se rhabillait. Privée de la vue, elle fronça les sourcils, intriguée par les petits criaillements qu'elle entendait depuis le lit. Moins pudique que Fergus elle se leva et vint se coller contre son épaule.

« Qu'est-ce qui lui est arrivé ? »

Elle s'était étonnée que le familier de Fergus n'ait pas encore essayé de la défigurer depuis qu'elle était arrivée. Cette satanée bestiole était d'une jalousie hors norme. Et c'était Perséphone qui le disait. Lorsqu'il recouvrit la cage, elle retourna dans le lit, présentant son dos aux courbes délicieuses plutôt que l'expression inquiète qui s'était peint sur son visage à l'idée que Sekmeth ait dû se sacrifier pour... la seule idée lui faisait froid dans le dos. Elle avait bien fait de revenir. Mais jusqu'à quand ?

« Je sais pas trop. Le coach Kauri s'est montré assez compréhensif et de toute manière, je ne vaudrais rien sur le terrain si j'ai la tête constamment ailleurs. », elle n'exprimait peut-être pas les choses de la même manière que lui mais il était clair qu'elle avait son Fergus suffisamment dans la peau pour ne plus pouvoir se l'enlever de la tête à l'aube d'une guerre civile, « Si Sekmeth n'avait pas été là... j'ai pas envie de repartir tout de suite. Je peux pas. Je serais pas sereine. »

Elle plongea son regard dans le sien longuement, pour essayer de deviner ce qu'il ne lui disait encore pas. Perséphone commençait à le connaître. Il voudrait ne pas l'inquiéter, faire bonne figure, quitte à enjoliver la situation s'il le fallait.

Profitant du spectacle, je me mis à sourire légèrement quand je vis que Sekmeth, malgré son jeune âge lançaient des regards assassins à Perséphone car elle était appuyé sur moi. Terminant de la nourrir, sans commenter à voix haute ce que je voyais, je la laissais repartir tout en écoutant ce qu’elle me racontait concernant sa carrière. Pivotant calmement et me dirigeant vers le lit en déposant les graines sur un buffet, je déclarais d’une voix calme et apaisante :

« Elle a pris un sort à ma place. C’est courant tu sais, et c’est pas la première fois. Mais je te dis, je prendrais moins de risque les prochaines fois, puisque je serai certainement affectés à des missions moindre. T’as aucun soucis à te faire. »

C’était un demi-mensonge, car il y avait toujours un risque et elle s’en doutait bien vu que sa mère était une collègue. M’allongeant à côté d’elle, je glissais mes yeux sur son corps d’athlète et je ricanais en répliquant :

« Le soucis c’est que si tu t’arrêtes de pratiquer, j’pense que ce corps de rêve va dépérir ! » dis-je taquin pour détourner l’atmosphère.

Puis, je posais ma tête sur elle, comme pour l’apaiser. Arrêtant de ricaner comme un gosse, je tournais mon regard vers elle, l’observant à l’envers et fronçant les sourcils pour reprendre bien plus sérieusement.

« Il est hors de question que tu mettes ta carrière entre parenthèse pour moi. Et que tu sois là ou non, ça ne changera pas grand-chose sur le terrain et dans les faits. Tu dois vivre ton rêve et t’améliorer pour devenir une légende du Quidditch. Je passe après tes rêves, et c’est mieux ainsi. »

Je terminais avec un grand sourire et un petit clin d’oeil. Puis, dans un mouvement vif, je me mis sur le ventre et je la regardais dans les yeux. Passant ma main sur son visage pour lui écarter une mèche de cheveux, je lui déclarais d’un ton calme et sérieux :

« Tu ne peux pas non plus t’empêcher de jouer. Il faut que tu te donnes à fond, sinon ça ne sert à rien d’être aussi loin et de toucher ton rêve du bout des doigts. »

Je lui passais la main dans le coin des lèvres pour la forcer à sourire tout en souriant à mon tour.

« Je pense que ce n’est que l’affaire de quelques mois, ça redeviendra tranquille par la suite. Tu sais, c’est moins risqué que lorsque j’ai été en infiltration sous couverture pour tirer des informations sur une secte de Mage Noir. Je prends pas de risque inconsidéré, et Urielle est pareille. Franchement, le risque n’est pas aussi fort que tu le penses. »

Elle ne croyait même pas à moitié à cette histoire d'affectation moins risquée. Ariana Valero, sa mère, avait largement contribué à lui ôter toute forme de naïveté là-dessus. Sans aucun doute, si ça n'avait été le fruit du hasard, l'agent Valero aurait mené sa vie sans enfant à enchaîner les infiltrations périlleuses comme de son jeune temps. Certaines erreurs avaient du bon. Du moins c'est ce que Perséphone ne put s'empêcher de se dire, chassant du même coup l'envie de rétorquer quelque chose. Fergus, lui, achever de balayer le sujet d'une oeillade presque polissonne.

« J'aurais quelques idées pour l'entretenir ce corps de rêve... » lui opposa-t-elle en accrochant à ses lèvres un coin de sourire. Mais il voyait bien que c'était loin d'être suffisant pour souffler le petit nuage noir qui planait au dessus de leur lit. Alors, devant ses efforts, ses mots doux et ses encouragements, Perséphone était bien obligée de se prêter au jeu.

Ca n'était sans doute pas ce qu'elle voulait, le faire passer en second, mais le fait qu'il semble prêt à s'effacer pour la porter vers ce rêve était un cadeau en soi. Quelque chose de profond et de sincère alors même qu'il l'avait dit lui-même, la séparation lui était difficile. Quelque part dans un coin de sa tête, elle ne put s'empêcher de se faire la remarque. C'était un sacrifice d'un genre que personne n'avait encore fait pour elle. Evidemment l'instant d'après elle se rappelait qu'il fallait arrêter de le voir comme son Chevalier Blanc, même si c'était plus fort qu'elle. Leur relation avait fait du chemin, beaucoup de choses s'étaient passées, avaient été dites, et delà où ils se trouvaient maintenant, ils pouvaient regarder tout cela en prenant de la hauteur. Allégé du poids des casseroles qu'ils avaient abandonner en route, le voyage promettait de les emmener loin.

« Je t'aime Fergusson Clearwater. », fit-elle finalement, comme dans une manière de saluer tous les efforts qu'il faisait pour la rassurer, « Et j'ai faim aussi. On décolle ? »

C'était qu'à force de s'occuper, de bavarder, et chasser les angoisses de l'un de l'autre, elle se sentait une faim de loup et, quelque chose lui disait que si elle en était à ce point, Fergus devait être au bord de l'inanition.