Amy Jordan ou Rien. (Aram)

Un peu avant.

Je le regardais dans les yeux. Alors qu’il portait ses lèvres sur ma main, mes joues rosirent légèrement. Puis, je lui serrais la main et je l’attirais un peu, juste pour qu’il arrête. Avec un léger sourire en coin je répliquais :

« Tu parles toujours aussi bien Romanez. Mais ça marche plus avec moi. Allez, ramène tes fesses. »

Pourquoi je lui disais ça alors que je me rendais compte que je lui tenais toujours la main ? Je n’en savais trop rien. En vérité, peut être que je me mentais à moi même en affirmant que ses charmes ne marchaient plus avec moi.

« Garde ton énergie pour notre contact. »

Et, sans préavis, je nous fis transplaner dans l’Allée des Embrumes.


La seconde d’après, nous étions devant une petite boutique étrange. Très étroite, l’entrée n’avait que la taille… de la porte. Une petite pancarte indiquait d’une écriture maladroite comme un enfant apprenant à lire

« Hocus Pocus. »

Mais, le désespoir m’envahit à nouveau, car sous la pancarte présentant la boutique, un petit panneau en bois, avec la même écriture disait : « Fermeture pour cause fils de puterie Ministérielle. On va là où tous les rebus vont s’accoquiner ! »
Je fronçais les sourcils.

« Non. Non non non... »

Je m’approchais de la poignée, et je commençais à essayer de la tourner. Fort heureusement, cette dernière céda, c’était ouvert. Sans crier gare, j’entrais comme une furie à l’intérieur, bien décidée à avoir ce que j’attendais.
Je sursautais presque en voyant deux Trolls dans la boutique. D’instinct, j’avais mis mes mains en posture de combat magique. Les trolls se tournèrent vers moi, leur regard stupide me fixant droit dans les yeux. Comme bloqués dans le temps, chacun d’entre eux se chargeaient de porter une pile immense de valise.

« Woh hé ! Bordel ! Vous savez pas lire ou quoi ! On se calme les amoureux, ils sont enchantés pour m’aider à déménager. J’ai payé ça la peau d’ma truffe, alors me les abîmés pas ok ? »

Une voix surgit de nul part. Baissant les mains, je cherchais des yeux la voix qui venait de parler sans voir personne. Finalement, une petite… patte ? Me donna un coup de poing dans la cuisse.

« Ici Sapiens ! C’est pas vrai, vous êtes tous du même panier j’y crois pas. J’sais pas comment s’passe votre gestation mais doit y avoir un truc qui manque c’est pas vrai. »

Je baissais enfin les yeux… Un raton-laveur parlait comme un humain. Il était vêtu d’une combinaison étrange et il me regardait avec ses petits bras croisés. Je n’avais qu’une envie c’était de le prendre dans mes bras et de le serrer de toutes mes forces.

« C’est vous le propriétaire ? » demandais-je incrédule en me remettant de mes émotions.

Il renifla bruyamment et grogna.

« Elle sort d’où Romanez celle là. C’est pas possible, t’es avec une nana différente à chaque fois et y’en a pas une qui a un cerveau ou quoi ? A part Amy. Amy, c’est particulier. Amy, c’est l’élue de mon coeur. C’est ma Amy Jordan à moi. Tu connais Amy Jordan toi ? »

Je clignais des yeux plusieurs fois. Ce nom ne me disait rien du tout. Cette… conversation commençait à prendre un tournant bizarre… Je n’y comprenais rien du tout. Ce que je savais, c’était qu’il connaissait Aram… Mais ça, ça n’avait rien de surprenant. Ce bougre connaissait tout ce qui se faisait de meilleur et de pire dans le monde des sorciers…

« Non... » répondis-je encore stupéfaite de parler à un Raton-Laveur.

Il se mit à rire, et attrapa une petite bouteille avec écrit « Saké ». Il la déboucha avec ses petits crocs . Avalant plusieurs gorgées, plus que de raison, il fit une énorme grimace et renifla comme s’il… pleurait ? Mais c’était pas évident de voir quand un Raton-Laveur pleurait.

« Alors t’as raté ta putain de vie ma vieille. »

D’un geste plutôt habile, il attrapa une fléchette qui était à sa ceinture pour l’envoyer sur une photo magique agrandie d’un sorcier que je ne connaissais pas non plus. J’étais tombée où ?

« Qu’est ce que vous m’voulez ? Dépêchez vous, j’vais fermer et m’installer ailleurs. Là où les miens sont tolérés tu vois l’genre d’endroit. J’ai conclus une affaire avec un ptit Loup Garou qui était autrefois Chercheur en Archéologie magique. Hocus Pocus s’agrandit mon pote ! »

Il s’adressait à Aram. Il but encore quelques gorgées. Finalement je pris mon courage à deux mains et je déclarais :

« Je veux utiliser votre Nécrophone. On m’ a dit que vous en avez un... »

Il s’étouffa avec son Saké. Puis il posa la bouteille et fit plusieurs signes aux Trolls pour qu’ils dégagent de là. Ses petits bras se croisèrent et il déclara finalement :

« J’ai bien peur que ça soit plus possible ma belle. L’dernier qui s’en ait servi a pas suivi mes recommandations. Résultat des courses il a rejoins sa petite mamie avec qui il voulait causer héritage six pieds sous terre. J’me suis débarrassé de cette merde, trop dangereux. Surtout qu’pour les affaires, avoir des morts c’est pas l’top. J’l’ai vendu à un pignouf pour trois fois son prix ! Hé ! J’ai appris des meilleurs hein Aram ! »

Je tournais la tête pour regarder Aram et je roulais des yeux. Il s’installa sur un petit tabouret et il s’alluma une… cigarette.

« P’t’être que s’bon vieux Procyon peut vous aider. C’est pour quoi en fait ? »

Je commençais à partir.

« Pour retrouver ma sœur perdue. Je veux savoir si elle est morte. Mais j’ai du mal à faire confiance à un Raton-Lav... »

Le fameux Procyon envoya une fléchette qui passa à deux doigts de ma joue, il se leva de son tabouret, comme s’il venait d’être offensé.

« J’suis pas un Raton-Laveur okay ? Apprends lui les bonnes manières Ramram. Le prix vient de doubler. J’veux pas d’or, tu sais bien que ça m’intéresse pas. J’veux un rencard avec Amy Jordan. Dans l’plus beau resto du Londres Magique. »

La sorcière les avait emmenés au beau milieu de l’allée des embrumes, qu’Aram reconnut du premier coup d’œil. Il ne pu cacher son rictus grimaçant en comprenant dans quelle boutique Iseult souhaitait entrer. Dans le milieu, il n’y avait rien de pire que les vendeurs de rêve concurrents et bon marchés. Et il fallait vraiment que la druidesse éprouve la soudaine envie de voir le pire d’entre eux…

Apparemment, elle ne savait pas vraiment à qui elle avait à faire car il fut facile de lire la surprise perler sur son visage quand elle l’aperçût pour la première fois. En croisant les bras, Aram se mit à ricaner tout en jetant des petits coups d’œil intéressés aux valises que portaient l’un des deux trolls.

Mais quand la bestiole prononça le nom de sa cousine, il décroisa les bras en cessant immédiatement de se gausser.

- Comment est-ce que tu oses, espèce de sale nevăstuica (*belette) !

Apparemment, Procyon n’avait toujours pas digéré le fait qu’Amy choisisse une vulgaire crapule croate pour fuguer avec lui. A vrai dire, Aram non plus, mais il préférait encore mourir plutôt que de lui avouer. Cependant, il ne s'inquiétait pas trop. L’autre abruti croate étant aussi rayonnant qu’une geôle de prison d’Azkaban – et Amy étant Amy - elle ne tarderait pas à se lasser de lui.

Mais le temps de dire Kroups, Iseult venait de lui dévoiler tout son jeu. Devant un contrebandier prêt à revendre père et mère s'il pouvait récupérer ce qu'il voulait en échange, il aurait mieux valut rester discrète. En quelques secondes, Procyon avait tout appris d’elle sans rien avoir à payer : la sorcière avait besoin de son Nécrophone pour retrouver sa sœur. Il ne leur serait plus possible de négocier quoi que ce soit avec ce vaurien poilu, il avait l'avantage.

En soupirant, le Romanez passa ses mains sur son visage mal rasé. Les tziganes avaient quelques rituels secrets nécromanciens, mais ils étaient aussi complexes que risqués. Lui-même devait bien avouer que le Nécrophone serait bien plus pratique dans leur recherche. Il ne restait plus qu'à espérer que Procyon se montre raisonnable...

Cependant, lorsque le propriétaire des lieux énonça son prix, l’arménien sentit son sang s’échauffer, et il attrapa l’arnaqueur par le col… avant de finalement le reposer lentement sur son comptoir. En rageant, il s’éloigna en tournant en rond, avant de jeter un coup à Iseult.

- Amy est ma cousine, lui expliqua-t-il. Une jeune fille très… innocente… Très naïve.

Il était difficile de trouver les mots qui la dépeindraient le mieux, mais Amy était une sorcière… difficile à décrire. Aram n'obtint en retour que le regard larmoyant d’Iseult, lui rappelant silencieusement que l'arménien avait promis de l’aider dans sa quête… En râlant bruyamment, il se tourna de nouveau vers Procyon en le pointant du doigt d’un geste menaçant.

- Ok, je vais appeler Amy ! Mais je te parie qu’elle ne va même pas me répondre ! De là à accepter ton offre… Laisse-moi rire…

En grommelant dans sa barbe de trois jours, Aram sortit un petit miroir dépoli de sa poche sur lequel il passa ses doigts en marmonnant quelques mots en romani. Pour son plus grand désarroi, la petite blonde ne tarda pas à montrer sa frimousse bien trop ravie, semblant toujours se la couler douce en Croatie.


- Salut Aram ! La vache, t’as vu tes cernes ? Il faut dormir des fois tu sais, sinon on m’a dit qu’on pouvait risquer de se transformer en goule ! Hey mais c’est mon lapin que je vois derrière toi ? Salut mon lapin !

- Amy, je t’ai déjà dit que Procyon n’est pas ton lapin ! C’est pas ton patronus non plus, estúpida, tu vois bien qu’il a pas la même tête !

Le Râton-Laveur se mit à gueuler quand Aram l’attrapa par le col. Une fois sur le comptoir, il bougea ses petits bras pour lui faire plusieurs doigts d’honneur et il se mit à scander :

« Ouais ! Bah si t’étais plus futfut tu l’auras pas laisser se barrer avec l’autre narvalo ! »

Mais, à ma grande surprise, Aram obéit sans rien dire. Mes yeux se posèrent sur lui. Pour lui, la famille c’était sacré et de voir qu’il était prêt à lui laisser parler à un raton-laveur pervers, juste pour moi me toucha énormément. Sans un mot les bras le long du corps j’observais la scène. Le fameux Procyon passa une main sur sa langue et se remit les poils du front en place quand il vit Amy dans le miroir.

« Héé ! Amy ! Ma douce ! Comme tu vas ? Tu bronzes un peu en croatie ? » dit-il d’un ton étonnement doux.

Grimpant sans vergogne sur l’épaule d’Aram, il frotta la tête du rom et étira sa gueule en un sourire amusé.

« T’inquiète, je surveille ton cousin. Il faut qu’il dorme, j’arrête pas de lui dire. Mais tu l’connais, il préfère veiller tard… C’est pas sérieux. Une hygiène de vie digne d’un Tanuki, voilà ce qui lui faut. Passe moi ça… J’parle avec elle deux minutes, et promis j’vous aide. »

Avec une agilité sans nom, il arriva à chiper le petit miroir des mains d’Aram. Puis, dans une acrobatie, il roula sur la jambe du rom et glissa sur le sol pour aller vers l’arrière boutique dans sa dégaine étrange et amusante. On l’entendait marmonné au miroir tout en partant :

« Non… T’inquiète il est sympa avec moi… M’installe au Marché aux Trolls. Ouaip, avec Foggy, une affaire en or… tu devrais passé, je te cuisinerai d’la chorba !... »

Sa petite voix disparut comme un murmure. Nous laissant seul avec les trolls. Mon regard se posa sur Aram et je déclarais d’une voix beaucoup plus douce et impressionnée.

« C’est la plus belle preuve d’amitié qu’on m’avait faites depuis très longtemps tu sais. Je sais à quel point la famille ca compte pour toi. Il a pas l’air bien méchant. »

On entendit un énorme rire dans l’arrière boutique. Visiblement, ils étaient heureux de se parler. M’approchant d’Aram, je regardais autour de nous et je m’avançais vers lui pour essayer de ne pas trop laisser mes sentiments envers ma sœur altérer mon jugement. J’avais les même cernes qu’Aram. Je lui repris la main, mais cette fois-ci pour lui serrer fort pour lui prouver à quel point j’étais heureuse qu’il m’est suivi.

« Je trouverai un autre moyen, t’en fais pas. Il a pas l’air super fiable. Et puis… J’ai peur que finalement, le prix à payer pour la Necromancie soit trop important. Dés qu’il revient, on lui montre la photo et on voit ce qu’il nous propose comme solution. S’il n’en a pas, j’te propose une pause, parce que ça commence à m’épuiser. Je comprends pas pourquoi on n’arrive pas à la localiser. Quelque soit le rituel, elle semble morte mais… vivante à la fois. Comme si elle avait changé de plan physique. Je vais essayer la Bibliothèque d’Alexandrie si jamais ça ne marche pas. J’ai… un contact là bas. »

Je rougis jusqu’aux pommettes. En réalité, il savait très bien que c’était un ex. Plutôt toxique d’ailleurs. Mais j’étais grande et j’étais prête à tout pour retrouver ma sœur. Même si c’était pour parler à ce trou du cul des enfers.

« Je vais pas abuser ton temps. »

Ma main glissa dans la sienne, avec légereté. Je pus sentir l’ensemble de ses doigts dans le glissement de cette dernière. Relevant mon visage vers lui, un éclair passa et une envie d’aller plus loin m’envahit, mais Procyon choisit pile ce moment pour revenir vers nous. Il tendit le miroir à Aram.

« J’suis toujours son préféré. Mon honneur est sauf, et j’y vais la semaine prochaine ! Avec de la chance, j’la kidnappe pour la ramener ici et l’éloigner de son fou furieux ! Bien… Ahem. On en était où déjà ? Ah oui. Le prix. Il faut que je fixe mon prix. »

J’écarquillais les yeux. Mais ! On venait de le payer !

Quand Procyon s’empara du miroir pour s’éloigner, le Romanez se rembrunit, crispant ses poings pour s’empêcher de s’en servir sur la bestiole à la trop grande gueule. Mais Iseult intervint, le ramenant avec éclat dans leur réalité. Elle n’avait rien raté de ce sacrifice qu’il venait de lui concéder pour lui mettre à disposition les services de ce vaurien plein de puces.

La sorcière lui attrapa la main et baissant le regard sur elle, le Romanez ne put lire sur ses traits qu’une immense fatigue qui la renversait. C’était bon signe… Iseult était le genre de sorcière à ne jamais s’arrêter jusqu’à l’épuisement total. Si elle se permettait de montrer à quel point elle était exténuée, c’était que dans un sens, elle sentait qu’elle pouvait se le permettre en sa compagnie. La descendante des druides avait retrouvé sa confiance en l’arménien.

Déjà, elle commençait doucement à renoncer à son désir initial de jouer la nécromancienne. Une bonne idée à n’en pas douter. S’acoquiner avec le Royaume des Morts était bien trop dangereux, et le prix à payer souvent bien trop élevé. Ils n’avaient de plus aucune certitude que sa sœur soit passée de l’autre côté. Comme le disait la professeure, cette dernière pouvait tout aussi bien être bloquée… entre deux mondes.

Quand Procyon revint, il ne manqua pas de remplir de nouveau le rom de rage, tout en reprenant la négociation comme s’il ne venait rien d’obtenir de leur part. Il fallait s’y attendre… Connaissant l’enjeu qui les amenait là, cette crapule ne reculerait devant rien pour extorquer d’eux tout ce qu’il pourrait. Ravalant sa colère, le Romanez se contenta de le toiser de toute sa hauteur.

- Tu devrais te méfier de ce fou furieux comme tu l’appelles, il sera prêt à tout pour la garder auprès de lui, lui cracha-t-il avec tout l’amer dédain que ces mots pouvaient laisser sur sa langue.

Pour le reste, il ferait confiance à Amy – il n’avait pas le choix d’ailleurs. Rien ni personne ne pouvait enfermer la petite blonde quelque part, ni lui interdire quoi que ce soit, sous peine de voir sa magie Romanez exploser sans cadrage ni restriction aucune.

La main d’Iseult toujours dans la sienne, il la porta à ses lèvres comme si les autres occupants de la boutique avaient cessé d’exister, sans aucune pudeur.

- On n’a plus rien à faire ici ma douce… Ce pirate n’a plus le Nécrophone en sa possession et ne pourra rien faire pour nous… Tu as vu ce que vaut sa parole, on ne peut pas compter sur lui.

Sans un regard en arrière, il passa son bras autour des épaules de la sorcière pour l’attirer avec lui jusqu’à la porte. Si Procyon avait un dernier marché à leur proposer, c’était le moment où jamais… La bestiole aurait au moins permis à Aram de laver son honneur auprès de son ancienne partenaire, et rien que ça valait déjà plus que tout l’or du monde. Désespérée et éreintée, elle semblait de nouveau accepter de se reposer sur lui. Le Romanez n’aurait aucune vergogne à exploiter la situation pour se rapprocher d’elle. Déjà ses doigts s’égaraient avec douceur sur le côté de son visage d’ange.

- C’est vrai que tu as l’air épuisée… Viens chez-moi, je t’offrirai à boire, et une couverture pendant que je veillerai sur toi…

Me laissant embarquer par Aram, je ne répondis rien sur le fait de demander quoi que ce soit d’autres à Procyon. De toute évidence, il avait l’air aussi tordu et malin que l’homme qui me tenait par la taille. Il nous suivit jusqu’à la sortie, et nous repassâmes devantles deux Trolls. Ce furent eux qui m’empêchèrent de lui jeter un sort tellement son attitude me mettait hors de moi.

« C’est vrai qu’t’es un exemple Romanez. Tsss. Allez c’est ça, barrez vous vous bécoter ailleurs. Quoi, qu’est que t’as toi ? Tu veux ma photo, allez bouge la caisse, c’est pas moi qui vais l’faire quand même ! »

Le Troll a qui il parlait nous regardait avec envie. Ce dernier se remit immédiatement au travail. Une fois dehors, je me tournais vers Aram. On avait fait une boucle et on était de retour à la case départ. Je détestais ça. J’avais l’impression de perdre mon temps. Le teint toujours pâle, je le libérais de ma main et je me mis à sourire légèrement en coin.

« C’est pas tellement raisonnable Aram. » dis-je d’une voix troublée mais catégorique.

Mes yeux se posèrent dans les siens. Qu’est ce qu’il était en train de manigancer ou d’espérer derrière sa petite frimousse de fauteur de trouble. Passant un main sur le visage d’Aram, je me mis à lui sourire en coin, d’un sourire sincère et tendre.

« Et qu’est ce qui se passera après ? » dis-je d’un voix soudainement un peu plus suave et amusée. « Tu m’emmeneras dans ton lit, on fera notre affaire et on se déchirera encore et encore Aram ? Je n’aime pas spécialement les boucles, comme on vient de faire aujourd’hui. »

Je l’embrassais sur la joue, sous l’oeil. Comme quelqu’un qui j’appréciais beaucoup, puis j’enlevais ma main pour caresser son petit visage meurtri par les années passées à survivre dans ce monde cruel. C’était justement ça qui m’avait toujours plu chez lui. Son instinct de survie, qui en ferait certainement un des survivants d’une éventuelle catastrophe…

« Je vais rentrer à Poudlard, dormir et reprendre mes recherches. » dis-je d’une voix toujours aussi convaincue et convaincante. « Garde ça au chaud on sait jamais. »

Je lui tapais trois fois les fesses, comme une bonne fée lui souhaitant beaucoup de bonheur de par ce geste, puis je fis quelques pas en lui faisant un signe de la main. Me retournant, je lui envoyais un dernier petit baiser avec la main.

« Achov devlesar, šužipa ! »*

Il fallait que je parte vite, car si je restais encore une seconde de plus, j’allais succombé c’était certain.