Gabh mo leiscéal # Maëve & Zion

14.01.24 L'inquiétude avait très vite gagné Zion au petit matin, lorsqu'il passa les portes de la Grande Salle, le sac chargé de bouquins et de grimoires en tout genre. Pour dire vrai, cela ne l'avait pas quitté dès lors que Freya et lui s'étaient quittés la veille. D'un sommeil agité, ses rêves l'avaient mené dans diverses endroits qu'il ne connaissait pas forcément et à son réveil, il s'était demandé si ce n'était pas là l'expression de son don naissant ou si c'était réellement un rêve.

Le Gryffondor s'était levé avec difficulté. La fatigue lui chuchotait de rester allonger tandis que son corps courbaturé lui rendait la tâche difficile. Zion était resté quelques instants assis sur le rebord de son lit, la tête vide de penser, à se demander pourquoi la vie ? alors qu'il ressentait un véritable besoin de reposer la tête sur son oreiller. Mais c'était impossible. Aujourd'hui, il avait rendez-vous avec Freya pour se rendre chez elle, au Pays de Galles, dans le domaine Cynfeirdd pour rencontrer sa mère.

C'était probablement la pire situation pour rencontrer les parents de sa petite amie. Dans son malheur, il n'y aurait que la mère puisque le père n'était plus réellement de ce monde. Zion ne trouva même pas la force d'en rire, réfléchissant alors à ce qu'il pourrait bien porter pour faire bonne impression.

Très vite, il opta pour quelques choses d'à la fois très simple mais particulièrement sophistiqué. Une robe de sorcier d'un jolie bleu nuit de manufacture elfique sur laquelle on percevait la trace de diverses symboles magiques que le Gryffondor ne reconnaissait pas forcément. Néanmoins lorsqu'il se regarda dans le miroir, Zion ne put s'empêcher de se trouver particulièrement beau alors qu'il s'appliquait une crème hydratante pour chasser les traces de l'hiver sur son visage basané.

Armé de son sac qu'il donnerait à un elfe de maison lorsqu'il quitterait l'école pour le Pays de Galles, Zion prit ensuite la direction de la Grande Salle pour déjeuner. Très vite, il coupa court à se restaurer, préférant étaler devant lui diverses livres et parchemins pour faire ses devoirs. L'idée de réfléchir au problème de Freya lui avait bien entendu traversé l'esprit mais il doutait de pouvoir trouver quoique ce soit dans les grimoires de Poudlard quand il savait pertinemment qu'il lui suffirait juste de se rendre chez lui, à Flagley-le-Haut, pour trouver ce dont il avait besoin.

Aussi, il préféra avancer son devoir de potion en attendant Freya...

... Qui ne venait jamais.

Zion, qui ne cessait de jeter un regard vers quiconque entrait dans la Grande Salle, finit par se demander si cette dernière ne l'avait pas oublié. Finalement, lorsque son fléreur vint lui caresser la joue de sa tête, Zion l'envoya chercher Freya. Son pelage noir et rouge disparut par la porte non sans un regard agacé de devoir s'occuper de ses basses besognes. Midnight disparut dans les couloirs de Poudlard.

Vers 11h, ou un peu plus, Freya apparut dans la Grande Salle. Zion posa sa plume sur son parchemin de métamorphose (il avait eut le temps de finir son devoir pour le professeur Miller) pour la regarder arriver, la mine rassurée.

Il réceptionna son baiser sur la joue avant de lui répondre :

« - Un peu, oui. »

Un sourire se dessina rapidement sur ses lèvres alors qu'il observait Freya s'asseoir à côté de lui tout en mordant un muffin.

« - Allons-y. » Se contenta-t-il de répondre tout en se redressant. Il enfourna rapidement ses affaires dans son sac qu'un elfe de maison viendrait chercher pour le poser au pied de son lit.

14.01.24 L'hiver s'était montré trop clément. On entendait les vieux bougonner, sans doute en réponse aux craquements de leurs articulations chenues. C'était évidemment Geraint qui tempêtait le plus mais cela au moins ne changeait pas de l'ordinaire. A quelque distance de la masse rampante et dense de la Forêt d'Ysbryd, on préférait que l'hiver soit rigoureux. Ainsi il emportait l'enthousiasme des mauvaises âmes qui peuplaient les environs. Lors on n'entendait guère parler de la Vieille ni du Lechi, tous deux reclus aux confins de leur tanière respective. Un hiver doux n'augurait jamais rien de bon.

Haxxan s'engouffra par la fenêtre, majestueuse et sévère comme à son habitude. La grande chouette au plumage noir et feu avait délivré le message. Maeve lui adressa une douce caresse sur la tête avant de sortir, précédant sa fille et la personne qui l'accompagnerait sur le périlleux escalier taillé à flanc de falaise, le fameux "chemin dérobé", qu'elle avait indiqué à Freya. C'était un minuscule boyau aux marches dangereuses. La faute aux embruns qui érodaient la pierre depuis des siècles et la rendait extrêmement glissante. On y accédait après avoir traversé le pont de pierre - déjà une épreuve en soi - si l'on dédaignait l'unique entrée de Caer Cynfeirdd aux double-battants monumentaux et son kraken menaçant. Alors, il fallait se rendre à l'évidence, c'était revenir sur ses pas ou trouver un secours de quelque espèce que ce soit sur l'étroite corniche. Si l'on persévérait dans cette idée folle alors, on finissait par le trouver : le chemin dérobé qui menait jusqu'à la plage.

C'était une promenade que Maeve affectionnait. Elle descendait un peu avant l'aube, chaque matin, pour faire une balade à dos de kelpi. C'était en quelque sorte son moment à elle et elle aimait en profiter seule. Mais ce matin-là, le soleil était déjà levé depuis longtemps, et Maeve Cynfeirdd était toujours là sur la plage, dans l'angle mort de la forteresse...

Drapée dans une épaisse fourrure, les cheveux savamment tressés, la chasseresse trompait au mieux l'inquiétude dans laquelle l'avait mis le billet de Freya.

14.01.24 Le froid de janvier s'engouffra très vite dans le Hall d'entrée lorsque Freya ouvrit les portes de Poudlard. Si cela pouvait annoncer la couleur de la future conversation qu'ils entretiendraient avec la mère de cette dernière, Zion ne recula pas, bien décidé à tenir parole. Saisissant la main de Freya lorsqu'elle glissa la sienne dans la sienne, Zion se contenta d'avancer avec assurance vers les grilles du domaine de Poudlard.

Elle se figea un instant alors qu'elle refermait la grille derrière eux pour le remercier une dernière fois. Zion cueilli son baiser avant de saisir un peu plus fortement la main de Freya qui s'apprêtait à faire un transplanage d'escorte. Le Gryffondor serra les dents lorsqu'ils réapparurent dans un tourbillon de tissus. Un haut-le-cœur le saisit quelques instants, lui imposant une minute pour se reprendre. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait cela mais comme à chaque fois, ça le déstabilisait. Zion préférait clairement être l'auteur du transplanage que d'être le passager.

Les mots de Freya lui arrachèrent un geste de la tête alors qu'il observait enfin l'environnement tout autour d'eux.

C'était la première fois que Zion venait au Pays de Galles. Il ne connaissait rien de ce pays sinon les histoires qu'on avait bien voulu lui conter au cours de son enfance et de son adolescence. Terre de fées, de démons et récits héroïques, le Gryffondor ne put retenir un soupir alors qu'il se remettait du transplanage. C'était un endroit qui ne manquait pas de charme malgré l'hiver déjà bien avancé.

Se surprenant à vouloir visiter ce lieu lorsque le printemps serait là, Zion se contenta alors de suivre Freya vers cette plage que le domaine Cynfeirdd abritait.

Zion, dont le troisième œil commençait doucement à s'éveiller, semblait percevoir la magie à la fois sauvage et poétique des lieux. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir tout ce qui se passait autour de lui. Du visible à l'invisible, il avait cette curieuse sensation grisante dans le creux de estomac.

Le village au pied du domaine Cynfeirdd ne tarda pas à se dessiner. Très vite, ils le rejoignirent. Puis, sans surprise, Freya se mit à saluer quiconque ils croisèrent sur leur chemin. Zion se contentait de sourire bêtement tandis qu'il épiait tout de son regard curieux.

Nourrissant l'envie de visiter ce pont de pierre qu'ils finirent par traverser après avoir quitté le village, ils ne tardèrent pas à rejoindre une grande dame qui se tenait debout dans cette plage déserte sous ce ciel grisonnante. La mer était d'un jolie noir sous cette luminosité. Si Freya, à ses côtés, ressentait probablement de l'inquiétude, pour Zion, sa curiosité dépassait légèrement toute cette crainte qu'il pouvait avoir, quelque part en lui.

Zion se contenta de lui répondre d'un signe de tête encourageant lorsque Freya buta, la peur prenant légèrement le pas sur ses émotions. Le Gryffondor ne la laisserait pas faire demi-tour, aussi, il pressa doucement sa main pour lui insuffler un peu de son courage afin qu'elle n'interpelle sa mère pour annoncer leur venue.

Le Gryffondor, quant à lui, se contenta d'incliner poliment sa tête.

« - Madame. » Fit Zion, juste assez fort pour couvrir le bruit des vagues qui venaient mourir sur le sable blanc.

14.01.24Un seul regard suffit à appréhender toute la tension qui émanait de sa fille. Qu'elle soit venue avec le jeune Mr Webb laissait supputer des choses auxquelles une mère aurait pu préférer ne pas être confrontée. Se faisant à l'idée et promettant intérieurement de modérer sa réaction, Maeve croisa les bras dans le dos. C'était assez mauvais signe quand elle faisait ça, car en général cela voulait dire qu'elle prenait sur elle, or la conversation n'avait même pas encore commencé.

« ‘Nau lygad i, Monsieur Webb... c'est un endroit idéal quand on veut s'éloigner de la curiosité des autres. », fit-elle, ses yeux bleus froids passant de l'un à l'autre avec toujours cette même idée en toile de fond. Freya ne semblait pas se détendre alors que Zion, lui, avait cet air sûr de lui presque insouciant qu'avait eu Eochaid à l'époque.

Geraint n'avait pas modéré ses ardeurs lui. Maeve tâcherait de faire preuve de plus de tempérance mais, comme le lui avait souvent répété son père, quand il s'agissait de son propre sang, on ne pouvait pas se cacher derrière l'indifférence. De cette drôle de maxime avait découlé des roustes mémorables dont les fils Cynfeirdd parlaient encore les soirs de fête. Maeve avait joui d'une certaine façon d'une forme d'indulgence. Sans doute parce que son esprit de Serpentard l'avait toujours poussé à faire les choses dans le dos de son père. Un très de caractère dont Freya aurait bien pu avoir hérité aussi car, elle avait beau porter des couleurs différentes, elle ressemblait à Maeve bien plus qu'il n'y paraissait de prime abord.

« Vous vouliez me parler, eh bien... », fit-elle d'un ton posé, voyant que la conversation ne se lancerait jamais si ça continuait comme ça.

Elle serait très vite fixée sur ce qu'il en était maintenant, du moins elle l'espérait.

14.01.24 Zion observait la plage aux eaux assombris par l'hiver avec une certaine sérénité. Chaque vague, qui venait s'écraser sur le sable non loin d'eux, apaisait son âme tourmenté par tout ce qui se passait actuellement. Un fin sourire vint se dessiner sur les lèvres lorsqu'il ne put se retirer cette curieuse idée de la tête en se disant que c'était probablement une sérénade de Mami Wata venue accompagnée Freya et lui pour que les choses se passent sous les meilleurs auspices possibles.

Depuis l'éveil de son don dont il n'a toujours rien dit à Freya, le Gryffondor sentait son âme s'élevait. Il avait cette curieuse impression de grandir, de gagner en maturité alors qu'il se rendait mieux compte de la magie qui l'entourait comme si l'éther semblait elle-même l'aidait à s'élever parmi les autres. Peut-être était-ce là toute l'étendue de ce que Damballa, le protecteur du clan Ayodele, avait vu pour lui lorsqu'il l'avait sondé pour comprendre l'origine de ces maux de tête ?

Un fin sourire sur les lèvres, il orienta son visage vers Freya comme pour lui donner l'impulsion de répondre à sa mère. Chose que la Serdaigle fit.

Le Gryffondor osa un regard vers Maeve, attendant alors la réponse de cette dernière. Si les choses avaient été échangé et qu'ils s'étaient donc retrouvés face à Chinenye, cette dernière aurait refusé entendre quoique ce fut de la bouche de Freya pour des raisons évidentes. Aussi, Zion préféra alors adopter cette conduite, les mains dans sa robe de sorcier, à laisser son âme se bercer des mouvements de Mami Wata, non loin d'eux.

14.01.24Ses yeux bleu d'acier s'attardèrent plus longuement sur M. Webb tandis qu'elle essayait de rester rationnelle. Freya n'était pas inconséquente au point de lui revenir enceintrée après seulement quelques semaines de relation... mais tout de même, elle ne parvenait à dissiper complètement le doute. Par chance, sa fille avait un peu plus de jugeote que cela et, comprenant sa mère sans doute comme on aurait lu dans un livre ouvert, elle se hâta de clarifier les choses. Elle ne venait pas lui parler d'eux.

Le soulagement se lut comme une évidence sur le visage de la chasseresse.

« Bien, c'est très bien. Je n'étais vraiment pas prête à être grand-mère... », avoua-t-elle sans ambage.

Un poids venait de se lever de son coeur. Courir après McLachlan. Ses histoires avec @Luke Korrigan. Son âge. Rien de tout ceci n'était favorable à l'arrivée d'un petit poupon dans la famille. Passée cette petite frayeur, Maeve avait tout son attention sur les mots de sa fille. Ses réticences transpiraient de chaque mot. Ce n'était que trop bien connaître Maeve qui pouvait se montrer aussi dure et implacable que son père Geraint. Mais c'était oublier aussi une chose.

A nouveau, Maeve porta son regard sur Zion Webb qui se montrait sagement silencieux. Pour que Freya s'y prenne avec autant de pincettes, ce qu'elle avait à lui dire ne devait pas être piqué des vers. L'ombre de Fearchach McLachlan effleura l'esprit de la chasseresse. Elle passait l'essentiel de ses nuits à lire et faire des recherches, rognant sur ses précieuses heures de sommeil. Freya elle, était à Poudlard, pas plus idiote qu'elle ne l'avait été au même âge, les ressources de la réserve de la bibliothèque à portée de baguette.

« Freya, je suis ta mère. Je ne serais jamais contre toi ‘Nau lygad i même dans mes pires moments de colère. », assura la Chasseresse, épinglant sa fille du regard comme pour lui indiquer que maintenant qu'elle avait ouvert la bouche, il fallait qu'elle parle...