Witch's brew | Améthyste

Notre dernière rencontre fortuite s’est avérée pleine de mordant et nous n’y avons échangé que quelques mots. Une fois rentrée, en sécurité, je lui avais envoyé un hibou pour m’assurer qu’elle était saine et sauve et surtout pour la remercier. Sans elle ces vampires auraient pu prendre le dessus sur la louve et je n’aurais pas pu retrouver les bras de mon écossais.

Dans notre échange, nous avons convenu d’un rendez-vous dans l’enceinte de Poudlard, dans son antre de potionniste. Pour aborder mon problème de fertilité. Ellie me bassine que mon cas n’est pas désespéré, que je peux enfanter, mais je n’arrive pas à me défaire de ce mauvais pressentiment, que ses talents de médicomage ne suffiront pas, car ma blessure est plus obscure. D’une noirceur qu’Améthyste peut saisir, peut comprendre, puisqu’elle a eu le même bourreau. Alors, oui, je préfère tenter ma chance auprès de la fille de Miller qu’auprès de celle que je ne reconnais plus depuis qu’elle a pris un chemin bien trop tortueux à mon goût.

J’ai transplané aux abords de Pré-au-Lard avant de suivre la route qui mène à l’université. Le paysage n’a rien perdu de sa beauté. Que ce soit la végétation à l’approche du printemps, le lac et ses profondeurs mystérieuses… Pour les avoir contemplés durant plusieurs années, il y a comme une impression de retour au pays. Bien loin des tumultes du Marché aux Trolls. Loin de la vie qu’est désormais la mienne. Sur ma route j’observe les étudiants qui flânent, rient, insouciants sans doute de la violence que peut offrir ce monde magique ou simplement la vie d’adulte. Je les envie brièvement avant de me raviser car, non, je n’aimerais pas retourner des années en arrière. Plus maintenant, du moins.

Arpenter ces couloirs, descendre ces escaliers, fait remonter de nombreux souvenirs. Certains joyeux, comme ceux de mon arrivée dans ce château mais les plus frais sont douloureux. Je me revois poser ma main sur ce mur épais, y prendre appuis alors que je rejoins la salle commune des Serpentard, tremblante, fiévreuse, l’autre main posée sur mon flan, là où se cache la morsure brûlante… La dernière fois que j’ai foulé ces pierres, je pensais ma vie terminée et me voilà des années plus tard à venir y chercher de l’aide pour continuer à la développer, pour franchir une nouvelle étape alors qu’une autre approche à grands pas. A l’approche de son bureau, je me sens étrangement nerveuse. Est-ce une réminiscence de la crainte que m’inspirait celui qui enseignait cette matière à mon époque ? C’est fort possible ! Il était à la sympathie ce qu’était Charles III à la beauté... Je me ressaisis et frappe. En entendant sa voix me répondre, je pousse la porte et entre dans la pièce. Non, définitivement on est bien loin du bureau de ce vieux prof ronchon où il ne faisait pas bon être convoqué ! Améthyste avait amené une certaine chaleur humaine au lieu.

« Professeur Miller ! »

Un sourire aux lèvres, j’abuse de la formule de respect, quelque peu amusée de la rencontrer dans ses fonctions, loin du manoir de son père. Et loin des crocs affamés de vampires.