Le problème et la solution (Serena)

14 Janvier.

L’hiver était plus que bien installé. La saison de Quidditch avait repris, et mes efforts commençaient enfin par payer. Comme à mon habitude, j’avais pris la direction de Pré-Au-Lard avant de me rendre à Poudlard. Ritualisée, je faisais toujours le tour des boutiques pour ramener des choses à Selma, et j’en profitais pour prendre un café aux Trois Balais. Là bas, je me mettais à penser, et à organiser ma semaine, seule et avec le moins de parasite mental possible. C’était moins calme que la salle commune des Serdaigles, mais au moins c’était plus vivant et ça me faisait un sas de décompression…
Vêtue en tenue sportive, avec le survetements de mon club des Faucons, j’arrivais, balais à la main devant une enseigne que je n’avais jamais vu auparavant. Posant mon regard sur une affiche, je fronçais les sourcils et j’essayais de traduire le mot « Speed Dating » en espagnol dans mon esprit. Parler vite ? Rendez-vous rapide ? On montait un Kebab en plein Pré-Au-Lard ! Ca c’était une bonne nouvelle.
Collant mes mains pour voir un peu mieux à l’intérieure, je fus cependant terriblement déçue que rien n’avait l’air d’un Kebab à l’intérieure. Toujours collée aux carreaux, une voix me fit sursauter et je me reculais brusquement :

« Oops ! Bonjour... Désolé ! Je regardais juste. Je connaissais pas cette boutique et… elle est très charmante… euh... »

Quitte à passer pour une conne… le regard toujours épuisé, je commençais à comprendre ce qu’était un speed dating. Observant l’endroit, je regardais la jeune femme que j’avais en face de moi.

« Ca marche vraiment ces trucs là ? » demandais-je soudainement, ma curiosité piquée au vif.

Il fallait dire qu’en amour… Tout s’annonçait toujours très mal. Mon dernier rencard en avait été la preuve et j’avais jouée maladresse sur maladresse, mettant sur le compte de ce pauvre Matthew la stupidité des anglais… Mais après réfléxion, je m’étais peut être dit que… le problème était simplement moi.

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Le problème et la solution

Dimanche 14 janvier

L'air vif de janvier me picote agréablement les joues tandis que j'ajuste une affiche sur la vitrine de l'agence. La journée promet d'être animée, et j'aime cette effervescence qui règne avant un événement. Plongée dans mes pensées, je sursaute légèrement en entendant un bruit de l'autre côté de la vitrine. Une jeune femme, vêtue de façon sportive, les mains collées aux carreaux, semble inspecter l'intérieur avec curiosité.

Je sors de l'agence pour aller à sa rencontre, un sourire chaleureux aux lèvres.

"Pas de souci ! C'est toujours un plaisir de voir des visages curieux. Je m'appelle Serena, et bienvenue à Destins Enchantés." Je lui tends la main pour me présenter.

Elle semble hésiter un moment, puis lâche une question directe, piquant ma curiosité.

"Oui, ça marche vraiment ! Le speed dating, c'est une opportunité pour des personnes de se rencontrer dans un cadre amusant et détendu. Parfois, il suffit de quelques minutes pour savoir si on a envie de revoir quelqu'un." Je lui fais un clin d'œil complice. "Et puis, même si ce n'est pas l'amour de ta vie, tu passes une bonne soirée et tu rencontres des gens intéressants. On a déjà créé plus de 500 couples depuis l'ouverture de l'agence !"

Je remarque son air pensif, comme si elle pesait le pour et le contre. "Tu sais, parfois, on pense que le problème vient de nous, mais en réalité, c'est juste une question de trouver la bonne personne au bon moment. Et puis, l'amour, c'est un peu comme un match de Quidditch : il faut parfois faire plusieurs tentatives avant de marquer le but." Je ris légèrement, espérant alléger son humeur.

Matthew, qui m'aide à organiser l'événement, n'est pas là ce matin. Je l'ai envoyé négocier avec le traiteur et faire quelques achats de décoration pour la soirée. L'idée de le voir revenir avec des décorations parfaites me réjouit, et je suis certaine qu'il fera un excellent travail. En son absence, c'est à moi de gérer les imprévus et les nouvelles rencontres.

Je tends une affiche à la jeune femme, expliquant que notre prochain speed dating aura lieu le 2 février. "Tu n'es pas obligée de t'inscrire tout de suite, mais pense-y. Et en attendant, pourquoi ne pas entrer et discuter un peu ? J'ai du chocolat chaud frais et plein d'histoires à raconter sur les rencontres incroyables qui ont eu lieu ici."

Je lui fais signe d'entrer, espérant qu'elle acceptera de passer un moment à discuter. Après tout, chaque rencontre est une nouvelle aventure, et qui sait ce que cette journée pourrait lui apporter ?

PrettyGirl

Les bras croisés, je l’écoutais parler alors que je n’avais pas spécialement envie de rentrer. Quelle idée à la con j’avais eu de poser mes mains sur les carreaux. Le visage un peu renfermé, l’anecdote sur le quidditch me dérida mais je me dis que c’était certainement une bonne stratégie pour me faire entrer. Elle était si… douce et joyeuse, que j’avais du mal à lui refuser quoi que ce soit. Elle me faisait un peu penser à Selma qui pouvait souvent être comme ça avec moi…

”500 couples?” dis-je impressionnée

Je marquais une pause. C’était quand même un sacrée chiffre. Jetant mes cheveux en arrière, je déclarais d’une voix un peu tendue :

”C’est un peu plus complexe que ça pour moi vous savez. Je… je cherche pas l’amour.”

Je cherchais juste à vivre ma vie sentimentale comme je le voulais, et venant d’une famille de sang pur stricte, déclarée sa bisexualité revenait à vivre dans la rue, et je n’avais jamais eu le courage d’aller jusque là, car les Montero n’étaient pas une famille de Sang Pur comme les autres. En plus de risquer mon nom, je risquais aussi peut être ma vie avec ce secret.

”J’ai beaucoup de temps pour les études, et je suis joueuse de Quidditch professionnelle. Ca me laisse pas beaucoup de temps pour les garçons…” mentis-je.

Et même, j’avais toujours eu une petite préférence pour les filles, mais à vrai dire, je m’étais laissé avoir plusieurs fois par le charme de certains. Observant la ruelle, puis la boutique, puis Serena, un Je-Ne-Sais-Quoi en elle m’inspira la plus grande confiance. Peut être qu’au final, je ne pouvais plus me contenter de ma vie actuelle. Et puis, si je faisais semblant, et que cela revenait aux oreilles de mon père, peut être que les doutes s’estomperaient.

”Juste un chocolat alors. Et je file, j’ai un plusieurs parchemins à faire en Histoire de la Magie…” dis-je d’une voix un peu trainante.

Mais, je ne m’étais pas rendue compte qu’elle n’était pas entrée la première, mais que j’avais bel et bien passé la porte en première position. Ce n’était qu’une fois à l’intérieur, que je me rendis compte que mes pieds m’y avaient amené. Il fallait aussi dire qu’elle avait un certain charme, derrière ses airs naïfs et doux.

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Le problème et la solution

Dimanche 14 janvier

Alejandra sembla impressionnée par les 500 couples que j' avais aidés à former, et cela me fit plaisir. Elle avait quelque chose de touchant, une vulnérabilité bien dissimulée sous une façade de détermination.

"Oui, 500 couples ! C'est une belle aventure que nous vivons ici chaque jour." Je répondis avec un sourire chaleureux. Lorsqu'elle admit ne pas chercher l'amour, je fis un léger signe de tête compréhensif. "Je comprends. Chacun a son propre chemin et ses priorités. Le plus important, c'est de vivre la vie qui nous convient."

Je l'écoutai parler de ses études et de sa carrière de joueuse de Quidditch. Une telle dévotion à ses passions était admirable. "C'est formidable que tu sois si investie dans ce que tu fais. Trouver un équilibre n'est jamais facile, mais c'est ce qui rend chaque réussite encore plus gratifiante." Je l'encourageai doucement, sans insister sur le sujet des relations.

Lorsqu'elle accepta de prendre un chocolat chaud, je m'éclaircis la gorge, ravie qu'elle ait changé d'avis, lui lança alors, d'une voix claire et presque chantante : "Un chocolat chaud, c'est parfait. Viens, entre, fais comme chez toi." Je lui fis signe de passer la porte en premier, et nous nous retrouvâmes à l'intérieur de l'agence.

L'intérieur de l'agence était accueillant et chaleureux. Les murs étaient décorés de photos de couples souriants, des faire-part de mariage et de naissance accrochés çà et là, créant une atmosphère pleine de bonheur et de réalisations. Un grand mur, en particulier, était dédié à ces moments précieux, chaque photo racontant une histoire d'amour unique.

"Voici notre mur des succès." Je dis en désignant le mur rempli de souvenirs heureux. "Chaque photo, chaque faire-part, c'est une histoire que j'ai eu eu la chance de voir naître. C'est ce qui me motive chaque jour à continuer ce travail." Je souris doucement, espérant que cela apporterait un peu de chaleur à Alejandra.

Je me dirigeai ensuite vers un petit coin salon confortable avec des fauteuils moelleux et une table basse. "Assieds-toi, je vais nous préparer ce chocolat chaud." Je lui indiquai un fauteuil en velours tout en me dirigeant vers une petite kitchenette pour préparer les boissons.

Je revins avec deux tasses fumantes de chocolat chaud, particulièrement kitsch, décorées de petits cœurs rouges et de paillettes dorées. "Voilà pour toi, j'espère que ça te plaira." Je lui tendis la tasse, un sourire malicieux sur les lèvres. "Je sais, elle est un peu excentrique, mais j'aime bien apporter une touche de fantaisie dans tout ce que je fais."

En m'asseyant en face d'elle, je pris une gorgée de ma propre tasse avant de lui demander doucement : "Alors, parle-moi un peu de toi. Comment est-ce que tu as découvert ta passion pour le Quidditch ?" Mon regard était plein d'intérêt et de bienveillance, espérant qu'elle se sente à l'aise et en confiance.

"Je sais, ça peut sembler fou, mais j'ai toujours cru que chaque personne a une histoire fascinante à raconter. C'est incroyable comment on peut apprendre tant sur soi-même en écoutant les autres." Je ris doucement, ajoutant une touche de légèreté. "Je suis vraiment curieuse de connaître ton histoire, Alejandra. Qu'est-ce qui te motive chaque jour ?"

Je plongeai mes lèvres dans la tasse de chocolat chaud, dans laquelle j'avais ajouté de la crème chantilly, et lorsque je relevai la tête, j'en ressortai avec une moustache de crème fouettée.

PrettyGirl

Je rentrais dans le domaine de l’amour visiblement. Le mur des succès me surprit, dans un premier temps, puis il me laissa sceptique. Sur tout ça, combien étaient heureux ? Combien avaient tenu ? Et surtout est ce que forcer le destin n’était pas mauvais ? Au fond peut être que notre âme sœur nous attendait et qu’en agissant ainsi, on le ratait… Mes yeux passèrent sur les différents couples, et je me laissais guider, un peu mal à l’aise d’être dans un endroit pareil en fin de compte. Au final, seul la présence de Serena me rassurait.

« Merci. » dis-je simplement quand elle me posa la tasse sur la petite table basse.

Relevant le nez, je sursautais presque à sa question. C’était… une façon de voir les choses, bien étrange. Je n’avais jamais regardé ma vie sous cet angle là. Qu’est ce qui me motivait...Et comment j’avais découvert ma passion pour le Quidditch… Je plissais les yeux, un instant, visiblement méfiante.

« Vous n’êtes pas en train de remplir votre base de donnée pour me trouver quelqu’un hein ? » dis-je cartésienne.

Mais, avec sa douceur, et sa gentillesse, je ne pouvais que lui répondre. En plus, il fallait avouer qu’elle était très belle. Mais ça, c’était quelque chose que je ne pourrais malheureusement jamais lui dire. Relevant les yeux, comme si je réfléchissais et chassant cette idée de mon esprit, je mis un petit temps à répondre, le temps de tout remettre en ordre dans ma tête.

« J’ai découvert le Quidditch par hasard, à Poudlard. Mon père m’interdisait d’y jouer à la Havane. Je suis Cubaine. » précisais-je avec mon très léger accent.

« Et ça a été le coup de foudre comme on dit… Je sais pas, tout était fluide, naturel et surtout… surtout… ca m’a fait comprendre que j’avais un moyen d’extérioriser tout ce que je ne pouvais pas dire avec mes lèvres. »

Je relevais les yeux vers elle, et je rougis un peu de m’être autant confier, et surtout aussi vite. Elle avait un certain talent… il fallait au moins lui reconnaître ça.

« Ahaha ! »

Je me mis à rire brusquement comme une petite fille quand je vis ses moustaches en chantilly. Puis, je me repris. Détournant les yeux et prenant ma tasse à mon tour, de manière assez distinguée comme on l’avait enseignée dans ma famille. Je la portais à mes lèvres en soufflant sur la chantilly pour éviter de faire pareil.

« C’est une bonne question… A vrai dire.. pas grand-chose. Mon bonheur c’est de voir ma sœur Selma heureuse. Ca s’arrête là je crois... » dis-je maladroitement.

La question était vraiment complexe à vrai dire. Et je ne me l’étais jamais vraiment posée. Je fis quand même un effort, car ma détermination de Serdaigle à répondre correctement à une question reprit le dessus.

« Je pense que ce qui me motive, c’est de vivre ma vie comme je l’entends. »

Je marquais une légère pause et je posais ma tasse un peu sinistre.

« Mais c’est plus complexe que ça n’y paraît. »

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Le problème et la solution

Dimanche 14 janvier

Une base de données ? Je n'avais pas vraiment cela, même si j'avais, en effet, des dossiers pour les clients réguliers, qui me permettaient de noter les informations sur les différents rendez-vous que je leur organisais, affinant ainsi leur profil amoureux. Mais sinon, le reste du temps, tout était dans ma tête ! J'avais une excellente mémoire, ce qui était ironique quand on savait à quel point je n'étais pas douée pour les études !

"Sauf si tu me remplis un dossier pour être suivie par moi, il n'y aura aucune trace écrite de ce que tu me racontes. Croix de bois, croix de fer !"

Fis-je en tentant de faire un geste avec les doigts, un échec cuisant car je me tordis l'index. Bien que méfiante, la jeune femme se mit tout de même à parler, certes pas d'amour, mais de sa vie, en règles générales. Moi, je l'écoutais attentivement, sans dire un mot de plus pour le moment. On aurait dit le début d'une séance de psy, sauf que je n'avais pas de carnet pour noter tout ce qu'elle me disait.

Le quidditch ... Non mais, qui avait inventé ce jeu étrange où il faut voler sur un baton qui nous rentre dans le derrière, sincèrement ? Et s'il n'y avait que là ... Je vous passerai les détails de mon premier et seul essai de vol sur balai ...

Ce que je comprenais dans ce que me disait l'inconnue, car oui, je ne connaissais pas encore son prénom, c'est qu'elle avait du mal à exprimer ce qu'elle ressentait, qu'elle n'était pas vraiment douée avec les mots. Cela pouvait avoir son charme !

Surprise par son rire soudain, je compris que c'était la crème sur mon visage qui l'avait rendue hilare, et je fus ravie de l'entendre rire. Ce n'était pas une femme de glace. Néanmoins, j'essuyais négligemment d'un revers de manche la chantilly.

Ainsi, c'était le bonheur de sa soeur qui influençait son propre bonheur ? Quelque part, je me reconnaissais dans ce portrait. Nombre de mes clients m'avait fait la réflexion que je n'étais pas en couple, mais je n'en ressentais pas le besoin. Ce qui me rendait heureuse, c'était de créer des couples ... Et je pensais sincèrement qu'en m'octroyant cela, ce serait du temps en moins à leur consacrer.

"Et si tu n'avais aucun obstacle, soeur de Selma, comment vivrais-tu ta vie ?"

Demandai-je, de façon presque énigmatique en fronçant les sourcils ...

PrettyGirl

Je plissais les yeux et fronçais les sourcils. Ca commençait à ressembler à une séance de psychomagie. Jamais je ne m’étais vraiment posé la question, mais j’avais vu une fois dans une rêve ce que je désirais le plus au monde. Sans appel et finalement sans réflexion, je répondis au tac au tac :

« Je me vois célèbre joueuse de Quidditch. Ma sœur et moi sirotant des cocktails sur une plage de Cuba. Une vie simple, sans les obligations et les fantômes de famille. »

Je souriais. Mais, au fur et à mesure que je parlais, je me rendais compte que le rêve qui paraissait pourtant simple et largement réalisable parce que j’étais en bonne voie était en réalité totalement inaccessible. Et ça, je doutais que la femme qui était en face de moi puisse comprendre. Même les familles de Sang Pur britannique avaient du mal à comprendre les Sud-Américaine, et surtout la famille Montero.

« Mais c’est plus complexe que ça. Oh, et je m’appelle Alejandra. » dis-je en remettant une mèche de cheveux correctement.

Je reportais ensuite mon attention sur l’endroit et je me mis un peu à rire. Au final c’était un peu grotesque que le bonheur ne soit réel que s’il était partagé avec quelqu’un non ? Je regardais les visages de ces couples qui avaient tous l’air heureux. Parfois, ça me manquait d’être aimée. Ma sœur faisait cela très bien mais… elle aussi, trouverait un jour l’amour et s’éloignerait certainement de moi quoi qu’elle en dise. Le monde se divisait donc en deux chemins. Soit la solitude, soit essayer de trouver quelqu’un pour rentrer dans le moule de la société. Au final, voir toutes ces personnes sourire me rendait de plus en plus mal à l’aise.

« Et vous, vous avez quelqu’un ? » demandais-je brusquement.

Car en réalité, c’était peut être aussi ça qui me tiraillait. Comment en était-elle venue à faire ce métier ? Il devait bien y avoir quelques déceptions amoureuses pour en arriver là !

« Excusez moi c’était un peu déplacé. Mais je veux pas que ça finisse en interrogatoire alors j’essaie de poser des questions équivalentes. »

Un petit sourire malicieux passa sur mes lèvres, et je repris ma tasse de chocolat bien résignée à écouter sa réponse avec passion.

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Le problème et la solution

Dimanche 14 janvier

Alejandra ... Un prénom peu commun que je me promis de ne pas oublier. En effet, quelque chose me disait que si j'obtenais la confiance de la jeune femme, j'allais avoir un travail non négligeable. Non pas que le physique de la nouvelle venue était ingrat, bien loin de là, mais on sentait, dans son attitude, un manque de douceur et un côté un peu bonhomme qui pouvait faire peur aux hommes.

"Alors enchantée Alejandra !"

Dis-je simplement, avec un sourire sincère. M'étais-je préparée à cette question ? Pas forcément ... Mais c'est sans aucun souci que je répondis très naturellement :

"Oh, ne t'excuse pas, s'il te plait. Il est tout à fait normal que tu me poses cette question. Je n'ai personne ... Enfin, j'ai quelques histoires, mais rien de bien suivi. Et ce n'est pas vraiment un problème parce que je n'ai pas envie de déplacer mon temps."

J'ignorais si l'étudiante comprendrait. Terminant ma tasse de chocolat, je la posais sur la table basse :

"Du coup, si je comprends bien, c'est à moi de te poser une question ?"

Je me mets à rire, puis je me lève pour aller chercher quelque chose dans mon bureau. Non, je n'avais pas l'intention de lui faire remplir un formulaire ... Mais j'en sortais un énorme classeur.

"Tu vois, ça, c'est le nombre de sorciers qui me font confiance pour trouver leur moitié, leur âme soeur ou parfois juste quelqu'un pour passer du bon temps. Alors bien sûr, tout ne fonctionne pas du premier coup ... Et je suis certaine que si tu as été intriguée par l'affiche sur le speed dating, c'est qu'en ton fond, tu as envie de tester."

Voulant poser sur le bureau ce classeur, je le fis tomber par terre et les parchemins se répandirent sur le sol. Une fiche au nom d'Eynaëlle Sanderson alla se figer entre les pieds d'Alejandra.

"Oh ... Je suis désolée, je suis toujours très maladroite ..."

L'étais-je désolée ? Ou avais un sortilège sur mes parchemins me permettant de voir quelle personne de mon classeur était compatible avec la personne présente ?

PrettyGirl

Je ne bougeais pas et j’étudiais savamment la jeune en face de moi, en bonne Serdaigle. Mes yeux et mon visage n’exprimait aucune émotion, et je me contentais de l’écouter sans répondre immédiatement comme pouvait le faire un Poufsouffle de première année. Je remuais toujours sept fois la langue dans ma bouche avant de parler. Ne répondant pas immédiatement, je vis également une fiche tomber de son classeur et tomber vers moi. Mon regard se posa sur le visage d’Eynaelle, que je connaissais depuis quelques temps maintenant. Mes joues s’empourprèrent très légèrement, et je lui rendis sans un mot, comme si cela avait été un pur accident.

« Je ne regardais pas l’affiche parce que j’avais envie de tester. Je regardais l’affiche parce qu’elle me questionnait sur quelque chose auquel je ne crois pas : l’amour. »

Je relevais les yeux et je regardais droit dans les siens. Ils avaient la même couleur que moi et avaient quelque chose d’envoûtant, une certaine passion mêlée à de la naïveté. Je soutenais son regard et j’expliquais le sens de mes propos.

« Je crois en l’amour, mais celui qui est au dessus des relations entre deux personnes qui veulent tracer un bout de chemin ensemble. Il n’existe pas. Nous nous mettons ensemble que pour éviter d’être seul, et que c’est ainsi que fonctionne notre système reproductif. C’est qu’une illusion. Celui qui y croit va dans le mur, et un jour il se réveille de son rêve. Il a perdu des années de son existence à courir après de la fumée. »

Je mentais bien sur sur un point. La fonction reproductive, car je pouvais très bien me satisfaire des personnes du même sexe que moi. Mais ça rajoutait une couche à mon secret. Surtout que le sursaut de cette feuille m’avait clairement mise sur la défensive car je doutais qu’il s’agisse d’un pur hasard. Je n’avais d’ailleurs pas dit que je connaissais la jeune femme sur la feuille.

« Donc je pense que ça ne marchera pas avec moi. Si l’on n’y croit pas, et qu’il existe, alors on est les dernier servi non ? C’est le prix à payer je pense pour ne pas souffrir des conséquences du réveil de ce lourd et pénible rêve que l’on appelle le Coup de Foudre. »

Je détournais les yeux. J’étais un peu honteuse de dire cela alors que c’était son fond de commerce, mais en même temps je détestais mentir. Et puis, elle n’allait pas se facher pour un simple point de vu… Aussi j’essayais de me reprendre un peu.

« Mais je ne nie pas que vous procurez beaucoup de bonheur aux personnes qui se rencontrent grace à vous. »

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