Se ressourcer pour mieux l'affronter # Siobhan

Se ressourcer pour mieux l'affronter

Dimanche 7 janvier 2024, 20h

Cela faisait une semaine que, tous les soirs, je me rendais dans l'allée des embrumes pour retrouver le mage noir. J'étais moi-même impressionnée par ma capacité d'apprendre cette magie qui, pourtant, était si éloignée de moi. Il faut dire que le fait de pouvoir entrer en contact avec mon père me donnait le courage qui me manquait, chaque jour ... Est-ce que Fearchach pensait que j'allais finir par flancher ? Par tomber littéralement dans les ténèbres ? Tout était possible, mais heureusement, penser à mes proches me raccrochait à la réalité.

Un jour sur deux, nous faisions de la pratique. Et c'était ce soir-là. J'avais, la veille, révisé les différents maléfices existants. Je savais que, ce soir, Fearchach allait me demander d'en pratiquer certains. Et pour me sentir prête à cela, je me rendais toujours, une heure avant de partir, au lac noir où je faisais quelques exercices de méditation.

C'est pourquoi j'étais là, assise en tailleur, les yeux fermés, les mains sur mes genoux. La respiration lente, j'esayais de me débarrasser de toutes mes émotions. Un doux sourire apparut sur mes lèvres tandis qu'un doux visage apparaissait ... Zion ... Cela faisait quinze jours que nous étions ensemble, et même si nous ne passions pas beaucoup de temps l'un avec l'autre, il m'apportait la balance dont j'avais besoin. Puis ce fut la voix de mon père qui résonna dans ma tête. Je n'étais donc pas encore prête à me rendre auprès du mage noir.

Rouvrant les yeux, je regardais au loin le lac. A sa surface, on pouvait parfois voir un peu de mouvement. Je n'entendis pas les pas de ma cousine, derrière moi.

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ft.  @Freya Korrigan

La journée du 7 janvier marquait le dernier jour des vacances scolaires à Poudlard. Elle venait aussi clore la première semaine écoulée depuis le changement d'année.

Et ainsi, le monde continuait tranquillement de tourner.

Si c'était généralement la période propice aux nouvelles résolutions et autres grands bouleversements de l'existence, une partie de Siobhán semblait vouloir rester figée dans l'année précédente. Comme une statue de glace s'épanouissait sous une averse de neige duveteuse, froide, elle ne voyait pas bien l'intérêt de changer quoi que ce soit dans sa vie tant que celle-ci suivait son cours.

La préfète de Serpentard n'avait fait que subir le poids de ces derniers mois, et, depuis deux ou trois semaines, elle retrouvait un semblant de stabilité. En essayant tant bien que mal d'oublier celui qui était parti avec son cœur, ne laissant derrière lui rien d'autre que de misérables miettes, elle s'était oubliée aussi d'une certaine manière. Reconstruire les murs qu'Edel avait couché par sa simple présence ne se faisait pas en un jour. Cela lui demandait une énergie décuplée en plus de celle gaspillée pour orienter ses pensées vers d'autres sujets.

Arès Longerbane, en cela, l'avait déjà beaucoup aidée.

Mais ce soir-là, ce fut la silhouette de Freya, immobile dans le vaste parc qui entourait le lac noir, qui lui offrait sa salvation. À travers une étroite fenêtre du château donnant sur le domaine de Poudlard, Siobhán apercevait son issue, matérialisée dans le corps figé de sa cousine. Une manière de lier l'utile à l'agréable, puisqu'elle n'avait pas pris le temps de discuter avec celle qu'elle considérait comme sa sœur depuis trop longtemps.

Pourtant, les signes qui auraient du l'inciter à prendre de ses nouvelles ne manquaient pas.

Le dernier en date remontait au Bal de Yule, où elle avait aperçu Freya au bras de @Zion Webb. Siobhán n'avait pu retenir ce picotement sournois dans son cœur, non pas par jalousie, mais parce qu'elle avait pris conscience ce soir-là de sa négligence à l'égard de la Cynfeirdd avec qui elle avait grandi, à qui elle s'était toujours confiée en toute réciprocité. Mais sa rupture brutale avec Edel, seulement quelques mois après leur mariage, l'avait poussée à s'éloigner de tout et de tout le monde pour veiller à n'emporter personne dans son sillage. Ainsi, elle était passée à côté de cette confidence. Et de tant d'autres...

Pour autant, elle n'avait pas raté le changement d'attitude de Freya qu'elle avait observé de loin ces derniers mois. Siobhán avait senti chez sa cousine la même volonté de se tenir éloignée des siens, comme pour les protéger de tout ce qui se tramait à l'intérieur d'elle. Un drôle de pressentiment l'habitait depuis.

Dans le large escalier en colimaçon au milieu duquel elle s'était arrêtée, la main de Siobhán s'égara contre le mur froid, accompagnant son regard qui se perdait au loin vers l'horizon. Une à une, les marches défilaient sous ses yeux, de même que les épais pavés formant le sol de Poudlard, jusqu'à ce que l'odeur de l'herbe humide pétrifiée dans son manteau d'hiver ne parvienne à ses narines.

Elle ne mit pas longtemps à rejoindre Freya dans sa position de méditation.

Siobhán arriva derrière elle à pas de loup, ne sachant trop encore comment l'approcher. Un paradoxe - elle la connaissait par cœur. Aussi, elle se contenta seulement de s'asseoir près d'elle, attendant patiemment que Freya soit disposée à lui parler.

Après tout, rien ne lui donnait le droit de faire ainsi irruption dans sa vie après des semaines de silence.

Son regard se perdit quelque part à la surface du Lac Noir, puis regagna l'herbe entre ses jambes. L'humidité de la terre transperçait ses vêtements, mais Siobhán n'en avait rien à faire.

Un mouvement de sa cousine laissait penser que celle-ci revenait progressivement à elle à ses côtés, et la Serpentard profita de cette brèche pour la ramener doucement dans sa réalité. Sa tête pivota vers Freya. Un sourire doux se dessina sur son visage en croisant les yeux clairs de sa cousine.

« J'ai profité de la fin de ta séance pour un peu d'introspection, moi aussi », murmura-t-elle avec douceur. « J'espère que tu ne m'en veux pas. » En vérité, elle n'avait pas été aussi concentrée que la Serdaigle, mais Freya était déjà trop loin pour s'en rendre compte. « Tu souriais. Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu sourire - sans compter le Bal de Yule, évidemment. Je ne voulais pas t'interrompre », justifia-t-elle rapidement pour expliquer son silence. « À quoi tu pensais ? »

Pour n'importe qui d'autre, cette approche aurait pu paraître invasive. Mais Freya était comme sa sœur. Elles avaient toujours fonctionné ainsi.

Avec sincérité et pureté.

Se ressourcer pour mieux l'affronter

Dimanche 7 janvier 2024, 20h

Le léger sourire qui ornait encore mes lèvres s'effaça lentement alors que j'ouvrais les yeux et constatais la présence de Siobhán à mes côtés. Ma cousine, ma sœur de cœur, celle à qui je pouvais tout confier, et que j'avais pourtant tenue à l'écart ces dernières semaines. J'avais ressenti son absence comme un vide, mais les événements avaient été trop tumultueux pour que je puisse trouver le courage de la solliciter.

Je me tournai légèrement vers elle, mon regard capturant la douceur de ses traits alors qu'elle me souriait. Sa voix, calme et empreinte de tendresse, m'arracha un nouveau sourire.

"Je n'avais pas réalisé à quel point tu m'avais manqué, Siobhán," murmurai-je, prenant une inspiration profonde pour chasser le voile de tristesse qui menaçait de me submerger. "Je suis contente que tu sois là."

Je reportai mon regard sur le lac, sa surface miroitante reflétant les dernières lueurs du jour. Les souvenirs de mes méditations passées, où le visage de Zion et la voix de mon père m'avaient apporté un semblant de paix, affluèrent.

"Je pensais à Zion," avouai-je doucement, mes doigts jouant distraitement avec un brin d'herbe. "Et à papa... Ils me donnent la force de continuer, même quand tout semble si... obscur."

Je me tus un instant, laissant le silence s'installer entre nous, chargé de tout ce qui n'avait pas encore été dit. "Et toi, Siobhán ? Comment te sens-tu vraiment ? Je sais que tu traverses aussi des moments difficiles. Nous avons toujours été là l'une pour l'autre. Ne nous laissons pas nous éloigner maintenant."

Je lui adressai un sourire empreint de complicité et de soutien, comme pour lui rappeler que, quoi qu'il arrive, nous étions toujours ensemble dans cette grande aventure qu'était la vie.

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ft.  @Freya Korrigan

La proximité avec Freya réchauffa immédiatement son cœur une fois que cette dernière fut de retour sur la terre ferme. Et que dire de ses mots, si réconfortants pour celle qui s'était volontairement tenue éloignée de ceux qu'elle aimait pour mieux les protéger des dégâts qu'elle pourrait occasionner...

Pour toute réponse, la vert-et-argent posa sa tête sur l'épaule de sa cousine. Il était si rare pour Siobhán de s'adonner à de telles démonstrations physiques que Freya comprendrait sans mal sa portée.

Ça valait bien plus que tous les toi aussi, tu m'as manqué du monde réunis.

L'instant d'après, la réponse de la Serdaigle à sa question la figea, la tête toujours reposée sur son épaule. Siobhán ne sut que répondre sur le moment, bien qu'elle se doutait que ce simple mot en cachait beaucoup plus sous la surface, et que l'absence de son père était bien plus pesante que ce que Freya voulait bien montrer. Comment aurait réagi la vert-et-argent à sa place ? Si sa mère avait été coincée entre deux mondes et qu'elle avait nourri ne serait-ce qu'un seul espoir pour la sauver, n'aurait-elle pas tout tenté ?

Le silence qui les entourait en disant long, bien plus long que n'importe laquelle des réponses que Siobhán aurait pu apporter. C'était une façon de dire sans parler qu'elle comprenait.

Elle se redressa face au Lac Noir lorsque Freya reprit la parole.

« Comme quelqu'un qui s'est laissée berner par le grand amour », lâcha-t-elle en soufflant du nez, avant de se retourner vers la Serdaigle, le sourire aux lèvres. « Mais ne t'en fais pas. Je suis sûre que ce n'est juste pas fait pour moi. Zion et toi avez tout pour que ça marche. J'ai vu comment il te regardait. »

En disant cela, elle se forçait à ne pas repenser aux regards qu'Edel lui avait si souvent lancé, lorsqu'ils étaient d'un bout à l'autre d'une pièce. Et à ceux qu'il lui avait adressé, lorsqu'ils étaient suffisamment près pour se toucher... Elle secoua la tête pour se débarrasser de ses pensées avant de poser sa main sur le bras de Freya, comme pour mieux s'ancrer dans le présent.

« Je sais que je n'ai pas été présente pour toi ces derniers temps. J'espère que tu me pardonneras. Parce que je sais que tu en avais besoin. Que tu en as besoin. Je le vois... »

Ses mots ne sonnaient pas comme une question, et pourtant...

Se ressourcer pour mieux l'affronter

Dimanche 7 janvier 2024, 20h

Par Merlin comme cela faisait du bien de retrouver ma cousine ! Lorsqu'elle posa sa tête sur mon épaule, je me tus, et je profitais du moment, simplement. Le soleil s'était déjà couché et la lumière de la lune se reflétait légèrement sur le lac. Ce tableau était très romantique, et la douceur qui s'en dégageait s'alliait parfaitement à la relation que nous avions développée durant toutes ces années.

Mon coeur se serra alors que je pensais à tout ce que j'avais perdu en laissant de côté Siobhan. Je n'avais pas su être là quand son histoire d'amour, pourtant enviée de tous, avait volé en éclat. A vrai dire, je ne comprenais toujours pas ce qu'il s'était passé ... et je ne comptais pas raviver en elle tout cela.

Je lui fus reconnaissante de ne pas chercher à en savoir plus. Je n'étais pas courageuse, j'étais incapable de tout lui avouer, de sentir son regard me juger. Pourtant, au fond de moi, je savais qu'elle ne le ferait pas, mais peut-être avais-je besoin de retrouver notre proximité pour me confier à elle ... Et lorsqu'elle parla de s'être fait berner par le grand amour, ma sentence tomba, calme et sèche :

"C'était un con."

Pourtant, j'appréciais Edel. Il avait été celui qui m'avait fait me rendre compte des sentiments que j'avais développés à l'époque pour Blake, mais je ne comprenais pas qu'il ait pu laisser tomber ma cousine ainsi, au bout de quelques semaines de mariage.
Un doux sourire se posa alors sur mes lèvres, tandis qu'elle m'avoua qu'elle avait observé Zion. Autant je n'étais pas prête à lui avouer mon plan pour récupérer mon père, autant une autre confidence avait clairement sa place ici, avec elle, et elle seule.

"Tout ... Mais j'ai tellement peur de le décevoir sur ... Tu vois quoi ... Je ne l'ai jamais fait et ... même pour notre premier baiser, j'avais peur. Il est le premier ..."

Je me sentais tellement stupide maintenant que je formulais cela à voix haute. Je ne lui en voulais absolument de ne pas avoir été présente. Moi non plus ... Mais il n'était pas trop tard.

"Je pense que nous avons dû toutes les deux nous remettre de l'événement avec les gobelins ... Et ... Oui, j'ai besoin de toi. J'en aurai toujours besoin, Sio ... Et ce même si nos vies prennent des chemins opposés."

Est-ce que j'en disais trop ? Peut-être ...

"Tu crois que cette année nous réserve encore des surprises ? J'ai ... j'ai entendu des rumeurs sur ... Toi et un des fils Longerbane ... Tu ... Tu es heureuse avec lui ?"

Car oui, c'était le principal.

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ft.  @Freya Korrigan

À l’image de Siobhán qui ne lui posait qu’une question silencieuse, Freya se contenta d’un simple commentaire sur Edel. En d’autres circonstances, Siobhán l’aurait probablement défendu, trop loyale sûrement, mais son cœur était encore trop émietté pour ce genre de noblesses. Elle n’en pensait pas moins mais malgré elle, le silence s’imposa.

D’abord, parce que son envie de parler d’Edel était à peu près équivalente à celle de faire la rencontre d’une meute de strangulots enragés lors d’une baignade dans le lac noir. Et ensuite, parce qu’une partie de sa personne devait vivre avec l’idée que son ex-mari était loin d’avoir tous les torts.

Ex-mari… Voilà qu’elle se retrouvait à parler comme une cinquantenaire alors qu’elle était seulement à l’aube de sa vingtaine.

Pour toute réponse, il n’y eut qu’un soupir. Si seulement la situation pouvait être aussi simple. Si seulement il pouvait suffire de se convaincre soi-même pour oublier le premier homme à qui on avait tout donné…

Étrangement, les aveux inquiets de Freya trouvèrent leur écho dans ces pensées, même si Siobhán se doutait bien que le sombre changement d’attitude qu’elle avait perçu chez sa cousine n’avait rien à voir avec sa crainte de ne pas être à la hauteur pour sa première fois. Mais elle balaya cela d’un revers de la main, gardant son enquête pour plus tard.

Elle avait eu peu ou proue les mêmes préoccupations pour marquer les débuts de sa relation amoureuse avec Edel, si ce n’était qu’elle avait toujours eu plus confiance en elle que sa cousine. Serpentard obligeait ; si l’on nourrissait ne serait-ce que le moindre doute au sein de cette maisonnée, sûr qu’il valait encore mieux se jeter dans la fosse aux lions et laisser le soin aux Gryffondor de faire leur ouvrage. Siobhán pivota légèrement pour s’adresser à la Serdaigle.

« Freya Korrigan », commença-t-elle solennellement avec un petit sourire. C’était plus pour dédramatiser la situation que pour se moquer, car la vert-et-argent prenait très au sérieux les inquiétudes de sa famille et se faisait le devoir d’être présente pour eux lorsqu’elles se montraient. « Je ne vais pas te dire de ne pas avoir peur alors que j’étais morte de trouille, ce serait malvenu de ma part… » L’instant précis où son esprit fatigué avait décidé de suivre Edel dans les escaliers, ce fameux soir, lui revint en mémoire. Même avec le temps, elle ne comprenait pas ce qui lui avait pris. Elle qui se montrait d’habitude si raisonnée, plus réfléchie… Mais ce n’était pas le sujet. « Ce que je sais en revanche et ce que je peux t’assurer, c’est qu’au moment où ça se produira, tu sauras tout ce qu’il y a à savoir. » Et ce qu’elle n’avait pas su, Edel le lui avait montré. Nul doute que @Zion Webb saurait faire de même — et réciproquement. L’instinct avait sa part à jouer dans ces moments. « Je ne te dis pas que tu trouveras un mode d’emploi sur le rebord de la table de nuit, mais pour une fois dans ta vie tu n’en auras pas besoin. Ça, je peux te le garantir. »

Sur ces mots, elle se détourna en direction du lac noir, pensive. Un moment elle resta comme ça, pour laisser son cœur prendre le temps dont il avait besoin devant les souvenirs qui fusaient.

Siobhán sourit avec douceur à la déclaration de sa cousine.

« Même si nos vies prennent des chemins opposés, je sais qu’on sera là, toi ou moi, pour rappeler à l’autre la route qu’elle doit suivre. N’est-ce pas le rôle d’une sœur, Freya ? »

Il ne fallait pas être médaillé de l’ordre de Merlin pour comprendre ce que la Cynfeirdd essayait de lui dire. Pour s’être posé la question elle-même, à plusieurs reprises. Mais si Freya n’était pas prête à en parler, elle n’y serait pas forcée. Cependant, Siobhán ajouta : « Il n’y a pas de mauvaises décisions. Ce qui compte, c’est l’intention avec laquelle on les prend. Tu ne penses pas ? »

Cette vérité n’écartait pas la possibilité de se tromper, ni de se perdre en route. Mais c’était à ça que servait une famille et c’était précisément ce qui donnait cette place si importante à la sienne dans sa vie.

Pleine de sagesse jusqu’à présent, Siobhán perdit une partie de son sérieux lorsque le prénom d’Arès s’échappa des lèvres de sa cousine. C’est qu’elle ne s’était pas attendue à ce que Freya puisse se fier à des bruits de couloir qui n’étaient rien de plus que ça d’ailleurs — des bruits de couloir.

« Oh », fit-elle en ne pouvant réprimer un léger rire cristallin qui la rendait plus belle encore. Voilà ce que lui inspiraient les rumeurs et les on-dit autour de sa relation avec le cadet Longerbane. « Non, Freya, tu te trompes. Arès et moi ce n’est pas… » Comment expliquer ça, d’ailleurs ? Cette connexion surnaturelle qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle était à ses côtés ? Dans un sens, oui : ça la rendait heureuse, mais pas au sens que de nombreuses personnes pouvaient se l’imaginer. « Arès et moi nous entendons très bien, c’est vrai, mais son nom de famille est trop grand pour s’ajouter aux miens, j’ai déjà donné… » Siobhán eut un nouveau petit rire, regardant le sol sous elle. Puis elle reprit, plus sérieusement : « Il est formidable, et ça l’est encore, formidable, plus quand on sait à quel point j’avais besoin d’une petite dose d’extraordinaire dans ma vie ces derniers temps. Je ne ressens pas le besoin de mettre notre relation dans une case, elle est très bien où elle est — quelque part dans ma vie. Tu comprends ? »

Les mots ne pouvaient pas toujours tout expliquer. Se rendant compte que ce qu’elle disait était confus et sans véritable sens, y compris pour elle, elle se mit à rire de bon cœur.

C’était en ça qu’Arès était important à ses yeux. Parce que c’était systématiquement le genre de réaction qu’il faisait naître chez elle ces dernières semaines et qui l’aidait, d’une façon ou d’une autre, à rester dans le droit chemin autant qu’à garder les pieds sur terre.

Se ressourcer pour mieux l'affronter

Dimanche 7 janvier 2024, 20h

Depuis que j'avais intensifié mes leçons de magie noire, j'avais bien remarqué que j'étais sur une pente savonneuse, ayant de plus en plus besoin de me raccrocher à ma vie : Zion, ma mère, Az', Siobhan ... Si je ne prenais pas ce temps, une fois ma potion revigorante prise, je ressentais une sorte d'addiction qui me donnait envie de courir près du mage noir pour continuer la pratique.

Ma proximité avec Siobhan avant mon rendez-vous était-elle une bonne idée ? J'en doutais. Il allait falloir que je me pose, plus tard, pour vider mon esprit. Mais pour le moment, j'espérais bien pouvoir profiter de ce moment passé avec ma cousine, alors que nous n'avions pas eu l'occasion d'échanger sur notre vie depuis la rentrée.

Et oui, je me confiais. Non pas sur ce qui faisait que ma vie était différente d'un point de vue magique, mais plutôt sur mes inquiétudes personnelles et amoureuses. Je sentais bien que Zion avait bien plus d'expérience que moi, la pauvre petite Sedaigle qui lui avait offert mon premier baiser lors du bal de Yule. Et s'il y avait bien une personne qui saurait m'aiguiller, c'était elle : n'avait-elle pas été dans cette situation lorsqu'elle avait rencontré Edel ? Et puis, à croire le Chelsea Express, il y avait eu Xris aussi ... Elle ne pouvait être que de bons conseils !

Et ce fut le cas. Je saurais en temps voulu ... Bon, pour que ce temps soit voulu, il faudrait que j'accorde peut-être un peu plus de temps à ma relation, mais je craignais que Zion se rende compte de mon changement. Je ne voulais pas le mêler à tout cela. Au départ, je me disais simplement que cela ne le regardait pas. Mais plus le temps passait, plus je me disais surtout que c'était pas peur de le perdre. Souriant légèrement, je répondis, face aux conseils de la préfète des Serpentards :

"Je l'espère ... Je n'ai pas envie qu'il se dise que je suis nulle et qu'il vaut mieux aller voir ailleurs."

Je grimaçais, imaginant ma réaction si le gryffondor venait à agir comme Blake, à partir du jour au lendemain sans même me prévenir, me laissant seule, avec mon coeur brisé. Mon coeur se serra à cette pensée.

Prenant la main de Sio, je fus émue par sa déclaration. Oui, elle était bien plus qu'une cousine ... Nous avions grandi ensemble, et nous nous ressemblions énormément.

"Je t'aime, Sio, ne l'oublie jamais ..."

Elle méritait tellement que je lui explique ce qui se tramait en ce moment. L'espace d'un instant, je crus que j'allais me confier, mais je me ravisais. J'étais trop lâche certainement. J'avais peur de la perdre, alors même que ce qu'elle venait de me dire était la seule chose que j'avais besoin d'entendre. Car oui, si je faisais tout cela, c'était pour mon père, pas pour moi.

A mon grand soulagement, je réussis à changer de discussion et je remarquai immédiatement à quel point ce sujet la faisait resplendir. Je souris doucement, la laissant m'expliquer même si elle peinait à trouver ses mots. Je finis simplement par lui répondre :

"L'essentiel, c'est que tu sois heureuse, qu'importe le nom que tu souhaites ou ne souhaites pas donner à cette relation. Tu as le droit de goûter à ce calme, à cette complicité ... Tu ne dois rien à personne, Sio, d'accord ?"

J'avais dit cette dernière phrase en me redressant et en capturant son regard avec le mien. Je lui souris, et, de nouveau, mon regard partit se perdre au loin. Et si ... ? Je secouais légèrement ma tête, comme pour m'enlever cette idée de ma tête. Et pourtant ... J'en avais besoin ... Je pouvais lui faire confiance, j'en étais sûre. Et même si je ne lui disais pas tout, peut-être pourrais-je juste lui donner quelqu'infimes indications.

"Avant que tu n'arrives, je me préparai à un rendez-vous un peu particulier. J'ai quelques pistes pour sauver mon père, des pistes qui risquent de déplaire à bon nombre de personnes, surtout à ton père."

Voilà. Simplement. J'allais déjà voir sa réaction à cette première information.

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ft.  @Freya Korrigan

« Nulle ? », s’insurgea faussement Siobhán. « Les femmes de notre famille peuvent se voir attribuer de nombreux adjectifs, mais "nulle" n’en fait pas partie », la rassura-t-elle avec un sourire sincère et bienveillant avant de remettre ses cheveux en place, la tête haute. « Ton instinct m’a toujours épatée, et je suis certaine qu’il ne te fera pas défaut… quand le moment viendra. »

La Korrigan ne partageait aucune goutte de son sang avec celui des Cynfeirdd. Et pourtant, elle s’était toujours considérée comme un membre de leur famille à part entière — la faute à ceux qui l’avaient acceptée comme telle sans jamais rien lui demander en retour que d’être elle-même — et ne pas laisser son frère la tornade casser la faïence familiale.

En d’autres termes, Freya était la sœur que Siobhán n’avait jamais eu ; et même si la Serdaigle ne manquait pas de sœurs et de frères de cœur dans l’antre de Caer Cynfeirdd, une partie d’elle espérait avoir la même place privilégiée dans le creux de sa poitrine.

Les mots qui suivirent lui donnèrent en tout cas cette délicieuse impression que ses sentiments envers Freya étaient réciproques. À tel point que ses yeux se mirent à briller presque aussitôt que ces preuves d’amour flottèrent dans l’air. Elle n’avait pas l’habitude des je t’aime, de ce côté de sa famille. En dehors de @Finn Gavalagh-Korrigan envers qui ces démonstrations étaient innées probablement du fait qu’ils avaient cohabité pendant neuf longs mois dans le même ventre, Siobhán n’avait jamais eu le je t’aime facile.

Mais ce jour-là, elle ressentit le besoin de le dire et de le faire savoir. Une partie d’elle savait que Freya en avait profondément besoin.

« Je t’aime, Freya. »

Fut-ce cet aveu tout droit sorti de son cœur, mais elle eut soudainement l’impression que Freya allait lui parler, avant de se raviser. Finalement, quelques secondes plus tard, elle brisa le silence qui les entourait pour un rappel bienvenu.

Siobhán se contenta de sourire, plus pudique tout à coup. Car cette fois, avec ses conseils, Freya était tombée dans le mille et ça ne laissait pas complètement indifférente la vert-et-argent.

C’est qu’elle n’avait eu personne à qui parler de cette facette du monde qu’Arès lui faisait découvrir en sa présence depuis le bal de Yule. Parler de lui avec sincérité avait quelque chose d’aussi apaisant que sa personnalité hors du commun. Ce genre de cadeau de la vie était précieux et une partie de la demie-vélane avait envie de le garder jalousement pour elle tandis que l’autre appréciait de pouvoir en parler en toute liberté.

À nouveau, il y eut un silence et un moment de battement durant lequel il lui sembla que Freya s’apprêtait à dire quelque chose avant de se raviser. Siobhán préféra garder son regard rivé sur l’horizon pour ne pas lui mettre davantage de pression sur les épaules.

Si ces paroles avaient tant de mal à sortir, c’était certainement que Freya n’était pas prête à les dire. Et si Freya n’était pas prête à les dire, alors jamais Siobhán ne la forcerait.

La voix de sa cousine finit par s’élever près d’elle, et elle comprit que le temps était venu. Mais pendant un court instant, cet aveu la laissa muette, le temps de peser ses mots.

Entre le penser et le savoir, il y avait un fossé qu’elle n’avait pas pensé franchir. Mais cette confession avait un côté rassurant, car cela signifiait aussi que Freya n’avait pas basculé et que ses ancres étaient solides.

« Tu sais comment fonctionne mon père. Tout ce qui n’est pas une idée à lui est, de fait, une mauvaise idée. » Il n’y avait aucun jugement dans sa voix, pas une once de reproche envers Freya. Uniquement de la bienveillance et surtout, une bonne dose de respect, mélangé à une pincée d’amertume envers le patriarche Korrigan. « Mais j’imagine que si tu dis que ça ne lui plairait pas, c’est parce qu’une partie de toi a conscience que c’est dangereux, n’est-ce pas ? Freya… » Siobhán attrapa les mains de sa cousine au creux de ses paumes, cherchant à capturer son regard. « Si j’avais eu le moindre espoir de ramener ma mère, j’aurais tout essayé moi aussi. »

Son cœur et sa voix se fendirent légèrement à cette idée. Mais c’était la réalité. Comment le lui cacher ?

Luke aurait certainement été bien mal placé pour les réprimander, car la persévérance était aussi un trait prépondérant de son caractère. On ne devenait pas un sorcier aussi brillant par hasard.

« J’espère seulement qu’en voulant ramener ton père, tu ne t’égareras pas en chemin… Je ne supporterai pas l’idée de te perdre aussi. »

Un morceau d’elle se brisa à l’intérieur. Sa famille était son pilier essentiel, tout comme Freya. @Zion Webb, à lui seul, aussi fort pouvait être leur amour, n’aurait pu suffire à la maintenir dans le droit chemin.

« Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour t’aider dans cette quête ? Maeve est au courant ? »

Un millier de questions se pressaient dans sa tête, mais elle ne voulait pas intimider Freya et la pousser de quelconque manière à regretter sa décision de se confier.

Ses mains se resserrèrent autour des siennes avec douceur.

Plutôt que de l’accabler davantage, Siobhán se contenta de l’essentiel dans une situation comme celle-ci.

La plus importante des vérités. La seule qui comptait vraiment.

« Tu sais que je ne t’abandonnerai pas. Jamais. »

Se ressourcer pour mieux l'affronter

Dimanche 7 janvier 2024, 20h

Les mots de Siobhán avaient toujours su trouver leur chemin jusqu’à mon cœur, mais cette fois-ci, ils résonnaient avec une profondeur particulière. En l’entendant s’insurger contre cette idée absurde que je pouvais être "nulle", je ne pus m’empêcher de sourire, un peu plus rassurée. Ses paroles avaient ce pouvoir magique de faire fondre mes doutes, même si ceux-ci restaient parfois tenaces, ancrés quelque part dans les recoins de mon esprit.

Lorsque Siobhán me dit qu'elle m'aimait, quelque chose se brisa en moi, mais dans le bon sens. J’avais toujours senti ce lien puissant entre nous, cette connexion presque palpable, mais l’entendre le dire à voix haute, c’était comme recevoir un baume sur mes blessures invisibles.

« Je t’aime aussi, Sio. » Les mots franchirent mes lèvres avec une facilité surprenante, emplis de toute la sincérité dont j'étais capable. Elle était cette sœur que je n’avais jamais eue, et cette certitude, cet amour réciproque, rendait ce moment encore plus précieux.

Alors que nous parlions de mon père, le poids de ma quête se fit soudainement plus lourd. Siobhán comprenait, peut-être mieux que quiconque, ce besoin viscéral de ramener un être cher. Sa voix, douce mais teintée d'une inquiétude palpable, trouva un écho en moi. Je sentis sa main attraper la mienne, cherchant mon regard, et je dus me forcer à ne pas flancher.

Elle avait raison, bien sûr. Une partie de moi savait que ce que je m'apprêtais à faire était dangereux, que cela ne plairait pas à son père, ni même à Zion. Mais comment pouvais-je tourner le dos à cette possibilité, aussi infime soit-elle ? L’idée même de ne pas essayer était insupportable.

« Je sais que c'est dangereux… mais je ne peux pas abandonner. Pas encore. Je dois au moins essayer. » Ma voix se brisa légèrement, mais je continuai, plus déterminée que jamais. « Je ne veux pas te perdre non plus, Sio. Tu es ma famille, et c’est précisément pour ça que je dois faire ça. Pour que notre famille puisse être complète à nouveau. »

Ses questions, bien que légitimes, me firent l'effet d'une décharge. Je n'avais encore rien dit à Maeve, et l'idée même de le faire me terrifiait. Maeve était si intuitive, si perspicace, que je craignais qu’elle ne voit clair dans mon jeu avant même que je ne sois prête à lui en parler.

« Non, Maeve n'est pas encore au courant… Peut-être que je devrais lui en parler, mais pour l'instant, je préfère attendre d'être prête. » J'inspirai profondément avant de continuer, « Mais je te promets que si ça devient trop, si je sens que je m'égare, je viendrai te voir. Tu seras la première à savoir. »

Je me levai doucement, sentant le besoin de clore cette conversation avant que mes émotions ne me submergent totalement. Je me penchai pour déposer un baiser léger sur le front de ma cousine, comme pour sceller cette promesse silencieuse entre nous.

« On se voit bientôt, d’accord ? Prends soin de toi, Sio. » Avec un dernier sourire, je m’éloignai, le cœur plus léger grâce à cet échange. Mais au fond de moi, je savais que la route serait longue et semée d'embûches. Pourtant, avec Siobhán à mes côtés, j'étais certaine que je ne serais jamais seule pour l'affronter.

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