Un refuge dans la tempête # Aphrodite

08.02

Le sommeil lui était tombé dessus en dépit de ses luttes et il ne lui avait apporté que des tourments. Comme si la journée qui avait précédé n'avait pas été assez éprouvante, elle en avait revu chaque détail en nuance de vermeil, et au petit matin, les journaux n'avaient rien fait qu'en ajouter dans l'horreur. Alors, pour la première fois en 24h, devant la photo inanimée de sa maison de Dawnmore éventrée par les flammes, Aphrodite Longerbane s'était mise à pleurer à chaudes larmes. C'était dont là le sort que la société avait réservé au fleuron de sa jeunesse. La mort dans les flammes d'un feudeymon. A un moment, l'horreur la gagna si violemment, devant l'alignement de récits macabres et d'accusations fallacieuses, qu'elle eut comme une absence. Les journaux lui échappèrent. Ils étaient encore répandus à ses pieds, ouverts sur le grotesque portrait d'un  @Luke Korrigan méconnaissable, quand la porte s'ouvrit.

Elle sursauta, tiré du néant par une voix qu'elle ne reconnut pas. C'était une femme brune, très belle, qu'elle avait déjà vue. Une femme que le Directeur Korrigan semblait avoir mis dans la confidence. Cette idée aurait dû la froisser mais Aphrodite avait une haute opinion du genre de liens qui rapprochait les deux sorciers. A ses yeux, il n'y avait rien qu'il aurait dû s'abstenir de dire à Améthyste Miller. Sans interrompre, comme sa bonne éducation le voulait, Aphrodite écouta sans interrompre, tachant de présenter une version d'elle-même suffisamment convenable en dépit de ses yeux rougis et de son teint d'une pâleur inquiétante. Un peu plus loin, son assiette de la veille trônait intact sur la table que Mr Plinx avait dressée pour elle, à côté de son petit déjeuner.

Ses lèvres esquissèrent un mouvement mais aucun son ne vint. Elle resta quelques instants ainsi, surprise par son propre mutisme.

« Pardonnez mon incorrection Pr Miller, je... », son regard plongea dans celui d'Améhyste, toujours incapable de parler de quoi que ce soit, « Je vous remercie. »

Si Lady Antonia l'avait vue si peu disserte, elle n'aurait pas reconnu la jeune femme qu'elle avait si patiemment élevée et préparée à son entrée dans le monde. Ses doigts délicats crispés sur ses jambes en disaient plus longs que ces mots.

08.02

Elle acquiesça, avant de prendre la fiole sans faire de résistance. Elle n'en n'avait pas plus fait avec le Directeur Korrigan. Dans cet étrange état d'apathie, Aphrodite n'avait même pas l'idée de se dire qu'on aurait pu chercher à l'empoisonner. Et quand bien même, aurait-elle dû se méfier ou accueillir cette solution de facilité sans sourciller ?

« Le Directeur Korrigan a fait plus qu'il ne l'aurait dû. », elle le revoyait mourant sous ses yeux quand bien même ça n'avait été qu'une illusion. Il avait pris énormément de risque pour elle sans qu'elle comprenne exactement comment ni pourquoi. Malgré elle, elle en concevait une sorte d'attachement à ce curieux personnage qui l'avait fui à la seconde où elle avait agi selon sa nature de fae, « Il m'a donné de quoi me calmer et dormir. »

Améthyste Miller poursuivit. Elle faisait montre d'une grand compassion. C'était bien une chose dont les Longerbane avaient manqué récemment. Lorsque la main de la sorcière se referma avec douceur sur la sienne, Aphrodite sentit son coeur se serrer. D'ordinaire, ç'aurait été le genre de familiarité qui l'aurait mise extrêmement mal à l'aise. Mais l'heure n'était plus à l'ordinaire et tout ce qu'on lui avait enseigné semblait avoir été piétiné sans une once d'hésitation. Involontairement, le jeune femme serra les doigts entouraient sa main, d'une poigne sans force, baissant le regard pour dissimuler les larmes qui s'apprêtaient à la submerger à nouveau.

« Je vous remercie Améthyste. Je ne serais pas de très bonne compagnie aujourd'hui je le crains. Peut-être pouvons nous remettre la conversation à plus tard, si ce n'est trop vous demander. »

Elle espérait simplement que cette demande ne serait pas mal prise. Elle n'aurait sans doute pas su comment le gérer. Mais Améthyste Miller n'insista pas, la rendant à ce cocon de solitude dont elle avait besoin avant tout autre chose pour l'instant. Elle revint pourtant la voir le lendemain et le surlendemain. Puis ce fut @Luke Korrigan qui lui rendit visite, abandonnant entre ses mains les almanachs de quelques siècles passés. L'idée était qu'Aphrodite y choisisse un visage. Cela ne fut pas difficile. Mais elle eut plus de mal à broder une histoire cohérente. Le Directeur Korrigan avait imposé qu'elle fût américaine, car il lui était plus facile de justifier un transfert en milieu d'années du fait de ses relations avec Ilvermorny. Mais Aphrodite n'avait qu'une connaissance très parcellaire de la culture américaine. Elle était ainsi assurée de ne pas mettre le nez dehors avant très longtemps.

Quand Améthyste lui rendit visite ce jour-là, Aphrodite était assise comme souvent sur le rebord de sa fenêtre. Ses yeux clairs suivaient un jogger aussi matinal que familier autour du Lac Noir. Sur le lit, des notes un peu brouillonnes s'éparpillaient, dressant le portrait de Grace Davis, ou plutôt les portraits, car aucun n'était suffisamment satisfaisants pour qu'elle puisse s'en servir de point de départ.

« Améthyste ? Je ne vous avais pas entendu, excusez-moi. »

Il y avait très peu de choses qui pouvaient la sortir de son petit monde quand elle regardait par la fenêtre...

08.02

Les yeux clairs d'Aphrodite se relevèrent vers Améthyste. La présence de cette femme était pour elle un réconfort inespéré. Depuis sa première visite, elle s'était astreinte à la visiter deux fois par jour, sans faute. Elle avait toujours eu le plus grand respect pour les réserves de la jeune femme. Ne l'avait jamais forcée à parler de quoi que ce soit ni à abdiquer quoi que ce soit contre son gré. Certains jours, Aphrodite se montrait plus loquace. D'autres fois, elle semblait plus morose et la conversation tournait court sur quelques formules de politesse. Dans son jardin secret, Aphrodite gardait pour elle sa nature de fae, les noms de ceux qui lui étaient chers, le tracé que suivait @Xris Andērson lorsqu'il allait courir autour du lac sans faute, tous les matins. Et Améthyste respectait cela.

Apparemment, elle s'était attendue à la trouver tout à ces almanachs. Mieux encore, elle se proposait de lui prêter main forte. Aux quelques mots qui achevèrent sa proposition de l'accompagner, Aphrodite tiqua. Ses grands yeux bleus plongèrent dans ceux de la Directrice de Gryffondor. Que s'apprêtait-elle à lui révéler ? C'était sans doute un manquement de sa très bonne éducation mais Aphrodite savait très peu de choses des Miller. Elle avait pourtant en règle générale, une bonne appréhension du pédigrée des gens qu'elle rencontrait.

« Que voulez-vous dire ? », demanda la jeune femme, un instant détournée de ses propres problèmes et de la tâche difficile de renoncer à son propre visage. Là-dessus aussi Améthyste avait sa petite idée, « Je n'ai rien à reprocher à tous ces gens. Vraiment. Je n'arrive juste pas à me projeter en eux. Mais il y en a une que j'aime mieux que les autres. Je trouve qu'elle me ressemble quelque part. Ca n'est pas physique. Attendez, la voici. », du bout du doigt, elle tapota l'almanach, indiquant le portrait d'une toute jeune femme noire. Babeth Moonveal. Dans son uniforme à col Claudine, elle avait l'air si douce et si sage à côté de ses camarades plus agités, « Le Directeur Korrigan préférerait que je n'affiche pas mon talent pour la métamorphose. Ni pour la botanique d'ailleurs. En fait, il avait en tête que je devienne une étudiante "normale". Je ne suis même pas certaine de savoir ce que c'est, ni comment être crédible. Que dire d'être une étudiante américaine quand tout de moi parle de mes origines. Je ne sais pas à qui je pourrais faire croire pareils contes de fées... »

Elle eut un petit rire devant le ridicule de la situation. Le premier, depuis qu'elle était arrivée ici.

08.02

Dans le silence qui séparait la question de sa réponse, Aphrodite laissa fluctuer son imagination. Que se cachait-il derrière ces mots ? Quelle histoire Améthyste Miller s'apprêtait-elle à livrer ? Elle semblait chercher ses mots, peut-être eu égard à la personne à laquelle elle allait les adresser. Vivre avec un monstre. Le terme lui hérissa le poil. Aphrodite se sentit s'affermir sur sa chaise. Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Ces derniers temps, il lui semblait qu'on avait bien trop employé ce terme pour parler de ce qu'on ne connaissait pas. Et il était devenu presque un douloureux patronyme, qui lui collait comme une autre seconde peau. Mais le monstre d'Améthyste Miller était d'une tout autre espèce qu'Aphrodite.

Si l'histoire manquait volontairement de détails - et la jeune Longerbane en était reconnaissante - elle prenait là tout son sens. Dans son silence, la jeune femme aux cheveux roux n'en finissait plus de se demander de combien d'erreurs l'humanité avait-elle besoin pour s'affranchir de sa monstruosité. Les Miller ne faisaient pas partie des fréquentations des Longerbane. Mais sans avoir besoin d'en entendre plus, l'image d'un Lord Carnage écumant de haine se superposa dans son esprit à celle de ce père meurtrier. Combien de fois avait-il frappé avant que ne choit sa victime ? Aphrodite avait encaissé les coups plus longtemps que sa frêle silhouette ne l'aurait laissé penser. L'homme qu'avait aimé Améthyste avait dû lutter lui aussi. Et que dire d'une femme dont le ventre s'était arrondi du fruit d'un amour sincère... Etait-ce là tout ce que l'humanité avait à offrir ? De la violence. De la haine.

Aphrodite baissa les yeux. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser cette haine-là l'envahir. Pas maintenant. Elle n'avait pas les ressources pour lutter contre ce genre de feu intérieur. Alors elle acquiesce, silencieuse, pleine de compassion pour cette femme qui, pour l'amour de ce qu'elle avait de plus cher avait du renoncer à tout, jusqu'à elle-même. Et elle se dit qu'elle pouvait s'estimer chanceuse d'avoir presque déjà tout perdu.

La Directrice de Gryffondor se pencha sur la photo de Babeth Moonveal. Elle y trouvait aussi quelque chose, ou peut-être choisissait-elle d'aller dans son sens pour l'exhorter à un peu plus d'enthousiasme. Aphrodite n'aimait pas non plus ce sentiment d'apathie qui la suivait comme une ombre malsaine. Ca ne lui ressemblait pas. Elle avait été la joie de vivre, la détermination, un petit feu follet au coeur de leur famille aimante. Mais le feu s'était éteint et les braises étaient désormais refroidies.

Un doux sourire se posa sur les lèvres d'Aphrodite alors qu'Améthyste évoquait son amour pour @Luke Korrigan . Une chose qu'elle respectait entre toute. Peut-être la seule à lui donner un peu de baume au coeur. Améthyste avait cette profonde humanité que Luke ne savait pas exprimer. Du moins pas comme le commun des mortels. Là où il pouvait être blessant en cherchant à faire bien, elle, savait voir au-delà de la façade docile qu'Aphrodite s'attachait à donner. Elle ne s'était que peu rebellée face aux demandes de Luke Korrigan. Il n'y avait eu guère que l'obligation de renoncer à @Xris Andērson qui l'avait fait bondir et se débattre comme un démon. Elle ne voulait pas céder à ses tempêtes intérieures, de peur de ce qu'elles auraient pu révéler. Mais elle ne pouvait pas renoncer à tout, Améthyste avait raison.

« Je pourrais toujours être passionnée d'architecture magique, en tant qu'amateur. L'architecture magique c'est souvent de la métamorphose. Et je n'aurais que peu d'occasions de la pratiquer comme ça à Poudlard. Pour ce qui est de la botanique, il serait trop évident que mes méthodes ne sont pas celles des sorciers... » il y avait aussi Xris, dont elle ne pourrait pas se débarrasser mais, sous l'effet des menaces de Luke Korrigan, elle saurait se montrer raisonnable alors, inutile de le mentionner à nouveau. Tandis qu'elle pesait le pour et le contre, Améthyste rebondit sur le personnage de l'étudiante américaine. A l'évidence, elle ne pourrait complètement gommer le naturel et cela semblait clair pour Mrs Miller aussi. Alors elle lui fit cette étrange proposition.

Il y avait une forme d'enthousiasme dans les mots d'Améthyste. Aphrodite en fut touchée autant que déstabilisée. Il n'était question que de l'identité de substitution bien sûr mais...

« Votre nièce me siérait mieux. », commença la jeune femme avec force hésitation. Elle ne voulait pas froisser Améthyste, « Je... je ne suis pas certaine de pouvoir devenir la fille de quiconque sans avoir l'impression de trahir ma famille. Je sais bien qu'il ne s'agira pas de moi mais de cette autre, l'étudiante américaine, mais je ne me sens pas capable - vous comprenez ? »

Ses grands yeux attrapèrent ceux d'Améthyste Miller. Peut-être était-ce son héritage fae ou tout simplement, et c'était ce que son père avait toujours dit, peut-être était tout simplement les yeux de sa mère. Lorsque Aphrodite Longerbane posait ce regard-là sur vous, c'était comme si elle vous avait pris le visage entre ses mains aux doigts graciles, comme s'il n'y avait plus eu qu'un océan clair dans lequel se plonger. Et si ses yeux s'embuaient un peu trop vite alors on n'avait qu'une seule envie, la prendre dans ses bras et la serrer contre soi.

« C'est une excellente idée. Cela me permettra d'excuser quelques erreurs suspectes au besoin et - », elle s'était levée finalement, faisant les cents pas pour donner corps à l'idée, peut-être aussi pour chasser de son coeur le poids qui l'accablait, « ... nous pourrions dire que mes parents envisagent de venir vivre au Royaume-Unis à termes mais qu'ils ont encore des affaires à régler. Et par quel biais pourrais-je être votre nièce. Il vous faudrait un parent qui ne soit pas trop connu de vos proches sinon les gens se questionneront... Est-ce qu'il ne serait pas plus simple que vous soyez ma marraine ? Personne ne vous questionnera sur une amitié aux Etats Unis, vous pourrez être proche de moi sans que cela paraisse suspect. Mais il nous faudra tout de même étoffer les motivations des parents. Ce sont des sorciers de la classe moyenne. Pas des gens qui peuvent donc se permettre de faire transiter leurs enfants d'école en école pour le simple plaisir d'embellir un curriculum... »

08.02

Petite à petit, le puzzle de la vie de Grace Davis s'assemblait. Presque naturellement. Les mots leur venaient, se répondant avec une spontanéité dont Aphrodite n'avait pas fait preuve jusqu'alors. Fallait-il y voir la naissance de quelque chose ? Améthyste en tout cas était prise d'un regain d'énergie. Elle aussi s'était levée, marchant pour mieux habiter la petite vie sans histoire de l'étudiante américaine. Aphrodite la suivit du regard. Elle s'était arrêtée, presque amusée. L'idée d'avoir une marraine ne lui déplaisait pas. Que ce fut Améthyste Miller, lui paraissait une bonne raison de souscrire à la chose. Un bref instant, elle en oubliait presque qu'il ne s'agissait pas d'elle mais de Grace. Ce n'est que lorsque l'actualité les rattrapa, qu'Améthyste freina son enthousiasme. Elle ne voulait pas doucher les espoirs qu'Aphrodite aurait pu nourrir de recouvrer sa liberté. La jeune femme sourit appréciant cette démonstration de tact de la part de la sorcière.

« Cela ne fait rien Améthyste. Je n'avais guère espoir que tout ceci se finisse vite... », et bien pensa-t-elle, réservant cette conclusion pour elle-même. Elle ne pourrait sans doute pas rester cachée ici éternellement. Et même ici, le Ministère de la Magie avait ses entrées. Un jour où l'autre, quelqu'un remonterait jusqu'à elle et, elle se l'était promis, ce jour-là, elle ne ferait pas de résistance. Le tribut versé à l'idéalisme et à la combativité des Longerbane était déjà trop lourd et, il y avait des noms qu'elle se refusait d'ajouter à cette triste nécrologie que donnait à lire les journaux.

Revenant à l'instant présent, Améthyste songeait à présence aux embâcles qu'il leur faudrait éviter à tout prix. Sans surprise, les noms qui sortirent de sa bouche épinglait précisément les personnes qui étaient les plus chères au coeur d'Aphrodite, avec cette étrange pressentiment. La gorge de la jolie rousse se noua, douloureuse, et elle déroba un instant son regard. Les lèvres scellées, elle repensait à la tournure de la conversation avec Luke. A son impuissance à lui faire comprendre ce qui la profondeur de ce qui l'habitait, la nature-même de ce sentiment.

« Si... bien sûr que si. », admit-elle sombrement alors qu'Améthyste espérait encore qu'elle n'ait pas été répartie à Serpentard, « Ils sont la seule famille qu'il me reste. Chelsea est la soeur que je n'ai jamais eue. Siobhán ne me connait pas suffisamment mais elle était très proche de mon frère Ares. », ces doigts se crispèrent. C'était la première fois qu'elle prononçait son nom depuis que @Luke Korrigan l'avait enjoint à ne pas se faire trop d'illusion. Le portrait de son frère, à côté du sien, la dardait chaque matin du regard, sur les pages avis de recherche des quotidiens à côté de ce ridicule portrait du Directeur de Poudlard, que personne ne pourrait jamais reconnaître au vu de la qualité du portrait. Avez-vous vu ce sorcier ? Au moins sur le papier journal, ils avaient lui comme elle conservé un semblant de dignité. Se détournant un instant, Aphrodite s'approcha de la fenêtre. Cette fenêtre à laquelle Améthyste la trouvait si souvent assise, le regard porté vers le dehors. Si elle regardait toujours vers l'extérieur, ce n'était pas qu'elle rêvait à ce jour où Luke Korrigan lui annoncerait qu'elle était libre de partir.


« Je ne suis peut-être pas en position de faire grand chose, pour aucun d'entre eux. Mais je ne pourrais pas les renier. Jamais. »

Sa main caressa avec douceur les aspérités de la pierre tandis qu'elle reprenait place sur le seuil de la fenêtre. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais l'air s'y engouffra, gonflant ses poumons pour lui donner du courage mais étouffant du même coup les mots.

« J'ai fait une promesse fae à Luke Korrigan. Une promesse de ne jamais lui nuire. Mais je lui ai dit aussi que jamais aucun serment ne saurait me lier plus fort que la promesse que je n'ai pas eu le temps de faire à @Xris Andērson. » Sa voix s'étrangla sur ce nom. Le soleil était déjà trop haut dans le ciel. Il ne passerait plus maintenant. Ses yeux s'embuèrent comme elle se confrontait à nouveau à ce à quoi il lui fallait renoncer. Elle ne parla volontairement pas de cette histoire de serment inviolable, trop assurée que cela déplairait à Améthyste. Elle ne voulait pas semer la discorde dans le couple de ses protecteurs, « Le Directeur Korrigan le fait surveiller parce que j'ai eu la naïveté de penser qu'il pourrait croire en ce lien particulier. Mais c'est une chose de fae que d'aimer et de croire de cette façon là. Il ne lui fait pas confiance. Pourtant même d'aussi haut, moi je peux voir qu'il est malheureux. Je le vois chaque matin, aux premières lueurs de l'aube. Une part de moi supplie qu'il ne m'oublie pas trop vite. L'autre lui souhaite de se réveiller un homme neuf, sans souvenir de nous. Mais je n'arrive pas à renoncer à lui... C'est trop me demander. »

Finalement, vaincu, ses grands yeux bleus se retournèrent vers Améthyse, un peu farouches. Elle ne s'attendait pas à être comprise. Elle s'attendait à devoir défendre encore une fois, bec et ongles, ce petit bien qui lui faisait tant de mal.