Meet the new student

09.03

La semaine avait été une épreuve et, si les rencontres qu'elle avait faites en sept petits jours avaient été pour la plupart plaisantes - exception faite de ce Poufsouffle qui répondait au curieux nom de Popplewell, passer ses journées aux côtés de @Xris Andērson avait été un calvaire. Sans cesse tiraillée entre la frustration et la tentation. Elle ne parvenait à tromper personne sauf peut-être lui. Anémone, une étudiante de Serdaigle, avait déjà proféré quelques insinuations des plus fâcheuses. Mais Grace n'avait en rien cherché à nier. C'était sans doute mieux d'éveiller les soupçons en s'en défendant bec et ongles. Convaincue qu'il ne lui faudrait rien de courir après celui qui ne pouvait à force que s'agacer de sa présence, Grace avait fait au mieux pour éviter Xris en dehors des cours. Mais le weekend approchant, ne trouvant plus prétexte à occuper ses journées, elle se prit à repenser à ce qu'il lui avait dit en cours d'Histoire de la Magie.

Elle eut beau tourner en rond, rien ne parvint à la convaincre d'aller étudier à la bibliothèque, ni de refaire une énième visite du château. Tournant comme une vipère en cage et craignant de réveiller @Lheina Sanderson , elle finit par sortir à la fraîche, sans s'avouer qu'elle espérait bien le croiser au bord du lac, comme elle l'y avait souvent vu courir. Mais Xris ne vint pas et finalement, elle alla s'asseoir dans les gradins du stade, en voyant l'équipe de Serpentard se préparer pour l'entraînement. Elle ne tarda pas à être rejointe par une autre étudiante qui la tira de sa contemplation. Relevant les yeux, elle s'aperçut que ça n'était nulle autre qu'Apolline Dunn. S'il y avait bien une personne dont elle avait tout intérêt à se faire oublier c'était bien elle. La fille de l'ancien Premier Ministre qui avait ouvert la porte à toutes ces abominables idées spécistes... Forçant un sourire sur ses lèvres.

« Bien sûr, vas-y. », fit-elle en retirant son sac d'étudiante, qu'elle n'avait pas voulu poser par terre. Avec un peu de chance, c'était tout ce que Miss Dunn attendait d'elle. Il ne lui fallut pas deux minutes pour n'avoir d'autre choix que d'abandonner cette idée naïve. Cachant sa déconfiture, Grace serra la main d'Apolline. Ça n'avait rien de comparable à la poignée de mains échangées avec Xris le lundi précédent, « Grace Davis. Je suis arrivée ce lundi. », c'était une réponse tout juste satisfaisante pour une ancienne préfète en chef désireuse de raccrocher les wagons loupés. Sans surprise, Apolline avait décidé de faire la conversation et Aphrodite n'avait aucune corde suffisamment élégante à son arc pour l'en dissuader, « Qui ? Moi ? Euh non certainement pas, je suis beaucoup trop maladroite pour ça. Je suis juste... tombée du lit ce matin. Et j'avais pas envie de me plonger dans les révisions à cette - »

Un cognard venait de siffler à quelques centimètres de la tête de Xris, soulevant au passage une mèche de cheveux blonds. Aphrodite sentit son coeur manquer un battement et, sur le banc, les doigts fins de Grace se crispèrent.

« Ben dis donc, ils sont en forme ce matin... J'avais pas envie de commencer le weekend par des révisions. »

09.03

Comme elle s'y était attendue, Miss Dunn ne se contenta pas de ses petites réponses fermées. Elle allait continuer d'entretenir toute seule la conversation jusqu'à ce que mort s'ensuive. Quant à son opinion sur le patronyme de Grace Davis... c'était certes le but de la manœuvre, passer sous les radars, ne pas attirer l'attention. Mais Aphrodite Longerbane n'avait jamais été de sa vie quelqu'un d'ordinaire pire encore de commun, aussi, la pilule avait-elle du mal à passer.

« On ne peut pas tous porter le nom d'un Ministre, Miss Dunn. », répondit la Serpentard sur un ton qui ne disait pas son nom, « Je viens des États-Unis, New York plus précisément. », être précis mais pas trop quand même si elle ne voulait pas que le mensonge devienne impossible à entretenir. Elle avait déjà fait la gaffe de l'appeler par son nom de famille mais pour cela, elle avait une excuse toute trouvée. La presse internationale n'aurait pas manqué de présenter Adair Dunn et sa ravissante petite famille. Surtout pas après la succession d'événements tragiques qui s'étaient succédé et avaient mené à la démission dudit Ministre.

Elle ne manqua pas de noter non plus le timbre de déception dans la réaction d'Apolline. Fallait-il l'imputer à sa remarque sur les révisions ou plutôt à son aveu de maladresse ? Elle le saurait sans doute bien assez tôt. Cette fois-ci, l'autre étudiante eut le bon ton de feindre l'indulgence, quoiqu'après coup seulement. Si elle avait pu faire étalage de ses véritables compétences, Aphrodite ne se serait pas gênée pour souligner cette indélicatesse mais Grace Davis n'était pas censée sortir de son rôle d'étudiante commune - décidément ce qualificatif était des plus irritants. Elle ne pouvait donc pas se permettre d'exhiber un bulletin de notes mirobolantes ni de passer des heures à étudier.

« Je ne comptais pas me mettre la pression rassure-toi. Ce qui m'importe avant tout c'est de contribuer à faire gagner la Coupe à ma maison. Mais ce ne devrait pas être trop difficile du peu que j'ai pu voir cette semaine. »

Elle avait tout de même noter que tous les étudiants n'étaient pas des Popplewell mais l'excellence de la maison au Serpent ne la laissait guère inquiète. Elle avait bien vu Serdaigle prendre la tête de la course cette semaine mais cela ne durerait certainement pas.

Un cognard replaça la conversation sur des sujets moins sensibles, du moins c'était ce qu'Aphrodite s'était autorisée à espérer, l'espace de quelques minutes.

« Oh, je comprends mieux ton enthousiasme. Pourquoi as-tu quitté l'équipe ? Une blessure ? », Aphrodite n'avait une connaissance que très approximative de ce sport, étant donné qu'elle n'avait commencé à s'y intéresser vraiment qu'en fréquentant @Xris Andērson. Mais elle avait cru comprendre que ça n'était pas un sport accessible à n'importe qui. Pour commencer, il ne fallait pas avoir froid aux yeux. Elle en avait l'exemple sous les siens, alors que le poursuiveur éviter un sacré tir croisé de la part de ses camarades batteurs. Au même moment, dans sa vision périphérique, la jeune femme capta le regard qu'Apolline adressait à Xris. Une vilaine pointe de jalousie s'éveilla aussitôt en elle, mais elle fit mine de rien jusqu'à ce que...

Cette fois si, elle manqua tout bonnement s'étrangler dans les gradins. Comment ça sa belle mâchoire carrée ??? Camouflant du mieux qu'elle pouvait cette réaction spontanée derrière une petite toux, Aphrodite s'interdit tout bonnement de retourner un regard assassin vers cette Apolline qui, décidément, n'avait rien pour lui plaire. Curieusement c'est à ce moment-ci que les racontars de @Chelsea L. Waldorf sur les multiples conquêtes de Xris lui remontèrent en mémoire...

« "Sa belle mâchoire carrée" ? Tu as une sacrée vue dis donc... »

Par chance, se cacher derrière Grace Davis lui permettait de ne pas afficher ses pommettes rouges de colère. Cette belle mâchoire carrée ne serait ni abîmée ni reluquée ni quoique ce soit. Elle chassa rageusement le souvenir de l'avoir tracée amoureusement du bout des doigts mais ce fut l'image déplaisante d'une multitude d'autres intéressées, des Apolline sans doute, qui lui succéda...

09.03

Et voilà qu'elle s'entêtait à la ramener à la banalité de son patronyme. Cette fois-ci, mieux avertie, Grace parvint à laisser le qualificatif déplaisant couler sans relever. Et l'un dans l'autre, elle n'avait pas tord. Choisir ce nom avait été tout sauf anodin.

« Je veux bien te croire. », fit-elle feignant de n'avoir pas la moindre idée de ce que c'était que d'avoir un nom reconnu de tous. Dire que seulement quelques semaines auparavant, les lettres s'entassaient dans l'entrée de leur maison de Dawnmore, toutes griffées de son nom. Des demandes en mariage aussi flatteuses qu'indésirables. Finalement Apolline s'aperçut du petit écart qu'elle avait commis. Grace eut un petit rire feint, « Qui ne le connait pas ? Tu dois bien connaître le nom du Président du MACUSA non ? »

Il y avait de fortes chances. La fille d'un ancien Ministre ne pouvait pas être complètement ignare. Du moins Aphrodite l'espérait mais depuis qu'elle était à Poudlard, elle avait eu maintes occasions de se tromper au sujet de ce qui se faisait et ne se faisait pas.  @Rhys Ddraig , Popplewell, pour ne citer que ces occasions-ci.

La question suivante lui demanda plus de self control. Il ne lui était pas bien difficile de substituer au pays la vie qu'elle avait de toute façon abandonnée. Mais elle n'avait pas envie de plonger à nouveau dans le maelström de son chagrin.

« Si, c'est... pas tous les jours faciles. Mais je suppose que c'est normal. Ça passera. Avec le temps. » En vérité, elle avait peu d'espoir que cela passe, peu importe le temps que cela prendrait. C'aurait été une trahison envers sa famille. Mais ça, Apolline Dunn n'avait pas besoin de le savoir. La Coupe des Quatre Maisons était un sujet autrement moins sensible.

Habituée à représenter l'excellence, Aphrodite s'était presque spontanément laissée entraînée dans cet esprit de compétition. Le fait qu'Apolline le remarque lui fit plaisir et cela suffit à la radoucir. « Nous verrons bien. Je compte aussi faire en sorte que ma maison l'emporte... pour la deuxième fois consécutive si je ne m'abuse. », ajouta-t-elle avec un petit sourire en coin. Elle était au moins satisfaite de trouver une adversaire bien déterminée à donner le change, « Que la meilleure maison gagne. »

Elle pouvait déjà compter sur la détermination de l'équipe de Quidditch. Son capitaine ne la décevrait pas. De cela au moins, elle était certaine. Quant à Apolline, elle s'était apparemment attendue à ce que la raison de sa démission lui soit évidente. Elle allait vite comprendre pourquoi mais pour l'heure...

« Je n'aime pas juger les gens à ce que l'on dit d'eux c'est vrai. Je préfère me faire ma propre opinion... », confirma Grace concernant les ragots qui circulaient dans sa propre maison. Elle savait pertinemment que c'était à  @Chelsea L. Waldorf qu'on les devait sans doute. Après seulement une semaine, elle avait déjà eu le fameux Chelsea's Express entre les mains et, si elle ne l'avait pas lu dans son entier, elle aurait peut-être pu se préparer psychologiquement à ce qui allait suivre. En lieu de ça, elle dut déployer des trésors de self control pour ne pas afficher une expression outrée à l'annonce de cette grossesse.

Elle revoyait son père, Lord Alaric lui expliquer qu'il était plus sage de ne pas exposer les jeunes femmes à certaines compagnies avant un certain âge. Elle repassait ses conversations à demi mots avec Chelsea dont elle savait parfaitement qu'elle avait froissé les draps plus d'une fois avec Atreus. Quelque part ça ne l'avait pas choquée. Mais le jeune couple ne se serait jamais montrés inconséquents au point de concevoir un enfant.

« Euh... oui dit comme ça. Félicitations ! », je suppose pensa-t-elle, s'efforçant en vain de ne pas juger.

Pour ce qui la concernait, elle avait toujours imaginer qu'un jour elle aurait des enfants. Elle avait même imaginer avec qui. Mais il n'avait jamais été question que ces chérubins pointent le bout de leur nez avant la fin de leurs études respectives. Avant qu'ils n'aient accomplis quoi que ce soit. Et maintenant qu'elle ne pouvait semble-t-il plus rien accomplir, elle ne parvenait plus à s'imaginer les petites bouilles des enfants qu'elle aurait pu avoir. L'avenir lui semblait brumeux, sinon bouché. Ca n'était pas pour autant qu'il fallait se laisser aller au point de... ressaisis-toi Aphrodite, ça ne te regarde pas.

La vision d'un Xris triomphant lui permit de se débarrasser de ces idées presque instantanément. Malheureusement, le tour qu'allait prendre la conversation allait l'y ramener bien vite. Parlant de  @Xris Andērson, Apolline estima que c'était le moment de lui faire cette confession.

Cette fois-ci Aphrodite ne fit guère illusion et son expression bafouée s'afficha
sur le visage de Grace. La jolie métisse était pâle comme un linge, bouche bée de stupeur et, pendant quelques secondes, il sembla même qu'elle ne pouvait plus respirer.

« Vous êtes... vous a- vous avez ... un - un enfant... ensemble... »

La langue de vipère de @Chelsea L. Waldorf lui susurrait à l'oreille des je te l'avais bien dit, tandis qu'en échos lointains celle d'Atreus lui rappelait à quel point elle pouvait être naïve.

09.03

« Certes, mais il n'est pas bien difficile d'associer un nom à une photo. Surtout quand l'association est déjà faite dans les petites lignes. », fit-elle presque à titre d'excuse.

Elle n'inventait rien à vrai dire pour une fois. En tant que Longerbane, cela faisait partie de son éducation que de connaître tous les grands de ce monde. Elle n'avait donc pas eu besoin de la presse pour faire connaissance avec la famille Dunn, Apolline comprise. Mais elle savait aussi que la presse n'avait pas été en reste et que beaucoup d'encre avait coulé sur l'année écoulée, que ce soit pour évoquer les prises de position politiques du père d'Apolline ou même sa relation supposée avec l'un ou l'autre jeunes héritiers prometteurs. La presse internationale n'avait pas fait exception, quoi que dans une moindre mesure bien entendu. Il lui suffisait donc de se cacher derrière cela puisqu'elle ne pouvait pas se permettre d'évoquer Aphrodite Longerbane.

Elle ressortait déjà bien suffisamment quand Grace était confrontée à des situations qu'on avait toujours présentées à Aphrodite comme inacceptable. Une grossesse hors mariage par exemple. Mais Apolline s'était peut-être mariée dans la discrétion. C'était ce que faisait la plupart des jeunes filles prises en faute, quitte parfois à épouser le premier candidat. Elle ne put qu'avoir une pensée pour l'abominable Mr Goldsworthy. L'un dans l'autre, elle devait bien reconnaître qu'avec son nom banal et son ascendance douteuse, il ne s'intéresserait plus jamais à elle désormais. Elle avait lu dans le journal une déclaration fort déplaisante de sa part dans laquelle il s'enorgueillissait d'avoir changé son fusil d'épaule à temps. La photo magique le montrait en compagnie de son épouse, Désidéria MacSwann qui remplissait la photo presque à elle toute seule. Les deux se gaussaient, tandis que le texte rapportait dans un style plus que savoureux, la mauvaise surprise que Mr Goldsworthy aurait pu avoir en confrontant la hideur du premier né qu'elle, Aphrodite, aurait pu lui donner. Elle ne pouvait pas s'empêcher de le détester pour cette insulte, qu'il n'avait même pas eu l'audace de chercher à lui adresser directement. Trop couard sans doute.

Vif comme la brise, un jeune homme aux cheveux blonds parait un but, faisant barrage avec force et allure. Qu'en aurait-il dit lui ? Sans doute la même chose. Tandis qu'Aphrodite ruminait sombrement sur ses rêves foulés au pied, Apolline elle, tentait un rattrapage assez douteux.

Ajouter à cette honteuse histoire de grossesse que l'enfant n'avait pas été attendu n'allait en rien aider Grace Davis à mieux se confondre en félicitations. Ses yeux clairs glissèrent vers Apolline sans qu'elle ne tourne vraiment la tête et tout ce qu'elle trouva à ajouter ce fut un petit mh mh oui qui manquait de compassion. Il y avait un monde pour elle entre tomber enceinte, et tomber enceinte sans le faire exprès. Elle ne pouvait tout de même pas croire que Miss Dunn eut été plus ingénue qu'elle qui n'avait, somme toute, rien vécu. Alors mh mh oui était sans doute le mieux qu'elle pouvait offrir.

La suite se révéla plus cocasse encore car, tandis qu'Aphrodite étouffait de jalousie, prête à mourir d'un ulcère en lieu et place, Apolline elle étouffait de surprise. Et la surprise était visiblement mauvaise. Elle s'empressa de démentir, donnant plus d'eau encore au moulin de la honte qu'elle venait elle même d'actionner en parlant de sa grossesse. Ainsi donc, elle avait pu fréquenter deux hommes dans le courant de la même année et concevoir un enfant hors mariage. Il n'aurait plus manquer que cette histoire soit contagieuse pour faire fuir Grace Davis à l'autre bout des gradins, voir dans les dortoirs de Serpentard de peur de découvrir jusqu'où sa jalousie maladive aurait pu la mener. Une nouvelle fois, les mises en garde de @Chelsea L. Waldorf lui bourdonnaient aux oreilles. Avait-il su ou avait-il été abusé ? Finalement, est-ce que cela changeait grand chose ?

« Je ne me mets dans aucun état, c'est juste - surprenant - toutes ces nouvelles... d'un coup... », balbutia la nouvelle, les doigts crispés sur le banc de bois, le coeur battant la chamade sous le coup de toutes ces émotions mélangés et les joues légèrement rouges.

Il n'en fallait pas plus pour que Miss Dunn, qui n'avait pas été si perspicace quant à l'origine du monde, comprenne l'origine de son malêtre.

« Je... pas du tout. Je... C'est... ridicule ! », se récria-t-elle alors qu'elle aurait plutôt voulu lui jeter à la face que ça n'était pas qu'un crush mais plutôt un grand amour, LE grand amour, quand bien même tout les menait vers l'impasse. Elle était en colère, jalouse, nerveuse, gênée. Tout cela à la fois, alors, se relevant tout à coup, elle fit la seule chose à peu près censée qu'elle pouvait faire, « Je vais te laisser. J'ai promis à ma camarade de chambre de la réveiller avant 9h et... il va être 9h. Profite bien de l'entraînement. »

Ces derniers mots n'avaient évidemment rien de sincères...