The Sound of Us

ft.  @Maeve Cynfeirdd  @Jameson Clearwater

C’était le début d’une deuxième nuit sans sommeil. Comment aurait-il pu en être autrement, après cette drôle de rencontre dans dans les confins de l’allée des embrumes ? Siobhán avait l’esprit encore dans le brouillard et bien qu’elle n’avait pas dormi depuis plus de 24h, ses paupières se fermaient sans trouver ce qu’elles cherchaient. Aussi, la préfète des vert-et-argent avait fini par décliner l’offre inexistante du marché de sable, cessant une bonne fois pour toute d’essayer.

Elle s’était vêtue de sa cape de voyage et quelques heures plus tard, sa silhouette était apparue à l’entrée de Caer Cynfeirdd.

Ses intentions étaient encore confuses, bercées par le trouble de la nuit et les images sombres des créatures qui avaient percé à travers la peau des Longerbane la veille. Elle devait savoir ce qu’ils étaient ; commencer par les nommer pour espérer pouvoir aider l’un d’entre eux et de préférence, les retrouver en vie.

S’il y avait bien un endroit où elle pourrait le découvrir, en dehors de la réserve de Poudlard et à l’abri des regards des élèves et des autres préfets, c’était ici, dans ce château qui l’avait vue en partie grandir. Dans ce grand bâtiment chargé d’histoire(s), où une Siobhán haute comme trois pommes s’était vue enseigner les noms de toutes les créatures et animaux magiques du continent dans des imagiers tous plus chargés les uns que les autres, elle avait été accueillie chaleureusement par Lady Aderyn après avoir prétexté chercher quelques ouvrages pour un devoir de soins aux créatures magiques à venir.

Ce n’était pas rare de voir la petite protégée de la maison profiter de l’immense bibliothèque des Cynfeirdd et bien qu’il était déjà tard, il n’y avait aucune bonne raison de la renvoyer paître maintenant qu’elle était là. Aussi, Siobhán l’avait chaleureusement remerciée et après quelques brefs échanges sur la situation politique du pays, elle avait fini par rejoindre la bibliothèque le cœur lourd.

Après une heure environ, ses yeux ensommeillés piquaient comme des dizaines d’aiguilles qui y auraient été plantées. Siobhán décida de prendre une pause pour se dégourdir les jambes dans le château.

Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu’elle arriva près des quartiers de Maeve, d’apercevoir l’œil de Lady Aderyn éclairé par un fin filet de lumière, bien cachée à l’abri de la porte de la chambre. La vieille femme, plutôt que d’inciter l’étrangère à rebrousser chemin, se contenta de poser un doigt sur sa bouche pour réclamer le silence de la Korrigan. Siobhán n’osait désobéir en ces lieux et elle envisagea un instant de rebrousser chemin pour ne pas prendre le risque de se faire repérer en entendant le ton monter entre Jameson et Maeve. Elle n’était pas du genre à écouter aux portes mais lorsque l’ancien professeur de sortilèges mentionna « l’affaire Longerbane », elle ne put s’empêcher de rejoindre Aderyn.

Juste au cas-où.

En se plaçant à son tour de l’autre côté de l’épais battant de bois, elle ne savait pas encore à quel point elle avait bien fait.

ft.  @Maeve Cynfeirdd  @Jameson Clearwater

Crétin congénital.

À la mention de son père dans la bouche de Jameson Clearwater, la mâchoire de Siobhán se serra naturellement. Elle adorait Jameson pour de nombreuses raisons, mais cette façon qu'il avait eu de parler de celui qui l'avait vue naître puis élevée du mieux qu'il avait pu avait le don de l'agacer.

Néanmoins, pour le bien de sa couverture et de celle de Lady Aderyn à ses côtés, la demie-vélane garda ses impressions pour elle de l'autre côté de la porte. La réponse de Maeve pour défendre @Luke Korrigan termina de confirmer qu'elle avait pris la bonne décision. Si elle n'avait pas eu la volonté profonde de garder ses émotions sous scellée, elle aurait probablement versé sa petite larme en l'entendant parler de l'éducation qu'ils leur avaient donné ensemble.

Mais bientôt, l'ancien enseignant en sortilèges cita le nom d'Arès Longerbane. Siobhán eut nettement plus de mal à se contenir et d'ailleurs, le parquet grinça sous ses pieds alors que son changement de position trahissait sa nervosité. Un regard en biais vers Aderyn fit comprendre à cette dernière que le sujet de conversation qu'ils venaient d'aborder retenait toute son attention, bien qu'il lui était impossible de comprendre pourquoi sans révéler leur position par des chuchotements peu discrets. Les deux gardèrent le silence alors qu'elles tentaient de conserver leur immobilisme.

Siobhán, elle, attendait avec impatience la réponse de Maeve qui ne tarda pas. Elle écouta avec une grande attention chaque mot qui se détachait de la bouche de sa tante et se répéta mentalement ceux qui comptaient le plus et dont la plupart des éléments corroboraient avec le discours de @James Grey. Ce n'était pas bon signe pour Arès.

Son sang-froid faiblissait à vue d’œil alors qu'elle s'imaginait avec une grande clarté d'esprit les horreurs qu'il avait du subir et qu'il subissait peut-être encore. Ce fut probablement à cet instant précis qu'elle perdit pied.

Les réprimandes de Lilith Grey, le rapprochement de sa tante, @Aethelia G. Sanderson, les horribles visions de @Zion Webb, les révélations à demi-mot de James... Siobhán ne savait même plus qui croire, à qui faire confiance.

Tout ce qu'elle savait, c'était que le temps pressait et qu'elle n'avait toujours aucune réponse suffisamment claire.

Tout ce qui comptait, c'était qu'elle retrouve Arès en vie.

Un dernier regard désolé vers Aderyn, et la jeune femme poussa la porte sans prendre la peine de frapper.

Une fois en face de Maeve et de Jameson, elle ne pouvait plus faire demi-tour, prise en flagrant délit, elle qui n'était pourtant pas habituée à ce genre d'attitude. Certaines situations demandaient toutefois de se faire violence. Aussi, elle ne se démonta pas ni ne se justifia, le visage fermé pour tenter au mieux de cacher la terreur qui s'emparait d'elle.

« Si Arès est entre les mains du CQFD, il faut qu'on le retrouve », lâcha-t-elle simplement, comme si son apparition soudaine était tout à fait normale.

Le masque qu'elle portait pour mieux dissimuler ce qui se tramait à l'intérieur d'elle n'était d'aucune aide pour enrayer le tremblement de ses mains, traduisant un manque de fatigue évident et la peur qu'elle ressentait à chaque instant depuis plus de 24h maintenant.

Ses yeux étaient cernés de noir et elle avait perdu son rayonnement inné, cette aura féérique qui se dégageait d'elle habituellement.

Sa voix perdit de son assurance à mesure qu'elle parlait, mais elle poursuivit à la hâte, de peur d'être interrompue ou réprimandée.

« J'ai vu de quoi les sparas étaient capables... Au Ministère. J'y étais. Mais j'ai aussi vu qu'ils n'ont pas attaqué les premiers, contrairement à un Auror qui n'a pas hésité à me lancer le maléfice du cœur de pierre... Lord Alaric et Lady Antonia n'ont rien fait de mal, je vous le jure. Ils n'ont fait que se défendre. Et Arès... Arès ne ferait pas de mal à un veaudelune non plus. Je le connais... Même chose pour Aphrodite et Atreus, j'en suis certaine. » En vérité, ça ne faisait que quelques mois tout au plus qu'elle connaissait le cadet des triplés, mais il y avait toujours eu ce lien entre eux qui lui permettait de se porter garante de ses agissements dans ce discours confus. « S'il y a encore une chance de sauver Arès, il faut qu'on le retrouve. James Grey l'a... » Elle se coupa elle-même dans son discours, secouée de nausées. « Il l'a... » La suite ne venait pas, aussi, elle enchainait. « ...Il nous a dit qu'il n'était pas mort et je pense qu'il dit vrai. »

La jeune femme releva les yeux vers Jameson avant de s'arrêter sur Maeve, persuadée au fond qu'elle comprendrait.

« S'il vous plait... J'ai besoin de votre aide. »

Les murs tombaient, brique après brique, et bientôt, ses iris bleus furent baignés de larmes.