[Décembre 2023] Courage without conscience is a wild beast.

Le vent était frais en cette saison, l'hiver approchant. Alors qu'il soufflait sur la peau du garçon allongé sur le sol près d'une colline non loin du lac, un sourire illumina son visage. Il était satisfaisait d'avoir bien fait ton travail. Tout avait commencé un mois auparavant, alors que le Chelsea Express, ce torchon, qui se prenait pour un journal, était sorti. Même si Rhys n'y avait pas prêté plus d'attention que cela, se disant que cela ferait une bonne réserve de papier toilette plus confortable que ce que le château fournissait, des gryffondor avaient souligné le passage sur Zion. Le Gallois n'en revenait pas que quelqu'un ose salir ainsi l'héroïsme de son camarade de chambre... Surtout vu la raison invoquée. Des "midinettes" ? Comme s'il y avait besoin de la gloire pour ça. Le garçon en serait resté là si peu à peu tout le château n'en avait pas entendu parler. À son habitude, il réglait ça d'une façon assez simple. Un duel, un peu brutal, et l'histoire était réglée.

Cependant, il était assez mal à l'aise à la simple idée de frapper une femme. Après tout, en six ans, les rixes incluant des demoiselles étaient rares et jamais il n'avait été reporté, sauf par de mauvaises langues, qu'il avait porté le premier coup. Il était un monstre, peut-être, mais il avait ses principes, son honneur. Alors il s'était décidé de s'attaquer à une des sources du pouvoir de la princesse des connasses, comme il aimait l'appeler : les informateurs anonymes. Le premier, il l'avait trouvé par hasard, alors qu'il défendait une élève de première année se faisant harceler par un serpentard. Ce dernier avoua de lui-même sa participation au journal, se demanda si c'était l'origine de la fureur du Gryffondor. Alors naquit la rumeur auprès de certains adversaires du journal. Si on dénonçait à Rhys Ddraig un élève qui harcelait un autre élève et qui était une des sources d'informations de Chelsea, alors il abattrait sa fureur sur ce dernier.

Un mois de traque où il finit par atteindre le quota qu'il s'était fixé. Dix oisillons avaient payé chèrement leur participation à ce déchet qui n'était rien d'autre que de la calomnie et du harcèlement. Quelle différence entre la violence physique et psychologique ? Finalement on jugeait plus durement la première car elle était plus visible, mais que pouvaient savoir ces privilégiés ce que c'était que de subir le poids des regards et des insultes en continu ? Le deuxième, il l'avait eu en plein entraînement des Poufsouffle. Alors qu'il rangeait le matériel à l’abri des regards, il s'était pris un cognard en plein dans le ventre. À terre, il vit Rhys se tenir au-dessus de lui, une batte à la main. Quand on traitait avec la racaille, l'important, c'était la mise en scène. Bien sûr qu'il n'allait pas frapper un élève à terre, mais l'importait était qu'il y croit. Enfin... Il n'allait pas le faire, sauf si c'était un Serpentard sang pur, là c'était juste un Poufsouffle sang-mêlé. Appuyant la batte sur la joue du poufsouffle, il l'avait menacé de changer la direction du cognard la prochaine fois qu'il enverrait un parchemin à Chelsea.

Le troisième, il l'avait chopé près du lac. Il l'avait laissé sur place, attaché par un sort, sa baguette dans une de ses narines, avec, sur lui, des post-it magiques collés. Ils avaient tous la même inscription "Balance". Le quatrième, un camarade de classe. Il se contenta de l'enfermer dans le local à balais après lui avoir dit que la prochaine fois, il l'enfermerait dans un lieu où personne ne le retrouverait. Pour celui-là, il alla se dénoncer de lui-même puisque c'était presque la condition nécessaire pour que l'élève soit retrouvé. Il avait pris un petit nombre d'heures de service d'intérêt général, mais ça n'avait rien de bien méchant, juste une mauvaise blague. Il ne précisa pas qu'il en avait profité pour trafiquer ses affaires afin que le prochain cours de potion se passe de manière plus intéressante pour lui. Le cinquième, il se contenta d'une beuglante qu'il fit envoyer de manière anonyme, déversant un torrent de haine sur l'oisillon lui demandant à la fin s'il était content de voir ce que ça donnait les informations anonymes. Bref, régulièrement le châtiment était soit brutal, soit public.

Puis était arrivé le dixième, la veille. Lui, c'était un connard. En plus de participer au torchon, il avait joué un mauvais tour aux premières années en les emmenant dans la forêt interdite... Il leur avait fait tellement peur, qu'un des élèves tomba dans les pommes. Bien sûr, l'histoire se conclut avec un professeur appelé par le petit harceleur prévenant d'un air faussement inquiet qu'il avait vu des élèves entrer dans ce lieu. Il avait réussi à gagner des points pour cet acte, pénalisant les autres maisons. Rhys l'avait attendu. Et alors qu'il entrait dans les toilettes, il ouvrit brutalement la porte pour l'écraser sur son nez. Ce n'était pas un combat, une simple exécution. Le Serpentard voulu prendre sa baguette, un nouveau coup dans le nez la lui fit lâcher. C'était un septième année, il était donc une année de plus que le gryffondor, mais à leur âge, cela ne faisait pas grande différence. D'un coup de pied placé, il mit à terre son adversaire avant de verrouiller la pièce. Une fois tranquille, un nouveau coup s'assurait que le harceleur ne puisse pas se relever. Le rouge tacha un peu la porte et le sol, mais ce n'était rien par rapport à ce qui aurait pu arriver aux élèves à qui il avait joué un mauvais tour.

Il aurait pu le dénoncer, mais il n'avait aucune preuve, juste une certitude. D'ailleurs, il ne tarda pas à avouer, ça ainsi que les messages anonymes pour le journal. Le tirant par les cheveux, il traîna son visage jusqu'à l'intérieur d'une toilette dont il tira la chasse. Une fois finit, l'élève un peu sonné, le Gallois se contenta de lui rappeler qu'il y avait de nombreuses toilettes sur lesquelles tester les conduits d'eau, si jamais il recommençait. En somme, il avait tenu son engagement. Dix oisillons plumés. Il avait hâte de lire le prochain numéro. La Serpentard aurait toujours des sources, bien évidemment, mais peut-être qu'elle s'en prendrait un peu plus au Gryffondor qu'à des innocents. Étendu sur l'herbe, ses cheveux volant un peu au vent, le garçon souriait à l'idée d'avoir aidé l'école à être un peu plus juste.

Rien ne pouvait gâcher ce moment, Rhys en était persuadé. Désormais seul, sans Apolline pour le contenir, il n'avait plus qu'à se laisser aller à ses différents sentiments. Rancœur, haine, mépris et le plus important de tous, la colère. Cependant, il ne tarda pas à se rendre compte de son erreur quand il entendit une voix l'interpeller. Chelsea Waldorf... Princesse des connasses et reines des langues de putes. Elle était effectivement mignonne, mais il suffisait de lire son petit torchon pour voir les reflets de son âme. Elle n'hésitait pas à souiller tous ceux qu'elle pouvait en échange d'une réputation, d'influence et d'admiration... Ce genre de personne était à vomir, peut-être parce qu'il trouvait en cela un écho de ce qu'il était lui-même. Ne se battait-il pas pour la même chose ? La différence fondamentale était le moyen utilisé.

Certes, les moyens avaient normalement peu d'importance pour le Gallois, mais là, il venait de trouver l'exception à la règle. Par ce qu'elle faisait, la Serpentard refusait toute conséquence. Après tout elle ne faisait que rapporter ce qu'on lui disait, et dans un devoir de transparence elle se contentait de laisser en libre accès cette information. Cela donnait la nausée au Gryffondor. Faire parler les anonymes... Le procédé était assez méprisable. Pourtant, il avait d'autant plus la nausée qu'il arrivait à raisonner de cette manière. Son seul espoir était de se dire qu'il se trompait et que Chelsea avait un autre fond de pensée. Pour peu que cette fille ait un fond et pas juste un trou noir à la place du cœur et une bourse de gallions à la place du cerveau. Comme si elle n'arrivait pas à sentir l'hostilité du gryffondor, elle avançait. Aurait-il dû grogner ou livrer le contenu de ses pensées à voix haute ? Cela aurait été amusant sans doute, mais il aimait se croire un minimum civilisé. Du moins avec les filles.

Elle se donnait du mal pour montrer qu'elle ne venait pas se battre. Regard dans celui du garçon, petit rire, une voix aussi douce qu'une berceuse pour les cœurs à prendre. Définitivement, si elle n'avait pas été aussi méprisable et si elle ne s'en était pas prise à Zion, Rhys aurait dû avoir le cœur bien accroché pour lui résister. Ceci étant dit, avec les si les mangemort faisaient de l'humanitaire. Il devait donc prendre les choses comme elles étaient. Même si elle ne semblait pas vouloir se battre, cela ne l'empêcha pas, avec douceur et sans geste brusque, de prendre sa baguette qu'il fit tourner entre ses doigts. Il n'avait pas survécu à six années de combat avec des sangs-purs pour se laisser avoir par un numéro de princesse. Lui aussi avait joué au gars sympa, rigolant et détendu avant de finir avec sa baguette sous le menton de sa cible. Le procédé était plus rusé qu'il ne voulait bien l'admettre, mais il préférait s'attacher à sa réputation de brute sans cervelle. Vu de l'extérieur, rien n'était choquant. Un gars allongé avec une fille accroupie. Le gars jouait avec sa baguette pendant que la demoiselle le regardait et lui parlait. Visiblement, elle lui parlait bien puisque le gars gloussait. Mais derrière cette scène digne d'une comédie romantique se cachait un mépris bien ancré.

« Waldorf... »

Il ignora sa question, prenant bien son temps pour à son tour faire son petit numéro. Après tout, elle le dérangeait dans son auto-satisfaction, il allait bien pouvoir se permettre un ou deux commentaires. Jouer avec le feu ? Totalement.

« On m'avait vendu une beauté à en éclipser le Soleil... Je suppose qu'on ne m'avait pas menti. »

En effet, il suffisait qu'elle vienne pour que le soleil se fasse moins lumineux et que l'ambiance soit plus morose. Une véritable éclipse. Ceci étant dit, même sans sarcasme, le Gallois comprenait pourquoi tant de personnes avaient du mal à lui résister.

« Et tu exagères... Je suis facile à trouver. J'avais laissé une piste de plume exprès pour toi. »

Le petit sourire en coin satisfait refit surface. On retenait souvent ses bagarres et ses accès de colère, mais on oubliait souvent que s'il s'était attiré l'inimitié des sangs-purs de base, c'était en raison de ses remarques acides et son armure faite de sarcasme. Et son seul espoir de s'en sortir sans trop de dommage face à la demoiselle était de l'agacer, voire de la mettre en colère. Sur ce terrain là, il serait plus à l'aise pour la joute.

« Tu sais très bien pourquoi je me mêle de tes affaires. Je répare juste les torts causés à des amis à moi. Zion ne méritait pas ce traitement. »

Finalement, jouant définitivement avec ce feu qui menaçait de le brûler s'il n'y prenait pas garde, il tourna son visage vers la jolie blonde, plongeant son regard luisant d'une détermination sans faille dans celui doux et mielleux de la demoiselle. Que voulait-elle ? Il ne le savait pas. Bien sûr, cela posait bien des questions, mais il préférait faire simplement...

« Je sais très bien que les gens de mon espèce... N'intéressent pas les gens de ton espèce... On leur sert de défouloir ou on les ennuie. Il y a rarement d'entre deux chez les sangs-purs. »

Le raciste dont les proches étaient au trois-quarts du sang qu'il méprisait. En même temps, s'il y avait moins de sangs-purs au mètre carré peut-être qu'il aurait pu un peu plus se diversifier.

« Donc.. Dis-moi ce que tu fais ici Waldorf, je n'aime pas trop jouer. »

C'était faux aussi, d'ailleurs, il suffisait de le regarder dans les yeux pour constater qu'au fond, il était plus joueur qu'autre chose. Il aurait pu partir, lui tourner le dos, lui dire qu'il n'avait rien à faire avec elle. Cela aurait été la stratégie la plus intelligente, il le savait. Il ne pouvait gagner contre elle qu'en massacrant un à un ses oisillons, ses alliés. Or, dès qu'elle choisissait le terrain et qu'elle était à proximité, Chelsea gagnerait. Cependant à vaincre sans péril, on triomphait sans gloire. Vaincre la princesse sur son terrain serait sans aucun doute glorieux.