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Long time no sea

2 participants
Circé Harker
Poufsouffle

Circé Harker
   
INFOS
Messages : 58
Faceclaim : Taylor Hickson.
Sang : Officiellement sang-pur ; est en réalité une hybride.
Particularités : Hybride sirène.
Profession : Elève en 6ème année, à Poufsouffle. 1er année de son Mulot de Médicomagie. Depuis la fermeture du Fangz, elle vends ses services en tant que Calice à ses anciens clients, mais en direct cette fois.
Côté Cœur : Coeur de sirène est pour les hommes requiem.
Multis : Nott, Morana, Jack, James, Brynn et Maddox.
FICHE DE PERSO

Long time no sea

feat.   @Sobek Ojeda   

08 02 2024

Un des rituels de Circé était de se rendre tôt le matin ou tard le soir aux abords du lac noir. Aux yeux de ceux qui connaissaient un peu la demoiselle, c’était vu comme une excentricité. La poufsouffle n’approchait jamais trop de l’eau et était bien connue pour avoir maîtrisé très tôt des sortilèges de protection contre la pluie, au point où la rumeur voulait qu’elle soit en réalité phobique.
Comment pouvait-on alors craindre autant l’eau et se retrouver face au lac volontairement ? Certains avaient fini par se dire que Circé tentait de vaincre ses démons. La jeune femme n’avait jamais répondu à aucune question sur son rituel. Le silence avait toujours été la meilleure de ses réponses. Une façon très efficace de se protéger, à une époque où plus que tout, le secret était de mise.

Ce soir-là, il faisait encore frais, mais l’eau du lac n’était pas gelée. L’hiver avait été trop doux pour. Elle avait pris de quoi manger aux cuisines – elle était très amie avec les elfes de maison qui lui préparaient toujours un petit baluchon le jeudi, jour où elle se permettait de sortir avant tout le monde et de rejoindre le lac – et s’était dirigée dans un silence religieux jusqu’au lac.

Assise sur le rivage, elle avait déballé de quoi manger, à savoir un sandwich épais, fait d’une brioche viennoise et d’un nombre incalculable de couches. Un petit rire lui échappa. Ça devait être encore la vieille Carrey, l’elfe de maison qu’elle croisait tous les matins au petit-déjeuner et qu’elle avait aidé un certain nombre de fois à préparer les œufs. Restait que ce sandwich était beaucoup épais pour elle.

Elle étendit doucement ses jambes, profitant de la fraîcheur du soir qui ne semblait pas l’atteindre. Circé aurait adoré plonger ses pieds clairs dans l’eau. En sentir la caresse délicate. Mais si elle commençait, elle redoutait de ne pas pouvoir s’arrêter.

Sans une pensée de plus, elle croqua dans le pain.

Ses yeux caressèrent la surface du lac noir qui semblait tranquille.

C’est à ce moment-là qu’elle le vit.

Le garçon était là, encore une fois.

Circé n’en faisait pas exprès, mais à chaque fois que ses pas la menaient au bord du lac noir, il se trouvait là également. Sobek – si elle avait bien enregistré le prénom que Rhys Ddraig lui avait dit la dernière fois qu’elle l’avait croisé en sa compagnie. Sobek, qui nageait, libre et puissant, à travers l’onde sombre, alors qu’elle restait inlassablement sur la rive.

Circé ne savait pas quoi pensait de cette scène, de cette incroyable ironie. Le garçon nageait, et la sirène restait à terre, interdite et silencieuse. Il allait finir par croire qu’elle avait quelque chose à lui dire car souvent son regard bleu d’eau glissait sur sa silhouette, dans l’horizon. Il ignorait pourtant combien il lui crevait le cœur de le voir faire ce dont elle rêvait depuis des années, mais qu’elle ne s’était jamais permise.

Elle lui en voulait, sans vraiment lui en vouloir. Une partie d’elle le détestait alors qu’il revenait vers la rive. Une partie d’elle ne supportait pas qu’il s’octroie un droit auquel elle avait dû renoncer, pour sa seule survie. Entrer dans l’eau, c’était signé un arrêt de mort. C’était faire tomber un masque qu’elle avait mis si longtemps à construire, au point de devoir revêtir l’apparat d’hommes et de femmes qui la détestait – de sangs purs.

Six ans de mascarade, c’est long, horriblement long, surtout pour quelqu’un habitant sur une plage. Calypso lui avait dit un jour qu’elle se complaisait dans sa souffrance. Circé commençait à voir ce qu’elle voulait dire par là.

« Tu ne devrais pas avoir le droit » murmura Circé, le garçon trop loin pour l’entendre marmonner.

Elle sentait le poids sur ses épaules, l’horrible morsure de la jalousie qui la rendit si hargneuse. Elle aurait aimé elle aussi fendre l’onde, sentir l’eau caressait ses membres. Elle avait déjà goûté à l’ivresse de l’eau, et Circé savait qu’elle devrait vivre comme la bâtarde de deux mondes. Sur terre, elle n’aurait jamais qu’envie de plonger dans les profondeurs où elle ne pourrait pourtant pas vivre éternellement. Rejetée par la terre et la mer.

La sorcière secoua la tête pour elle-même. Il ne méritait pas sa colère ou sa jalousie. Il faisait car il le pouvait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de ses propres restrictions, de ses problèmes. Elle croqua une nouvelle fois dans le pain qui avait un goût bien amer soudainement.

Il devait croire qu’elle le détestait.

A chaque fois qu’elle l’avait croisé avec @Rhys Ddraig ou @Zion Webb, c’était à peine s’il avait pu articuler trois mots. Est-ce que c’était parce qu’elle le regardait avec envie et furie les soirs où ils se croisaient au lac ? Elle se sentit un peu honteuse, car le garçon de Louxor ne lui avait rien fait pour mériter ça.

Elle se mordit l’intérieur de la joue et attendit qu’il ne sorte de l’eau pour le regarder à nouveau. Ses joues un peu rouges n’étaient peut-être que le fait de la fraîcheur du soir, ou peut-être au fait qu’il était à moitié nu et qu’elle l’attendait, assise sur la rive, sans le connaître assez pour se permettre ce genre de chose.

« Je suis désolée » lança-t-elle à Sobek, alors qu’il n’était pas si loin d’elle. Elle remit une mèche de cheveux sur le côté, reposant le sandwich dans le papier que lui avait donné Carrey. « Je viens souvent le soir dans ces heures, et à chaque fois tu es là. Enfin, je veux dire, t’as totalement le droit d’être là » elle bafouillait un peu, tentant d’étouffer le petit stress qui la prenait. S’il y avait bien une chose dont elle se serait passée, c’étaient des rumeurs qui ne feraient que parasiter sa vie déjà bien chargée. « Je veux dire, je viens ici aussi, c’est pas du tout pour te… stalker, comme font certaines filles. Je suis pas du tout comme… Evelyn… C’est ce que je veux dire. »

Evelyn, qui n’avait d’yeux que pour Sobek si elle en croyait la dernière rumeur de la salle commune, que  @Camaël Grimm  avait craché pas plus tard que la semaine dernière.  

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Sobek Ojeda
Gryffondor

Joueur.se de Quidditch pour Gryffondor
Vous êtes joueur.se de Quidditch pour Gryffondor
Sobek Ojeda
   
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Messages : 218
Faceclaim : ❝ Emilio Sakraya.
Sang : ❝ Sang-mêlé„
Particularités : ❝ Wandless„ magie sans baguette.
Profession : ❝ Étudiant à Poudlard„ sixième année„ joue au poste de batteur de l'équipe de Gryffondor.
Côté Cœur : ❝ Gynophobic„ une anxiété sociale impactant ses relations avec tout individu du sexe opposé.
Multis : ❝ Njál.
FICHE DE PERSO

Dossier du Ministère

Situation actuelle
:

Dé utilisé
: Dé Correct (60%)

Maturité Magique (MM)
:
Long time no sea Left_bar_bleue23/0Long time no sea Empty_bar_bleue  (23/0)

Education Magique (EM)
:
Long time no sea Left_bar_bleue50/0Long time no sea Empty_bar_bleue  (50/0)

Potentiel Magique (PM)
:
Long time no sea Left_bar_bleue60/0Long time no sea Empty_bar_bleue  (60/0)

Rigueur Magique (RM)
:
Long time no sea Left_bar_bleue60/0Long time no sea Empty_bar_bleue  (60/0)

Expérience Magique (XM)
:
Long time no sea Left_bar_bleue60/0Long time no sea Empty_bar_bleue  (60/0)

Témoins de l'Histoire
:
Long time no sea Left_bar_bleue0/0Long time no sea Empty_bar_bleue  (0/0)

Inventaire
:

Long time no sea
water does'nt judge you. it just let you go with the flow. in a way it's an escape, a breather, a kind of inner peace in the chaos of life. ⌠ Lac noir . 08.02.24
Depuis la rentrée et sa gamme de changements, venir se ressourcer quelques heures durant au gré des courants du loch était devenu comme un cérémoniel pour l'égyptien. Une échappatoire nécessaire, lorsque le fil des pensées assassines se sustentait de la solitude et perturbait le bâtard en cauchemars éveillés. Ainsi, quand la fraicheur et la liberté d'un vol solitaire ne parvenait à l'en purger, ou que l'ivresse de la bêtise faillait à l'en tirer, le garçon du Nil finissait toujours par jeter son dévolu sur l'onde paisible et impartial du lac. Comme si, en vieille amie d'un temps révolu, seule la caresse réconfortante de l'eau gommait les bleus de l'âme.

Ô, contrairement aux rumeurs qu'il laissait volontairement courir au château, ses débuts en territoires noirs avaient été plus électriques que fantastiques. Aussi n'avait-il pas remporté un duel contre une fringuante sirène, et, son combat à mains nues contre le Monarch des strangulots n'avait jamais eu lieu. Tout cela n'était que rêves et illusions engraissant l'ego. Chassé à la pointe d'un trident sous les éclats rayonnant de l'inconscient. Mordu et congédié par une armée de tritons heurtée de l'espièglerie de l'imprudent. Telle était l'unique vérité de ses aventures en province conquise. Mais de cela, il n'en disait rien, pas même à ses compagnons de dortoirs. Car jalousement, il en gardait le secret.

Et finalement, la récurrence de ses visites, sa témérité un brin insolente et sa persévérance étaient parvenues à lui faire gagner sa place dans ce royaume, où êtres de l'eau et autres merveilles marines nichaient en toute quiétude. Ou peut-être était-ce la pureté de son cœur qui lui avait ouvert les portes du fief englouti.

Humble et petit face à l'immensité de ce domaine, le crocodile n'outrepassait jamais l'hospitalité des maitres des flots. En toute modestie, le sang-mêlé se défendait de vouloir transgresser les limites d'une générosité durement acquise. Et bien que flirtant habilement avec les frontières devinée à l'hostilité d'une population énigmatique, l'ancien Sekhmet se contenant d'un miroir de surface et des premières mètres submergés.     

Ce jour-là, la douceur de l'hiver ne l'avait pas empêché de succomber à l'appel langoureux du fjord. Immergé de la pointe des pieds jusqu'au torse, l'Ojeda s'enferma dans une valse aquatique silencieuse. Sous chacun de ses mouvements, les remous le déshabillaient un peu plus de son vêtement mélancolique, le purgeait pianissimo des réminiscences abimées de souvenirs mal vieillis. En gouttelettes éclaboussant jusqu'aux épaules brûlées par Phébus, cette pluie de lagune arrachait un à un les papillons noirs déguisés en étoiles sur le voile d'un regard. Et puis, il ne fallut que quelques minutes pour que l'habituel cortège de curieux ne fende l'onde. Sans savoir si le lac répondait à ses lamentations silencieuses, ou si sa simple présence en état la cause, le loch finissait toujours pas lui envoyer ses enfants.

Sous l'escorte d'hyades joueuse et de strangulots juvéniles, entre rires et jeux, le métisse s'abandonnait à la communion avec ce que la nature avait de plus beau à lui offrir. Un sourire solaire gravé à la commissures de ses lippes, Sobek disparut, aspiré par l'abîme. Sabordant sa carcasse, il consentait à céder aux profondeurs ses sens étouffé par la pression de l'eau. Et aveuglément, il confiait aux courants les dernières charges d'un myocarde lacéré par les forfaits. Conscient de se perdre d'un jeu dangereux, dans un geste instinctif mettant fin au subterfuge, la main couvrit sa bouche avant que la noirceur ne se soit emparé complètement de sa vision, le submersible se fendait d'un sortilège de tête en bulle.

Une fois de plus, la grande sorgue l'épargnait.

Les lèvres bleuies, les muscles tendus, le lion sentit enfin le froid électrisant lui ronger le cuir, embrasser ses os. C'est qu'il s'oubliait sous l'étendue ocre, négligeant jusqu'au plus primal des instincts. Les yeux grand ouverts, il remarqua soudainement l'absence de ces compagnons. Tournant sur lui-même, il ne put qu'apercevoir les filets de bulles semer dans le sillage d'une fuite.

Il était temps de remonter dans le royaume de hommes.

Les brasses alourdies par la bise implacable de la glace, l'égyptien tailla la teinte obscure de la surface. L'air hostile le gifla sitôt le chant des sirènes réduit au silence par le battage du vent. Les coudes replié contre ses côtes, d'un grelotement spontané, le petit pharaon ramena ses paumes jointes sous son nez. Dans un mouvement de friction, il sentit l'éphémère tiédeur se dissiper au gré des relances de l'onde. La chaleur le fuyait et il ne donnait pas chère de sa peau s'il ne regagnait pas immédiatement les terres du château.

Sur le dos, le ventre à l'air et les iris vagabondant sur le vaste mont Olympe, le rouge et or redoubla d'effort. Les battements s'allongeaient, fouettaient le lustre d'une nappe aqueuse. Et comme si le lac le rejetait, il fit naufrage sur les rives rocheuses du parc. S'ébrouant comme un chien trempé par l'averse, le lionceau ne constata la présence d'une blonde que trop tard.

Le malaise s'éprit de ses joues basanées, effleura l'onyx de ses iris et crispa la silhouette du fauve. Elle était là à lui jeter le palangre du pardon en attendant sagement qu'il y morde sans rien y comprendre. Examinant les alentours, Sobek resta pantois, ne sachant quoi penser de tout cela ni ce qu'elle désirait de lui. Les bras couvrant d'une croix sa peau, la plante des pieds mâché par la roche, le batteur s'approcha à pas de loup.

« Ah ouais… Hum, je n'ai absolument rien compris, mais excuses acceptées… je crois !, balbutia-t-il le souffle court, les mots hachés et bafouillés d'un accent rendant le tout quasi inaudible. Et ses dents qui se heurtaient à leur voisine dans un concert de maracas n'arrangeaient en rien sa cause. Quant à savoir si cela tenait du froid ou de la peur, nul n'aurait su s'avancer. Tentant vainement de rester indifférent à la présence de la Poufsouffle, transi par le climat écossais, le Gryffondor tendit la main vers ce tas d'affaires lester sur le rivage. Tu… Tu n'aimes pas l'eau ?... 'fin c'est ce qui se dit. Et puis si tu n'es pas là pour te rincer l'œil, j'en déduis que… ouais… tu vois ? » La surenchère aurait eu de quoi rendre @Rhys Ddraig aussi vert qu'une couleuvre de Serpentard, si seulement il avait été là.

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Circé Harker
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feat.   @Sobek Ojeda   

08 02 2024

Circé avait détourné sagement le regard, pour ne pas avoir l’air plus coupable qu’elle ne l’était déjà. Par un réflexe humain, elle avait ramené vers elle ses jambes, tout contre son torse, alors que sa main tenait encore les restes d’un sandwich qu’elle ne finirait pas. Elle s’était excusée d’une voix un peu hésitante, peu habituée à l’exercice. Les sirènes étaient pourtant réputées par leur domination sur les marins, mais la jeune Harker avait toujours eu un petit problème avec les hommes - de la faute d’Abélard principalement.

Elle baissa les yeux, avant d’entendre un son - sans rien comprendre de ce que Sobek avait bien pu vouloir dire. Les deux billes bleu clair se posèrent sur le visage du gryffondor, le visage tordu en une moue d’incompréhension la plus totale. Elle en plissa les yeux, avant de se dire qu’il avait peut-être le cerveau gelé par l’eau du lac noir. En même temps, quelle idée pour un si petit bonhomme de se confronter au domaine de l’eau ? Il n’était pas fait pour ça. Moins qu’elle encore, et elle-même se savait si petite, si insignifiante...

Une petite pointe de jalousie fit de nouveau surface alors que le Gryffondor tentait de se rhabiller. Elle le regarda seulement du coin de l’oeil, avant de tourner ostensiblement la tête. Si elle pouvait s’épargner de finir sur le petit journal de Chelsea le mois suivant, comme il avait été affiché avec  @Jade Miller d'Aragon ... Une petite pensée passa chez Circé. Est-ce que ce n’était pas un peu tendancieux ? Elle ne voulait pas d’ennuis avec la belle-fille du Directeur. Poudlard était encore à peu près safe, aussi ça aurait été une sacré perte de se retrouver mise à la rue comme ça. Surtout si proche de la fin de la sixième année. @Améthyste Miller ne la virerait pas comme ça, pas vrai ? La poufsouffle était douée en potions, et c’était son majeur après tout. Première de sa promotion sur son Mulot...

L’oreille tendue, la petite blonde tourna la tète discrètement vers Sobek, lui laissant l’intimité de se changer, avant de faire soudainement les gros yeux. La surprise se lisait totalement sur son visage, et quant au changement violent de couleur sur ses joues, c’était d’autant plus flagrant qu’elle avait cette jolie couleur de nacre.

Elle leva les bras en l’air, les secouant frénétiquement, alors que sa bouche formait un «o» sans pouvoir dire dans un premier temps un seul mot.

Ce n’est qu’après avoir ravalé deux grandes bouffées d’air qu’elle s’exclama, visiblement paniquée :

« Mais pas du tout ! Je me rinçais pas du tout l’œil ! Je te regardais pas ! Y avait rien à voir ! »

Elle sentit que sa dernière phrase lui échappait. Circé se mordit l’intérieur de la joue, cachant son visage derrière sa main quelques longues secondes mortifiées. Qu’est-ce qu’elle était en train de raconter exactement ? Elle pouvait sentir l’hésitation dans les mots du jeune homme, et son accent indiquait clairement qu’il n’était pas du coin. Si elle avait bien suivi les bruits de couloir, le garçon venait même de Louxor. Autant dire qu’avec un peu de chance, ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire.
Ou alors c’était exactement ce qu’il avait voulu dire, auquel cas c’était très grave. La menace de Jade d’Aragon au-dessus de sa tête, c’était à se demander si elle ne cherchait pas les ennuis en ce moment. Entre Carth que @Rhys Ddraig avait dû repoussé et qui allait forcément lui faire payer cet affront - un sang-de-bourbe avait osé le menacer, rien que ça - et maintenant Sobek qui allait s’imaginer qu’elle était une sorte de... bête, curieuse et concupiscente... C’était bien la meilleure, tiens.

« Non, je... », elle inspira profondément, avant de retirer sa main, laissant apparaître des joues encore un peu roses. A cause du froid, dirait-elle. « J’ai peur de l’eau, oui. On peut dire ça comme ça. Je... Je viens ici tous les jeudis, et parfois d’autres jours quand j’ai le vague à l’âme, et je regarde l’eau. Je sais que je peux pas m’en approcher, ou pire, y entrer, mais la voir, ça me calme. Ça me détend. C’est un peu bizarre, j’avoue, mais c’est comme ça. C’était pas du tout pour te voir nager... A vrai dire, personne ne nage en février dans le lac, en fait, personne ne nage tout court dans le lac, alors je pensais pas que... tu y serais, tu vois... »

Ce n’était bien évidemment pas un reproche. Circé n’était pas ce genre de personne. C’était à peine si elle était capable de juger @Chelsea L. Waldorf ou encore Carth Rakharrow. Elle vivait avec l’idée que tout le monde avait des raisons d’agir d’une certaine façon, et qu’il ne faisait pas bon de se poser en tant que juge de la raison des autres. Rhys aurait sans doute râlé en entendant ça, mais qui était-elle pour juger qui que ce soit alors qu’elle vendait son sang à des vampires contre de l’argent ? Calypso lui avait assez répété que ça ne faisait pas d’elle une bonne personne.

Et elle le savait. Qu’elle n’était pas parfaite.

Finalement la sirène condamnée à la vie terrestre eut un petit sourire désolé vers Sobek, avant de tourner de nouveau le regard ailleurs.
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Sobek Ojeda
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Ici, la vapeur tendait à s'inverser. Habitué à déambuler dans son plus simple appareil, même si ce temps était depuis révolu, l'égyptien n'avait jamais éprouvé une quelconque forme de honte à en montrer plus que les mœurs de ce pays d'adoption ne l'en autorisait. Et Merlin en témoin, les grands-bretons savaient faire preuve d'une pudeur obscène. Une hypocrisie éhontée si on donnait un tant soit peu de crédit aux rumeurs se perdant en jeu de bouche à oreille.

Toutefois, dans un élan de respect envers la Poufsouffle, - ou parce que le froid commençait à s'attaquer à ses terminaisons nerveuses, Sobek enfila machinalement cet uniforme de Quidditch qu'il ne quittait que pour les heures académiques ou les instants de vie commune. Si le tissu s'accrocha au cuir détrempé et moite, la sensation d'une douce chaleur caressant la basane bronzée lui arracha un frisson providentiel. La peau de ses mains, craquelée en ridules dû au contact prolongé de l'eau glaciale retrouva le foyer de poches plus accueillantes.

Accoutré de son costume aérien, il n'avait plus rien du crocodile conquérant. Il paraissait même d'un banal à crever. Les iris fuyant la silhouette morose de Circé, d'une secousse subtile, il chassa les pellicules d'eau ruisselant en mince filet le long de ses joues rougies. Il mourrait d'envie de briller par son absence. La bise hivernale conjuguée à la baisse de sa température corporelle l'assaillaient désormais d'un trémor fiévreux lui en offrant l'échappatoire. Pour autant, l'enfant du Nil ne s'était jamais senti plus vivant.

Le cou légèrement contracté, son auriculaire partit en quête de l'aquarium rendant le monde aussi quiet qu'un jour de neige. Son visage penché coup sur coup de gauche à droite, tel une bouteille que l'on agitait pour en extirper le contenu, un écoulement de jus de chaussettes roulant sur le lobe lui redonna le droit d'entendre à nouveau son environnement en stéréo. Dégouté et désolé d'offrir un pareil spectacle à la demoiselle, il jura un peu tard de ne plus avoir recours à un têtenbulle pour ses excusions aquatiques. Et si une branchiflore venait à lui pousser dans la paume de la main, peut-être s'éviterait-il le désaveu d'un séchage aussi répugnant, surtout en si charmante compagnie.

Et puis, son petit rituel se paracheva en un essorage express de sa tignasse bouclée. D'ordinaire, le sixième année se serait contenter d'un air de métalleux, mais soigneux de ne pas éclaboussé la princesse du jour, il avait sorti de son havresac un serviette. Écopé des ultimes brillances de cette lotion poisse, le métisse s'ébroua d'un frisson avant de chercher à comprendre ce qui pouvait bien se passer en dessous de cette chevelure de paille curieuse.

À en juger par son teint de rose et ce regard fuyant, le Gryffondor s'imaginait une cocasserie de prude. Reculant de quelques pas afin de ne pas subir les foudres d'un danger au féminin, il laissa un éclat solaire lui glisser entre les lèvres. Il n'en fallut pas plus à la blaireaute pour trancher dans le vif et lui tirer une grimace offusquée.

« Eh ! Sans vouloir me jeter des fleurs, on a fait pire comme poisson ! » répliqua l'ancien Sekhmet en un accent hésitant.

Le lion soupira. Ah, ils faisaient bien la paire. Pas un pour rattraper l'autre. Deux introvertis que le destin s'était amusé à rassembler en un lieu afin de se lustrer la glotte d'un gloussement sinistre. L'embarras et un sentiment de malaise lui sifflant toute teinte de vaillance, instinctivement celui qui aurait du faire foi au courage de sa maison tourna ses talons nus. Le remous des galets sous sa voute plantaire résonnait en lui comme une douce raillerie, un désaveu.

La tête basse, il se mordailla la lèvre inférieure. Ils n'avaient rien en commun et les voilà bloquer à contempler un lieu qu'ils tenaient en estime. Pour des raisons bien différentes, certes.

« T'as pas à avoir honte…On a tous ce petit truc qui nous asphyxie dès qu'on y est confronté…» qu'il souffla avec un sérieux inhabituel. Sans le savoir, Hacker était ce en quoi il ne croyait plus. Ce petit truc, comme il disait, qui l'empêchait de vivre une vie pleine et entière. Cette chose irrationnelle qui parfois ravivait en lui les artefacts mémoriels d'un passé qu'il préférait oublié. Sans le savoir, elle était sa némésis.

À dos piqué, l'onyx de ses mirettes apeurées vogua sur l'onde plane et déserte pour se perdre sur l'horizon grisonnant.

En habile cachotier il avait pris sur lui pour dissimuler le marasme dans lequel il se trouvait. Pourtant, il avait été sot d'ignorer les signes avant coureurs d'une crise sur le point de faire éclater toute bonté. Le rapace rodait sur le frêle homme, prêt à fondre et l'habiter. D'abord, il avait eu ce palpitant galopant à tout rompre sur ses veines de ses sabots lancinant ce carmin chauffer à blanc déchirant jusqu'à ses muscles. Puis était venu se poser le fardeau de la sainte lâcheté. Un poids comprimant sa cage thoracique et qui subtilement l'invitait à économiser ses mots.

Et maintenant, il manquait d'air. Il suffoquait de sa présence. Si il n'avait pas l'intention de sombrer, il était déjà trop tard pour briser cette proximité malsaine. 

« On est deux alors… Hum ? qu'il haleta. Pas pour l'eau… Toi oui… mais moi non, j'aime bien l'eau... poursuivit-il en sauvant les apparences d'un sourire jouant les funambules à chaque syllabes hachées. Rah, ce que je veux dire c'est qu'on est deux à avoir une phobie nulle...» clama-t-il en lâchant prise un peu plus.

En poids mort lestée de sa hauteur, il se vautra dans la rocaille. Le cul terré sur la rive, ce petit garçon d'autrefois ramena à lui ses genoux. Le menton nichés entre les saillies de ses articulations, le regard se fit humide. Les cuisses plaquées contre sa poitrine, l'enfant se berçait. Les bras enroulés sur ses tibias, en des mouvements de bascules indiscernables sous le vent, d'avant en arrière il balançait sa carcasse à la recherche d'un réconfort qui ne viendrait surement pas.  

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08 02 2024

Circé crut s'étouffer davantage à la raillerie sans méchanceté du Gryffondor. On avait fait pire comme poisson… Derrière ses doigts, les joues de la poufsouffle s'étaient embrasées, la laissant penaude, en prise à des sentiments qu'elle ne connaissait que trop bien. Restait que tout ça lui paraissait bien vain et puéril avec un peu de recul.

Comment pouvait-elle ressentir à ce point de la gêne avec ce qu'elle faisait, une à deux fois par mois ? Quand elle passait ses robes fines, souvent achetées pour l'occasion, pour rejoindre les genoux d’un vampire qui était toujours conjugué au masculin ?

Derrière ses doigts, le cramoisi de ses pommettes se draina doucement.

De toute évidence, les garçons de Poudlard et les vampires qu'elle rencontrait n'étaient pas si différents, quoi qu'elle pouvait en penser. Dans le fond de leurs yeux, elle pouvait parfois sentir qu'elle n'était jamais qu'un prix, un objet. Un trophée, même, comme son père traitant sa mère, avec la liesse du pêcheur ayant tiré des eaux le plus beau poisson du monde.

Quand elle enfilait ses jolies robes, n'était elle pas elle aussi un objet ? Une petite poupée que l'on a habillé à son goût pour venir y planter ses crocs. Au début, Circé avait été plus critique. Elle avait demandé à Aleyna si ce n'était pas quelque peu.. étrange, en y réfléchissant bien. Le chasseur habillait-il son gibier à sa convenance ? Elle n'avait jamais vu de biche avec des atours aussi réfléchis, aussi soignés.

Et puis elle avait réfléchi aux taureaux des arènes du sud de l’Espagne, cajolés et entraînés jusqu'à la veille de la mort. Aux cornes lustrées, aux sabots peints, aux fanions rouges plantés dans son dos sanguinolent.

Circé entendit les mots de Sobek mais resta là, silencieuse, méditant sur l'eau, sa soi-disant phobie, sur les hommes. Elle n'osait plus trop le regarder, imaginant peut-être que cela lui était interdit. Pas alors qu'elle sentait les morsures fantômes dans la base de sa gorge. Seule la mer, généralement, lui permettait une échappatoire. Le bruit du clapotis serein de l'eau lui tira un petit sourire.

Son sourire se fit doucement morose lorsque Sobek lui signifia ne pas devoir avoir honte. Elle ne répondit pas non plus à ce moment-là. Même avec toute la volonté du monde, elle n'en était pas capable. Circé pouvait encore sentir l'empreinte de leurs mains sur elle. Le froid de leur épiderme sur sa peau. Le glissement prédateur des crocs le long de sa peau. Les murmures enjoués, excités, effleurant tout bas, pénétrants, son oreille.

Les images indécentes se juxtaposaient aux hurlements de fureur de son père, à sa violence incontrôlée, incontrôlable. Il faut vite un coupable. Un sacrifié. Un sacrifiable.

Combien de fois s'était elle demandée, la rage au coeur, si la vie n'aurait pas été plus simple sans Calypso ? Combien de fois s’en était elle voulue de penser ça ?.

Sa gorge se serra. Il ne partait pas, et elle restait là, incapable du moindre mouvement. Il n'y avait que eux à cette heure de la journée et de l'année. Le lac était prise au printemps, mais à la fin de l'hiver bien moins. Elle enfonça son visage dans ses genoux collés à son torse, le temps seulement d'inspirer et d’expirer, se demandant pourquoi elle avait pensé à tout ça.

A chaque fois, cela lui donnait des palpitations hypocrites, des frayeurs hallucinatoires. Son coeur allait exploser un jour, mais là, il était encore trop jeune, trop plein d'espoir.
De guérir, un jour.
D'être libre, peut être.

« Y a pas de phobie nulle » souffla du tac au tac Circé, avec ce ton qui se voulait infiniment doux, sincère et en même temps implacable, comme si elle n'aurait pas supporté de se faire contredire, comme si elle détenait sur ce sujet en particulier la plus véritable des vérités.

« Il n'y a que des… blessures mal refermées, je crois. »

Elle inspira profondément, sentant l'air lui manquer après avoir l'impression d'avoir tout dit, ou plus que de nécessaire. D'ordinaire, et elle le savait, il fallait faire attention à ne pas trop se dévoiler, d'autant qu'elle ne le connaissait pas ou presque pas ce garçon de Louxor. Mais Sobek traînait avec Rhys Ddraig, et Rhys ne s’entourait, jusque là, de garçon à son image ou presque. Des garçons aussi bêtes que biens.

Mais il n'empêchait qu'il en savait un peu sur elle désormais. Et Circé n'était pas du genre à lui demander la pareille sur ce qui faisait peur au garçon. Il disait avoir une phobie aussi. Elle ne pouvait pas lui demander ce qu'il en était. Ils n'étaient pas assez proches, et elle, trop bête ou émotive ce soir pour n'avoir pas su cacher sa faiblesse.

Elle ne lui en voulait pas. Circé savait qu'un jour, son honnêteté l’emporterait.

« Le plus drôle dans cette histoire, c'est que j'habite à Tinworth. Comme si ça allait m’aider à guérir. Je me suis dis que ça serait une bonne première étape. Faut croire que j'ai été conne. Ça marche pas du tout comme ça… »

S’aider à guérir de son père et de sa mère. Calypso n'avait rien dit quand Circé avait dit qu'elles déménageaient de Pré au Lard à Tinworth. Elle n'avait pas compris pourquoi elles devaient s'éloigner de Poudlard, mais elle avait senti la faiblesse dans la voix de sa sœur. Ce besoin inlassable de revenir à l'endroit du crime, pour se l'approprier, pour le comprendre. Pour le guérir.

En vain.

La gamine restait là, piégée dans le passé, s'enfonçant dans des griffes mâles qui ne lui tiraient que des terreurs nocturnes. Mais il fallait bien ça pour payer l'appartement, les fournitures, de quoi manger et des habits.
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Sobek Ojeda
Gryffondor

Joueur.se de Quidditch pour Gryffondor
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Sobek Ojeda
   
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Faceclaim : ❝ Emilio Sakraya.
Sang : ❝ Sang-mêlé„
Particularités : ❝ Wandless„ magie sans baguette.
Profession : ❝ Étudiant à Poudlard„ sixième année„ joue au poste de batteur de l'équipe de Gryffondor.
Côté Cœur : ❝ Gynophobic„ une anxiété sociale impactant ses relations avec tout individu du sexe opposé.
Multis : ❝ Njál.
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Maturité Magique (MM)
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Education Magique (EM)
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Potentiel Magique (PM)
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Rigueur Magique (RM)
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Expérience Magique (XM)
:
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Témoins de l'Histoire
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Inventaire
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Long time no sea
water does'nt judge you. it just let you go with the flow. in a way it's an escape, a breather, a kind of inner peace in the chaos of life. ⌠ Lac noir . 08.02.24
L'âme de l'enfant ne brûlait que d'un désir aussi fatal que létal. Les pensées jetées à l'eau et l'envie de se laisser emporter par les flots, il contemplait l'onde avec prétention. Pourtant ce que l'esprit aspirait à accomplir, le corps se le refusait. Catégorique, en marionnette privé de ses attaches, sa carcasse subsistait immobile sur son tapis au glacis rocheux. Le poids de ses chaînes, le fardeau de cette phobie irrationnelle le maintenait vouté, en place comme si le monde et ses malheurs lui courbaient l'échine.

Les phalanges crispées contre les saillies de ses genoux, la sensation d'un baiser mortel mordait sa chair d'une sueur algide. Elle lestait le muscle d'une raideur sournoise. Et à chacun des mots léchés, la blonde insufflait un bleu de plus à l'âme en déroute.

Des blessures mal refermées, qu'il se répétait. Invisibles à l'œil nu ou inscrites au panthéon des abus, elles ne lui faisaient pas défaut. Des cicatrices incandescentes, sa peau en avait en excès. À l'image des ridules fendant l'onde, le cuir basané capitalisait les imperfections d'un déchaînement de haine. Des balafres mal suturées, son esprit lésé les amoncelait sans plus se donner la peine de les archiver. Et dans la nuit noire, il s'était familiarisé de leur visite intempestive.  

Anodine et innocente, cette phrase lui faisait l'écho d'une existence à récolter les ectoplasmes de ce qui était amener à devenir une peur insensée. Une répulsion, une obsession… Et en garde-fou, la magie se faisait toujours le gendarme d'une démence en faction. Luttant contre l'essence magique, la peste folingue n'attendait que l'opportunité parfaite afin de bénir l'âtman de sa caresse monstre.

Encore et encore, la lexie enfonçait le clou contre le bois flotté d'un cercueil entrebâillé jusqu'à n'être plus qu'un sifflement mâchée par l'aquilon, une maigre vibration entamant l'éther.

Le bourdonnement azuré se fit alors plus saisissant, comme si sous l'impulsion malhabile de l'égyptien l'air se pliait à sa volonté. Ainsi, la pression ambiante venait soudainement de rompre toute dimension. Pourtant Sobek lui restait indifférent. Par habitude, sans doute. Car pour le métisse, cette incursion dans le domaine d'une force qu'il n'était pas en mesure de contrôler n'était pas une nouveauté. Le sentiment lui était même familier, une sensation de vulnérabilité profonde.

Si bien qu'autour du crocodile, la physique semblait s'être muée en une succession enchanteresse et inexplicable d'événements.

L'air murmurait désormais en vibrations cacophoniques un chagrin funèbre. Un acouphène nauséeux pour les novices témoins de ce spectacle aussi insolite que dangereux, mais ô combien harmonieux pour celui ou celle qui savait écouter. En suspension, le sable bruni bruissait d'un accord estival et chaud au parfum de concert d'une légion de cigales. Et en une valse ensorcelante paradant silencieusement à l'entour de la silhouette cabrée du sang-mêlé, un cortège de galets hétéroclites se frayait un chemin entre les grains sableux jaunis par la friction. Finalement, perturbant la quiétude, ils s'entrechoquèrent sobrement d'un son blanc. Porté par l'harmatan, leur chorale apparaissait battre à l'unisson d'un myocarde meurtris. Et quand bien même, le corps n'était parvenu à fendre l'onde, en orbes ondulant sur la surface plane du lac, une lame sombre vint se dresser en un sublime rideau pétulant. Une pluie fine de sphères aqueuses gondolante à chacun de ses soupirs asphyxiés.

Les paupières closes, la carcasse de l'Apollon s'hérissa d'un frisson convalescent, alors que les dernières gouttelettes s'évaporaient en un brume à l'arôme maritime.

Le garçon errait dans le pays des ombres, là où les rêves se perdaient et s'effaçaient. Et dans ce monde si lourd, il cherchait un moyen de s'enfuir. Enserré par l'abime, il pouvait toutefois sentir les murmures d'un espoir qu'il était décidé à ne pas lâcher. À chaque pas dans le royaume de l'obscur, il grimpait toujours plus haut vers cette lumière diffuse que son derme éphémère flirtait d'une caresse aérienne. Ce fils de rien n'était plus piégé dans le silence, mais il s'évertuait à s'y enfermé. Et cet ancien soi l'appelait à briser définitivement les chaînes qui les liaient au détroit du souvenir. Mais pour cela, il devait laisser le passé derrière lui.  

Comme une promesse venue embraser son cœur, ce qui n'était qu'une étincelle fébrile enflamma ce début de nuit d'un halo colorant le ciel.

La fièvre de l'effroi s'étiolait sous les notes de la liberté. Sans s'en rendre compte, le métisse s'était relevé et les éléments qu'il avait inconsciemment commandé se retirèrent docilement. L'hydrorrhée de ce rêve éveillé roulant contre ses temps, les iris de l'Ojeda luisaient encore d'une éclatante nitescence céruléenne lorsqu'il se retourna vers la jeune femme responsable de cette promenade illusoire.

L'épisode bien que court ne demeurait pas moins impressionnant. D'ordinaire, il aimait à s'éclipser pour mieux lui succomber, mais cette fois-ci, la Poufsouffle avait été la témoin privilégiée d'une instabilité magique redoutable. Allait-elle le prendre pour l'un de ses monstres que l'on décrivait dans les colonnes de la Gazette ? D'un pas timide, le batteur amorça une approche.

« Désolé… Je… C'est vraiment pas ce que tu crois ! », qu'il tenta de se défendre d'un balbutiement enfantin.

Et que pouvait-elle croire ?

Le regard ne trompait que rarement, il n'était pas difficile pour la blonde de peindre le croquis d'un monstre. Les joues énivrées d'une morsure honteuse, il ressentit cette envie irrésistible de fuir, de prendre ses jambes à son cou et dévorer le parc du château en foulées folles. Pourtant, il s'en retenait. La crainte d'entendre son nom assimilé aux dangers courant au dehors de l'enceinte de l'université, il se devait de plaider sa cause. Le souffle court chassant les derniers élans d'une effervescence interne en un griserie d'horreur, les yeux du méditerranéen la suppliaient presque.

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Circé Harker
Poufsouffle

Circé Harker
   
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Faceclaim : Taylor Hickson.
Sang : Officiellement sang-pur ; est en réalité une hybride.
Particularités : Hybride sirène.
Profession : Elève en 6ème année, à Poufsouffle. 1er année de son Mulot de Médicomagie. Depuis la fermeture du Fangz, elle vends ses services en tant que Calice à ses anciens clients, mais en direct cette fois.
Côté Cœur : Coeur de sirène est pour les hommes requiem.
Multis : Nott, Morana, Jack, James, Brynn et Maddox.
FICHE DE PERSO

Long time no sea

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08 02 2024

Le silence la surprit, en partie seulement.

Sobek l’avait écouté, mais il semblait perdu dans ses pensées. Elle le regarda du coin de l’œil, puis finalement le laissa à ses propres démons. Ses yeux se rivèrent de nouveau sur l’eau, sur le lac calme et son clapotis tranquille, seul indice qu’il se passait bien des choses dans les profondeurs. Les jambes ramenés contre son torse, Circé avait posé son menton sur ses genoux, ses doigts jouant sur ses chevilles, à sentir la douceur de la laine de ses chaussettes jaunes et noir. Elle observait et se perdait, à son tour, dans ses souvenirs lointains. Dans ses vestiges qu’elle ne partageait avec personne, pas même avec sa propre sœur.

Elle n’avait pas de mal à se souvenir de son père, car son visage monstrueux habitait chacun de ses cauchemars. Des méandres, il était le Roi, figure impitoyable et impétueux, distribuant des coups comme on distribue dans d’autres familles des câlins. Ses mains à lui n’avaient jamais été faites pour aimer. Même au tout début, n’avait-il pas utilisé ses phalanges immondes pour marquer le corps de leur mère ? N’avait-il pas tiré le fil pour faire remonter la sirène, la condamnant à une vie d’exil et de solitude, dans ce tout petit appartement dont elles découvriraient plus tard qu’il s’agissait en réalité juste d’un pan de maison qu’il avait confiné pour elles et elles seules ?

Circé sentit son cœur accélérait dans sa poitrine, et sa salive prendre ce goût désagréable qu’elle n’arrivait pas à juguler. Cette salive, si douce et sucrée sur le bout de sa langue, mais capable d’endormir le moindre être vivant en une fraction de seconde seulement. Un poison, un venin, pour celle qui s’était bien gardé d’embrasser quiconque, de peur de le voir s’effondrer.

Calme-toi petit cœur, se disait elle, en tentant de calmer la tension naissante.

Ce n’est que lorsque les galets se mirent à vibrer sur le sol, en se rassemblant ici et là en arabesques, langues telluriques se rapprochant de Sobek, qu’elle comprit que son corps avait réagi avant même qu’elle n’ait vu ou même perçu la force instable et écrasante de la magie. La petite blonde releva le visage, l’air pâle soudainement. Son corps tout entier lui hurlait de se lever et de fuir, mais elle n’aurait pas même eu la force de se redresser. Ses yeux clairs allaient ici et là, observant le spectacle, mélange de curiosité et de terreur. Si le chant lugubre de l’air la laissa coït, la vision de la mer se fendant et se levant, comme une vague implacable, lui assécha la gorge et fit trembler ses os jusque dans les profondeurs de ses chairs.

Cela faisait des années maintenant que Circé n’avait pas plongé dans de l’eau, de mer ou d’un ruisseau. C’était à peine si elle se regardait dans le miroir au sortir de la douche, qu’elle prenait toujours avec une précaution délirante. Qu’allait-elle devenir maintenant si l’eau la frappait de pleine fouet ? Un monstre ? Un autre monstre, encore ? Ou serait-elle peut-être magnifique, à l’image du souvenir de sa mère, à une époque où la seule chose bleue de son corps était encore ses magnifiques yeux ? Aurait-elle une queue, elle aussi ? Des dents faites pour arracher la chair de sur les os ?

Sa gorge se serra plus fort. La pression magique lui donna la nausée, et le fait de la sentir s’échapper, se replier mollement, lui donnait l’impression d’être aspirée dans un trou d’eau. Elle n’avait pourtant pas bougé d’un pouce, pas même avec l’idée de se protéger du clapotis qui avait, par chance, fini par se transformer en une brume agréable sur le visage.

Tout ça avait duré seulement quelques minutes, durant lesquelles Sobek n’avait rien vu, et où elle avait tout ressenti, de plein fouet. Comme si dans ce laps de temps, la magie de l’égyptien avait cherché à faire appel à la sienne. A son eau primordiale. Elle l’avait senti comme on enfonce une main dans le corps, pour en arracher une bille, ou un orbe. Qu’importe, pensa Circé, alors qu’elle croisait le regard du Ojeda qui luisait dans l’obscurité.

Elle resta silencieuse, haletante bien malgré elle, alors qu’elle cherchait à calmer le coeur délicat et peu habitué à être à ce point chamboulé. La peur avait des pouvoirs sur elle dont elle ne se doutait pas, mais que sa nature lui rappelait sans cesse, inlassablement.

A l’approche, même prudente et lente, de Sobek vers elle, Circé recula vivement, manquant de glisser sur l’herbe et renversant au passage sa gourde qui attendait à côté du reste de son sandwich du soir. Elle se redressa, l’air troublé, alors qu’elle n’imaginait pas ce qu’il allait lui demander, ou peut-être allait-il la menacer pour qu’elle garde le silence ? Les joues empourprées et l’air perdu dans une multitude de pensées, toutes plus incohérentes les unes que les autres, Circé reprit :

« Je ne dirais rien à personne », qu’avait-elle à dire de toute façon ? « Je n’ai rien vu, j’ai – j’ai pas fait attention, j’étais-- »

Sa gorge se serra. Circé recula encore d’un pas. Son pieds se stoppa sur un début de rocher, alors qu’elle jetait un œil à l’eau qui bordait le petit monticule où elle était arrivée. Si proche de l’eau. Si proche… La nausée la prit, alors qu’elle jetait un regard à Sobek, le suppliant de ne pas s’approcher tout en étant incapable de faire le moindre mouvement, tant elle était troublée. S’il osait ne serait-ce que s’approcher, au vu de son état, elle finirait dans l’eau…
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La silhouette du colosse vacilla. Comme si sous la plante de ses pieds nus, les galets s'étaient pris d'une fuite anarchique, que le sable s'en retournait au complément d'un élément fluide. Et si cela ne suffisait à l'affaiblir, l'aquilon avait l'air de redoubler d'effort à la voir s'échouer contre la grève.

Mais tout était de saute. Il le savait. Encore. Toujours. Le reflet d'un énième échec l'avait consumé car lui seul avait faillit à appréhender l'excès d'une peur. Et dans l'écho d'un spectre ubiquiste, sa magie s'était faite reine de fiasco brûlant fièrement au grande jour. Las, de voir son monde se dérober à nouveau, Sobek accueillit une maxime nimbée du voile du mensonge d'un sourire timide. Une vérité maquillée dans la maladresse d'une tromperie naïve qu'il souhaitait pourtant croire sans réellement le vouloir.

Les talons remuant le limon humide et froid, l'éclipse d'une grimace écartela un semblant de sourire et avec raideur l'enfant de Phébus s'écarta de la Poufsouffle. Épuisé cette proximité désolante afin de mieux s'éloigner de ce qui le répudiait. De concert avec la blonde, Sobek régressa. Alors d'un pas morne, il s'avança vers le reflux las de la lagune.

À s'y méprendre, cela ressemblait à une boucle perpétuelle, sans commencement ni fin. Un cycle infini où prémisses et aboutissement s'affublaient d'un même déguisement. Une gamme continue au creux de laquelle ce tandem d'âmes en errance voguait sans que la lisière de sa frontière ne se dessine. Si lui avait pour habitude de s'y morfondre, une sorte de seconde nature pour celui qui préférait éviter d'affronter la réalité, il avait l'étrange impression d'avoir accidentellement entraîné Circé dans la bascule.

À dos tourné, l'horizon se dénudait de son écharpe fumeuse. Aussi, le métisse secoua la tête et finalement, le péril d'un orage congédié, les sens de l'égyptien ne s'en trouvèrent qu'allégés. Puis, la silhouette du lion se cassa dans l'éclat crépusculaire. Les lombaires claquant en écho au sein de ce silence criard, le brun se pencha en avant.

Les yeux rivés sur une paire de chaussures lavées par la tourbe sableuse, les doigts de bronze décidèrent seulement de jeter leur dévolu sur les contours imparfaits et planes d'une roche polie par l'ebbe. Taillée grossièrement sur la berge, l'ombre de l'ancien Sekhmet s'ennoblit et sans chercher à croiser l'embuscade d'un regard abscons, le sang-mêlé balança ses mirettes par dessus une épaule alanguie.

« Tu... Tu n'as jamais essayé de surmonter cette peur ? De te faire aider ? », qu'il souffla avec un certain entrain.

Elle n'avait rien demandé, mais c'était plus fort que lui, lorsque l'Ojeda reconnaissait un être en déroute, son instinct le poussait inlassablement à chercher l'apaisement. Une manière de s'esquiver à l'accablement le bouffant intérieurement sans qu'il n'en saisisse la portée.

Les iris dévorant le rond de caillou roulant au creux de sa paume, il replongea son esprit sur l'onde immuable et calme. Épris d'une jalousie à la voir se pavaner et faire l'étale d'un flegme serein, le poing du batteur se referma sur les tranche saillantes de l'onyx. Sans crier garde, la patte du lionceau se brisa et à l'éclosion de ses phalanges le palet fendit l'air d'un sifflement mat.

Les genoux fléchis, il suivit le silex se damner en rebonds de gamin terrible sur le miroir aqueux. Les lèvres ourlées d'un sourire béat et toujours plus solaire à chaque ricochet, l'égyptien se prit à rêver. Battant la surface avec grâce, la caillasse flirtait avec l'abîme, jeu d'amoureux dangereux, idylle éphémère entre deux corps antagoniques. Pourrait-il un jour lui aussi se permettre telles mièvreries au contact d'une demoiselle ? Puis, en un son clair, scellant l'espoir d'une convalescence spirituelle, la pierre sombra en une giclée rogue.

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