Chronologie
31 octobre 2003 : Riley est la deuxième née d’une grossesse gémellaire. Elle ne voit pas le jour mais plutôt la lune durant une nuit d’Halloween sombre et froide, un soir de Sabbat. Preuve que le diable se cache toujours dans les détails.
Ce soir-là, quand quelqu’un est venu sonner à la porte de l’orphelinat moldu de Londres, la directrice a ouvert, un grand sac de bonbons dans les mains. Mais de l’autre côté du battant, personne n’était là pour lui poser la fameuse question. Trick or treat ?
À la place, elle avait trouvé deux bébés frigorifiés, confinés dans un linge blanc et fin comme un linceul.
Les jumeaux Fitz, faute d’avoir des parents, deviennent des enfants de l’orphelinat qui les nomme arbitrairement. Ils n’y resteront pas longtemps.
24 décembre 2003 : Les jumeaux sont adoptés par un couple de moldus bienveillants. Ils ont déjà huit enfants bien à eux mais souhaitent adopter par pur altruisme et parce qu’ils rêvent d’agrandir leur famille.
Rodney et Riley deviennent (temporairement) des Wilsons.
6 mars 2011 : Après des années à voir leurs pièces rapportées grandir, les Wilsons observent Riley développer une obsession toute particulière pour le monde étrange des sorcières. Ce qui ressemble au départ à une passion comme tant d’autres à cet âge à coups de « plus tard, je serai une sorcière ! », la petite fille montre un comportement de plus en plus curieux vis à vis des animaux notamment.
Un matin, au lieu de se contenter des habituelles soupes de terre et d’herbe concoctées par les enfants habituellement, elle fabrique des fausses potions à base
(CW : maltraitance animale, sang) du sang d’une souris attrapée puis tuée de ses propres mains. Le couple moldu décide de consulter le psychologue du quartier, démuni face à ce comportement.
Voir chapitre I. 31 octobre 2012 : Riley manifeste pour la première fois sa magie, le jour de son neuvième anniversaire, sous les yeux médusés et effrayés de ses parents adoptifs qui n’y voient rien de plus que la manifestation du diable.
Voir chapitre II. Les services britanniques de protection du secret magique y voient quant à eux une réelle menace et décident de placer les Fitz dans un orphelinat sorcier de Londres après avoir oublietté les Wilsons, leurs 8 enfants ainsi que tout l’entourage proche.
31 décembre 2013 : Les jumeaux Fitz profitent des effectifs réduits de l’orphelinat magique de Londres à l’approche de la nouvelle année pour s’enfuir de cette effroyable bâtisse où ils n’ont jamais réussi à trouver leur place. Ils ont 10 ans et se retrouvent dans la rue du jour au lendemain, mais tous deux ont un excellent instinct en plus d’un rapport étroit à la magie.
Leur route les amène jusqu’au-dessous d’un vieux pont décrépi à Londres. Le hasard (ou la magie qui les rappelle à elle ?) veut que cette enjambée marque l’entrée dans la ville souterraine qui les a vus naître. C’est ainsi que le marché aux trolls rouvre ses portes à ses enfants du pays, et ils ne le quitteront plus. Ils s’y sentent plus chez eux que dans n’importe quel autre chambre d’orphelinat où ils ont séjourné. Ils n’ont rien mais ça leur suffit.
Voir chapitre IV.03 mars 2020 : Le soir où
Rodney rencontre pour la première fois Le Mentor est le premier du reste de leur vie.
Cet homme métamorphomage, mystérieux et quelque peu effrayant quand il veut, fait affaire de tout ce qu’il peut sur le Marché aux Trolls. Il se fascine aussitôt du savoir-faire des jumeaux, qui ont réussi sans l’aide de personne à faire de leurs talents une affaire
florissante leur permettant de manger plus ou moins chaque jour à leur faim. Il les embauche moyennant un salaire fixe et décide quelques temps plus tard d’étendre son empire à Poudlard par leur intermédiaire.
Voir chapitre V. Septembre 2020 : Les Fitz font leur première rentrée à Poudlard en première année où ils sont repartis à Poufsouffle.
Voir chapitre VI. 31 octobre 2023 : Le jour de son vingtième anniversaire, Riley est victime d'un accident de magie alors qu'elle profite du Sabbat de Samhain pour invoquer les esprits défunts, dont l'un d'eux n'a visiblement pas apprécié être réveillé...
Voir chapitre VII.14 février 2024 : Riley revient à Poudlard après de nombreux mois d’inconscience sur un lit à Ste-Mangouste. Elle ressemble en tout point à la Riley d’avant, excepté qu’elle est un peu différente et que tout a changé…
Voir chapitre VIII. Une histoire en 8 temps
Number 8 represents finding a balance
between the spiritual world
and the material one.
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| Nouvelle lune : L'enfance | Il existe un certain nombre d’éléments sur terre qui ne se mélangent pas. L’eau et l’huile. Les torchons et les serviettes. Le ciel et les nuages. Le soleil et la lune.
Riley Fitz et les moldus.
Il n’y a pas une seule journée de son enfance passée entre les murs de la maison familiale des Wilsons où Riley se soit sentie chez elle ou même à sa place. Au milieu de ses huit frères et sœurs adoptifs au moins aussi traditionnels que leurs parents, il n’y a que sa moitié,
Rodney, qui l’ait jamais vraiment comprise même si elle avait toujours fait de son mieux pour se faire accepter.
Les autres rejetons des Wilsons se contentaient de la regarder de travers, de chuchoter lorsqu’elle pénétrait dans la même pièce, ou de rire sans raison apparente en la regardant avec insistance.
La faute à ses remarques parfois étonnantes, son attrait déjà très fort pour l’univers de la magie et des sorcières, et son attitude plus que bizarre envers tout ce qui touche de près ou de loin à la nature. Le vent, la terre, l’eau, le feu, semblent être les seuls à pouvoir l’entendre et l’écouter et elle se réfugie auprès d’eux autant que faire se peu, se retrouvant régulièrement à parler dans le vide ou à voir des choses qui semblent ne se présenter qu’à elle.
Avec le temps, son affection pour les livres et histoires de sorcières tourne peu à peu à l'obsession. Un jour, Lucas, l'un de ses frères adoptifs, la trouve en train de préparer une potion rougeâtre, qu'elle lui assure n'être rien d'autre qu'une infusion de fruits rouges. Lucas étant le plus grand, bonne pâte, accepte de siroter quelques gorgées de sa concoction pour jouer le jeu et faire un pas vers sa petite sœur.
(CW : sang, gore, maltraitance animale, émétophobie) Le liquide tiède lui laisse des marques autour de la bouche et un goût de fer sur les papilles. Riley l'observe faire avec minutie et lui offre son plus beau sourire en récompense, accompagnée d'applaudissements tumultueux, heureuse qu'il ait accepté de boire. Lucas lui adresse un sourire dubitatif juste avant que ses yeux ne se portent sur le cadavre d'une souris écartelée, vidée de ses boyaux, les orbites vides. Sa tasse lui glisse des mains sous l'effet du choc, et il vomit aussitôt tout ce qu'il vient d'absorber, se précipitant pour tout raconter aux parents dès qu'il retrouve suffisamment de vigueur pour aller pleurer dans leurs jupons. Aux yeux des autres, Riley n’est définitivement pas normale.
Mais les Wilsons, eux, ne voient là-dedans qu’un retard de développement. Le psychologue aussi. En somme, rien d’alarmant.
Pourtant, à l’école, la situation ne va guère en s’arrangeant. Les comportements toxiques de ses frères et sœurs la suivent dans la cour de l’école, en salle de classe — partout où elle va — multipliés par le nombre d’élèves qui croisent sa route. Toute petite qu’elle est, Riley a déjà un grand cœur qui ne demande qu’à aimer et créer le bonheur. Mais personne ne veut d’un amour qui ne rentre pas dans un moule, qui évolue en dehors des carcans. Trop différent.
Année après année, elle apprend à ne compter que sur
Rodney. À ses yeux, il est le seul à l’accepter et à l’aimer telle qu’elle est.
| Premier croissant : Le pouvoir | Les Wilsons, bien que fervents défenseurs de tradition et de normalité, ont mis longtemps avant de comprendre que les enfants qu’ils avaient adopté n’étaient pas tout à fait comme eux.
En cela, Riley Fitz les a beaucoup aidés à ouvrir les yeux.
Une belle fin d’après midi, le jour de son neuvième anniversaire, elle demande à ses parents si elle peut aller jouer dehors. Comme c’est un jour un peu particulier et même s’il est un peu tard, les Wilsons acceptent bien volontiers, à la condition que Riley rentre au domicile familial avant que le soleil ne disparaisse derrière les arbres. La petite fille accepte. Mais bien vite, elle disparaît dans le grand jardin. Ses pas la guident dans la forêt.
Ce n’est pas la première fois qu’elle échappe à la vigilance de ses parents. Mais ce jour-là, le soleil cède sa place à un temps lourd et orageux alors que la nuit, elle, commence sa lente ascension.
Au milieu des chênes centenaires et les autres plus tortueux, elle est en paix. Les arbres lui murmurent leurs plus gros secrets. Auprès d’eux, elle se sent comprise et aimée, comme avec des amis. Pour les remercier de leur présence à ses côtés, la fillette commence à ramasser des feuilles mortes, des brindilles et des pierres. Elle les dispose au sol, à même la terre, en un motif complexe, sans vraiment savoir pourquoi.
Au départ, ce n’était qu’un jeu. Puis, le jeu devint rituel.
Le vent se mit à souffler de plus en plus fort. D’abord, les feuilles se soulevèrent du sol. Bientôt, il vint déloger ses petits pieds. Autour d’elle, la nature se mit à danser alors que dans ses yeux, le vide se faisait. Il n’y avait plus de traces de ses pupilles ni de ses iris. Juste un blanc immaculé alors que les feuilles continuaient de tourbillonner autour de son corps transcendé. Sa silhouette s’était figée dans l’air, tenant à quelques centimètres du sol comme suspendu à un fil invisible, presque mort. Pourtant, à l’intérieur d’elle, l’excitation ne cessait de monter ; quelque chose de grand était en train de se produire, elle le sentait.
À l’orée de la forêt, ses parents hurlaient son nom. Riley n’entendait pas. Attirés par les troncs d’arbres qui craquaient sous la force du vent, les Wilsons finirent par s’approcher et la trouver.
Le vent cessa sa valse folle aussi vite qu'il l’avait commencée. Les feuilles retombèrent au sol comme si les arbres venaient de les y autoriser, formant un cercle parfait autour de Riley, de retour sur terre. La jeune fille se retourna vers ses parents, un sourire étrange sur le visage. Comme satisfait de ce qu’il venait de se passer.
Leur visage était blême, blanc comme la neige. Mrs. Wilson perdit connaissance, fort heureusement rattrapée par son mari avant que sa tête ne touche le sol.
Ils étaient reconnus pour être des parents aimants, les Wilsons. Mais leur réputation de grands superstitieux les précédait également tant ils se montraient effrayés par les phénomènes qu'ils ne comprenaient pas.
Et le spectacle qu’offrait Riley était, à leurs yeux, incompréhensible.
L’œuvre du diable en personne.
Les services de magie déboulaient chez les Wilsons quelques instants plus tard. Ils oubliettèrent tous ceux qui avaient côtoyés les Fitz de près ou de loin, à l’orphelinat, dans les commerces, à l’école et au sein de l’immense domaine.
Au matin, ils avaient presque tout et le soir-même, les jumeaux Fitz n’avaient plus rien, de retour à la case départ — l’orphelinat.
Mais cette fois-ci, ce fut celui du Londres magique qui leur ouvrit ses portes.
Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était toujours mieux que rien.
| Premier quartier : La sorcière et le crapaud | À la lueur de la lune, le sourire de Riley se reflète dans l'eau verte et calme d'un lavoir abandonné au fond du jardin de l'orphelinat. Ici, elle est à l'abri de ses surveillants et elle peut donc s'adonner en paix à sa passion favorite : la chasse aux crapauds.
Pour les trouver, il faut faire preuve de méthode : d'abord, ces batraciens ne sortent qu'à la nuit ou au crépuscule. Ensuite, ils se cachent généralement sous de grosses pierres ou dans l'herbe humide du jardin. De là, il faut se montrer plus précautionneux, s'en saisir délicatement pour s'assurer qu'on n'a pas à faire à un usurpateur, aussi connu sous le nom plus sympathique de
grenouille.
L'objectif de la chasse est simple : trouver la pierre de crapaud (la crapaudine), logeant dans la tête des vieux crapauds. Un précieux talisman qui guérirait des morsures et des piqûres, et qui, une fois montée sur un anneau d'or ou d'argent, aurait la capacité de prévenir des poisons en changeant de couleur en sa présence. Riley a dû en chasser, du crapaud, pour avoir une chance de la trouver,
(CW : sang, gore, maltraitance animale, émétophobie) mais malgré toutes les têtes de crapauds qu'elle a fait tomber, elle n'a encore trouvé aucune crapaudine et commence à se demander si les eaux stagnantes du lavoir ne sont pas juste peuplées de vulgaires grenouilles. Mais ce soir-là, sous l'une des plus grosses roches taillées du lavoir, elle tombe enfin nez à nez avec une horrible bestiole trapue pleine de pustules, à l'haleine fétide. Qu'il est laid, avec toutes ses verrues ! Riley l'adore ! Elle ne peut se résoudre à le tuer, celui-ci. Crapaudine ou non, elle l'emmène avec elle jusque dans sa chambre, non sans lui faire promettre de cesser son terrible chant nocturne qui lui fait extrêmement mal aux oreilles.
Depuis ce jour, l'animal qui répond au doux nom de Kermit ne l'a plus quittée.
| Gibbeuse croissante : La source | Les journées sont de plus en plus longues entre les murs de l'orphelinat, où les jumeaux n'ont jamais vraiment trouvé leur place en plus de passer le plus strict de leur temps à s'ennuyer.
Rodney, las de cet endroit, propose à Riley de s'en échapper. Sa sœur accepte, un grand sourire sur ses lèvres, à condition d'emmener Kermit avec eux. Les négociations sont rapides : il avait suffit d'un seul regard pour que le marché soit conclu.
Les Fitz choisissent la nuit du passage à la nouvelle année pour s'éclipser. Les surveillants, en effectif réduits, ont d'autres chats à fouetter avec d'autres gosses bien plus problématiques et, grâce aux talents de
Rodney, ils parviennent à se hisser hors des murs de l'orphelinat.
Ils n'ont nulle part où aller mais décident de marcher jusqu'à trouver une planque où personne ne viendrait les chercher. Et quoi de mieux qu'un pont pour trouver refuge, quand on a seulement 10 ans ? C'est un toit au dessus de leur tête, des fondations solides pour les accueillir et les mettre à l'abri.
Leur dévolu se porte sur le pont de Londres. Est-ce un coup du hasard ou les effets d'une attraction magique ? Quoiqu'il en soit, ils n'ont jamais été aussi prêts de trouver ce qui s'apparente le plus à un
chez eux, dans leur courte vie. La source, le refuge de leurs origines.
Là, ils tombent nez à nez avec une vieille arche de pierre décrépie qui leur semble étrangement familière à tous les deux, jonchées de détritus en tout genre.
La suite, vous la connaissez.
Le geôlier, surpris par leur jeune âge,
sait que
Rodney et Riley sont des enfants du pays. Après un interrogatoire visant à comprendre d'où viennent ces deux-là, il finit par les laisser passer
gratuitement — fait assez rare pour être souligné. Mais allez savoir, ce n'est pas tous les jours que des êtres innocents franchissent cette barrière magique.
De l'autre côté de l'arche magique, les jumeaux (et Kermit) sont propulsés directement dans la rue. Terminé, le confort discutable d'un lit une place à l'orphelinat. Les pavés froids et humides remplacent leur matelas mais, à vrai dire, ils ne s'en plaignent pas. En plus d'être ensemble, d'une certaine manière, ils sont libres.
Pauvres, mais libres de faire leurs propres choix sans qu'aucun surveillant ne vienne plus jamais les contredire ni les juger.
Libres d'apprendre par eux-mêmes et de grandir comme les enfants perdus qu'ils sont devenus.
Heureusement, ils ne sont pas les seuls enfants perdus sur le Marché aux Trolls. Leur route croise celle d'autres enfants perdus, des bandes de gamins égarés qui leur apprennent deux trois trucs pour survivre dans le monde d'en bas et gagner leur croûte aussi respectablement qu'un tel lieu le leur permet (voir la section
profession du Dossier Administratif).
Parmi ces gosses sur leur chemin, un certain
@Maddox Crookhaven qui deviendra le meilleur ami de Riley (et de loin).
| Pleine lune : La rencontre | Les années se succèdent et les visages de Riley et
Rodney deviennent familiers sur le Marché aux Trolls. C’est qu’ils ne se contentent pas d’y grandir ; ils s’affirment peu à peu comme de vrais acteurs de l’économie locale. Connus ici-bas sous le nom de
Tweirds (contraction de
twins et de
weird en anglais), leurs affaires deviennent lucratives — du moins suffisamment pour leur permettre de se tirer un honnête revenu dès leur plus jeune âge.
Le nom des jumeaux se chuchote de temps en temps dans les rues souterraines et les potions de Riley s’arrachent dès qu’elles rejoignent les étagères de son échoppe. Rares sont les sorciers qui se risquent à utiliser des ingrédients interdits à la surface, mais la jeune sorcière a déjà quelques
best-sellers en sa possession parmi lesquels le célébrissime
philtre de souffrance éternelle — un nom un brin survendu, puisque malgré la douleur constante et insupportable qu’il crée à qui l’ingurgite, les effets se dissipent après une durée indéterminée variant selon la volonté du sorcier qui l’utilise.
Comme la plupart des potions façonnées par Riley, celle-ci contient quelques ingrédients controversés comme
(CW : maltraitance animale, meurtre, sang, nécromancie) du sang de basilic (une grande quantité impliquant la mort de la créature), une larme de Banshee (qui nécessite de torturer une Banshee jusqu’à ce qu’elle pleure) et les cendres d’un cœur de sorcier corrompu (qui réclame un rituel ancien de nécromancie). Bien entendu, la jeune femme n’obtient pas toujours ces ingrédients de ces propres mains et a su se trouver des fournisseurs sérieux qui aiment s’adonner à quelque crime dans l’ombre des ruelles du Marché aux Trolls.
C’est justement le succès du Philtre de souffrance éternelle qui arrive le premier aux oreilles du Mentor et qui le pousse à s’intéresser au business florissant des jumeaux Fitz. Au moment où il croise leur route, il cherche une potion capable de l’aider à se transformer encore plus souvent et avec davantage de précision sans perdre son énergie vitale.
Rodney marchande les talents de sa sœur et ceux qui lui sont propres en échange d’un salaire fixe.
De celui qui se fait appeler le Mentor, Riley et
Rodney ne savent pas grand chose. Son visage changeant d'une rencontre à l'autre, ainsi que ses sautes d'humeur occasionnelles ne les aident pas à cerner le personnage à qui ils ont affaire. Il peut passer d'un homme aux traits anguleux et sévères à une figure plus ronde et amicale en un clin d'œil. Ses cheveux changent de couleur, de texture et de longueur aussi vite que passent ses désirs, selon son humeur ou son besoin du moment — passant du noir de jais au blond platine, du court au long, lisse ou bouclé. Quant à sa peau, il est impossible de se fier à sa couleur et il aime y ajouter quelques cicatrices ou marques pour paraître plus menaçant à volonté.
À force de le côtoyer, certains détails semblent tout de même le distinguer du commun des mortels. Son regard profond et calculateur trahit une grande intelligence et une méfiance constante qui le rend reconnaissable de ceux qui ont régulièrement affaire à lui. Il s’habille également toujours d’un sourire en coin reconnaissable entre mille malgré sa difficile traduction.
Bien au-delà du physique, Le Mentor est avant tout une personnalité qu'il se plait à essayer de dissimuler bien qu’il ait appris à jouer des rôles et à devenir celui ou celle qui l’entend selon ses objectifs. Il peut être charmant et séduisant un instant, tout comme il peut se montrer intimidant et menaçant celui d’après. Cette capacité à se fondre dans le décor lui est utile surtout pour manipuler ceux qu'il rencontre, adaptant sa personnalité à chaque situation pour tirer le meilleur parti de chaque interaction. Un esprit agile et irrégulier qui rend difficile l'anticipation de ses actions : profondément convaincu que tout le monde a un agenda caché à son image, il saura sans mal se montrer allié un jour, puis traitre le lendemain si cela sert mieux ses intérêts.
Il n'a pas de loyauté véritable envers quoi que ce soit ou qui que ce soit — excepté envers lui-même.
Mais les jumeaux ne portent pas d’intérêt aux desseins qu’il peut servir, tant que leur salaire tombe à la fin du mois.
Lorsqu'ils atteignent leur majorité, le Mentor prend une décision unilatérale : les jumeaux rejoindront Poudlard à la rentrée prochaine. Ses motivations sont obscures mais il parle de rendre le
business plus lucratif. Riley et Rodney acceptent, bien qu'il ne leur ait pas réellement laissé le choix.
Dans les rues du Marché aux Trolls, ils ont appris à ne pas poser de questions, une habitude qu'ils ont gardé même lorsque le Mentor leur a demandé de continuer leurs
activités au sein de Poudlard. Ils sont attachés au peu d'argent qu'ils gagnent et n'ont de toute façon aucune autre source de revenus en dehors du salaire de misère qu'ils se tiraient
avant.
Au mois de mars 2020, le marché est conclu et la rentrée de septembre 2020 voit deux nouvelles têtes passer sous l’œil aguerri du Choixpeau magique.
Ils continueront tout de même à se rendre sur le Marché aux Trolls une fois par semaine, là encore à la demande du Mentor.
| Gibbeuse décroissante : Le monde d'en haut | Riley et
Rodney ont laissé une partie d'eux quelque part dans les ruelles les plus étroites et sombres du Marché aux Trolls. En voyant la silhouette imposante du château de Poudlard se dessiner devant leurs yeux, la première fois, Riley ne peut s'empêcher de se demander s'ils ont fait le bon choix. Par crainte de ne pas s'intégrer, par peur de quitter ce monde qui a été le seul à bien vouloir d'eux jusqu'à présent. Revenir dans celui d'en bas, ce serait l'aveu d'un échec et pourtant, devant l'immense portail en fer forgé qui protège des murs cent fois plus épais, la jeune femme se doit bien d'admettre que pour l'une des premières fois de sa vie, elle a peur.
Mais cette peur-là n'est rien comparée à celle qu'elle ressent lorsqu'on vient lui poser le Choixpeau sur la tête.
Ses yeux plissés à cause d’un surplus de clarté et d’éclat auquel elle sait déjà qu’elle va avoir du mal à s’habituer, elle ne peut s’empêcher de chercher son frère du regard.
Rodney a été réparti à Poufsouffle juste avant, la faute aux quelques minutes qui séparent leur naissance. Et même cette fille qu'elle a rencontré quelques secondes auparavant dans les rangs et qui l'a tout de suite adoptée — Alecto, un bien joli prénom si vous voulez son avis — l’a rejoint sur le banc des jaune-et-noir.
S’il y a une chose dont Riley est convaincue à ce stade dans ce monde dont elle ne sait rien — à part que la lumière y est trop forte — c’est qu’elle est incapable de vivre sans son frère. Sans lui, elle ne serait pas là. Pour la première fois de sa vie, elle se retrouve à envisager de devoir être séparée de lui et cette idée ne lui dit absolument rien. Au point que les longues tergiversations du Choixpeau sur sa tête lui font entamer une liste mentale des arguments pour lesquels elle ne tient pas à être envoyée à Serdaigle ou à Serpentard comme l’horrible couvre-chef semble le suggérer. Sa place est à Poufsouffle. Sa liste tient en une seule ligne, mais c’est pour elle la raison qui surpasse toutes les autres.
Et elle porte le prénom de
Rodney.
Le Choixpeau bougonne, partageant au grand jour toute l’étendue de son mauvais caractère. Il déteste tergiverser, mais par-dessus tout, il hait quand on choisit à sa place. Mais après tout,
si c’est ce que veut cette gamine, pourquoi pas… «
POUFSOUFFLE ! » finit-il par hurler après d’interminables minutes d’attente.
Riley lui jette un dernier regard reconnaissant avant de rejoindre son frère et Alecto, qui deviendra très vite sa meilleure amie.
La petite fille des rues est encore loin d’oublier celui qu’elle a laissé dans cet autre monde auquel elle vient de tourner le dos.
Maddox Crookhaven, tout comme d’autres enfants perdus, n’avait pas fini d’entendre parler d’elle…
| Dernier quartier : L'accident | Depuis toute petite et encore davantage depuis qu'on lui avait expliqué qu'elle était une sorcière — une vraie — Riley avait appris à guetter l'arrivée des huit sabbat avec une grande attention. Contrairement à la plupart des sorciers de son âge pour qui ces coutumes n’étaient plus vraiment à la mode, elle avait pris l'habitude de participer à ces éminentes rencontres entre sorciers et sorcières dans des lieux déserts toujours tenus secrets jusqu'à la dernière seconde. Le Ministère de la Magie britannique, jusqu’à la Confédération Internationale des Sorciers, n'avait jamais regardé ces rassemblements d'un bon œil, surtout depuis que les frontières magiques avaient été mises à mal par l'entrée d'un moldu dans leur monde. C'était bien le cadet des soucis de Riley. Une année ne pouvait laisser place à la suivante si elle était laissée incomplète et en cela, Riley Fitz avait toujours tenu à assister aux huit sabbat de l'année.
À Poudlard, maintenant qu'elle était tenue sous étroite surveillance et que sa meilleure amie était en lice pour rejoindre le club très fermé des préfets de Poudlard, c'était un peu plus compliqué. Personne ne pouvait empêcher une sorcière de se rendre au sabbat, mais Riley s’était demandée si ça ne devenait pas de plus en plus dangereux pour elle d’y assister maintenant qu’elle n’était plus aussi libre que sur le Marché aux Trolls. On avait bien le droit de rentrer dans de longues démarches protocolaires si l’on souhaitait se transformer en chauve-souris pour s’y rendre depuis son lit par la pensée, mais Riley était une grande flemmarde au fond — et elle avait bien autre chose derrière la tête.
Avec
Alecto et
Rodney, qui suivait sa sœur dans toutes ses folies, Riley s’était constitué une petite assemblée de spiritisme tout à fait à sa convenance et elle entendait profiter du septième sabbat de l’année. Si cette année, elle ne pouvait se rendre sur place — elle avait envoyé un message à qui de droit pour s’en excuser — elle comptait bien se joindre au sabbat de Samhain à sa manière.
Le sabbat de Samhain était l’un des plus importants, non seulement parce qu'il marquait l'anniversaire de Riley, mais aussi parce qu’il célébrait l’arrivée de l’hiver et donc la mort nécessaire à une future renaissance. Il est aussi bien connu des sorcières en contact avec l’au-delà pour être celui qui marque la frontière la plus fine entre le monde des vivants et le monde des morts. C’était donc une fête toute indiquée pour communiquer avec les défunts, leur rendre hommage et fêter Halloween avec ses amis comme il se devait.
Alecto n’avait pas eu besoin de davantage d’explications pour suivre sa meilleure amie, elle qui avait toujours été étroitement liée au royaume des morts et qui aimait parfois plus discuter avec eux qu’avec les vivants. Elle avait même trainé avec elle
Regulus Peabody,
son Reg', qui n’avait eu d'autre choix que céder devant ses beaux yeux doux. Étrangement,
Rodney avait un peu trainé la patte en apprenant qu’ils seraient quatre au lieu de trois — ou était-ce la présence de
Regulus qui l’embêtait ? — mais il avait fini par les suivre. Pour Riley.
Alors, tous les quatre avaient fait le chemin ensemble jusqu’à la Cabane hurlante.
Là, ils avaient aidé Riley à préparer le rituel sans sourciller, suivi ses ordres. Ils avaient fermé leurs yeux quand elle l’avait demandé et, à sa demande expresse, ne les avaient pas rouverts avant son signal. Sa voix s’était alors élevée dans la pénombre pour questionner les morts (ou l'un d'entre eux, plus précisément) à la lueur des bougies qui vacillaient sous les courants d’air froid pénétrant les murs.
Et puis une autre voix, plus grave, plus forte, et éminemment plus magique avait prononcé ces mots…
«
Tu… N’aurais… Pas… Du… Riley… Fitz… »
Un bruit sourd et lourd avait ensuite retenti dans la grande pièce de la Cabane hurlante, faisant sursauter
Alecto. Et comme un silence assourdissant était revenu après ça, vide de la voix de Riley,
Rodney,
Alecto et
Regulus avaient finalement dérogé à la règle pour ouvrir les yeux. Le corps de la Poufsouffle reposait inconscient devant eux, recroquevillé sur le sol à un mètre environ de là où il se tenait initialement, au centre du cercle qu’elle avait elle-même dessiné avec la poudre d’une essence inconnue…
Ils n’avaient pas longtemps réfléchi avant de l’emmener à Ste-Mangouste.
Rodney s’en était chargé, leur assurant à tous les deux que tout irait bien alors qu’il n'en avait aucune foutre idée et qu'il tenait dans ses bras le corps
endormi de sa petite sœur.
Mais à l’intérieur d'elle-même, Riley ne dormait pas. D’ailleurs, elle n’avait pas dormi une seule fois en presque quatre mois contrairement aux signaux que son corps léthargique envoyaient.
Le jour où ses yeux s’étaient ouverts, au début du mois de février, elle s’était même attendue à retrouver le décor sombre de la cabane hurlante.
Comme si rien ne s’était passé.
| Dernier croissant : Les conséquences | NDLR : Ce chapitre-là, on va devoir l'écrire ensemble.