Hold On

feat.   @Hamza El Mahdi  

La semaine de vacances tombait bien, même si Circé n’en avait pas vraiment fini avec son stage à Sainte-Mangouste et Calypso qui lui faisaient la tête. C’est la tête pleine de listes de choses à faire (car une seule liste n’était clairement pas suffisante) qu’elle quitta @Rhys Ddraig d’un petit signe de la main, empruntant les marches vers les cachots en compagnie de @Lheina Sanderson.

Elles discutaient l’une et l’autre des choses qu’elles feraient pendant cette petite semaine. Circé demanda à Lheina si elle partait pendant les vacances, mais elle n’entendit pas la réponse, car quand elles approchaient de l’entrée de la Salle commune des Serpentard, un petit attroupement les attendait. Ou plutôt, les empêchait d’avancer. Ce n’est qu’au moment où le Concierge approcha que la petite foule s’ouvrit, comme une mer silencieuse, sur le visage d’Hamza et d’un autre serpentard.

Le poing du El Mahdi était bien haut, et aussi Circé put le voir s’abattre de toutes ses forces sur le visage de l’autre garçon. Le bruit du coup résonna, si tant est qu’un frisson désagréable remonta l’échine de la petite blonde. Son visage se tordit en une petite moue de dégoût, qu’elle garda même quand son regard croisa celui de son ami.

Le concierge les tira tous les deux par les oreilles, et quand Hamza s’approcha, Circé détourna le regard, livide. Lheina dut s’y reprendre à deux fois pour la sortir de sa torpeur, et ce ne fut qu’une fois que le concierge les eut tiré tous les deux à l’étage.


Circé était sur les quais, jetant un petit regard à Calypso qui discutait avec deux amies, l’une de Serdaigle et l’autre de Poufsouffle, un peu plus loin. Elle les observait calmement, du coin de l’œil, avec un petit sourire fier à voir sa jeune sœur aussi insouciante. C’était comme si le Witan lui était sortit de l’esprit.

En plus de ça, Carth Rackharrow ne prenait pas le même train qu’elle, ce qui la laissa enfin respirer un peu, au calme, en dehors de tout le brouhaha qu’était l’école à cette période de l’année. Ça ne signifiait pas qu’elle était si tranquille que ça, car elle avait certes réussi à faire ses bagages sans soucis, mais elle devait encore rentrer à la maison, faire un brin de ménage, faire les lits qui étaient resté nus depuis leur dernier séjour.

Elle passa sa main sur sa nuque, pour en détendre les muscles, avant de voir le train arrivait au ralenti devant elle.

Calypso lui fit un petit signe de la main, lui indiquant qu’elle monterait avec ses copines. Circé eut un petit sourire, et un pincement au cœur du même acabit. Elle se demanda si c’était aussi ce qu’elle ressentirait lorsqu’elle serait mère et qu’elle verrait ses enfants monter dans ce train. Le sera-t-elle un jour ? Prendre le risque d’avoir des enfants à écailles, comme elle ?

Un petit sourire triste accroché sur les lèvres, la sorcière grimpa quelques instants après, tirant derrière elle une valise conséquente. Elle arpenta quelques wagons et finalement ouvrit plusieurs portes, mais à chaque fois, il y avait deux ou trois camarades et une ambiance électrique – d’autant que beaucoup se préparait pour le Festival La Tempête.

Elle voulait y inviter Hamza, une fois à Tinworth, mais finalement, ce n’était peut être pas une bonne idée. Elle ne lui avait pas adressé un regard ou une parole, ce qui n’était pas totalement inhabituelle dans l’enceinte de l’école, mais elle ne voulait pas non plus lui parler. Pas après ça.

D’une main nerveuse elle tira encore la valise, et finalement arriva face à une petite cohue qui embusquait les dernières places du fond du train. Elle soupira, ouvrit une porte derrière laquelle elle tomba nez à nez avec Hamza, seul et silencieux, qui la fixa en retour.

Circé resta quelques secondes figée, avec la ferme volonté de repartir, et en même temps cette petite voix qui lui chuchotait qu’elle ne pouvait pas faire ça à un ami. Finalement Harker entra dans le wagon, cala sa valise rétrécie pour l’occasion dans un petit coin et vint s’asseoir, à l’extrême opposé de l’élève de serpentard.

Elle déposa d’ailleurs ses mains sur ses genoux, fixant du coin de l’œil la porte du wagon, qu’elle n’avait jamais autant regardé qu’aujourd’hui. Sa gorge s’était serrée, peut-être par peur qu’il ne lui adresse la parole, ou qu’il ne cherche à lui expliquer quoi que ce soit. Circé ne savait pas pourquoi elle sentait ce petit coeur bondir dans sa poitrine. Pas pourquoi elle avait soudainement peur de lui, alors qu’Hamza ne lui avait jamais fait rien, d’aussi loin que ses souvenirs remontaient, et Hamza, elle l’avait toujours connu ou presque.

Ses souvenirs étaient flous, mais elle se rappelait l’avoir croisé au marché, avec son père, alors que la vieille Harker l’avait prise sous son aile, quoi que le plus souvent, c’était avec la jeune nourrice qu’elle sortait dehors. Hamza avait dû la prendre pour sa mère, mais puisque la nourrice avait disparu vers ses quinze ans, ils n’en avaient jamais discuté. De ça, ou de la vieille Harker.

Ils s’étaient vus grandir, mais ils n’avaient jamais rien dit. De ça, de l’absence de mère du côté du El Mahdi, ou encore du fait que son père était son Directeur de maison.

Ils s’étaient connus depuis presque toujours, et pourtant, il lui avait fait peur.

Elle ne l’avait jamais vu comme ça auparavant.

Ses doigts, nerveux, remuèrent la jupe longue et plissée qui couvrait ses cuisses, d’un joli tartan bleu océan, qui jurait un peu avec sa lourde écharpe jaune moutarde et ses bottes montantes brunes.

feat.  @Circé Harker


La tempe posée contre la vitre du wagon, Hamza regardait sans le voir le quai de la gare qui se vidait. Sa voiture était vide, ce qui était exactement ce qu’il recherchait sur le moment : une solitude qui lui permettrait de faire le vide dans son esprit embrouillé. Après ce qui s’était passé au château, l’étudiant n’avait envie de voir ni de parler à personne. Il n’avait pas encore croisé son père, mais savait qu’il ne manquerait pas de le sermonner durement une fois rentré à Tinworth.

Ses doigts se crispèrent contre sa paume avant qu’il ne les détende de son autre main en observant pensivement ses phalanges rougies. Le Serpentard pouvait encore sentir l’impact du coup qu’il avait porté à cet étudiant. Une sensation de colère mêlée à la culpabilité vint lui serrer la gorge et il releva le menton pour observer de nouveau le paysage en inspirant longuement. Encore une fois, il n’avait pas pu se contenir et il avait impulsivement laissé parler sa colère. Sa fierté avait pris le dessus et à présent, il devrait en assumer les conséquences.

Le jeune homme avait fermé les yeux, tentant de se détendre avant de les rouvrir tout aussitôt en entendant la porte du wagon grincer sur ses gonds. Tournant la tête, il eut la surprise de reconnaitre Circé dans son drôle d’accoutrement. Les deux jeunes sorciers s’observèrent un moment silencieusement avant qu’elle ne se décide à s’asseoir en détournant ostensiblement les yeux.

Hamza pour sa part ne la quittait pas du regard, si ce n’était pour jeter des coups d’yeux intrigués sur ses mains posées sur ses genoux, ou son bagage rétréci au-dessus d’elle. Elle n’avait pas beaucoup changé depuis la première fois qu’ils s’étaient rencontrés sur le bruyant marché de Tinworth. Elle s’était à peine plus épaissie, avait gagné un poil plus d’assurance. Parfois, elle changeait du tout au tout et s’illuminait, quand par exemple elle s’oubliait dans un rire – rarement en sa compagnie il devait bien l’avouer. Mais en cet instant, elle ne lui rappelait rien d’autre qu’une petite fille effrayée et cette idée le dérangea.

La distance qu’elle avait tendance à maintenir lorsqu’ils étaient à Poudlard le blessait plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Il avait un jour supposé qu’elle avait honte de lui, et qu’elle cachait à ses amis qu’ils se connaissaient en dehors du château. Par pure fierté, Hamza s’était persuadé qu’il n’en avait rien à faire. Rien n’était plus faux évidemment…

Circé continuait d’éviter son regard, comme si sa simple présence la mettait mal à l’aise et ses gestes trahissaient une nervosité palpable. Incrédule, le Serpentard se demanda si elle allait l’ignorer ainsi longtemps mais son visage n’était pas tourné vers elle pour la pousser à bout. Il avait remarqué que la valise au-dessus d’elle, bancale, menaçait de tomber au premier coup de frein du train. Elle avait beau avoir été rétrécie, se prendre un tel paquet sur le crâne ne serait certainement pas agréable. La Poufsouffle ne semblait même pas s’en rendre compte, trop occupée qu’elle était à éviter son regard.

Le train s’élança enfin, et il n’en fallut pas plus pour faire basculer la mallette dans le vide. Prêt à intervenir, Hamza s’élança mais eu au passage le temps d’apercevoir une lueur troubler les prunelles de la Poufsouffle. C’était certain : elle avait peur de lui ! Cette constatation fut comme un sortilège lancé en plein cœur de l’étudiant qui rattrapa malgré tout la valise pour la repositionner de manière plus sûre. Son visage s’était renfrogné à l’idée qu’elle pensait apparemment qu’il pourrait s’en prendre à elle et lui faire du mal.

- Détends-toi Circé, lui lança-t-il de manière bien plus offensée qu’il ne l’aurait voulu. Je vais rien te faire ! T’allais juste te prendre ta valise dans la tronche…

Grognon, l’étudiant retourna s’asseoir en posant son menton sur son poing, lui tournant le dos bien décidé à se murer dans le silence.