shut off the lights (nd)

23·09·2002
 ¦  Une naissance attendue et scrutée, celle d'un premier enfant. Et comme les augures des nornes l'avaient prédit, il s'agit d'un garçon, d'un mâle sur lequel reposera le poids d'une couronne d'épines.


--·05·2008
 ¦  Lueurs discrètes se font anarchies d'une magie sauvage. Les craquements secs du bois raisonnent. L'air vibre en roulement de foudre zébrant le Valhalla. Et du fatras ressort l'enfant grandit.


23·09·2012
 ¦   Été pluvieux, safari heureux. Et après la pluie, la suffocante chaleur plonge le royaume de Skadi d'une brume ennemie. Première chasse en solitaire, rite de passage incontournable au sein du clan Dagoniat. À l'issu de ce rituel, le gamin devient un homme… ou voit s'abattre sur lui une vie de solitude et d'errance.


2012·2019
 ¦  Les leçons se succèdent. Tuteur après tuteur, précepte après précepte, on le façonne, on le forge à l'épreuve qui un jour sera sienne. Les chasses s'enchaînent. Tout en tétant l'ombre de l'Alpha, Njál perfectionne ses capacités de chasseurs. Et rapidement, les contours de la majorité se dessinent. Première baguette, première traque en solitaire, première arme. Des premières fois qu'il affectionne. Des premières fois qui voient éclore un chasseur téméraire appâté par le goût du risque.


2019·2021
 ¦  Deux années à bonifier le caractère d'un chef de meute en devenir. La sombre le polie. Loin du cocon parental, l'institut de Durmstrang le parfait. Un art de combat moins hésitant. Une brutalité tirant le volupté de la satisfaction. Danse des lames, magie d'escarmouche ou noire, le scandinave excelle dans la violence militaire.


--·06·2021
 ¦  Incident mineur impliquant Njál et certains de ses camarades. La jalousie dressée en étendard de lâcheté, tels des enfants de Loki affamés par la chair pure d'un sorcier, N. subit l'affront d'une rixe injustifiée. Gungnir a ses côtés, la fureur d'Odin régissant ses moindres mouvements, le chasseur triomphant voit le nombre l'emporté sur la justesse. À ce jour, il est encore incertain qui du retrait ou de l'exclusion eut le dernier mot.


01·09·2021
 ¦  Rentrée universitaire à Poudlard. De Serpentard ou Serdaigle, le choixpeau ne consent à trancher. Il revient alors au suédois de tailler dans l'étoffe du couvre-chef, sa propre voie. Rompant le cycle de la ruse et de l'ambition familiale, c'est sur la branche de la créativité et de l'érudition que le chasseur décide de se faire funambule. Une décision qu'il ne regrette aucunement.


2023·----
 ¦  Un insigne de préfet fraichement épinglé à la poitrine, Njál aborde cette année d'A.S.P.I.C avec un certain optimisme. Pourtant, il se doit de surveiller une cadette faisant ses armes aux Highlands. Un devoir de protection qu'il prend très à cœur, peut-être même un peu trop. Toutefois, il ne compte pas laisser des garçons s'approcher d'elle sans leurs faire regretter leur témérité.

Les doigts serrés contre la hampe d'une lance si grande, l'enfant se faufilait au creux de l'épais brouillard. Cela faisait désormais quelques heures qu'il errait dans le vaste fief des Dagoniat. Et un pas après l'autre, il avait pris le pli de longer un ruisseau dont le clapotis du courant camouflait ses foulées hargneuses et avides du premier vermeil versé. Aussi silencieux que le vent le portant de dos et aussi létal qu'un esprit malin, le jeune chasseur suivait la piste de sa proie.

Les neiges éternelles du grand nord lui ouvrant la voie, il ne lui restait qu'à suivre le chemin tracé par Skadi. Et bientôt, sa randonnée toucha à sa fin. À la dérobée, le grand brun se dissimula dans l'épaisse verdure. Elle était là, à porté d'un jet d'argent salvateur. Dans son plus simple appareil, sa prise de la soirée arrosait encore de son carmin chaud le marbre de la poudreuse. La paume affermissant sa grippe contre le manche de son arme, le braconnier sentit alors un poids lui tomber sur l'estomac.

Assise autour d'un feu chantant, les braises virevoltant au gré d'un grain glacial, le regard de la skogsrå se posa finalement sur le champs de roseaux éclipsant la silhouette de l'adolescent. Le souffle posé, l'esprit fermé et le cœur hérissé d'un battement régulier, Njál abandonna sa cache. Face à lui, l'être ignoble au teint de marigot avait déjà perdu de sa monstruosité. Escorté d'un craquement d'écorce, les flancs de l'horreur s'affinèrent, les cloques jaunâtres éclatèrent afin de mieux dévoiler une femme à la beauté prodigieuse. Une Aphrodite dans son habit d'Eve le toisait d'un regard enchanteur.  

« Min älskade pojke. Jag är så tacksam att du hittar mig när jag är vilse i dessa skogar.Mon bien-aimé. Je suis si reconnaissante que tu me retrouves quand je suis perdue dans ces bois. », qu'elle déclara tout en insufflant une puissante magie à chacun de ses mouvements de lippes.

Si l'artifice le troubla un bref instant, l'illusion n'en fut que plus douce. Une sensation de bien-être agréable l'assaillit un court moment, avant que la réalité ne vienne congédier l'éphémère allégresse. La demoiselle, trop habituée aux proies de faible constitution avait quand à elle, fait l'erreur de mésestimer sa victime. Et ce n'était pas l'air penaud, presque charmé de son futur bourreau qui l'aurait dissuader de s'approcher plus que de raison. Précipitée aux devants du brunet, elle se pavanait au rythme d'un palpitant ennemi s'affolant d'ivresse. Ô sans doute se méprit-elle à croire en l'amour d'un premier regard, là où le braconnier ne goûtait qu'aux prémices d'un massacre sanglant.

Le javelot échappant à la prise de son geôlier, le bruit étouffé du métal épousant la roche blanchie conforta la bête de flirter d'un pantin défait de ses attaches de fae. Quasi intime, l'extrémité des doigts se baladant sur les frêles épaules du suédois, la vénus se prit d'un chant enjôleur. Et les notes aigues et fausses raisonnaient sur le plateau, si bien que même la ravine se suspendit aux lèvres de l'ensorceleuse. Profitant de cette berceuse morbide, la lippe du tueur se tordit d'un rictus carnassier. Le myocarde figé d'une gelée soudaine, il balaya d'un revers de bras la caresse animale. L'opéra de la croque-mitaine se tut.

« Klipp skiten. Slöja sliten, ser jag dina lögner !Arrête tes conneries. Le voile est déchiré, je vois tes mensonges », qu'il siffla d'un timbre aussi tranchant et froid que la lame qu'il tenait à présent entre ses phalanges.

Ses iris d'azurs levés aux firmament, un sourire franc coupa l'herbe sous le pied à la tromperie. Les poumons remplis de cette fine fumée capitonnant l'air, la main armée du garçon glissa hors des plis de sa taille. Dès lors, une lune de sang se mit à peindre le ciel d'un rouge éclatant, le mince ruisseau se mit à charrier des torrents de sève au cruor boueux, Asgard lui attribuait ses ferveurs.

Remplis de vers funeste, le cantique de la belle reprit. Plus puissant que son prédécesseur, l'hymne de la gardienne semblait en appeler aux forces obscurs qu'elle servait. Pourtant, son masque magnifique n'était plus apte à cacher le mal pur de derrière une mascarade. Et son cœur sombre allait simplement la conduire dans sa tombe. Sa queue de renarde et l'écorce de son dos nu daignait enfin montrer la véritable nature de Tröll.

« Och vad tror du att jag är, lilleman?Et que penses-tu que je sois petit homme ? », lui demanda-t-elle avec innocence, comme si elle espérait encore pouvoir sauver sa peau en manipulant l'âme de ce gosse insolent et rustre.

Immobile, Njál entendit dans l'obscurité les plaintes des âmes fanées s'élever de l'obscurité. Il perçut jusqu'aux pleurs des infortunés se dresser dans la lumière rubiconde perçant la clairière. Le souffle vitale des victimes de la skogsnymfen le suppliait de les délivrer de la gueule du monstre d'où leurs échos s'échappaient. Les mâchoires serrées, le reflet lunaire se diffusa sur le feuillet métallique de son poignard, aveuglant la nymphe d'une incarnation divine.

« Min fiende.Mon ennemi., argua-t-il d'une voix émiettant le soupir envouteur de la créature. Och nu dör.Et maintenant, meurs. », qu'il clama en toute indifférence.

Dédaigneux, le rire de la sylphide lui tira une grimace de dégoût. Se mouvant avec disgrâce, la demoiselle perdit toute beauté. Craquement apes craquement, la porcelaine retrouva son amertume de marais. Raillerie après raillerie le parfum hypnotisant s'effaça au profit d'une fétidité cadavérique. L'écale mousseuses de son corps nu s'arrangeait d'un tapis d'épines. Le lisse d'une chevelure de jais ne laissa finalement place qu'au gras et l'effroi d'une paire de bois. Elle se montrait enfin sous son vrai jour.

« Du ensam kan inte döda mig, lilleman.Toi seul ne peut me tuer, petit homme ! », le coupa-t-elle d'un rire toujours plus effrayant.

Elle le voulait mort, perché à la cime d'un pin, comme il en était l'usage pour tout homme croisant son chemin. Mais lui n'était pas un homme ordinaire. Il avait traversé la vallée des ombres, et contrairement aux naïfs venant se perdre en ces lieux pour mieux succomber à cette engeance démoniaque, lui ne craignait guère de tirer sa dernière expiration au combat. Le regard inspiré par un mort digne, tel un viking s'ouvrant les portes du Valhalla, Njál rompit la distance qui le séparait de la skogsrå.

C'est que le bourreau voulait son dû, et si son heure était venue, il se jurait d'enterrer à jamais cet esprit malin. À présent, il se tenait debout prêt à la combattre. Après tout, elle n'était juste qu'une autre abomination s'élevant du glacis de l'Helheim, un des nombreux maux que sa famille s'évertuait à terrasser. Sa dague jeté aux quatre vents, il pria Odin de guider l'onde argentée droit dans le giron luciférien tandis qu'il se pencha afin de recouvrer son javelot.

« Jag är aldrig ensam.Je ne suis jamais seul. », blackboula-t-il avec force tout en pointant le drap de nuit tendu au-dessus d'eux et la poitrine verdâtre de son adversaire.

Et comme pour lui donner raison, le grondement d'un orage lointain ébranla le caractère serein de cette mise au piloris. Coup de feu ouvrant les hostilités, il enjamba le feu de camp. Les yeux dans les yeux, la pointe de son pilum flûta la détermination du chasseur à mettre un coup d'arrêt aux immondes faits de cette vipère. Tel un éclat de foudre régnant sur l'Olympe, il transperça de part en part le buste de la skogsfrun. La paume pivotant à quatre-vingt dix degrés, d'une impulsion sauvage, l'extrémité de la javeline pilotée avec soin, le garçon souleva sa prise et la cloua écorce contre écorce.

Les derniers battement de la bête s'écopèrent d'un filet noirâtre empoisonnant terre et flore dans son ruissèlement. Affalé dans la neige, Njál souriait de fierté. Fier d'avoir accompli seul une tâche ingrate que beaucoup de ses paires refusaient de s'acquitter en solitaire. Téméraire et insouciant, n'écoutant que son instinct et les murmures d'Asgard, il était parvenu en un temps modeste à terrasser l'une des plus redoutables terreurs suédoises. Ne lui restait plus qu'à arracher ses trophées à l'ennemi afin d'inscrire sur son derme la marque d'une appartenance et d'un héritage.

skogsrået: