Starlight (Zion)

28 Mars.

Le printemps était bien là. Les fleurs étaient encore présentes sur le stade de Quiddich et je volais comme jamais, plus en forme que n’importe quand. J’avais l’esprit totalement libre sur un balai et je regardais les cognard voleter autour de moi alors que le vent de plus en plus chaud me frappait le visage. Certes, on était encore loin de ceux de la Havane, mais il fallait dire que contrairement à l’hiver que nous avions vécus, c’était une bonne consolation.
Je redescendis donc, épuisée, mais de bonne fatigue. Les cognards revenant dans leurs boites, les problèmes et mes sombres pensées suite aux différents plans que nous avions établis pour tuer mon père me trottait alors de plus en plus.
Machinalement et sans m’en rendre compte, j’avais rangé les boites et prit la direction du château. Mon balai de compétition sur les épaules, toujours en tenue de quiddich bleue, les gens commençaient à avoir l’habitude de me voir plus dans cette tenue que dans ma robe d’étude. D’ailleurs, plusieurs personnes me félicitaient au fur et à mesure que les mois passaient. Je commençais sérieusement à me faire une place ici, et surtout dans ce pays et le quitter m’aurait finalement fendu le coeur.
C’était donc dans ces sombres pensées, que je vis une silhouette assise sur un rocher aux abords du lac noir. Plissant le regard, je l’identifiais aisément.
Bifurquant vers elle, sans me poser de question, je me fichais à quelques pas de Zion.

« Salut. T’es en pleine méditation ? » dis-je d’un air un peu amusé et piquant.

Je le fixais. Il avait mauvaise mine, et je savais que les rumeurs circulaient sur sa condition du moment. Il était un peu dans une tourmente sentimentale, et j’avais de la peine de le voir ainsi. Même si j’étais réputée pour avoir un coeur de pierre, il faisait parti de mes amis, et quand je faisais une promesse d’amitié, pour moi elle était éternelle.

« C’est Alejandra, si jamais tu te poses la question... » rajoutais-je en montrant ma tenue de Quidditch.

Je posais mon balai, et je m’assis à ses côtés en regardant le lac noir. Je mis mes bras en arrière et je lui jetais de temps en temps des regards en biais.

« Tu devrais pas rester trop longtemps ici, la marée va monter... » poursuivais-je

Puis finalement, je me dis qu’il était peut être temps d’arrêter les petites blagues pour le détendre, et d’entrer vite dans le vif du sujet pour crever l’abcès. Je voyais bien que depuis quelques temps il était distant, et je sentais bien qu’il y avait du roussi dans son couple.

« Tu devrais pas trop te morfondre avec ça. T’es bien fait, plutôt beau gosse… De quoi donner envie d’apprécier les mecs même si on a une préférence pour le sexe opposé… T’es malin à ta manière, t’es sympa et t’es surtout toi même. C’était peut être juste pas la bonne personne, au bon moment tu sais. »

Je lui mis alors un coup de coude et je ricanais d’un petit air espiègle.

« Mais c’est bien. Reste dépressif et on aura toutes les chances de gagner la coupe de Quidditch... » terminais-je dans un clin d’oeil.

16.03.24 Toujours aucune nouvelle de @Freya Korrigan. Zion se rongeait le frein dans l'attente de ne serait-ce qu'une note. Il avait tenté de l'approcher plusieurs fois durant les cours ou entre deux cours, mais à part un baiser échanger que le Gryffondor lui donnait avec de moins en moins de passion à mesure que la rancoeur naissait au fond de son coeur. Il était tellement persuadé que @Maeve Cynfeirdd, leur nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, aurait pu trouver les mots juste pour lui pousser Freya dans les bras. Bien sûr, il n'imaginait pas une seule seconde entendre la Matriarche du clan Cynfeirdd lui faire des éloges sur la façon dont il brandissait l'épée de Godric Gryffondor, mais il aurait espéré un petit quelque chose sur cette affaire de vengeance qui enfonçait Freya inexorablement sur un chemin que le jeune Webb ne souhaitait pas prendre avec elle. C'était bien trop tôt dans leur relation.

Peut-être aurait-il du lui sortir le grand jeu dès le début ?

Non, pensa Zion, en arrachant un brin d'herbes à peine dégeler, qu'il jeta dans l'eau. Freya n'était pas comme les autres filles. Elle n'avait aucune expérience et son innocence l'avait tellement touché qu'il s'était refusé de s'amuser, prenant leur relation avec tout le sérieux que devait l'être une première relation pour une jeune femme qui lui semblait bien sous l'apparence. Mais force lui était de constater qu'à mesure que le temps passait, Zion nourrissait une certaine amertume dont il connaissait l'issu du problème.

Maugréant dans sa barbe en répétant la même action avec un petit bout de branche avec un peu plus de rage dans son geste, Zion sursauta presque lorsqu'@Alejandra Montero apparut à ses côtés. Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il ne l'avait pas entendu venir.

« - Merci, j'allais te demander. » Répondit Zion lorsqu'Alejandra se présenta afin qu'il ne commette aucun impair. Il ne put s'empêcher de sourire. Maintenant qu'il s'était passé tout ça, tout... Sur cette affaire Longerbane, le Gryffondor savait les reconnaître. Il ne saurait expliquer comment mais il ne se serait pas trompé si Alejandra lui avait laissé le temps de le deviner.

Zion éclata de rire.

« - La marée, ouais ! Haha, c'est qu'un lac ! »

Aussitôt, comme un grognement des profondeurs de la terre, un bruit se fit entendre du lac suivi d'une grosse bulle qui éclata à sa surface. Zion sentit qu'il devait rajouter :

« - OK, ce n'est pas qu'un lac, c'est LE lac noir de Poudlard. »

Ses yeux posaient sur l'étendu d'eau qui resta tout aussi lisse qu'à son habitude, Zion finit par en détourner les yeux pour observer de nouveau Alejandra.

Le visage du Gryffondor oscilla entre les ombres et la lumière lorsqu'il se rendit compte de quoi la Serdaigle voulait parler. Alejandra se montrait étonnement lucide sur la relation que Zion entretenait avec Freya. Cela ne le déplut pas, bien au contraire, mais cela le surprit et le toucha que la jumelle la plus colérique des Montero se montre aussi avenante à son égard. Certes, ils étaient amis depuis quelques mois mais cela lui fit du bien de le sentir de nouveau en cet instant précis.

« - On est toujours ensemble. » Se défendit Zion, malgré l'agacement notable de cette situation. Il était fébrile. « Enfin... Pour ma part. » Il souffla tout l'air retenu dans ses poumons avant de se redresser un galet dans la main.

« - T'es bien perspicace aujourd'hui, Alex. Qu'est-ce qui t'arrives ? » Fit Zion, en détournant la conversation, comme il aimait si bien le faire lorsqu'il se sentait comme une bête recluse dans un cul-de-sac.

Je me mis à sourire quand Zion sursauta presque aux petits remous que le monstre du Lac venait de faire. Je savais à peu prêt l’espèce qui y vivait, pour avoir vu une fois une tentacule. Observant ce dernier, je sortis d’ailleurs de mon sac un énorme morceau de viande et je le jetais le plus loin possible. Le morceau flotta quelques instants, puis il y eut à nouveau un remous et ce dernier disparu. Je me lavais les mains avec une lotion spéciale et je me tournais vers Zion.

« Tu sais, il existe un lac caché en Grèce, où des créatures bien plus terrifiantes y vivent. Mon père m’y a emmené une fois. Il s’appelle le Styx. »

Ce « fleuve » qui était en réalité un lac avec un fleuve le traversant était légendaire à tel point qu’il entrait dans la catégorie des endroits magiques que les moldus connaissaient. Il était sensé être l’entrée des Enfers d’après leur croyance, et mon père, ce jour là, avait été d’une prudence extrême. Même s’il m’avait menacé de m’y jeter à la première remarque déplacée…

« Ah. » dis-je alors un peu brusquement.

Je pensais que c’était fini. Il fallait dire que c’était rare désormais de les voir ensemble, et de voir Freya tout cours. Mes yeux restèrent sur le lac noir et je préférais ne pas aller plus loin dans la conversation, sauf s’il le voulait. Je n’étais pas du genre à m’immiscer dans la vie privée des gens. Je préférais attendre qu’ils se confient s’ils en avaient le besoin. Je me tournais alors vers lui et je me mis à sourire.

« Le temps peut être. Plus il coule, plus je deviens sympa. Je vieillis à l’envers. » dis-je avec un petit clin d’oeil amusé.

Il fallait dire qu’en ce moment, je croquais la vie à pleines dents, parce que je ne savais pas de quoi serait fait demain. Je pouvais mourir, etre renvoyé à la Havane, ou finir à Azkaban pour éviter les deux premières options. L’avenir était sombre, incertain et noir. Mais moi, je décidais enfin de vivre.

« Tu sais, tu devrais peut être lui laisser du temps, si elle t’aime. Peut être qu’elle juste besoin d’accomplir des choses où elle ne veut pas que tu sois confronté par peur de te perdre. Elle prend peut être le risque d’essayer de te perdre plutôt que de te perdre à jamais. Enfin moi, c’est ce que je ferai si j’aimais quelqu’un. »

Je détournais les yeux, un peu assombri car j’avais l’impression d’être un coeur de pierre, et que je repoussais tout ceux qui m’approchaient. Regardant encore la surface du lac noir, je trouvais quand meme que c’était le comble du comble que je prenne la défense de celle qui devait le plus me détester dans ma propre maison.

« Mais comme je n’ai pas d’âme, car elle est restée dans le Styx, je peux pas comprendre. »

Je tournais la tête. Très sérieuse. Puis j’éclatais de rire, d’un rire cristallin et parfait.

« Je plaisante, j’ai bien une âme… enfin je crois et pour l’instant. »

16.03.24 Zion était probablement l'un des pires élèves des cours d'Histoire de la magie. Pourtant, il connaissait bien ce qui se racontait sur le Styx et ces légendes qu'on lui attribuait. Un de ces endroits du monde où ni les sorciers, ni les moldus, n'osaient s'y aventurer de peur de se retrouver mort avant même d'avoir eut le temps de s'en apercevoir. L'entrée des Enfers... Le Gryffondor ne put s'empêcher de se demander qu'est-ce que le père d'Alejandra pouvait bien aller faire dans un pareil endroit. Probablement rien de bien net ce qui ne faisait que renchérir tout le mysticisme qui entourait le paternel Montero depuis qu'Alejandra lui avait rapidement expliqué que c'était un type loin d'être recommandable pour avoir des idées d'un autre âge.

Vint plus vite qu'il ne l'aurait cru le sujet de Freya. Zion se montrait particulièrement agacé., comme s'il avait quelque chose en travers. C'était le cas, oui, et si Alejandra pensait cela de leur relation, c'était que c'était peut-être fini avant même qu'il ne s'en rende compte.

Son regard plongea aussitôt dans les rives du lac noir alors qu'il déglutissait péniblement alors qu'il sentait une sensation étrange l'envahir. Comme un vide. Il n'aimait pas vraiment ce qu'il ressentait. Il avait cette curieuse impression de s'être fait prendre pour le dindon d'une farce plus grosse que lui.

Il se racla la gorge, faute de pouvoir dire quoique ce soit pour combler ce silence qui s'installait entre lui et Alejandra après cette blague sur son âme qui ne le fit même pas sourire. Le Gryffondor se contenta d'observer les rives calmes du lac comme s'il espérait voir sortir de ses eaux la solution à ce problème épineux. Mais tout ce qu'il avait envie pour le moment, c'était d'un verre de whisky. Ou d'un plat de wings avec une sauce cajun. Avec une bière. Ou un grand soda à la citrouille.

Zion finit par soupirer avant de ramener ses genoux à la hauteur de son menton. Entourant ses jambes de ses bras, il finit par tourner la tête vers Alejandra, l'air toujours aussi agacé. Néanmoins, la petite lueur espiègle qui brillait continuellement dans son regard venait de réapparaître.

« - Pourquoi ton père irait se balader sur les rives du Styx, d'ailleurs ? Parce qu'on dit plein de trucs sur ce fleuve et franchement, c'est pas jolie jolie. » Commenta le Gryffondor qui espérait trouver là une histoire suffisamment captivante pour combler ce vide dans la poitrine.

Je tournais la tête vers Zion dans un mouvement lent et robotique. Observant ses yeux espiègles, je le fixais sans aucune émotions apparente. Une lueur brilla l’instant d’après et je me mis à sourire en coin pour montrer que la réplique suivante n’allait certainement pas lui faire plaisir. Mais en même temps… Il le cherchait.

« T’es meilleur pour poser des questions que pour y répondre on dirait. Il faudra quand même que ce que tu as sur le coeur sorte un jour, sinon ça va pourri Zion. »

La fin était plus une véritable mise en garde qu’une boutade moqueuse contrairement à la première partie de ma réponse. Mais en même temps, j’étais la première à ne pas appliquer les conseils que je venais de lui dicter, donc je décidais d’arrêter tout bonnement et simplement le sujet. Connaissant l’oiseau, il était capable de partir immédiatement sans plus de discussion et c’était quelque chose que je ne voulais pas. Alors je me permis de répondre :

« Mon père était persuadé que les dieux grecques n’existaient pas. Il suivait la théorie selon laquelle, il ne s’agissait que de puissants sorciers, avec des artefacts et des savoir tellement puissant, qu’ils étaient égoïstement gardé. Tellement égoïstement qu’ils ont sombré dans l’oubli car leurs propriétaires ne voulaient pas les partager. »

Je regardais ensuite le lac, me remémorant cette horrible journée, longue et épuisante dans laquelle il nous avait entraîné Selma et moi. Au final, nous n’avions pu approcher que le rivage et un homme de main à lui était mort. Voulant savoir ce qui se passait lorsqu’un individu rentrait dans le Styx, il n’avait pas été déçu.

« Mais il était, et il est encore bien plus cupide que ça. Ce n’était pas le pouvoir des dieux, qu’il désirait. Mais celui des Titans, ceux qui étaient là avant eux et dont les dieux avaient eu du mal à se débarrasser. Il comptait trouver la porte des Enfers, puis les traverser, pour atteindre le Tartare, là où ils sont enfermés selon les mythes. »

Ca prouvait bien là la détermination et l’ambition malsaine d’Ernesto Montero. L’objectif était toujours bien supérieur à ses aspirations et ses ambitions, pour éventuellement les revoir à la baisse. Fort heureusement, nous n’avions pas pu passer le Styx, même si j’avais trouvé la solution. Reportant mon regard sur ce dernier, je me contentais alors de dire simplement :

« Je me suis faites humilié ce jour là. Tout simplement parce que j’ai dit que certaines choses étaient sacrés pour de bonnes raisons. Parfois, les sorciers, ou les humains de manière générale les sacralisent car elles ne sont généralement pas bonne à être découverte. Les mythes sont généralement bien là où ils sont. » dis-je d’une voix un peu perdue.

Je me mis alors à côté de lui. Dans la même position que lui, bien décidée à ne plus reparler de Freya. Parce qu’un simple chagrin d’amour, ou de simples questionnements ne pouvaient avoir autant d’impact sur une personne pour le rendre aussi triste et silencieux. Même s’il s’agit de Zion, qui était réputé à défaut pour être simple d’esprit. Chose à laquelle je n’avais jamais cru.

« Ca t’en dit long sur lui non ? » dis-je la voix un peu brisée « Et de ce qu’il peut faire. »

16.03.24 Zion haussa les épaules. Il y avait des choses qu'il pensait qui n'avaient pas forcément le besoin d'être dit. Bien élevé même s'il pouvait parfois passé pour un gros débile, le Gryffondor avait appris certains codes auprès de sa grand-mère et des Ayodele qui lui permettaient parfois d'agir avec retenu lorsqu'il sentait que c'était un sujet épineux et compliqué. Peut-être était-ce à cause du vaudou que le clan Ayodele cachait aux yeux des autres tout en jouant des rumeurs lancés sur leur dos mais Zion ne dérogeait pas à la règle. Alejandra semblait avoir une vie particulièrement compliquée avec son paternel. Dans la façon dont elle en parlait, le Gryffondor entendait une forme de résignation qui transpirait une haine incommensurable. Pour lui qui n'avait pas connu ses parents, qui les fantasmaient plus qu'il n'en avait de souvenirs, c'était assez compliqué à gérer pour lui.

Mais il était hors de question de se lancer sur ce sujet bien trop personnel pour lui. Il n'en avait même pas touché un mot à @Freya Korrigan, ce n'était pas à son amie qu'il le ferait. Une façon de se protéger sans doute...

... En attendant, le padre Montero savait se montrer détestable sans même que Zion n'ait eut à le rencontrer. Il n'aimait pas vraiment ce qu'il entendait des lèvres d'Alejandra. En l'observant sans vraiment la regarder, la tête dans ses pensées malgré une écoute attentive, Zion ne pouvait s'empêcher de comprendre le comportement des jumelles. Il ne saurait réellement l'expliquer puisque son raisonnement était avant tout inconscient, mais le jeune Webb se sentit tout à coup bien plus proche de @Selma Montero et d'Alejandra qu'avant.

Concernant les dieux... Zion ne savait pas trop quoi en penser. Quand il était question de vaudou, le Gryffondor savait que les guides, que les lwas, étaient principalement des sorciers qui avaient réussi à transcender leur condition pour devenir des espèces de gardiens divins qui servaient tous, finalement, le même Dieu que dans n'importe quelle autre religion monothéiste. Pour la mythologie grec, romaine, nordique ou encore égyptienne, cela ne devait pas être autrement. Peut-être ces derniers avaient juste un égo surdimensionné à force d'avoir amasser autant de pouvoir au point de se faire appeler divin ?

Zion n'était pas un expert. Aussi, il se contenta d'écouter la jumelle Montero la plus Gryffondor des deux avant de finalement répondre :

« - En effet, ouais. Ça a l'air d'être un sacré... » Il se retint malgré tout de finir sa phrase même s'il n'en pensait pas moins.

Comment un père pouvait-il se comporter ainsi avec ses propres enfants ?

« - Il cherche quoi ? Je veux dire, il a l'air de vouloir conquérir le monde. » Demanda Zion, à la fois intrigué par les motivations du père Montero et peiné pour Alejandra.

Je restais assise tout en observant le lac noir. Quand il voulut dire que c’était un… con certainement, je me mis à sourire et je mis mon visage dans mes genoux. Je ne préférais pas répondre, car j’en avais déjà dit assez. Si jamais tout ce que je venais de dire lui revenait aux oreilles, j’étais déjà dans de mauvais draps. Relevant cependant le regard, je répliquais d’une voix incertaine.

« Je n’en sais rien. Il en a toujours voulu plus. Il a bien failli conquérir toute l’amérique du sud mais la famille Almadovar l’en a empêcher. Je me suis tenue loin de tout ça, et puis j’étais plus jeune. Mais il est du genre effectivement à chercher un moyen de tromper la mort et d’assouvir le plus de personnes. »

Ce n’était pas le genre de personne qu’on appréciait. Au final, et à y réfléchir en profondeur, il n’avait pas d’amis. Juste des gens qui avaient peur de lui. Et, dans son éducation, il nous avait transmis cette maladresse à nous faire nous même des amitiés solides… En même temps, comment faire quand on n’avait pas appris des choses aussi simples ? Les souvenirs de ma mère étaient encore bien trop flous pour déterminer si je tenais le peu de vie sociale que j’avais, d’elle.

« Enfin bref. Sache que si tu veux parler, je peux t’écouter et garder tout pour moi. Je vois bien que c’est pas la forme… Il ne faut pas rester comme ça Zion. Tu es quelqu’un de bien et le Gryffondor le plus drôle et le plus vivant que je connaisse. Ca te ressemble pas, il faut que tu retrouves le sourire. »

Je tournais la tête pour lui en décocher un afin de l’encourager. C’était avec des rencontres comme la sienne que je m’étais épanouie et que j’avais appris à faire confiance. Alors le voir ainsi m’attristait beaucoup, car je ne lui disais pas mais il était une de mes premières relations amicales sincères de Poudlard… Et tout court aussi d’ailleurs.

« On peut partir en Grèce si tu veux pendant les vacances, ça te fera du bien. Après tout tu as abattu un Hydre, c’est pas un ou deux fiélons qui devraient t’effrayer... » dis-je en ricanant légèrement.

16.03.24 Pour Zion, ce concept de la parentalité le dépassait. Bon, il y avait beaucoup de choses qui dépassaient ce Gryffondor dont l'innocence dépassait parfois son héroïsme. Il avait beau ne pas avoir ses propres parents, il avait eut la chance de connaître une famille particulièrement soudée et protectrice, baignée dans un amour d'une telle force qu'il ne pouvait comprendre que l'on se comporte aussi mal avec ses enfants. Certes, il y avait, dans ce tableau si idyllique, un oncle particulièrement sombre qui s'était emporté si violemment contre son cousin qu'il l'en avait exclu avant que Chinenye ne puisse dire quelque chose, mais ça restait tout de même anecdotique. Puis Zion parvenait à comprendre le cheminement de celui-ci même s'il serait bien incapable de faire une pareille chose lorsqu'il aurait ses propres enfants. De ça, il en était intimement convaincu, même si, pour le moment, son envie d'avoir un jour des enfants était aussi élevé que son envie d'aller se faire pendre.

Alejandra et Selma devaient avoir beaucoup souffert. Et même si sa réflexion était en grande partie inconsciente, il ne put s'empêcher de se sentir bien plus proches des jumelles qu'il ne l'aurait pensé, surtout après avoir vécu autant de choses en compagnie de @Selma Montero et de cet étrange groupe d'amis que Zion s'était fait récemment.

Le regard de Zion se perdit un temps sur les rives du lac.

« - Parler... Je ne sais pas si c'est très utile. En faites, j'ai déjà plus ou moins eu cette discussion avec elle en janvier. J'ai pas envie de continuellement me prendre la tête quand elle a clairement quelque chose de plus important en tête pour le moment. »

S'arrachant des eaux noirs qu'il observait d'un air absent avant de reporter son regard sur Alejanda, Zion se gratouilla machinalement la joue, d'un air fatigué.

« - Mais ça va me passer, t'façon. Je voulais juste faire les choses biens avec elle. Il faudra juste que je la choppe entre deux cours et on verra bien. »

Il n'avait guère plus d'espoir qu'Alejandra en avait pour voir un jour son père devenir quelqu'un de bien de ce qu'il lui paraissait. Finalement, il haussa les épaules en mettant les deux mains derrière lui pour s'en servir d'appuie.

L'amour était quelque chose que Zion ne comprenait pas. Peut-être, parce que, finalement, il ne l'avait pas réellement rencontré ? Ou alors... Parce qu'il ne savait pas vraiment le reconnaître puisqu'il n'avait connu ses parents ? Même de la part de sa grand-mère... Elle avait été veuve avant même sa naissance. Autour de lui, chez les Ayodele, il y avait des couples qui semblaient filer le parfait amour. Mais c'était quelque chose qu'ils vivaient dans le secret, préférant mettre une certaine distance entre eux lorsqu'ils étaient tous réunis.

Zion était en train de réfléchir à cela lorsqu'Alejandra revint sur le thème de la Grèce, lui proposant même d'y aller pendant les vacances. Une lueur d'excitation anima ses yeux, gommant le sérieux de son visage, pour laisser un Zion plus authentique devant le regard d'Alejandra.

« - J'adorerais trop ! » Commença Zion avant d'ajouter, plus sérieux : « Mais ma grand-mère aimerait que j'aille faire un tour sur la terre de mes ancêtres. Je pense que c'est à cause de mon don. Elle m'a dit que la magie était plus... Sauvage, moins instrumentalisé comme ici. »

Il s'assit en tailleur.

« - Elle aimerait que je vois la magie différemment, que j'apprenne à ne faire qu'un avec ce qui est en moi pour contrôler mon don de voyance. Elle pense qu'en faisant ça, j'aurais moins de maux de tête ou que je me laisserais moins surprendre par mes visions qui sont un peu... Bizarre. »

Effectivement, ses visions étaient étranges. Notamment celle d'@Aphrodite Longerbane
à la place de Grace Davis alors que Zion la surprenait dans une pièce en compagnie de @Xris Andērson.

Au mot « chopper » je sursautais brusquement sur mon rocher et je faillis en tomber. Me rattrapant maladroitement à Zion, je me redressais tant bien que mal. Avais-je bien entendu ? Il fallait dire que je ne comprenais pas aussi bien l’anglais que je le laissais prétendre, et certains double sens m’échappaient encore. Ca devait etre le cas, car il n’y avait eu aucun rire gras ni aucune espiéglerie dans sa voix. Voulant quand même lui faire remarquer, je me redressais un peu mieux pour dire :

« Désolée. J’étais juste surprise de ta réponse. Tu sais, « pas parler » et « chopper » entre deux cours… Je suis pas sur que ce soit l’idée du siècle pour que ça aille mieux... »

Je me mis à ricaner légèrement. On avait bien le droit d’en rire. Tourner un problème en dérision faisait que souvent, le problème semblait au final plus lointain et beaucoup plus petit. Me remettant dans ma position initiale, c’est à dire proche de lui et les genoux contre ma poitrine, je tournais à nouveau la tête pour l’observer de mes yeux noirs de jais.

« Parler ne suffira pas. Il faut aussi le bon timing. » repris-je sérieusement  « Il est préférable de le faire surtout quand tu te sens prêt. Si tu ne l’es pas, alors ne le fait pas, car sinon cela aboutira à une impasse. »

Je me mis à sourire. Il était assez partant pour aller en Grèce. A la réflexion, c’était peut être une bonne destination de printemps… Mon club avait une compétition européenne contre les Lances d’Athéna, l’équipe d’Athène. Peut être serait-ce une occasion d’y aller avec un ami. Si… il se considérait comme tel à ses yeux.

« Il faut toujours écouter les plus anciens… Enfin quand ils sont sensés. C’est une bonne idée, si tu veux je t’accompagne. On fera deux voyages en un, je suis sur que c’est bon pour le corps et l’esprit ! »

Je m’étirais alors. Mes muscles souvent brûlant à cause d’être surmenés en permanence demandaient du sommeil. Mais, mon esprit tourmenté n’arrivait pas à lui fournir. Soupirant et essayant de me relaxer, j’essayais de retourner encore et encore ce que me disait Zion pour l’aider au mieux. Car je voyais bien qu’en réalité, c’était peut être le coeur de son problème et la conséquence de son mal-être.

« Il faut surtout s’accepter tel qu’on est. Si la destinée t’as offert ce don, alors tu dois tout faire pour le mettre à ton service et surtout ceux des autres. Pour les protéger et les guider quand c’est nécessaire. La Voyance est un don assez rare, et qui est généralement... »

Je levais ma main doucement, puis je lui posais avec tendresse mon index sur le front. Lui affichant un grand sourire honnête et sincère, chose qui n’était que trop rare lorsque j’étais en public, je terminais mon raisonnement sur ce que je pensais de Zion.

« ... offert uniquement aux Sages. »

J’enlevais finalement mon doigt, puis rompant un peu le charme que j’avais voulu volontairement transmettre pour qu’il se souvienne bien de mes paroles, je reportais mon regard sur le lac.

« Mais je ne me fais pas de soucis pour toi. Certaines fleurs sont juste plus lentes à éclore. »

16.03.24 Zion ne put s'empêcher de lui jeter un regard digne du renard du tibet avant de se fendre la poire comme Alejandra le fit en sortant du contexte les mots qu'il venait d'utiliser alors qu'il établissait un plan pour parler avec @Freya Korrigan. Le Gryffondor haussa les épaules, un peu plus sombre, et répondit dans sa barbe, plus pour lui-même, comme s'il espérait ne pas revenir sur cette conversation qui l'agaçait péniblement.

« - Y a déjà pas de timing pour se voir... »

Et c'était tout ce qu'il comptait dire sur Freya. Par chance, Alejandra avait déjà trouvé un autre sujet où elle l'invitait à passer des vacances en Grèce. Zion lui fit part de son envie mais il lui révéla alors devoir aller faire un tour sur la terre de ces ancêtres pour pouvoir comprendre et appréhender au mieux son don de voyance. Ce dernier ne faisait qu'émerger et déjà, Zion avait des visions qui le tourmentaient bien trop selon lui.

Il fallait le dire que le monde avait toujours été très simple à ses yeux. Grand manichéen dans l'âme, probablement surboosté par cette jeunesse fougueuse dont il était l'un de ses défenseurs les plus endurants, Zion voyait son petit monde changer un petit peu trop vite pour lui, le poussant alors à se questionner et à remettre en cause l'intégralité de tout ce qu'il savait jusqu'à maintenant.

C'était, d'ailleurs, durant une de ses réflexions à s'en faire mal à la tête, que Zion comprit alors que Chinenye, sa grand-mère, avait déjà tant essayé de le faire grandir. Sans grand succès, bien évidemment. Pour l'heure, il s'était juré qu'il écouterait sa grand-mère avec plus d'intérêt à l'avenir et c'était d'ailleurs pour cela qu'il n'avait pas hésité une seule seconde à accepter la proposition de cette dernière lorsqu'elle lui proposa l'idée de se rendre en terre ancestral.

« - Tu peux venir, oui. Pas sûr que t'apprennes grand chose et c'est très loin du standing que tu connais. » Lui répondit Zion, ravi d'voir Alejandra montrer de l'intérêt pour cette espèce de voyage initiatique qu'il s'apprêtait à faire une fois sa quatrième année bouclée.

Alejandra semblait avoir une idée sur ce qu'il pouvait faire de son don. Zion se contenta d'hocher de la tête légèrement, l'observant quelques instants avant de baisser le regard pour le perdre quelque part dans le décors.

Cela faisait sens. Puis c'était un Gryffondor. Néanmoins, pour cela, il lui fallait maîtriser son don. Sans cela, il ne serait qu'une victime de la destinée, incapable d'aider qui que ce soit, sinon se perdre dans les méandres des possibilités.

« - Tu as sûrement raison. Il faut vraiment que je maîtrise le troisième oeil. » Il releva le regard vers Alejandra. « J'ai commencé à regarder quelques trucs à la bibliothèque, mais je pense qu'il faudrait que j'en parle au professeur de Divination. »

Zion ne l'avait toujours pas fait. Quelque chose l'en empêchait sans trop savoir quoi.