Heavy is the crown

02.03 Cela faisait un peu plus de trois semaines maintenant que le ministère de la magie avait placé ses pions au sein de l'école de Poudlard. Ici et là, au détour d'un couloir ou d'une salle de classe, il se trouvait un ou deux brigadiers chargés de protéger les étudiants des dangers du monde magique. Pour Farès, comme pour beaucoup d'autres enseignants, c'était quelque chose d'intolérable qu'ils avaient du accepter pour éviter quelques désagréments pour les étudiants. Il n'y avait jamais eut de peur dans le cœur du corps professoral. Seule la motivation de pouvoir assurer une surveillance sur la teneur du savoir divulguée à leur intention permettaient aux enseignants de rester calme le temps que les choses ne prennent une tournure qui les forceraient à agir pour le bien-être de Poudlard.

Farès s'était contenté d'observer depuis l'annonce de Korrigan, quelques jours après l'affaire Longerbane. Un évènement qui avait secoué la communauté magique britannique jusqu'à ses fondements sans pour autant la réveiller totalement. Les prémices d'une rébellion semblaient cependant gronder au sein des étudiants bien plus enclin à se battre pour ce en quoi ils croyaient que les sorciers déjà bien lancés dans la vie active. Farès, quant à lui, comptait bien les épauler même s'il lui fallait faire attention à ce qu'il faisait pour cela. En effet, entre ses traumatismes d'un jour revoir les remparts macabres d'Azkaban et la présence nauséabonde du ministère de la magie, Farès comptait la jouer fine.

Mais la jouer ainsi ne signifiait pas pour autant restait dans l'ombre. Par le biais de sa matière pourtant optionnelle, Farès comptait bien armé les étudiants afin de les aider à se défendre ou à attaquer en cas de besoin. Bien sûr, cela n'était que le début d'un plan qui n'était qu'à ses balbutiements. L'idée était aussi de les pousser à réfléchir par eux-mêmes, à se défaire des vices du pouvoir qui se servaient des médias pour endormir sa populace afin de commettre les pires exactions.

Aussi, il lui fallait s'approcher de Korrigan qu'il savait déjà être le porte-étendard d'une cause que le ministère de la magie comptait bien contrôler. D'où la présence des Brigadiers entre les murs millénaires de Poudlard.

Farès El Mahdi, dans sa longue robe de sorcier vert bouteille, prononça le mot de passe du bureau de Luke Korrigan. L'aigle de pierre laissa place à un petit escalier lui permettant de rejoindre le bureau majestueux du directeur de Poudlard. Farès s'annonça d'un raclement distingué de la gorge avant de joindre ses deux mains dans le dos comme au garde-à-vous, avant de saluer le professeur Korrigan.

« - Professeur, auriez-vous un moment à me consacrer, s'il vous plaît ? »

Bien sûr, avec toute la suspicion que lui insufflait la présence de la Brigade de Police magique, Farès n'avait pas pris le risque d'envoyer un courrier pour annoncer sa présence au cas où ce dernier serait lu par un agent ministériel.

Assis derrière mon bureau, une montagne de parchemin devant moi, je passais en revue plusieurs d’entre eux. Empruntés, ces derniers remontaient sur la piste du Chaudron de Dagda, une divinité celtique qui devait certainement être un puissant sorcier, disposant de divers artefacts surpuissants. J’avais abandonné cette piste depuis deux années, car le désespoir de le trouver m’avait finalement fait partir sur d’autres méthodes afin d’aider au mieux Eochaid. Mais, finalement, j’avais baissé les bras. Or aujourd’hui, j’avais repris les recherches mais uniquement par pure curiosité. A croire que si je ne pensais pas le trouver à des fins personnelles… Il finirait peut être par venir à moi.
Penché donc sur des parchemins en latin, je laissais mes lunettes traductrice essayer de traduire cela en anglais. Les caractères défilaient sous mes yeux, et j’essayais de voir où pouvait bien se situer cet artefact.
Soudain, le bruit des escaliers se firent entendre. D’un coup de baguette, les parchemins s’enroulèrent et ils filèrent dans une armoire située au fond de mon bureau circulaire. Me levant, j’allais moi même ouvrir la porte pour accueillir le ou la Professeur qui avait perturbé mes recherches. Tendant le bras, j’ouvris cette dernière pour tomber sur le Professeur El Mahdi.

« Bien sûr Farès, entrez donc. »

Je le laissais passer, puis je refermais la porte qui se scella automatiquement. L’observant dans sa robe verte bouteille, avec sa posture droite et sérieuse, et écoutant son ton légèrement ampoulé, je revins derrière mon bureau et je l’invitais à s’asseoir.

« J’ai toujours du temps pour les Professeurs, dites moi que me vaut l’honneur de votre visite ? »

Je rangeais un peu mon bureau, qui était un vrai cafarnaeum. Puis, une fois la place nette faites, je me mis au fond de mon fauteuil, attendant ce dont il voulait me parler. Même si j’avais déjà une petite idée, qui n’était pour l’instant qu’à mettre sous le compte des suppositions, je le fixais d’un œil perçant en me balançant sur ma chaise.

« Vous voulez quelque chose ? Un thé ? Un café ? » demandais-je poliment.

02.03 Farès remercia le professeur Korrigan d'un signe de la tête avant de venir s'asseoir en face de lui, après qu'il fut invité de le faire. Le professeur de Combats magiques passait généralement pour quelqu'un de très pompeux, de très officiel, de quelqu'un qui avait un respect pour les étiquettes assez prononcé. Au sein de l'école, il avait un peu ce rôle de maître d'armes beaucoup trop sérieux pour oser lui faire une blague avec son air professionnel et son charisme froid. Pour ceux qui l'avait connu du temps où il était étudiant, c'était le jour et la nuit.

« - L'actualité, professeur. » Répondit simplement Farès, jetant machinalement un regard vers les anciens directeurs de l'école qui observaient l'entretien quand ils n'étaient pas en train de dormir ou de vaquer à leurs occupations.

Luke lui poposa alors quelqu'un chose à boire. Farès, qui n'aimait pas le thé anglais pour des raisons évidentes, se contenta de demander un café. Il n'en avait jamais bu de bon, ce qui lui permettait de choisir cette éventualité lorsqu'on le lui poposait. Les anglais avaient un thé beaucoup trop... En faites, Farès trouvait la cuisine britannique de façon général sans saveur. Ce n'était pas les petits plats de sa mère ou les restaurants de la capitale quand bien même il fallait le reconnaître qu'à Poudlard, on y mangeait plutôt bien.

« - La présence des brigadiers est agaçante, professeur. Je suis parvenu à les tenir loin de ma salle de classe sous prétexte que si aucun d'entre eux ne parvenaient à me battre en duel alors personne ne pourrait les sauver de ce qui se passe dans ma salle de cours mais... Ils ont cette curieuse façon de tendre l'atmosphère ce qui n'est pas une chose appréciable lorsque l'on tente d'inculquer quelques connaissances dans la tête de nos jeunes étudiants. »

Son ton de voix était plutôt monotone. Il n'y avait pas un mot plus haut que l'autre si ce n'était le mot brigadier qu'il avait prononcé avec un certaine médisance.

« - La récente nomination du professeur @Maeve Cynfeirdd laisse entendre que vous devez rendre des comptes au ministère. J'aimerais savoir jusqu'à quel point vous êtes les pieds et poings liés. » Ajouta Farès, plongeant son regard sombre dans les yeux du directeur. C'était une question déplacée. Farès en avait bien conscience, surtout lorsque l'on connaissait la proximité de la famille Cynfeirdd et Korrigan. Mais pour le directeur de Poufsouffle, c'était quelque chose d'important à savoir car cela restreindrait, dans un premier temps, ce qu'il dirait au professeur Korrigan, puis dans un second temps, sa marge de manœuvre sur son plan de protection renforcé de cette école qui semblait être l'arène politique principal maintenant que le Ministère de la magie s'affichait comme les garants d'une sécurité visant à reléguer tout ce qui n'était pas sorcier au second plan.

Ainsi donc on en arrivait là. M’appuyant dans le fond de mon fauteuil, je me demandais l’espace d’un instant s’il venait juste confirmer ce qu’il pensait ou si je jouais si bien le jeu qu’il n’en était plus très certains. A vrai dire, je faisais semblant de suivre les directives ministérielles sans m’opposer, par crainte d’être remplacé par un individu bien moins bienveillant que moi. Je le regardais dans les yeux, faisant apparaître sa boisson d’un simple coup de baguette.

« Nous y voilà donc... »

Je passais ma main sur mon visage, d’un air assez fatigué. C’était le premier professeur qui venait aussi directement. Il n’y avait eu après tout que monsieur Anderson qui avait eu le courage ou la stupidité selon le point de vu de venir aborder ce genre de sujet. Là, il s’agissait du Professeur de Combat magique et du Directeur de la Maison Poufsouffle. On était sur un tout autre registre.

« Je sais bien. Pas plus tard que la semaine dernière, j’en ai égaré deux dans les catacombes, car ils étaient persuadés que j’allais faire une entourloupe… Alors que je me rendais juste aux toilettes. Vous savez, en bas, dans les cachots, elles sont mieux. Très peu utilisés, on est plus tranquille. »

J’hochais la tête comem si c’était une vérité générale. En vérité j’aimais bien le bousculer un peu aussi. Son aspect protocolaire et sérieux devait certainement cacher quelqu’un d’extrêmement drôle ; et je n’avais jamais réussi à percer la carapace. Reprenant un peu mon sérieux, je poussais des parchemins et je poursuivais :

« Mais je ne peux pas non plus m’opposer à la volonté du Ministère. Il y a un équilibre à trouver. Si je m’oppose, ils nous envahissent. Résistance ou pas, on tombe au vu du nombre et de leurs moyens, et ils changent l’intégralité de l’équipe éducative et la direction. Et moi vivant, il est hors de question que des gens comme Crowley mettent leurs idées nauséabondes dans la tête de nos étudiants. C’est un triste sacrifice qui nous faut tous prendre et comprendre, car ce n’est pas ce qui est, qui est dangereux. Au final, c’est ce qu’il pourrait être et avoir lieu. »

Contrairement à Anderson, Farès avait le niveau pour comprendre quand je parlais vite. Bougeant mes mains, j’avais viré quelques parchemins de manière nerveuse. Je ne pensais pas me justifier et ça m’énervait qu’aucune personne ne soit saine d’esprit et ne comprenne ma stratégie dans ce fichu château.

« Quand au Professeur Cynfeirdd, je lui accorderai ma vie et celle de n’importe quel étudiant dans ces murs. Je lui avais proposé avant que le Ministère ne le fasse. C’est un très mauvais coup de la part d’Ambrosius Astor, car il a mis quelqu’un de confiance, et de compétent à ce poste. Croyez moi, dormez sur vos deux oreilles en ce qui la concerne Farès. »

Je le regardais en croisant les bras. Il me restait une dernière chose à lui répondre. Gardant le même rythme de parole, je me mis bien au fond dans mon fauteuil et je continuais à poursuivre mon raisonnement :

« Quand à savoir si je suis libre, c’est le cas. Comme un oiseau un jour de printemps. Mais si vous avez des idées réalisables, qui n’amènent pas le Loup directement dans la bergerie pour tous les dévorer, alors je suis à l’écoute. On n’est jamais trop nombreux à chercher les bonnes idées. »

02.03 Farès El Mahdi ne put réprimer son dépit lorsque le professeur Luke Korrigan parla des toilettes dans les cachots. Il n'avait jamais compris comme un sorcier comme le directeur de Poudlard, aussi intelligent et redoutable en magie qu'il était, pouvait se montrer parfois aussi vulgaire. Farès voyait cela comme un besoin de s'auto-saboter là où il n'avait pas besoin de le faire puisque la presse se contentait très bien de le faire. C'était peut-être là un moyen de montrer aux autres que Luke se fichait bien de ce que les autres pouvaient penser de lui. Une méthode déroutante pour le professeur de Combats magiques qui aimait l'éthique et la dignité plus que n'importe quoi. C'était pour cette raison, d'ailleurs, qu'il n'avait pu reprendre son poste de capitaine au sein de la Brigade. Après avoir été trainé dans la boue alors que le bureau le mettait suspect numéro un dans l'affaire du meurtre de sa femme, Farès avait définitivement fait un trait là-dessus, bien que ce fut à contrecœur, lui qui aimait l'ordre et la sécurité.

Le directeur de Poufsouffle se contenta de ne rien dire, écoutant attentivement ce que le directeur de Poudlard disait, notant bien chaque information que Farès jugeait importante pour cette partie d'échecs dans laquelle Luke Korrigan allait devoir jouer contre le ministre et ses suppôts de sang pur. Légèrement rassuré de voir que le professeur Korrigan était bien conscient de tout ce qui pouvait découler de la situation actuelle, Farès ne put s'empêcher d'acquiescer d'un signe de la tête, comprenant alors que Luke cherchait une façon discrète pour se défaire de la présence du ministère de la magie.

Farès ne put s'empêcher de fermer avec lenteur ses paupières, faisant légèrement claquer sa langue sur son palais, démontrant alors les premiers signes d'un sourire qui ne viendrait pourtant pas. Mains sur sa cuisse, il se redressa légèrement pour saisir la tasse qui venait d'apparaître pour venir tremper le bout de ses lèvres dans son café.

« - Je compte protéger l'école en me servant des élèves pour se faire. »

Une vive lueur brilla dans son regard sombre. Une lueur de défi et d'excitation se mettant ensemble pour danser avec une élégance dans ses iris d'un jolie brun.

« - L'idée est d'armer les élèves, de confiance, de savoir et de connaissances afin de se tenir prêt au cas où il y ait besoin. J'aurais besoin d'une salle à l'abri des regards dans un premier temps. »

Le professeur El Mahdi ne connaissait pas Poudlard comme devait le connaître Luke Korrigan.

« - Je n'ai pas pour prétention d'être capable de nous défaire du ministère de la magie, mais il m'est inconcevable de laisser cette entité prendre la main mise sur cette école alors qu'ils véhiculent des idées qui vont à l'encontre même de ce que nous enseignons ici à nos élèves. »

Il posa sa tasse devant lui, ramenant alors ses mains jointes sur sa cuisse. Farès avait déjà combattu entre ses murs contre les Mangemorts qui tentèrent de prendre possession de l'école il y a plus de vingt ans. L'idée de dégainer de nouveau sa baguette magique pour se faire ne lui déplaisait pas, bien au contraire.

Prenant le café qui était apparu devant moi, je le regardais dans les yeux sans rien dire. Mon regard passa d’un air un peu rêveur et perdu sur l’extérieur en observant la fenêtre. Cette dernière semblait comme m’appelait. Je me levais, signe que je ne pouvais comme à mon habitude par tenir en place en de pareilles situations. J’étais l’opposé du professeur et directeur de Poufsouffle si l’on nous regardait de l’extérieur. Arrivant au niveau de la fenêtre, je me contentais de répondre en regardant le terrain de Quidditch.

« C’est déjà votre rôle et votre fonction au sein de cet établissement en tant que garant du savoir magique réservé au combat. Je crains que je ne puis rien faire de plus si ce n’est de vous dire de continuer comme vous le faites admirablement. »

Je continuais de regarder l’extérieur. Tout le monde était en demande de ça, enfin, beaucoup d’étudiants. Mais d’autres n’étaient pas de cet avis et je devais être le directeur de tous les étudiants… Même des enfoirés de première. Et puis, encore une fois si je ne voulais pas que Poudlard tombe aux mains de quelqu’un de bien moins sympathique, je me devais de faire profil bas.

« Je crains, ne pas être en mesure de faire ce que vous désirez, qui s’apparente à un complot envers le Ministère, Professeur. » dis-je d’une voix éteinte en regardant toujours l’extérieur.

Je me dirigeais alors à nouveau vers mon bureau. Prenant mon café d’un calme olympien, j’en trempais mes lèvres et je le regardais dans les yeux, avec un petit regard espiègle. Déposant ma tasse, je continuais cependant :

« En revanche, je crois que toute association est en droit de se former à Poudlard sans en avoir à informer le directeur. Que cette association est libre d’utiliser les locaux qu’elle désire du moment qu’elle est sous la supervision d’un enseignant. Que cette association peut très bien monter aux septième étage, passer trois fois devant la tapisserie représentant Barnabas le Follet, et de demander les locaux qu’elle désire et je suis certains qu’elle sera entendu par le Château. »

Je le regardais toujours d’un air malicieux. Puis, je dépliais un parchemin, que je regardais. Il tombait bien d’ailleurs d’être ici en ma présence car je devais le convoquer pour lui parler de quelque chose d’important.

« Mais je demande à cette association de rester discrète et de bien choisir les étudiants qui participent à ces cours… Car certains cafards sont bien présents dans ce vieux château, et c’est toujours autant difficile de s’en débarrasser... »

Je glissais alors le parchemin devant lui. D’un air assez grave je le fixais dans les yeux :

« Maintenant que vous avez une réponse, vous devriez lire ceci. Votre matière devient obligatoire pour le semestre prochain. Il serait donc fort fâcheux que le Président d’une éventuelle association se fasse attraper, car il peut déjà depuis l’intérieur armer qui il veut, comme il l’entend. »

02.03 Farès ne réagit pas tout de suite lorsque le professeur Korrigan dévoila à haute-voix l'étendu de son plan. La commissure de ses lèvres aurait pu s'étirer légèrement s'il n'avait pas été aussi strict. Farès était constamment sérieux, comme si aucune autre émotion ne pouvait se dessiner sur son visage, donnant cet air étrange qu'il arborait avec une certaine dureté, mettant au défi quiconque s'amuserait à lui manquer de respect. Directeur de Poufsouffle, Farès était aux antipodes de ce que la maison d'Helga, dont il avait pris la direction, représentait aux yeux de tous. Peu de gens se rappelaient alors de quel genre de sorciers il était lorsqu'il était plus jeune.

Comme suspecté, le professeur Korrigan ne tarda pas à ajouter ce que Farès attendait depuis le début. Une petite lueur espiègle scintilla dans ses yeux marrons alors qu'il baissait le regard un court instant, jetant même un regard par de là la fenêtre, non sans une certaine fierté d'obtenir ce qu'il était venu chercher. Il finit par reporter son regard sur le directeur de Poudlard avec une expression curieuse alors qu'il voyait se dessiner, dans ses pensées, le fameux couloir que le professeur Korrigan mentionnait.

Avec une moue surprise, il hocha de la tête, visiblement content de voir que Poudlard lui réservait encore des surprises, même après toutes ses années. Tout du moins, c'était ce que l'on pouvait imaginer en observant Farès et son impassibilité légendaire.

« - Bien sûr, professeur. J'ai quelques idées en tête. Cependant, je ne compte pas me précipiter. Chaque chose en son temps. »

Farès avait besoin de voir de la droiture, du sérieux et une certaine dignité. Combattre pour ses idées étaient quelque chose qu'il appréciait. Et récemment, il y avait au moins quatre élèves qui s'étaient levés pour dire ce qu'ils pensaient des mesures ministérielles que le professeur Korrigan avait annoncé le neuf février : @Xris Andērson, @Milo McLeod, @Siobhán Gavalagh-Korrigan et @Zion Webb.

Bien sûr, Farès se garda bien de mentionner les élèves auquel il pensa, préférant tendre l'oreille pour entendre le professeur Korrigan annonçait que les cours de Combats magiques deviendraient obligatoire jusqu'à la fin de l'année. Farès écarquilla grand les yeux, visiblement ravi. La lumière étincela brièvement son visage, lui retirant dix ans de moins bien facile, avant qu'il ne se reprenne.

« - Merci, professeur. Je compte bien vous convaincre de la maintenir obligatoire pour les années à venir. Beaucoup de choses bénéfiques peuvent en ressortir pour nos élèves, notamment la discipline, l'assiduité et un peu d'honneur. »

Dire qu'il comptait bel et bien le lui demandait à la fin de leur entretien. Cela signifiait donc que celui-ci touchait à sa fin. Farès tendit sa main vers la tasse pour l'en vider de son liquide ambré avant de finalement se lever.

« - Et bien je pense que ce sera tout pour moi, professeur. A moins ce que vous aillez autre chose à me dire, je vais prendre congés. » Fit Farès, toujours aussi protocolaire.

Je le regardais en joignant mes mains d’un air assez tranquille. Il souhait déjà partir ? Mais la conversation ne débutait qu’à mes yeux. Je l’avais aidé et guidé, car il n’y était pas aller par quatre chemin et il avait pris le risque de se faire renvoyer sur le champs si j’avais bel et bien été du côté du Ministère. A croire que j’avais en face de moi un mauvais réparti encore une fois, qui avait plus sa place à Gryffondor qu’à Poufsouffle…

« Cette matière était obligatoire il y a longtemps. Elle a été jugé inutile en temps de paix, et écarté du programme pour se concentre sur la magie du savoir. Ce n’est pas un mal. A époque troublée, décision du passé... » dis-je en souriant très légèrement.

Finissant mon thé, je continuais de le regarder dans les yeux. Posant ma tasse, je l’écoutais me demander de prendre congés et je fis légèrement « non » de la tête, parce que je n’avais pas fini. Avant je voulais savoir quelque chose. Quelque chose de précis. On avait tous une raison de résister, de se battre. La mienne était simple : mes enfants étaient des hybrides et j’avais souffert par le passé de ceux qui nous gouvernait aujourd’hui. Mais la sienne ?

« Non, parce que je n’ai pas terminé. Je ne suis pas réputé pour faire de cadeaux, même à mes enseignants... » dis-je avec un léger sourire « J’aimerai connaître les raisons de cette décision de votre part, ou du moins une ébauche si cela est trop personnel. Nous avons toujours quelque chose à défendre, Professeur El Mahdi. C’est rare de voir les gens prendre des décisions par pur altruisme, ça n’existe pas d’ailleurs, il y a toujours une cause qui a déclenché la conséquence. »

Je continuais de le regarder dans les yeux, pour savoir jusqu’où il était prêt à aller et surtout si sa cause état une folie ou quelque chose de légitime. Car s’il agissait par folie et vengeance, il était dangereux.

« Vendetta ? Hybridité ? Ou passion pour la justice ? Mais je doute que la dernière option soit réelle pour qui que ce soit. Vous n'êtes pas obligé de répondre. C'est juste pour savoir jusqu'où nous pouvons nous faire confiance mutuellement. » dis-je en souriant à demi-mot.

02.03 « - Mes raisons ? » Répéta Farès, surpris.

Devait-il y avoir réellement des raisons pour se mettre du côté des opprimés ? Le professeur El Mahdi resta un moment silencieux, observant le professeur Korrigan en se demandant bien où ce dernier voulait aller. S'il y avait bien quelque chose sur lequel Farès ne s'étendait jamais, c'était bel et bien sur ce qu'il avait dans la tête. Ses pensées, ses envies, ses passions, ses goûts et ses dégoûts lui étaient personnels et il veillait bien à ce que cela le reste. Le directeur de Poudlard avait beau se montrer aussi clairvoyant que Farès l'avait souhaité en se rendant dans son bureau, cela ne voulait pas dire qu'ils étaient suffisamment proches pour que Farès ne lui raconte ce qui l'animait réellement.

D'une part, parce qu'il trouvait cette question déplacée parce qu'ils n'étaient, pour l'un et l'autre, que de simples collègues. D'autres parts, parce que Farès n'avait pas toutes les réponses à cela et qu'il se doutait qu'en plus de sa croyance et de son désir d'équilibre et de justice, il y avait forcément un peu de cette haine qu'il ressentait profondément dans son cœur à l'égard de l'organe dirigeant du Royaume-Uni. Certaines blessures n'étaient pas faites pour se refermer et celle-ci ne le serait probablement jamais. Quelque part, quand on regardait bien, on voyait les traces d'Azkaban dans le fond de ses iris alors qu'il y avait été envoyé à tord.

« - Je n'aime pas l'injustice. Je pensais qu'après ces quelques années à travailler en collaboration avec vous, vous en seriez rendu compte, professeur. » Répondit Farès, quoiqu'un peu sèchement.

Inconsciemment, Farès avait laissé tomber ses bras le long de son corps, se mettant au garde-à-vous.  

Je me levais alors avec un calme olympien. Un sourire léger sur les lèvres, je me contentais d’observer le professeur de duel dans les yeux. Dans le plus profond de ses yeux. Avec un léger soupire, je lui tendis la porte de la main, car il ne demandait en réalité qu’à sortir.

« Vous mentez aussi mal que vous êtes un excellent Professeur, Farès El Mahdi. » dis-je sincèrement.

Je ne voulais pas le vexé, aussi, je me dirigeais vers la porte pour lui ouvrir, dans un geste sec, rapide, précis et bien organisé. La porte était ouverte, désormais, et Poudlard était pour lui. Passant un regard dans l’escalier que je savais vide, ainsi que le couloir je me permettais de rajouter avec clairvoyance, sincérité et un soupçon d’amitié.

« Mais c’est à tout à votre honneur. Ce sont des gens comme vous, dont nous avons besoin au quotidien pour épanouir nos vies. Tâchez simplement de ne pas vous perdre en chemin. » dis-je avec un regard assez énigmatique.

Puis je lui indiquais la porte des yeux. Il n’y avait rien à rajouter. Je savais que le directeur des Poufsouffle n’était pas du genre à s’épancher, se confier. J’avais ouvert la brèche, tendus les bras et il n’avait pas saisi l’opportunité de se confier. Et à en juger par sa posture, il n’irait pas plus loin. Levant la main, comme pour l’arrêter avant qu’il parte, je trouvais simplement bon de rajouter.

« Prenez Monsieur et Mademoiselle Korrigan avec vous. Je suis sur qu’ils auront beaucoup à apprendre. Et c’est bien évidemment le père qui parle, pas le Directeur de Poudlard. »

Avec un sourire franc, je lui fis un léger clin d’oeil, lui montrant la sortie, à moins qu’il ne veuille plus se confier sur les raisons de cette rencontre. Ce qui, à mon grand regret devait être la dernière de ses intentions.