Awakening (Ft Riley)

ft. @Rodney Fitz

Elle dut se faire violence pour ne pas ouvrir un seul oeil et regarder la scène qui se passait à quelques centimètres d'elle. Au lieu de ça, Riley entreprit de se concentrer sur ce que son frère venait de lui apprendre l'air de rien, comme si ça n'était pas si grave qu'une voix de l'au-delà l'ait mise en garde verbalement avant de s'en prendre à elle physiquement. Là où Rodney n'avait pas tord, c'était en lui rappelant que sa meilleure amie serait plus à même de lui donner des réponses. Après tout, si quelqu'un était calée dans tout ce qui avait trait à l'intangible, c'était bien Alecto.

Mais en attendant de pouvoir s'entretenir avec la préfète de Poufsouffle, Riley pouvait prendre le temps de se délecter du jeu d'acteur de son frère jumeau. Et rien de mieux pour se distraire que de rentrer dans son jeu en prenant à son tour le rôle de la pauvre fille qui venait de sortir du coma. Une fois l'infirmière sortie, Riley reste dans sa position, consciente qu'elle est sous l'effet d'un sort qui analyse son état général. Elle va même jusqu'à garder les yeux fermés, mais ne peut s'empêcher de laisser un sourire poindre au bout de ses lèvres en entendant son frère lui partager ses recommandations de dernière minute.

Riley pensait avoir un peu de temps pour entrer dans son rôle, mais elle avait visiblement sous-estimé l’importance de son cas auprès du personnel de Sainte-Mangouste. Elle n’eut même pas le temps de trouver une explication magique digne de ce nom. Au lieu de ça, la Poufsouffle resta immobile dans son lit alors qu’elle sentait une présence s’approcher d’elle. Une fois que le médecin fut suffisamment prêt, Riley bougea un doigt, puis l’autre, avant de se concentrer sur ses orteils aux extrémités de ses jambes. Un grognement s’échappa de sa bouche, comme lorsqu’elle se réveillait après une bonne nuit de sommeil.

Mhpfr ? fit-elle en bougeant légèrement ses paupières, avant qu’elles ne s’ouvrent à moitié pour mieux laisser penser que la lumière blanche au-dessus de sa tête l’aveuglait. Chacune de ses actions était plus artificielle que la précédente mais à ce stade, il n’y avait pas d’autre choix que d’être crédible. L’infirmière et le médecin étaient de toute façon trop préoccupés par ses variables pour prêter attention aux détails de son réveil.

« — La fréquence cardiaque est bonne, la température du corps aussi… Les réflexes ?
— Je regarde tout de suite, docteur… »

Riley eut le plaisir de se voir ouvrir en grand ses yeux mi-clos, contre son gré. Elle crut bon de réfréner sa remarque désagréable à l’intention de la-dite infirmière, jaugeant qu’il était encore sûrement trop tôt pour ce genre de remarques…

« — Les pupilles réagissent normalement à la lumière.  
— Bien... Très bien…  »

Une étrange tonalité dans la voix du docteur laissait à penser que la situation ne le ravissait pas entièrement, probablement parce que le mystère de ce réveil était encore entier. Mais il ne tarda pas à tenter de l’éclaircir.

« Je suis le docteur Gibson. Mrs Fitz, vous m’entendez ?  », demanda-t-il avec une voix forte en faisant claquer ses doigts près de son oreille pour tenter sans doute d’accélérer le processus. « Est-ce que vous m’entendez ? », répéta-t-il. La réponse ne lui était pas parvenue assez rapidement et il s’impatientait déjà.

« Oui, oui... vu comment vous criez... », grogna finalement Riley, sa mauvaise humeur camouflée derrière un réveil trop violent.

« Ah, parfait. Comment vous sentez-vous ? Savez-vous où vous êtes ? Vous rappelez-vous ce qu’il vous est arrivé ? »

La jeune femme en fit des caisses pour se redresser dans son lit, aidée par l’infirmière et ses gestes brusques pour que son dos soit droit comme un i. Elle gagnait du temps, jusqu’à ce que le médecin se rappelle à elle impatiemment.

« — Mrs Fitz ? Avez-vous mal quelque part ?  
— Non », répondit Riley, consciente qu’elle ne pourrait pas pousser davantage les limites de la patience de ce cher docteur Gibson, de plus en plus désagréable. « Je me sens… bien, même si j’ai l’impression d’être dans un marécage rempli de crapauds particulièrement bruyants. »

«  C’est normal qu’elle tienne des propos incohérents. Elle doit avoir mal à la tête, c'est logique après avoir passé tant de temps dans le coma », reprit le docteur Gibson à l’intention de Rodney. «  Il faut un peu de temps pour qu’elle se réveille. Mrs Fitz, répondez à cette question et je vous laisse tranquille. Vous souvenez-vous de ce qu’il vous est arrivé avant d’arriver ici ? »

Riley prit quelques instants pour faire semblant de se remémorer. Puis son regard changea, comme si elle venait brusquement de comprendre quelque chose.

« — Je me souviens…
— Oui, Mrs Fitz ? Poursuivez.
— Je dormais… Et je suis tombée dans les escaliers.
— Vous avez fait une crise de somnambulisme ?
— Oui.
— Et vous êtes tombée dans les escaliers. C'est tout ?
— Oui. Ceux de Poudlard sont très capricieux et je…
— Je connais très bien les escaliers de Poudlard, Mrs Fitz, je vous remercie », la coupa-t-il finalement, visiblement déçu de l’issue de cette entrevue.

« Bien. Vous vous en sortez bien, avec seulement quelques ecchymoses mineures. Vous avez eu beaucoup de chance, Mrs Fitz. Nous avons retrouvé de la feuillereve dans votre organisme et je crains que votre chute ne soit pas le fruit du hasard. Mais, soit. Nous allons vous laisser reprendre vos esprits. Si toutefois quelque chose vous revient, ou que vous avez mal quelque part, n’hésitez pas à appeler l’infirmière. »

Puis, comme ça, il s’effaça et Riley se retrouva seule avec Rodney.

« Alors, j’étais comment ? », demanda-t-elle à son frère, tout sourire après avoir soigneusement éludé chacune des recommandations qu'il lui avait données... ou plutôt, après les avoir toutes oubliées.

ft. @Rodney Fitz

Son sourire s'amenuisa en un claquement de doigt. Ses épaules devinrent lourdes, tout à coup. Probablement la conséquence directe du manque d'approbation de son frère jumeau alors que Riley venait de tout donner pour lui apporter satisfaction. Peut-être un peu trop d'ailleurs... Au point qu'elle ne trouvait pas en elle l'énergie suffisante pour répliquer.

« Ce qu'ils pensent, je m'en tartine le nombril avec le pinceau de l'indifférence, si tu vois ce que je veux dire. Quoique je fasse, ils ont un avis sur tout, de toute façon alors autant les laisser parler. Au moins, ça les occupe. »

Heureusement, elle avait toujours quelques références moldues en stock pour donner l'illusion que tout allait bien.

Mais c'était tout sauf le cas.

Dans son esprit, les contours de ses pensées étaient flous. Elles en devenaient si abstraites que Riley n'arrivait pas à se concentrer plus de quelques secondes d'affilées sur le même sujet.

Il fallait dire qu'avec cette voix intérieure qui lui parlait parfois, elle ne s'entendait pas toujours penser.

« Quoi ? Qu'est-ce que tu viens de dire ? », demanda-t-elle brusquement, les yeux ronds comme des ballons.

Riley aurait juré avoir entendu son frère lui dire quelques banalités à propos de la mort et du fait qu'elle ne devrait pas être là... Que son heure allait arriver et qu'il finirait par l'avoir. Mais ça n'avait aucun sens. Devant ce complet hors-sujet, elle dut se faire violence pour se rappeler de ce que son frère avait réellement dû lui dire. Elle prit quelques instants pour répondre.

« Ah. Euh, oui, ça va. Enfin, je crois. » Un silence, et puis... « Quoique, j'ai rien dit. Je suis un peu fatiguée, tu sais. Je crois que je vais dormir un peu. Ça te dérange pas ? Tu peux rentrer, si tu veux. T'es pas obligé de rester là. T'inquiètes, il va rien m'arriver, à part peut-être m'étouffer avec la bouffe dégoutante d'en haut... Ah ah... Mais je m'en remettrai. Bref, tu fais comme tu veux Roddy. »

Une partie d'elle ressentait le besoin cruel d'être seule pour tenter de faire le point, et l'autre refusait catégoriquement de ne pas avoir son frère ainé dans son périmètre pour pouvoir respirer correctement.

Restait à savoir pour quelle option Rodney allait opter...