That's Just The Way It Is — ft. Luke Korrigan

Le Temps faisait bien des choses. Il était rapide et foudroyant pour quiconque le considérait comme heureux. Et lorsqu’il était maudit, alors il passait lentement, très lentement. Dans les moments les plus sombres de l’existence, il nous rappelait qu’il était là pour jouer avec nous, comme une extension de la malice.
C’était la conclusion que j’en avais fait, car ces derniers temps, la vie avait fait que j’étais en reparti pour la tourmente et la solitude incessante.
Depuis plusieurs jours, je n’avais pas quitter mon bureau, et j’avais demandé à personne de me déranger. Etudiants, Enseignants, Sorciers, Elfes, Tableaux et Fantômes. Tous, obéissait à cette règle primaire et qui, pourtant, en ces moments si sinistres je me refusais d’appliquer. Je n’avais jamais fait acte d’autorité, sauf ses derniers jours, et paradoxalement c’était pour avoir le silence et la solitude.
Entendant la porte s’ouvrir derrière moi, je levais les yeux vers un miroir afin de voir le visage de ma fille rentrer et s’avancer. Je ne bougeais pas. La laissant se bercer dans l’illusion que j’avais crée pour les plus téméraires d’entre eux. Ironie du sort, personne n’était venu et tous m’avait laissé en paix. Tous, sauf elle. Un léger sourire en coin passa sur mon visage couvert de sui, de sang et de poussière. Mais ça, elle ne pouvait le voir pour l’instant. Tournant la pierre aux graphèmes ancestraux, tradition et magie de notre famille, je l’écoutais me parler d’Ares Longerbane, de Maeve, et de Jameson. Bercée encore par l’illusion du bureau telle qu’elle était d’ordinaire, à savoir moi assis immobile et souriant observant les gens qui avaient le bonheur d’avoir des petites leçons de vies, ou des piques bien placés, je la regardais se laisser prendre par la magie des anciens, à laquelle elle ne s’était jamais intéressé.
Encore une ironie du sort. Non.. Encore une faute d’éducation. Ma silhouette créait par magie se contenta alors de plisser les sourcils, comme s’il réfléchissait dans son fauteuil, inquiet. Je me contentais de l’observer dans le miroir, de là où je me trouvais légèrement.
Elle avait grandi. Elle avait mûri et changé. Et aussi, avec cela, accepter finalement son destin et son nom sans le vouloir…
Elle partait à la guerre, et elle y partait par amour. Au final, n’importe quel Korrigan aurait pu être fier d’elle à ce moment là…

« Alors pourquoi tu viens ? »

L’illusion se dissipa. Les formes solides du bureau et de l’endroit autrefois accueillant disparurent. La pierre dans mes mains scintilla quelques instants, une épaisse fumée verte, couleur de notre sang et magie remplaça tous les éléments de décors que j’avais rajouté en cas d’intrusion. Parchemins, meubles et même ma propre silhouette disparut. Les chandelles également, montrant qu’en réalité nous n’étions que dans le noir, éclairé par les rayons de la lune qui passaient à travers mon bureau. La réalité avait maintenant chassé l’illusion. Le bureau était vide, et les parchemins étaient au sol, de par et autres comme si quelqu’un en colère les avaient projeté sur le sol. Les chandelles n’avaient pas étaient rallumé, et tombaient toutes tristement sur le sol. Une armoire était brisée, une pensine également éclatée sur le sol. Le désordre était maître, mais en même temps s’était la réalité. Plusieurs objets sur le sols, et divers grimoires ouverts attestaient plus ou moins de ce que j’avais fait ces derniers jours. Un étrange sable, qui semblait vibrer et battre comme un coeur étaient parsemé ça et là, et surtout, une vieille bonbonne de verre ancienne était brisée au milieu de tout ce capharnaüm.
Je me retournais enfin, révélant une silhouette usée par les derniers jours. Assez inquiétante au demeurant, mais pas assez pour l’alerter outre mesure. Elle m’avait vu ainsi, de rare fois où je travaillais sur mes recherches, m’oubliant souvent moi même.

« Si tu as déjà pris ta décision, pourquoi tu viens ? » répétais-je

J’étais assez dur. Je serrai l’Ogham dans ma main à regret. Je n’avais pas été élevé de manière correct, et je savais que parfois je pouvais reproduire des schémas qu’il ne fallait pas. Ether m’avait rendu meilleur, et m’avait étrangement à être un bon père, sans n’avoir jamais été là. Elle m’avait transformé, donné confiance en moi et en l’avenir., ce que j’avais voulu transmettre à ma propre fille et mon propre fils. Mais aujourd’hui, elle n’était plus là. D’ailleurs, il n’y avait plus grand monde.
Essayant de paraître plus doux, et moins dur, je fis une mimique serrée avec mon visage et je cherchais mes mots alors que j’avançais vers elle à la lueur de la lune. Convenant que l’endroit n’était peut être pas accueillant, je fis apparaître de vrais chandelles cette fois-ci pour nous éclairé, et j’attisais le feu de la cheminée à l’opposée de la fenêtre pour nous réchauffer. Enfin, surtout moi.

« Je sais très bien que tu ne changeras pas d’avis. Ai-je réussi une seule fois dans ta vie à te faire changer d’opinion ? »

Je pris une bouteille sur la table, à l’aspect étrange et qui n’était autre qu’un filtre revigorant. Un des derniers me restant d’Améthyste. Je relevais les yeux vers elle et je le posais sur la table afin qu’elle puisse en attester l’odeur et voir que je n’étais pas devenu assez fou pour sombrer dans quelque chose qui ne m’avait jamais intéressé et attiré.
Je me mis à ricaner d’amusement, car les deux prénoms que j’avais entendu m’avait bien fait sourire...

« Si Maeve et Jameson sont au courant alors tant mieux. Tu as déjà une bénédiction non ? » dis-je toujours sur le ton de la plaisanterie. « Soyons sérieux deux minutes. Enfin surtout moi. Si c’est ce que tu veux, et ce que tu désires le plus au monde, alors vas-y et soit prudente. Je ne t’ai jamais rien refusé. »

Je contournais mon bureau, et j’entrepris de faire un peu de ménage à la main, car les artefacts que j’avais explosé de colère en essayant de les manipuler toléraient mal la magie. M’approchant de l’immense globe de verre brisé, je commençais à ramasser les morceaux avec une précaution extrême, faisant un signe de la main à Siobhan de ne surtout pas approcher.

« A croire que les Longerbane nous devront plus d’une dette... » commençais-je amusé. « Et oui, si tu te poses la question, c’est un Retourneur de Temps. Enfin, c’était car il était brisé et j’ai essayé de le reconstruire. Mais ça n’a pas fonctionné. Jouer avec ce genre de chose n’apporte qu’échec et erreur… Retiens bien ça. »

Je continuais de ramasser les morceaux, relevant ma tête vers elle, je la regardais finalement dans les yeux, accroupi.

« Tu as besoin de quelque chose ? D’aide ? Est-ce que tu veux que je vienne avec toi ? » demandais-je simplement sur le ton de la conversation.

Je l’écoutais poser ses questions comme à son habitude, simples, précises, et qui demandaient surtout une réponse immédiate et plus que correct. Dans un silence un peu long, je déposais les restes du fragment de retourneur de temps que j’avais essayé de reconstitué et je me levais pour trouver sur le sol un espèce de bocal étranges en verre, ancien et parcouru de plusieurs runes. Revenant là où j’étais, j’ouvris le bocal et je sortis ma baguette pour attirer le sable vers ce dernier. Alors qu’il s’envolait, ce dernier vibrait dans un rythme régulier, comme s’il respirait. Mes yeux plissés de concentration, j’attendis que le dernier grain soit rentrer pour le sceller à nouveau d’un coup de baguette. Avec calme, alors que ce dernier battait encore dans son globe de verre, je me redressais et je regardais ma fille pour enfin répondre :

« Je plaisante, pour ce qui est de la dette. Nous n’avons rien à attendre d’eux, puisque nous ne faisons pas cela pour eux, mais pour ce qu’ils représentent et ce qu’ils ont fait. Ils sont comme toi, et si l’on ne peut plus aider ses pairs dans le besoin, alors on ne vaut pas grand-chose. »

Je décalais le bocal avec précaution afin qu’il ne reste pas trop proche de moi. Rassemblant les éléments métalliques et les bouts de verre brisés qui restaient, je pris encore quelques temps pour répondre, afin de chercher une meilleure façon de lui dire la vérité cette fois-ci, sans rien lui cacher.

« J’essaie depuis des années de reconstruire un Retourneur de Temps. Pour revoir ta mère te tenter de sauver ton oncle. » dis-je simplement sur le ton de la conversation. « L’idée m’est venue par hasard, alors que je les croyais tous perdus ou complètement détruit, je suis tombé sur un Fragment. Puis, j’ai rassemblé les savoirs des Artificiers qui parlaient du sujet, mais beaucoup on était détruit ou ont disparu. J’ai donc essayé de bricoler plusieurs fois quelque chose qui y ressemblait, avec mes connaissances, mais je n’y suis jamais arrivé. La plupart du temps, j’arrive à revenir à un point précis du temps. Je ne suis que spectateur, je n’ai pas d’enveloppe physique. C’est… comme une Pensine, sauf que c’est réel. J’ai le bruit, les odeurs, la vue bien aiguisé… Puis le Retourneur se brise et je suis aspiré dans la tornade du Temps pour revenir à mon point d’origine. »

Je lui montrais alors mes notes, que je ramassais aussi par terre. Comme tout ce que je faisais quand je faisais de la recherche, ce n’était que pour moi. Majoritairement des brouillons, avec plusieurs Retourneurs de Temps et divers pièces dessinées. Il y avait des formules sur la droite, liste dans un ordre précis, dans différentes langues actuelles ou pour la plupart oubliée.

« Mais à chaque fois c’est un échec. Je viens de te le dire. Et puis, quand on y réfléchit, si je retourne dans le temps, je ne sais pas vraiment ce que je ferai. Je pense que c’est la peur de faire une action qui vous effacerait de l’existence Finn et toi qui me ramène à chaque fois. Je fais ça uniquement quand je manque de sagesse. Car je ne peux pas revenir pour sauver ta mère. Ca m’est impossible sinon je vous perdrais et ça c’est bien évidemment hors de question, je ne suis pas fou. Pareil pour ton oncle... »

Je lui indiquais un tableau noir au font de la pièce où étaient affichés les points précis du temps ou je voulais revenir. Il y avait deux dates. Quelques jours avant la naissance des jumeaux, et le jour où Eochaid était parti pour le Marais Maudit.

« Si je reviens là… Ta mère me tuerait et me hurlerait de rentrer de toutes ses forces. Et si je reviens là... »

Je pointais le jour où Eochaid était parti.

« Ton Oncle me rirait au visage, en me disant que je suis le plus brillant des fous. Mais… que je reste un fou, et que les hardis n’écoutent pas ceux qui ont la raison brisée. Il a toujours été du genre à accepter sa destinée... » dis-je d’un ton plein de mélancolie.
Je tournais enfin le dos, effaçant le tableau et commençant à user de magie pour remettre de l’ordre. Faisant quelques mouvements de poignets, les éléments tels que les grimoires parchemins ou morceaux de métaux commencèrent à s’envoler pour aller dans différentes armoires et bibliothèques. Beaucoup partir dans la Réserve du bureau du Directeur, cachée dans la pièce située derrière ce même bureau, là où je dormais.

« Voilà la vérité. J’agis par pur égoisme. Au final, je pense que je veux retourner là bas, juste pour les voir, leur parler une dernière fois et leur dire à quel point ils me manquent et à quel point je suis seul sans eux. Même si je vous ai vous tous, c’est totalement différent. »

J’avais la voix un peu brisée. Je détournais le regard alors que je finissais de ranger les objets et parchemins qui étaient revenus sur mon bureau à la main. Divers choses continuaient de voler autour de nous dans un rythme soutenu et précis comme une mélodie.

« Je te demande juste de ne pas t’énerver et de comprendre la tristesse qui peut parfois prendre le coeur de quelqu’un qui prend de l’âge, et dont le désespoir à encore du mal à se changer en acceptation. Mais j’y travaille. C’était mon dernier essaie, demain je détruirai certainement le tout. Mais, sans te mentir, je ne sais pas si je pourrai aller au bout et si j’en aurai la force. Donc j’en sais trop rien... »

S’il y avait bien une chose que Siobhan n’avait jamais vu de moi, et ce dont je me gardais de lui montrer : c’était le doute. Même si nous n’étions pas toujours d’accord, je ne doutais jamais. J’avançais, certes en allant de frasque en frasque, mais j’avançais quand même. Là, pour la première fois de ma vie je partageais les moments de solitudes qui m’avaient si longtemps accompagné dans ma vie avec ma fille. Je regardais autour de moi, un peu perdu, sans vraiment trop savoir ce que j’allais faire… Ca dura quelques secondes puis, je claquais brusquement un grimoire et je repris la même voix que d’habitude, pleine d’énergie.

« J’ai répondu. Maintenant parlons d’Arès. Maeve et Jameson m’ont bien évidemment mis au courant que quelque chose se préparait. Et c’est très bien. Je pense que je m’occuperai d’occuper le Ministre de la Magie, et une bonne partie du Ministère pendant que vous serez en intervention. Mais encore une fois, si tu veux que je vienne avec toi, je peux m’arranger autrement. »

Je relevais mes yeux bleus, et je la fixais avec intensité, chassant le fantôme qu’elle avait vu quelques secondes avant. Ca prouvait aussi que je ne voulais plus parler du Retourneur de Temps et du reste. Mais… ce n’était pas vraiment certains qu’elle suive cette voie là.

Quand elle m’ordonna presque d’arrêter, je détournais les yeux. Non pas parce que je n’y arriverai jamais mais parce qu’au final je ne pouvais pas promettre un chose paraître. Tant que je respirerai, je savais qu’il résiderait un espoir de les ramener. Aussi infime soit-il je continuerai de m’engouffrer dans la brèche, encore et encore. D’ailleurs, à la réflexion, c’était étonnant qu’aucun ennemi n’est pensé à me faire pareil promesse. Ils me croyaient certainement plus sages que je ne l’étais réellement. Détournant le regard, j’avais aussi détourné la question.

« Il s’est passé ce qu’il s’est passé. Comme d’habitude, j’ai tout détruit. Je n’ai pas tellement envie d’en parler. » dis-je assez ferme.

Ca avait le mérite d’être assez clair. Il était hors de question que je lui dise ce qui s’était passé. Car je ne voulais pas l’inquiéter plus que de raison, surtout quand elle allait partir pour une mission dangereuse. Continuant machinalement d’ordonner mon bureau alors que les ustensiles a avaient eux arrêté de voler, ramenant un certain calme et une certaine quiétude dans l’atmosphère, je pris quelques temps de réflexion pour finalement reprendre.

« Très bien, alors je ferai cela. J'occuperai le Ministre. » dis-je d’un ton calme et posé.

C’était étrange, qu’elle ne me soupçonne pas en réalité, d’être plus profondément au courant de la situation. C’était d’ailleurs amusant de voir qu’elle pensait, au ton et au lexique employé, qu’elle en savait plus que moi. Je replongeais mon regard dans le siens, avec un petit air d’espièglerie dans les yeux et je continuais.

« Oui, j’ai cru comprendre qu’une petite bande d’étudiants mal avisés avaient pour objectif de faire quelques polissonneries. Mais il faut bien que jeunesse se fasse. Qui suis-je après tout pour dire à des étudiants ce qu’ils doivent faire et ne pas faire quand on regarde ce que je faisais à votre âge durant la Grande Guerre ? Ce serait mal avisé de vous dire de rester ici, et de vous enfermez dans ce château. Pourtant c’est ce que devrait faire un père normal, et un Directeur sensé. »

Je soupirai et je m’installais dans mon fauteuil, d’un air las et fatigué. Faisant apparaître divers boissons et collations que l’on avait l’habitude de prendre tous les deux, comme un dîner du soir, je me contentais de réfléchir à la dernière fois que l’on s’était parlé, et que l’on avait mangé en face à face sans se tirer les cheveux et s’engueuler. Cela devait remonter à… beaucoup trop loin. M’installant mieux dans le fauteuil, le visage toujours aussi blafard, je ne prenais rien car mon estomac était encore bien trop noué pour ingurgiter quoi que ce soit.

« Pourquoi fais-tu cela d’ailleurs ? Par loyauté ? Par amitié ? Par fidélité ? Toutes les causes sont bonnes à défendre, mais il faut toujours considérer ce que l’on peut perdre. Tu peux finir renvoyé, moi également pour complicité. Tu peux aussi aller à Azkaban, et entraîner ton frère à ta suite par suspicion de loyauté. Le Ministère n’a qu’une envie, c’est de me dégager de là pour me remplacer par quelqu’un comme Crowley. Tu leur donnerais un argument en or, sacrifiant la sécurité d’une centaine d’étudiant pour un seul individu. Tu y as pensé ? »

Je restais bien assis, et je la regardais gravement. Un peu sombre, je trouvais quand même la force de conclure :

« Car si tu finis emprisonné, il faut que tu te rendes compte que cela ne me donnera qu’une raison supplémentaire d’aller au bout. »

Je pointais du bout de la main le sable du Retourneur de Temps d’un geste fatigué et las, avec un sourire sur les lèvres.

« Je peux aussi te retourner la question. Tu crois que la vie ne nous a pas assez pris à toi et à moi pour en risquer d’avantage ? »

C’était une véritable question. Sans animosité et dont j’attendais la réponse bien évidemment argumentée avec impatience alors que l’étau de sa propre leçon à mon égard venait de se refermer sur elle.

Il valait mieux, au final, passait encore une fois pour celui que je n’étais pas. Même devant ma propre fille car j’avais peut être un peu honte de la vérité. Toujours adossé à mon fauteuil, je vis Stalker émettre un petit cri au nom de la directrice des Gryffondors. Si ça continuait il allait chanter. Observant du coin de l’oeil les nuages qui semblaient s’amasser, je tirais un long draps couleur bleu nuit sur sa cage après l’avoir invité à rejoindre cette dernière. Désormais debout et de dos, je répondais simplement à la question.

« Oui. Et il n’y a rien d’autres à savoir pour l’instant. Parfois, il n’y a pas de raison, c’est comme ça et on peut demander toutes les explications que l’on veut, il n’y a rien à dire de plus malheureusement. Et peut être aussi qu’il est un peu tôt pour en parler. »

Glissant des biscuits sous le drap, je me retournais lentement pour lui faire face. Car c’était bien vers là qu’allait malheureusement partir la conversation. Pourquoi Maeve me l’avait envoyé alors qu’elle avait déjà pris sa décision ? Pouvait-elle me donner la moindre leçon d’éducation elle qui avait envoyé Freya dans les bras d’un Mage Noir. La mâchoire serrée, je répondais alors d’une voix un peu cassante.

« C’était de l’ironie. Loin de moi l’idée de penser que vous êtes mal avisés. Toi aussi tu vas me juger pour crime d’inactivité ? »

Je m’avançais alors vers elle. Que Xris Anderson m’accuse de ce genre de chose, je pouvais l’entendre. Que Farès El Mahdi m’accuse également en sous-entendu de ce genre de propos, je pouvais également l’entendre. Mais ma propre fille, là j’avais du mal à l’encaisser.

« Est-ce qu’un seul étudiant a été maltraité par les Agents du Ministère en faction ? »

J’avançais encore d’un pas. Comme lorsque je la grondais en étant enfant, la voix toujours calme, je reprenais chaque élément de son raisonnement et de ses sous-entendus pour les détruire et les expliquer un à un.

« Est-ce que tu les as vu enquêter ? Interroger ? Fouiller ? Utiliser leurs nouveaux artefacts dans les murs de ce Château ? Est-ce que tu les as vu expulser ceux de votre sang ? Est-ce que tu les as vu agresser, frapper, discriminer ? »

Mes yeux exprimaient la colère. Parce que c’était un sujet qui me tenait particulièrement à coeur. Ils étaient là uniquement pour une mission de protection, et j’avais été très clair avec le Ministre. Qui d’ailleurs, avait bien compris qu’une partie de l’opinion public était en ma faveur, et que certains Etats, comme celui d’Irlande me suivait coûte que coûte. Il n’avait ni envie d’une guerre civile, ni d’une guerre entre deux pays très souvent ennemis et avec un lourd passé même dans le monde magique.

« Faites bien attention vous aussi au ton et aux mots que vous employez. Ce n’est pas un acte de faiblesse d’avoir accepter leurs présences, mais un compromis. Si je n’avais pas céder à cette requête qui est plus d’ordre politique qu’effective pour l’instant, croit moi il y aurait une autre personne derrière ce bureau et mon tableau serait derrière moi à la place de celui que tu as devant toi en chair et en os. C’est ce que vous voulez ? Au fond, je pense que oui. Vous préférez une guerre ouverte, parce que vous n’en pouvez plus de souffrir et d’attendre en silence. Mais vous ne savez pas ce que peut faire une guerre. Parles en à Jameson. »

Je revins vers mon fauteuil, mais j’étais bien trop énervé et tendu pour me rasseoir. Faisant les cents pas derrière ce dernier, les tableaux commencèrent à s’agiter derrière moi.

« De mon temps, les gamins n’avaient pas vraiment leurs mots à di... »

Mais Phineas Grimm ne termina pas sa phrase qu’un épais rideau noir passa sous son nez. Alawn Cynfeirdd, se mit alors à rire grassement dans son propre tableau et je me retournais lentement pour lui faire une espèce de grimace odieuse.

« Elle a finalement plus des nôtres que... »

Et un épais rideau noir passa à son tour sur son visage alors que je levais la main. Blême, je me retournais vers Siobhan et je portais un long regard sur elle toujours aussi dur. En même temps, je ne savais pourquoi, elle essayait de me pousser bout.

« Non. Je ne préconise rien du tout. Et tu as une vision trop manichéenne de la chose pour que je puisse débattre avec toi sur le sujet. Il n’y a pas, d’un côté l’inaction entraînant la mort et la destruction, et d’un autre la rebellion entraînant des risques bon à prendre pour un meilleur salue. C’est plus complexe, et tu le sais. C’est toi même que tu essaies de convaincre en utilisant cette rhétorique Siobhan. »

Ma colère se fit sentir, et ma magie n’en resta pas impassible. Même si elle était invisible, on pouvait sentir la tension et la lourdeur envahir l’espace environnant. Je serrai le fauteuil des mains et je regardais ma fille dans les yeux. Il y avait des choses que je ne pouvais pas encaisser, des leçons de morale et d’éthique que je ne pouvais pas entendre.
Le sable dans le bocal se mit alors à s’illuminer. A vibrer. Mes yeux se portèrent vers lui un instant, je fronçais les sourcils. Il redevint comme avant et s’éteignit.

« Mon plan est plus profond que ça. Il est plus long, plus complexe. Et si je n’avais pas à subir les projections faussés de ceux que j’estime être mes alliés, et si je n’étais pas isolé par la solitude mais si j’avais des proches qui m’épaulaient à la tâche, peut être qu’il irait plus vite ! »

Le sable se mit à vibrer à nouveau et à s’illuminer. Mais j’étais trop en colère pour le remarquer, je ne regardais que Siobhan.

« Mon plan est plus long ! » répétais-je « Parce que je réfléchis à un moyen de nous sortir de cette situation de manière définitive ! Que les générations d’après n’aient pas à subir les effrois de la guerre que l’on va vivre ou que l’on a vécu ! Je vais mettre un terme à tout ça, de manière durable et définitive, même si je dois sacrifier ma propre vie tu entends ? Pour que tes enfants, ou tes neveux et nièces n’aient pas à avoir la même discussion avec toi, ou avec Finn ! Pour que les débris et les séquelles des guerres n’entachent plus nos vies ! »

Le bocal se fissura. La lumière se fit plus vive mais je ne la regardais pas. Je ne la voyais pas, j’étais comme dans un tunnel, trop en colère pour voir mon environnement extérieur. Des arcs électriques passèrent dans mes mains, et allèrent vers le bocal.

« Il me faut juste du TEMPS ! »

Au mot « temps », le bocal émit un bruit de verre brisé. Mon regard se posa sur lui immédiatement. Le sable était en train de vibrer comme jamais et le verre se fissurait. D’instinct je levais ma baguette vers Siobhan et je lui envoyais un sort pour la pousser hors de là dans un sort de Répulsion moyen. L’instant suivant, le bocal explosa en mille morceaux et je n’eus que le temps de mettre mon bras devant mon visage pour éviter les bouts de verre.
Un silence. Puis un autre… et enfin, le sable rampa doucement sur la table et une voix en sortie. Une voix que j’avais entendu. Que je connaissais entre toutes… Une voix venue d’un autre temps, et d’une autre époque. Que Siobhan, elle, n’avait jamais entendu.

« Luke ? C’est toi ? Où es-tu ? A qui te parles ? Et qui est avec toi ? »

Je reculais, faisant tomber le fauteuil.

« Tu n’es pas à Caer Cynfeirdd pour voir Eochaid? Je ne te vois pas ? Luke… C’est pas drôle, tu veux me faire accoucher plus tôt que prévu ou quoi ? »