Let her go

@Rhys Ddraig

Le sac rempli de polygonum, Thalia sortait de la forêt interdite comme si cette dernière était libre de passage. S’il y avait une règle que l’allemande ne respectait pas du tout à Poudlard c’était bien l’interdiction de la forêt interdite. C’était le meilleur lieu de l’université, autant un sanctuaire qu’un lieu d’entraînement pour la jeune femme. Mais cette fois-ci, ce n’était ni pour se ressourcer ni pour s’entraîner mais bien pour cueillir quelques plantes pour honorer une commande de sa propre mère. La dernière lettre qu’elle avait reçue de sa part lui demandait du polygonum et ces plantes étaient nombreuses dans la forêt interdite.

La tombée de la nuit était, selon Thalia, la meilleure partie de la journée pour s’adonner à la cueillette. Les alentours étaient encore visibles mais l’humidité se faisait petit à petit sentir. Une atmosphère que la chasseuse appréciait tant elle lui rappelait sa vie avant d’arriver en Angleterre, son pays natal mais aussi ses deux anciennes écoles.

A la lisière de la forêt, Thalia s’arrêta quelques instants, regardant le contenu de son sac. Cela devait être assez pour sa mère et ses projets dont elle ne connaissait presque rien. Satisfaite de sa chasse aux plantes, la brune se dirigea vers le Château dans l’espoir de ne pas arriver trop tard pour manger un petit bout avant de regagner son dortoir. Et si par malheur, le service du soir était déjà fini, ses camarades lui avaient donné la petite astuce pour accéder aux cuisines de Poudlard.

Pour regagner l’enceinte du château, Thalia devait passer par les abords du Lac Noir. A chaque fois qu’elle passait par là, elle ne pouvait s’empêcher de penser à cette baignade qu’elle avait fait de manière non voulue à cause de Rhys. Et désormais, penser à Rhys l’obligeait à se souvenir de ce geste qu’elle avait eu envers lui. L’allemande se sentait à la fois perturbée et honteuse. Elle qui avait pourtant promis, déjà en Février, à @Kira Dagoniat qu’elle ne refréquenterait plus le gryffondor, elle qui avait pris conscience de l’importance de ses engagements pour sa famille et celle des Dagoniat. Il fallait avouer que Thalia faisait vraiment n’importe quoi. Mais en même temps, tout cela était nouveau, inconnu pour la sorcière.

Arrivée à la hauteur du Lac Noir, la fourchelang s’arrêta brusquement. Elle fronça les sourcils en voyant Rhys, à moitié allongé dans l’herbe. Etait-elle victime d’hallucination ? Est-ce que le fait de penser à lui à l’instant T le faisait forcément apparaître ? Son esprit lui jouait-il des tours ? Le murmure de son prénom la fit avancer légèrement. Il fallait vérifier que cela n’était pas que dans sa tête.

« Rhys… »

A première vue, tout semblait bien réel. Et c’est au moment où Thalia comprit que cela était bien réel qu’elle voulu prendre les jambes à son cou. A vrai dire, leur dernière entrevue avait été mouvementée et Thalia l’avait quitté subitement après l’avoir embrassé. Et depuis, la jeune femme avait tout fait pour l’éviter encore plus qu’avant, repoussant ce moment qui semblait arriver. Celui où ils allaient devoir se parler et sans doute s’expliquer. Mais comment expliquer quelque chose que Thalia ne comprenait pas ?!

« J’imagine que nous n’avons pas réellement le choix, si ? » interrogea l’allemande, d’un ton relativement neutre.

Elle tentait de se montrer détachée à la situation, afin de la rendre plus facile à vivre. Mais c’était difficile. Alors Thalia fit quelques pas de plus, diminuant la distance entre les deux. Assez pour que la jeune femme constate le visage bien amoché de Rhys.

« Je vois qu’on a perdu la main. » lança Thalia qui ne pouvait s’empêcher de lui lancer un pique sur son état et ses capacités de combat.

Peut-être que cela retarderait le sujet brûlant ? Tout comme elle retardait sa discussion avec celui qu’elle devait considérer comme son fiancé, @Njál Dagoniat. La serpentard resta debout, immobile, à une distance encore assez sécuritaire. C’était préférable pour tout le monde. Cela lui permettait de ne pas lorgner sur son visage, qui bien que tuméfié, restait agréable à regarder.  

@Rhys Ddraig

On a toujours le choix. La réponse de Rhys résonna quelques longues secondes dans la tête de Thalia. Si le gryffondor n’avait pas totalement tort, il n’avait pas non plus totalement raison. Il fallait apporter de la nuance dans ses propos.

« Pas toujours non. » répondit-elle, les sourcils froncés, mais d’une voix relativement neutre.

L’attitude de Rhys était bizarre en cette soirée. Thalia se demandait presque si la raclée qu’il semblait s’être prise ne lui avait pas grillé quelques neurones. Elle ne lui connaissait pas ce calme et c’était presque terrifiant. La continuité de la réponse du gryffondor fit froncer un peu plus les sourcils de Thalia. Non, vraiment elle ne le connaissait pas sous ce jour, si…philosophe.

« Une chance que tu ne sois pas Korrigan. » lança-t-elle avec un sourire au coin de ses lèvres. « Tu n’es que Rhys Ddraig mais je le préfère lui. » avoua-t-elle sans détour.

A choisir entre le directeur de Poudlard, @Luke Korrigan et Rhys, il n’y avait pas photo, il n’y avait aucune hésitation. L’allemande suivit le regard du jeune homme, sa tête se levant pour observer les étoiles. Il fallait avouer qu’elles étaient très visible ce soir-là. Le ciel était dégagé et donnait une ambiance particulière à l’endroit.

Rhys avait ce don que Thalia n’aimait pas s’avouer de la faire rire. Son sarcasme était si affuté, si plaisant. Et la fourchelang ne put s’empêcher d’échapper un léger rire face à son auto-dérision.

« Et qu’as-tu fait pour mériter cela ? » s’interrogea Thalia qui devait reconnaître que ceux qui avaient frappé Rhys s’en était donné à cœur joie et ne l’avait pas loupé.

Pourtant, ses cicatrices et nombreux hématomes lui donnaient un certain charme, que Thalia appréciait. Etait-elle folle d’apprécier cela ? Bien sûr, elle se garda ce genre de pensée pour elle. Heureusement que personne ne pouvait lire dans son esprit. Sauf si Rhys lui avait caché d’autres choses ?

La brune arqua à son tour un sourcil en voyant la baguette de Rhys. Elle était prête à dégainer la sienne. Pourtant elle ne fit rien, restant presque interdite à ce geste du gryffondor. Il n’était pas dans l’optique de se battre, pas cette fois-ci. C’était fou à quel point il pouvait la connaître alors qu’ils n’avaient que très peu passé de temps ensemble. Les raisons du refus de combat qu’il donna étaient très brèves mais Thalia ne retient qu’un seul mot. Jeu.

C’était clairement ça entre Thalia et Rhys. Un jeu. Un jeu que la brune s’étonnait à apprécier et à redemander. Un jeu qu’elle avait tenté de fuir mais qui lui manquait. Un jeu qu’elle se devait de refuser pour le bien de tous, autant celui de Rhys que le sien, que celui des Dagoniat.

« C’est d’accord. Pas de combat cette fois-ci. Juste nous deux, assis, sous les étoiles. » acquiesça-t-elle en prenant place à ses côtés, posant à son tour sa baguette à côté de la sienne.

Dit comme cela, ça sonnait assez romantique. Pourtant du côté de Thalia c’était plutôt une mise au point. Ils en avaient tous les deux besoins. Il était également temps pour Thalia de se montrer un peu plus honnête envers elle et surtout envers Rhys. Mais…peut-être pas autant ni de façon aussi brute. Les révélations de Rhys figèrent Thalia, ses mains s’enfonçant dans l’herbe légèrement humide. Ses yeux s’écarquillèrent, ses joues prirent une couleur rosée. En réalité c’était la première fois qu’un garçon lui disait cela. N’ayant jamais imaginé entendre cela un jour, elle n’avait jamais réfléchi à la manière de réagir. C’était pour cela que Thalia bugguait.

« Je…te plais ?... » répéta-t-elle presque interdite, choquée, sans réussir à en dire plus pour le moment.

Il avait au moins le mérite d’être franc. Beaucoup plus franc que Thalia qui se cachait derrière ses interrogations, ses mensonges et ses obligations. C’était tellement plus facile. Les explications de Rhys augmentèrent la température sur les joues de la serpentard. Est-ce qu’il était en train de lui faire une déclaration ? La panique prit Thalia qui observa furtivement derrière Rhys, espérant s’échapper une nouvelle fois, prendre ses jambes à son cou. Ce manque de courage n’était qu’une façon de remettre à plus tard les explications, les révélations, les prises de conscience. Mais jusqu’à quand ? Tout cela commencerait à fatiguer Thalia tout ou tard. Il était peut-être préférable d’assumer enfin ce trouble qu’elle ressentait en sa présence, mais d’assumer aussi ce qu’elle était.

« Je suis fiancée. » lâcha-t-elle, telle une bombe qui leur exploserait aux visages.

Se sentant libérée à son tour d’un premier poids, la langue pourtant bien pendue en temps normal de Thalia se délia enfin.

« Je ne vais pas nier plus longtemps ce qui s’est installé entre nous. Ce jeu comme tu l’appelles. Je t’avoue que je n’avais jamais réussi à poser de mot dessus. Une complicité, peut-être. Quelque chose d’étrange. Mais qui n’est pas compatible avec mes obligations. » avoua-t-elle, son regard se plantant dans ses pieds. « Car non Rhys, le choix ne nous appartient pas toujours. »

Et c’était peut-être mieux ainsi. Cela permettait de ne pas faire de mauvais choix. Thalia avait une confiance aveugle en sa famille qui savait parfaitement qui serait le plus à même de partager sa vie, qui pourrait lui permettre de s’élever dans les valeurs et les traditions familiales.

« Ce sera plus facile. » souffla Thalia pour répondre à la dernière phrase de Rhys.

Finalement, c’était une bonne chose que Rhys laisse tomber ce jeu, cela serait peut-être plus facile pour elle. Pourtant Thalia ne pouvait s’empêcher de sentir ce petit pincement au cœur.