Midnight Never Ends (Levana)

Le fameux dîner cuisiné maison de Gabriel Standford.
Même si c’était l’excuse parfaite pour passer un peu de temps seule avec le chef des aurors, c’était une promesse qu’elle avait pris 2 ans à encaisser. Elle était arrivée plusieurs mois plus tôt, mais Levana avait sous-estimé la charge de travail ajoutée à son horaire en devenant directrice de la coopération, et l’obtention du poste de Ministre était un travail plus acharné qu’elle ne l’aurait cru, manquant de temps pour tisser des liens importants. De toute façon, avec tous les récents événements, il semblerait que l’auror aussi n’avait pas eu trop de temps à lui accorder, ce qui était probablement pour le mieux.

Levana tentait encore d’attacher le loquet de son collier à son cou lorsqu’elle pénétra dans le périmètre des défenses de l’appartement de Gabriel, ayant dû terminer de se préparer en chemin. Avec l’organisation de la fête de fiançailles de ses amis  @Neve Walsh et Thomas, suivi très peu de temps après par une attaque à Londres qui avait hypothéqué les employés du Ministère, sans parler de Manticore et du reste, Levana avait eu peu de temps pour souffler. Ce qui n’était pas hors norme pour elle, mais limitait son temps de socialisation.
Étrangement, si elle avait l’habitude d’être sur son 31, elle opta pour quelque chose de propre, chic, mais informel. Des pantalons, des talons et une chemise feraient parfaitement l’affaire pour un repas entre amis. Parce que oui, elle espérait avant tout pouvoir apprécier une soirée tranquille, pour une fois. Cependant, n’oubliant pas son agenda, elle s’assura tout de même de choisir une chemise avec un décolleté qui l’avantageait bien. La soirée pouvait bien être désinvolte, elle n’oubliait pas ses propres objectifs.

Elle eut un petit sourire en s’approchant de la porte de l’appartement, sentant les effluves familières de sa propre cuisine. Se pourrait-il que monsieur Standford se soit vanté trop vite, durant cette danse où ils avaient partagé des secrets? Elle leva sa main pour cogner, mais à sa grande surprise, la porte s’ouvrit avant même qu’elle puisse s’annoncer.

Gabriel l'accueillit avec des excuses, mais Levana se contenta de lui sourire, amusée. “Très bien, je vais te faire confiance.” dit-elle, le rire dans la voix. Elle laissa l’homme s’occuper de refermer la porte derrière elle, elle-même déjà concentrée à analyser l’endroit. Il y avait beaucoup de choses à apprendre de l’habitation de quelqu’un, quelque chose que Levana adorait observer. L’appartement semblait bien représenter Gabriel, un peu sobre, mais elle n’était pas très surprise. “Londres magique, mh?” dit-elle, la tête en l’air, observant la déco. “Ça m’étonne, je connais beaucoup de né-moldus qui préfèrent retourner aux sources.” dit-elle avec un sourire, sans toutefois regarder le sorcier. Elle-même en faisait partie, elle n'était pas née-moldu mais avait grandi dans leurs quartiers, et ne les quittait rarement, peu importe où elle nichait.

Elle avança de quelques pas dans l’espace et déposa sa veste sur le dossier du canapé, ses yeux rivés sur le mur de photographies. Ce n’était pas l’élément le plus révélateur de la pièce, mais certainement le plus intriguant. Elle reconnu certains de ses collègues, et ne pu empêcher les coins de ses lèvres de s’étirer en voyant le jeune @Thomas Buchanan habillé en vert et argent. Visiblement, ils avaient été une bande soudée. Malgré qu’elle les savait proches à l’époque, elle remarqua que le visage de @Sorcha MacGregor ne se trouvait pas sur les clichés, et nota cette information pour elle-même. Intéressant. Plusieurs photos de sa fille, et elle ne put s’empêcher de les effleurer du bout des doigts, se demandant si elle aurait elle aussi, un jour, un mur recouvert de photos montrant l'évolution de ses enfants. Un cliché de Thomas et de son fils la fit sourire. Elle se demanda si Gabriel connaissait les mérites qu'elle s'appropriait quant à l’existence de cette petite créature.

Levana se retourna vers la terrasse alors que Gabriel l’y invitait. Elle ne pu retenir l’expression sur son visage, un mélange de surprise et de satisfaction. C’était parfaitement le genre d’ambiance qu’elle appréciait et espérait pour un repas, il y avait quelque chose de spécial en mangeant dehors. Elle sourit à l’auror et pris place, les genoux serrés et les jambes en tailleur, une habitude d’étiquette qu’elle avait de la difficulté à perdre, même dans des repas moins sérieux. “J’avoue que Londres magique a ses avantages.” dit-elle, plissant les yeux à la recherche d’un signe de l’enchantement qui les encerclaient, faisant référence à la température agréable de la terrasse.

Elle retourna son regard vers l’auror. “Je suis née en Israël, Gabriel.” elle eut un sourire malicieux. “Je peux me compter chanceuse de ne pas être allergique aux olives.” dit-elle les yeux pétillants, avant d’en enfourner une dans sa bouche. Ce n'étaient certainement pas les olives les plus fraîches qu’elle eut mangé, mais c’était difficile de faire compétition à sa terre natale. Et puis elle ne rechignerait pas devant le fruit, frais ou pas, ils restaient délicieux.

Elle était penchée la main tendue vers le chat pour l’amadouer, lorsque Gabriel expliqua la raison de l’odeur de brûlé. Elle releva la tête vers l’homme, un air de défi sur le visage. “Mmh. Intéressant, Ça veut dire que tu ne conclus pas vraiment ta part du marché.” dit-elle en se redressant sur sa chaise, espiègle. “Ça remonte, mais il me semble que nous avions conclus sur un repas cuisiné maison, je me trompe? Ça me convient pour ce soir, mais considère notre entente incomplète, il faudra remédier à ça plus tard.” elle adoptait son air de businesswoman, mais ses yeux pétillaient de malice.

Levana se pencha à nouveau, déterminée d’apprivoiser l’animal, incapable de se défaire de son sourire satifsait. Si le dîner maison était toujours sur la table, cela leur donnerait une nouvelle raison de se voir, et pourrait avantager Levana dans ses plans. La petite bête semblait curieuse mais réticente à s’approcher, un air farouche dans les yeux. Levana se redressa à nouveau. “Tsk. Je ne suis pas allergique aux chats, mais elle ne doit pas apprécier l’odeur des chiens.” soupira-t-elle. Plus jeune, elle avait toujours été une personne à chats, mais en vieillissant, elle avait trouvé que les chiens étaient plus adaptés à son mode de vie actif, ils la gardaient motivée.

Elle hocha simplement de la tête à la réponse de Gabriel concernant son choix d’hébergement, les yeux toujours rivés sur ses photos. Elle ne put retenir un léger rictus, cependant, face à sa réponse tellement… Gabriel-esque. Évidemment qu’il avait fait ce choix délibérément. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés, Gabriel avait toujours été quelqu’un de prévoyant, prudent. Ça l’amusait bien, trois ans plus tôt, mais aujourd’hui, cela représentait aussi quelque chose dont elle devait se méfier.

Une fois sur la terrasse, Levana remarqua avec satisfaction que le renouvellement du dîné n’était pas passé dans l’oreille d’un sourd. Son sourire trahissait qu’il avait bien compris ce qu’elle demandait.
“Mais oui…” dit-elle avec un soupir. “C’est exagéré… Nous avons réalisé la 5ième édition cet hiver. Il était bien temps que j’encaisse enfin cette promesse.”  Elle releva les yeux du chat qu’elle tentait encore d’amadouer pour observer son interlocuteur un instant. “Je suis plutôt douée pour organiser mon emploi du temps, normalement. Avec ce travail au Ministère et tout ce qui vient avec, je n’imaginais jamais manquer autant de temps dans une semaine.” dit-elle avec un léger rire. Il lui restait tant à faire.

Elle fronça les sourcils, relevant la tête avec un air suspicieux. “Des olives?” dit-elle, lançant à l’auror un regard qui voulait clairement dire qu’elle pensait qu’il se moquait d’elle. C’était un chat, pas un chien. Cependant, voyant qu’il était sérieux, elle se redressa, prit une olive du bol, la divisa en deux avec ses doigts et tenta d'appâter le félin, toujours visiblement peu convaincue. À sa grande surprise, le chat s’approcha d’elle et lui prit l’olive qu’elle lui tendait comme une offrande, permettant à Levana de glisser sa main sur son pelage alors qu’il dégustait. La sorcière ne put s’empêcher de rire devant l’absurdité de la chose.
“Mais c’est que t’es un chat bizarre, tu le sais?” gazouilla-t-elle dans la voix propre à celle qu’on utilise pour les animaux. “Ma mère t’aurait bien aimé, cependant.” commenta-t-elle tout bas, comme si elle voulait se confier uniquement qu’au chat, toujours amusée.

Laissant le minet à ses friandises, elle se redressa enfin, alors que Gabriel l’invitait à trinquer. Elle tinta son verre au sien. “À cette soirée où je peux enfin voir Gabriel Standford relaxer en dehors de ses fonctions.” ajouta-t-elle à la propre annonce de l’auror, un grand sourire aux lèvres. Après tout, bien qu’ils se soient envoyé des lettres lorsque Levana était encore au Chili, elle ne se rappelait pas avoir vu l’auror très souvent, en dehors de son rôle d’auror. Ils n’étaient pas si différents l’un de l’autre, après tout. Deux éternels travailleurs, fusionnés à leurs carrières. Levana avait du mal à laisser Manticore en dehors de ses activités ou même de ses pensées, c’était comme son enfant, les fruits de son labeur, ça faisait partie d’elle. Tout comme être un auror faisait partie de lui.

“Oh, oui ce n’était pas trop difficile.” répondit-elle en portant son verre à ses lèvres. Elle repensa à son loft, et tue bien le fait qu’au prix qu’elle y avait mis, elle pouvait probablement se permettre bien plus que deux chiens. Ils ne seraient pas regardant.
Levana avait ses vices, et la luxure dans laquelle elle n’avait pas eu la chance de grandir en faisait partie.

“Mh… bonne question.” dit-elle, tapotant son index sur la parois de son verre. “Je suis née en Israël, mais j’ai aussi grandi en Espagne.” Elle eut un petit sourire. C’est vrai qu’ils avaient rarement discuté de leurs vies personnelles. Levana était habile pour partager uniquement les informations qu’elle jugeait pertinentes. “J'y ai vécu les dix premières années de ma vie, avant de déménager. Je suis retournée y vivre après le décès de mes parents, cependant.” ajouta-t-elle, pour confirmer qu’elle pouvait tout de même répondre à sa question. “La culture me manque.” dit-elle simplement, esquissant un léger sourire alors qu’elle repensait à l’endroit. “Marcher dans les rues de Tel Aviv, admirer la beauté de l’endroit, le moderne et le vieux, en dégustant un verre de jus de fruits frais acheté à l’un des marchands d’épices dans la rue… Les odeurs de nourriture, la musique et les rires…” Elle leva les yeux au ciel, repensant à son temps là-bas. Ce n’était qu’une courte période, mais c’était assez pour apprendre à aimer et manquer l’endroit une fois partie. Et puis, c’est durant cette année que Manticore était née, raison de plus pour affectionner Israël. “Je pense que j’ai toujours aimé m'imprégner de la culture locale, que ce soit la mienne ou celle des autres, j’aime m’adapter à ces endroits.” Elle eut un petit moment d’hésitation. “Je pense que c’est pour ça que je suis restée aussi longtemps au Chili.” C’était risqué, de mentionner son temps là-bas devant la dernière personne qui devait poser des questions. Mais Levana était déchirée entre sa stratégie, et son envie de réellement s’ouvrir à quelqu’un.

“J’ai tendance à beaucoup bouger, je ne reste pas à un endroit très longtemps.” dit-elle avec un sourire, “Mais… j’imagine que vous serez coincé avec moi encore un moment.” elle lança un regard vers l’auror, prenant une nouvelle gorgée de son vin. Elle ne comptait pas partir avant d’avoir obtenu le rôle de Ministre, et cela voulait dire qu’elle devait renouveler son poste une année de plus. Si ce n'était pas de ça, elle prévoyait probablement déjà de poser ses valises ailleurs.

Elle appuya son coude sur la table, déposant son verre. “Et toi? Parles-moi de toi.” dit-elle, sans tourner autour du pot. Elle avait toujours été trop curieuse, et trop pressée. “Tu serais capable d’aller vivre ailleurs qu’ici? Pratiquer le métier d’auror dans un autre pays?” Les États-Unis pourraient lui faire du bien, après tout, le pays de la liberté avait plutôt bien marché pour elle. "Pour une promotion, pour quelqu'un..." ajouta-t-elle, énumérant des exemples qui pourrait potentiellement pousser l'auror vers d'autres horizons. Elle se doutait bien qu'avec une fille, c'était différent. Mais @Thomas Buchanan et Éloise semblait bien gérer, prouvant que c'était quelque chose de faisable.

Levana haussa les sourcils en signe d’accord. “Je ne te le fais pas dire.” dit-elle en portant de nouveau son verre à ses lèvres. “Je pense que ta Aurore requiert probablement moins de discipline que certains de ces ambassadeurs." Elle eut un petit rire presque incrédule. Même après 35 ans, elle était toujours étonnée de voir le manque de maturité et de contenance que certains de ces diplomates arboraient, et elle était d’autant plus outrée de voir la facilité à laquelle ces hommes immatures avaient réussi à atteindre le pouvoir. Jouer les médiatrices pour des conflits puérils entre des hommes à l’égo surdimensionnés n’était définitivement pas sa partie préférée de son emploi. Et c’était ces gens à qui on faisait confiance pour diriger des peuples? Éviter des guerres? Cultiver un monde meilleur?
Elle secoua la tête avec un sourire en coin. Ridicule.

La directrice ne put s’empêcher de rire à la mention de la chaleur. “Ah… oui. J’avoue que la chaleur me manque, ici. Je ne comprends toujours pas comment vous n’avez pas tous migré vers le sud, avec une température pareille.”

Elle déposa son verre sur la table et appuya ses coudes, le menton appuyé sur ses mains jointes, pour écouter son collègue parler des postes qui lui avaient été offerts par le passé. “Je comprends." dit-elle simplement, tout doucement, quand il mentionna sa fille. Elle se doutait bien qu’elle serait la raison majeure qui l’ancrait ici. “D’expérience, les enfants s'adaptent plus facilement que l’on pense à ce genre de chose. Surtout à cet âge.” Elle sourit. Elle avait 10 ans lorsqu’elle avait quitté l’Israël, et ce déménagement avait forgé le reste de sa vie, en lui ouvrant les yeux sur la grandeur du monde qu’elle avait à découvrir. Cependant, elle n’était pas mère, alors peut-être qu’elle ne pouvait pas tout à fait comprendre.

Elle ramena ses mains sur ses cuisses lorsque Gabriel se leva pour mettre la table, déballant les plats qui émanait d’une odeur alléchante. Alors qu’il s’afférait, il continua sa réflexion, et Levana ne put s’empêcher de noter la différence entre lui et elle. Il ne pouvait pas quitter un pays pour quelqu’un, et Levana ne pouvait pas s’imaginer quitter quelqu’un pour rester à un seul et même endroit. Pire encore, elle était incapable de rester en place, et peut-être fuyerait-elle les deux rien que pour la liberté de le faire. Alors que Gabriel continuait d’expliquer son raisonnement, Levana hocha de la tête en approbation. C’était louable, comme raisonnement. “Et bien, sans déménager ailleurs, tu peux tout de même voyager.” elle lui fit un sourire malicieux, trahissant où elle en venait. “Je devrais t'emmener avec moi aux prochains événements de Manticore, te faire voir un peu de pays.” Elle leva les yeux vers l’homme, le regard pétillant. “La Grèce, ça te tente?” Elle éclata de rire, mais au fond d’elle, elle savait que c’était une idée à laquelle elle devrait s’accrocher. Ce serait un bon moyen de se rapprocher de l’homme.

Lorsque l’auror lui retourna la question, elle cligna des yeux, surprise. Pouvait-elle s’installer quelque part de façon permanente? Évidement, elle s’était posé la question mille et une fois, mais comme elle n’avait aucune raison particulière de se poser pour l’instant, elle n’était pas très nerveuse de ne pas avoir de réponse concrète dans l'immédiat. Après tout, elle voulait se poser un jour, fonder une famille… mais elle repoussait ses ambitions tant qu’elle ne serait pas satisfaite. Au fond d’elle, cependant, elle avait cette petite crainte de ne pas être capable de sacrifier sa liberté, même pour ça.
Elle repensa soudainement à  @Samuel Alves, l’homme qu’elle avait rencontré au Chili, et fut envahi d’une vague de culpabilité. C’était ridicule, il n’était qu’un ami. Elle était partie sans même lui dire. Le Chili, c’était l’endroit où elle était restée le plus longtemps, là où elle n’avait pas senti l'irrépressible désir de s’envoler vers d’autres horizons au bout d’un an. Évidement, ce n’était pas forcément qu’à cause de lui, mais… elle devait admettre que sa présence avait fortement aidé. Pourrait-elle un jour se poser pour quelqu’un comme lui? Elle n’avait pas connu beaucoup de personne qui avait chamboulé son état d’esprit comme ça… Elle n'était pas certaine d'apprécier, ils rendaient les choses tellement plus compliquées, et les départs beaucoup plus douloureux.

Perdue dans ses pensées, elle en avait presque oublié le repas qui était maintenant dressé devant eux. Elle fut ramenée sur terre lorsque Gabriel lui présenta les plats. Elle observa un instant les assiettes, reprenant ses esprits. Elle leva les yeux vers l’auror avec un grand sourire. “Ça semble totalement alléchant. Merci pour l’invitation.” Elle empoigna sa fourchette, et eut un petit sourire en coin au français de son collègue. “Bon appétit.” répondit-elle en chœur, son accent trahissant les années qu’elle avait passé en France. L’accent de Levana était difficile à définir, s’étant modelé au rythme des endroits qui l’avaient accueillis. Son français était teinté des phonétiques de son arabe natal. Au Chili, même après 3 ans et un accent impeccable, on la reconnaissait facilement comme une andalousienne. Son anglais oscillait entre l’américain et l’international, mais elle remarquait qu’après 6 mois au Royaume-Uni, elle pouvait parfois s’entendre utiliser des prononciations britanniques. Ça faisait partie de son charme.

Elle glissa une mèche derrière son oreille, observant sa nourriture. “Pour répondre à ta question,” dit-elle en mettant une bonne quantité de salade de pois-chiches sur sa fourchette. “Je pense que ce serait difficile. J’ai toujours eu envie de découvrir le monde, et je ne suis toujours pas satisfaite, et mon métier me donne encore plus de raisons de m’évader.” Elle nota le mot qu’elle venait d’employer. M’évader. Elle repensa à tous les voyages qu’elle prévoyait quand elle était toujours aux études, mais qu’elle n’avait pas eu la chance de faire vu les circonstances. Elle releva les yeux vers Gabriel. “Mais je pense que la bonne personne pourrait me faire rester.” Elle battit des cils et lui fit un sourire avant de porter sa fourchette à ses lèvres, se forçant à chasser les souvenirs de l'excentrique chercheur du Chili qui lui vinrent à ses paroles.

C’était du passé, elle devait se concentrer sur le présent.
Le présent, c’était l’homme assis devant elle qui avait tous la capacité de l’élever au poste de Ministre, mais aussi tous les pouvoirs pour l’arrêter.
“Mh!” s’exclama-t-elle. “C’est délicieux. Tu commandes souvent à cet endroit?”

Levana nota la tension qui flotta soudainement dans l’air lorsqu’elle mentionna l’idée de déménager un enfant. Avait-elle touché une corde sensible? Curieuse, elle releva les yeux pour observer les subtils changements d’expression dans le visage de son collègue. Yep, définitivement une corde sensible. Intéressant.

Gabriel confirma ses doutes en répondant quelque chose quant à la stabilité. Levana hocha la tête, faisant mine de comprendre son point de vue. Au fond, elle partageait son opinion. Elle savait qu’elle voudrait se poser avant de fonder une famille, c’est ce qu’elle voulait pour ses enfants. Gabriel n’avait pas tort, c’était l’opposé de la stabilité: le décalage horaire, les clashs de culture, le mal du pays, les changements de températures et de coutumes… c’était beaucoup, et encore pire pour un enfant. Avoir un sentiment d’attache, c’était important. Cependant, une partie d’elle-même repensait à son envie brûlante de découvrir le monde à l’adolescence, une envie qu’elle avait dû repousser à plus tard de nombreuses fois dû à la santé physique et mentale de ses parents. Le fait d’avoir été retenue par quelque chose l’avait rendu d’autant plus insatiable lorsqu’elle eut l’occasion de partir. À quand le sentiment d’attache, l’ancre, devenait-il un boulet?

Cependant, elle avait bien compris qu’elle était en eaux dangereuses, elle n’irait pas le contredire une nouvelle fois; ce serait contre-productif. Elle ne devait pas oublier qu’une partie de cette conversation servait un but bien précis. En échange, elle lui offrit un sourire rassurant lorsqu’il s’excusa. “Ne t’excuse pas, voyons. C’est bien normal qu’un père ait des réticences, surtout lorsqu’il en vient au bien-être de sa fille.” Elle eut un sourire malicieux. “Et le rôle de père protecteur te va plutôt bien.” lâcha-t-elle avec un rire.

Elle haussa les épaules et posa sa fourchette pour prendre son verre entre ses doigts. “J’aime bouger, mais on oublie facilement que je n’ai pas vraiment vécu ailleurs avant les études, du moins pas après mon déménagement initial. Les voyages sont venus beaucoup plus tard dans ma vingtaine.” dit-elle pour tenter de suivre les lignes en faveur de son opinion. “J’avais prévu de parcourir le monde tous les étés, lorsque j’étais à Beauxbâtons.” dit-elle avec un sourire rêveur. “Mais je revenais toujours en Espagne. Chez moi.” Elle prit une gorgée de vin. “Alors la stabilité, c’est bien aussi.”

Elle se garda bien de mentionner que c’était plus ou moins par choix. Mieux vallait ne pas trop en révéler et le laisser croire ce qu’il voulait.

“Ah, l’Égypte!” Elle eut un grand sourire, observant son collègue, toujours incrédule qu’il ait accepté de partir en voyage avec elle un de ces jours. “Je n’ai jamais eu la chance d’y aller plus que quelques heures, le temps d’une escale. J’adorerais visiter, ce serait avec plaisir que j’accepterai l’invitation.” Elle se doutait bien qu’il avait été dans le pays dans le cadre du métier de son ancienne conjointe. Levana connaissait Sorcha de par Thomas, et indirectement, de par l’IDEM. C’était plutôt facile de comprendre pourquoi Gabriel avait voyagé dans ce coin.

"Mais avant tout, le plus important c'est de pouvoir trouver son bonheur déjà de façon indépendante pour pouvoir vraiment accepter une vie à deux."

Levana eut envie de grimacer, alors elle lui répondit avec un sourire, prenant une nouvelle bouchée de poulet au passage pour se donner quelques secondes pour réfléchir à sa réponse. C’était un commentaire honorable, et une philosophie de vie que Levana partageait. Pourtant, quelque chose la rendait nostalgique. Avait-elle réellement déjà accepté une vie à deux? Elle avait toujours considéré ses relations comme éphémères, et les quelques personnes qu’elle avait réellement adoré… elle les avait fuit, en quelque sorte. Qu’est-ce que ça voulait dire sur elle? “Exactement.” répondit-elle finalement, feignant la satisfaction. Avant d’éclater de rire à son commentaire, levant son verre à son tour. “Tu sais, parfois les meilleures leçons de vie viennent des soirées les plus arrosées.” Elle termina son verre à son tour, les yeux brillants.

Peut-être était-ce le vin qui lui déliait la langue, mais elle ne put s’empêcher d’ajouter: “Je dois avouer que la vie à deux est tentante dernièrement… avec tous les préparatifs du mariage de  @Neve Walsh et  @Thomas Buchanan, j’ai la romance plein la tête.” Elle seccoua la tête avec un sourire en coin, comme pour chasser des chérubins imaginaires. “Il reste beaucoup à faire, mais j’espère que ce sera une bonne soirée.”

Elle mis un peu de salade sur sa fourchette. “Tu as déjà pensé te marier?” demanda-t-elle, curieuse. Si elle avait bien compris de ses observations et de ce que Thomas avait pu lui dire sur leur ancien couple, ils n’avaient jamais scellé officiellement leur union.

Levana nota sa réponse quant à la cuisine. C’était déjà beaucoup plus que ce qu’elle savait elle-même faire, alors elle n’avait aucune reproche. Elle eut un sourire satisfait à sa question. “J’y vais avec des gens comme toi, mon cher Gabriel.” répondit-elle avec un sourire espiègle. “Des collègues, des amis… je suis rarement seule longtemps dans un nouvel endroit. J’aime bien faire de nouvelles connaissances.” Elle eut un petit sourire fier.
“Oh, et évidemment, j’ai beaucoup de repas avec le travail.” soupira-t-elle, se rappelant soudainement ses dîners passés et à venir, rien que dans les prochains jours. “On sous-estime la quantité de négociations passées au-dessus d’une assiette de fine cuisine. Ça limite beaucoup mes occasions de cuisiner pour moi-même.” Pas que j’aimerais en avoir la chance…

Levana eut un sourire lorsque Gabriel mentionna les rumeurs quant au mariage. "Rien de moins pour mes deux amis." dit-elle en levant les yeux de son plat avec un sourire. À vrai dire, si elle se plaignait du manque de temps, elle devait avouer qu'elle aimait ce genre de défi, même si elle aurait préféré qu'il survienne à un moment plus opportun.
"Et puis, quel genre de demoiselle d'honneur serais-je, si je n'offrais pas à la mariée le plus beau mariage qui soit?" elle offrit un clin d'œil à Gabriel avant de pendre sa bouchée.

Elle croisa ses jambes sous la table, écoutant avec intérêt sa réponse quant à son propre mariage, ou plutôt l'idée de. Levana savait pourquoi elle n'était pas mariée. Elle n'était pas prête- non, le monde qu'elle avait a offrir à ses enfants n'était pas prêt. Dans ce cas, pourquoi se poser tout de suite? Autrement, elle aimerait bien pouvoir arborer une bague à son doigt. Après tout, le mariage de ses parents avait été le parfait exemple d'un amour durable, un mariage sain. Sa clarté d'opinion quant à ce genre d'union la rendait donc d'autant plus curieuse de savoir pourquoi certains couples ne se mariaient pas lorsqu'ils en avaient la chance.
Timing, répondit-il. Pareil. pensa Levana.

Cependant, cela lui fit se demander si Aurore n'avait pas été un accident. Après tout, si le timing n'avait pas jamais été bon pour un mariage, quand l'avait-il été pour un enfant? L'arrivée d'Aurore était-elle planifiée? Elle considéra la question trop indiscrète pour la poser, et se contenta de hocher la tête en signe de compréhension.

Elle esquissa un sourire espiègle lorsque Gabriel lui retourna la question, appuyant son menton dans sa paume, le toisant au dessus de la table, comme pour l'observer de plus près. "Crois-tu assez me connaître pour faire ce genre d'assomption?"
Son sourire s'élargit, et elle s'éloigna à nouveau, appuyant son dos sur son dossier de chaise. "Tu n'as pas entièrement tord, je te l'accorde." Elle haussa les épaules, pensive. Elle traça le contour du pied de son verre du bout du doigt, hésitante à révéler ce genre de chose sur elle. "Je ne sais pas ce que me réserve l'avenir, mais j'aime imaginer que j'aurai un jour la chance de porter la robe blanche et vivre heureuse pour le reste de mes jours." Elle eut un petit sourire en coin, et releva les yeux pour les plonger dans ceux de Gabriel. "Une question de timing."

Levana poussa légèrement son verre vers Gabriel pour lui faciliter la tâche lorsqu'il la resservi. "Je vais prendre tous les bons présages qu'on m'offre, dans ce cas!" dit-elle avec un éclat de rire, portant le rosé à ses lèvres avec reconnaissance.

Elle haussa les sourcils à sa proposition. "Cuisiner chez moi? Je n'ai pas de problème à être hôte, si tu cuisines." dit-elle avec un sourire amusé. "J'ai déjà utilisé ma cuisine, mais le résultat était... très peu alléchant." Elle eut une petite moue au souvenir de l'immonde repas qu'elle avait, au final, jeté. Elle savait qu'elle était la seule à blâmer, n'ayant pas fait l'effort d'apprendre lorsque sa mère, la meilleure des cuisinières, pouvait encore lui apprendre. Elle manquait d'expérience, elle ne connaissait pas les recettes ou les trucs, et elle n'avait aujourd'hui plus la force ou le temps d'apprendre en prenant des cours, ou simplement le courage de demander.


Levana pris une nouvelle bouchée de salade alors que Gabriel se lançait sur la question d’accompagnateur au mariage. “Mh!” s’exclama-t-elle, enthousiasmée par la question, mais ralentie par sa bouche pleine. Une lueur d’excitation pétilla dans les yeux de la philanthrope, qui adorait ce genre de conversation, encore plus lorsqu’elle n’était pas la principale concernée.
Elle termina d’avaler sa bouchée et prit une gorgée de vin à la hâte, avant de finalement répondre. “Non, non… je n’ai pas eu le temps de regarder cet aspect de la soirée.” dit-elle, amusée. “Et puis, je me sentirais coupable de faire attendre mon cavalier pendant une bonne partie de la soirée, avec l’organisation, les serveurs et tout le reste… Mon accompagnateur devrait avoir la patience d’un ange.” expliqua-t-elle. Elle ne mentait pas: pour être franche, elle avait été tellement occupée qu’elle n’avait même pas réfléchi à se trouver un propre +1, mais même si elle avait voulu, elle n’aurait pas trouvé le temps de trouver la personne idéale, vu les circonstances. “Je vais tout de même profiter de la fête.” ajouta-t-elle avec un regard entendu. Elle serait damnée si elle ne mettait pas le pied sur la piste de danse avec un verre à la main. “Mais je veux m’assurer que la soirée mène bon train et que les mariés soient satisfaits avant d’en profiter moi-même.” Au fond, elle savait qu’une partie de sa réputation en tant qu’organisatrice était en jeu, et c’était de sa nature de prendre soin de ses invités.

Elle haussa les sourcils et se pencha légèrement vers la table, intéressée. “Et toi, tu viendras accompagné?” Elle eut un sourire malicieux, extrêmement curieuse. Si c’était des informations cruciales qui pourraient être détrimentaires dans son plan de se mettre Gabriel sous le coude, elle n’arrivait pas à s’y concentrer, incapable de se sortir de la tête le grand tableau blanc présentant les sièges réservés, réfléchissant déjà à qui elle aurait à bouger dépendant de la réponse négative ou positive de l’auror.