Guide me into the night
"We've all got both light and dark inside us. What matters is the part we choose to act on, that's who we really are"
Memento Mori.Ou souviens-toi que tu es mortel. Une allocution que les moldus de l'antiquité utilisaient pour ne pas oublier qu'une fin les attendaient. Quand, où ? Peu importe. J'ai réalisé que nous n'étions pas si différents d'eux. Nous naissons, apprenons, aimons, détestons pour en fin de compte, aller vers la même finalité. C'est le seul destin qui nous attend. Pour le reste, je ne crois pas aux chemins tout tracés bien que fatalement, nos racines familiales et l'éducation qui en découle nous influent sur notre façon de voir le monde et de l'appréhender. Mais je suis la preuve vivante que cette affirmation peut être fausse. Moi-même fruit de l'union d'un Seymour et d'une Cavaleri, deux familles nobles de sang-pur aux idéologies extrémistes, il m'a été inculqué d'être toujours le meilleur pour lisser l'image de mes parents. D'obéir, de hocher la tête et de baisser les yeux quand mon père me parlait. Je le détestais. Je
les détestais et ironiquement, il est ce qui me terrifie le plus. Vivant dans l'ombre de mon frère, je ne trouvais que comme seul échappatoire les livres que je me plaisais à dévorer. Je me suis cultivé et par dessus les pages, j'ai appris à observer les gens et j'ai compris que c'était le meilleur moyen de m'en protéger en discernant ce qui fait leur force, mais aussi leurs faiblesses. Je ne faisais confiance à cette époque qu'à moi et à moi seul.
Le choixpeau sur ma tête avait perçu cette part contradictoire en moi. Celle de mon ambition de faire tomber ceux qui ne méritent que mon mépris et l'autre, de mon désir d'en apprendre toujours plus sur le monde qui m'entoure. Serdaigle était ma nouvelle maison mais j'aurais très bien pu devenir un Serpentard. Suivre cette tendance générale des Seymour à être admis dans cette maison de malheur. La solitude était ma seule amie. Je ne savais pas ce qu'était de sourire ou de rire. Je ne savais pas ce que c'était de compter vraiment pour quelqu'un jusqu'à ce que je te rencontre toi et les autres. Je pensais que je te rendais curieuse, comme une bête de foire. Tu insistais à venir t'assoir à côté de moi et me parler, me demandais ce que je lisais. Je ne te l'ai jamais dit que j'appréciais ta compagnie même si cette fine ligne qui se dessinait sur le coin de mes lèvres me trahissait en ce sens. Que j'adorais discrètement relever ces mimiques qui te caractérisaient et que ce chat noir à qui tu aimais te confier, c'était moi. Sans m'en rendre compte, je changeais sous ton influence. Je retournais à ma dure réalité lorsqu'il était l'heure pour nous de rentrer dans nos demeures respectives. Savoir que j'allais te retrouver quelques mois plus tard m'aidait à rester solide.
Nos chemins se sont séparés quelques temps, toi pour terminer ta formation à l'étranger et moi, pour évoluer en tant qu'Auror au Ministère. J'ai gardé chacune de tes lettres. C'est amusant quand j'y repense, que l'on se soit retrouvé par hasard. Ou alors tu avais tout calculé. Je ne serais même pas surpris que cela soit le cas pour être franc. J'ai toujours admiré ton tempérament combattif, à vouloir changer les choses. C'est bien pour cela que tu es devenue avocate n'est-ce pas ? Tu pensais que j'étais devenu moi aussi Auror pour servir le bien. Tu trouvais qu'on faisait une super équipe. Mais en réalité, je ne suis pas vraiment l'homme que tu croyais que j'étais. J'ai commis des actes discutables que tu n'aurais sûrement pas approuvé, à commencer par couvrir ma cousine Cléophée en dissimulant la véritable cause de la mort de son mari. Que me égoïsme me poussait surtout à satisfaire une quête personnelle : faire tomber la Main et les miens qui avaient empoisonné mon existence. Ce que je n'avais pas prévu, c'était de m'attacher à toi. Je t'ai repoussé pour te protéger. J'ai lutté contre ces sentiments que je n'avais jamais connu auparavant. J'aurais dû résister. Peut-être serais-tu encore en vie aujourd'hui. En t'épousant, je t'ai condamnée à mort toi et notre enfant. Voilà où mon égoïsme m'a mené.
Te demander pardon ne suffira pas. C'est pour cela que je compte briser la malédiction ayant que trop longtemps condamné les Seymour à faire le choix de la pureté.
Sache néanmoins que je t'ai aimé, même si je n'étais pas le meilleur pour le montrer et que je n'ai pas su rendre ce que tu me donnais.
Jamais je ne me pardonnerais pour mon silence.
Jamais.