[ANIM] Festivité, le 15.07 à 19h, Out & About

Out & About

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15 juillet, 19h

Elle avait considéré longuement le petit message de Nero sans trop savoir quoi en penser. D'ordinaire, quoiqu'il n'était pas rare qu'ils sortent ensemble pour manger un bout à la pause déjeuner par exemple, Nero ne s'embarrassait pas de tant de formalisme. A vrai dire, il n'y avait pas tant de formalisme que ça dans son petit message. C'était simplement quelques mots, griffonnés sur un morceau de papier et pas un roman fleuve. Elle se posait des questions pour rien ou plutôt pour les mauvaises raisons. A cause de la curiosité mal placée de sa propriétaire qui voyait d'un oeil polisson qu'un homme ait le double de la clé de son appartement. Il était vrai que son amitié avec Nero MacGregor était étrange à bien des égards. Ils partageaient des choses qu'ils ne pouvaient partager avec personne d'autres. Se retrouvaient à des heures improbables, dans des lieux improbables, pour leurs petits trafics humanitaires. Il était vrai qu'il faisait partie des deux seules personnes à avoir jamais franchi le pas de son appartement et que, de fait, elle le considérait comme un membre de sa famille. Une drôle de famille au demeurant.

La petite fermeture de la créole eut un clic caractéristique, chassant toutes les suppositions saugrenues qu'avait soulevé un morceau de papier. En vérité, Nyéléni avait le trac. Quelque chose dans le genre. Elle ne savait pas exactement quelle était la bonne tenue, la bonne attitude. Irvin lui avait vaguement parlé des commémorations en lui disant qu'elle y trouverait surtout un ramassis de crétins en sueur. Le briseur de sorts avait lâché ça d'un ton dépité, reprochant au reste du monde son manque de considération pour l'histoire nationale. Mais quand la charmante secrétaire de l'IDEM lui avait demandé s'il comptait s'y rendre, il avait souri avec un haussement d'épaules entendu. Évidemment que non. Ce devait être le genre d'événements où Vorpe se rendait uniquement en tant qu'invité d'honneur, du moins, c'était ce qu'elle imaginait.

Finalement elle passa une touche de rouge sur ses lèvres, comme à son habitude. La petite note distinguée qui contrastait élégamment avec le jean et le t-shirt casual qu'elle avait choisi, loin de ses tenues rétro très savamment étudiées, qu'elle portait toujours au travail.

Elle se rendit à la gare, prenant la première cheminée pour Pré-au-Lard quand bien même ce n'était pas son moyen de transport préféré. Au moins, il ne la faisait pas plus remarquer que cela. Il ne lui fallut pas longtemps pour se retrouver sur le pas de la porte de la maison de l'écossais. Entre temps, elle avait rencontré au moins quatre vendeurs ambulants prêts à lui faire acheter leurs babioles sous prétexte qu'ils avaient le sourire le plus commercial de la terre. Elle avait décliné, certainement pas convaincue qu'offrir un pendu réutilisable était la chose à faire...

Elle levait la main pour frapper à la porte quand...

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15 juillet 2022; 19h - pré-au-lard ⟠ @Iris Faux-Orpin

L’un des nombreux avantages qu’il voyait à ses journées chargées, c’est qu'elles lui permettaient de travailler jusqu’à l’épuisement, et de sombrer dans un coma profond et sans rêve.

Évidemment, ce n’était pas une méthode infaillible, et il ouvrait encore parfois les yeux au beau milieu de la nuit, haletant et paniqué, cherchant des repères dans son environnement qui n’était pas toujours familier. Il se calmait rapidement et laissait quelques minutes à son cœur pour faire la même chose, presque comme si rien n’était arrivé.

C’était presque toujours la même chose. Il avait l’habitude, et avec le temps, s’en était désensibilisé. De toute façon, il trouvait les souvenirs beaucoup plus tiraillant que les rêves. Mais parfois, le sommeil ne le retrouvait plus après ce réveil forcé; il réfléchissait trop, à l’IDEM, la nouvelle toiture des Nash, à l’attaque contre les Clearwater, aux réfugiés qu’il devait rejoindre dans quelques jours pour lesquels il n’avait toujours pas trouvé d’hébergement, aux victimes de ses sorts, à la lessive qu’il avait oublié sur la corde à linge.
Alors il se levait.

La veille, il avait choisi de prendre l’air. La température était fraîche, mais agréable, même aux petites heures du matin. Dans la noirceur de la nuit qui n’était pas tout à fait terminée, il avait parcouru les rues du quartier, observant les changements en préparation pour les festivités de la commémoration. Les tentes des performeurs, les kiosques, les attractions… on aurait pratiquement pu croire en une ville fantôme, à cette heure, seul le bruit du vent accompagnait celui de ses pas. Mais Nero savait ce que les festivités impliquaient, et sans trop savoir pourquoi - peut-être était-ce la plénitude du moment, ou la nostalgie - lorsqu’il rentra chez lui, il griffonna une invitation à l’intention d’Iris.

Rien de formel, rien de particulièrement surprenant de la part de Nero. Cependant, lorsque le soleil fut bien haut dans le ciel cette journée-là, Nero réalisa de plus en plus que ce geste, qui avait paru si anodin à l’aube, n’était pas si ordinaire. Il n’avait jamais vraiment invité Iris à quoique ce soit d’autres que des activités routinières, si on excluait son implication dans le passage des nouveaux arrivants. Les festivités étaient tout autre chose, c’était… une célébration, une fête, un événement… qu’en penserait-elle? Lui n’en pensait rien, du moins, c’est ce qu’il croyait. Mais elle?
Était-ce bizarre qu'il l’ait invité à ce genre de chose? Trouverait-elle cela étrange? Il n’y avait pas réfléchi plus que ça, il avait simplement eu envie de profiter, pour une fois, et avait envie de compagnie pour le faire.

À l’approche de 19h, Nero se surprit à faire les cent pas, et après avoir jeté un coup d’oeil à sa montre pour la millième fois, se rappela soudain les vêtements laissés à sécher dehors qu’il avait oubliés la veille. Alors qu’il ouvrait la porte pour s’en occuper, il tomba nez-à-nez avec Iris, qui s’apprêtait visiblement à cogner. Nero la regarda un instant avec cet air de surprise, presque comme si il avait oublié qu’elle venait, mais il se reprit bien vite avec un léger sourire.
“Bonsoir.” Il fit un pas vers l’arrière pour lui laisser l’espace. “Je vais chercher ma veste.” dit-il avant de disparaître vers le salon. Il se promis de rentrer sa lessive à son retour.

Iris n’était pas venue souvent ici, du moins, pas autant qu’il avait pu se rendre chez elle. Pour la simple raison que Nero n’était pas très souvent chez lui. C’était un endroit bien, une petite maison de campagne assez ouverte, mais avec peu de personnalité. Il n’y avait que quelques items qui trahissaient qui habitait réellement ici. Les photos étaient là, mais rares, et dataient majoritairement d’une époque plus ancienne. Des outils, des cartons, quelques bouquins de construction, une tasse de café oubliée sur l'îlot de la cuisine, des accessoires de guitare mais une guitare introuvable…

Nero agrippa sa veste qui reposait sur le dossier du sofa, et revint vers l'entrée, reposant sa veste dans son coude. Il ne faisait pas très froid, en juillet, mais il aimait être prévenant. “Prête?” demanda-t-il en intimant la porte d’entrée d’un geste, laissant Iris sortir la première.

Une fois dehors, il les guida vers la statue érigée en l’honneur de la bataille, les mains dans les poches, à mi-chemin entre un état de détente et de stress. Si il était dans son élément, il avait l’impression qu’il devrait dire quelque chose, mais rien ne lui venait, laissant planer un silence qu’il ne savait pas comment briser. “Content que tu sois venue.” dit-il finalement. Il releva un bras, lui offrant son coude pour continuer leur promenade. "Tu vas bien?"

La commémoration avait déjà commencé lorsqu’ils rejoignirent la foule, mais Nero s’en réjouissait secrètement. Il n’avait pas tellement d’intérêt à se mêler à la politique de cet événement. Le Ministre descendait de la scène et les jeunes enfants déposaient des fleurs sur le monument. Lorsque ce fut fait, le Ministre appela @Gabriel Standford pour mener la marche, et Nero roula des yeux. Il ne pouvait avoir réellement aucun répit nul part.

Il resta un retrait un instant, laissant le groupe de spectateurs bouger. Il jeta un coup d'œil à la statue, et s’approcha de la plaque en silence, lisant les noms qui y étaient inscrits. Il en reconnaissait plusieurs. Des amis de Poudlard, surtout, certains avec qui il n’avait pas gardé contact, d’autres à qui il avait assisté à leurs funérailles avec une peine immense.

Nero savait l’audace qu’il avait de se tenir là, à lire les noms de ceux qui s’étaient réellement battus pour la cause. Bien que Nero ait donné l'occasionnel coup de main à l’Ordre, il l’avait surtout fait pour @Jameson Clearwater et @Braxton Clearwater. Il savait qu’il ne s’était pas impliqué dans le combat autant qu’il aurait pu le faire, autant qu’il l’aurait fait dans le passé. À l’époque, rien d’autre ne comptait pour lui que de garder sa fille en sécurité, et cela impliquait aussi de garder en vie le seul parent qui lui restait. Bien niché dans le monde moldu, il regardait les événements se dérouler, prêt à défendre lorsque absolument nécessaire, mais jamais prêt à prendre les armes le premier. C’était peut-être égoïste. Après tout, nombreuses de ces victimes avaient été parents. Aujourd’hui, ça ne changeait plus rien.

Il détourna le regard des noms avec un soupir et se tourna vers Iris. “Tu veux suivre la procession?” demanda-t-il en pointant la foule qui commençait à défiler vers l’école “ou rester ici?”

La porte s'ouvrit sur un Nero nettement plus surpris que ce à quoi elle s'était attendue. Se serait-elle trompée d'heure ? C'était bien possible avec Gemma qui lui avait tant tourné autour, l'africaine n'avait eu qu'une envie, se trouver loin de la fleuriste, à l'autre bout du monde si possible. Il lui sourit finalement puis s'éclipsa une seconde pour aller chercher sa veste. Une excellente idée à laquelle, elle, n'avait pas pensé bien sûr. Elle grimaça intérieurement, comptant bien sur le rassemblement pour lui tenir chaud, elle qui était si frileuse et si peu habile de sa baguette flambant neuve. Quant à la maîtrise de sortilèges qui lui avaient été aussi inconnus qu'inutiles pendant quarante ans de sa vie... Balayant la question du climat, elle risqua un pas à l'intérieur de cette maison où, finalement, elle était venue très peu souvent mais elle n'eut le temps de rien ou presque qu'il revenait déjà.

Elle le suivit dans la rue, tout à fait aise de partager un moment de silence avec lui. C'était le genre de choses qui ne l'avaient jamais dérangée jusque-là et même si elle n'était toujours pas sûre de l'attitude à adopter, elle résolut de ne rien changer à leurs habitudes tout en se disant intérieurement que Gemma aurait relever que ce n'était pas normal d'avoir des habitudes dans leur situation. En même temps, rien n'était vraiment normal pour eux, que ce soit chacun de leur côté ou les deux ensemble. Tout faisait figure d'exception et ils se contentaient généralement de feindre la normalité. Au moins réussissaient-ils plutôt bien à cet exercice.

Finalement ce fut lui qui brisa le silence, d'une façon un peu bizarre puis lui offrant son bras il demanda comment elle allait, comme il avait souvent l'habitude de le faire. C'était même assez drôle car de toutes ses connaissances, Nyéléni était à peu près certaine qu'il était le seul à ne pas poser la question en l'air, entre le bonjour et le café. Nero se souciait toujours des autres, réellement, ce qui, pour être une grande qualité, lui causait plus de souci qu'au commun des mortels. Mais ça le rendait aussi attachant. Pendant un bref instant, l'envie lui prit de se débarrasser des soupçons de Gemma en les partageant avec lui. Exposés ainsi, ils ne pourraient plus que paraître ridicules.

Du coup, son geste de passer sa main à son bras resta suspendu un instant.

« J'ai eu une drôle de conversation avec ma propriétaire ce matin. Tu trouves que... », comment allait-elle formuler ça. « Elle trouve... non laisse tomber c'est ridicule. », finalement elle prit son bras, « Tu as eu le temps de faire ce que tu voulais chez toi ? »

Elle savait qu'il avait toujours plus ou moins un programme, soit de bricolage, ou de corvées. Comme s'il avait eu en horreur l'idée de se poser à ne rien faire cinq minutes. Ca n'avait rien de vraiment surprenant mais à ses yeux à elle, il aurait gagné à vraiment lever le pied et reprendre son souffle. « Oh et j'allais oublier de te dire : j'ai trouvé un appartement. Je t'ai laissé les clés comme d'habitude. »

Une remarque parfaitement anodine pour une oreille profane mais lui saurait bien de quoi elle parlait et, elle l'espérait, ça lui ferait ça de moins à penser. Elle lui sourit paisiblement et son sourire était comme un cadeau, une invitation à se laisser porter cinq minutes. C'était ce genre de sourires qu'elle avait parfois et que tout le monde accueillait à bras ouverts.

La commémoration ne les avait pas attendus pour démarrer. Presque discrètement ils se joignirent aux autres, Nyéléni suivant d'un oeil respectueux mais intrigué les offrandes de fleurs. La statue était magnifique mais ils avaient raté l'essentiel du discours qui lui aurait permis de savoir exactement ce qu'elle représentait. Suivant les enfants du regard avec attendrissement, son attention fût captée par un nom familier. Un petit sourire narquois étira ses lèvres comme elle glissait un regard en coulisse à l'expression de Nero juste pour le voir rouler des yeux. C'était qu'il adorait tellement ce cher @Gabriel Standford , rien moins que le père de sa nièce d'ailleurs, un homme tout à fait charmant de l'opinion de Nyéléni mais elle se gardait bien de partager cet avis avec son ami mi ours mi fente de meurtrière, du moins tant qu'il ne pointait pas lui même le sujet.

« Qui est-ce que cela représente précisément ? », souffla-t-elle presque à son oreille.

Si elle était bien au fait des péripéties récentes de l'histoire britannique, du fait de son éducation, elle ne parvenait pas à remettre le petit groupe. Tout au plus pouvait-elle risquer le nom d'Albus Dumbledore mais ça ne lui ressemblait pas vraiment... En guise de réponse, ils approchèrent tandis que la procession s'éloignait et elle put finalement voir la plaque commémorative où était gravée une liste de noms qui semblait ne jamais vouloir finir. Il ne lui fallait guère plus d'explications sinon l'air fermé de Nero, pour faire le lien avec les dernières guerres. Elle fit légèrement pression de sa main sur son bras, comme chaque fois qu'elle voulait lui témoigner un peu de réconfort puis finalement, il détourna le regard de la longue litanie de noms dont certains devaient lui être familier pour s'enquérir de ce qui lui faisait envie.

« A choisir j'aurais tendance à vouloir t'éloigner de ce qui te donne le cafard mais... c'est peut-être important pour toi de pouvoir rendre hommage. En ce qui me concerne, je regarde tout cela d'un oeil neuf alors... »

Dans tous les cas, elle aurait son content de découvertes ce soir.

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15 juillet 2022; 19h - pré-au-lard ⟠ @Iris Faux-Orpin

La curiosité de Nero fut piqué un instant, alors que Iris hésitait. Tu trouves que quoi? demanda-t-il mentalement, sans pour autant s’exprimer à voix haute. Si l’envie lui démangeait qu’elle termine sa pensée, il se dit que tout ce qui pouvait concerner sa propriétaire jacasse ne devait pas être si important, et que Nero respecterait le choix Iris de ne pas en parler, soulagé qu’elle prenne finalement son bras.

Il se retourna vers elle avec un demi-sourire, amusé à sa question. “Oui. Il ne me reste que la lessive à rentrer, je le ferai plus tard. Mon invitation n’a pas trop chamboulé tes plans de soirée?” demanda-t-il en retour.

Lorsqu’elle lui annonça avoir trouvé un appartement, il ne put s’empêcher un soupir de soulagement, serrant un peu plus le bras de son amie contre lui. “Mais qu’est-ce que je ferais sans toi.” souffla-t-il, levant le regard au ciel, réellement soulagé. C’était une chose de moins sur sa liste, une chose de moins à penser. “Merci.”

À la commémoration, il entendit Iris lui poser une question à l’oreille, mais était trop concentré sur l’hommage pour vraiment réaliser qu’il s’agissait d’une question qui lui était adressée.

Lorsqu’elle répondit à sa question, il lui offrit un demi-sourire, reconnaissant pour son attention. Il hocha les épaules avec un air résigné, mais calme. “T’en fais pas pour moi.” la rassura-t-il. Il avait fait la paix avec tout ça il y avait plusieurs années, et puis, il ne pensait pas être la personne la mieux placée pour rendre hommage, de toute façon. Il stabilisa à nouveau le bras de la sorcière à son coude, pointa d’un petit coup de menton la foule en marche. “On peut suivre la procession. Ça me ferait plaisir de revoir Poudlard de plus près, ça fait longtemps. On pourra revenir pour les stands de nourriture après, si ça te dit.” suggéra-t-il.

Alors qu’ils se mettaient en marche, une bonne distance les séparant déjà de la queue de la file, il se souvint qu’elle lui avait mentionné avoir assisté à la remise des diplômes. “Tu y es déjà allé à Poudlard, donc?” demanda-t-il, observant l'impressionnant château qui se dessinait au loin.

Puis, se sentant obligé de commenter sur ce qu’elle avait dit, il ajouta: “As-tu été affectée par la guerre sorcière?”

Elle plongea son regard dans le sien longuement avant d'éclater de rire. Il avait cette façon de la regarder avec les yeux de l'innocence qui la surprenait parfois. Que voulait-il qu'elle ait tant prévu pour la soirée ? Un tête à tête avec un bouquin probablement ou encore aller s'asseoir à la terrasse d'un café à la fraîche, comme elle appréciait de le faire de temps à autre. Elle aurait effectivement pu avoir quelque chose de prévu avec @Yeleen Sô, à sa décharge.

« Non, non rassure-toi. Terreur dans les Îles Moustiques va pouvoir continuer de prendre tranquillement la poussière sur ma table basse... »

Elle n'avait jamais eu l'intention de lire le tome 2 des aventures d'Irvin Vorpe mais on ne savait jamais ce qu'il pouvait se passer faute d'un autre livre à se mettre sous la main. Intérieurement, quoi que sans le mentionner, elle se promettait de lui filer un coup de main pour le linge puisqu'elle était probablement arrivée pile pour l'empêcher d'aller au bout de son idée et, vu la fraîcheur des nuits britanniques, il y avait de forte chance qu'il ait double travail à se débarrasser de l'humidité qui ne tarderait pas à retomber.

Au passage, elle crut bon de lui glisser qu'elle avait trouvé l'appartement dont il avait besoin, nouvelles qu'il accueillit avec soulagement et presque un peu d'affection. Nyéléni sourit.

« Beaucoup plus d'ateliers avec Patrick, le gourou niçois en cycliste jaune ? », suggéra-t-elle d'un ton gentiment railleur alors qu'il se demandait ce qu'il ferait sans elle. Une occasion de le renvoyer en douceur à cette conversation qui revenait souvent entre eux, sur le fait de savoir un peu lâcher prise. Elle aimait elle aussi se sentir utile et Nero ne manquait pas de lui donner des occasions de le faire, c'était le seul remerciement dont elle avait besoin. Bien sûr, dans un monde idéal, elle aurait voulu rendre leurs activités plus légales. C'était faisable, elle s'était renseignée. Mais étant elle-même clandestine, elle n'avait pas de moyen d'action là-dessus. Nero n'en parlons pas. Alors la chose restait à l'état de réflexion, planant au-dessus de ses pensées comme d'autres rêveries inaccessibles.

Elle approuva l'idée de suivre le cortège et se rapprocher de Poudlard. Cela lui rappellerait Yeleen, dont elle avait reçu une lettre après quelques jours sans nouvelles. Sur le moment, Nyéléni ne s'était pas fait trop de souci, la sachant chez sa belle-mère, côté non magique, avec Sean Clearwater. La jeune femme avait sans doute mieux à faire que de lui rapporter le moindre de ses faits et gestes et c'était bien ainsi. Mais la presse avait relaté des histoires d'explosion de gaz qui l'avaient fait tiquer et forcément, son esprit peut-être trop maternel, s'était mis à gamberger, jusqu'à ce qu'elle reçoive cette lettre de Yeleen, la veille au soir. Elle avait passé une partie de la nuit à cuisiner et réservé un vol Grands Ducs vers le Domaine Clearwater le matin même. Mais elle ne partagea pas ce petit élan d'inquiétude avec Nero. Il ne l'avait pas invitée pour broyer du noir et, puisqu'elle ne pouvait rien faire de plus, son invitation à sortir était plus que bien tombée.

« Oui, pour la remise des diplômes de Yeleen. Elle était tellement contente ce jour-là. J'ai même eu droit à une visite guidée des quartiers des élèves. »

Ce jour-là, la compagnie avait été aussi joviale qu'intéressante même si elle s'étonnait encore d'être passée à travers les mailles de la curiosité insatiable de @Jameson Clearwater. Elle commençait à apprécier ce curieux personnage d'ailleurs.

« Non pas vraiment. J'étais encore à Uagadou à l'époque et nous avions d'autres objets de préoccupation. Il y a un côté très autarcique à vivre dans une école sans jamais rentrer chez soi pendant plusieurs années. Non pas que je m'en sois jamais plaint en fait... »

A regarder en arrière, cela faisait partie de ces quelques périodes de sa vie où elle n'avait eu à se soucier de presque rien. A l'époque elle était Nyéléni Kérékou, la fille d'un vacher anonyme ou peu s'en fallait. Sa ceinture s'était rompue dans les premières années de sa scolarité. La situation géographique, à la fois éloignée de son pays natal mais même du reste du monde, offrait un effet de retraite rassurant. Elle ne s'était fait que peu d'amis c'était vrai, préférant se faire passer pour une jeune femme solitaire et plutôt réservée...

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15 juillet 2022; 19h - pré-au-lard ⟠ @Iris Faux-Orpin

Nero éclata de rire. Il ne pouvait pas dire qu’il était très familier avec la bibliographie de Vorpe, cependant, il se doutait bien qu’il n’y avait que des idiots comme lui pour donner un tel titre à son ouvrage. “Je ne comprend toujours pas pourquoi tu continues à l’ambitionner en lui prenant ces livres des mains.” dit-il, le rire dans la gorge.

Il roula des yeux à la mention du conférencier. “Dans tes rêves.” marmonna-t-il comme toute réponse. Si il pouvait passer le reste de sa vie sans revoir cet énergumène, il en serait très content. Des exercices de respirations… et puis quoi encore? Malheureusement, Imelda ne l'entendait pas de cette façon. Si Nero ne savait pas comment gérer sa colère, il ne serait probablement plus en liberté, ou pire, plus en vie. Il n’aurait jamais réussi à tolérer ses collègues de Atoum.

Lorsqu’Iris mentionna avoir revu @Yeleen Sô pour sa graduation, Nero l’écouta en silence, hochant de la tête. Intérieurement, si l’idée que la Malienne soit toujours en contact avec Yeleen m'inquiétait, il savait qu’il ne pouvait rien y faire, et préférait donc lui montrer son support. Il savait, au fond, à quel point c’était important pour elle.
Mais chaque fois qu’il était question de Yeleen, il y avait ces secrets qui planaient entre eux. Iris lui avait d’abord caché son existence, résultant au nettoyage que Nero avait dû faire.
Il ne lui avait toujours pas dit, d’ailleurs, repoussant encore et toujours le moment. Si il repensa au détective, ensanglanté et accroché au mur, il chassa vite l’image de son esprit. Ce soir, ce n’était pas le moment. Il lui offrit un léger sourire à la mention des quartiers étudiants. “Une visite guidée? Wow, je vois que tu hérites du traitement royal.” Il eut un petit rictus espiègle. “Je paris que tu n’as pas pu voir la salle commune des Serpentard, par contre. C’est la meilleure.”
La fierté pour sa maison, c’était un classique, même pour quelqu’un qui n’y avait été qu’une courte période.

“J’imagine.” répondit Nero en fronçant les sourcils. “Tu as trouvé ça difficile, de ne pas pouvoir rentrer chez toi? Revoir les tiens?” Si la question semblait anodine vu la conversation, Nero ne la posait pas simplement dans l’angle d’une école fermée, mais bien dans la vie entière que Nyéléni avait menée. Tout comme elle pour lui, Nero ne connaissait des bribes de sa vie, ce qu’elle avait bien voulu lui dire, ou les choses qu’il avait observées. Forcément, ne jamais revoir sa famille, ne jamais pouvoir rentrer chez elle, ça devait l’avoir affectée. Chez les MacGregor, c’était routiner de voir partir des membres de la famille pendant des mois pour des expéditions, mais la majorité d’entre eux avaient au moins la décence de rester en contact. Et ceux qui ne revenaient jamais, et bien… c’était différent. Ce n’était pas la même situation que Nyéléni, le même contexte politique et social, rendant les deux choses impossibles à comparer.

“Les relations avec ma famille sont tendues par moment, mais je ne sais pas si j’aurais pu entièrement couper les ponts avec eux.” Peut-être cela expliquait la férocité à laquelle Nyéléni s’était accrochée à sa nièce nouvellement trouvée.

Ils approchaient l’école désormais, l’énorme architecture s’élevant dans le ciel. Nero releva la tête jusqu’aux tours, si familières à une époque, mais qui aujourd’hui lui paraissaient presque étrangères. Il jeta un coup d'oeil inconfortable à la procession s’amassaient autour du Ministre encore une fois; peu enclin à l'idée de les rejoindre. Nero n’avait franchement pas envie de l’entendre, ni lui ou @Gabriel Standford, raconter des récits de guerre. Il se retourna donc vers Iris avec les yeux pétillants. “Tu veux qu’on aille faire un tour près du lac?” demanda-t-il, ne voulant pas mettre fin à leur conversation. Il devait avouer qu’une partie de lui espérait qu’elle dise oui, il n’avait pas souvent la chance de revenir ici.

« Mais parce que tu crois toujours que c'est un choix ? », s'offusqua la secrétaire comme Nero semblait ne toujours pas comprendre que Vorpe n'était pas le genre d'homme à se soucier de l'avis des autres, « Je te ferais le coup un jour de descendre à l'approvisionnement du style "Ah ah ah Nero ! Toujours aussi charmant ! Tenez, mon nouveau bon de commande pour les crayons auto-gommants, vous allez adorer ! Au revoir très cher ! Et tâchez de mettre une robe plus affriolante la prochaine fois qu'on se verra !!»

Elle n'exagérait qu'à peine mais ce portrait grotesque était assez hilarant, surtout comme elle tentait vaguement de se donner une grosse voix d'homme et ce regard séducteur qui n'étaient pas les siens. Malheureusement Irvin Vorpe n'était pas le seul trésor que l'IDEM avait déniché en termes de ressources humaines.

« Pourtant moi je voudrais bien te revoir la faire la respiration, avec ton air enjoué et ton regard doux comme un veaudelune. », continua de se moquer Nyéléni.

Il n'y avait guère qu'avec Nero qu'elle se montrait aussi taquine. Peut-être parce qu'il se montrait beaucoup trop sérieux quatre-vingt pourcent du temps ou simplement parce qu'avec lui elle était cent pour cent libre d'être ce qu'elle voulait. Sans doute un peu des deux. La conversation tout comme le cortège les mena vers Poudlard où Nero avait étudié. Bien sûr, il ne manqua pas de relever qu'elle n'avait pas pu voir la meilleure partie du château, à savoir les quartiers de sa maison à lui. Ce pour quoi, il récolta une moue faussement dépitée et un ben voyons. Mais elle reconnut tout de même que c'était vrai : elle n'avait pas pu visiter les quartiers de Serpentard.

Continuant de suivre la procession, la conversation les mena à parler de ses études à elle et par extension de sa famille. Malgré elle, elle laissa échapper quelques secondes, sacrifiées sur l'autel d'un silence pudique.

« Tu sais, il n'y avait plus vraiment de chez moi ou grand monde à revoir depuis longtemps. A l'époque j'étais fille de vacher. Ça voulait dire suivre inlassablement les pistes avec les vaches au gré des saisons. S'arrêter de temps en temps dans la famille de mon protecteur et faire semblant d'être vraiment sa fille. Avant cela, entre le moment où le gouvernement s'enorgueillissait d'avoir eu la tête de mon père dans tous les journaux et mon entrée à Uagadou, j'ai été la fille ou la nièce de cinq ou six autres familles, porté des noms qui n'étaient pas le mien pendant deux ans. Je crois que Uagadou a été un chez moi, plus permanent que les autres. Enfin... pas tout à fait. J'ai eu un chez moi au milieu des vaches, après Uagadou. Mais ça ne pouvait pas durer éternellement. »

Cette confession lui avait extorqué bien plus de mots qu'elle aurait cru. Par réflexe, elle jeta un regard autour d'eux mais personne ne prêtait attention à eux, d'autant plus qu'ils étaient assez à la traîne finalement.

« Ça n'était pas vraiment un choix. Quand mon père est mort, les hommes de main du gouvernement se sont senti pousser des ailes. Ils fracturaient les sceaux de sécurité de toutes les maisons susceptibles d'abriter un Sô. Je ne veux même pas savoir ce qu'il est vraiment advenu de Peyé Peyé, la troisième épouse de mon père. Les épouses de mon père avaient la réputation d'être très belles... », à nouveau elle marqua un petit silence, plus par respect pour les trépassés mais aussi pour garder la droiture et la contenance qui lui avaient ceint les épaules à la seconde où ils avaient abordé ce sujet, « Nabasa, mon frère, et sa mère ont été les premiers. Ça a servi d'avertissement aux autres. Ma mère et ma grand-mère ont jugé qu'il valait mieux disparaître et se séparer, pour que je survive mais je doute sincèrement que ni l'une ni l'autre aient pu passer inaperçu où que ce soit. Enfin, après toutes ces années, je crois bien que ça n'a jamais été le plan... »

En y repensant, il était évident que les deux femmes avaient fait un sacrifice plus grand qu'elles n'avaient bien voulu l'avouer à une gamine de seize ans.

« Mais enfin, ma famille se bornait à ma mère et ma grand-mère pour être honnête. » Ça ça n'était pas une information nouvelle, ou du moins pas tout à fait. Il savait déjà que ses parents n'avaient jamais été proches. « Alors que toi tu as une grande famille et tu es là pour tous malgré les querelles. Je dois avouer que ça me laisse toujours assez admirative... Ne dis pas non, je suis sûre que dans le linge qui t'attend pour tout à l'heure, il y a encore un peu de la lessive de ta soeur @Sorcha MacGregor. », ça n'était pas une taquinerie cette fois-ci, c'était même dit avec une certaine tendresse.

A ses yeux de malienne, élevée à l'ancienne, qu'un homme fasse la lessive était déjà assez extraordinaire en soi sans qu'il faille qu'il s'occupe des petits besoins de toute une famille mieux qu'une maman chat aurait pu le faire. Mawdo Sô en aurait été malade à sa place. Du moins, elle l'imaginait.

La procession ralentissait, s'agglutinant autour des fières figures du Ministre et du chef des aurors. Elle était justement en train de scruter l'apparition de cet air de grizzly renfrogné que Nero avait toujours lorsqu'il avait @Gabriel Standford en visu quand son ami tourna son regard vers elle avec ce petit air presque juvénile qu'elle ne lui connaissait pas.

« Tu ferais n'importe quoi pour ne pas avoir à subir son blabla hein ? », mais comme elle changeait déjà de direction, il comprendrait bien qu'elle acceptait la balade au bord du lac.

« Tu venais souvent ici, au bord du lac, quand tu étais à Poudlard ? », demanda-t-elle par retour de curiosité.

Elle y était venu avec Yeleen une fois. Mais ce soir, il ne faisait pas un froid de canard. Au contraire, la douceur de l'été les invitait à profiter des rives placides du lac autant qu'ils le voudraient.

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15 juillet 2022; 19h - pré-au-lard ⟠ @Iris Faux-Orpin

Nero éclata de rire une nouvelle fois à l'imitation de Vorpe, tâchant d'ignorer le commentaire désagréable quant à l'habillement d'Iris. Nero ne savait pas si c'était une exagération et une citation, renforçant encore plus son opinion sur cet imbécile.

Il seccoua la tête à sa remarque, un peu moins amusé à l'idée de la conférence. "Ça t'amuse de me voir souffrir?" demdanda-t-il, faussement outré. Il détestait royalement ces exercices, et toute cette mascarade. On ne l'aurait pas forcé à perdre son temps dans ce genre d'atelier, lorsqu'il travaillait encore à temps plein dans la construction. Il n'aurait peut-être pas assisté à l'atelier en entier - il ne tenait pas à son emploi à l'IDEM tant que ça - si Iris ne l'avait pas forcé. Au moins, si ça pouvait en amuser une...

Nero écouta en silence l'histoire de Nyéléni, alors qu'elle récitait la chronologie de son vagabondage. Plus qu'elle parlait, plus le regard de Nero s'assombrissait, choqué par ce que son amie avait pu endurer. À la mention des épouses de son père, et l'ambiguïté de ce qui avait pu leur arriver, Nero se rappela la vitesse à laquelle le détective lui avait offert les dossiers sur Nyéléni et @Yeleen Sô. Ça n'avait pratiquement rien pris, quelques coups, et il lui avait offert les deux filles sur un plateau d'argent. Il n'y avait pas de doute qu'il en aurait fait de même pour les Maliens à sa recherche. Il n'avait aucun remord pour ce qu'il avait fait. C'était la bonne chose. Il espérait seulement que @Braxton Clearwater ne lui en tiendrait pas rigueur sur ce qui s'était produit.

Il n'offrit pas de condoléances ou de sympathies à Nyéléni; non seulement parce que ce n'était pas tellement son genre, mais aussi parce qu'il ne trouvait pas ça très approprié. Il n'avait pas l'impression qu'elle lui disait tout ça pour de la pitié, mais simplement pour lui partager cette partie de son histoire, et il en était reconnaissant. "Tu étais proches de tes frères et soeurs?" demanda-t-il, curieux. "Les enfants des autres épouses?" précisa-t-il.

Encore une fois, Nero avait devant lui la preuve de la force de caractère de Nyéléni, de son adaptabilité et son courage. Il ne pouvait qu'avoir que du respect pour cette femme, qui possédait beaucoup plus que ce qu'elle pouvait le montrer. Tous ceux à qui elle adressait un sourire et un bienvenue, ils n'en avaient aucune idée. Ils ne savaient rien de ce qu'elle avait vécu, d'autres ne la voyaient à peine quand ils passaient son comptoir pour atteindre leurs propres bureaux. Elle méritait plus de reconnaissance que bien des MacGregors, mais ils n'en sauraient jamais rien. Nero seccoua la tête.

Comme si elle suivait silencieusement les pensées de Nero, Iris mentionna les MacGregor. Nero ouvrit la bouche pour la contredire, mais elle l'arrêta en mentionnant la lessive de sa soeur (@Sorcha MacGregor) parmi la sienne. Nero referma la bouche et pinça les lèvres, légèrement agacé qu'elle ait, encore une fois, raison. Il haussa les épaules avec un léger sourire, un peu résigné. "C'est la famille." dit-il, comme si ça constituait à la fois une explication et une justification.
Nero savait qu'au fond, ils feraient la même chose pour lui. Seulement, lui, il ne les laissait pas s'approcher. Il était un homme difficile à aider.

Iris commenta son changement de plan, voyant clair dans son jeu. "M'ouais." marmonna-t-il. "Il est déjà plus souvent au Domaine des MacGregor que j'aimerais l'y voir. J'aime mieux l'éviter quand je peux."

Alors qu’ils se frayaient un chemin dans la cour, Nero ne put retenir le léger sourire qui glissa sur ses lèvres, alors que les souvenirs lui revenaient. Il n’avait pas souvent la chance de revenir ici, mais revoir le lac, le château… ça lui rappelait une époque lointaine, qu’il avait pratiquement oubliée, un moment de sa vie où il avait encore tout l’univers à découvrir et l’ambition que seuls les jeunes qui n’ont rien vécu peuvent se permettre. Sa vie étudiante avait été courte, mais bien remplie, et il en avait pleinement profité. Ils longèrent le lac. La température était douce, invitante, lui donnant envie de rester ici pendant des heures.

Iris lui demanda si il venait ici souvent, et il eut un sourire, sachant que “souvent” était un euphémisme. “Oui.” Il eut un léger rire au souvenir de ses nombreuses escapades. “De nombreux bains de minuit. C’était interdit, évidemment, mais c’était ce qui rendait l’idée amusante.” Il se souvenait encore de l’adrénaline qu’il ressentait quand ils parcouraient les couloirs passés le couvre-feu, avec un seul but en tête.

“En temps normal, les étudiants en première année sont souvent plus tranquilles, et testent de plus en plus les limites alors qu’ils prennent leur aise dans l’école au fil des années.” expliqua-t-il. “Mais moi… j’avais les Clearwater. Ils étaient plus vieux que moi, alors ils étaient déjà bien en confiance dans l’école, et ils m’ont entraînés avec eux.” En un an seulement, ils n’avaient pas chômés, quand il repensait à la quantité d'idioties qu’ils avaient fait et de points enlevés à leurs maisons.

“Et puis, je venais beaucoup ici avec ma femme.” Ma femme. C’était bizarre de prononcer ses mots, il ne l’avait pas fait depuis des années. Il avait l’impression de parler d’un fantôme. Si son sourire disparu légèrement, son ton était doux. Il pointa un arbre un peu plus loin. “Elle aimait venir étudier là. Et moi, je venais courtiser.” dit-il avec un tout petit rire, exaspéré. Il n’ajouta pas plus de détails quant à cette relation; il parlait rarement de son ex-femme, encore moins de comment ça s’était terminé. Il observa l’endroit en silence un instant, pouvant presque revoir les deux jeunes adultes, innocents et sans aucune idée de ce que le futur leur réserverait. Il se tût sur le sujet et détourna les yeux, pour observer la surface du lac, aussi tranquille que de l’huile. Il ne put s’empêcher de repenser à comment ils en étaient venu à cette romance, si stupide et si rapide. Jameson l’avait défié d’aller parler à la jolie Serdaigle blonde, et Nero avait bombé son torse de MacGregor un peu trop fier, pour au final complètement craquer pour elle.
Même si ils s’étaient réellement aimés comme on aime une âme soeur, Nero se doutait qu’ils l’aient été. “C’était il y a longtemps.” conclut-il, une pointe de résignation dans la voix. J’étais quelqu’un d’autre. pensa-t-il, sombre.

Se rappelant soudainement de quelque chose, il retourna son regard vers Iris. “Ah, oui. Il fallait que je te dise. Je ne voulais pas le mentionner devant Yeleen, comme c’est son professeur et tout ça. Mais le sorcier qui t’entraînes, Jameson? C’est mon meilleur ami, depuis toujours.” (@Jameson Clearwater)

Nero n’en dit pas plus quant à la profondeur de leur relation, les mots semblaient insuffisants. Il aurait pu mentionner qu’il avait été le parrain de sa fille, mais c’était ouvrir la porte vers un sujet qu’il ne voulait pas aborder. Il aurait pu dire qu’il était lui-même le parrain de @Lucy Clearwater, mais c’était avouer qu’il négligeait son rôle. Il aurait pu se décrire comme témoins respectifs de leurs mariages, mais c’était parler d’un divorcé et d’un veuf. Au fond, il ne savait pas trop comment dire qu’il avait grandi avec les Clearwater, qu’ils étaient ses frères de cœur. Alors il se contenta de ne rien dire, et de sourire à la pensée de ces jeunes idiots avec rien d’autre à faire que d’embêter les autres et s’amuser.

“Il peut être un vrai casse-pied, mais c’est un homme bon, il a de drôles de méthodes mais il t’entraînera bien.” Ça, il en était sûr. Il marqua une légère pause, hésitant. “Je lui ai dis que nous étions amis, toi et moi. Mais il ne sait rien de…” Il chercha ses mots, essayant de trouver une manière de s’absoudre de la gravité de ses actes, ou les secrets qui le rapprochaient de Nyéléni. “Tout le reste.” dit-il finalement dans un soupir.

Elle secoua la tête à la négative. Il était bien la seule personne à pouvoir lui tirer ce genre de confessions et elle parlait toujours librement avec lui, pour peu qu'il ouvre la porte à la discussion.

« Nous ne nous voyions que lorsque l'occasion l'imposait. Pour la plupart, je ne les connais que de nom. J'ai appris le décès de certains au fil des années, dans les journaux ou par les racontars des uns et des autres. », cela résumait assez bien les choses, Je n'ai jamais su pourquoi ma mère était à ce point en froid avec le reste de la famille... », mieux valait ne pas le savoir sans doute. Nyéléni n'était pas le genre à s'apitoyer sur elle-même. Une chance car elle aurait largement eu de quoi y passer ses journées si elle avait eu ce tempérament, « Je me sentais quand même proche d'Ogobara, le plus jeune fils de la première épouse. Les autres avaient peur de son œil de serpent mais il était toujours... bienveillant. Et c'était un puits de science. »

Sans doute à force de passer son temps à l'écart, du moins c'était ce qu'elle avait toujours supposé. Ogobara, de sept ans son aîné, ne semblait promis à aucun destin. Trop effrayant pour espérer prospérer en société et trop imprégné l'aura de puissance de sa mère pour que l'on puisse vraiment se débarrasser de lui. Il avait conscience de tout cela mais le prenait avec patience. Nyéléni avait toujours regardé cela comme une forme de sagesse. Elle se demanderait probablement toujours ce qu'il était advenu de lui. Pour autant, son éducation aidant, elle pouvait parler de tout cela assez librement sans que le moindre vague à l'âme ne se fasse sentir dans sa voix. Pas un trémolo, pas une pause suspecte. Malgré les apparences, il y avait quelque chose de très dur et de très pragmatique chez la plus jeune fille de Mawdo Sô. Pour l'ébranler réellement, il fallait la toucher au coeur ou égratigner les quelques traumatismes qu'elle portait à même la peau, toujours à vif sous les cicatrices. Fort heureusement, il n'y avait aucune raison que ce genre de choses refasse surface inopinément, et ils en restèrent à parler de leur famille respective. Finalement, la présence imposante du château s'imposa laissant à Nero un sourire un peu nostalgique mais qui suffit à lui faire oublier son grand amour pour le chef des aurors.

« Elle était comment ? ... ta femme. », poussa-t-elle sans trop savoir où cette question allait les mener.

Nero n'était pas vraiment une pipelette, surtout lorsqu'il s'agissait de parler de près ou de loin de cette période où il avait été plus insouciant, peut-être. Du moins Nyéléni l'espérait pour trop bien savoir ce que cela faisait que d'être privé de son insouciance trop tôt. Elle sourit pour l'encourager mais finalement, son regard alla se perdre sur le doux balancement de l'arbre qu'il avait désigné. Elle avait vu suffisamment de couples se former à Uagadou pour se le représenter. Le cadre aurait pu sortir d'un de ses Lawrence Carson qu'elle affectionnait tant. Cela ne demandait pas un grand effort d'imagination.

Mais le sujet ne fut pas long feu et Nero choisit de la ramener finalement à une figure plus familière. @Jameson Clearwater.

« C'est marrant, ça ne m'étonne pas vraiment. », fit-elle après quelques secondes de réflexion. Il lui faudrait donc redoubler d'efforts pour éviter que le professeur de Sortilèges ne se pose trop de questions. Ce n'était pas qu'elle redoutait les conséquences pour elle mais de ce qu'elle avait eu l'occasion de voir, Nero avait peu d'amis proches. Toujours à courir de droite et de gauche, il faisait toujours en sorte de ne pas à prendre racines. « Je ne lui ai rien dit. », coupa-t-elle presque, sur le qui-vive, « Évidemment. », elle baissa le regard, reportant elle aussi son attention à la surface de l'eau. C'était devenu une seconde nature que de mentir et de faire semblant. Surtout, de faire en sorte qu'on ne lui pose pas les questions qui fâchaient, « Sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, je pense que c'est le genre de personne que tu gagnerai à voir plus souvent. », risqua-t-elle finalement, pas tout à fait certaine qu'il ne l'enverrait pas sur les roses s'il voyait où elle voulait en venir exactement.

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OUT & ABOUT

15 juillet 2022; 19h - pré-au-lard ⟠ @Iris Faux-Orpin

Nero écouta en silence les récits de Nyéléni sur sa famille. Lorsqu’elle mentionna son frère, Nero voulut demander s'il faisait partie de ceux dont elle avait appris le décès au fil des années, mais ne voulant pas l’arrêter dans ses paroles, il s’abstint. Cependant, une partie de lui devait savoir, pour la sécurité qu’il essayait de donner à Nyéléni. “Tu sais si il reste beaucoup de membres de ta famille en vie?” demanda-t-il avec une certaine hésitation. “Beaucoup d’alliés des Sô?” Il repensa, l’espace d’une seconde, au détective qui les avait si facilement vendus.

Lorsque Nyéléni demanda une description de son ex-femme, Nero se tût un instant, retenant son souffle. Il aurait dû s’attendre à avoir ce genre de réponse, mais il avait si facilement évité la question - ou tout simplement le sujet de sa femme - au fil des années, qu’il ne savait plus trop comment réagir. Parce que même si il n’appréciait pas parler de cette époque, il ne voulait pas non plus laisser Nyéléni dans le silence. Elle venait tout juste de lui parler de sa propre famille, il lui devait tout de même quelques réponses.

Il prit quelques secondes pour se souvenir, observant l’arbre au loin, essayant de se rappeler des traits du visage de la jeune fille pour qui il avait craqué.

Emma.
“Elle était…” il hésita un instant. “une force tranquille. Douce. Elle avait cette étincelle en elle qui illuminait son chemin, comme si elle savait toujours où elle allait, toujours organisée, toujours à suivre l’ordre des choses…” Nero avait toujours eu du mal à comprendre comment elle avait pu donner une chance à un pauvre MacGregor écervelé comme lui. “Mais aussi très taquine. Quand on s’est rencontré, elle avait le sourire le plus espiègle, le rire le plus contagieux que j’ai jamais entendu.” Elle avait cette manière de le regarder, un air de défi pour tout et pour rien. Comme si leur relation était un jeu et qu’elle en était la championne incontestée. Comme deux jeunes avec le monde entier s’offrant à eux.

“Mais… après la naissance de notre fille… c’était comme la regarder disparaître.
Elle pleurait souvent. Elle ne souriait plus, elle ne riait plus. On aurait pu croire à un fantôme.”

Tout comme un fantôme, elle était disparue dans la noirceur de la nuit, ne laissant derrière elle qu’un mot sur le lit. Nero n’a jamais su où elle était allée, mais il avait compris ce soir-là qu'il valait mieux ne pas la chercher, que ce n’était pas ce qu’elle voulait.

“Je pense qu’être mère était trop pour elle.” soupira-t-il. Il n’était pas certain d’avoir déjà dit cette observation à voix haute. Nero, dans ces longues années à se demander ce qu’il aurait pu faire de plus, à balancer entre la haine et le regret, il s’était longtemps demandé si il ne l’avait pas enchaîné à une vie qu’elle n’avait jamais voulu. Entre les moments de colère qu’il avait pu nourrir suite à son départ face à la manière dont elle avait disparue, il avait réussi à y placer quelques moments de paix et de soulagement pour elle. Il avait longtemps oscillé entre les regrets et l’amour, pour finalement lâcher prise entièrement, comprenant qu’elle ne reviendrait probablement jamais.

Il se retourna enfin vers Iris, elle qui au contraire aurait défait ciel et terre rien que pour retrouver un enfant qu’elle n’avait jamais eu. Il s’arrêta, hésitant à en dire plus, mais décida qu’il en avait déjà bien assez révélé. “C’était il y a longtemps.” Il haussa les épaules, comme pour balayer tout cela du revers de la main et passer à autre chose.

Nero haussa les sourcils. “Pourquoi ça ne t’étonnes pas?” Son ton trahissait sa surprise. Du portrait qu’elle avait dressé de @Jameson Clearwater, et les facettes que Nero avait pu lui montrer de lui-même, il ne voyait pas où elle avait pu les lier. Nero perdait toute maturité quand ils étaient ensemble, certes, ça n’était jamais arrivé devant Iris.
La réaction vive de la Malienne ne passa pas inaperçue, et Nero eut un sentiment de culpabilité face à la tension dans sa voix. Pourquoi pense-t-elle toujours qu’elle doit se justifier? Il avait pourtant été clair que c’était les autres dont il se méfiait, pas elle. Il ouvrit la bouche pour la rassurer, pour lui dire qu’elle avait toute sa confiance, mais il n’en trouva pas les mots. Il se contenta de l’observer, les sourcils froncés, alors qu’elle baissait le regard vers le lac.

Le commentaire d’Iris résulta en un grand rire de la part de Nero, qui ne comprenait pas particulièrement où elle voulait en venir. Probablement pas la réaction dont elle se serait attendu, mais jamais une personne sensée recommanderait à un MacGregor de se tenir plus souvent avec un Clearwater. La dernière réelle sortie qu’il avait fait avec Jameson Clearwater, ils l’avaient passé à discuter sexe, femmes et vices comme des adolescents mal gérés. “Je pense que tu vas devoir élaborer.” dit-il, le rire dans la voix. “Parce que ensemble… enfin… Disons seulement que le sacré personnage qu’est Jameson ne s'assagit pas en ma présence.”

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