Le sauveur. * APO *

INFOS FICHE DE PERSO

18 Août. Après midi.

Assis à la tête de Sanglier, je buvais avec lenteur et délicatesse un whisky d’aspect douteux. Mes yeux attendaient avec vivacité, mais calme l’arrivée de quelqu’un. D’un geste lent, je relevais la manche de mon costume pour vérifier l’heure. D’après mes sources, elle ne devrait plus tellement tarder. D’un air calme, je montais ma main sous mon menton et me concentrait sur la silhouette qui était caché derrière une des maisons de Pré-Au-Lard.

Attends patiemment. lui ordonnais-je.

Je l’avais trouvé au Marché au Troll. Un jeune homme à l’aspect nerveux, le visage blême. Il était totalement perdu et il était prêt à tout pour un peu d’or afin de s’acheter sa dope. Bien évidemment, je ne lui avais absolument pas déclaré ce que je comptais faire de lui. Je l’avais immédiatement soumis au maléfice d’Imperium un fois sur le lieu de rendez-vous. C’était un petit malfrat, camé jusqu’aux os. Sa volonté avait donc toujours été fragile. C’était pour ça qu’il convenait parfaitement.

Là voilà. Attends encore. C’est bientôt. Murmurais-je dans son esprit.

Je le sentais, frêle et docile, à la frontière de son cerveau. Il était bien. Il ne pensait pas et il savait qu’obéir lui provoquerait un bien fou, à l’instar d’une drogue. D’un air calme, je montais mon whisky à mes lèvres et je vis la fille Dunn arrivait dans mon champs de vision, des paquets sous les bras. Elle était seule, et c’était tant mieux. L’agent en charge de leur protection devait être en train de surveiller le père. Un sourire mauvais passa au dessus de mon verre.

Attaque là. Avec un maléfice simple pour commencer. Tu vas la tester. Tiens toi prêt à une riposte de sa part.

Une petite foule de sorciers étaient en train d’observer les boutiques. Qui allait oser venir en aide à cette jeune femme ? Probablement pas grand monde. Aujourd’hui, vous pouviez mourir au milieu de la rue, les sauveurs étaient de plus en plus rare. Et pour le plan, il fallait que cela se passe ainsi.
La silhouette encapuchonnée du jeune homme trouvé au Marché au Troll sortit des ténèbres, sa baguette sortit.

« Impedimenta ! »

Le maléfice d’entrave percuta Apolline sur le flan droit directement. L’homme retira brusquement sa capuche et un regard de dément apparu. Il faisait cela parfaitement comme il devait le faire.

Alors Dunn ! On se balade ? Tu passeras le bonjour à ton père ! Endoloris.

« Alors Dunn ! On se balade ? Tu passeras le bonjour à ton père ! Endoloris. »

Je vis le sort partir mais je ne sus pas s’il avait touché, je n’arrivais pas à voir la scène correctement de là où j’étais. De toute façon, je savais d’expérience que le Maléfice de Doloris ne marchait pas véritablement bien avec quelqu’un sous Imperium. La douleur était moins vive que quelqu’un qui le lançait sciemment. Comme je m’y attendais, certains commencèrent à s’amasser mais personne n’intervint. Je renouais ma cravate, déposait l’argent sur la table.
D’une démarche calme, mais rapide, j’avançais vers le petit attroupement. Les sourcils concentrés, j’avais bien évidemment sorti ma baguette. Marchant d’une allure digne et noble, je réajustais mes lunettes de soleil, le visage grave. A mis chemin, j’entendis la petite Dunn riposter. Seigneur, j’espérai qu’elle n’était pas arriver à le mettre hors d’état de nuire.
Alors que j’avançais, baguette en avant, je poussais la foule.

« Poussez vous ! Personne n’a donc le courage d’intervenir ?! Ecartez vous ! »

D’un coup de baguette, je renversais deux personnes. Leur odeur me monta aux narines. Ca sentait les hormones que dégagent la peur et l’angoisse… Aucune once de courage. Heureusement… J’allais intervenir.
Comme prévu.

Le sauveur !

@Charles Graham & Apolline Dunn

◊ ◊ ◊

La fin des vacances approchait à grands pas. Et Apolline était excitée comme une puce. Depuis son rendez-vous à l’IDEM, Apolline n’avait qu’une hâte, c’était de retourner à Poudlard. Elle avait envie d’apprendre, de s’exercer, de découvrir de nouvelles choses pour cette fois-ci les tester en grandeur nature, dans la vie active. L’IDEM lui permettrait d’avoir un pied chez les briseurs de sorts et la BPM lui permettrait d’avoir un pied dans une carrière de sécurité magique. A l’heure actuelle, Apolline était réellement les fesses entre les deux. Elle n’avait aucune préférence. Mais elle espérait que son double cursus lui permettrait d’en avoir une. Il fallait qu’elle en ait une. Elle ne pouvait pas être briseur de sort et membre de la brigade des tireurs d’élite de baguette magique. Alors elle allait devoir faire un choix et elle espérait de tout cœur réussir à en faire un au cours de ses deux MULOTs.

Mais en attendant, il y avait quelque chose sur lequel Apolline n’était pas du tout indécise, c’était la direction dans laquelle elle allait. Elle se dirigeait tout droit chez Honeydukes, la meilleure boutique de bonbon de toute l’Ecosse, pour Apolline ! Elle y avait ses habitudes, les gérants la connaissaient très bien. Elle était surement l’une des plus fidèles clientes. Et comme à son habitude, Apolline se ravitaillait pour la première période de l’année scolaire. Il savait déjà tous qu’elle reviendrait lors des prochaines vacances scolaires. Même si là, avec les MULOTs, Apolline ne savait pas exactement comment seraient faites ses vacances.

C’est donc avec plusieurs paquets sous les bras qu’Apolline quitta la boutique de confiserie, en direction d’une dernière boutique. Cette fois-ci, elle n’avait pas réellement l’intention d’acheter quelque chose. C’était plutôt du lèche vitrine. Une habitude qu’elle avait prise aussi. Apolline appréciait voir les objets magiques que proposait la boutique Derviche et Bang. Malheureusement, Apolline n’eut pas réellement le temps de se rendre jusqu’à cette boutique. Une incantation entendue et l’instant d’après Apolline sentit son corps ralentir à un point pour elle était presque à l’arrêt. Bloqué. Surprise, elle en fit carrément tomber ses nombreux paquets. Partiellement immobilisée, Apolline parvint à tourner la tête pour apercevoir un homme à capuche sortir d’une ruelle. Son regard dément était dérangeant, presque effrayant. Mais ce qui paniqua plus la sorcière fut la suite.

D’abord parce qu’il semblait savoir parfaitement qui elle était. Puis il semblait en vouloir à son père. Et enfin…ce sortilège ! Instinct de survie, sans doute, Apolline pointa sa baguette sur le premier objet qu’elle voyait – une petite poubelle vide – et elle lança un sortilège d’attraction dans l’espoir que cela dévirait le sortilège impardonnable.

« Accio Poubelle ! »

Malheureusement, pour une raison complètement inconnue, son sortilège ne fonctionna pas. La poubelle resta collée au sol et c’est une Apolline recroquevillée sous la douleur qui tomba par terre. La douleur était vive et extrêmement rapide. Il n’y avait pas eu de progression. Elle était arrivée ainsi, directement. Les larmes lui montaient aux yeux et ruisselait à flot sur ses joues. Elle essayait de lutter pour ne pas hurler mais c’était impossible.

Heureusement, ce supplice ne dura qu’une longue minute. Une éternité pour Apolline. L’arrivée d’un homme qui semblait vouloir lui venir en aide avait perturbé le sorcier. Il avait perdu ce eye-contact pour maintenir le sortilège actif et c’était la chance d’Apolline.

La douleur extrême qu’elle avait ressentie lors de cette longue minute s’était transformée en colère, en rage, en haine. Oui, elle vouait une haine sans égale à cet homme qui avait décidé de l’attaquer pour rien…ou alors seulement un nom. Elle voulait le faire souffrir, autant qu’elle venait de souffrir. L’arrivée de l’homme fut reléguée au second plan. Les larmes avaient coulé sur ses joues, brouillant quelque peu sa vue, mais elle était parvenue à se saisir de sa baguette tombé juste à côté. Elle était restée au sol, pointant sa baguette sur un des nombreux petits cailloux qui jonchait le sol.

« Waddiwasi ! » hurla-t-elle avec une telle conviction que son sortilège ne pouvait qu’avoir de l’effet, tout en levant sa baguette pour amener le caillou en direction de l’œil du malfrat.

Le caillou fusa à la vitesse d’une balle de fusil, remplaçant alors le globe oculaire du sorcier. Elle lui avait très certainement crevé l’œil. Du sang coulait à flot autour et Apolline ne détourna même pas le regard, bien trop enragée. Elle glissa un regard furtif à l’homme qui venait d’arriver, se demandant s’il allait faire quelque chose, s’il allait venir à son secours ou s’il allait regarder comme les autres imbéciles autour. Mais ce ne fut qu’un regard furtif, noir, blessé d’avoir vécu un sortilège pareil. Il fallait qu’elle reste aux aguets, le sorcier cherchait surement à se défendre. Pourtant…Apolline avait l’impression d’avoir mis toute l’énergie qui lui restait après avoir reçu un Doloris, dans ce sortilège...

(c) oxymort

_________________

Emotion is the engine of change.

INFOS FICHE DE PERSO

18 Août. Après midi.

Enfuis toi.

L’ordre était passé, alors que j’étais en train de percer la foule de curieux, baguette brandit. J’arrivais devant Apolline, la baguette au clair. L’homme sous Imperium me regarda d’un air effrayé et se téléporta en un tour de cape dans un bruit caractéristique de transplanage. Ma baguette toujours en l’air, je me tournais vers la foule.

« Il n’y a rien à voir. Soit vous nous aidez, soit vous circulez. Mais la première solution a de toute évidence était éviter. »

Je les avais regarder d’un air de profond mépris et ma voix était cassante. Là, ce n’était pas du cinéma. Dans mon plan, je savais que personne n’interviendrait. On vivait dans une époque et un monde de paix, où personne n’osait risquer sa propre vie pour en sauver une autre. C’était écoeurant, et les non-loups le dégouttait de plus en plus.
Devant mon air assez menaçant, tout le monde s’en alla à ses occupations. Une vieille dame eut seulement le courage de rouler des yeux. Quelques secondes plus tard, nous n’étions plus que tous les deux. Je m’avançais alors, et je me mis accroupi prêt d’elle.

« Vous allez bien Mademoiselle Dunn ? » dis-je d’un ton inquiet.

Je lui avais pris la main et j’avais avec calme et tendresse passait ma main sur son front. Ca m’écoeurait de faire cela. C’était la fille de Dunn et son idéologie anti-Loup devait déjà être dans l’esprit de son imbécile de fille. D’ailleurs, elle n’était pas si neutre que cela. Dunn l’avait bien formé, elle m’avait surpris avec ses capacités de défense.

« Vous vous êtes bien défendu, tenez. Ce n’est pas grand-chose. Ce sont des racines d’une plante asiatique, qui détend légèrement les muscles. Prenez, je m’en sers habituellement quand je suis nerveux en conférence. »

Bien sûr, je ne m’étais pas présenté. Mon visage était connu. Et d’ailleurs, le siens aussi, c’était pour cela que je l’avais appelé par son nom de famille. Je l’avais vu aux commémorations avec l’immonde créature qui lui servait de père.

« Prenez, ce n’est pas empoisonné. » dis-je d’un air bienveillant.

C’était bien le cas, et c’était dommage. J’aurai du lui donner un poison des plus virulent plutôt que des racines de détentes. Mais… On était en pleine rue ! Et beaucoup de personnes avaient vu mon visage. Et… Ca ne faisait pas parti du plan. Toujours accroupi, je commençais à prendre son rythme cardiaque qui était encore bien élevé. Intérieurement, j’eus un sourire mauvais. Extérieurement, j’avais le visage inquiet.

« Vous êtes encore en état de choc. Essayez de vous lever. Eh bien… On peut dire que vous êtes coriace. J’ai rarement vu un Waddiwashi aussi bien exécuté. Et… Pour quelqu’un qui vient de subir pareil souffrance, vos constantes sont en train de revenir à la normale. J’espère que vous êtes dans des études de Justice Magique. Vos talents nous seraient utiles... »

Avec un sourire chaleureux, je lui tapotais l’avant bras et j’essayais de l’aider à se relever. D’un air calme et apaisant, je me frappais théâtralement mon front et dit d’un air gentil avec un sourire jusqu’aux oreilles.

« Oh, mais je ne me suis pas présenté. Je suis Charles Graham. Représentant Britannique au Congrès Internationale ! Je vous ai déjà vu avec vos parents aux commémorations, c’est comme ça que je connais votre nom. Vous… vous voulez qu’on aille à Ste Mangouste ? »

Bien évidemment, l’égo de la famille ferait qu’elle n’irait pas. Même, elle n’en parlerait peut être à personne afin de ne pas subir des restrictions supplémentaires. Elle ne le savait pas, mais je la torturai encore cette fois-ci mentalement. Je me doutais qu’une étudiante avait envie de tout sauf d’être suivi par des gardes du corps. Allait-elle le dire à son père ? Allait-on aller à Ste Mangouste ? Au fond de mon, l’excitation commença à naître, mais je ne montrais rien.

Le sauveur !

@Charles Graham & Apolline Dunn

◊ ◊ ◊

Bien qu’épuisée physiquement, comme si elle avait couru deux marathons, Apolline ne put s’empêcher de crier son mécontentement de voir son bourreau prendre la fuite.

« NOOOON ! » hurla-t-elle alors qu’elle se laissa finalement tomber complètement au sol.

La rage n’était toujours pas évacuée. Et maintenant que le malfrat s’était enfui, sa colère devait se déverser sur quelqu’un. Les premières victimes furent la foule autour d’Apolline. La sorcière leur lança des regards noirs alors que l’inconnu qui avait tenté de s’interposer tentait de disperser la foule.

« Vous voulez ma photo bande de lâches que vous êtes ! » cracha Apolline à la dernière personne qui se reçu son regard foudroyant.

Blessée à l’intérieur d’elle-même, Apolline trouvait un certain réconfort dans sa colère. Cela lui permettait de ne pas se morfondre ou de ne pas fondre en sanglot. Alors forcément quand la dernière personne en face d’elle lui demanda comment elle allait, Apolline reporta sa colère sur lui.

« Ca va. » grogna-t-elle, alors que non, évidemment ça n’allait pas.

Pourtant elle laissa l’inconnu lui prendre la main. Comme si cela lui faisait du bien, lui apportait un soutien. Mais quand elle passa sa main sur son front, malgré le calme et la tendresse qu’il y mettait, Apolline eut un mouvement de recul, presque craintive…comme un animal sauvage blessé. Elle observa néanmoins ce qu’il tenait en main et qu’il agitait limite sous son nez. Evidemment, Apolline fronça les sourcils. Elle ne faisait pas confiance à cet inconnu…

« Pour…Pourquoi vous m’aidez au juste ? » demanda-t-elle d’un ton sec. « Pourquoi vous l’avez laissé partir. Vous auriez pu…vous auriez dû le stopper ! Il m’a attaqué. Il m’a…lancé un sortilège impardonnable !! » grogna-t-elle.

La colère était toujours présente. Son rythme cardiaque était toujours important. Elle sentait qu’il lui fallait quelque chose pour aller mieux. Alors Apolline décida d’accepter la racine inconnue, en espérant qu’il disait vrai. Apolline s’était légèrement redressée pour sentir dans un premier temps la racine, un regard soupçonneux sur l’inconnu…avant finalement de la manger.

La racine eut un effet presque immédiat. Même si elle ne se sentait pas encore totalement bien, elle ressentait déjà la différence. Elle s’aida de l’homme pour se relever. Elle manqua presque de retomber en sentant le poids sur ses jambes frêles. Le Doloris ne l’avait pas raté.

« Coriace ? Quelqu’un de coriace ne rate pas un accio pour se protéger d’un sortilège impardonnable » souligna Apolline, les dents serrées, tandis qu’elle se soutenait avec l’aide du sorcier.

Soudain, les images de l’attaque lui revint en mémoire. Quand il évoqua son Waddiwasi , Apolline revoyait l’œil crevé. Elle parvenait à se souvenir de l’immense colère et haine qu’elle avait ressentie à ce moment-là. Et…ça lui faisait clairement peur. Le regard presque effrayé, coupable, Apolline mit une main rapide sur sa bouche.

« Je…j’ai crevé l’œil de quelqu’un… »

Et le pire dans l’histoire…c’est qu’elle ne ressentait aucun regret. Il l’avait totalement mérité. Apolline fronça les sourcils avant d’écarquiller rapidement les yeux quand ce Charles se présenta. En réalité, Apolline n’avait pas du tout écouté ses présentations…mais plutôt sa dernière question.

« Surtout pas ! » répondit Apolline du tac au tac. « Je ne veux pas aller à Sainte Mangouste. »

Même si elle en avait surement besoin, ne serait-ce que pour une visite de contrôle. Mais Apolline n’avait pas du tout envie que cette histoire s’ébruite. Elle ne voulait pas que ses parents soient au courant du fait qu’elle avait été attaquée, ou même qu’elle avait crevée l’œil de quelqu’un. Par réflexe, Apolline tourna la tête tout autour d’elle, pour voir s’il n’y avait personne avec un appareil à photo. Puis elle posa toute son attention sur Charles, dont la présentation fit enfin écho dans sa tête.

« Vous…vous êtes un ami de mon père ? » demanda-t-elle, presque inquiète.

Si Apolline connaissait tous les amis de la famille Dunn, elle savait parfaitement qu’elle ne connaissait pas tous les amis de son père. Peut-être qu’il en était un ? Peut-être que c’était pour cela qu’il était venu plus au moins à son secours.

« Si vous plait, n’en parlez pas à mon père ! » supplia-t-elle, une tête de chien battu, resserrant sans le remarquer son étreinte sur le bras de Charles, qu'elle n'avait toujours pas lâché.

Si tout cela se savait, Apolline pouvait dire adieu à la fin de ses vacances sans personne pour la surveiller.

(c) oxymort

INFOS FICHE DE PERSO

Je restais là à froncer les sourcils d’un air faussement soucieux et bienveillant. Je ne disais rien, lui laissant le temps d’exprimer ce qu’elle avait sur le coeur. Après tout, c’était naturel que l’on ressente tout ça après une agression de ce type. Mes narines se délectèrent des phéromones de stresse et de peur qui planaient encore dans l’air. A l’intérieur de ma bouche, je passais ma langue dans un geste d’envie sans qu’elle puisse le voir.

« Subir une agression de ce type, pour un sorcier encore en étude ce n’est pas rien. Et ils vous a prise par surprise, je suis certains que face à face, il n’aurait eu aucune chance. Mais… ce n’est pas tellement la question. »

Je regardais autour de nous. Non, aucun agent n’était présent pour nous prendre en photo. Et si ça avait été le cas, je lui aurai fait regretté amèrement cette erreur. Ma vue plus aiguisée que les humains normaux ne repéra rien non plus. Mon attention se reporta sur elle.

« Oui, je connais votre père. Comme beaucoup de monde, et non, nous ne sommes pas amis. Nous nous connaissons que vis à vis du travail. Et… bien que je doive être politiquement neutre… Je peux vous rassurer en vous disant que nous ne sommes pas tellement de la même mouvance. »

Je me grattais le menton, d’un air un peu rêveur et réellement amusé par mes propos qui avaient un double-sens évident que seul moi comprenait.

« En revanche, nous allons au Ministère pour déposer une plainte à la Police Magique, Miss Dunn. Porter atteinte à une étudiante en pleine rue, et surtout en utilisant un Sortilège Impardonnable… On ne peut pas laisser passer cela. »

J’allais la tourmenter un peu pour voir jusqu’où on pouvait aller avec elle. Bien sûr qu’elle refuserait. Y aller, c’était avoir la certitude qu’Aldair Dunn serait au courant. Au départ, c’était d’ailleurs l’objectif. De l’atteindre à travers sa fille. Mais… J’avais été naïf, car visiblement leur lien n’était pas du tout celui que j’imaginais. C’était même mieux que je l’espérai. Ils n’étaient pas si proche que ça.
Retournez sa fille, son propre sang, contre lui.
Voilà une idée qui commença à germer dans mon esprit et réellement me plaire.

« Je me doute que vous êtes assez forte pour passer outre une attaque pareille, mais je pense qu’il est vraiment nécessaire de réclamer justice. »

J’étais ferme et j’insistais. Pour la tourmenter encore plus. Mais en même temps, n’importe qui de gentil et sensé aurait agis comme je le faisais ! C’est vrai ! On ne pouvait pas laisser cet individu dans la nature !
Alors qu’elle me serrait le bras, je lui pris d’un air tendre et profondément compatissant pour dire :

« N’y voyait pas de curiosité malsaine mais… Il est étrange que vous ne vouliez pas que votre père soit au courant. Ou votre mère… La nature ne m’en a pas donné, mais si j’avais des enfants et qu’ils étaient victime d’une agression j’aimerai être au courant pour réclamer justice. »

Je lui tenais toujours le bras, avec la tête que l’on réservait lorsqu’on était en face de quelqu’un en état de choc. Finalement, après quelques secondes de silence, je finis par dire

« Très bien… Mais je ne vous laisse pas seul avant un moment. Et même après, j’exige que l’on se revoit. Il est hors de question que je vous abandonne à ce sort. »

Je mentais bien. Le visage crispé, ma tête allait de gauche à droite dans un air profondément inquiet. J’avais céder comme un grand-père cède à son petit fils. Je lui lâchais finalement le bras et attendit sa réponse.
Dans mon esprit, le plan était clair désormais. J’irai boire un verre avec elle, elle se confierait peut être sous l’effet de la confiance et de l’émotion. Alors, je pourrai atteindre son père à travers elle… Voir sa fille le haïr… C’était vraiment une bonne idée. J’étais de plus en plus excité, aussi j’avais peur d’avoir du mal à le cacher, alors je rangeais ma baguette d’un geste prompt.

« Allons boire un café, voulez vous. »

Le sauveur !

@Charles Graham & Apolline Dunn

◊ ◊ ◊

Bien qu’elle reprenait petit à petit ses forces, notamment, grâce à la racine que Charles lui avait donné, Apolline restait sur les nerfs. Pourtant Charles était relativement bienveillant. En temps normal, la lionne aurait esquissé un sourire de fierté. Mais là, elle n’arrivait pas à l’être. Même si elle avait été attaquée par surprise, Apolline n’avait pas réussi à se défendre toute seule, à éviter l’attaque. Et si finalement ses parents avaient raison ? Et si Apolline avait besoin d’un garde du corps ? L’idée de ne pas pouvoir vivre librement, l’idée de ne pas réussir à se défendre en cas d’attaque la rendait folle de rage.

« Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. » conclut Apolline assez sèchement, la situation indélicate dans laquelle elle s’était retrouvée encore bien en tête.

Quand Charles évoqua sa relation avec le père d’Apolline, cette dernière arqua un sourcil de surprise. Un collègue de travail. Mais politiquement du camp adverse si Apolline comprenait bien ce qu’il venait de dire. Immédiatement Apolline lâcha le bras de Charles, alors que lui, la tenait encore. Elle prit un peu plus de recul psychologiquement parlant. S’il était du camp adverse, il n’était clairement pas un ami de son père. Alors qu’elle voulut lui demander pourquoi il avait décidé de lui venir en aide, alors qu’il ne devait rien à son père…ce dernier proposa ou plutôt ordonna d’aller au Ministère. Sujette à ses émotions, Apolline écarquilla les yeux et eut, pour le coup, un véritable mouvement de recul. Elle n’eut même pas besoin de réfléchir, malgré les belles paroles de Charles.

« Non ! Ce n’est pas nécessaire. La police magique a bien d’autres choses plus urgentes à faire. »

Apolline tentait d’appliquer ce que sa mère lui avait appris à faire, retourner la situation, dévier pour s’échapper. Apolline plissa le regard vers l’endroit où se tenait l’homme qui lui avait lancé ce Doloris. La rage revint rapidement lorsque Charles évoqua la justice. A l’heure actuellement, Apolline avait simplement envie de se faire justice elle-même. Le regard noir, toujours regardant dans le vide, Apolline secoua négativement la tête afin de répondre aux derniers propos de l’homme qui l’avait plus au moins aidé.

« De toute façon, il est parti. VOUS l’avez laissé partir. Comment voulez-vous qu’une quelconque justice se fasse ? Autant faire comme si rien ne s’était passé. » lâcha froidement Apolline, le regard froncé qui avait dévié sur Charles.

Avant finalement de remarquer qu’elle ne devait pas s’emporter face à lui. Après tout, c’était bien le seul qui avait fait quelque chose parmi toute la foule. Même s’il n’avait pas réussi à le bloquer – ce qui était plutôt étrange, un sortilège d’entrave n’est pourtant pas si difficile à faire – il était venu en aide à Apolline après coup.

« Pardonnez-moi...Je…. » hésita Apolline avant de tenter de se ressaisir. « Si cela peut…vous rassurer. Mais juste un. Cela me permettra peut-être de retrouver toute mon énergie et de rentrer chez moi avec une…meilleure mine. »

Il ne fallait surtout pas que quelqu’un se doute de quelque chose, et encore moins ses parents. Pourtant elle avait clairement été marquée psychologiquement. Elle ne cessait de regarder autour d’elle, aux aguets. Il était hors de question de revivre ça une seconde fois et surtout, il était hors de question de se faire de nouveau attaquer par surprise.

(c) oxymort

INFOS FICHE DE PERSO

Intérieurement, lorsqu’elle recula un peu brusquement au moment où je parlais de la Police Magique, mon coeur jubila. Bien que le visage de marbre, une lueur brilla au fond de mes yeux sombres. Elle était totalement à ma merci. Piégée, comme un petit mulot dans la patte du Loup. J’étais dans mon droit de citoyen d’aller à la Brigade de Police Magique. Je risquais même beaucoup si je ne faisais pas mon devoir…Oh ça, c’était brillant. J’allais l’attaquer par ce côté ci…

« Vous savez, Miss Dunn… Si je ne vais pas au Ministère pour porter plainte, et que cela se sait. Je pourrai perdre beaucoup, dont mon poste au Ministère. »

Ce n’était pas tout à fait vrai, c’était bien plus complexe que cela. Et de toute manière, je pouvais toujours réorganiser le discours à ma façon. Mais… La faire culpabiliser était une très bonne tentative d’approche. D’abord, la mettre en confiance. Ensuite, se servir d’elle.

« Mais je ne dirai rien. »

Je m’étais arrêté net, quand elle m’avait fait la remarque. Elle tenait finalement beaucoup de son père. Froide et acide, et d’une ingratitude sans limite alors que je venais de lui sauver la vie. Un éclair fugace de véritable haine passa dans mes yeux, avant… de s’éteindre. Je soupirai, faisant semblant d’être légèrement offusqué.

« Et bien la prochaine fois, je le laisserai terminer le travail. Si vous pensez que seul son œil en moins l’a arrêté ; vous êtes naïve. Sa mission était clairement de vous éliminer. S’il revient sans avoir rempli son contrat, je suis sur que son œil en moins est le dernier de ses soucis. »

Je la regardais d’un air grave. Très grave. Bon, même si le commanditaire de cette attaque était… moi, dans l’absolu j’avais totalement raison. Les sourcils froncés, je m’élançais vers les Trois Balais, le bar le plus proche et le plus fréquenté du Pré-Au-Lard.
Les mains dans les poches de mon costume, je restais morose, même après quelle se soit excusée. Sans rien dire, je lui ouvrais la porte des Trois Balais, laissant l’ambiance en sortir. Tenant toujours la porte, je déclarai d’un ton assez grave.

« J’y réfléchirai à deux fois avant de sauver la mise à qui que ce soit. Je trouve ça navrant, car en plus j’obéis à toutes vos petites conditions qui défient toutes les lois et le sens commun. C’est ridicule... »

Je rentrais, le nez en l’air vexé. Il fallait qu’elle s’apitoie un peu sur mon sort. J’avais vu que le niveau de confiance avait baissé au moment où j’avais dit que j’étais un opposant politique à son père. Cet idiot l’avait éduqué à son image… Elle était méfiante des ennemis politiques de son père… Alors que ce n’était, justement, que de la politique. Elle confondait avec ennemie réel… Mais elle allait vite comprendre que l’ennemi qu’elle s’était fait était bien sûr tout sauf politique.
Avisant le comptoir, prouvant que je n’avais rien à cacher.

« Bonjour Charles ! T’es enfin en Ecosse ?! »

Je n’avais pas choisi le lieu de l’attaque par hasard. Ici, mon alter égo de Charles Graham, charmant Ambassadeur était très aimé. J’avisais la serveuse d’un air enjoué.

« Bonjour Jenny. » dis-je poliment à la serveuse mais avec un air enjoué.

« Oui, je suis ici pour voir… des connaissances. Tu sais comment ça se passe, la politique, les intrigues animés ! Tiens, je te présente Miss Dunn ! Tu dois certainement connaître son père ! »

J’avais dit cela d’un ton jovial et je souriais comme dans les dessins animés d’un air encourageant. Le sourire de Jenny s’effaça un peu. Preuve qu’elle ne votait pas Dunn. Et qu’elle ne le portait pas dans son coeur.

« Ah. Vous voulez boire quelque chose ? »

Son « Ah » avait sonné lourd, mais son sourire était revenu par la suite, prouvant que son sens du commerce était supérieure.

« Oui, deux Whisky Pur feu. On a besoin d’un petit remontant ! J’expliquais à Miss Dunn quelques ficelles de politique étrangères, pour un travail qu’un professeur a donné durant les vacances. C’est toujours mieux de voir plusieurs points de vue politique ! Cela aurait été chose aisé si elle avait demandé à un partenaire de son père, mais non, Apolline a eu le courage de voir au-delà ! »

J’avais réussi a assommé Jenny avec mon discours. Lorsque les deux Whisky pur feu arrivèrent, mon visage s’assombrit un peu.

« J’ai du trouver une excuse pour nous voir ensemble. C’est peu commun. Et je vous ai pris autre chose que du café. Pour un choc émotionnel, c’est toujours mieux. » dis-je d’un air confiant et bienveillant.

Le sauveur !

@Charles Graham & Apolline Dunn

◊ ◊ ◊

Sur la route vers les Trois Balais, Apolline était restée incroyablement silencieuse. Elle prenait les remarques de Charles en pleine figure, vacillant entre la colère froide et la honte. Oui. Elle avait un peu honte de son comportement envers quelqu’un qui était venue l’aider et qui surtout n’allait rien répéter à personne. Il fallait qu’elle se rattrape. Apolline fit une petite moue tandis qu’elle le suivait dans le bar. Ils allèrent jusqu’au comptoir, pour commander, naturellement. La serveuse semblait connaître Charles, ce qui n’étonna pas Apolline puisque ce dernier était tout de même du Ministère. Mais au-delà de le connaître, elle semblait l’apprécier…ce qui rassura Apolline qui se détendit légèrement. Pourtant la brune se referma presque comme une huitre.

« Bonjour. » salua Apolline d’un ton neutre.

Elle avait fait un effort pour ne pas paraître trop froide. Ce n’était pas quelque chose d’aisé. Mais Apolline n’avait pas réellement apprécié l’accueil et encore moins son « Ah » qui voulait tout dire. Certes, tout le monde ne pouvait pas être d’accord avec son père, mais le minimum de respect qu’Apolline méritait était de ne pas afficher ses choix politiques, aussi décevants pouvaient-ils être. Pour finir serveuse aux Trois Balais, elle ne devait pas valoir grand-chose. Mais l’attention d’Apolline se détourna rapidement de la serveuse pour se poser sur Charles qui venait de mentir avec une aisance déconcertante. La jeune femme écarquilla les yeux, surprise. Elle fut presque bouche bée. Mais elle se retint, hochant simplement à la serveuse pour acquiescer.

« Vous avez très bien fait. » se contenta de répondre Apolline sans trop en rajouter, pas en compagnie de la serveuse. « C’est pour moi. » annonça la jeune femme en sortant de sa poche quelques gallions. « Gardez la monnaie. »

Vous en avez surement plus besoin que moi, pensa-t-elle. Apolline lui adressa un léger sourire, plus de politesse qu’autre chose puis se tourna vers Charles.

« Nous devrions nous installer à une table…plus au calme. » suggéra l’étudiante.

Elle n’attendit pas réellement sa réponse pour lui tourner le dos et s’engouffrer dans la foule pour dénicher la meilleure place. Elle en trouva une parfaite, un peu éloigné des autres et du brouhaha général de l’établissement. Prenant place à cette table, Apolline observa le verre de Whisky pur feu. Elle le fit tourner doucement entre ses doigts, ne le lâchant pas du regard.

« Même si vous ne m’avez pas réellement sauver la mise, puisqu’il a juste fui comme un lâche, je vous remercie d’être venu m’aider. Mais plus encore, je vous remercie de ne pas révéler tout ça à la Brigade de Police Magique ou au Ministère. »

Ou pire, à ses parents. Et rien que pour cela, elle devait lui être reconnaissante. Apolline arrêta de jouer avec son verre puis le tendit vers Charles pour l’inciter à trinquer. Elle lui adressa un léger sourire avant de cogner son verre contre le sien.

« A…ce devoir imaginaire ! » déclara-t-elle avant de prendre une grande gorgée.

Evidemment, Apolline toussa tout ce qu’elle pouvait, tellement sa gorge la brûlait. Elle tirait la langue, la rendant certainement beaucoup moins jolie qu’à l’habitude.

« Oh put…naise ! C’est violent ! » se rattrapa-t-elle en passant une main derrière sa nuque.

Apolline posa immédiatement son verre et se massa délicatement la gorge avant de porter son attention sur Charles…quelque chose la turlupinait.

« Je ne vois pas pourquoi le fait de ne pas aller porter plainte pourrait vous couter votre place au Ministère ? Je n’ai plus 4 ans. Je suis assez grande pour prendre mes décisions. Pourquoi est-ce que vous prendriez pour moi ? Toutes les victimes ne vont pas toujours porter plainte. »

Apolline s’en était rendu compte à Poudlard, quand certains premières années se faisaient méchamment bizuter et qu’ils n’osaient pas se plaindre à l’administration de Poudlard. Si Apolline les incitait toujours, malheureusement ça ne fonctionnait pas. Et elle ne les obligeait pas et surtout, elle ne parlait jamais à leur place…Est-ce que cela lui coutait pour autant son insigne de Préfète ? Elle n’en était pas si sûre. Cafter n’était pas toujours la meilleure solution. Là c’était pareil, dans une toute autre mesure.

Puis les paroles de Charles sur les intentions du sorcier revinrent comme une boule de neige en pleine figure. A cette pensée, Apolline reprit brusquement son verre pour le porter à ses lèvres et prendre une nouvelle gorgée – beaucoup plus petite cette fois-ci – du breuvage.

« Tant mieux que la perte de son œil soit le dernier de ses soucis. » grommela Apolline les dents serrées. « J’espère qu’il paiera cher son échec. » avoua Apolline qui commençait à avoir du mal à gérer sa colère et sa haine pour le sorcier.

Ses inspirations et ses expirations se faisaient plus longues, plus bruyante. La colère qui grondait en Apolline était palpable et la pauvre ne parvenait pas à la maintenir.

(c) oxymort

INFOS FICHE DE PERSO

Je bus à mon tour plusieurs gorgées et je fis une légère moue appréciable en buvant le Whisky de plusieurs années d’âge. Je me mis à éclater de rire, un rire sincère et cristallin quand elle eut un haut le corps vis à vis du Whisky. M’appuyant sur la table, je prenais mon verre et je précisais.

« 90 % des gens ne savent pas boire du Whisky. Il faut boucher ses narines, avaler une gorgée, puis libérer ses narines pour déguster toutes les saveurs. Vous verrez, c’est beaucoup moins violent ainsi. »

D’un air amusé, je lui fis un léger clin d’oeil par dessus mon verre et je bus quelques gorgées en utilisant la technique que je lui avais expliqué. D’un air pensif, je me mis à réfléchir à sa capacité à nier les faits. Elle venait de se faire agresser directement, j’étais intervenu pour faire fuir l’agresseur et… elle continuait de s’accorder sur le fait qu’elle était seule responsable de son sauvetage.

« C’est triste d’en arriver là. » dis-je avec gravité.

Je l’observais, comme un vieux sage, longuement dans les yeux. Finalement, j’avais presque une légère pitié pour elle… Ses parents l’avaient éduqué d’une manière si stricte qu’elle en était à utiliser la culture du secret le plus total avec eux. Mon instinct me murmura de redoubler de vigilance. Quelqu’un qui effraie, même ses enfants, est quelqu’un de très dangereux.

« Mais vous êtes maître de votre décision. Et, je risque effectivement ma place. Si un jour l’on apprend que l’Ambassadeur Britannique a sauvé la fille du futur Ministre de la Magie, mais qu’il n’a pas décider de l’inciter à entamer des poursuites, comment croyez vous que cela terminera ? »

Je m’étais approché, le visage un peu menaçant. Je voulais qu’elle comprenne, que c’était une véritable… fleur que je lui faisais. Enfin, il fallait au moins qu’elle le croie. D’un air un peu plus calme, je m’étais reculé et j’avais pris mon verre dans la main sans vraiment le boire.

« On ouvrira une enquête, ainsi qu’une enquête interne pour savoir comment un membre du Ministère en est arrivé à ne pas faire confiance en son propre employeur. Pour vous, cela ne changera rien. Et effectivement vous êtes assez grande pour prendre des décisions. Mais je doute que vous le soyez pour comprendre ce ces dernières n’impactent pas que vous. »

J’avais fini mon verre, et j’en avais commandé un autre en levant le bras, et j’avais fait de même pour Apolline. Je plissais des yeux et je me voulais quand même un peu plus détendu. Mais… il fallait tout de même qu’elle comprenne, que son égocentrisme était bien réel et pouvait impacter bien plus qu’elle ne l’imaginait.

« Il le paiera, et certainement de sa vie. »

J’observais Apolline par dessus mon nouveau verre. Bien évidemment, j’allais le tuer quand je quitterai cet endroit. Un junkie, c’était toujours facile à trouver, et j’allais bien évidemment m’en occuper.

« Tout le monde n’a pas la chance d’avoir grandi dans la famille Dunn. C’était certainement un égaré, et comme tous les égarés, il survit à sa manière et comme il peut. Certes, son attitude n’est absolument pas condamnable, mais puisque vous ne voulez pas qu’il y est une quelconque suite juridique… Ne soyez pas trop prompt à mener des jugements hâtifs. Vouloir le mal de son prochain n’est pas véritablement une bonne chose. »

Je soupirai, montrant que j’étais clairement déçu par son attitude. J’essayais de me détendre, mais elle avait le don pour me mettre en rogne. J’aurai peut être du l’éliminer quand j’en avais l’occasion plutôt que de l’entendre déblatérer sa rage de petite bourgeoise.

Le sauveur !

@Charles Graham & Apolline Dunn

◊ ◊ ◊

La façon de boire de Charles était…particulière. Mais cela fit sourire Apolline et surtout, cela lui fit remonter de très vieux souvenirs.

« On dirait que vous buvez un médicament. » rigola Apolline.

Boucher le nez permettait de faire passer tout et n’importe quoi. Que ce soit à boire ou à manger. C’était une technique qu’Apolline avait souvent utilisé en étant petit. Mais elle n’avait jamais pensé à l’utiliser pour l’alcool. Peut-être devrait-elle l’utiliser pour ingérer plus rapidement l’alcool et se détendre face à la dure conversation qu’elle avait avec Charles. La jeune femme fronça les sourcils quand il annonça que c’était grave d’en arriver là. Apolline sentait la moutarde lui montait. Que cherchait-il à faire ? Lui faire change d’avis ? L’obliger à se plier à ses volontés ? C’était mal connaître Apolline.

« Eh bien je m’expliquerai face à n’importe quelle instance qui viendrait vous faire du tort. Cela ne pourra pas mal terminer pour vous. »

Peut-être pour Apolline, qui se ferait largement sermonner par son père. Mais qu’importe. Apolline se laissa tomber sur sa chaise, quand Charles fit l’étalage d’une tonne d’explication. Légèrement agacée par le fait qu’il insistait, Apolline croisa les bras avant de lancer un regard blasé sur le côté.

« Alors désolée, mais vous auriez dû passer votre chemin. » coupa net Apolline, en soupirant.

Car il était hors de question qu’Apolline change d’avis. Elle ne voulait pas que cela se sache. Et désormais elle avait peur que Charles ne tienne pas sa langue.

« Est-ce que vous me promettez de ne rien dire, oui ou non ? » osa demander Apolline assez sèchement.

La brune n’arrivait plus trop à cerner Charles. Devait-elle lui faire confiance ou s’en méfier ? Il faisait après tout parti du camp adverse à celui de son père. Dévoiler tout ceci pouvait faire du tort à son père et c’était tout à l’honneur de la candidate adverse, non ? Il était évident qu’Adair Dunn serait dérouté face à l’attaque de sa fille. Apolline avait peur qu’il s’emporte et que cela compromette ses projets, ses chances de gagner. Il était hors de question qu’Apolline soit la cause de l’échec d’Adair en politique.

Apolline fronça les sourcils, intriguée par ce que disait Charles. Son agresseur le paierait et très certainement de sa vie. Si Apolline avait évidemment pensé à cette éventualité, elle venait de prendre conscience que ce sorcier perdu n’était pas réellement la racine du problème. L’air grave, Apolline prit une gorgée pour faire passer cette horrible pensée.

« En fait…ce n’est pas lui qui devrait le payer de sa vie. Mais le commanditaire. Il est apparemment trop lâche pour s’attaquer à une pauvre étudiante lui-même. » souligna Apolline les sourcils froncés, le ton presque rageur.

Elle n’avait pas réellement écouté son monologue sur les égarés, les suites juridiques, la morale. Elle avait l’esprit ailleurs. Si quelqu’un avait tenté de lui faire du mal, ou pire de la tuer…Est-ce qu’il y en aurait d’autres ? Finalement, la dernière phrase de Charles résonna dans l’esprit d’Apolline, en différée. Captant le sens de sa phrase, Apolline inspira et expira fort par le nez.

« Certes. Vous avez raison. Mais quand son prochain semble vous vouloir du mal, comment pouvoir lui vouloir du bien ? »

Elle n’était pas idiote et Apolline avait parfaitement conscience de ne pas vivre dans un monde de Bisounours. Apolline soupira, signe d’agacement dans cette discussion qui semblait tourner en rond entre Charles et elle. Heureusement qu’il y avait l’alcool pour réchauffer l’ambiance.

(c) oxymort

INFOS FICHE DE PERSO