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Début août 2022

feat.  @Elffin Cynfeirdd

Fayçal : couleur Gökçe : couleur



Cela faisait quelques jours que Baran avait posé ses valises dans l'impérieuse bâtisse mise à sa disposition par le ministère britannique où leurs lois s'arrêtaient à son portail. C'était un manoir assez sobre, se fondant aisément dans le décor de ce coin huppé de Londres. Pourtant, lorsque l'on poussait la porte d'entrée, on sentait jusqu'aux odeurs de la Turquie qu'il avait quitté quelques heures auparavant.

Ses prédécesseurs s'étaient fait plaisir. Un sourire se dessina sur ses lèvres, entendant son Sultan de père râlait sur les dépenses de la couronne sans savoir où tout cet argent passé. Son fils avait peut-être un début de réponse sous les yeux, alors que les serviteurs s'affairaient autour de lui et de son personnel pour les défaire de leurs affaires afin qu'ils se sentent chez eux le plus rapidement possible.

L'immense tableau représentant le Sultan Erdem dans l'entrée l'avait regardé intensément avant de disparaître faire son compte rendu à son père. Un regard échangé avec son maître d'armes Fayçal, dans le plus grand silence, avait suffi pour que les deux hommes se comprennent. Il lui fallait vite prendre en main les dossiers de Melik Teke, l'ambassadeur qui le précédait, afin de prouver à son père ce qu'il valait. S'il avait de bons résultats, peut-être se montrerait-il plus clément avec lui s'il devait refuser un énième mariage arrangé ?

Très sincèrement, Baran en doutait. Lorsque le Sultan Azim parlait, il ne revenait jamais en arrière.

Mais il ne comptait pas s'avouer vaincu. Ce n'était pas ainsi qu'il avait été élevé. Il visait le meilleur pour le peuple turc. Il lui fallait une dévotion totale envers la couronne que son père arborait avec élégance, malgré les regards noirs et l'autorité dont il faisait preuve sur ses sujets.

S'il se sentait piégé par les derniers mots de son père, Baran ne perdait, cependant, pas le moral. L'idée de se trouver en Angleterre signifiait beaucoup de choses pour lui qui désirait fouler ces terres depuis la rencontre qu'il fit dans la salle du trône du sultanat alors qu'il venait tout juste d'avoir dix-sept ans. La présence de @Sorcha MacGregor dans les environs l'excitait plus qu'il ne le devrait. Elle était sa motivation première lorsqu'il avait saisi l'opportunité de devenir ambassadeur pour le compte du Sultanat.

Ne rien lui dire, ne rien avouer pour ne pas se faire plus de faux espoirs qu'il ne s'en faisait déjà. Il n'avait pas besoin d'en toucher deux mots à son père pour savoir que ce dernier n'approuverait pas du tout un tel mariage. Elle était trop libre pour lui. C'était le genre de femme qui vibrait lors des voyages, de la découverte et de l'exploration. Elle ne serait jamais de celles qui restaient à la maison ou non loin, à élever ses enfants comme toute bonne femme se devait de le faire. Paradoxalement, c'était pour toutes ses raisons que Baran avait senti que son cœur se serrait lorsqu'ils s'étaient parlé la première fois. Lui, dans un anglais précaire. Elle, qui se défendait bien mieux que lui en turc.

Bien qu'il savait que cela ne mènerait nulle part, Baran gardait l'espoir, d'un jour, de goûter ses lèvres avant de céder devant les ordres du Sultan de marier une femme qu'il n'aimerait jamais comme elle.

Par chance, il n'y avait pas que cet amour interdit et non partagé qui le réjouissait de fouler les terres britanniques pour la première fois. Il y avait ici des gens qu'il connaissait, qu'il affectionnait et qu'il aimait sincèrement. C'était le cas de ce Cynfeirdd. Elfinn était son nom, et c'était probablement son ami le plus sincère. Une de ces rares personnes à ne pas se soucier de ce qu'en dirait son père, le Sultan, sur les sujets que lui et Baran partageaient. Si au début, il s'agissait du travail, leur relation devint rapidement autre chose. Il était, probablement, ce qui se rapprochait le plus d'un ami, bien que Baran n'en avait pas forcément conscience.


Ce jour, c'était donc Elfinn qu'il comptait voir. D'une part, pour le saluer et d'autre part, pour le travail. La Main d'Atoum demandait au Nazar boncuğu de redoubler d'efforts sur la protection des vestiges sorciers. Il leur fallait faire face à toujours du neuf : Que ce fut des coups tordus, ou des attaques de plus en plus violentes et originales pour surprendre les chercheurs de l'IDEM. Une idée lui était venue des suites d'une tempête de sable qu'il lui fallait absolument partager à son ami gallois.

« - J'ai à faire à l'Institut. » Fit Baran en observant Fayçal qui se tenait droit, près de la porte, tout en rangeant certains croquis et recherches qu'il avait pu faire dans un dossier papier.
Gökçe leva un sourcil, refermant un grimoire sur lequel elle penchait depuis leur arrivée à Londres.
« - OK. »
Baran posa son regard sur cette jeune sorcière au regard d'acier. Elle avait beau avoir l'air frêle et fragile, le prince avait très bien compris que ce n'était qu'une apparence. C'était ce qu'il lui avait plus dès le début, et c'était probablement l'une des raisons qui faisait qu'il avait très vite demandé à son père qu'elle lui soit attribuée.
« - Oui ? »
Il fronça les sourcils, levant le regard vers Fayçal qui ne put s'empêcher de sourire. Le maître d'armes se chargea vite de rompre le contact avec son prince de peur d'avoir à dire ou faire quoi que ce fut.
« - Tu pensais sortir sans nous ? »
Baran secoua la tête, l'air agacé.
« - Peu importe. »
Il passa devant Gökçe sans poser son regard sur elle, se rendant compte qu'il peinerait à avoir du temps libre sans ces deux-là. La jeune femme fit un clin d'oeil à Fayçal qui se mordit la lèvre, amusé par la dynamique qu'elle mettait sur son passage.
« - Tu viens ? »
Fayçal secoua la tête, et sortit derrière elle en refermant la porte du bureau de son maître.


Ils ne tardèrent pas à arriver au siège de l'IDEM. Baran leva un regard vers le bâtiment, le contemplant pour son architecture et la grandeur qu'il dégageait.  Le regard de Gökçe sur sa nuque le dépêcha à gravir les marches du perron. Il poussa les portes pour se rendre directement à l'accueil où une certaine @Iris Faux-Orpin l'aiguilla sur l'endroit où bosser Elfinn Cynfeirdd.

Quelques minutes plus tard, ils se trouvèrent dans l'atelier du mécamage. Ce dernier n'était pas encore là, probablement parti chercher un café comme leur avait annoncé Iris avant de les laisser seuls.

Fayçal s'approcha de la table en compagnie de Baran, observant les pièces et les outils qu'ils voyaient devant eux avec une curiosité à peine voilée, tandis que Gökçe observait les créations de ce dernier, n'hésitant pas à les soulever pour les regarder sous toutes leurs coutures sans y être invité.
« - Je me souviens de cet homme. C'est celui qui est issu de cette famille de chasseurs, c'est ça ? » Demanda Fayçal, qui semblait se faire violence pour ne pas être aussi malpoli que Gökçe.
« - Oui. »
« - On peut savoir pourquoi tu veux le voir ? »
Baran se retourna vers elle, agacé avant d'écarquiller les yeux l'air interdit.
« - Repose-ça tout de suite ! »
Il ignorait ce qu'elle tenait dans les mains, mais l'idée même qu'elle ne le casse le faisait bondir.
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Début août 2022



« Un stagiaire ?” Elffin lance un regard interloqué à un de ses collègues de l’IDEM par-dessus le rebord du mug de thé fumant qu’il vient de se faire. A bien y réfléchir, peut-être aurait-il mieux fait d’opter pour un café et d’y ajouter une dose de whiskey pur feu. Ce n’est pas toujours conseillé quand on s’apprête à manipuler un objet ancien dont il faut comprendre le mécanisme, après qu’un historien lui en ait donné l’utilité supposé. Mais la nuit a été longue et courte à la fois, un verre avec Saskia qui s’était de nouveau soldé par … rien. Sa nuque joue doucement, tentant d’effacer le visage de son esprit et de se concentrer sur ce qu’on vient lui dire. « Ils veulent que je prenne un stagiaire ? » L’idée lui paraît complètement saugrenue. S’il donne des conférences à Poudlard, c’est effectivement par goût de la transmission, mais il n’a qu’à dire ce qu’il a à dire et il s’en va après quelques questions. Se retrouver avec la responsabilité de former quelqu’un, alors que la plupart du temps, il est incapable d’expliquer ce qu’il a fait et comment, pourquoi… cela semble complètement loufoque, comme idée. « C’est… » « Si tu me dis que c’est le neveu d’une cousine d’un membre du Magenmagot, je ne t’écoute déjà plus. » Et d’ailleurs, il ne le fait réellement pas, s’éloignant en ignorant les protestations qui naissent de son attitude. A moins qu’il n’en reçoive la demande impérieuse, il préfère rester au chaud dans son antre, à gérer un artefact à la fois. Il n’était déjà pas à l’abri de se retrouvé ensorcelé ou blessé, alors il ne pouvait clairement pas garantir la sécurité de quiconque entre ses murs. Quiconque entrait dans son espace le faisait à ses risques et périls. And speaking of which…

Trouver la porte de son espace ouvert est une surprise. Cela signifie qu’il a réellement besoin de davantage de caféine, car il a vraisemblablement oublié de la verrouiller. Un inventaire rapide de ce sur quoi il travaillait le rassure instantanément, aucun objet n’avait la capacité de marcher, rouler, voler, enfin de se déplacer sans qu’il ne les y ait poussés. Il pousse donc le battant du bout des doigts, juste à temps pour voir … « Repose-ça tout de suite ! » « A votre place, je l’écouterais, sauf si vous tenez réellement à vous retrouver avec une mise en pli qui était du plus grand chic dans les années 1960. » Le ton a quelque chose de légèrement amusé, se demandant réellement quand l’appareil de coiffure allait réagir et sauter sur la tête désormais proche de sa cliente malgré elle. « Et comme je n’ai pas fini de le réparer, il se pourrait que vous vous retrouviez également avec de superbes mèches de couleur inconnue. Je cherchais justement un cobaye pour le découvrir. » On s’amuse comme on peut, et c’est sans doute une des réactions les plus calmes que ce trio peut recevoir, à se trouver dans un atelier qui n’est pas le leur, à toucher à des objets vieux de plusieurs décennies sans y avoir été invités – enfin, pour l’une d’entre eux. Et cela vient avant tout de la présence de : « Baran, toujours un plaisir. » Veillant à ne pas renverser son thé sur qui que ce soit, il s’avance pour donner une accolade à son ami, pas inquiété le moins du monde par l’idée que l’homme un peu en retrait soit son garde du corps et l’écorche vivant. Il lui semblait l’avoir déjà vu, mais le jour où il se souviendrait des noms de tous ceux qu’il croisait n’était malheureusement pas encore arrivé. « Madame, Monsieur, bienvenus dans mon humble royaume. » En espérant arriver à avoir au moins un sourire, il fait le tour du premier établi pour aller poser sa tasse sur un objet de son invention, la maintenant à la parfaite température pour la journée. « Cela faisait longtemps, comment vas-tu ? » Il ne fait pas un geste pour aider la demoiselle manquant terriblement de manières et d’instinct de survie, visiblement, son esprit scientifique espérant, quelque part, voir quelque chose d’incroyable se réaliser. « Et que me vaut le plaisir de ta venue, en si bonne compagnie ? » Ce n’était sans doute pas pour simplement discuter, ils auraient sans doute été seuls dans ce cas.
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Début août 2022

feat.  @Elffin Cynfeirdd

Fayçal : couleur Gökçe : couleur


Gökçe
posa l'étrange artefact sur son socle, se retournant vers le nouveau venu avec une petite pointe d'arrogance qui insupportait Baran. Elle était toujours dans la provocation, comme si elle se devait de tester toutes les limites qu'on lui imposait. Il n'y avait qu'en présence du Sultan ou de son fils qu'elle se tenait correctement en dehors des représentations officielles. En dehors de ces moments, c'était comme si elle devenait cette espèce de petite chipie qu'il avait connu durant leur formation pour le Nazar. Baran lui avait été attribué dès son arrivée. Leur relation n'avait pas changé d'un pouce bien malgré lui.

Fayçal se retourna vers Elfinn. Son visage se ferma instantanément, son regard se fit plus dur et il adopta très vite cette attitude de garde du corps un peu trop zélé. Baran, quant à lui, arbora un sourire rayonnant, bien que la présence des deux lascars l'empêchait d'être plus vrai que le Prince qu'il se devait être en toute circonstance.

Les propos du mécamage lui arrachèrent un sourire moqueur qu'il destina à Gökçe qui haussa les épaules comme si elle se fichait bien de ce qu'il pouvait en penser. Il la savait piqué par les propos du fils cadet de Geraint, mais comme d'habitude, il ne savait pas comment. Préférant se dire qu'elle était agacée, il conserva son attitude envers elle avant de reporter son attention vers Elfinn.

Ce dernier se fichait bien des mœurs que l'on pouvait avoir dans certains milieux, notamment celui de Baran où l'on n’approchait pas un Prince comme cela. Elfinn lui donna une accolade que l'ambassadeur lui rendit avec la même emphase. Derrière, Fayçal avait amorcé un geste vers sa baguette magique, tandis que Gökçe les observait intensément, prête à bondir si c'était nécessaire.
« - Elfinn. » Répondit-il, simplement.
Elfinn les accueillit dans son antre. Son atelier était particulier, et c'était probablement quelque chose qu'ils avaient déjà tous vu au moins une fois ici ou là. Certains codes étaient universels, notamment dans les métiers manuels. Baran ne pouvait s'empêcher de ressentir les mêmes sensations que celle de la forge où il aimait se perdre, le temps d'une heure, à observer l'artisan frappait le métal avec son marteau magique, dans le silence rompu uniquement par les métaux qui s'entrechoquaient.

Baran s'inclina légèrement lorsqu'Elfinn leur souhaita la bienvenue dans cet antre qu'il ne connaissait que de nom. Si Fayçal semblait se détendre derrière lui, Gökçe ne réagit pas particulièrement, jetant son dévolu sur autre chose.
« - C'est vrai. J'en aurais un peu plus pour un temps. »
Il s'approcha machinalement de la table sur laquelle Elfinn travaillait pour y déposer un dossier dessus.
« - Mon père aime l'idée qu'en tant que représentant officiel de la couronne au Royaume-Uni, je sois sous bonne garde. »
Comme si l'attention de ce dernier ne suffisait pas en temps normal, le voilà maintenant un peu plus légitime dans tous ses désirs vu que Baran était désormais son ambassadeur.

Le prince turc fit un signe vers Fayçal.
« - Fayçal. »
Il lui aurait fallu un peu plus de l'après-midi pour le présenter. Ami personnel du Sultan avant d'être l'un des maîtres d'armes du sultanat Şimşek, son histoire était bien plus profonde que ces titres qu'il arborait avec honneur.  L'homme semblait rompu par l'expérience de la vie mais pas seulement. On imaginait très bien quel genre d'homme il était malgré son regard plutôt sombre.

Baran fit montra la jeune femme d'un mouvement du menton, l'air agacé.
« - Gökçe. Tu as sûrement déjà dû la croiser, mais... »
« - Pas la peine de finir votre phrase Votre Altesse. » Coupa court la sorcière, dans la langue turque. C'était une jeune femme, peut-être la trentaine ou un peu moins. Elle avait les cheveux nouées en une queue de cheval, d'un noir profond, avec la base du crâne rasée. Elle avait un regard très expressif mais qui semblait contrôler, juste pour agacer Baran.

Il leva les yeux au ciel, avant de se tapoter du plat de la main le dossier qu'il avait posé quelques instants plutôt.
« - N'ayant pas le choix pour le moment, ils m'accompagnent donc pour te parler de cette idée que j'ai eue et que j'aurais aimé te soumettre si ça te va. » Expliqua Baran, avec son accent chantant.

Dans le dossier, il y avait un dessin plus ou moins réussi représentant une paire de lunettes d'aspects steampunk avec quelques annotations en turc, avec quelques traductions dans un anglais qui n'avait rien de naturel. C'était des lunettes capables de percer les tempêtes de sable les plus violentes qu'ils étaient amenés à rencontrer sur le terrain, qu'elles fussent naturelles ou magiques.

La main d'Atoum se montrant de plus en plus originale dans leur façon de faire, il fallait bien s'adapter.
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Début août 2022



Pas le moins du monde offusqué par l’attitude de la seule demoiselle de l’assemblée, Elffin ne peut s’empêcher de penser à lui jouer un tour à sa faon – après tout, il est resté un grand enfant. Et à la voir continuer à toucher tout et n’importe quoi, cela va se produire dans très peu de temps, surtout alors qu’elle semble s’approcher de la section des anciens pièges pour protéger les reliques magiques en plus des sortilèges. Il ne fait pas le moindre commentaire, laissant l’ombre d’un sourire espiègle au coin de ses lèvres indiquer ce qu’il pense de cette entreprise. La suite allait sans doute se révéler … intéressante. Et ce, à plusieurs égards, à n’en point douter. La présence de son ami est un événement en soi, et il est ravi d’apprendre qu’il va en bénéficier plus longtemps que la fois précédente. « Those are good news, we should plan an evening out where I am not forced to wear a tuxedo or a day to do something not involving your security detail being turned to a mouse because she couldn’t keep her hands to herself.” Et le pire est qu’il est encore parfaitement charmant et poli, quand d’autres l’auraient déjà mise à la portee en la sermonnant, quel que soit son grade. C’est vers Baran que va son regard, empreint de compassion. Il ne pourrait pas supporter qu’on le suive toute la journée. Quoiqu’à bien y réfléchir, ce seraient sans doute eux qui n’en pourraient plus au bout de cinq minutes. Et ceux-ci n’ont pas l’air commodes, ce qui ne l’empêche pas des les saluer d’un signe de tête en répétant leur prénom à tour de rôle. Et la jeune femme se fait une nouvelle fois remarquer, ce qui amuse définitivement Elffin. « Votre altesse, répète-t-il avec un accent absolument horrible mais sans se tromper. « I think we had the pleasure, but you have to forgive me, I am terrible with names.” Il allait peut-être finir par avoir des problemes, mais pour l’instant, la situation n’a pas grand-chose de réellement dangereux (en tous cas pour lui).

Sans rien dire, il soutient le regard de Baran, se disant qu’il pourra sans doute lui trouver de quoi se rendre invisible sans trop de mal pour échapper à la vigilance des gardes. Oui, il vient de décider à son tour de mess with their job, gentiment cependant. Après tout, que pourrait-il arriver en pleine Angleterre, surtout en se tenant aux côtés d’un mercenaire ? Mais son attention se dirige rapidement vers le dossier que lui tend le prince, ne résistant pas à l’appel d’un nouveau défi. Ses doigts écartent rapidement la couverture. « And what would that idea be ? » Une partie de lui n’est déjà plus connecté au monde des humains. La vue de l’objet, du métal qu’il s’imagine déjà et des rouages qu’il pourrait toucher l’ont fait basculer dans l’univers des idées. Sa main frémit alors que la pulpe de son index repasse les contours des lunettes, ressemblant en réalité étrangement à celle qu’il s’est faites, étudiant, pour la chasse, avant de les perfectionner au cours des années. Elles sont maintenant moins volumineuses, un peu plus discrètes, préférant l’aspect pratique et impliquant le moins de perte de vision à l’esthétique des mécanismes qu’il aimait, plus jeune. Mais cela lui parle, énormément. Mais les mots, pas du tout, surtout pas en turc, et l’anglais reste quelque peu nébuleux, même s’il commence à se faire une idée de ce qui est en jeu. « Do tell. I am all ears. » Et de penché sur son établi, il s’asseoit, siège répondant à son mouvement en conjurant trois d’un moulinet de sa baguette, sortant du sol – escamotables – pour ses invités. La machine à écrire automatique derrière lui émet déjà un « ding », se mettant en place pour ne rien manquer de l’échange. C’est un crayon et un carnet qu’il attrape, pour commencer immédiatement.
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Début août 2022

feat.  @Elffin Cynfeirdd

Fayçal : couleur Gökçe : couleur



Baran ne put retenir un éclat de rire qui sortit spontanément devant le regard courroucé de Gökçe. Elle fusilla les deux amis du regard devant Fayçal qui ne put s'empêcher de sourire. C'était plutôt bien envoyé, tout le monde était d'accord là-dessus, sauf la principale intéressée. Elle donnait toujours l'impression d'attirer l'attention des uns et des autres en agissant continuellement de la même façon malgré les remontrances de ses supérieurs ou des demandes du prince Baran. Elle haussa les épaules, laissant sous-entendre que cela glissait comme de l'eau sur elle avant de s'approcher des autres artefacts de la pièce.

Le Votre altesse arracha un petit sourire amusé sur les lèvres des trois Turcs, bien que chacun de leur sourire avait une signification différente. Pour Baran, c'était une fierté d'entendre son ami parler sa langue. Fayçal, quant à lui, semblait trouver ça plutôt drôle. Et si cela améliora un peu l'image vierge qu'il avait d'Elfinn, ce n'était rien face à celui de Gökçe qui le regarda d'un air intrigué, comme si elle le voyait pour la première fois.

Elle se recula des artefacts pour s'approcher du trio masculin au milieu de la pièce.

Baran saisit l'occasion de la venue du calme dans l'atelier de son ami pour lui présenter son projet. Un dossier de quelques feuillets, de quelques dessins, dont il avait eu l'idée au cours de ses missions dans les parties désertiques de l'Orient et du nord de l'Afrique, à force de combattre dans des tempêtes de sable particulièrement violentes. C'était, en plus de tout cela, une occasion rêvée de passer un peu de temps avec son ami.

En voyant ce dernier si curieux, Baran se laissa surprendre d'un sourire étalé sur sa face. Il sentit un petit gène naître en lui comme s'il montrait l'étendue de son travail à son professeur, attendant un jugement de sa part. Cela lui rappelait ses courts passages à la Tour des Nuages dans la partie nord du Firat (Euphrate). Des moments chers à son cœur, lui qui n'avait eu que pour désir d'intégrer une école magique au lieu de subir des entraînements militaires pour nouer avec sa magie et sa façon de l'aborder.

« - Alors. » Commença-t-il, avec une attitude de premier de la classe qui ne manqua pas d'attirer un sourire moqueur sur la face de ses deux acolytes.

Baran dégrafa un bouton de son costard pour se mettre un peu plus à l'aise avant de se pencher au-dessus de l'épaule d'Elfinn. Il lui montra les différents points en les lui expliquant.
« - Depuis quelques mois, comme tu le sais, on a des soucis avec la Main d'Atoum qui se trouve être particulièrement vindicative, avec de nouvelles idées dans leur façon d'opérer. Les tempêtes de sable sont assez récurrentes, en plus d'être spectaculaire et de camoufler leurs traces. »
Il tapota les verres sur le dessin.
« - L'idée, c'est donc de pouvoir dissocier le sable de ce que l'œil est censé voir. Comme si y avait un... Un enchantement qui retirerait les grains de sable. Je ne sais pas si je suis clair. » Fit Baran, en se redressant légèrement. Il doutait de son anglais, n'étant pas fluent comme il l'aurait aimé. Cela viendrait peut-être si son séjour en Angleterre venait à s'éterniser.
« - Puis tu connais les dégâts du sable, ça fait des dégâts sur les mécanismes. J'l'ai écris ici, mais... »
Mais c'était en turc. La langue maternelle de Baran. Fayçal et Gökçe qui se moquaient de lui derrière leur sourire quelques minutes avant s'étaient approchés l'air intrigué par l'idée de leur prince.
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Début août 2022



Gökçe pourrait probablement faire exploser son atelier qu’Elffin ne s’en rendrait désormais absolument pas compte. Quand son esprit s’anime, il n’y a plus rien d’autre qui existe. Et il a déjà commencé à esquisser une version plus propre du croquis de son ami, ne dessinant pour l’instant que les montures, les passant de rondes à rectangulaires – pour un champ de vision plus étendu. Il pourrait d’ailleurs même aller jusqu’à ne faire qu’un seul écran. La nouvelle idée prend vie en-dessous, alors que la machine à écrire enchantée ne manque rien de ce que dit Baran, qui s’est approché. C’est sans doute plus sage, il ne manquera ainsi rien de ce qu’il dira. Les détails sont rapidement gommés, ceux qui n’ont pas d’importance en théorie. Les termes « Main d’Atoum » ne lui sont d’aucune utilité. Même s’il a forcément entendu parler du groupuscule, leurs méthodes sont pour l’instant suffisamment nébuleuses pour que cela ne déclenche pas l’examen d’une liste précise de paramètres. C’est l’usage que le prince désire faire de cet équipement qui importe. Sandstroms est griffonné en haut de la feuille, alors qu’il ajoute machinalement un renfort aux verres, ainsi que des pièces pour en assurer l’étanchéité sur son esquisse. Les branches sont effacées pour laisser place à une bande horizontale, à placer autour du crâne, rejointe en haut par une verticale, pour un meilleur positionnement. Tout se passe très vite. Il ne s’agit que d’un premier brouillon, mais il laisse les choses venir. Les mots dissociate et grains viennent s’ajouter dans les marges, ainsi que true vision. C’est un problème complexe, mais cela ne semble pas le faire sourciller outre mesure. Pas plus que les explications sur le fait que les mots sont en une langue qu’il ne peut comprendre, ou encore le fait qu’il commence à y avoir du monde autour de lui. Le temps qu’il ne sort pas de « sa zone », cela ne le dérangera pas.

Quelques traits sont rajoutés, et il demande, d’une voix un peu différente, éminemment concentrée : « Do you know by any chance if they are just leveraging the existing sand or if they create some magically? » Cela pourrait avoir son importance, en se basant sur le fait que les grains ainsi créés devraient avoir une signature magique, il serait sans doute possible de brouiller leur impact. En revanche, s’il s’agit effectivement de ce qu’ils trouvent sur place, le procédé devra être entièrement adapté au terrain. « The design must ensure that none of the pieces are damaged, » murmure-t-il, comme pour lui même, une autre forme commençant à naître sous ses doigts. Le casque finit par faire son apparition, et il l’examine, portant son stylo à ses lèvres dans un geste pensif. « Muggles have those kind of very wide vision helmets for space exploration, I wonder if something like this could be leveraged. Although it is not the most practical. » Son attention revient aux lunettes et il se saisit de sa baguette, un léger mouvement faisant décoller sa propre paire, qu’il répare et améliore sans cesse. Elle frôle Gökçe, qui était sur sa trajectoire, pour venir se présenter à Baran, alors qu’Elffin tente de retrouver le dernier schéma qu’il en a fait, son regard se promenant sur les murs, encombrés par des panneaux de liège et de multiples esquisses qui se bousculent. « Those are mine, I designed them to be able to have a perfectly clear vision in the dark. And it captures magical auras too. » Le modèle est plus simple, car dans les forêts du Royaume-Uni, nul besoin de protéger le porteur plus que nécessaire. « I treated the lenses to exploit the minimum of light and augment the contrast. I don’t know the properties of sand but perhaps… » Les griffonnages reprennent : « Perhaps there is something in the way that it hides or deflect light that we can use. » Pour ceux qui se poseraient la question, c’est un synonyme de “je pense que c’est dans mes cordes, évidemment que je vais travailler dessus”.
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