My memory would linger

\|	My memory would linger theme, le 17 juillet 2022

Après l’incident en Norvège, les crises étaient devenus de plus en plus régulières et la douleur de plus en plus intolérable. Le picotement nerveux remontant le long de sa narine droite s’enfonçait désormais jusque dans ses tempes, s’infiltrant dans les plis de sa cervelle molle. Les mains plaquées de chaque côté de sa tête, James Grey observait l’œil noir le sang lui gouttait le long du menton, s’écrasant mollement dans l’évier blanc juste en dessous. À la lumière vacillante du néon, sa respiration se faisait difficile, puisant au plus profond de lui ce qui lui restait de sanité pour ne pas perdre pieds. Les images défilaient de nouveau sous ses iris ahuris.

Il ne savait plus discerner ce qui était le cauchemar de ce qui était la réalité. Lui revenait seulement la douleur lancinante, perçant d’un lobe à un autre. Il serra la vasque jusqu’à s’en faire blanchir les jointures, les épaules traversées d’une douleur vertigineuse.

Qu’est-ce qui s’était passé là-bas exactement ?

(...)

La ruelle était silencieuse, à peine un chat rôdait-il pour mieux s’enfuir et passer dans l’interstice d’un portail. James Grey n’y fit pas attention et talonna le pavé, l’air sinistre des mauvais jours sur la gueule. C’est que ça faisait trois jours qu’il n’avait presque pas dormi et l’humeur massacrante de sa mère ces derniers jours ne rendait pas plus agréable ses nuits au Domaine de Dean.

Il avait pris soin de contacter @Cléopatra Amonwë pour lui parler de quelques soucis, du fait qu’il avait peut-être une malédiction, la morsure d’un esprit flagellant ou un mauvais sort, quelque chose de ce genre. Il n’arrivait pas à mettre de mots dessus encore et @Jameson Clearwater était aux abonnés absents. La lettre qui avait été envoyé à Poudlard était restée silencieuse en tout cas.

C’est comme ça que James se retrouvait un samedi soir, à 22 heures, devant la porte de son professeure, l’air aussi sérieux que tiré. Quand la porte s’ouvrit, le regard bleu-vert de l’ancien serpentard se posa sur Cléopatra, sans un sourire.

Ses sinus étaient encore douloureux, de même que son menton et ses lèvres portaient encore le parfum de son carmin. L’eau n’avait pas réussi à atténuer ce seul détail qui trahissait sa condition, lui qui avait toujours été aussi pâle que la lune.

« Bonsoir » commença-t-il, sur ce ton docile. Il avait beaucoup avoir quitté Poudlard et être devenu un homme, il y avait dans sa façon d’être, de se tenir, dans son attitude le respect et la considération que méritait le professeur Amonwë, sans pour autant tirer sur la servilité.

INFOS FICHE DE PERSO

La riche demeure de la lignée Amonwë t’appartient de droit depuis son décès. Les années ont filé depuis, plus rien n’est pareil. L’on dirait bien que les choses ont changé. Pourtant, il y a dans l’air la même atmosphère lugubre : de ces vitrines ornées d’artéfacts étranges à ces somptueuses tapisseries, l’endroit ne peut laisser quiconque indifférent. Tes talons claquent sur le parquet, pas après pas, dans un rythme calme et régulier.

Ton regard se tourne sur la porte d’entrée, au bout d’un long couloir dont les murs sont décorés de tableaux des ancêtres de vos deux familles réunies. Son tableau est le dernier, en bout de course, le plus proche d’où tu te trouves. Vingt-deux heures. Samedi. La porte s’ouvre. “Mister Grey”, le salues-tu poliment, “je vous attendais”. Tu marques un pas sur le côté pour lui laisser la liberté d’entrer.

Après ses maigres mais respectueuses salutations, tu avances jusqu’au rebord de la porte, jetant un œil au dehors : la ruelle est vide. Bien. “Personne ne vous a suivi ?” Il est impératif de s’en soucier. Tu refermes la porte, un mince filet d’argent recouvre désormais l’entrée. Ce manoir familial - plus vide que jamais - est sous l’influence de lourds enchantements. L’ambiance y est pesante, c’est un fait. Tu arpentes le corridor jusqu’au salon.

Les larges canapés de cuir noir occupent une partie raisonnable de l’espace. Les bibliothèques murales renferment un savoir exemplaire, source de décennies de recherches. Tu poses ta main sur le côté gauche de l’une d’elle. Un passage s’ouvre dans le mur. Une salle tout aussi sombre mais différente. Différente en ce qu’elle semble être un véritable laboratoire pour tout mage expérimenté. Une bouteille de vin rouge est disposée sur la table, tu l’attrapes et en sert deux verres à pied dont le cristal est finement ciselé.

Tu finis par t’asseoir sur le rebord d’un sofa, croisant les jambes dans une posture noble. La panthère noire se fait écoute des maux de son ancien étudiant. James était un Serpentard au double cursus doctoral. Il n’a rien à envier aux autres. S’il quémande ton aide, la situation doit être complexe. “Votre écrit mentionnait une potentielle malédiction. Dîtes-m’en plus, cela requiert un diagnostic précis pour en déterminer la cause, si maléfice il y a”. Car rien n’est jamais moins sûr bien que cette hypothèse soit hautement plausible au regard de son affectation en tant que Langue-de-Plomb.

@James Grey

\|	My memory would linger theme, le 17 juillet 2022

Le regard de James Grey ne cilla pas, dans son atour sombre.
« Non », commenta simplement le langue-de-plomb. Personne d’assez fou, pas même ce bon Braxton Clearwater, ne le pourrait. Il y a des centaines de façons de se rendre invisible aux yeux des autres dans ce monde, héritage de siècles entiers de chasse aux sorcières sans doute.

Une fois à l’intérieur, les épaules de James se détendirent légèrement sous son costume. Il n’en restait pas moins droit, altier, à la limite d’être guindé. Une éducation entière ne pouvait pas être balayé par quelques semaines seulement au Ministère, à côtoyer des êtres tous plus différents les uns que les autres.

Ses iris coururent sur les tapisseries qu’il avait déjà vu, à une époque lointaine il lui semblait, lorsque sa mère l’avait emmené avec lui comme elle le faisait toujours quand il s’agissait de parader. Les mains dans le dos, oiseau sombre au milieu des couloirs sinueux, James adopta le pas de la maîtresse des lieux. Il devinait derrière chaque pan de mur, derrière chaque pierre, des secrets de famille, des enchantements anciens et cela le faisait un peu sourire. Ça lui rappelait aussi le Domaine de Dean. Ce qu’il avait pu être sous Lord Aloysius Grey, son arrière grand-père, homme de peu de mots mais d’un charisme écrasant.

Il ne fut même pas étonné de voir le mur s’ouvrir et leurs deux silhouettes être avalés dans le boyau de pierre. Au lieu de ça, il se fit la réflexion que Madame Amonwë était précautionneuse, ce dont il ne doutait pas d’une ancienne briseuse de sort du Département des mystères.

C’était justement pour ça qu’il était là, après tout.

Pour briser ce sort.

Un « merci » échappait ses lèvres alors qu’il se tenait toujours debout, les yeux courant sur la salle aux multiples étagères. Petit, il aimait le repos que lui conférait les bibliothèques, souvent parce qu’il y partageait son silence avec @Ana Souvorov. Avait-il aimé lire à l’époque ou avait-il aimé être avec elle ? Il avait parfois des doutes sur ce qu’il était, tant il avait l’impression d’avoir été modelé par elle, d’avoir tant cherché à lui plaire qu’il n’était désormais plus que le produit de ce qu’elle aurai aimé réclamé au monde pour époux et qu’elle rejetait sans cesse.

La blessure se fit silencieuse au moment où il reposait son regard sur Cléopatra.

« J’ai fait parti d’une expédition en Norvège il y a quelques mois, pendant laquelle nous avons été pris dans ce qui s’est avéré être une illusion mortifère. Un système de défense somme tout assez classique pour un tombeau nordique, mais sa puissance était incomparable... » termina par murmurer James, se remémorant très bien le corps sans vie de John sur le sol, les restes de son enfant assassiné dans les bras qu’il avait tenté maladroitement de sauver. C’était sans compter la fureur et la puissance des Diffindo de l’étudiant.
« Depuis, j’ai comme des crises, des douleurs qui partent de mon nez et qui s’insinuent dans mes tempes. On croirait des coups de couteau. Je saigne aussi du nez, abondamment, souvent, jusqu’à l’anémie. Comme si mon esprit n'arrivait pas à cicatriser. »

Il énuméra sans rien cacher, comprenant bien que pour être guéri il fallait être ouvert à la guérison. Il y avait bien des choses que James Grey cachait, mais l’attaque de Thanatos en Norvège n’en faisait pas exactement parti. Il n’avait rien à se reprocher et maintenant qu’ils menaient l’enquête avec @Braxton Clearwater sur le groupuscule, il comptait bien débusquer une entrée, une piste - avec ou sans l’accord de son « binôme ».

INFOS FICHE DE PERSO

Personne ne l’a suivi. Bien, voilà qui est une heureuse nouvelle. Là, assise sur ce rebord de canapé, tu attends patiemment son récit. Il est préférable d’écouter avant d’agir. Probablement aurais-tu été membre de la confrérie de Rowena Serdaigle si tu avais eu le privilège d’étudier entre les murs de Poudlard. Ou bien c’est la noble assemblée de Salazar Serpentard qui t’aurais tendu la main, après tout ils disposent eux aussi de grandes facultés de mentalisation.

Tes prunelles noires fixent son faciès avec insistance. Si ton regard était bleu, il aurait été perçant ; là, il se fait plus enveloppant sans être pour autant réconfortant. Une expédition en Norvège, donc, il y a de cela plusieurs mois. Le jeune homme a pris son mal en patience pour ainsi dire. Ce que tu peux entendre, fervente partisane des soins que tu pourrais te prodiguer à toi seule, par toi-même. Une illusion mortifère aux pouvoirs incomparables d’après ses dires.

Ton attention est d’autant plus soutenue, cela peut s’observer dans l’éclat qui scintille dans le fond de tes orbites. Il est rare de te capter avec autant de force. « Incomparable à quel point ? », oses-tu, afin d’assouvir ton intérêt scientifique pour La Chose Occulte. Tes phalanges se crispent sur ton genoux, brèves commissures qui blanchissent sous cette pression. « Combien étiez-vous sur place ? » Tu prends une inspiration. « Vos collègues souffrent-ils des mêmes maux ? » Les maléfices ne frappent pas toujours au même endroit.

Le Langue-de-Plomb doit faire face à des crises douloureuses, des saignements de nez. Vif, ton psychisme s’arrête sur l’évocation de l’esprit qui ne parvient pas à aller de l’avant, à recouvrer ses blessures. « Qu’avez-vous vu exactement dans cette illusion, Grey ? » Il doit bien y avoir une réponse quelque part. Comme pour l’inciter à en dire plus, le bout de tes doigts repousse le verre de vin jusqu’à lui, prenant ensuite le tien dont tu dégustes une gorgée.

« Les illusions mortifères peuvent faire basculer le commun des mortels dans la folie. S’en sortir indemne relève de l’impossible … Mais peut-être devrais-je vous faire passer quelques tests d’identification avant d’envisager une toute autre hypothèse ? » S’il le permet, tu passeras son aura magique au crible bien que la solution pourrait être d’une toute autre nature. Les affres de la mémoire pourraient bien être la clef de ce qui fait symptôme pour cet agent du Ministère. Mais avant de lui transmettre cette information plausible et intime, il vaut mieux envisager l’autre piste.

@James Grey

INFOS FICHE DE PERSO