Toi tu rentre, toi tu sort !

Le voyage en train a été trop rapide à mon goût et j'avance sans me mêler vraiment aux autres en direction du château. Rien que ça, c'est énorme. Je vais étudier dans un château. Mon ancienne école ne tient pas la comparaison, à côté. Les discussions sont multiples mais identiques d'un groupe à l'autre. Bercées d'espoir, d'excitation et de crainte, les autres élèves de première année ont tous l'air prêt a accueillir tout ça les bras ouverts. Comme si c'était tout à fait normal de venir étudier la sorcellerie dans un château.

Je ralentis le pas et reste un peu en arrière, laissant les autres entrer à l'intérieur en une seule masse. Je reste là, à observer les brisques sombres qui se dressent devant moi, je me demande ce qui m'attend vraiment à l'intérieur. Je me surprends même à tendre l'oreille, au cas où des cris se mettraient soudain à retenir, et je lève les yeux au ciel devant ma bêtise.
Je finis par passer les immenses portes pour me retrouver dans un hall désert, ou presque.
Je penche légèrement la tête quand le gars présent me parle, cherchant à me montrer plus à l'aise que je ne le suis en réalité. Toujours avoir l'air sûre de soi, en toutes circonstances, c'est une leçon apprise depuis longtemps, surtout dans le quartier d'où je viens. Si tu as l'air d'une victime, tu le deviens forcément.
Je décide d'opter pour une tentative d'humour, même si je sais que ce n'est clairement pas mon point fort.
Il y a peu de chances qu'ils me tuent dès le premier jour, non ?
N'empêche qu'en réalité, l'expression me faire allumer fait grossir la boule que j'ai dans le ventre. Après tout, les gens sont tous des sorciers, ici, et j'espère que leurs expressions ne sont pas si différentes de celles que j'ai toujours connu. Si me faire allumer ici signifie que je vais réellement cramer, je crois que ma scolarité sorcière sera encore plus courte que ma scolarité normale.

Quant à ma tenue officielle, on m'a déjà fait la remarque dans le train, quand tous les autres ont enfilé la leur, que je devrais faire pareil. Sauf qu'en ayant fait mes achats seulement trois jours auparavant, mes vêtements étaient en phase de retouche et je les aurais plus tard. La couturière avait semblé vraiment désolée, disant qu'elle allait faire le maximum pour que je puisse les récupérer rapidement, mais je n'y ai pas vraiment prêté attention. Même s'ils étaient rapiécés, j'ai des fringues à me mettre sur le dos, pas de quoi en faire un drame.
Sauf qu'à voir les réactions de tout le monde, ne pas avoir cet uniforme officiel commence à me stresser. Je prends conscience que je vais entrer la dernière, et dans une tenue différente des autres. Question discrétion, ce sera un zéro pointé.
Je vais récupérer mes tenues...bientôt.
Il n'a pas l'air vraiment intéressé et je ne sais pas pourquoi je le précise. Retarder le moment où je vais entrer dans la pièce suivante est, pour le moment présent, une priorité.
Tu n'y vas pas, toi ?
Il n'a pas l'air pressé de bouger, alors qu'on est les seuls encore présents dans le hall. Et il n'a pas l'air stressé, non plus. Ni même spécialement excité, comme les autres. Ce n'est clairement pas sa première année et l'espace d'un instant, j'envie sa nonchalance.

Je l'observe un moment quand il m'assure qu'ils ont des quotas et je hausse les sourcils, amusée malgré moi. Ce type a tout du mauvais garçon, ceux dont j'ai appris à me méfier chez moi. Pourtant celui-là était d'un genre différent, je ne saurais pas vraiment l'expliquer. Pas que je lui ferais confiance les yeux fermés, mais je sentais qu'il n'était pas du genre dangereux comme les mecs qui traînaient autour de mon quartier.
Ce gars était à n'en pas douter du genre à s'attirer des ennuis, à en attirer aux autres et pourtant, quelque chose dans son attitude me soufflait qu'il ne représentait pas un vrai danger. Pas le genre à attaquer une fille dans une ruelle sombre.

«  Serdaigle. »
Ce mot lâché soudainement en levant les yeux avec un certain dédain me fait froncer les sourcils. C'était quoi, ça, une insulte ? Avant que j'ai le temps de trouver une super répartie qui lui aurait cloué le bec, il retrouve son air moqueur. Je le jauge des pieds à la tête avec une moue volontairement pensive et je réponds J'en sais rien, tu as pu redoubler deux ou trois fois. Même si je me laisse prendre au jeu de la taquinerie, je reste incapable d'esquisser un sourire, ce qui fait que ma plaisanterie doit tomber à plat.
Je soupire et j'ai un regard vers la double-porte que je suis censée prendre. Je ferais mieux d'y aller...
Arriver en retard le premier jour et sans la bonne tenue, est déjà le signe annonciateur d'une année merdique, non ?
Pourtant je ne bouge pas et n'amorce pas le moindre pas en direction de la pièce suivante.
Ca leur est déjà arrivé de se planter ? Je veux dire...au point de faire venir la mauvaise personne ?

J'ai l'impression que la boule dans mon ventre ne cesse de grossir et honnêtement, je me demande ce que je fiche ici. Entrer dans l'autre pièce va rendre tout ça un peu plus réel. Je ne suis pas certaine d'en avoir envie.

Je hausse une épaule devant sa réponse. Je sais plus ou moins reconnaître le danger en approche et dans mon quartier, il est presque permanent. Pour le reste effectivement, je n'ai pas d'amis et aucun proche pour affûter mes relations sociales, ça ne m'étonne donc pas de ne pas être capable de cerner correctement les gens.

Je lâche un petit sifflement mi-surpris, mi-impressionné lorsqu'il précise être en septième année.
Il y a peu de chance que j'aille jusque-là.
Je tiendrais jamais sept ans ici. Je me ferais sûrement virer avant, ou je me ferais bouffer par un truc magique, genre une licorne démoniaque, un truc du style. Avec la chance que j'avais habituellement, la première catastrophe serait pour ma pomme, en toute logique.

Le gars reprit la parole et je hoche la tête en signe d'assentiment, avant de grimacer et de la secouer. Non, je comprends rien à ce que tu racontes. Apparemment, les sorciers avaient leur propres langage et je m'imagine soudain à agiter ma baguette en prononçant Abracadabra en cours. Je risque fort d'avoir l'air d'une cruche mais en même temps, mon amour-propre en a déjà pris un sacré coup depuis que j'ai du prendre mon second job.
Je reprends quand même la parole pour préciser ma question. Je veux savoir s'ils se sont déjà plantés de personne ? Genre c'est pas moi qui devrait être là mais la voisine d'à côté ?
Même si l'idée de la vieille Mme Grabronski ici pourrait presque me donner envie de rire, je me dépêche de rajouter Avec des mots simples, s'te plaît, je suis pas...très douée.
J'espère qu'il va pas faire exprès d'utiliser ces termes dont je ne comprends pas le sens, histoire de s'amuser. Il a l'air assez moqueur et je grimace à nouveau en me demandant si je viens pas de lui tendre le bâton pour me faire battre.

L'idée de lui demander ce que veut dire Serdaigle ou Cracmol-né-moldu me traverse l'esprit, mais je suis pas certaine de vouloir le savoir. Possible que la réponse me plaise pas. Cela dit, continuer la discussion avec lui me permet de retarder le moment où je vais passer la porte qui me fait face, alors je me sens pas spécialement pressée que la discussion se termine, aussi étrange soit-elle.

Je soupire en le voyant secouer la tête pendant qu'il répète son charabia, et je me risque finalement à laisser parler ma curiosité. Tant pis si la réponse me plaît pas, ça m'agace de ne pas deviner ce qu'il pense vraiment.
Et c'est pas une bonne chose d'être...Serdaigle-mé-moldu ?
La réponse semble évidente en voyant la tête qu'il fait, mais j'espère qu'il aura la sympathie ou la pitié de se montrer moins laconique dans ses réponses. En même temps, les profs sont sûrement plus habitués à répondre à ce genre de questions, c'est même plus logique de les leur poser que de se tourner vers un autre étudiant.

Je grimace quand il enfonce le clou face à mon ignorance et laisse ma nervosité et mon agacement prendre la parole. J'en déduis que toi, tu as grandi avec la...magie.
C'est toujours étrange de prononcer ce mot dans une discussion un tant soit peu sérieuse, je me demande si je vais finir par m'y habituer.
J'aimerais t'y voir, si les rôles étaient inversés. Que tu te retrouves dans mon monde, sans magie. Tu te sentirais sûrement aussi couillon que moi !
J'essaie d'imaginer la scène, un instant. En vrai, je suis sûre que ce mec s'en sortirait bien. Il a cette assurance tranquille, comme si rien ne pouvait le surprendre ou le déstabiliser. Rageant.

J'écoute sa réponse avec déception. Pas d'erreur possible, c'est moi et bien moi qui suis censée être là. Ce qui veut dire que je ne suis pas Joy Reed. Accablée, je soupire avant de grimacer à nouveau devant les propos du fumeur. Il plaisantait ou il était sérieux ? Quel genre de bestioles il y avait, dans ce château ?
Ce serait dégueu, ça...
Je scrute le couloir, m'attendant à voir débouler une affreuse créature, bave aux lèvres, prête à me bouffer. Je lui jette un regard en coin, sans bouger.
Et toi, tu n'y vas pas ?
Je ne retarde pas du tout le moment d'entrer dans l'autre pièce, pas du tout.

« Disons qu’il y avait un petit pourcentage de chance que tu fasses partit de Serpentard » dit-il en continuant de fumer, défendant ses couleurs. Apprécié ou non, personne ne pouvait nier que les élèves de Serpentard était les plus studieux de l’école, beaucoup promu à de brillant avenir. L’élite en soit. Ceux qui compte et marqueront sans doute l’histoire. Dans ce sens, il fallait se sentir chanceux d’intégré les vert et argent. «  C’est ma maison » se sentit-il obliger d’ajouté parce qu’elle semblait réellement paumé et n’avoir aucune idée de ce dont il était en train de parler. «  Bonne déduction Chadock ! » dit-il en faisant référence à ce célèbre détective Moldus dont on lui avait parlé une fois.

Serdaigle sans doute, parce qu’elle ne manquait d’esprit et de jugeote. Preuve étant sa réflexion si les règles étaient inversées. «  Peut-être. Peut-être pas » dit-il avec un sourire insolent, soulignant surtout dans sa tête le fait qu’elle se rabaissé, se traitant toute seule de «  couillon ».  «  Sans doute que je passerais plus de temps à essayer de me débrouiller que me dénigré. » dit-il en tirant de nouveau sur sa cigarette. Il grimaça en constatant qu’il l’avait bientôt finit. Elle semblait presque déçue de savoir qu’elle avait sa place, ici, à Poudlard. Bizarre. Il l’a mit en garde sur son absence à la cérémonie des répartitions.

« Moi je suis déjà répartit. Mon retard ne changera pas grand-chose. » Une dernière latte et il écrasa le mégot avec son pied avant de sortir sa baguette. «  Evanesco » lança-t-il pour faire disparaitre les traces de son addiction. Il jeta un œil à la première année qui avait l’air encore plus flippé de seconde en seconde. «  Tu sais généralement c’est les vierges qu’on sacrifie, pas les première années. » En d’autre terme une façon bien à lui de l’encourager. C’était peut-être pas grand-chose mais venant de Lyvan qui sortait rarement de son cercle d’ami, c’était plutôt pas mal.

@Joy Reed

Je l'écoute dans ses explications, essayant de deviner la signification des mots et termes que je comprends pas forcément. Je vais pas non plus lui demander ce que veut dire un mot sur trois, ce serait aussi soûlant pour lui que pour moi.
Je fronce les sourcils devant sa répartie, avant de comprendre ce qu'il veut dire et je rectifie presque malgré moi. Sherlock. Sherlock Holmes, pas Chadok...
Je me mords la lèvre en me demandant si je dois continuer mes explications, avant de renoncer. Il pourrait se vexer si je lui explique en détail et en fait, c'est pas si important que ça.

Piquée par sa phrase suivante, je me sens obligée de me justifier, agacée. Je ne me dénigre pas, je suis...réaliste.
Et puis, j'aimerais bien l'y voir, lui, dans mon quartier. Pas sûr qu'il s'en sorte bien, à évoluer dans un univers inconnu.
Mon agacement disparaît bien vite quand je le vois faire disparaître son mégot par magie.
Ca c'est cool.
Et à nouveau les questions reviennent. Je suis tentée de lui demander de m'apprendre à nettoyer aussi vite que ça, ou quel autre genre de magie on apprend réellement à faire ici, mais encore une fois, je m'empêche de le bombarder de questions.
La pensée de se présenter vient enfin, bien tardivement, mais je la pose tout de même. Je ne vais pas continuer de l'appeler "le garçon à la cigarette" tout le reste de l'année, si on est amenés à se recroiser.
Au fait, je m'appelle...Reed. Et toi ?
J'ai hésité sur mon patronyme. J'ai toujours détesté me présenter comme étant Joy, je sais que je suis loin de représenter la joie au quotidien. Et l'idée de cet autre nom m'est encore trop étranger pour que je me l'approprie.

Je me sens bêtement rougir en l'écoutant, m'interrogeant mentalement sur le sort réservé aux vierges de première année.
Hum...Et sinon, il y a des trucs à voir, dans le coin ?
Ok, là je le prends clairement pour un guide touristique et je doute qu'il apprécie, mais je me retiens surtout de lui demander quels types de sacrifices ont lieu ici.