Août 2022.
Un papier à la main, j’observais l’écriture de mon père tout en marchant dans le Londres Magique. Penchée et fuyante, tout comme lui et sa vie, elle ne décrivait qu’une simple adresse. C’était ces dernières volontés. Oh, je ne l’avais guère connu.
Abandonnée à l’âge de 3ans, je fus élevé par ma mère dans la banlieue de Boston. Avocate de métier, elle se battit toute sa vie pour les droits des femmes. A croire que j’avais hérité d’elle ce farouche écœurement pour l’injustice.
Avocate en droit d’affaire, ça payait bien. Mais avocate pour des associations caritatives, ça payait peu. Aussi, nous vécûmes dans une petite maisonnette, au milieu de la banlieue Nord de
Boston, où régnait drogue, insécurité et délinquance. Mais, j’avais été bien élevé. L’école primaire se passa plutôt bien, tout comme le collège. Fréquentant les établissements publics, je fus rapidement confronté à l’injustice que provoquait le système américain non-maj. Mais que voulez vous, être le premier pays libre du monde, ça se méritait non ?
Par trois fois durant cette période, il se passa des choses étranges. Lors d’un entraînement de
baseball, sport auquel j’excellais, une des balles enfla tellement qu’elle atteint la taille d’une citrouille arrivée à moi. Une autre fois, une jeune fille s’étant moqué de la couleur de mes baskets se retrouva avec les cheveux rouge vif la seconde suivante. Je compris rapidement que je n’étais pas comme les autres, mais j’avais l’habitude. Solitaire, je n’avais toujours eu très peu d’amis, et je me lançais corps et âme dans mon sport fétiche où j’excellais : le
baseball. Avançant dans les ruelles, je me remémorais également tout mon parcours à Ilvermorny. Entré à l’âge de 17ans, je fus envoyé dans la
maison de l’Oiseau-Tonnerre. Symbole d’âme et d’aventure, elle convint parfaitement à mon caractère bien trempé et rebelle. N’étant pas spécifiquement forte dans tous les domaines magiques, je démontrais quand même quelques qualités pour la
Défense contre les Forces du Mal et les
Sortilèges. Moins douée dans le reste, je ne fus pas une élève exemplaire et modèle. Très tôt, j’avais montré un talent pour ce nouveau sport : le
Quidditch. Rapidement, je représentais l’équipe de l’Oiseau-Tonnerre à Ilvermorny. Puis, lors de ma deuxième année, un agent me repéra et je fus accepté au poste de
Batteuse des Chardonnerets de Fitchburg. S’en suivit alors une carrière fulgurante. Ilvermorny accepta de me faire passer des examens particuliers, étant donné le temps passé à l’entraînement. En 2014 , 2015 et 2016, je fus nommé
Joueuse de la Ligue Américaine et mon équipe remporta trois de suite la
Coupe de la Ligue des Etats-Unis. En 2017, alors que j’étais sur la fin de mes études de commerce magique, je changeais de club pour aller chez les célèbres
All-Star de SweetWater. Ce fut l’apogée de ma carrière. Je gagnais encore une fois la coupe de la ligue américaine, et fut une dernière fois élue
Joueuse de l’année. L’année suivante, je fus nommé
Capitaine de l’équipe nationale et nous remportâmes la coupe du monde à l’issue d’un match sans merci avec le
Japon. Véritable superstar aux USA, mais aussi à l’internationale pour tous les fans de Quidditch, je commençais alors à signer quelques contrats publicitaires, qui commencèrent à me faire enfin gagner ma vie convenablement et aisément. J’avais compris que, même dans le monde des sorciers, et dans le sport magique comme le Quidditch, les inégalités hommes-femmes étaient encore bien visibles. Je devins alors un symbole de féminisme. De défense de la cause. D’égalité et surtout d’équité. Mon image fut repris et je fus enfin fière de moi. Je fis rêver toute une génération de petite sorcière qui voulurent suivre mes pas. Pendant les trois années suivantes, je brillais en championnat et
fut élue Meilleure joueuse du Monde en 2020.La célébrité m’éloigna encore plus du peu d’amis que j’eus. Et c’est cette année là que je perdis ma mère. Au sommet, je compris que j’allais descendre bien plus vite que je n’étais monté. Enchaînant les mauvais matchs et les blessures car je venais de perdre la seule qui guidait mon monde, je fus bientôt mis à l’écart de l’équipe. En janvier 2022, je tentais une nouvelle aventure dans la Ligue Canadienne en signant un contrat avec les Marteaux de Haileybury. En vain. Tout ne fut qu’échec sur échec, et je décidais en Mars 2022 d’arrêter purement et simplement le Quidditch.
L’abandon de ma carrière fit un grand boom sur la scène nationale et internationale. Ce fut alors le début de la dépression. Ne sortant plus de chez moi, hormis la nuit pour boire, j’enchainais les mauvaises rencontres et les échecs. Plusieurs paparazzis prirent de nombreuses photos de moi dans de très mauvais états, et je multipliais les coups d’éclats publics. En Juillet 2022, alors que j’étais au fond du trou et au plus bas, j’appris par notaire non-maj le décès de mon paternel et géniteur. Cela ne me tira aucune émotion, car il m’avait abandonné depuis bien longtemps. En revanche… Ce que le notaire déclara attira plus mon attention. Mon héritage, de 2000 dollars net de frais de notaire, était à partager avec son second héritier… Un certains
@Gabriel Standford.
Comprenant alors qu’il s’agissait de mon demi-frère, je fis route vers la Grande-Bretagne, n’ayant plus rien à perdre et décident de tout abandonner pour y fonder une toute nouvelle vie. Le seul espoir de ce nom pour guider ma lanterne et sortir du trou dans lequel je m’étais fourré.
C’est donc les traits tirés, que je marchais en ce jour d’Août 2022, au milieu du Londres Magique. Ayant d’abord chercher chez les Non-Maj, je ne fus pas surpris d’avoir retrouver le nom de mon frère dans la communauté Magique. Et pas n’importe où ! Il était le Chef du Bureau des Aurors Britannique ! A visiblement 35 ans ! Avide, mais fatigué par le voyage, je tenais toujours le bout de papier indiquant l’adresse et ma valise dans l’autre main. Arrivant finalement au pied d’un immeuble à la fois ancien et moderne, je sonnais à son nom d’appartement, la boule au ventre… J’étais dans un état de stresse immense.
Quand il se présenta devant moi, je reconnus immédiatement le physique propre aux Standford, avenant et athlétique. Lui aussi la Nature l’avait gâté.
« Vous êtes Gabriel Standford ? » dis-je timidement en tenant mon petit papier dans les mains en tremblant.
« Je… euh… je voulais vous dire que… je vous dois 1 000 dollars… Euh.. je l’ai hérité de mon père… XXX Standford. C’est… c’est votre euh… ta part. »D’une main tremblante, je lui tendis les 1000 dollars en liasse.
« J’aurai du les échanger en gallions d’or je sais… Mais… voilà. C’était symbolique. Bon j’espère que… ca te fait pas trop bizarre euh… D’avoir Hope Standford en tant que demi-sœur… ou sœur… Ou inconnue après toi ahah… On se connaît pas hein. »
Je passais ma main derrière la nuque en riant nerveusement. Il devait certainement me connaître. Tous les sorciers du monde connaissait la célèbre batteuse Hope Standford.
« Tu… tu avais jamais fait le rapprochement entre nos deux noms ? » dis-je soudainement curieuse.
Sursautant, je me rendis compte que j’avais peut être dépasser les bornes. Complètement perdu, je lui mis le papier de son adresse dans les mains avec les 1000 dollars et je lui serrai la main comme à un étranger.
« Je… je vais te laisser. »
Mais j’avais tout, sauf envie de partir. Pourquoi ? Parce que je n’avais plus que la personne en face de moi dans ma vie.
En septembre 2022, elle utilisa une bonne partie de son économie pour racheter le Bar les Trois Balais dont elle est la nouvelle Propriétaire à Pré-Au-Lard.