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Runaway (Yolanda)
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FICHE DE PERSO
Cela faisait quelques semaines que la photo d'Aurore nouvellement née trônait à coté de celle de @Sorcha MacGregor, légèrement encornée, dans le tiroir de son bureau qu'il ferma assez rapidement alors qu'on lui confiait un formulaire d'authentification de témoin. Lui qui ne faisait jamais l'étalage de sa vie personnelle, sa nouvelle paternité le rendait légèrement pantois alors qu'il savait sa compagne ainsi que leur fille entrain de se reposer allègrement au domaine des MacGregor. Le chef du bureau, Backdrift, l'avait autorisé à lever quelque peu le pied afin de pouvoir prendre la relève et permettre également à Sorcha de se reposer, elle qui se levait déjà pratiquement dans la nuit quand il ne pouvait pas être à la maison pour la relayer un peu.
L'arrivée d'Aurore avait radicalement changé le couple qu'ils formaient jusque là. Passant d'amoureux à parents, ils se découvraient chacun dans les joies de pouvoir tenir un morceau de l'autre entre les mains, les sourires et les pleurs animant un quotidien qu'il n'aurait jamais imaginé aussi somptueux. S'il avait pensé que Sorcha était belle en tenue de gala ou même dans son costume d'exploratrice, elle l'était encore plus depuis qu'elle était devenue mère à ses yeux. Aussi flamboyante que protectrice, la briseuse de sort d'une nouvelle aura qui le laissait pratiquement pantois à chaque fois qu'il rentrait du travail. Il ne pouvait s'empêcher à cet instant d'avoir un léger sourire, contrastant avec sa rigueur et son sérieux habituel.
A coté de cela, les missions qu'occupait Gabriel étaient de plus en plus fructueuse, même s'il n'était Auror que depuis deux ans, il avait réussi à prouver sa loyauté et sa détermination à toute épreuve pour solder chaque tâche avec succès et augmenter le taux de réussite du bureau avec un nouveau venu dans le bataillon, @Fergus Clearwater. Rare né moldu arrivant brillant aux MULOTs, il démontrait jour après jour que la qualité du sang ne valait rien sans courage et dévouement pour assurer la protection de la communauté magique. Bien sur le dernier des Mangemorts avait été capturé il y a déjà quelques années, il subsistait encore des idéaux contraires aux droits des hommes et que l'ensemble des Aurors débusquait jour après jour afin d'assurer un avenir aux prochaines générations.
Levant la tête alors qu'il continuait de remplir le parchemin, des notes de service volant à tout va entre les différentes tables, il vit soudainement l'ascenseur s'animer et laisser sortir une jeune femme dont il n'avait que trop bien entendu parler par un de ses collègues Jonathan. Il s'agissait de son ex compagne contre qui il avait gagné un procès pour la garde avant de le perdre puis de partager leur petite fille comme un bout de chiffon qui avait fini par se perdre dans les méandres d'une relation qualifiée de désolante par bon nombre de ses collègues.
En soi, Gabriel ne se mêlait jamais des affaires des autres, posant un avis clair et net si on lui demandait son avis mais sans émettre de jugement sans preuve. Son esprit vif lui indiquait souvent d'enquêter par lui-même pour se faire une idée du personnage et il fallait avouer que les zones d'ombre qui entouraient les actes de Mme Yeabow étaient bien plus nombreuses qu'on ne le pensait.
"Bonjour Madame, Jonathan est en déplacement en mission toute la journée." dit-il en se levant de son bureau, aussi poli qu'à son habitude
Il ne perdrait pas de temps à lui demander pourquoi elle était là, il savait qu'elle cherchait son ex compagnon et père de leur fille pour régler des comptes qu'ils ne pouvaient probablement plus faire dans un terrain neutre. Cependant, la mine terreuse de la jeune femme attira son attention et il fit légèrement le tour de son bureau pour s'assurer qu'elle allait bien, au delà des apparences. Par acquis de conscience, Gabriel mettait de coté ses doutes pour s'acquérir de son état, profitant du peu de monde présent au bureau de jour là.
"Je peux vous aider?"
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FICHE DE PERSO
Runaway
ft @"Gabriel Stanford"
Septembre 2014 - Matinée
Cela faisait trois ans qu’Ariane fuguait chaque été, et un an et demi à peu près que Yolanda Yeabow et Jonathan Crewe avaient recommencé à coucher ensemble. Si la première de ces informations faisait sens, la seconde en était totalement dépourvue.
*
Ariane allait avoir seize ans dans quelques mois. Alors que Yolanda, plus jeune, s’était enfuie lorsqu’elle avait découvert qu’elle était enceinte, cachant à Jonathan qu’il allait devenir père, il était entré dans une colère noire en découvrant sa trahison — qu’elle était en réalité Mangemort, et qu’elle avait mis au monde son enfant sans le lui dire. Ariane avait deux ans lorsque Jonathan récupéra sa garde exclusive ; elle en eut douze lorsque Yolanda gagna un nouveau procès contre lui, qui permit à sa fille de la rencontrer pour la première fois, mais qui lui arracha aussi le père qu’elle avait connu. Il y a trois ans, au terme de batailles judiciaires traumatisantes, ses deux parents avaient finalement décider d’élever leur enfant communément, et ne plus se la disputer. Mais il sembla malheureusement que c’était trop tard pour un compromis, pour calmer le jeu. Ariane leur en voulait désormais à tous les deux, l’un autant que l’autre, et les fuyait activement.
L’été où ils s’étaient mis enfin d’accord sur une garde partagée, ils pensaient naïvement que cette situation permettrait de calmer quelque chose, de panser des plaies. Mais Ariane était rentrée dans une colère froide — s’ils avaient pu le faire maintenant, pourquoi ne l’avoir pas fait dix ans plus tôt, en lui épargnant du même coup souffrances et traumatismes ? Elle se sentait utilisée, sale. Quelques jours après, elle avait fugué pour la première fois. A l’époque, Ariane était jeune, sa magie limitée, et ils n’avaient pas mis longtemps à la retrouver. Cependant, depuis, le phénomène se reproduisait sporadiquement, la plupart du temps l’été, mais aussi à d’autres moments de l’année. Avec le temps, ces fugues étaient devenues de plus en plus préoccupantes ; Ariane les planifiait plus minutieusement, mettant en œuvre une certaine ingéniosité pour leur échapper. Et cela rendait Yolanda complètement folle d’inquiétude. Dans ces moments-là, jusqu’à ce qu’Ariane ne soit retrouvée, elle dormait généralement mal, peu, ou pas du tout ; elle devenait incapable de travailler convenablement, ou de voir quelqu’un d’autre que Jonathan Crewe.
Étrangement, et contre toute attente, ces fugues les avaient rapprochés. Au début, les premières fois, Yolanda avait beaucoup crié, pesté contre Jonathan, hurlé que tout ce qui se passait était sa faute. Il avait renchéri, en lui criant ses propres reproches à la figure. Mais finalement, ils se retrouvaient tous les deux unis dans la même angoisse, unis par le même but, et dans ces moments-là, même quand leur relation devenait plus tendue, elle ne pouvait voir quelqu’un d’autre que lui. Plusieurs fois, elle s’était retrouvée à pleurer dans ses bras, cédant à l’angoisse, au désespoir, et à un fort besoin de tendresse et d’être consolée. De fil en aiguille, ils avaient cédé de nouveau à l’attraction l’un pour l’autre, qui les animait depuis toujours, et avaient repris une liaison secrète, sporadique, et enflammée.
*
En septembre 2014, Ariane avait fugué une fois de plus, alors que Yolanda entamait une nouvelle rentrée à Poudlard. Lorsqu’Ariane restait avec elle, au Manoir, Yolanda ne dormait pas à l’école ; mais sachant la période de rentrée chargée, Jonathan avait proposé de prendre Ariane ce mois-ci, pour que Yolanda puisse se concentrer sur son travail. Cela n’avait pas empêché Ariane, à peine arrivée chez son père, de disparaître immédiatement.
Cette fuite semblait mieux planifiée que les précédentes : Ariane avait vraisemblablement choisi un moment où tous les deux étaient très occupés, et avait disparu sans laisser de traces. Jonathan était pris par une mission urgente qui lui sapait tout son temps, et Yolanda par le début d’une année académique chargée. En outre, on retrouvait d’habitude Ariane au bout de quelques jours, un peu moins d’une semaine. Cette fois, cela faisait deux semaines que Yolanda et Jonathan étaient sur sa trace, sans succès. Yolanda n’allait plus en cours depuis cinq jours, et ne parvenait plus à manger ou à dormir depuis près d’une semaine. Ils n’avaient absolument aucune idée d’où leur fille avait pu disparaître, et elle avait l’impression d’être entrée dans un gouffre sans fond, en chute libre. La veille, comme toutes les autres soirées depuis ce maudit jour où Ariane avait disparu, elle avait été chez Jonathan. Sa gorge était si nouée qu’elle arrivait à peine à parler. Ils venaient de conclure une énième dispute, où elle avait vociféré que s’il ne lui avait pas arraché son enfant dès le début, ils n’en seraient pas là. Puis elle s’était écroulée sur un canapé, faible et tremblante. Mais sa décision était prise ; elle irait au Ministère dès le lendemain. La situation devenait urgente, son enfant pouvait être n’importe où, sa volonté de les punir pourrait la mettre dans des situations dangereuses, et les choses pouvaient dégénérer à tout instant.
C’est dans cet état, les traits tirés et la mine inquiète, qu’elle arriva au Ministère. Soigneuse dans son apparence, impeccable et élégante comme à son habitude, il était difficile de ne pas remarquer malgré tout son air anxieux. Elle portait une longue robe noire, de fabrique très délicate, sans doute très coûteuse, aussi ; et ses longs cheveux noirs étaient arrangés en une demi-queue qui dégageait son visage, laissant ses cheveux couler dans son dos. Aussitôt qu’elle entra au bureau des Aurors, elle fut remarquée par Gabriel Stanford, qu’elle avait déjà aperçu quelques fois, alors qu’elle était venue voir Jonathan. Visiblement, il l’avait reconnue. Jonathan avait dû parler d’elle — et elle se demanda tout de suite ce qu’il avait dû dire. Gabriel lui expliqua tout de suite que Jonathan était absent, mais demanda précipitamment ce qu’il pouvait faire pour elle. Elle eut un faible sourire.
—Oh, je sais que Jonathan travaille sur cette mission urgente ce matin. C’est en fait vous que je venais voir, M. Stanford, commença-t-elle avec un ton gentil, doux, qui lui ressemblait peu et qu’elle utilisait rarement.
Mais elle savait être gentille quand elle le devait.
— Je peux m’assoir ? demanda-t-elle.
Une fois installée face au bureau de l’Auror, elle reprit la parole, dans un mélange contrôlé d’assurance et de timidité. Ses traits étaient vraiment fatigués mais n’en demeuraient pas moins élégants.
—J’espère que je ne vous dérange pas. C’est Jonathan qui vous a recommandé à moi. Il m’a dit que vous êtes le meilleur Auror de la section. Je viens vous voir parce que…
Elle inspira profondément.
— Notre fille, Ariane… sans doute Jonathan vous a parlé d’elle… sans doute avez-vous entendu parler de ces histoires, de ces procès… elle a disparu il y a deux semaines… ce n’est pas la première fois, elle a déjà fugué avant, et peut-être s’agit-il encore d’une fugue… c’est probable… mais néanmoins nous sommes… je suis en tout cas… morte d’inquiétude. Elle n’a même pas encore seize ans vous savez, elle est mineure, et cela fait deux semaines que nous faisons… que je fais, puisque Jonathan est absent… ce que je peux pour essayer de retrouver une trace… C’est la première fois qu’elle s’absente aussi longtemps. D’habitude, ça ne dure que quelques jours, nous la retrouvons assez rapidement. Elle est mineure et sous notre responsabilité mais… bref, vous l’avez compris, je suis très inquiète. J’aimerais savoir si le Ministère, et le bureau des Aurors en particulier, peut faire quelque chose, Monsieur Stanford. Avec vos moyens, nous aurons sans doute plus de chance de la retrouver. J’ai déjà essayé d’autres services du Ministère mais ils sont impuissants, cela fait deux semaines que je ne travaille plus en essayant de la retrouver. Elle pourrait être n’importe où, sous n’importe quelle influence… et se retrouver dans une situation dangereuse pour elle… Avoir l’appui du bureau des Aurors changerait tout, et nous permettrait de la remettre en sécurité.
Il lui fallait vraiment réunir tout son courage pour ne pas pleurer, honnêtement. L’épuisement allait avoir raison d’elle. Elle espérait que cet homme la prendrait au sérieux. Parce qu’elle plaçait tous ses espoirs en lui… Autre chose qu’elle savait : Gabriel était né-moldu, et cela était complètement contraire à ses principes de venir demander l’aide d’un né-moldu. Peut-être le savait-il, peut-être pas — elle ignorait ce qu’il avait entendu sur elle. Elle se retrouvait à supplier ceux qu’elle avait contribué à traquer, qu’elle méprisait. La situation était ridicule. Mais Jonathan avait dit que c’était l’un des meilleurs Aurors… Elle ne pouvait ignorer cela… il en valait de la sécurité d’Ariane… Et Yolanda était épuisée. Du coin de l’œil, elle aperçut le portrait d’une toute jeune enfant posée sur le bureau de l’Auror.
— C’est votre fille ? demanda-t-elle, encore une fois, d’une voix douce, gentille, et peut-être encore un peu timide. Elle est adorable, félicitations[/color] , ajouta-t-elle avec un nouveau sourire, empreint de sympathie.
Mon Dieu, faites qu'il n'ait rien entendu sur ma réputation, ou du moins, que par amitié par Jonathan, ou par pitié pour notre situation, il accepte de nous aider. Elle allait presque s'écrouler de fatigue et d'angoisse, mais il lui fallait tenir.
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Surpris par le fait qu'elle venait le voir lui plutôt que Jonathan, Gabriel lui montra le siège devant son bureau, tournant pleinement son attention vers la jeune femme qui avait fait le déplacement jusqu'au Ministère pour l'occasion. Il sentait que Jonathan n'apprécierait probablement pas cette rencontre, le sachant très réservé concernant la jeune femme depuis le procès qui les avait durablement séparé. L'invitant ainsi à entamer une entrevue plus privé, Gabriel insonorisa une partie de l'espace qu'ils occupaient afin de respecter une certaine confidentialité que Jonathan apprécierait dans tous les cas. Les autres Aurors n'avaient pas forcément besoin de savoir ce qui allait se dire et il observa un instant les traits tirés de la jeune femme.
Yolanda avait toujours été considéré comme une très belle femme et Gabriel ne pouvait nier qu'elle avait un charme terrible, assez pour se mettre certaines personnes dans la poche si besoin et il ne doutait nullement du fait qu'elle avait du passer entre les mailles des filets plus facilement que d'autres grâce à son élocution et communication impeccables.
Cependant, le simple fait que Jonathan lui ai dit qu'il était le meilleur Auror de sa section lui fit presque hausser les sourcils. Gabriel était encore presque un rookie dans le milieu, même s'il avait passé ces deux ans de MULOTs en alternance dans les lieux, il était loin de se considérer comme le meilleur élément de sa section, d'autres Aurors bien plus confirmés et expérimentés avaient eu des missions plus importantes que lui. Mais au regard du chef du bureau, il savait qu'il assurait jusque là une carrière irréprochable et que son discernement le poussait à devenir chaque jour un homme meilleur sur tous les plans. Cette assurance n'avait pas besoin d'être redorer par quiconque mais Gabriel accepta le compliment de façon humble.
Alors qu'elle commençait à lui dire qu'Ariane, leur fille, avait fui du domicile familiale pour la énième fois, Gabriel ne put s'empêcher de se demander si Jonathan aurait réellement souhaité qu'il en sache autant sur sa vie privée. Ariane avait été élevé avec la meilleur éducation possible mais l'arrachage constant que ses parents ne lui avait pas donné une enfance ni une adolescence de tout repos. Constamment sur ses positions, il avait vu bon nombre de fois Ariane être en total opposition avec son père lorsqu'il venait rapidement faire un saut au bureau en sa compagnie, comme bon nombre de parents, le poussant même à se dire qu'il n'emmènerait jamais Aurore dans ces lieux. La tenir loin des affaires du bureau des Aurors tout comme de son lieu de travail revenait à mettre quelques barrières et espérait mieux lui faire profiter de son enfance comme il voyait. Jeune parent qu'il était, c'était la toute première fois qu'il était père et savait qu'il avait encore de hautes espérances concernant l'éducation qu'il donnerait à sa fille et à la place qu'elle occupait dans sa vie.
Yolanda lui demandait de l'aide pour retrouver sa fille, à quelques mois seulement où elle atteindrait sa majorité et pendant un instant, il se tut alors qu'elle lui posait une question. Si une Yeabow de renommée lui demandait son aide en dépit du fait qu'il était encore vu comme un né moldu débarquant chez les Aurors, c'était certainement que la relation était beaucoup trop tendue même pour Jonathan et que le couple perdait totalement le contrôle de la situation.
"Normalement, c'est à la Brigade de la Police Magique que reviendrait l'affaire." commença-t-il poliement. Il devait déjà citer cette première information, puisque les Aurors ne s'occupaient que de cas où la magie noire était impliquée. Mme Yeabow parlait d'une fugue et non d'un enlèvement qui impliquerait la présence de mage ou de sortilège interdit mais entre les lignes, il comprenait très bien qu'elle avait besoin de confidentialité et d'efficacité. Ce que la BPM avait déjà, bien entendu, mais qui ébruiterait facilement le simple fait que deux parents ne puissent plus avoir un œil sur leur propre enfant et ameuté quelques bruits de couloir dérangeant pour l'image de l'Aurore Crewe dans tous les cas. "Mais je conçois le caractère délicat et la position de son père dans l'affaire. Je peux entamer une recherche sur la trace cependant, pour que le dossier soit traité avec le plus d'impartialité, Ariane devra faire l'objet d'un suivi psychomagique obligatoire par la suite et j'aurais besoin de votre autorisation."
Il concédait une action face à une autre, jouant du rôle qu'une mère devait avoir au delà même de vouloir un certain contrôle et un œil sur sa propre fille. Il comprenait l'inquiétude qui se lisait sur ses traits, bien plus sincères que tous les autres mais venir le voir personnellement pour lui demander de tracer officiellement mais avec grande discrétion Ariane Crewe n'était pas sans conséquence. Gabriel avait toujours été considéré comme un homme loyal, très professionnel et rigoureux dans le bureau, n'abusant nullement de son autorité mais faisant ce qui était le plus juste, quelque soit la situation sans que les émotions ou sentiments ne puissent altérer son jugement. Et c'était là une de ses plus grandes forces pour ne pas être plier par un quelconque chantage affectif ni même une corruption qui avait mené le Ministère à sa perte il y a de nombreuses années sous l'influence des Mangemorts.
"Je mettrais nos services à votre disposition pour la retrouver mais c'est un point sur lequel je ne ferais pas d'impasse." continua-t-il en ouvrant un tiroir pour chercher un formulaire souvent destiné à la Police Magique. Il ne fit que noter les principales informations nécessaires pour démarrer une enquête concernant une fugue, barrant quelques textes pour accélérer la procédure et aller au delà des nombreuses tentatives qu'Ariane avait déjà réalisé au cours de sa jeune existence. Transcender les règles n'était pas dans ses principes mais il savait jouer des failles pour savoir comment avancer plus vite. Tournant alors le parchemin et posant la plume à coté, Gabriel leva les yeux vers la mère de famille qui était désemparée et assez démunie pour se mettre presque à nue, l'inquiétude prenant le dessus sur ce naturel charismatique qu'elle arborait constamment en temps normal.
"Votre signature ainsi que celle de Jonathan par la suite impliquera votre consentement parentale." finit-il sur le même ton, un peu moins procédurier mais plutôt avec une certaine logique.
Son regard tomba sur la photo de sa fille qui trônait sur son bureau et il hocha la tête avec un maigre sourire. S'il avait rangé le portrait précédent, il n'avait pas pu le faire avec le faire part de naissance qui avait circulé au bureau comme dans l'ensemble de la famille il y a à peine quelques mois.
"Merci beaucoup." dit-il en observant le léger sourire de Yolanda, qui semblait vouloir penser à autre chose le temps de trouver une solution pertinente pour sa fille. "Je comprends votre désarrois face à ses fugues, je n'ose imaginer le sang d'encre que vous devez vous faire constamment avec Jonathan. D'ici quelques mois, il ne sera plus possible de suivre sa trace, sa majorité lui donnera bien plus de liberté et d'émancipation et ce suivi est peut-être l'opportunité de lui offrir une ouverture sur le dialogue afin de briser le cercle des escapades."
Sans la juger ni penser être un meilleur parent, Gabriel lui expliquait les enjeux du suivi psychomagie que le Ministère mettait souvent en place après avoir retrouver un enfant en fugue et présentant une certaine fragilité au sein d'une famille décousue. Il ne cherchait pas tant à la convaincre mais surtout à lui montrer qu'une aide pouvait être apporté pour ne pas sombrer dans une habitude qui finirait par ternir sa vie professionnelle également. Pas seulement pour la professeur qu'elle était mais également pour celui qu'Ariane se réservait à l'avenir.
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ft @"Gabriel Stanford"
Septembre 2014 - Matinée
Et voilà qu’elle se déversait à un inconnu, sans la moindre pudeur… D’un coup elle réalisa ce qu’elle était en train de faire. Sans doute Jonathan serait mal à l’aise, plus tard, de découvrir combien son collègue en savait sur eux désormais… Mais tant pis, elle devait tenter le tout pour le tout. Et puis, ne s’étaient-ils pas déjà donnés en spectacle devant la communauté magique, lors de ces abominables procès qui n’en finissaient plus ? C’était l’occasion de se montrer un peu plus unis, de montrer qu’ils enterraient, l’espace d’un instant, la hache de guerre… Mais elle espérait simplement, en sa qualité de mère, que ces scandales et ces histoires incessantes ne suivront pas Ariane trop longtemps. Elle était jeune, elle ne savait pas ce qu’elle faisait ; elle ne voulait pas avoir une réputation qui la précèderait, plus tard, et…
Lorsque Stanford mentionna la BPM, Yolanda se raidit. Penses-tu vraiment que je serais là, à laver mon linge sale de famille devant toi, mon chéri, si la BPM pouvait faire quelque chose pour moi ? Mais elle se ravisa, ravala son fiel. Ce n’est pas comme ça que tu le persuaderas, Yolanda. Jonathan n’a pas pu t’aider. La BPM n’a pas pu t’aider. Il ne reste que lui, cet Auror — ménage-le. Yolanda échappa un soupir de soulagement lorsqu’elle se rendit compte que Gabriel avait compris ce qu’elle demandait – et qu’il allait l’aider. Dieu merci… Cependant, lorsqu’il mentionna un suivi psychomagique pour Ariane, la sorcière se raidit de nouveau. Elle ne s’attendait pas à ça, et elle était prise de court. Mille pensées se bousculaient en elle, d’un coup. Et elle crut instantanément Gabriel, quand il lui dit qu’il ne pouvait revenir dessus. Il s’écartait déjà de la procédure de base pour elle… Elle savait qu’elle ne pourrait pas négocier davantage… Et elle n’avait le cœur à négocier quoi que ce soit, s’il s’agissait de la sûreté d’Ariane, mais… vraiment… elle ne pouvait s’empêcher d’être méfiante, et d’avoir peur qu’Ariane lui en veuille. De toute façon, proposer la moindre défiance vis-à-vis de Stanford n’était pas une bonne solution. Elle se contenta donc de lui sourire gentiment, et lui exprima sa gratitude.
—Je vous remercie sincèrement, Monsieur Stanford… Vous n’imaginez pas le soulagement que je ressens, vraiment. Je vous suis extrêmement redevable. Et Jonathan aussi, évidemment.
D’un coup, elle s’était détendue. Ariane allait être retrouvée, Mon Dieu… ! Elle rajouta, avec douceur :
—Cependant, je vous avoue que je ne sais pas très bien quoi penser de ce suivi psychomagique… Ariane est une enfant assez… très difficile à contrôler. Et qui déteste toute forme de contrôle. J’ai très peur qu’elle nous en veuille par la suite, vous comprenez ? Qu’elle ait l’impression que nous essayons de la contrôler, de l’enfermer… N’y a-t-il vraiment pas d’autre moyen ?
Elle fit une pause, puis reprit :
—En quoi consisterait ce suivi ? Est-ce que nous devons y prendre part, nous aussi ? Elle se référait à elle et Jonathan. Est-ce que vous avez des exemples d’autres adolescents de son âge qui ont effectué ce genre de suivi, avec des retours positifs ? Je vous prie de m’excuser de poser beaucoup de questions mais, comme vous pouvez le comprendre, je prends tout très au sérieux quand il s’agit de ma fille, ajouta-t-elle avec un sourire doux, comme pour s’excuser.
Après l’avoir écouté de nouveau, en ayant compris qu’il s’agissait de l’unique solution, elle laissa alors échapper, avec un soupir :
—Très bien. Va pour le suivi, glissa-t-elle tandis qu’elle prenait une plume pour signer le parchemin qu’il lui tendait. J’en parlerais à Jonathan ce soir, et je saurai le convaincre sans problème. Considérez cette feuille déjà signée par nous deux. Vous pouvez commencer les recherches dès aujourd’hui, rajouta-t-elle, d’un ton un peu moins doux et un peu plus impérieux. Peut-être qu’il s’agit d’une fugue, et pas d’un enlèvement, mais il n’en demeure pas moins qu’elle est sans doute en danger à l’heure actuel, et qu’elle peut croiser la route d’on ne sait quel mage détraqué.
Son ton était un petit peu plus durci par l’inquiétude. Elle reprit doucement :
—J’ai cependant deux conditions : je souhaite que ce soit le Ministère, bien sûr, qui lui écrive et prenne contact avec elle concernant ce suivi. C’est-à-dire que Jonathan et moi allons signer ce papier, mais il ne faut surtout pas qu’elle apprenne que nous avons quelque chose à voir avec tout ça. Deuxièmement… J’aimerais rencontrer le ou la psychomage avant qu’Ariane commence les séances. Elle est jeune, influençable… Il s’agit juste de m’assurer qu’elle est entre de bonnes mains. Pas que je ne fasse pas confiance au Ministère… Mais je préfère m’assurer personnellement que tout va bien. Je suis sûre que vous comprenez.
Elle avait, semblait-t-il, retrouvé son autorité naturelle.
Le dernier commentaire de Gabriel l’agaça d’abord — elle avait eu l’impression, brièvement, qu’il voulait se mêler de ce qui ne le regardait pas, puis elle se rendit compte qu’il ne cherchait qu’à l’aider. Mais elle avait la désagréable impression qu’elle lui avait permis de rentrer trop loin dans l’intimité de sa famille. Après tout, certes, tout partait d’une bonne intention et il ne cherchait qu’à l’aider — mais peut-être avait-elle trop peu l’habitude qu’on l’aide, finalement. Elle lui sourit encore une fois.
—Je comprends vos bonnes intentions, et je m’excuse si j’ai pu sembler méfiante au premier abord. Je vous remercie de votre sollicitude, Monsieur Stanford. Vous avez peut-être raison… Elle ne sera majeure que dans un an et demi, mais peut-être que ce suivi pourrait lui faire du bien. Je ne me fais pas d’illusion, et je pense en effet qu’elle profitera de sa majorité pour mettre encore plus de distance avec nous… Mais si cela peut lui permettre de rester plus en sécurité… Je ne sais pas… Sans doute avez-vous raison…
Le manque de sommeil finissait par avoir raison d’elle.
—Encore une chose… J’aimerais éviter ces fugues à l’avenir… Nous ne pouvons simplement pas nous permettre de risquer sa sécurité toutes les cinq minutes. Est-ce que le Ministère peut nous aider ? Par exemple, pour condamner le réseau de cheminette chez moi et chez Jonathan ? Enfin, il faudra en discuter, mais c’est quelque chose dont j’aimerais parler. Et, encore une fois, je vous suis très reconnaissante Monsieur Stanford.
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La méfiance semblait être une notion très malléable pour la mère de famille qui semblait comprendre les termes de l'autorisation que le chef des Aurors lui demandait en lui présentant les papiers pour le suivi psychomagique. Au delà même d'un suivi médical obligatoire, il avait conscience qu'il rendait la fugue d'Ariane au second plan, mettant bien plus en avant le caractère encore trop fragile et inconscient de sa fille avec un sujet qui aurait pu être tabou. Ne manquant néanmoins pas de tact, Gabriel répondit à ses deux requêtes.
"Elle recevra un parchemin officiel du Ministère de la Magie. Puisque j'ouvre l'enquête, le programme de recherche nous autorise à la contacter directement afin qu'elle puisse comprendre d'elle-même les enjeux d'une telle entrevue par la suite. La psychomage viendra lui en parler seule à seule pour cela, Monsieur Crewe la connait bien également."
Il sortit du tiroir une carte de visite que la psychomage laissait toujours sur chaque bureau à destination des Aurors afin que les sorciers victimes d'abus puissent également la contacter dans son cabinet privé. La glissant sur son bureau vers la mère de famille, Gabriel continua son explication.
"Il s'agit de Madame @Maeve Cynfeirdd, psychomage attitrée du Ministère de la Magie. En plus de respecter le haut degrés des dossiers confidentiels qu'elle traite, elle sait faire face à de nombreux patients, quelque soit leur provenance, leur âge ou les épisodes traversés."
Ne manquant pas d'éloges vers le Dr.Cynfierdd qu'il avait eu l'occasion de voir à l'oeuvre à de nombreuses reprises, il savait qu'elle pourrait très largement gérer une jeune fugueuse et garder les aspects de leur entrevue dans le secret médicomage. Comprenant néanmoins les questionnements de la mère qui ne souhaitait pas confier son enfant à n'importe qui, Gabriel ne put que la rassurer sur un point.
"Mme Cynfierdd ne manquera pas de vous demander un entretien individuel également, Monsieur Crewe en sera certainement convié pour comprendre la situation." dit-il, laissant ainsi l'opportunité à Mme Yeabow de comprendre d'elle-même que le suivi ne serait pas seulement pour Ariane mais également pour l'ensemble de la famille et de façon séparée. "Elle vous contactera dès qu'Ariane aura été retrouvé."
Et c'était une certitude qui aurait pu se rapprocher d'une promesse, bien que Gabriel n'avait jamais été homme à en faire, mais il savait qu'une jeune fille dans sa situation ne se mettrait pas volontairement en danger et qu'elle devait probablement se terrer chez un ami. Et pour couronner le tout, il sentait qu'elle s'était enfuit du coté moldu afin que sa mère ne veuille en aucun cas y mettre les pieds. Il sentait que Madame Yeabow prenait sur elle les origines que Gabriel ne cachait nullement, ayant entendu l'ébruitement interne du procès pour la garde d'Ariane, il savait qu'elle arborait des idées bien conçues sur le monde de la magie et de sa communauté.
Notant alors les informations nécessaires pour pouvoir contacter les deux parents au moment où Ariane serait retrouvée, Gabriel leva les yeux vers elle alors qu'elle évoquait la possibilité de condamner les sorties de la maison afin d'empêcher sa fille de fuguer une énième fois. Serrant doucement les dents devant la possessivité et la cage dorée que la mère de famille souhaitait imposée à sa fille, Gabriel préféra miser sur une autre façon de procéder afin de ne pas rentrer dans un terrain miné.
"Il est possible de mettre une activation spécifique pour le réseau de cheminée par un mot de passe par exemple, Monsieur Crewe connait le procédé et peut vous l'expliquer. Je pense ceci dit que le Dr. Cynfeirdd pourra vous orienter vers d'autres solutions." proposa-t-il avec respect, sans pour autant rentrer dans les compétences spécifiques du psychomage.
Il ne pouvait s'occuper que de retrouver la jeune Ariane qu'il devrait ramener au Ministère de la Magie, la procédure indiquant que la retrouvée doive rester un temps sans la présence de témoin afin de pouvoir être interrogé par les autorités, selon la manière dont elle serait trouvée. Il savait que l'Auror Crewe n'aurait pas accès à son dossier et que Gabriel serait en charge de l'interrogatoire par la suite, sans qu'il soit intrusif en s'assurant principalement de la bonne santé physique de la jeune fille.
"Je vous contacterais avant la de la matinée pour vous donner l'état de l'avancée. Seriez-vous à Poudlard pour que je puisse vous avertir plus rapidement en passant par Madame la Directrice?" demanda-t-il à Madame Yeabow, consciente qu'elle devrait retourner travailler mais également pour lui indiquer qu'elle ne pourrait pas assister à la procédure pour retrouver la trace d'Ariane.
En dehors de l'éventualité avéré d'un enlèvement, même la Brigade de la Police Magique n'autorisait pas les proches à suivre l'enquête de prêt, écartant déjà la possibilité qu'un membre de la famille puisse interférer avec l'enlèvement ou en être le principal suspect avant un interrogatoire en bonne et du forme. Avisant ainsi la mère de famille qu'il leur faudra la matinée pour retrouver la trace de sa fille avant d'aller la chercher, où qu'elle soit et tout en respectant le code du secret magique, Gabriel savait qu'il ne lui disait que le strict nécessaire pour ne pas lui donner de faux espoirs ni lui faire miroiter une évidence notable même pour elle, la situation familiale avait un lien direct avec la fugue et l'Auror ne pouvait se permettre de remettre directement Ariane à sa famille à l'issus des recherches.
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ft @"Gabriel Stanford"
Septembre 2014 - Matinée
Yolanda ne savait pas si elle devait se sentir irritée ou soulagée. Plus généralement, elle oscillait entre mépris, irritation et reconnaissance. Un mélange étrange, bien sûr, mais elle n’arrivait clairement pas à faire la part des choses. Cet homme allait retrouver Ariane, en faire sa priorité, c’était ce qu’il lui disait — mais en même temps… Elle n’aimait pas cet échange… Devoir consulter une Psychomage pour Ariane… Qu’elle et Jonathan soient conviés. Leurs problèmes ne se règleraient sans doute pas en quelques séances de discussions ! Et elle détestait que… elle se sentait en fait clairement jugée. Cet homme connaissait Jonathan, il avait certainement, s’il ne l’avait pas suivi, entendu des bribes d’éléments du procès qui avaient fuité. Bien sûr, il assurait qu’il serait discret mais… Yolanda ne se sentait clairement pas à l’aise. Elle se sentait exposée, jugée… Comme si le monde entier était là pour lui dire qu’elle était un mauvais parent, qu’elle avait échoué, qu’elle avait besoin qu’on lui apprenne comment être meilleure. Et honnêtement, qui la comprendrait ? S’il y avait une aide qui aurait pu lui être apportée, elle aurait dû lui être apportée il y a des années… C’était trop tard maintenant. Mais Yolanda se détendit néanmoins lorsque Gabriel laissa entendre qu’Ariane serait retrouvée rapidement.
—Je vous remercie, Monsieur… Vous ne pouvez pas imaginer à quel point votre soutient et votre discrétion sont importants pour nous.
Pour nous, pour nous… certes, mais où était Jonathan en ce moment ? En train de travailler, oui, mais son absence ne faisait qu’accentuer son gigantesque sentiment de solitude. Et encore plus quand il s’agissait de cette enfant. Elle avait l’impression de gérer les choses seule, de souffrir seule, et puis d’être accusée de tous les maux du monde, jugée, seule, lorsque la situation empirait de plus belle.
Lorsqu’il lui répondit en ce qui concernait le processus de Cheminette, elle fut cette fois franchement agacée, mais n’en laissa rien paraître. Dire que la psychomage l’orienterait vers d’autres solutions ? C’était du jugement pur et simple. Elle aimerait bien l’y voir, si son enfant à lui essayait de fuir tous les quatre matins ! Il ne s’agissait pas d’enfermer Ariane à vie, juste de limiter les sorties après certaines heures, ou dans certaines situations. Elle ne pouvait plus subir ce genre d’angoisses en permanence.
—Certes, répondit-elle. Peut-être qu’elle saura nous conseiller, en effet. Enfin, je vous rassure, il ne s’agit pas d’enfermer notre enfant… Seulement d’éviter que ce genre de situations se reproduisent… Une question de sécurité, je suis sûre que vous comprenez… Enfin, la psychomage saura nous conseiller certainement, je vous remercie. Je pense que nous y verront plus clair quand Ariane sera retrouvée et que nous en sauront plus sur sa fuite.
Mais Yolanda n’avait aucune foi en le système, quel qu’il soit. L’idée qu’une instance extérieure et inconnue puisse lui venir en aide et régler à fond et en profondeur les problèmes de sa famille lui paraissait incongrue.
—Je ne travaille pas aujourd’hui. Vous pouvez me joindre à n’importe quelle heure, je serais au Manoir. Moi ou Jonathan. Mais moi en premier, si vous pouvez, sourit-elle. Vu qu’il est en mission, il ne réagira sans doute pas assez rapidement.
Elle était quand même plus rassurée de ne pas passer directement par la directrice. Inclure encore une tierce personne à cette affaire l’aurait horripilée.
—Eh bien, Monsieur, je vous remercie sincèrement de votre aide. Je vous laisse à votre travail, je ne souhaite pas vous déranger plus avant, mais votre investissement est extrêmement précieux, dit-elle avec un sourire, sincère et un peu brisé.
Elle s’apprêta à prendre congé de lui lorsque Jonathan frappa et entra dans la pièce. Yolanda ouvrit de grands yeux, surprise de le voir ici. Il salua Gabriel puis se tourna vers Yolanda.
—Je revenais faire un rapport de ma mission de ce matin, et on m’a dit que tu étais ici, donc je pensais faire un saut par le bureau de Gabriel avant de repartir. Où en est la situation par rapport à Ariane ?
Il s’installa rapidement près d’elle et elle serra sa main dans la sienne, sentant le besoin d’être rassurée, et de faire tomber son angoisse. Bien sûr, ils n’affichaient jamais leur relation en public — et puis, il ne faudrait surtout pas qu’une rumeur parvienne aux oreilles d’Ariane, elle ne leur pardonnerait jamais… Mais elle sentait la nécessité de ce contact pour la rassurer, et au point où on en était, Gabriel avait pénétré trop loin déjà dans l’intimité de leur « famille » si on pouvait appeler cela comme ça.
—Je suis toujours assez angoissée mais M. Stanford nous a assuré qu’il ferait au mieux pour la retrouver rapidement, expliqua-t-elle avec un sourire à Gabriel. Nous pouvons être extrêmement reconnaissants de sa discrétion et de son efficacité.
Elle se retourna vers Jonathan :
—Je t’expliquerais tout le reste ce soir. Il y a quelques conditions. Mais Ariane devrait être retrouvée rapidement, en tout cas… tout va être fait pour.
Yolanda et Jonathan s’apprêtèrent ensuite à prendre congé de Gabriel. Tout au long de la dernière demi-heure, elle avait oscillé entre irritation et gratitude, mais c’était clairement la deuxième émotion qui reprenait le dessus. Bien sûr, il était né-Moldu, bien sûr… Mais dans ces moments, ses valeurs et points de vue passaient au second plan. Elle savait aussi que Jonathan reviendrait sur ce point, l’utiliserait pour la faire changer d’avis sur les né-Moldus et leur rôle dans la société. Pour l’instant cependant, elle ne voulait penser qu’à Ariane.
—Nous n’oublierons pas votre aide, Monsieur Stanford, vous ne pouvez pas savoir comme vous m’avez aidée. Je vous souhaite une excellente journée et à bientôt, dit-elle en serrant la main de Gabriel, souriante et pleine de sympathie et sincérité.
INFOS
FICHE DE PERSO
Il savait que malgré toutes les précautions qu'il aurait pour s'adresser à la jeune femme, celle-ci se braquerait facilement, comme tout parent qui viendrait demander de l'aide en dépit de la meilleure éducation qu'on pourrait lui donner. Cependant, Gabriel n'était pas forcément le mieux placer, autant parce qu'il venait d'être père que très récemment mais surtout parce que son métier, n'était pas s'assurer la recherche d'enfant perdu mais surtout de contrer la menace de mage noir pouvant planer sur la communauté magique. Entre tous les remerciements qu'il entendit des lèvres de Yolanda, il notait sa certaine crispation à l'idée de consulter un psychomage, sujet dont l'Auror n'en faisait nullement tabou. C'était une procédure habituelle chez les Aurors, d'avoir ce suivi psychologique, un sujet qu'ils pouvaient tous aborder sans se sentir diminuer mais le prenant comme une nécessité pour pouvoir continuer de faire ce qu'ils savaient tous faire de mieux, à travers les enquêtes difficiles.
Cette discrétion sur laquelle elle ne cessait de revenir lui montra combien Yolanda comptait énormément sur les apparences, bien que Jonathan ne semblait pas s'en soucier davantage que de juste pouvoir retrouver sa fille. Ce dernier arriva près du bureau sans tourner autour du pot comme l'avait fait la jeune femme en venant le voir, probablement plus à l'aise sans avoir besoin de lui demander un niveau réserve accru. Il remarqua à ce moment là les différences notables entre les deux sorciers en face de lui, concernés au même degrés par rapport à Ariane et il hocha simplement la tête pour saluer Jonathan. Yolanda lui expliquait brièvement qu'il y aurait des conditions qu'il connaissait probablement, vu qu'il était bien plus expérimenté que lui au niveau des procédures et des détails, il savait que l'Auror aurait des privilèges mais pas aussi nombreux pour outrepasser les méthodes habituelles.
Il n'en voulait pas à Yolanda, ses craintes et ses peurs en tant que mère étaient compréhensibles, la première des actions à faire était d'abord de retrouver la jeune fille où qu'elle soit et il suffisait de tracer sa signature magique comme le prévoyait le Ministère pour cela. Cela n'était qu'une question d'heure, le temps qu'il puisse se déplacer lui-même et convaincre la jeune fille de rentrer au département magique de son plein grès. Et si la mère avait pris sa journée pour l'occasion, Gabriel préférait largement pouvoir la remettre à sa famille après avoir discuter avec la jeune fille avant bien que cela ne soit pas dans ces obligations ni dans ces prérogatives. Yolanda était sceptique vis à vis d'un entretien avec un psychomage, ce n'était peut-être pas la solution miracle à tous les soucis qu'un parent et un enfant pouvaient rencontré ensemble mais le dialogue et la communication devait s'instaurer par une tiers personne pour avoir parfois un meilleur impact. Se confier à des inconnus avaient parfois du bon.
Alors que Jonathan et elle prenaient congés, il entendit de nouveau ses remerciements du temps consacré pour l'occasion et Gabriel leva la main, pour apaiser ces craintes et les moyens destinés à retrouver leur fille. Les Aurors n'étaient pas là pour cela mais ils formaient tous ensemble une grande famille, comme leur apprenait leur chef jour après jour. Jonathan n'était peut-être pas son binôme lorsqu'ils étaient déployés en mission mais c'était un frère d'arme et le lien était suffisant pour que Gabriel s'engage personnellement à retrouver Ariane.
La sincérité de ses propos et de son soudain sourire le toucha à cet instant là, peut-être avec le contraste qu'il avait toujours soupçonné à son égard en tant que né moldu. Etait-ce le désespoir qui lui donnait envie de confier une partie de sa vie à un Auror tel que lui?
"Vous aurez des nouvelles avant la fin de la matinée."
Une note vola au service de l'usage abusif de la magie dans la foulée alors qu'il se relevait de sa chaise, une note express qui demandait un traçage immédiat d'Ariane en Grande-Bretagne. La petite ne savait pas encore transplaner et n'avait probablement pas pris assez de poudre de cheminette en stock pour pouvoir se déplacer de manière illimité. Une autre note vola également au bureau de la désinformation, leur demandant expressément la liste des amis de la jeune fille, le tout lui donnant déjà de grandes pistes quand à sa localisation.
Lui serrant la main en retour, tout comme celle de Jonathan, Gabriel les vit s'éloigner, non sans remarquer que la disparition de leur fille semblait les rapprocher en apaisant une source de tension bien visible. Était-ce le but d'Ariane dans le fond, pouvoir réunir ses parents d'une façon ou d'une autre? Se secouant la tête pour sortir de telles suppositions de la tête, Gabriel mit en pause ces dossiers en cours afin de pouvoir restituer au plus vite la petite à ses parents.
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