Keep an eye on her [Apo]

Les cours n’avaient pas commencé depuis bien longtemps mais déjà Sean comprenait qu’il ne parviendrait pas à retrouver l’innocence qui l’avait habité durant ses quelques années à Poudlard. Lors des premiers jours, les visages s’étaient souvent tournés vers lui, @Milo Clearwater et @Asel Misra comme le bruit de leur enlèvement avait vite couru dans les couloirs du château, passant de tableaux en fantômes; de dortoirs en salles communes. Le regard souvent baissé, Sean avait évité de lire chez eux la pitié compatissante mêlée à l’intérêt morbide d’observer ces personnes qui avaient échappé de peu à la mort. Mais assez vite, la curiosité de la masse s’était tarie, et finalement, le Clearwater avait fini par n’attirer sur lui que quelques regards relativement indiscrets. Il était devenu cet étudiant toujours morose qui n’arrivait pas à tourner la page alors que le reste du monde continuait d’avancer.

Seule sa famille, plus soudée que jamais, continuait de lui accorder une attention accrue, ne le laissant que rarement seul. Sans doute pensaient-ils bien faire - peut-être même que Sean renvoyait une image pour eux inquiétante - mais le jeune écossais cherchait par tous les moyens à leur échapper. Le Gryffondor désirait en effet se retrouver seul alors même qu’on lui imposait une présence permanente. @Yeleen Sô était la première à se montrer inquiète et particulièrement attentionnée à son égard. Le moindre de ses gestes bienveillants était comme un coup de couteau pour Sean qui dû se résoudre à hâter sa difficile décision.

Après le repas de midi, voyant sa camarade @Apolline Dunn se lever pour se rendre sans doute à la bibliothèque, Sean l’imita afin de fausser discrètement compagnie à ses cousins. @Adil Mesli était bien entouré d’Asel et de Milo et avait clairement autre chose à faire que de surveiller son colocataire de chambrée. Sean n’eut que le temps de croiser le regard sombre de Milo et ils échangèrent sans mot un signe de tête. Ce petit manège leur arrivait souvent et les deux cousins se comprenaient sans se parler, partageant la même silencieuse douleur du traumatisme. Yeleen quant à elle était en plein entraînement de Quidditch et il n’aurait pas à lui expliquer sa soudaine disparition. A petite foulée, l’étudiant rattrapa la préfète alors qu’elle sortait de la Grande Salle.

- Apolline, l’appela-t-il, la faisant soudain se retourner vers lui.

La jeune sorcière avait de quoi être étonnée, Sean avait à peine adressé la parole à ses camarades depuis la rentrée. Un peu gêné, l’étudiant ralentit en arrivant à sa hauteur, se passant la main dans les cheveux pour se donner une contenance.

- Ça va ? J’ai pas eu le temps de te féliciter pour l’élection de ton père…

De manière inhabituelle, Sean n’avait que très peu suivi la campagne. Son âme de journaliste l’aurait poussé à se renseigner et analyser scrupuleusement les deux candidats, leurs programmes, leurs discours. L’ancien Sean aurait adoré débattre avec Apolline des idées de son père, tentant de s’opposer à chaque idée conservatrice avec un contre-exemple progressiste. Mais le Sean d’aujourd’hui n’avait plus rien à faire de tous ces débats stériles. Il cherchait uniquement un moyen d’engager la discussion.

- Est-ce que ça ne te dérange pas si on va dans un endroit un peu plus… tranquille ? Ses yeux balayaient nerveusement le couloir, s’arrêtant sur les quelques étudiants qui passaient rapidement devant eux. J’aurais quelque chose à te dire…

Sans attendre sa réponse, il se hâta de rejoindre la cour intérieure à deux pas d’ici. La vue sur l’extérieur, à travers les arceaux percés dans la roche le soulageait légèrement après l’oppression des épais murs du château.

- Tu as trouvé un stage pour cette année, lui demanda-t-il distraitement sans la regarder, le regard perdu sur les montagnes écossaises qui encerclaient leur université.

Apolline gardait une prudente distance entre elle et les succès politiques de son père. Était-ce par modestie ou par précaution avant de connaître les opinions politiques de son interlocuteur ? Peu importait. Elle devait de toute façon bien se douter de celles de Sean car ils avaient déjà passionnément échangé sur différentes questions de l’actualité magique par le passé. Quand elle renvoya sa question à son camarade, ce dernier se hérissa sans répliquer le moindre mot. Comment répondre à sa question ? Mentir en laissant supposer que tout allait pour le mieux dans sa vie ? Il ne pouvait pas non plus se laisser aller à une honnêteté totale… Mieux valait se taire - répondre par un simple signe de tête qui pouvait à la fois tout et rien dire.

Quand le Gryffondor changea de sujet pour évoquer celui des stages, Apolline s’anima d’un sourire. Elle lui expliqua avoir trouvé non pas un mais deux stages. Ça n’était pas vraiment étonnant connaissant la Préfète qui se donnait toujours à cent pourcent dans tout ce qu’elle entreprenait. Sa motivation aurait pu stimuler celle de Sean qui ne s’était pas encore lancé dans sa recherche de stage auprès d’un journal. Mais ce dernier n’écoutait pas vraiment sa camarade. Sa tirade ne cachait rien d’autre d’un moyen poli de lancer la discussion avant de trouver la force de révéler à la Gryffondor ce qu’il attendait réellement d’elle. Pourtant, quand Apolline prononça le nom de @Yeleen Sô, il tourna vivement la tête vers elle, le cœur battant.

Yeleen. Elle allait faire son stage dans la Brigade de Police Magique. Et Apolline serait sa binôme. C’était une bonne chose… Sean baissa le regard avec un certain soulagement. Savoir que les deux cousines seraient ensemble lui était d’un grand réconfort. Elles sauraient prendre soin l’une de l’autre. Son regard revint sur Apolline d’un air déterminé. Sa volonté se trouvait raffermie après l’avoir entendue. Il avait raison d’avoir pris la décision qui était la sienne. Il pouvait compter sur Apolline, c’était la bonne personne. Et peu importait ce qu’il lui en coûterait.

- Non tu as raison, commença-t-il lentement en se redressant. Je voulais te parler d’autre chose…

Il se passa la main dans les cheveux, ayant visiblement du mal à trouver le courage de dire ce qu’il avait à dire.

- Voilà je… Je vais rompre avec Yeleen… C’est juste que… On ne peut plus être ensemble. Et… J’ai besoin que tu me promettes que tu veilleras sur elle. Je veux dire… Vraiment veiller sur elle, tu comprends ?

Le visage de Sean n’exprimait qu’une immense peine alors que dans sa poche, sa main se serrait de manière inconsciente sur sa baguette. Il n’aurait bientôt plus le droit de s’inquiéter pour Yeleen. Du moins plus aussi ouvertement. Ses espoirs reposaient en grande partie sur Apolline, à la fois pour l’aider à remonter la pente mais aussi pour la protéger en cas de besoin. Mais Yeleen ne devrait pas en avoir besoin. Il s‘assurait justement qu’elle ne soit plus jamais en danger.

Sa camarade leva des yeux écarquillés vers lui. Elle ne s’attendait visiblement pas à cette nouvelle et Sean l’observait, le cœur battant. Une part de lui craignait qu’elle ne pointe sa baguette sur lui pour l’envoyer valser, prouvant ainsi qu’elle n’avait pas besoin de son rappel pour prendre la défense de sa cousine. Mais au lieu de l’attaquer, Apolline se recomposa une mine tout ce qu’il y avait de plus sérieuse pour lui demander des explications sur ce qu’il venait de lui dire. La tournure de sa phrase ne lui avait pas échappé… Apolline et Sean se ressemblaient sur beaucoup de points, partageant la même passion pour l’art oratoire. Ils connaissaient tous deux l’importance du choix des mots et tout ce qu’ils pouvaient impliquer. Pourtant, Sean aurait préféré que pour une fois, sa camarade ne voit pas clair dans son jeu. S’il se trahissait, il aurait tout à fait perdu. Son plan tomberait à l’eau. Aussi il se détourna, posant de nouveau le regard vers l’horizon sans répondre immédiatement à sa question.

S’il était bien à l’origine de cette idée, sa volonté n’avait vraiment rien à voir avec tout ça. Cependant, comment tout avouer à Apolline sans qu’elle cherche à le dissuader de s’éloigner d’eux ? Pendant que Sean se morfondait, la Préfète-en-Chef reprit la parole, tentant de lui montrer toute l’étendue des conséquences de sa décision et le Clearwater ne put que s’assombrir en l’écoutant. Aucun retour en arrière possible... Yeleen n’était pas une personne qu’on prenait et qu’on jetait à notre guise. Une fois qu’il lui aurait brisé le cœur, il n’aurait plus jamais droit à cette confiance qu’elle lui avait si librement confié. Même si la menace venait à être éliminée, il aurait perdu son amour à tout jamais. Le cœur en lambeaux, il resta le dos tourné pour que son amie ne puisse pas lire la détresse sans filtre qui se dessinait sur son visage.

Oui les répercussions de sa décision étaient catastrophiques, lui retirant tout espoir de gouter un jour au bonheur. Mais s’il ne suivait pas cet étroit sentier qu’il s’était tracé dans la douleur, les conséquences seraient telles qu’il n’osait même y songer. Il n’avait pas le choix. La Gryffondor reprit la parole, le ton toujours aussi dur, montrant tout à la fois sa désapprobation et son extrême respect. Sean entendait dans ses mots une réelle exigence, un attachement pur à la vérité, et même une once d’inquiétude bienveillante. Sean ne put s’empêcher de se tourner de nouveau vers elle, comme pour s’inspirer un peu de cette force de caractère qu’elle dégageait, lui qui se sentait si faible et impuissant. Elle lui rappelait sèchement qu’elle ne l’avait pas attendu pour veiller sur sa cousine et sa réplique aurait presque pu amener un sourire triste sur le visage de l’étudiant. Mais Apolline n’en démordait pas, elle exigeait de connaitre ses raisons.

Sean la fixa un moment en silence, comme s’il jugeait ce qu’il pouvait ou non lui révéler. L’écossais brulait d’envie de tout lui dévoiler, ne rêvant que de s’appuyer sur la force et la sagesse de la Préfète-en-Chef. Mais il aurait été tellement injuste et lâche de lui imposer un fardeau qu’elle ne méritait aucunement. Aussi, il soupira, se passant la main sur le visage avant de s’installer à ses côtés. Il ne pouvait pas plus lui mentir. Apolline n’était pas facilement dupe et elle ne se laisserait pas berner par de pieux mensonges. Le Clearwater choisit donc de lui avouer une demi-vérité, jouant sur les mots pour s’expliquer sans se dévoiler complètement.

- C’est compliqué de savoir ce que je veux réellement… Mais ce que je sais c’est que pour l’instant, en restant avec Yeleen, je ne ferai que la blesser davantage. Je… ne veux pas lui faire subir ça…

Ses yeux étaient baissés sur ses doigts emmêlés pour les empêcher de trembler.

- Rester ensemble, ça fera que nous détruire mutuellement… Je souhaite que le meilleur pour elle. Et elle peut pas le trouver avec moi.

La gorge serrée, l’écossais sentit sa poitrine se déchirer en entendant la pire des sentences dans son propre discours. Il se sentait perdre pied, creusant sa propre tombe sans avoir aucun autres choix que de continuer à pelleter, baguette sur la tempe. Il devait montrer un bien piètre spectacle à la jeune Dunn et tenta de se ressaisir en se redressant.

- Je compte sur toi pour la protéger si jamais il lui arrive des ennuis… au stage ou ailleurs…

Il n’en dirait pas plus pour ne pas mettre sa camarade sur la voie, se contentant de répéter des mots qui ne feraient sans doute qu’agacer un peu plus la jeune femme. Bien-sûr qu’elle veillerait sur sa cousine, comme elle l’avait toujours fait. Pourtant, Sean avait besoin de réentendre ces mots, de s’assurer que Yeleen ne risquait rien, qu’il ne faisait pas tout cela pour rien.

Pour le plus grand étonnement de Sean, Apolline ne chercha pas à le dissuader de sa résolution, ni à le juger. Elle se contenta de soupirer, semblant comprendre bien plus qu’il ne l’aurait cru sa situation. L’écossais la fixa en fronçant les sourcils, tentant de percevoir ce qu’elle sous-entendait quand elle prétendait connaître ce sentiment qui lui transperçait le cœur. Yeleen avait expliqué à Sean certains détails sur les pressions qu’exerçaient sa famille sur sa cousine, restant cependant suffisamment vague pour ne pas tout lui révéler. Cependant, le Clearwater n’avait jamais compris jusqu’à présent le véritable poids de cette responsabilité. Est-ce que toutes ces histoires de fiançailles entre familles de sang pur étaient bien plus lourdes sur les épaules de la préfète que ce qu’elle laissait paraître ?

Mais une infime part de doute s’immisça en lui quand cette dernière poursuivit en lui énonçant qu’on prenait souvent les mauvaises décisions quand il s’agissait de l’être aimé. La sorcière semblait si concernée par ses propres propos qu’il s’oublia un instant, cherchant à savoir si elle ne puisait pas cette sagesse dans sa propre expérience. La sorcière questionnait cependant la capacité de Sean de nuire à Yeleen. Pour Apolline, leur couple semblait solide, stable, sécurisant. Il l’était. Sean ne doutait pas une seconde qu’aux côtés de Yeleen, il aurait tourné la page avec une facilité déconcertante, porté par son écoute, son attention et sa bienveillance. Mais Sean ne pouvait plus se reposer sur elle. C’était à présent à lui de la protéger, de loin, pour lui épargner le plus possible son aura de condamné. Sa condamnation, justement, intéressait Apolline qui souhaitait en savoir plus sur ce qu’il avait subi pendant l’été. Sean frissonna en évitant son regard, se sentant prêt à rendre son déjeuner rien qu’au souvenir de ce qu’il avait enduré.

- Je… ne peux pas en parler, souffla-t-il soudain blême et transpirant. C’est encore trop tôt.

Les hallucinations, la noyade par le sang, la douleur, l’emprise mentale sur son esprit affaibli par la faim et la soif… Sean se sentit pris de vertige et dû poser ses mains de chaque côté de son corps pour sentir la pierre fraîche du banc sur lequel ils étaient assis. Il ne devait pas flancher. Pas maintenant. Il devait se montrer fort pour Yeleen, pour sa famille. Ses propos avaient cependant suffisamment alarmé Apolline pour qu’elle tente d’en savoir plus sur le danger qui guettait Yeleen et elle finit par poser la question que redoutait Sean par-dessus tout. Est-ce qu’il représentait lui-même une menace pour ses proches ? L'étudiant s’immobilisa avant de se tourner lentement vers sa camarade avec un regard désespéré.

- Je ne sais pas Apolline… Peut-être…

Le pire étaient ces vastes périodes sur lesquelles sa mémoire flanchait. Il avait rencontré Ryan, il en était sûr. Mais il ne parvenait pas à se souvenir de tout. C’était comme tenter de se remémorer un rêve qui obsédait une partie de son esprit. Dès qu’il pensait mettre le doigt sur une information capitale, celle-ci lui échappait, ne lui laissant que des bribes d’illusions sur ce qui s’était réellement passé.

- Je ne sais pas d’où viendra le danger, reprit-il avec toute l’honnêteté dont il était capable. Mais ce qui est sûr, c’est que je fais partie du problème.

Secouant la tête, il tenta de se reprendre en passant ses mains dans ses cheveux comme pour remettre de l’ordre dans ses idées si éparpillées. Après s’être redressé, il se tourna de nouveau vers la Gryffondor, se forçant à étirer un triste sourire pour la rassurer devant son attitude déséquilibrée.

- Je suis désolé de t’imposer tout ça…

Apolline sembla renoncer à avoir accès aux informations qu’elle demandait, se contentant de rappeler au Gryffondor qu’il pourrait se confier à elle s’il le souhaitait. Les lèvres serrées, Sean lui répondit par un léger signe de tête reconnaissant. Aurait-il un jour la force d’en parler ? Il l’ignorait. Peut-être que son silence lui était après tout imposé… Il y avait tellement de choses qu’il avait du mal à comprendre depuis son retour sur lui, ses ressentis, ses pertes de contrôle. Le jeune sorcier en venait à requestionner chacune de ses pensées pour tenter de déterminer s’il en était le créateur ou si elle lui avait été insufflée depuis son enlèvement.

Apolline l’avait écoutée d’un air concentré. C’était peut-être ce que le jeune homme appréciait le plus chez sa camarade. Quand la préfète écoutait, elle le faisait véritablement, toute son attention étant portée sur son interlocuteur. Sean pouvait lire dans son regard l’analyse qu’elle appliquait à chacun de ses mots, les tournant et retournant dans son esprit pour en décortiquer tout leur sens. Elle prit également son temps avant de reprendre la parole, soupesant chacune de ses idées et réfléchissant à la manière de les retranscrire le plus fidèlement possible. Voyant ses sourcils se froncer, le Clearwater pressenti sa réplique avant même qu’elle ne franchisse ses lèvres : il ne faisait pas bon pour lui d’affronter une telle menace seul.

C’était d’une logique implacable. Sean se détourna sans répondre alors qu’Apolline poursuivait son raisonnement, l’entraînant à se reposer sur ses amis qui pouvaient toujours rester libre de leurs choix. Le jeune sorcier gardait la bouche close, sa mâchoire crispée scellant ses lèvres en une fin ligne blanche. Apolline avait raison, comme souvent, et pourtant le Clearwater se sentait déjà écrasé par la responsabilité de ce que son entourage avait subi. Il n’osait imaginer la douleur de la culpabilité si par sa faute, ses amis étaient aussi durement touchés que lui. Mortellement blessés – peut-être même de sa propre main… En secouant la tête pour éloigner de lui de si sordides pensées, Sean finit par se tourner vers la Préfète-en-Chef.

- Je ne peux pas te promettre de dire à Yeleen ce que je ne suis pas prêt à lui révéler… Mais je m’engage à ne pas lui mentir… J’en serai de toute manière incapable…

Sean devrait s’en sortir avec des semi-vérités, jouant sur les mots pour ne pas avoir à se parjurer ainsi qu’il venait de le faire avec la Gryffondor. Dans tous les cas, peu importait la manière dont il s’y prendrait – il était conscient du mal qu’il ferait. @Yeleen Sô était son âme sœur. Une vie sans elle n’était plus qu’une demi-vie. Est-ce qu’elle ressentirait la même souffrance que lui  ? Serait-elle si effondrée par la rupture qu’il lui imposerait qu’elle en perdrait tout espérance de bonheur ? Non… Le temps guérissait tout. Elle finirait par aller mieux, continuer d’avancer. La Serdaigle était une battante, la carapace de son cœur s’étant endurcie suite aux différentes épreuves qu’elle avait traversé et dont elle s’était toujours relevée. Yeleen était une survivante. Même elle comprendrait que mieux valait une demi-vie que pas de vie du tout… Sean ne pouvait qu’empoigner cette croyance, délaissant tous ses doutes, pour se donner la force d’aller au bout de son plan. Déterminé, il se releva alors en baissant les yeux sur son amie.

- Merci de m’avoir écouté Apolline… J’espère que tout ça sera un jour derrière nous…

Il n’avait aucune illusion pour lui-même mais tout ce qui comptait pour lui à présent c’était de s’assurer que ses amis soient préservés. C’était l’unique rayon de soleil qui parvenait encore à percer le sombre nuage de son avenir. Ce secret espoir lui donnait la force de se lever le matin, et c’était à présent tout ce qui comptait pour lui. Avec un signe de main, il prit congé auprès de son amie pour s’éloigner silencieusement.