Ô nuit belle nuit, dans le ciel c'est écrit, bella notte | Ima

Qui donc es-tu sûre de trouver un dimanche soir très tard dans son bureau alors qu’il fait nuit depuis plusieurs heures ? Le président du Magenmagot bien sûr. Tu n’avais pas franchement prévu de passer, mais l’envie s’est faite sentir. Comme un besoin. Après tout, tu viens tout juste de terminer ton service. Tu n’as pas prévu de faire d’heures supplémentaires, et t’en as honnêtement déjà bien trop à te faire payer. Puis, à toi-même, tu peux te l’avouer sans honte. Tu refuses tout simplement d’aller dormir. De te retrouver seule trop tôt.
C’est donc tout naturellement que tu as pris une cheminette pour te rendre dans le bureau du si demandé M. Soninké. Tu sais avoir 90% de chance de l’y trouver. C’est même plutôt naturel de venir le chercher ici, en bon bourreau du travail qui se respecte, il serait étrange de déroger à la sainte règle. C’est le filet du diable qui se fout du strangulot.

Perdue dans tes pensées, tu regardes les alentours en sortant de l’âtre d’un pas sûr. Le vert éclatant des flammes te donne une vague impression de nostalgie. Un souvenir de ta salle commune qui avait cet aspect verdâtre la nuit à cause de l’eau du lac sous lequel vous vous trouviez. De bons souvenirs pour la majorité d’entre eux. D’un mouvement de baguette, tu ajustes ta tenue. Enlevant d’éventuelles cendres qui ne manquent jamais de se glisser où elles le peuvent.

Puis enfin, tu offres un sourire lumineux à ton hôte de la nuit. « Bonsoir Ima. » Un sourire qui ne reflète pas vraiment ton état d’esprit actuel. Même si tu es sincèrement heureuse de le voir, tu ne peux pas oublier que tu exerces un métier difficile. Que tu ne peux malheureusement pas laisser derrière toi une fois l’horaire terminé et les portes de l’hôpital franchies. Et le cas que tu as dû gérer en urgence ce soir ne t’y a pas aidé.
Ça ne t’empêche pas de venir prendre chaleureusement ton ami dans tes bras pour le saluer. Sans oublier de lui embrasser la joue. Une habitude forgée dans votre amitié. Serais-tu du genre à te vanter de pouvoir faire la bise au président du Magenmagot ? Absolument. Il n’empêche que tu y trouves un certain réconfort. Que tu recherchais. Juste comme ça.

feat.  @Zahra Jekyll  

Touchée par l’entente de ce premier prénom que peu ici prennent la peine de retenir, tu poses ta main sur ta poitrine en remerciement muet. Tu as cessé de l’imposer également. Sachant pertinemment qu’il finit écorché, comme ton cœur piétiné par l’irrespect latent. Tu devrais vraiment venir le voir plus souvent. Histoire de remettre les compteurs à zéro un peu plus souvent. Profiter de cette bouffée de fraîcheur que t’apporte le Malien.

Rien de mieux ? Qu’est-ce qui pourrait être mieux que siroter une boisson alcoolisée ou un thé en compagnie du meilleur homme que compte le peuple sorcier ? Oui, meilleur que ton frère, parce qu’avec Ima, tu peux apprécier la vue, sous bien des coutures. Franchement, tu ne vois pas. Tu lui offres un sourire moqueur en accompagnant ta réponse. « Du tricot évidemment. Mais je n’ai malheureusement plus de soie d’acromentule et les boutiques n’ouvrent pas à cette heure, même pour mes beaux yeux. » Ton ton dramatique et le clignement exagéré de tes paupières devraient être dignes des plus grandes tragédies jouées dans l’antiquité grecque. Peut-être devrais-tu envisager une reconversion professionnelle. Encore une. Tu prodiguerais probablement autant de bienfaits aux gens. Mais sans bon nombre de contraintes. Sauf que, honnêtement, tu n’es pas faite pour la vie d'intermittente du spectacle. Ni pour aucune autre. Loin de là. Tu vis principalement pour ton métier. Et la médicomagie, mais surtout, la capacité de soigner et d’apporter un sourire sur des visages marqués par la douleur, c’est ça, ton moteur.

Et tu ne sais même pas tricoter. Encore moins une matière aussi chère et noble que la soie d’acromentule. Un comble. Tu n’as pas vraiment eu le loisir d’apprendre à te passionner pour cette activité.

« Avec plaisir mon ami. » Tu n’attends pas plus pour prendre place sur ce fauteuil qui est presque devenu ton fauteuil. Du moins, il s’agit du tien lorsque tu viens passer du temps en compagnie de ton fidèle ami. Tu te sens presque revenue dans la peau de la jeune adulte qui découvrait Poudlard, lorsque tu profites ainsi d’un moment de calme entre espace et temps avec un ami de longue date. Perdant quelques degrés du dramatisme envahissant de ton quotidien récent. « As-tu toujours ce rhum, qui provient des îles près de l’Amérique, je crois ? » Tu réfléchis quelques secondes pour tenter de retrouver son nom. « Le rhum de lune orangée ou quelque chose comme ça non ? » Est-ce que tu profites de la renommée de ton ami pour goûter toute la diversité d’alcool présente dans ce bureau ? Un peu. Après tout, où ailleurs pourrais-tu faire de pareilles découvertes en si bonne compagnie si ce n’est ici ? Puis il faut bien avoir certains avantages pour accompagner un poste à si grande responsabilité que celui de président du Magenmagot. Avec tout autant de contraintes, tu ne te fais aucune illusion sur le sujet. Toi-même, tu sais apprécier ceux dont tu bénéficies, même s’ils ne remplissent pas une cave.

Tu tapotes l’accoudoir du second fauteuil pour inciter le Malien à te rejoindre. Comme une enfant impatiente. « Raconte-moi donc ta vie. Voilà bien longtemps que je ne l’ai pas vu étalé dans les journaux. » Encore une blague récurrente entre vous. Ce n’est arrivé qu’une seule fois à ta connaissance que la vie du président du Magenmagot se retrouve étalée dans les pages d’un torchon voulant se faire passer pour un journal de qualité. Un amas de conneries plus stupides les unes que les autres. Pas même digne d’un journaliste, puisqu’aucune information n’avait été vérifiée au préalable. Mais après coup, ça t’a bien fait rire. Surtout le passage où il soupire d’amour pour la fille d’un dignitaire étranger. « Je me demande si tu vas enfin te faire élire dans la catégorie du ‘plus beau sourire’ de sorcière hebdo. » Tu pouffes telle l’adolescente que tu n’es plus. Bon nombre de sorcières et de sorciers tomberaient sous le charme d’Ima s’il leur accordait ne serait-ce qu’un seul de ses sourires. Comme toi à l’époque de Poudlard.

feat.  @Zahra Jekyll  

Petites chamailleries et taquineries font partie de ces moments de détente que tu adores partager avec l’homme face à toi. Rien que pour cette raison, tu aimerais passer plus souvent lui rendre visite. Tu restes persuadée qu’un seul de ses sourires vaut bien plus que tes beaux yeux. Qu’il possède plus d’impact. Cependant, tu sais reconnaître un compliment quand tu en croises un, et tu le prends avec plaisir. Ima n’a rien d’un flatteur par intérêt.

Touché en pleine cible. Tu pourrais te targuer de si bien connaître votre président sorcier si tu ne te fichais pas du paraître. Après tout, si tu le connais autant, c’est bien par intérêt personnel et pour sa personne. Pour ce qu’il est vraiment et non ce que les gens veulent qu’il soit. Quand bien même il deviendrait une goule. « ‘Une goule à la tête du ministère, que font les sorciers ?’ Ce sera peut-être le prochain titre phare. » Tu plaisantes d’une nouvelle taquinerie, un sourire un poil joueur. Tu sais néanmoins que ton ami se déprécie bien plus qu’il n’en donne l’impression. Humble comme personne d’autre de ta connaissance. Tu devrais lui avouer un jour que n’est pas parce qu’il possède un quotidien chargé, répétitif et que son travail ne diminue pas, que sa vie ne se montre pas digne d’intérêt. Il n’y a peut-être rien de palpitant, mais le monde juridique et celui de la politique ne manquent pas d’action dans un sens. Preuve en est du retournement des sondages pour l’élection du dernier ministre de la magie en date.

Face à l’attitude de ton ami, tu t’avances toi-même dans ton fauteuil, prête à entendre la dernière révélation concernant le monde magique. Tu ne peux qu’exploser d’un rire franc et sincère. Voilà du Ima tout craché. Tu mets un peu de temps pour te remettre et parler plus ou moins sérieusement, laissant l’hilarité planer encore quelques secondes. « Piètre technique de drague, mais j’admets que c’est une parfaite manipulation de masse. » Tu ne peux que perdre ton sourire en acquiesçant. Tu poses une main sur son avant-bras en guise de soutien. Le climat politique tendu n’aide personne ici. Bien que tu ne traînes pas dans ce milieu, tu ne comprends que trop facilement le fil tendu entre le parti de Dunn et ses opposants. La rupture ne saurait tarder si rien n’est fait en conséquence.

À ton tour, tu bois une gorgée de ta boisson alcoolisée avant de t'enfoncer dans ton fauteuil. Si tu pouvais te faire engloutir par le moelleux du siège, tu n’hésiterais pas. Tu observes en silence Ima. Tu revois ce jeune homme que tu as connu à Poudlard se superposer à l’homme de justice qu’il est devenu. Se battant pour ses convictions, pour défendre ceux qui en ont besoin. Ne rechignant jamais à la tâche, quand bien même elle se révèle bien trop grande pour un seul homme. « Je ne serai pas celle qui te reprochera de te montrer hypocrite si ça te permet de ne pas abandonner devant l’ampleur de la tâche. » Tu lui offres un sourire plus mesuré, compréhensif. Après tout, vous vous battez chacun de votre côté pour un monde meilleur.

Tu balais d’un mouvement de la main ses propos. « Je ne sais pas. Tu croises des politiciens véreux ou avides de pouvoir tous les jours. » Tu regardes le fond de ton verre. « Je le supporterais bien moins facilement que les aléas de mon poste. » Même si devenir médicomage en chef a triplé ta charge de travail. Alors que tu n’arrivais déjà pas à effectuer ton travail dans son entièrement avant ça. « Même si j’admets qu’il faudrait que je me dédouble une ou deux fois pour faire tout ce que je voudrais correctement. » Ou que tu fasses une formation pour imposer tes choix pour ton service sans avoir à les discuter ni à les justifier. Un imperium légal, c'est-à-dire un charisme indiscutable. « J’aimerais que ceux qui veulent être traités en priorité, passent une journée à ma place pour affronter ce genre de comportement. Ou que ceux qui ne comprennent pas les demandes pour du personnel supplémentaire viennent faire des heures supplémentaires qui ne sont pas payées. » Rien que ça, permettrait de diminuer la pression.

Mais tout ça est un problème de trop grande envergure impossible à résoudre à petite échelle. Même pour un homme puissant. « J’en viens à croire qu’il faut utiliser leurs méthodes pour réussir à les contrer. » Des conservateurs qui veulent opprimer les minorités pour leur confort personnel.

Tu viens de plomber l’ambiance. Santé.

feat.  @Zahra Jekyll  

Si même Ima en arrive à penser ainsi, n’est-ce pas le signe que le monde franchit un cap ? Probablement celui de l’âge adulte, de la maturité. Celui où vous ne vous laissez plus berner par vos désirs utopiques. Bientôt l’âge de la tristesse et des désillusions…

Tu grimaces un sourire devant le regard de ton ami. Pas encore réprobateur, mais presque une mise en garde silencieuse. « Tu es mon ange gardien. » Tu lui offres un clin d'œil pour ponctuer tes dires. Ça n'a rien de paroles en l’air. Tu es persuadée que tu aurais fini par lâcher l’affaire vis-à-vis de tes convictions si tu n’avais pas eu un alter ego aussi imposant, aussi présent dans ta vie que le malien. Une personne avec qui rivaliser, qui te pousse continuellement en avant. Une force de la nature impactante de la manière la plus positive qui soit. Que tu n’as pas conscience d’être de ton côté.
Peut-être que @Charles Graham a raison finalement. Tu devrais envisager de te distancer un peu de la meute et de son chef extrémiste toxique surtout. Remettant en question ce que tu as pourtant affirmé au Veritaserum, ce bar presque miteux dans lequel traîne bien des gens du marché aux Trolls. Prendre le temps d’agir à ton échelle et selon tes convictions propres. Non pas celles que t’inspirent les injustices auxquelles tu assistes. Ne pas te laisser déborder en voulant agir trop vite. De toute façon, tu ne changeras rien à toi seule, alors à quoi bon te précipiter et risquer la sécurité de potentiellement toute ta famille.

Tu le vois sur le visage d’Ima, que les aléas de la vie et les combats qu’il mène pèsent un peu plus sur ses épaules chaque jour. Comment fera le monde le jour où il ne sera plus là, ou du moins plus à ce poste ? Le monde continuera probablement de tourner avec quelqu’un d’autre pour le remplacer. Forcément moins bien, mais ce n’est que ton avis personnel. Mais toi, que feras-tu quand ton ami ne sera plus là ? Tu ne veux pas y penser. Tu ne vas tout de même pas l’enterrer maintenant. Devant toi, se trouve un homme invincible, un titan. Contente-toi donc de veiller sur sa santé lorsque tu viens le voir pour que ce soit toujours le cas, et ce sera amplement suffisant. Profiter de ces moments que vous pouvez partager avec un soupçon d’insouciance comme lorsque vous étiez plus jeunes. Parce que vous l’êtes toujours ! Peut-être pouvoir lui retourner ainsi la faveur, en veillant sur lui à ton tour comme un ange gardien. Il n’y a pas homme plus méritant sur cette planète à tes yeux.

Tu laisses le temps s’égrener dans sa course folle pendant de longues minutes. Profitant du calme des lieux, de l’ambiance nocturne et tamisée de la pièce, de la météo extérieure chaotique. Puis seulement lorsque tu es rassasiée de tous ces éléments, tu prends le temps de réfléchir à la question de ton ami. Du nouveau dans ta vie. Une information joyeuse de préférence. Tu ne parleras pas ici des morts que tu vois dans ton travail. Tu as déjà plombé l’ambiance une fois, autant ne pas recommencer tout de suite.

« Il n’y a rien de nouveau à proprement parler. » Réponse bateau d’une personne qui cherche à éviter de s’étendre. Ima mérite néanmoins plus d’effort de ta part qu’une banale fuite digne d’un lâche. « Mais j’ai quelques projets que je consens à partager avec ta royale personne. » Le retour du sourire un brin moqueur sur ton visage ainsi que ta bonne humeur devraient faire plaisir à voir. « Déjà à court terme, j’envisage sérieusement de recruter un assistant. » Si tu ne veux pas finir par te tuer à la tâche. « Pas un vulgaire secrétaire, mais quelqu’un qui pourra prendre ma place dans des situations qui ne nécessitent pas que je sois présente. » De préférence un guérisseur ou quelqu’un qui a des connaissances en médicomagie et qui s'intégrera aisément dans ton service. Une solution pourrait être de former un interne uniquement pour répondre aux besoins du service des empoisonnements par potions et plantes. Bien que tu saches parfaitement que tu ne pourras pas déléguer tout ce que tu devrais, tu n’en seras de toute façon pas capable.
Puis ce n’est pas à l’homme face à toi que tu vas expliquer le principe d’avoir un assistant. « J’aimerais beaucoup retourner à Rapsha pendant mes prochains congés. » Retrouver tout le clan de ta famille au Botswana. Parce que tu ne les as pas revu depuis plusieurs mois déjà et que soutenir une correspondance demande bien trop d'efforts pour les hiboux postaux. De plus, tu ne sais pas si tu veux investir dans l’achat d’un faucon ou d’un corbeau pour effectuer les longs-courriers. C’est une réflexion qui demande du temps et des gallions. Choses que tu préfères investir ailleurs. L’un comme l’autre. « Mais ça veut dire prendre des congés. » Tu offres un sourire ironique cette fois. Vous savez très bien tous les deux qu’il s’agit-là d’un concept que tu conçois très difficilement. Parce que le monde peut se passer de toi pendant quelques jours. Mais tu as toujours tellement de choses en attente à faire, que tes congés servent généralement à rattraper de la paperasserie ou à traîner sur le marché aux Trolls, lorsque tu ne quittes pas le pays.

feat.  @Zahra Jekyll  

Ton sourire se fait moqueur face à la proposition de ton ami. Aussi puissant et bien intentionné soit-il, jamais il ne pourra imposer à de véritables altruistes qui préfèrent apporter leur aide et soigner les autres de prendre des congés tout en laissant ceux dans le besoin se débrouiller seuls. L’idée ne manque pourtant pas de charme. Un personnel reposé serait nettement plus efficace. Que quelqu’un aille dire ça aux maladies et autres problèmes que tu confrontes au quotidien. En revanche, le voir dans son rôle plein de prestance et de charisme, tu ne dis pas non.
Tu pouffes avant de rétorquer. « Toujours. Et n’oublie pas le dicton, quand j’ai tort, se référer à la règle qui dit que j’ai raison. » Tes yeux pétillent de malices. Après tout, si ce n’est pas avec un ami que tu peux plaisanter et t’amuser, avec qui le feras-tu ? « Quant à ma perle rare, je me laisse le temps de la trouver. Parce qu’aucune pochette-surprise ne se balade dans la rue avec l’assistant parfait. » Puis il réside une différence fondamentale entre le fait d’avouer avoir besoin de quelqu’un pour décharger une partie de son travail et recruter véritablement quelqu’un. Si la première étape est franchie pour toi, la seconde représente encore un mur à gravir.

Tu souris un poil amère. « Promis, je te réserve le prochain miracle que je dégote. » Comment Ima peut-il mélanger trait d’humour et confession à caractère apocalyptique dans la même phrase ? Tu ne le sais toujours pas après toutes ces années. Voilà là un talent d’orateur et de maniement des mots qui fait mouche à chaque instant. « Ne trouve-t-on plus des jeunes passionnés et prêts à tous les sacrifices pour leurs convictions ? » Quoique tu ne souhaiterais pas une charge de travail pareille pour tes enfants. Ne pas penser à ta descendance. Tu te donnes l’impression d’être grand-mère feuillage à parler ainsi.

À sa dernière réplique, tu ne peux t’empêcher d’éclater de rire. Un rire franc, qui vient du cœur. Un rire communicatif que tu partages avec le président sorcier. Tous les sorciers anglais n’ont pas ce privilège. Tu poses ton verre de peur de le laisser tomber. Il ne manquerait plus que tu tâches le sol avec ton alcool. « Oh Merlin. » Tu poses une main sur ton ventre pour te reprendre. « Je devrais lui envoyer des fleurs. Bintou-ma vient de rallonger mon espérance de vie. » Tu ne pensais pas avoir autant marqué la famille de ton ami. Tu te sens touchée que cette femme t’ait en si haute estime. « Elle ne doit pas savoir que je ne suis pas un cadeau. » Un peu d’autodérision ne fait jamais de mal. De toute façon, vous n’étiez pas fait pour vivre ensemble et vivre heureux. Les deux en même temps. Tu ne le regrettes pas et si ton ami non plus, alors tout est pour le mieux. « Un jour, je lui dirai à quel point elle a tort. » Tu souris tendrement à Ima cette fois. « Quoique je veux bien lui concéder que tu n’es pas toujours drôle et bien souvent trop sérieux. » Tu lui offres un clin d'œil moqueur. « Le jour où tu lui donneras des petits-enfants, tu deviendras probablement le meilleur fils du monde. » Ta voix, le ton que tu utilises montrent à quel point tu te reconnais dans ces paroles. Faisant preuve de compassion. Ta tante, tes grands-mères et toutes les femmes du village te le demandent à chaque fois que tu rentres. Comme s’il y avait là une urgence. Procréer pendant que tu le peux. Pendant que ton corps le peut. Tu pries tous les jours pour que personne n’apprenne la terrible vérité.

Tu réorientes la conversation avant que tu ne plombes encore l’ambiance. « En parlant de famille. Je ne suis pas sûre de tant manquer que ça à mes parents. » Bien sûr, tu sais que ce n’est pas vrai. Mais tu appuies là le côté dramatique de la situation. So dramatic. « Actuellement, mon père, qui est toujours plongé dans ses recherches en magie innée, doit se trouver en Inde. Ou quelque part par là-bas. » Tu ne sais pas trop ce qui l’intéresse dans ce pays. Mais ta mère ne cesse d’écrire que c’est fascinant. Qu’il faut absolument que tu visites ce pays un jour. Et cetera. À base d’arguments et d’exemples qui ne te parlent pas vraiment. « Il étudie un sujet plutôt obscur et flou, et j’avoue m’en être désintéressée très vite. » Tu trouves beau de le voir toujours autant passionné après tant d’années. C’est le principal finalement. « Je l’admire pour savoir garder sa flamme intacte. » Un sourire tendre prend de nouveau place sur tes lèvres.

feat.  @Zahra Jekyll