Bienvenue à Poudlard ! * ANTHONY *

Devant la grille de Poudlard, entre les deux statues des sangliers ailés, j’attendais notre nouvel enseignant de duel magique. La directrice m’avait chargé de l’accueillir et de lui présenter l’université. C’était quelque chose que nous faisions pour chaque enseignant, même si ces derniers avaient visités Poudlard. En effet, il y avait toujours des petites différences entre le Poudlard Etudiant et le Poudlard Enseignant.
Un parchemin dans les mains, j’observais donc les états de service de ce nouvel enseignant. Anthony Abercroft, ex-Auror… La quarantaine. Son nom me disait quelque chose, j’avais du être à Poudlard en même temps que lui, mais il était beaucoup plus jeune que moi. De mémoire, il s’agissait d’ailleurs d’un camarade de maison. Les sourcils froncés, je me demandais pourquoi un ancien Auror avait abandonné un travail aussi honnête et actif qu’Auror pour… l’enseignement. Au bruit caractéristique de transplanage, je fermais le parchemin et j’accueillais Anthony avec un sourire bienveillant.

« Vous devez être Anthony Abercroft ? »

Il n’y avait pas d’élève à Poudlard, aussi je n’avais pas jugé utile de vérifier véritablement son identité. Depuis l’attaque des Clearwater je restais tout de même assez méfiant concernant les nouveautés. Pour mon meilleur ami @Braxton Clearwater, c’était de la prudence. Là où les autres voyaient de la prudence bien évidemment.

« Et bien… Re-bienvenue à Poudlard comme on dit. Je suis le Professeur Luke Korrigan, Directeur de la Maison Serdaigle et Enseignant en Métamorphose simple et avancé. Mais vous pouvez tout simplement m’appeler Luke, et je pense que l’on peut se tutoyer si tu n’y vois pas d’inconvénient. »

J’avais tendu ma main et un sourire bienveillant. Pourtant mes yeux se voulaient assez perçants. J’étais ravi d’accueillir un professeur qui sur le papier semblait compétent. J’espérai juste qu’il ne décevrait pas l’Université qui… avait, je pense, véritablement besoin d’un entraînement.

« J’espère que tu as fait bon transplanage. Bien, la Directrice m’a chargé de te faire faire un petit tour du Château, et de présenter les endroits inconnus des étudiants. Comme la salle des professeurs et tes futurs quartiers ! »

J’avais tapé dans mes mains, dans une sorte d’élan dynamique et je passais le portail. Curieux, je me retournais pour le regarder passer les défenses magiques de Poudlard… Il passa sans encombre. Mon sourire se fit légèrement plus chaleureux. D’un geste vague, je désignais le parc.

« Le Parc du Château, la Cabane de notre professeur de Soins aux Créatures Magiques et la Forêt interdite. Tu as le droit d’y aller puisque vous êtes enseignant. Même s’il n’y a pas grand-chose à voir à par une mort certaine et lente... »

J’avais dit cela sur le ton de la conversation mais c’était quand même vrai. Je ne m’aventurerai jamais dans la Forêt sans Kathleen et son arbalète. Avançant vers la porte du château, je l’ouvris et je désignais les sabliers.

« Les sabliers, là la Grande Salle. Tu pourras te mettre à côté de moi, j’en ai marre de manger à côté de @Jameson Clearwater. Je te laisse découvrir le personnage par toi même… De toute façon quelque chose me dit que Don Juan ne mangera pas à mes côtés cette année ! »

Je pouffais un peu de rire car nous comptions cette année sur ma belle sœur, @Maeve Cynfeirdd pour des suivis psychologiques. Passant une main dans mes cheveux, je me demandais si je ne l’avais pas un peu perdu. Rentrant dans la grande salle, totalement vide, je lui souris et déclarai :

« Désolé si je vais un peu vite. Content de revenir ici non ? Tu as des questions ? »

Là, j’avais le regard d’un jeune adulte, brillant et pétillant. J’adorai Poudlard et j’estimais que n’importe qui aimait cet endroit merveilleux.

Au moment où il transplana, Anthony ressentit un vent léger lui caresser la peau alors que l’odeur autrefois si familière de Poudlard se faufilait dans ses narines. Alors que sa vision se stabilisait, il constata qu’il était déjà attendu par un homme à l’allure sereine qui éveilla immédiatement un écho dans la mémoire de l’ex-Auror. Le sorcier lui adressa un sourire chaleureux avant de prendre tout de suite la parole.

— Vous devez être Anthony Abercroft ?

Quelque peu surpris que sa présence ait été si rapidement notée, Anthony hocha la tête en guise de confirmation. Il avait quelque peu espéré pouvoir flâner dans les alentours du château avant de prendre officiellement poste au sein de l’établissement. Il n’avait pas eu l’occasion de remettre les pieds à Poudlard depuis la fin de sa scolarité et tout ici lui dégageait un sentiment de nostalgie comme il n’en avait jamais ressenti. L’ancien Serdaigle prit sur lui et relativisa. « Au moins, on ne rentre pas ici comme dans un moulin », se félicita-t-il. Quelque part, c’était rassurant.

L’homme s’avança pour lui tendre la main.

— Et bien… Re-bienvenue à Poudlard comme on dit, l’accueilli-t-il. Je suis le Professeur Luke Korrigan, Directeur de la Maison Serdaigle et Enseignant en Métamorphose simple et avancé. Mais vous pouvez tout simplement m’appeler Luke, et je pense que l’on peut se tutoyer si tu n’y vois pas d’inconvénient.

Alors qu’il serrait chaleureusement la main de son interlocuteur, la sensation étrange qu’il avait ressenti à la vue de celui qui était en réalité l’un de ses nouveaux collègues le percuta de plein fouet. Si l’âge avait changé ses trais, le regard perçant qu’il posait sur Anthony provoqua l’étincelle qui embrasa le feu des souvenirs de ce dernier. Si cela remontait à présent à bien des années, jamais il ne devrait oublier le visage de ceux auprès desquels il avait risqué sa vie pour la toute première fois. La bataille de Poudlard était encore imprimée au fer rouge dans son esprit. Ce soir là, ils avaient tous décidés de se battre ensemble pour une cause qui leur semblait perdue d’avance. Ils avaient choisi de se battre pour un monde libre. En un instant, Luke Korrigan venait de gagner l’entière confiance d’Anthony qui lui serra la main avec un sourire chaleureux.

— C’est un véritable plaisir, Luke, lui répondit-il. Si ma mémoire est bonne, nous nous sommes croisés une fois ou deux pendant nos études.

Il ne dit rien de plus. Et ne dirait certainement rien de plus dans le futur. Certains souvenirs n’étaient pas faits pour être ressassés.

— J’espère que tu as fait bon transplanage, continua le professeur Korrigan. Bien, la Directrice m’a chargé de te faire faire un petit tour du Château, et de présenter les endroits inconnus des étudiants. Comme la salle des professeurs et tes futurs quartiers !

Un large et sincère sourire s’afficha sur le visage de l’ex-Auror. Il allait l’avoir sa petite flânerie aux alentours de l’école finalement. Il s’était d’ailleurs toujours demandé à quoi ressemblait la salle des profs.

Alors qu’il dépassait les protections magiques du château, Anthony surprit le regard en coin de Luke à ce moment, puis le sourire de ce dernier s’agrandir alors qu’il entrait officiellement dans l’enceinte. « Un homme prudent », apprécia-t-il intérieurement.

— Le Parc du Château, la Cabane de notre professeur de Soins aux Créatures Magiques et la Forêt interdite, reprit son guide avec un geste vague. Tu as le droit d’y aller puisque tu es enseignant. Même s’il n’y a pas grand-chose à voir à par une mort certaine et lente...

Les yeux d’Anthony pétillèrent. Tu as le droit d’y aller puisque tu es enseignant. Cette phrase seule se logea immédiatement dans un coin de sa tête et il se promit de se pencher plus tard sur la question.

Les deux hommes remontèrent le parc côte à côte jusqu’à arriver devant l’entrée principale du château. L’imposante porte arracha un sourire nostalgique à l’ancien Serdaigle qui se revit lui même franchir ces portes bien des années plus tôt. Il avait l’étrange sentiment de revenir chez lui après des années d’exil.

— Les sabliers, là la Grande Salle. Continua le directeur de Serdaigle. Tu pourras te mettre à côté de moi, j’en ai marre de manger à côté de Jameson Clearwater. Je te laisse découvrir le personnage par toi même… De toute façon quelque chose me dit que Don Juan ne mangera pas à mes côtés cette année !

Luke pouffa à une blague qu’Anthony ne saisit pas. Alors qu’ils entraient ensemble dans la Grande Salle totalement vide, son guide se retourna une nouvelle fois, un sourire aux lèvres.

— Désolé si je vais un peu vite. Content de revenir ici non ? Tu as des questions ?

Son regard était pétillant et Anthony sourit face à cette démonstration flagrante d’affection de la part de cet homme pour l’endroit où il travaillait. Il le comprenait. Pour de nombreux sorciers et sorcières de leur génération, Poudlard avait été une maison, un foyer. Parcourir à nouveau les larges couloirs de ce lieu semblait peu à peu délester l’ex-Auror de tous ses problèmes.

— Une seule, confirma le nouveau professeur avec un sourire innocent. Bien que j’apprécie sincèrement ton accueil chaleureux et que je ne doute pas une seconde de sa sincérité, je pense qu'une des raisons de ta présence lors de mon arrivée était de vérifier que je ne représentais pas une menace pour l’établissement et ses occupants.

Il sortit une bouteille de bièraubeurre vieillie en fût de chêne d’une poche de son manteau qu’il avait agrandie magiquement et fit apparaître deux verres d’un coup de baguette.

— Si tu m’expliquais les raisons de cette prudence autour d’un verre ?

J’observais Anthony d’un œil toujours attentif. Un léger sourire apparut sur mon visage lorsqu’il posa la fameuse question. Après une minute de silence, je me dirigeais vers la table des professeurs, vide à cette heure-ci et tout en y allant je répondais avec précision à Anthony. Un regard et un sourire malicieux apparut sur mes lèvres.

« Disons simplement que nous ne voulons pas qu’il y est des fuites de gaz comme il y a eut cet été selon la gazette du sorcier. »

J’affichais un large sourire. Ca avait été la version officielle du Ministère et je ne faisais donc que la communiquer. Tout en m’en moquant bien évidemment de manière subtile et en affirmant qu’il s’agissait d’une ineptie. M’asseyant à la table, j’invitais Anthony à faire de même avec un léger sourire.

« Et c’est je pense la même raison qui a poussé la direction a te choisir toi en tant que Professeur de duel magique. Je pense que... »

Faisant tourner ma bierreaubeurre avec mes mains devant moi d’un geste un peu tendu, je fronçais les sourcils en l’observant. Comme si je cherchais à y lire l’avenir ou à éventuellement à trouver une façon de dire les choses.

« ...la paix est quelque chose de fragile depuis quelque temps. Et cet endroit, comme tu le sais aussi bien que moi... »

Je lui souriais largement. Je me rappelais bien, que lui aussi avait participé à la Guerre. Qu’il avait défendu l’école et la liberté avec autant d’ardeur que n’importe lequel d’entre nous. Il était d’ailleurs bien jeune à l’époque. Mais je ne me cachais pas que je restais quand même prudent. Ce n’est pas parce que l’on avait défendu cette université et combattu contre le mal qu’on n’y avait pas sombré ultérieurement.

« ...est sensé formé des sorciers accomplis capable du pire comme du meilleur. Et je crois qu’il est temps de développer un peu le meilleur d’entre eux. »

Je souriais, finissant définitivement les phrases mystérieuses. Avec un léger sourire, je continuais de regarder mon verre, puis je bus quand même quelques gorgées avec toujours ce même sourire. Je n’avais jamais aimé ça, mais comme j’étais poli, je reposais le verre et tournait vers Anthony un regard plus sérieux.

« D’ailleurs, si ce n’est pas indiscret, pourquoi tu as décidé d’arrêter ta carrière d’Auror pour nous rejoindre ? Je pense que d’après mes sources, tu vas manquer au Ministère. Enfin, visiblement nous avons à y gagner. »

Je levais donc mon verre à sa santé. C’était un bon élément mais je restais quand même méfiant. L’attaque de mes étudiants cet été m’avait mis un sacré coup, n’en déplaise à Asel Misra. Le regard profond, je jetais moi aussi un regard mélancolique à cette salle. Cela faisait maintenant 12 ans que j’étais ici et que je n’avais absolument pas envie de partir. J’aurai pu faire autre chose, mais j’avais décidé de me mettre au service des étudiants pour qu’ils soient meilleurs. Enfin, en toute modestie. Attendant sa réponse, j’invitais un elfe de maison aux armoiries de Poudlard, bien habillé évidemment à nous apporter une collation. Le remerciant comme si cela avait été un employé humain j’inclinais la tête et je pris le plateau en le posant devant Anthony.

« Il n’y a pas de Veritaserum dedans, tu peux y aller. De toute façon, j’aurai été incapable de le faire, j’ai toujours été nul en potions. »

Il devait se souvenir au moins de ça. Que Braxton Clearwater, mon binome de potion et moi même étions réputés pour… mettre toujours en colère notre enseignante qui m’avait faire des crises d’angoisses pendant presque 10ans.